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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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-Putain mais… c’est quoi ce patelin ?

Nous arrivons dans un petit village entouré par les bois. Si on ne sait pas qu’il est là, il est difficile de le trouver. Dedans, tout a l’air absolument… normal. Beaucoup trop normal. Nous apercevons un paysan en train de labourer ses terres, une femme en train d’étendre le linge tandis que ses enfants jouent autour. Et tout ce petit monde est, en tout cas pour les adultes, plein de couleurs et de vie.

-C’est une blague…?

Je fais un geste à Temerys pour l’inciter à se taire. Quelqu’un pourrait nous entendre. Nous continuons de progresser sur le chemin qui mène à la place du village et nous sommes accostés par un homme d’une fière stature.

-Bien le bonjour, étrangères ! Bienvenue à Havrevas, seigneurie de Roxas.
-Quou…a ?
-Merci pour votre accueil, Monsieur. Nous sommes enchantées de pénétrer dans les terres de votre suzerain.

J’essaie de me tenir à peu près droite en dépit de la douleur.  

-Quelle nouvelle du Pays ?
-Euh… On sait pas trop, on n’est pas vraiment passées par la Citadelle.
-C’est bien dommage. Vous venez nous vendre de la marchandise ?
-Toujours pas. Mon amie a besoin d’un endroit pour se reposer. Un abri, en fait.
-Oh, moi j’adore faire de petites siestes dans la forêt, mais c’est vous qui voyez. Bien sûr nous nous devons de vous offrir l’hospitalité.
-C’est très gentil.
-Venez chez moi, ma femme va vous préparer un couchage sur l’heure.  

Pendant que nous marchons, Temerys ne peut s’empêcher de questionner le paysan de façon plus ou moins subtile.

-Donc vous… vous n’avez vraiment pas de nouvelles du reste du monde ?
-Non, pourquoi ?
-Oh rien.
-Bien sûr, j’oubliais, notre seigneur nous a rendu visite il y a quelques semaines, environ au début du mois, mais c’est tout.  
-Et il ne vous a rien dit de particulier ?

Je donne un coup de coude dans les côtes de Temerys. Elle proteste puis rit nerveusement quand le paysan l’interroge du regard.

-Non, pourquoi ?
-Rien, je divague. Donc votre seigneur, c’est vraiment Roxas ? LE Roxas ?  
-Euh… je suppose… Je vous avoue que je ne connais pas grand-chose des personnalités célèbres passées l’instituteur, le shérif, l’apothicaire, tout ça quoi.
-Il est blond, imprévisible et très légèrement…arrogant ?
-Je…suppose ? Il nous a imposé une sorcière comme meneuse le soir où il est arrivé au village alors… Mais il est vraiment très, très fort. Il nous a débarrassés des trois vieilles mégères qui nous  tyrannisaient. Bon, Adonia est gentille… mais ça reste quand même une sorcière.

Il dit cela dans un murmure, il ne faudrait pas que l’information arrive aux oreilles de l’intéressée.

-Ok, c’est lui.

Nous arrivons dans la chaumière de l’homme. Très rapidement, son épouse me conduit dans une chambre dans le fond de leur demeure. Probablement une des seules chambres qu’ils possèdent, ce sont des gens simples. Elle y dépose un drap propre et Temerys m’installe.

-Bon, repose toi maintenant.

Je m’exécute sans protester. Pour l’heure il semble que ces gens ignorent tout de ce qui se passe à l’extérieur de leurs petites terres. Et leur chef s’est absenté depuis assez longtemps pour que nous n’ayons pas à nous en inquiéter. Il doit probablement en train d’écumer les mondes à la recherche de kills à accumuler. Une chance pour nous.

Quelques heures plus tard, je me réveille. Je prends quelques instants pour me rafraichir dans une bassine d’eau déposée près de mon lit puis je sors de la maison, ne croisant personne en chemin. La journée est déjà bien avancée, le soleil disparait derrière la cime des arbres.

En m’approchant de la place, j’entends des rires s’élever et je reconnais une voix dans l’attroupement.  Temerys est à table, entourée de femmes et d’hommes qui festoient ensemble. Et évidemment, elle est encore en train de boire.  A-t-elle pensé à la nécessité d’être prête pour la journée la plus importante demain ? C’est donc comme cela qu’elle se prépare, quelle vaste blague.

