Des flammes, des flammes partout.

Le prêtre-guerrier essaye de se redresser, ne pouvant que pousser un immense grognement sous la douleur. Des pans entiers de sa fourrure ont disparu, réduite en touffes roussies. Autour de lui, des débris métalliques en tout genre, quelques individus dans des états encore pires que lui, leurs couleurs saturés clignotant frénétiquement.  D’autres encore, ont perdu leurs couleurs, échangeant leur place dans le jeu contre un corps indemne de toute blessure. Ils regardent autours d’eux, intact physiquement, mais hébété mentalement.

Un peu plus loin, derrière un siège carbonisé, un jeune garçon secoue le corps inconscient de sa mère. Si lui n’a pu rien subir, protégé par son âge. Elle est visiblement encore en jeu, mais pas pour beaucoup de temps comme en témoigne la flaque rouge grandissante à vue d’œil.

Le fauve se redresse, reprenant sa respiration. S’adossant contre un reste de l’épave, le logo de la Shinra bien visible contre le métal cabossé.

Quelle bande de fumiers…

Évidemment qu’il avait été suspicieux au premier coup d’œil. Comme par miracle, quelques « employés » de la Shinra, désireux de vite faire passer en douce des voyageurs jusqu’à d’autres mondes. Promettant à ceux coupé de leurs familles de les rejoindre, prétextant refuser de participer au jeu.

Le fauve s’attendait à un combat une fois le vaisseau décollé, une des raisons pour laquelle il avait pris soin de s’introduire via la cale. Hors de question qu’il soit parmi le bétail. Qu’il en avait vu monter, des voyageurs désespéré, naïf même.

Mais ce qui s’est passé était bien plus osé, bien plus grandiose. Le trajet dans la cale c’était montré long, sans aucun signe de conflit à l’étage supérieur. Si bien qu’il avait presque voulu donner le bénéfice du doute aux soi-disant pilotes bienveillants.

Il avait même ressenti les premières secousses, indiquant que le vaisseau était bien entré dans l’atmosphère d’un monde. La terre des dragons, si les pilotes disaient vrai.

Mais cette secousse c’était montré bien plus virulente que prévu. Et c’est lorsque la cale entière s’ouvrit qu’il comprit. Menaçant d’éjecté le fauve avec toute la cargaison. Ce dernier c’est rattrapé comme il a pu, ne put que constater la forêt de bambou s’approchant de plus en plus de l’appareil.

Il entrevue également les deux hommes en parachute, lançant le signe d’un baiser d’adieu au vaisseau, dans un sourire sadique.

Un plan bien rodé, attiré ainsi bon nombre de civils paniqué, les séduire avec cette promesse, pour laisser l’appareil s’écraser. Combien de kill, combien de points ces énergumènes vont-elles obtenir ? Beaucoup, oui, beaucoup.

Toujours adossé contre son morceau de métal, le fauve entend vite un coup de feu. Sursautant sous le bruit sourd. Non content de leur méfait, ils viennent finir le travail.

Sentant les blessures, observant ses mains griffues, il ne peut constater qu’une chose. Ses couleurs sont-elles-aussi en train de clignoter. Comme pour lui énoncer ce fait, sa vision se trouble, sa tête tourne.

Il a beau avoir été dans la cale, et avoir sauté avant l’impact, la chute et l’explosion ne l’ont pas loupé.

Un nouveau coup de feu. Le fauve ne peut retenir un grognement, tentant de se glisser loin du lieu. Sa jambe droite le tire tellement qu’il ne peut que ramper, la boue et la cendre se mélange à sa fourrure, mais il avance.

Tirant de toute ses forces à chaque foulée de bras, il s’éloigne en direction de la végétation dense. Le vert des bambous ne fera certes pas bon mélange avec le bleu et blanc de son corps, mais leur densité sera à même de le cacher.

Le ronso reprend son souffle, avant de s’aplatir à nouveau. Il entend les cliquetis d’armures qui viennent jusqu’au site. Des cliquetis ? S’il est habitué à les entendre au domaine, il n’a pas le souvenir de les avoir entendu en terre des dragons. Toujours caché, aplatis contre le sol, le fauve vient saisir dans sa main griffue un peu plus de boue, qu’il commence à s’éparpiller sur sa fourrure dépassant. Il va être dégoutant, mais au moins, il se camouflera bien mieux.

Il finit par entrevoir une des sources du bruit. Un chinois vêtu d’une armure du plus bel effet, les lamelles d’acier brillant sous le soleil oriental. Un casque à la forme recherché d’où s’échappe une fine queue de cheval rougeâtre. Le fauve renifle, c’est étrange, en un an à peine depuis sa dernière visite, ce monde a-t-il tant changer ? Ou est-ce d’autres mercenaires, venu chercher des victimes ?

Le bruit des combats se laisse entendre à nouveau, provenant cette fois du lieu du crash. Visiblement, qui que soit ces gardes en armure, ils ont engagé avec les pilotes meurtriers. Le ronso ne se pose pas plus de question, il faut qu’il s’éloigne. Il n’est pas en état de les affronter, peu importe quel côté gagne.

Il continue de se traîner dans la boue, encore et encore, jusqu’à trouver un petit fossé. Se glissant dedans, roulant plus qu’autre chose, il laisse échapper un soupir. Mélange de grognement et de douleur, il vient redresser ses mains griffues.

Son premier signe consiste en les mains écartés, l'index, pouce et majeur de chaque main joint par le bout des doigts et écarté. Petit doigt et annulaire de chaque main liée. « Rin »

S'en suit un nouveau signe, Paume de la main droite retourner, paume de la main gauche au-dessus. Doigt joint entre eux. Pouce de la main droite croisé avec le petit doigt de la main gauche. Il le reproduit deux fois. "Kai + Kai"

Il vient conclure avec la dernière mudrâ, repliant sa main droite en un poing, avant de tendre l’index, comme s’il demandait le silence.

Ce sont de petites lianes qui viennent s’échapper de l’index griffu du ronso, rampant dans les airs, comme retenu par une main invisible. La liane vient doucement entourer sa jambe folle, avant de s’immobiliser, laissant une fleur blanche naitre et grandir.

La fleur a à peine eu le temps de fleurir, qu’elle explose, avec la liane, en une poudre fine et étincelante.

La saturation se stabilise, cessant de clignoter. Tandis que le fauve laisse ses épaules retomber, la douleur se voulant plus supportable.

Il ferme son œil unique un instant, il se sent vidé de toute magie. L’appétit en énergie magique du sort refusant de lui accorder une exception.

Il attend que la migraine lui passe, puis il continuera son chemin.

La route sera bien longue jusqu’au mont Gagazet.