Nous empruntons les rames de métro désertées par la foule mais continuant inlassablement de traverser la métropole en toute heure. Pour nous deux, c’est une découverte de voyager ainsi sous terre, d’entrer à un endroit et de sortir dans un tout autre paysage. Nous sortons donc à la station Central Park. Les quais de cette dernière doivent être remplis de gens en temps normal, des gens qui se bousculent et se collent pour pouvoir entrer dans la rame, mais là nous sommes seuls partout où nous allons.
En grimpant les escaliers nous croisons des feuilles de journaux qui virevoltent autour de nous. Nous lisons les éternels et sans doute répétitifs gros titres. A la sortie, nous sommes effectivement surpris par le spectacle d’une toute autre nature. Des arbres nous entourent, des oiseaux chantent, comme si aucun événement n’avait frappé ce lieu. Au bout de quelques secondes à marcher, le constat est pourtant le même : nous entendons les détonations à quelques rues de là, mais rien d’autre.
-Tu es bien sûr de vouloir y aller ?
-Oui.. pourquoi pas toi ?
-Si, si, je me disais juste qu’on s’éloignait de plus en plus des vaisseaux qui pourraient nous amener ailleurs.
Je lui attrape la main et l’attire sur un chemin. A vrai dire, je ne sais pas où aller et je ne le saurai qu’en vérifiant mon guide, mais je me sens confiant dans cette entreprise. Je n’ai pas envie de rentrer, pas tout de suite en tout cas. Nous suivons alors l’itinéraire indiqué pour nous rendre sur ledit lieu. Même si tout semble « naturel » en ce lieu, tout est en vérité très bien tenu, très contrôlé, nous sommes très loin de la nature sauvage et envahissante du Domaine. Ici, les arbres flirtent avec les fontaines en pierre blanche sculptée avec soin, et les cours d’eau ne sortent jamais de leur lit.
Arrivés sur place, escaladons les portiques que l’on peut en temps normal traverser à condition d’avoir payé. Aujourd’hui, l’entrée est gratuite pour nous. Nous avançons alors dans les allées, apercevant des signalétiques gravées dans le bronze nous indiquant quels chemins mènent à quels animaux.
-Des éléphants ?! J’ai toujours rêvé d’en voir.
Nous nous dirigeons donc vers les éléphants. Demelza prend l’initiative de la marche, ayant accéléré le pas. Elle regarde tout autour d’elle, s’extasiant sur les taupières, les parterres de fleurs en parfait état. Visiblement personne n’a cru bon de venir déranger les animaux pendant le conflit.
-C’est bizarre, je crois qu’ils sont censés être ici mais…
Effectivement, l’enclos aux éléphants est vide. Peut-être qu’ils ont un abri pour la nuit et qu’ils n’en sont pas sortis. Notre attention est alors attirée par une forme mouvante vingt mètres plus loin, mais pas du tout à l’intérieur de l’enclos. Puis nous remarquons qu’effectivement, les barrières dudit dispositif ont été renversées. Ce n’est en vérité pas une forme mouvante mais trois que nous pouvons alors observer évoluer sur le chemin en béton habituellement réservé aux visiteurs. Ils sont énormes et pour le moins impressionnants.
-Je crois qu’on…
Demelza me tire le bras tout en reculant.
-Ouais on devrait… s’en aller, maintenant…
Elle ne parle pas trop fort pour ne pas attirer leur attention. Dieu sait quelle pourrait être leur réaction, ou même ce qu’ils pensent de la race qui les a enfermés ici. Nous nous retirons dans la plus grande discrétion alors que nous les voyons arracher les branches d’arbres qui les entourent pour se nourrir.
-Peut-être qu’avec tout ça, les animaux n’ont pas eu à manger, que personne n’est venu travailler et que… ils meurent de faim ?
-Oui, peut-être que c’est la même rengaine, à chaque cycle, depuis le début du Battle Royal.
-Alors, il faut qu’on les nourrisse !
Je ne m’y attendais pas du tout. Je me retourne vers elle, interloqué. Pas qu’elle soit particulièrement égoïste, je ne la voyais pas agir sur un coup de tête, alors que quelques minutes plus tôt elle parlait de sa peur d’être pris dans une transition meurtrière. Je ne veux pas gâcher cet élan de générosité qui ne peut que lui faire du bien au moral, je souris et hoche la tête.
-Ok, on commence par qui ?
-Mmmm. Les fauves, ils doivent mourir de faim !
