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Kingdom Hearts Rpg
Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Les cendres n'étaient plus. Effacées. Comme omises du décor. La neige avait retrouvé sa blancheur si nette. Ioan laissait son regard naviguer entre les arbres qui bordaient leur passage, à lui, comme à son amie horloge. Ainsi cela était. Curieux. Peut-être s'était-il trompé. Peut-être avait-il imaginé, tout rêveur qu'il était, le ciel déchiré, et l'oiseau qui l'avait embrasé.

Il posait ses yeux clairs comme la lune sur l'horloge qui se faisait silencieuse. "Allons-y ?" Il sourit.

Elle tic. Elle toc.

Alors ils poursuivirent, jusqu'au pied du Promontoire aux Etoiles. Une avancée de terre qui montait, haut et encore plus, au-dessus des nuages — par chemins, par rocaille et par neiges — jusqu'à l'estrade où l'enfant espérait pouvoir susurrer à l'oreille de mondes brillant dans le ciel, à la faveur de la lune. Qu'est-ce que cela pouvait faire, de chuchoter quelqu'interrogation à l'une de ces lumières ? Est-ce qu'elles répondraient ? Comment ? Ecouteraient-elle seulement ? Le devaient-elles ? Ou bien, ne serait-il, après tout, que la moitié d'un homme, la moitié d'une chose, à laquelle elles n'avaient pas à accorder plus que leur simple présence ?

Ioan courait, remontait les sentiers serpentant entre les colonnades de pierres qui dessinaient des époques lointaines que le garçon se figurait avoir été ; il plongeait dans une mer de poudreuse, flottait jusqu'à un chalet silencieux et abandonné que, pour l'heure, il ne pénétrait pas. Il se contentait de profiter de l'abri de son auvent alors que d'aventure, tombait la neige comme une feuille blanche face à lui. Face à eux. L'horloge attendait, aussi.

Elle tic. Elle toc. Elle rythmait les secondes et les minutes, à moins qu'elles n'aient été des heures. Elle s'inquiétait. Elle appréhendait. Et à chaque tic, à chaque toc, elle laissait planer un silence de plus en plus long, suggérant son hésitation grandissante.

Ioan se fendit d'une moue concernée. "Est-ce que ça va aller ?" risquait-il. Elle tic. Elle toc. "On peut faire une pause, si tu as besoin de réfléchir. Une vraie pause." Elle tic. "Tant que ça te va. Si tu en as besoin."

"Parfois... on a juste besoin de temps."

Elle le remerciait d'un balancement de pendule régulier. Ils patientaient — jusqu'à ce qu'enfin, elle se sente prête. Alors, l'enfant souriait. Il dessinait entre les rochers, le chemin qu'ils emprunteraient. Il se glissait dans des passages froids et se laissait accueillir par le renfoncement de petites grottes naturelles. Elle le suivait, son horloge, profitant de toutes les fois où il ne la regardait pas pour se précipiter près de lui. Ioan s'amusait de ce jeu de 1-2-3 Soleil quand celui-ci était, de toute évidence, fort loin.

Et enfin, le dénivelé se faisait moins important.

Il avait fait sombre, tout au long de leur ascension. Le garçon ne l'avait pas réalisé. Mais maintenant que ses yeux pouvaient admirer le ciel, les étoiles — les raies de lumières qui leur faisaient des traînes multicolores — il comprenait qu'il avait été, jusque là, dans l'obscurité. Elles se montraient, les étoiles, les unes aux autres, avec leurs robes toutes en lueurs ; certaines plus pourvues que d'autres. Elles ne les remarquaient pas. Pourtant, pour cette fois, juste cette fois, Ioan était à peu près sûr qu'il pouvait les caresser. Il s'imaginait leur chaleur, le réconfort que les avoir proche de soi pourrait être. Mais il n'osait pas. Il hésitait. Non. Il ne devait pas.

Il sourit, enfin, pour son amie qui ne le pouvait pas. "Mesdames," commençait-il, "je ne veux pas trop vous déranger, mais mon amie cherche l'une de vous."

Le ciel ondulait d'un sursaut.

"Quelqu'un, ici, parmi ces lueurs, la reconnaîtrait ? Je vous en prie."

Il s'inclinait ; son ton doux, respectueux, déférent.
Mais personne ne répondit. Les étoiles n'avaient aucun mot à lui dire, aucune réponse à lui apporter.

Ioan sentit son cœur se serrer. "Personne ?"
Son ultime interrogation se répercutait au vide, lui retournant en écho : Personne.

La déception fit tomber ses épaules.

Il tournait la tête vers sa camarade d'un songe, un sourire triste aux lèvres. "On trouvera." Son balancier se faisait lent et lourd. Aussi silencieux que le ciel l'avait été. "On trouvera," lui répétait-il.

Il ne savait comment s'y prendre pourtant.

Mais, du coin de l'œil, loin en-deçà des étoiles qui se paraient de leurs plus beaux atours, Ioan le vit alors. Une solution, peut-être. Une suggestion. Une invitation. Beau, attirant, envoûtant : plein de réponses, il le savait, il le pensait.