Je viens m’asseoir entre elle et un autre homme qui me salue chaleureusement. Pour ne pas déclencher les hostilités je lui retourne un sourire et je dis bonsoir à tout le monde, les complimentant sur leur village à la nuit tombée. Nous sommes entourés de quelques lanternes.

-C’est vrai que c’est joli ! Ça faisait quelques temps qu’on s’était pas sentis si bien accueillis quelque part, hein Nina ?
-Ah bon ? Pourquoi ?
-Bah on travaille à la Shinra puis…

Je la fusille du regard. Elle est vraiment inconsciente.

-Euh rien.
-La Shinra ? Oh. C’est pas eux qui font les vaisseaux ?
-Si c’est ça. C’est la plus grosse entreprise au monde.
-Sans vouloir vous vexer, pour moi c’est un peu des conneries tout ça… On a déjà tout ici, nous.
-C’est vrai. Ça donnerait presque envie de se convertir !
-Oh bah Adonia !

Les femmes et les hommes saluent la jeune femme qui approche de notre table.

-Bonsoir.
-Comment vont les enfants malades ?
-Ils vont bien, merci.

Elle déplace son attention sur nous, manifestement plus interloquée de voir des étrangères débarquer.

-Puis-je savoir à qui ai-je l’honneur ?

Temerys s’apprête à parler, je l’interromps.

-Pardonnez-nous, nous avions besoin d’un peu de repos, moi en particulier. Nous avons eu… un accident  de vaisseau.
-Exact. C’était quelque chose !
-Non, sérieux ?
-Vous voulez que je vous examine peut-être ? J’ai quelques prédispositions pour ces choses-là.
-Non non, ça ira. Quelques heures de repos me font me sentir beaucoup mieux.

Elle hésite quelques instants.

-Très bien. Eh bien, si je peux faire quelque chose pour vous, n’hésitez pas.

Adonia se retire, l’air neutre. Quelque chose cloche. Elle semble plus soucieuse. Peut-être qu’elle en sait plus que les autres à bien y réfléchir. Je fais un geste de la tête vers Temerys, histoire de l’inciter à se retirer quelques instants avec moi.

-Messieurs, excusez-nous, nous aimerions euh… et bien nous rafraichir.  
-Oui, allons « au petit coin ».

C’est vraiment navrant. Nous nous mettons à l’écart, dans l’ombre.

-Bon, t’as remarqué quelque chose ?
-Ouais.
-Vas-y.
-Cette Adonia est vachement bonne.
-T’es sérieuse là ?
-Totalement, tu crois que j’ai mes chances ?
-Mais ferme-la. Non, justement, j’ai eu l’impression qu’elle nous a regardées de travers. Qu’elle était surprise de nous voir là.
-Bah normal, tu l’as entendu, machin, là? Ils reçoivent jamais de visite ici.
-Ouais, peut-être, mais on ne doit pas prendre de risque.
-Nina. Détends-toi. Que veux-tu qu’il arrive ? Dans quelques heures, on se sera barrées d’ici pour rejoindre l’endroit où tout va se jouer.

Je réponds d’un souffle. Elle a peut-être raison. Tout sera bientôt fini.

-Tes armes sont où ?
-Dans mon sac, en dessous de la table.
-Bon, reste tout près, on ne sait jamais.
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S’tu veux j’avais forcé la serrure d’un kebab d’Illusiopolis. J’me disais qu’en dernier jour avant que ça devienne vraiment la merde, j’pouvais quand même me faire un petit kiff. Donc j’étais rentré dans la boutique, j’avais été chercher la viande dans le congélo, j’avais découpé ma petite salade, mes petites tomates et mes oignons… J’avais même allumé la friteuse, foutu de l’huile propre, j’avais mis ces délicieux bâtonnets de pomme de terre à côté, parce que fallait bien attendre que ça chauffe, et puis j’avais installé la viande sur la broche. Un truc normal quoi.

J’étais en train de fixer les sauces, histoire de savoir laquelle choisir, quand mon gummiphone s’est mis à vibrer. Je l’ai sorti de ma poche, un peu saoulé. Genre, j’ai aucune nouvelle de personne quasiment, et c’est au moment le plus religieux possible, le moment où vraiment j’me fais plaisir qu’on vient me casser les couilles. Je regarde le message, et j’vois qu’c’est Adonia.



AdoniaOnaunprobleme

MoiIl se passe quoi ?

Adonia2fillesviennentdarriverdanslevillage.EllesdisenttravailleralaShinra

MoiQu’est ce qu’elles viennent foutre ici ? Tu le sens comment ? Ah, et y’a une barre mega large en dessous des lettres, essaie d’appuyer dessus entre chaque mot.

