« Alors Jiawei, comment c’est l’au-delà ?
- Je vous méprise et vous le savez.
- Oh, que c’est méchant de votre part. »

Huayan serra sa poigne gauche tandis que l’âme de Jiawei se courbait devant elle, de douleur. Oui, Huayan cherchait quelque chose à faire en plus de ses méditations et ses petites sorties et elle se souvenait que cela faisait un moment qu’elle n’avait pas torturé l’âme de la sorcière qui lui avait pris son mari. De façon particulièrement lâche qui plus est.

Pourtant Huayan n’en avait pas appris bien plus pendant les séances sur cette sinistre affaire, mais est-ce qu’elle voulait vraiment en savoir plus ? Telle était la question tandis que voir la sorcière souffrir lui procurait une certaine satisfaction de vengeance.


« Est-ce vraiment nécessaire ? Je commence à en avoir un peu marre de vos humeurs.
- Non. Mais je dois avouer qu’il faut bien que je m’occupe avec cette compétition ridicule qui me contraint de demeurer à l’affût du moindre ennemi qui pourrait m’atteindre. Vous n’avez pas des informations sur cet événement par hasard ? Petite fouine que vous êtes.
- Non. Bien sûr que non. Je suis morte depuis longtemps, vous devriez le savoir.
- Certes, oui. Mais vu notre histoire commune, vous me pardonnerez de toujours douter de votre capacité de nuisance. Morte comme vivante. »

On pouvait sentir une certaine tension. Cependant, ce qui était au départ des séances de la pure torture, était devenu plus un moment désagréable partagé par les deux femmes. Une relation des plus agressives. Jiawei, bien que morte, n’aimait toujours pas Huayan, ce qui était plutôt logique, mais elle lui était soumise. Impossible de résister à l’appel de l’Impératrice, même dans la mort.

Son mutisme du début des séances avait laissé place à des réponses courtes, puis légèrement plus longues. Après tout, à quoi cela servait de lutter ? Elle était contrainte de venir la voir et ce n’est pas comme si quelqu’un d’autre pouvait influer sur elle de façon négative dans la mort.

Alors, elle s’était un peu résolue à cette situation des plus… Gênantes et désagréables. La moindre petite tournure de phrase que Huayan n’appréciait pas, elle lui faisait payer douloureusement. L’Impératrice cherchait à la punir, sa mort ayant été probablement trop rapide d’après elle.


« Que pensez-vous de ce vaisseau que j’ai acheté ?
- Il est… Il est impressionnant. Félicitations.
- Je vous remercie pour votre fausse franchise. Je vous sers un peu de thé ? »

Huayan avait beau demandé, elle se moquait un peu de la réponse de l’ancienne prêtresse d’Etro. Elle versait quand même la délicate boisson dans une tasse, que Jiawei n’aurait pas l’occasion de déguster car… Hé bien, c’était un esprit. Les deux traîtres s’observaient, avec rancune.

L’une avait trahi l’Empire au profit d’une religion étrangère et avait entraîné la mort de nombreuses personnes par ses actes déraisonnables… L’autre avait fait beaucoup de choses, certaines pouvaient être considérées comme des trahisons… Mais bon, beaucoup d’éléments sont subjectifs dans la vie !


« Comment se déroule votre règne ?
- Fort bien pour le moment. Je vous remercie de vous en inquiéter.
- Je vous en prie. Comment se porte votre famille ? »

Huayan hésita. Elle parlait de son mari ou de ses parents ? Dans le doute, elle ne fit rien.

« Elle va bien, malheureusement pour vous. »

Hum. La discussion faussement courtoise se poursuivie. Puis après un certain temps, l’Impératrice congédia la sorcière pour retrouver un peu de calme et recharger son énergie symbiotique. L’acte en lui-même ne plaisait pas vraiment à Huayan… C’était plus le fait de déranger son ancien ennemi qui lui procurait une certaine joie.