Un éclat couleur de lune, au milieu d'une mer de ronces.
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Ioan se penchait au rebord du Promontoire au-dessus duquel les étoiles, déjà, ne faisaient plus tant cas de sa présence. Il voyait toujours, au loin, cet éclat couleur de lune qui l’intriguait et l’attirait. Niché au creux d’un bois sombre, par-delà quelques dangers et épreuves que, à l’abri, dans les hauteurs, il ne pouvait voir. Le garçon se retournait vers son amie horloge avec un sourire d’enfant plein d’anticipation. « On y va ! » Mais elle tiquait de désapprobation, déçue qu’elle était, encore, par le refus qu’elle avait essuyé. Aucun monde ne savait la reconnaître. « Mais… et si c’était une étoile qui était tombée ? Si c’était ton étoile ? » Il s’animait d’une moue embêtée.

Mais elle tiquait. Encore.

« Et… » Il hésitait. « Et si j’y vais tout seul ? »

Silence.

« Est-ce que tu m’attendras ? »

Elle tic. Elle toc. Ioan caressa son bois avec une tendresse concernée. Elle lui faisait confiance. Elle attendrait. Lui aussi, croyait dans le fait qu’elle ne faillirait pas à sa parole.

Il y avait un confort certain dans le fait de savoir qu’on avait quelque chose, quelqu’un auquel retourner. Qu’on réussisse, qu’on échoue, il s’agissait d’un hameau vers lequel il était toujours possible de rebrousser chemin, ou d’avancer, de nouveau. Le garçon en ressentait toute l’assurance ; la force que cela lui laissait, le filet de sécurité que cela pouvait représenter. Il laissa ses doigts fins apprécier, quelques secondes de plus, les renforts travaillés de la vieille horloge abandonnée, et tendit sa main vers les nuages. C’est que le Promontoire était haut ! Et, maintenant qu’il avait une idée de la direction qu’il devait prendre, il ne se sentait guère de redescendre, bivouaquer, chercher et rechercher, le bon angle, le bon endroit — prendre plus de détours que ceux que son instinct lui guidait.

Ioan avait volé, une fois. Il mettrait cette expertise en bonne pratique. D’un geste vif, bref, il arrachait aux nuages un pan de leur légèreté, et se l’enfilait comme une cape duveteuse. « Je vous le rends, » se défendait-il, peut-être emporté par l’excitation. Il resserrait ses mains sur son vêtement, qui flottait depuis son col.

Il fredonnait un air. Un air d’homme fort. Un air qui donne courage. Un air qui disait « … quand on part à l’aventure ! »

Une enjambée, une autre ! — Le vide.
Ioan sautait.

Le pan de nuage s’agrippait au ciel, à l’air, à chaque espace vide qui pourrait le raccrocher aux cieux ; et l’enfant profitait de ce qu’il le retenait pour ne pas s’écraser — et de ce qu’il était trop lourd pour qu’il y parvienne pour tout de même descendre. L’écho lui rendait son rire : aurait-il imaginé faire pareille folie lorsqu’il s’était éveillé, ce matin ? Non, bien entendu. Non.

Il relâcha son bout de nuage quand ses pieds touchèrent le sol. « Merci, » lui soufflait-il, espérant assister sa remontée.

Les arbres le fixaient sans dire mot. Pour tout ce qu’ils l’avaient attendu et appelé : n’était-ce que désormais qu’il se présentait ? Par un chemin si atypique, qui plus était. Regrettable. Détestable. Mais, maintenant qu’il était là… ils étendaient leurs branches rachitiques et noueuses, lents mais déterminés. Comme ils étaient hauts, les arbres ! Et comme il était petit. A peine effleuraient-ils ses cheveux sombres, qu’il poursuivait d’un mouvement agile ; à peine relevaient-ils leurs racines, qu’il se glissait de côté. Comme s’il savait. Comme s’il avait toujours su. Ne voulait-il pas les entendre ? Ne voulait-il pas les écouter ? Les arbres frissonnèrent de mécontentement.

L’enfant s’arrêtait. « Ca ne va pas ? » Il laissait échapper ces mots comme une douce interrogation, toute inquiète, toute tranquille. Comment pouvait-il ? N’entendait-il pas ? Les arbres sifflaient et murmuraient leur plainte…

… mais le vent, qui la portait, brusquait et brisait leurs mots. Et Ioan ne pouvait comprendre. « Vous êtes perdus, aussi ? » tentait-il ; mais encore une fois, ne se rapportait à ses oreilles qu’un sifflement désagréable. Peut-être était-ce qu’il était malvenu, pour lui, d’errer ici. Peut-être venait-il troubler leur tranquillité. Peut-être. Le garçon s’inclinait. « Je ne vous dérangerai pas longtemps. »

Non, non, se plaignaient les arbres.
Mais le vent déformait leur ton et leurs paroles. Encore.

Et petit à petit, alors que l’enfant avançait et allait, ils étaient moins nombreux ; là où le bois faisait place à la steppe, où il n’avait nul droit d’étendre racines. Là où le sol grondait. Là où il était transi du tremblement de la terre et des montagnes.

L’enfant ne les avait pas vues, ces grandes collines de pierre, lorsqu’il était si haut qu’il pouvait attraper les nuages pour s’en faire une cape. Une partie de lui s’en intriguait, s’en questionnait.

Mais on l’attendait — face à lui comme sur sa piste — une lueur couleur de lune, et une horloge qui avait perdu son éclat. Ioan s’agenouillait, frôlait le sol tremblant de la main de sa main sûre. Il n’hésiterait pas. Il se ferait confiance ; il avait toujours retrouvé son chemin.
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