AdoniaAh merci. Je ne saurais pas te dire mais je crois quelles sont armees. Elles ont passe l apres midi ici je pense quand meme qu il y a un lien avec ce dont tu m as parle.

MoiBon j’arrive fais comme si de rien n’était.



Cette histoire pue quand même. Je range le gummiphone et abandonne mon kebab en ouvrant un portail. J’ai p’tête pas le temps de faire la route en planeur alors j’ai pas d’autres choix. Je vois vraiment pas ce que deux meufs de la Shinra foutraient à Havrevas si c’était pas pour se faire des kills faciles. Les habitants sont au courant de rien, c’est comme s’ils s’étaient dessinés des cibles sur le cul.

Je pourrais… Ouais, je pourrais les laisser en soi. Mais, ce serait pas respecter ma promesse comme quoi je déboulais à n’importe quelle heure pour les protéger. J’avais pas spécialement envie qu’ils expérimentent la mort, aussi fausse soit elle. Et puis… si la Shinra était au courant qu’il existe un village paumé, aux abords de la forêt, elle pourrait totalement se servir de l’info pour aller foutre la merde, buter tout le monde et s’en faire un avant-poste pour surveiller le Sanctum. D’façon c’était des grosses putes, là-bas.

J’suis arrivé directement dans la maison d’Adonia. Elle m’attendait, dans sa chambre a l’étage. Elle m’a tiré par le bras et m’a amené jusqu’à une fenêtre donnant sur les tables à l’extérieur. J’ai pas eu besoin de beaucoup de renseignements pour comprendre qui étaient les intrus, ça se remarquait assez facilement avec leurs fringues.


Bon, et donc quoi ? Pour l’instant elles ont pas l’air méchantes, j’vais quand même pas faire une scène en plein village.

Non, mais tu pourrais les rejoindre. On verra bien leur réaction quand elles te verront, non ?

Ouais, c’est pas con.

Et puis là, elles se lèvent et partent toutes les deux dans la même direction, à l’ombre d’une maison. Je ne les vois plus, mais la vue est dégagée tout autour. Elles sont donc toujours là.

Ok, ça craint, j’y vais.

J’attends pas plus, elles pourraient ouvrir le feu le temps que je descende alors je me grouille. Je sors de la baraque et j’me dirige vers leur dernière position connue. Effectivement, alors que je m’approche j’entends des murmures venir du coin de la maison. Rien que je puisse comprendre, juste des pschhht pschhht pschhht. Je me dégonfle pas, mais je prends de la marge, décidant d’arriver plus frontalement, histoire de garder une distance de sécurité dans le cas où ça part en couille direct.

Bonjour, désolé du retard. Bienvenue à Havrevas ! Alors, ça vous plaît ? C’est stylé non ? Les gens sont vachement sympas ici !

J’leur dis ça au moment où j’arrive à leur hauteur, posant le coude sur le pan de mur à côté de moi. Je leur donne vraiment mon plus beau sourire, un peu du genre de ceux qu’on force à mort pour rester poli envers le mec qui vient de te renverser sa bière sur le t-shirt. Je pose mes yeux sur chacune, tour a tour. La première est cheloue… mais pas cheloue cheloue, cheloue parce qu’on dirait vraiment pas une meuf. Elle se tient là comme un bonhomme, c’est p’tête bien un des militaires de la Shinra.

La deuxième elle me laisse un peu plus perplexe. Lorsque je pose le regard sur elle, je sens un truc pas net. Déjà, j’arrive pas à m’en détacher. J’suis pas fasciné, mais plutôt obsédé. Nan, en fait c’est plus compliqué que ça. Moi je m’en fous, mais y’avait une attraction, une force… allez si j’exagère un peu, j’pourrais limite dire que y’avait un genre de voix dans ma tête qui me disait de la défoncer. C’était vachement insistant. Ça ne pouvait vouloir dire que deux choses. Soit je devenais un gros taré, soit… Fallait que je reprenne.


C’est quand même marrant d’arriver ici par hasard, à des kilomètres de la civilisation, que j’dis en regardant mes mains. Quel meilleur moment pour la Shinra que de venir prospecter dans la région.

Je ramène la main le long de mon corps, vraiment j’suis limite ouvert en langage corporel.

