La soirée va être pénible. Jack a refusé que je passe la nuit dans le bâtiment avec une méfiance qui n’est pas sans me rappeler celle de son homonyme. Du coup, j’ai rebroussé chemin au niveau des canyons où j’ai rencontré Ioan et Herbe Blanche, histoire d’avoir un point d’eau assez près et de bons obstacles dans le cas où je recevrais une visite surprise. La nuit va être longue, oui.

Autant en journée, il fait plutôt chaud ici, mais la soirée, c’est l’horreur. Elle est fraîche, c’est le moins qu’on puisse dire. Je parviens à allumer un feu de fortune à l’aide de la magie qui m’aide dans ces températures plutôt basses. Je suis vraiment pas à l’aise pour dormir et dans ces conditions, j’éprouve une certaine difficulté à trouver le sommeil. Le plan a déjà pas mal dérivé : à la base, à l’heure qu’il est, je me serais déjà vu dehors avec de nouveaux alliés. Je pensais pas que m’introduire dans le pénitencier serait si difficile. Je craignais surtout le fait d’en ressortir.

Et puis, il y a pas que ça. Ma provocation sur le GummiNow m’inquiète. Et si quelqu’un y répondait ? Et si quelqu’un se pointait à Hill Valley, terrassait mes collègues ? Et si ce léger brasier attirait son attention et qu’il m’éliminait comme ça, dans mon sommeil ? Non, je dois pas me faire trop de films. J’en deviendrais presque comme Jack et… j’ai certainement pas envie de finir comme lui à jeter des regards anxieux dans toutes les directions et hurler sur tout ce qui bouge, dès lors que quoi que ce soit m’inquiète.

Le jour commence à se lever, suite à cette nuit plutôt pénible. J’ai pas vraiment eu de bon repos, mais je vais devoir faire avec. Je me dirige vers le pénitencier et je frappe une nouvelle fois à la porte. On vérifie à peine mon identité que la porte s’ouvre déjà. Pas mal de gardes se sont réunis pour assister au duel, mais ils ne sont pas non plus inconscients. Quelques élus continuent de garder des points clés qui ne peuvent être laissés sans surveillance.

- Alors t’es vraiment venu ? J’pensais que tu t’pisserais dessus à l’idée d’te faire ruiner ta p’tite tronche d’une balle.
- Viens pas pleurer quand c’est l’inverse qui se produira, que je lance en réponse.

L’ambiance est électrique. D’un côté comme d’un autre, nos armes sont rangées dans leurs étuis respectifs. Lui m’observe les yeux plissés et le bras déjà proche de son arme, sans toutefois dégainer. De mon côté, j’hésite à la jouer loyale : pendant qu’il se méfie de mes gestes, moi, je pourrais facilement préparer un sort et le désarmer d’une sphère de vent avant qu’il n’ait tenté quoi que ce soit. Seulement, ça soulèverait un problème : la scène serait carrément zarb’ de leur point de vue. Le public se demanderait forcément s’il s’agit de sorcellerie. Et ça, je le sais : les sorciers ne sont pas les bienvenus dans ce monde.

On se lance presque en même temps, attrapant nos armes respectives et se mettant tous les deux en mouvement afin de tenter de passer hors de la trajectoire de tir de l’autre. On tire tous les deux un coup de feu. Aucun des deux n’atteint sa cible. Le sien est passé assez proche sans pour autant me toucher. Je fais une glissade au sol afin d’esquiver sa prochaine balle et tente moi aussi un nouveau tir, lui aussi manqué. Celui-là est passé plutôt près !

Je me relève et me précipite aussitôt vers certains des spectateurs, ce qui contraint mon opposant de ne pas effectuer de nouveau tir. Lui fait de même, m’empêchant de tenter une nouvelle fois ma chance. Mais ce n’est pas ce que je fais : j’ai canalisé le sort le plus discret dont je sois capable, un sort de lenteur. Son prochain tir passe carrément à côté. Sa réactivité a été affectée. Parfait.

J’exécute un mouvement brutal de mon flingue que je pointe dans sa direction, puis j’appuie une nouvelle fois sur la gâchette. Cette fois, Jack est atteint grâce à un léger effet de la balle qu’on dira que j’ai fait exprès de créer. La balle s’est logée dans le bras qui tenait son arme dans un hurlement de douleur déchirant. Il lâche évidemment celle-ci, me permettant de profiter de ce timing pour une deuxième balle plus précise, cette fois directement dans le thorax.

- T’as perdu, que je lance dans un sourire triomphal avant de ranger son arme dans son étui.

Mais il a déjà perdu connaissance en plus de ses couleurs. Du coup, je me permets de m’avancer vers son corps en observant tous les autres gardes :

- Ravi de taffer avec vous, les gars !