Allons donc fouiller les coulisses à la recherche de viande fraîche.
Je ne le remarque pas encore mais le ciel commence à se griser et de petites cendres se mettent à tomber discrètement sur les feuilles des arbres.
Dim 21 Fév 2021 - 22:26En grimpant les escaliers nous croisons des feuilles de journaux qui virevoltent autour de nous. Nous lisons les éternels et sans doute répétitifs gros titres. A la sortie, nous sommes effectivement surpris par le spectacle d’une toute autre nature. Des arbres nous entourent, des oiseaux chantent, comme si aucun événement n’avait frappé ce lieu. Au bout de quelques secondes à marcher, le constat est pourtant le même : nous entendons les détonations à quelques rues de là, mais rien d’autre.
-Tu es bien sûr de vouloir y aller ?
-Oui.. pourquoi pas toi ?
-Si, si, je me disais juste qu’on s’éloignait de plus en plus des vaisseaux qui pourraient nous amener ailleurs.
Je lui attrape la main et l’attire sur un chemin. A vrai dire, je ne sais pas où aller et je ne le saurai qu’en vérifiant mon guide, mais je me sens confiant dans cette entreprise. Je n’ai pas envie de rentrer, pas tout de suite en tout cas. Nous suivons alors l’itinéraire indiqué pour nous rendre sur ledit lieu. Même si tout semble « naturel » en ce lieu, tout est en vérité très bien tenu, très contrôlé, nous sommes très loin de la nature sauvage et envahissante du Domaine. Ici, les arbres flirtent avec les fontaines en pierre blanche sculptée avec soin, et les cours d’eau ne sortent jamais de leur lit.
Arrivés sur place, escaladons les portiques que l’on peut en temps normal traverser à condition d’avoir payé. Aujourd’hui, l’entrée est gratuite pour nous. Nous avançons alors dans les allées, apercevant des signalétiques gravées dans le bronze nous indiquant quels chemins mènent à quels animaux.
-Des éléphants ?! J’ai toujours rêvé d’en voir.
Nous nous dirigeons donc vers les éléphants. Demelza prend l’initiative de la marche, ayant accéléré le pas. Elle regarde tout autour d’elle, s’extasiant sur les taupières, les parterres de fleurs en parfait état. Visiblement personne n’a cru bon de venir déranger les animaux pendant le conflit.
-C’est bizarre, je crois qu’ils sont censés être ici mais…
Effectivement, l’enclos aux éléphants est vide. Peut-être qu’ils ont un abri pour la nuit et qu’ils n’en sont pas sortis. Notre attention est alors attirée par une forme mouvante vingt mètres plus loin, mais pas du tout à l’intérieur de l’enclos. Puis nous remarquons qu’effectivement, les barrières dudit dispositif ont été renversées. Ce n’est en vérité pas une forme mouvante mais trois que nous pouvons alors observer évoluer sur le chemin en béton habituellement réservé aux visiteurs. Ils sont énormes et pour le moins impressionnants.
-Je crois qu’on…
Demelza me tire le bras tout en reculant.
-Ouais on devrait… s’en aller, maintenant…
Elle ne parle pas trop fort pour ne pas attirer leur attention. Dieu sait quelle pourrait être leur réaction, ou même ce qu’ils pensent de la race qui les a enfermés ici. Nous nous retirons dans la plus grande discrétion alors que nous les voyons arracher les branches d’arbres qui les entourent pour se nourrir.
-Peut-être qu’avec tout ça, les animaux n’ont pas eu à manger, que personne n’est venu travailler et que… ils meurent de faim ?
-Oui, peut-être que c’est la même rengaine, à chaque cycle, depuis le début du Battle Royal.
-Alors, il faut qu’on les nourrisse !
Je ne m’y attendais pas du tout. Je me retourne vers elle, interloqué. Pas qu’elle soit particulièrement égoïste, je ne la voyais pas agir sur un coup de tête, alors que quelques minutes plus tôt elle parlait de sa peur d’être pris dans une transition meurtrière. Je ne veux pas gâcher cet élan de générosité qui ne peut que lui faire du bien au moral, je souris et hoche la tête.
-Ok, on commence par qui ?
-Mmmm. Les fauves, ils doivent mourir de faim !
Allons donc fouiller les coulisses à la recherche de viande fraîche.
Je ne le remarque pas encore mais le ciel commence à se griser et de petites cendres se mettent à tomber discrètement sur les feuilles des arbres.