Ou… on peut imaginer qu’un tout petit village perdu au fin fond de la campagne, c’est une cible de choix ? Des villageois sans défense, une bonne vingtaine de kills faciles qui tomberaient vraiment à poing nommé la veille de la finale.
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Et comme par hasard, alors que j’étais en train de dire à Temerys qu’il fallait faire attention et de garder ses armes près d’elle, je vois son éminence, le seigneur de ces lieux, rappliquer. Je donne un coup de coude à Temerys et lui indique le nouvel arrivant. Voilà qui ne m’arrange clairement pas. Autant dire que nous sommes fichues.

-Oh, oooooh !

Il est reconnaissable au premier coup d’oeil, avec ses cheveux défiant sa gravité et son assurance sans égal. Je me souviens m’être particulièrement intéressée à lui quand il avait réagi à un de mes postes sur Gumminow. Le hasard, je suppose. J’ai aussi cru comprendre qu’il était en relation avec la coréenne de San Fransokyo. Mais je doute qu’il me remette à présent.

Non, dès le départ il nous dévisage, ne laissant pas trop planer le doute sur son enthousiasme quant à notre visite. Evidemment, il semblerait que nous venons troubler une paix préservée.

Temerys vient tout juste d’arrêter de boire, elle se jette limite sur lui pour serrer sa main avec enthousiasme.

-Salut Roxas ! Ravie de te rencontrer, moi c’est Temerys !

Je la regarde. Mais qu’est-ce qu’elle fait ? Il nous fait savoir qu’il sait déjà qu’on est de la Shinra et de ses doutes quant à nos intentions de profiter de la situation. C’est évidemment la petite sorcière qui a dû le prévenir de notre arrivée.

Je souris simplement devant ses accusations qui, bien que logiques, sont fausses. Quelque chose m’interloque par ailleurs. J’avais cru comprendre que c’était un simili. C’est pourtant bien un coeur que j’entends battre dans sa poitrine.

-Je vous arrête tout de suite. Nous sommes effectivement de la Shinra et nous faisons équipe moi et Temerys mais nous ne sommes pas là sur demande de notre hiérarchie.
-Ouais, on a quitté le vaisseau vu qu’on se faisait chier après avoir tout ravagé  sur place et on  s’est dit que …

J’interromps Temerys, elle va encore en dire trop.

-On voulait quitter le vaisseau mère avant l’annonce de Lord Business, mais notre vaisseau a essuyé quelques attaques critiques alors on a atterri ici.
-Et Nina était blessée donc on s’est dit qu’on allait se réfugier quelque part de tranquille le temps qu’elle aille mieux. Rien à voir avec de l’abus de faiblesse !
-Oui, et j’ai profité de l’hospitalité de vos amis. Enfin je doute que cela l’intéresse tu sais, Temerys ? Il faut l'excuser, elle a déjà profité plus que de raison de vos tonneaux.

Je souris à nouveau, humblement. C’est vrai, nous faisons face à la plus grande menace qui existe sur cette terre et toutes les autres, plus encore quand vous êtes un sans-coeur et que cette menace est programmée pour vous tuer.  S’il veut nous régler notre compte, il lève le bras et c’est réglé. Notre seul avantage réside dans le fait qu’il a visiblement fait en sorte que personne ici, ou presque, n’ait connaissance de cette histoire de Battle Royal.

-Et si nous retournions nous asseoir près des gens qui nous attendent?

Essayons de gagner du temps ? Je montre d’un signe de tête le regroupement de gens à table. Là où nos armes sont cachées et sans lesquelles Temerys ne peut rien faire, sans lesquelles nous sommes belles et bien à la merci de toute ce petit monde. Plus loin je peux voir que Adonia nous observe les bras croisés et l’air soucieux. A l’occasion, il me plairait assez de me charger de son coeur.
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Nan. Elles me prenaient carrément pour un con. La première accusait effectivement le coup de plusieurs verres. Son teint commençait à être rouge, surtout son nez en fait, tandis que la seconde avait cet air… rah putain j’peux pas te le décrire, mais quand tu vois son regard, tu sais que y’a un truc qui pue. J’pensais pas être parano, franchement j’avais un mauvais feeling. Un truc malsain, j’sais pas. J’ai accepté du coup, qu’on retourne à la table. Pas de bon coeur par contre, c’était plus un « finissez vos assiettes et tirez vous ».

Je les laisse passer devant, puis je ferme la marche. Elles s’installent, et je m’installe pile en face d’elles. La plus costaud discute avec les villageois, elle parle fort, en fait j’y prête pas tant attention que ça. Mon regard reste bloqué sur l’autre meuf, celle avec ses cheveux noirs. J’ai vraiment tout l’univers qui me hurle à l’oreille que je dois la cogner sur le champ, mais ça ferait con devant les villageois, j’ai pas envie d’être un tyran.

Je la quitte des yeux que deux secondes pour attraper un morceau de pain. J’en arrache un bout et j’le porte à ma bouche. Je ne souris pas, sauf lorsqu’un habitant d’Havrevas me parle, auquel cas je réponds poliment. J’ai envie d’en savoir plus, mais j’ai aussi envie que ça pète un bon coup pour que je me débarrasse de ces deux là. Et puis, au fil du repas, je me détends. Je me dis que si je sais que je peux pas vraiment intervenir, elles… du moins elle, savent qu’elles ne peuvent pas forcément tenter quoi que ce soit. Au mieux elles pourraient abattre deux personnes avant que je les rétame.

Je me sers un verre d’eau, j’en bois le contenu. J’ai l’impression d’être taré. Peut-être qu’en fait, il se passe rien de spécial. P’tête bien qu’elles se sont crashé, p’tête bien que même si elles sont de la Shinra, elles sont pas venues casser les couilles. Tss, j’arrive plus a évaluer la situation convenablement. Je suis dans la surinterprêtation du moindre de leurs mouvements, du moindre de leurs faits et gestes.

La camionneuse parle de plus en plus fort, elle ne crie pas mais ne semble plus contrôler le ton qu’elle emploie. Je vois la cheloue s’en agacer d’ailleurs. Elle lui jette des petits regards, mais comment savoir s’il se trame vraiment quelque chose ou si elle à juste honte du franc parler de sa pote… ? Je me gratte la barbe, je joue avec, je la remets en place. Je suis tendu, mais ça tu l’avais compris.

Et puis… elle se met à gesticuler. Elle bouscule un de mes gars. Elle parle fort, rigole un bon coup avant de se calmer et de prendre un ton plus sérieux. C’est comme si elle avait dessaoulé en trente secondes alors que pas du tout. Elle tape dans les côtes de sa pote, je crois même qu’elle lui fait un clin d’oeil et puis elle se penche sous la table. Je vois le visage de la plus sobre des deux se décomposer, j’entends aussi les mots Battle et Royale alors qu’elle se redresse de dessous la table. Ok.

J’analyse la situation en une fraction de secondes. Y’a la plus grosse partie du village à cette table. Je pourrais me lever et shooter dans la table, mais le choc pourrait la surprendre et la faire appuyer sur la détente. Je peux pas non plus retourner la table pour en faire un couvert, je risquerais de blesser les autres qu’ont rien demandé. La cruche d’eau, j’ai pas le temps de lui péter sur le tête. Enfin, lui péter la cruche, sur la tête. Tant pis.

Du dessous de la table, elle sort une arme qu’elle braque sur moi en rigolant. Je profite de ce temps là pour en placer une.


Si tu fais ça, t’as perdu.

J’écoute pas sa réponse, j’suis trop concentré sur son doigt posé sur la détente. Dès qu’il bouge, je dois agir. Je le vois se tendre, elle craque sa main, et puis finalement sa poigne se resserre, c’est maintenant. Les balles sortent du canon, je les attrape entre mes doigts, d’abord entre mon index et mon majeur, sur les deux mains, puis je comble les espaces manquants jusqu’à avoir tout les interstices de remplis. Ça fait un chargeur complet.

Elle me regarde, je la regarde, et je desserre mes doigts pour ne garder qu’une balle entre chacun de mes doigts.


C’est ce que je disais. T’as perdu.

Je regarde mes doigts… en fait pour tout te dire, je me kiffe un peu. Puis d’un geste vif je rebalance les balles dans sa direction. Elles passent au dessus de la table, et trois d’entre-elles viennent se loger dans son épaule. Je profite de sa surprise pour monter sur la table, lui arracher son flingue et passer par au dessus d’elle. Finalement, je balance le flingue dans le lac à proximité du village.

Rentrez chez vous, nous sommes attaqués !

Je finissais ma phrase que je croisais le regard d’Adonia, son gummiphone en main. Si ces conneries me foutaient en retard pour le dernier jour, je les retrouvais, et j’les butais.
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Ca aurait pu bien se passer. Tout aurait pu passer, au moins le temps que la dernière partie du jeu démarre, le temps qu’on ait le temps de s’éloigner de ce mec et de sa victoire quasi assurée. Mais évidemment il fallait que tu merdes Temerys. Et tu as bien merdé. Après avoir beaucoup trop parlé, j’aurais du sentir venir le coup. Je t’ai déjà vue à l’oeuvre ivre, et c’était pas glorieux. Mais vraiment, après un coup pareil, s’il ne nous retrouve pas après ça pour nous buter, c’est moi qui le fais.

Je la vois sortir son arme, et en un instant, l’atmosphère change du tout au tout. Le maréchal de la lumière la met en garde. Mais elle est tout simplement incontrôlable. Tant pis. Je m’écarte de la table. Les yeux  de tous sont rivés sur Temerys et Roxas. Et le coup part, plusieurs en fait, je n’ai pas le temps de voir ce qui se passe, mais n’est pas frappé qui devrait. Non. C’est Temerys qui a tiré et c’est elle qui encaisse les coups. Je l’entends grogner alors que je me faufile dans l’ombre derrière une maison. Je pose mes mains sur ma ceinture. J’ai deux semi-automatiques face à un demi-dieu. Ça ne peut pas suffire. Il faut que je fasse diversion. Je pourrais fuir immédiatement mais je ne dois pas me téléporte deux fois dans la même soirée, ou je serai à la merci de celui qui m’attend à la sortie.

Je tente de maîtriser mes ténèbres, essayant d’apaiser les tensions qui me parcourent. Il y a des dizaines d’habitants ici, tous encore colorés. J’invoque une trentaine d’ombres  qui sortent du sol dans le village de tous les côtés. Les habitants se mettent aussitôt à courir et à crier dans tous les sens.

-Attaque de sans-coeurs, mettez-vous tous à l’abri !

Au même moment j’entends Temerys gueuler.

-Roxaaaas, Ninaaaa, vous êtes où bordel ? Allez, venez ! Nina, t’avais promis qu’on se battrait toutes les deux à la fin !

Je glisse un oeil vers l’endroit où ils se trouvaient quelques instants plus tôt. Roxas a cru bon de laisser Temerys avec son bras blessé, il faut croire, il a préféré s’occuper des sans-coeurs qui commencent déjà à entrer dans les maisons, ce ne sont pas des portes qui les arrêteront. Dans son état, il est vrai qu’elle ne représente pas une grande menace. Elle tire malgré tout dans tous les sens comme pour rattraper tout ce temps où elle a dû rester « sage ».

Je sais que j’ai très peu de temps avant qu’il ait éliminé chacun d’eux. Je me faufile dans une maison et prends l’apparence d’une des femmes que j’ai croisées un peu plus tôt dans la soirée. Je me cache dans un coin, m’accroupis et attends. J’ai l’impression qu’il n’y a personne, la maison est sombre.

Je finis par entendre une discussion pas très loin d’ici.

-C’est toi qui as prévenu Roxas, c’est ça ? T’es bonne mais putain quelle victime ! Tu pouvais pas te défendre, ‘fallait que t’appelles ton seigneur et maître ?

Mais merde, elle va nous le mettre plus en colère encore, et quand il en aura fini avec elle, il viendra pour moi.

-Mais t’es vraiment dingue ma parole. Non seulement tu veux mourir mais en plus tu veux souffrir.
-Souffrir ?

Je vois une grande lumière se projeter sur le mur en face puis je sens de la chaleur traverser la fenêtre et me parvenir. Une sorcière hein ?

Temerys est probablement aussi surprise que moi, elle n’a pas le temps de réagir puisque je ne l’entends pas tirer. Non, quelques secondes plus tard, je l’entends encore se pavaner.

-C’est vrai que tu sais y faire, petite sorcière mais il faudra plus que les trois balles de ton copain dans mon bras et ton danse-flamme pour m’éliminer.

Je me concentre et fais apparaître de nouveaux sans-coeurs moyens autour de Temerys qui se faufile entre les arbres et Adonia qui la cherche les bras tendus, prête à faire « feu ».

-Oh des sans-coeurs. C’est marrant, ils ont l’air de s’en foutre de moi, en revanche, pas de toi chérie.
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Quand j’serais mort, j’demanderai au p’tit con qui me foutra en enfer si le fait que tout ce que j’approche part en couille est une malédiction que les dieux m’ont collé. Un début de soirée tranquille, avec du bon kebab, et v’là que quelques heures plus tard j’étais en train de défourrailler du sans coeur à foison. Ils étaient apparus comme ça, pouf, comme par magie, beaucoup trop synchro pour que ce soit une apparition naturelle. Et tu sais quoi ? J’commençais à me dire que pour ce qui était de la meuf pas mal, c’était la solution B.

La gueularde, elle était trop… ou p’tête pas assez… j’en sais rien, mais mille pour-cent j’la voyais pas invoquer des sans coeurs, et ça, ça s’est vérifié une fois qu’elle a fait sa petite remarque. J’avais kiffé le moment où Adonia l’avait cramée, mais maintenant la lesbienne la menaçait et ça, ça me faisait encore plus chier. Au moins, j’avais la preuve qu’elle pouvait un peu se défendre.

J’ai rejoint les arbres, moi ici, et… j’m’étais dit que je le ferais plus jamais, mais j’ai invoqué des reflets. Une trentaine, pour garder de la marge. Je leur ai dit de pas toucher aux habitants, seulement aux sans coeurs restants. Pas besoin de leur dire d’attaquer la musclée, j’allais m’en occuper.

Comme une ombre, je la suivais au travers des arbres. Elle se tenait l’épaule, des fois même je la voyais afficher une expression de douleur, mais elle semblait tenir bon. Si elle tirait sur Adonia, ça allait être la douille, alors j’ai attendu qu’on arrive dans un endroit où j’avais assez de place pour manoeuvrer. J’ai jeté un regard pour voir les similis se débarrasser des sans-coeurs menaçant ma sorcière bien aimée, et puis, des feuillages, j’ai sauté sur celle qui n’était vraisemblablement pas née pour les missions d’infiltration.

Je l’ai attrapée et on s’est mis à rouler sur le sol, nos dos respectifs prenant cher à cause des racines et des cailloux. J’ai failli la lâcher, et finalement c’est elle qui m’a attrapé et qui s’est mise au dessus de moi.


Tu veux pas qu’on aille dîner d’abord ?

Elle tente de me frapper avec son poing serré, mais j’esquive. Une fois, deux fois, trois fois. Elle me touchera pas.

La douille, un peu ?

Je retire mes bras qu’étaient bloqués le long de mon corps, et je les croise au dessus de mon visage pour parer le dernier coup. Je lui attrape les deux poignets et les lui brise rien qu’en les serrant… quand même vachement fort. Je sens les cartilages se briser, je sens surtout que j’arrive maintenant à faire le tour complet avec mon pouce et mon index. Elle hurle, et j’en profite pour me redresser et lui mettre un gros coup de boule en plein dans l’arête du nez. Il se brise aussi, et le sang commence à couler dans sa bouche.

Toi, je…

Tut, tut, tut, tut que je dis en mettant mon index sur sa bouche. Je t’ai prévenue et t’as pas écouté, tu peux t’en prendre qu’à toi même. Bonne nuit.

Je charge mon meilleur coup de poing que j’y colle direct dans la trachée. Elle va pour essayer de se tenir la gorge, mais comme ses mains sont hors service, bah… ça ressemble pas a grand chose. Je la laisse s’écrouler toute seule, dans le sang qui sort de son zen et je me concentre sur la zone pour essayer de trouver la source des sans-coeurs. Pour le coup c’est assez dur a visualiser, parce que c’est pas non plus une puissance folle. C’est un truc qui se discerne mais… Là !

Y’a des signatures symbiotiques dans une cabane. Elle a p’tête des otages, faut que je réfléchisse. Je viens jusqu’à la porte. Normalement, je vais plus vite qu’une balle… quand j’suis pas claqué. J’dis pas que je pète la forme, mais franchement ça va, alors… Je me recule un peu, je vais me focus sur la signature. Je compte dans ma tête, c’qui sert pas à grand chose, et puis je me mets a courir en direction de la porte que j’enfonce. Tant pis pour les dégâts, après demain au plus tard, ce sera réparé. ‘fin je crois. J’arrive a fond de cale, je traverse un mur, j’attrape la meuf par le col de son haut, et je retraverse un dernier mur en faisant la connerie de passer le premier. On arrive dehors, j’la balance sur le sol.


C’est quand même con de tenir un mois entier, et de se faire baiser sur la dernière ligne droite, nan ?


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Je ne l’entends plus grogner, plus hurler, alors je suppose que Temerys a eu son compte, après plusieurs semaines de loyaux services. Roxas a dû en finir. Je ne pourrai pas dire qu’elle ne m’a convaincue de son utilité, plusieurs fois elle m’a tout bonnement sauvée. Et je pense qu’elle finissait par tenir à moi, autrement que pour des considérations d’ordre sexuel. Je sais que si nous sommes amenées à nous revoir plus tard, je pourrai revenir vers elle. J’ai fait équipe avec quelqu’un pendant autant de temps, notre duo fonctionnait assez bien, probablement d’une façon assez stéréotypée, mais il fonctionnait. Et pour moi, cela ne représente pas rien.

Il va venir pour moi, je le sais. Peu importe le temps, il finira par me trouver, savoir que je ne suis pas qui je prétends être avec cette apparence falsifiée.

Et en quelques secondes, l’affaire est réglée. Il explose littéralement la porte qui nous sépare, elle vole violemment pour s’écraser contre le mur en face dans un claquement effrayant. Puis je sens une pression immense me soulever du sol. Je pose mes mains sur la sienne, essayant de me défaire de cette emprise, mais rien à faire. Il nous fait sortir aussitôt à la lumière de la nuit et il me jette à terre, comme une vulgaire chose insignifiante.

Tandis que je mords la poussière, il me fait la morale. Lui et moi savons que je ne peux plus rien faire, il me tient, je ne peux pas courir, il me rattraperait. Tout le monde l’a compris autour et je sens les différents habitants se rapprocher de la scène qui se passe au milieu de leur village. Ils viennent admirer la mise à mort, ils n’ont plus à craindre, ils sont protégés. Je me retourne de façon à être assise, les jambes repliées vers moi, les mains sur le sol, prête à faire face à cette élimination.

-Crois le ou non. J’en avais rien à faire d’éliminer tes gens. Si cette…emmerdeuse ne nous avait pas grillées, on en serait peut-être pas là, toi et moi, ou peut-être que si, mais ça on ne le saura jamais.

Mais c’est trop tard, et ça ne change rien évidemment. Depuis l’incident, j’ai invoqué quantité de sans-cœurs et il a visiblement compris de qui cela venait. Alors les représailles ne vont pas tarder.

-Roxas !

Sérieusement ? Qu’il en finisse, qu’il m’élimine, je n’ai pas l’intention de m’éterniser ici. Le jeu aura duré le temps qu’il aura pu pour moi, voilà, c’est tout. Mais non, la petite sorcière intervient dans la scène, elle semble avoir quelque chose de très pressant à lui dire.

-C’est vraiment important ! Le mec qui a organisé ça… euh… lord Biznesse, il vient de faire une annonce ! Mon gummiphone a vibré rien que pour ça, j’ai regardé et voilà…
-Mais de quoi elle parle ?

Les habitants rassemblés autour ont à présent dirigé leur attention sur Adonia et sur ses étranges révélations. Pour le moment, ils ne savent toujours rien. Ces deux-là leur ont caché l’information, après tout.

-A minuit, un voile va recouvrir tous les mondes à part un, et tout le monde sera éliminé sauf ceux qui seront dans le monde en question.
-Quel monde ? Mais enfin, que se passe-t-il Adonia ?
-La ville de…

Elle inspecte à nouveau son gummiphone.

-La ville de Traverse. J’en ai jamais entendu parler… Tu connais, toi ?
-Ca veut dire qu’on va mourir si on n’y va pas ?
-Non, non, c’est juste un …jeu, n’ayez pas peur. N’est-ce pas Roxas ?

La foule commence à s’inquiéter, toute cette nervosité m’ouvre une porte.

Je me souviens de cette ville, qui était apparue du temps où de nombreux mondes étaient tombés sous le joug des ténèbres. C’est sans doute ma seule chance. Tandis que tout le monde s’affaire autour, sans bouger pour ne pas attirer l’attention, je perds progressivement forme humaine, mes doigts d’abord, puis mes bras, qui s’enfoncent dans le sol, dans les ténèbres du portail que je suis en train de créer.

Je n’ai plus de temps à perdre en essayant de dissimuler ma véritable nature. Tant pis pour les rumeurs ? C’est ainsi que je pourrai canaliser mon pouvoir avec le plus d’aisance. Nous verrons bien, nous verrons cela plus tard. Je tente ma chance, coûte que coûte. Avant qu’il n’ait pu me retenir, je tombe dans les ténèbres. Je m’éloigne de lui, je me donne une chance d’échapper au sort qu’il me réserve

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