Le calme était revenu depuis quelques heures. Le bilan des dégâts n’avait rien de très amusant. Cet appartement ne nous protégeait plus du moindre courant d’air. L’un des mes hommes avait été éliminé, une autre avait failli le rejoindre dans le camp des perdants, de justesse. Une chance que nous ayons pu en finir rapidement avec eux pour lui prodiguer des soins. Elle occupait donc ma chambre, son sang se répandant dans mes draps.
Nous avons essuyé de trop lourdes pertes ,dis-je, posant mon regard au reste du groupe, rassemblés à la même table. Ruluf et Juget sont out, nous avons gâché beaucoup trop de munitions lors de la dernière bataille. L’appartement ne nous sert plus à rien et pour couronner le tout, notre vaisseau est hors service.
Nous pouvons toujours partir, dit Scarlett, se voulant rassurante, tout du moins ne voulait-elle pas laisser paraître son abattement.
Nous sommes restés sur le vaisseau-mère, sans succès. Nous avons rejoint l’Illusiocitadelle mais avons été attaqués. Investir un nouveau lieu comporte énormément de risques.
Ouais, mais on a pas le choix, dit Reno en posant ses pieds sur la table, balançant sa chaise d’avant en arrière. Je le regarde, lui, puis ses pieds, et fronce les sourcils. Quoi ? Attendez, la moitié de l’appart est en ruines, ça va j’peux me mettre à l’aise.
Je soupire, mais le laisse. Je me redresse sur ma chaise avant de joindre les mains.
Costa del Sol. San Fransokyo… Nous y avons des solutions de repli. Sinon, nous pouvons viser quelque chose de plus… éloigné, tel que le Domaine Enchanté, le monde de Grimm, peut-être. Plus il y a de monde, plus fortes sont nos chances de nous retrouver dans la même situation d’ici quelques jours.
Ma suite privée à Costa Del Sol est assez spacieuse, démesurément spacieuse, nous pourrions y loger tous sans peine, mais il restait le problème des deux blessés, à l’heure actuelle il était impossible de savoir s’ils étaient capables d’endurer un nouveau voyage. Bien sûr, il était possible de les laisser derrière nous pour ne pas nous en encombrer, mais c’était contraire à nos principes. La situation ne l’exigeait pas.
Pour ce qui était de San Fransokyo, la zone de quarantaine pouvait être une solution. Elle n’était pas reliée à la terre, des véhicules étaient nécessaires pour l’atteindre. Nous aurions le temps de voir venir nos potentiels envahisseurs, qu’ils viennent de la mer ou des cieux. Seul hic, rien ne nous garantissait que la zone était libre de toute occupation.
Quant à la verdure, c’était renoncer au confort des deux lieux précédemment cités. Les conditions de survie seraient plus difficiles, mais, coupés du monde, nous prendrions moins de risques, d’autant plus que la technologie, et donc l’armement, devaient être moins poussés que dans des mondes plus modernes.
Mon gummiphone se mit à vibrer, je le sortis de ma poche et vis le visage d’Elena s’afficher sur l’écran. Je décroche et porte l’appareil à mon oreille.
Des nouvelles du vaisseau-mère ?
Euh… oui. On va dire ça.
Développez.
Oh, eh bien Arad et sa nouvelle meilleure amie se sont amusées à prendre en otage la moitié du vaisseau-mère, ont diffusé un gaz mortel dans les ventilations, et maintenant la moitié du vaisseau est en roue libre totale.
Je vous demande pardon ?
Je pense que vous m’avez entendue.
Et vous n’avez rien fait pour l’en empêcher ?
Je suis désaturée je vous rappelle.
Je vois. Qu’en est-il des autres Turks ?
Je les ai rassemblés, eux ainsi que quelques armes, ce que j’ai pu trouver quoi. La plupart sont encore en jeu, vous avez besoin de renforts ? Vous êtes toujours à la citadelle au moins ?
Oui, mais plus pour longtemps. Nous avons subi une attaque, Ruluf est ko, et Juget n’est pas dans un meilleur état.
Oui, je vois ça, votre appartement est dévasté. Vous n’avez qu’à nous rejoindre, nous sommes… elle se stoppe un instant.
Vous êtes ?
Dans votre suite ? A Costa Del Sol ? Ecoutez, je suis désolée, quand on a du fuir le vaisseau-m…
Tout va bien. A vrai dire c’est plutôt une chance. En revanche notre vaisseau est HS, ça va être difficile de vous rejoindre en l’état.
Si vous arrivez à rejoindre la station du centre ville, nous pouvons vous y récupérer.
Très bien, nous y serons dans quatre heures.
Reçu. Elena terminé.
Alors ?
Je partage mes informations avec le reste du groupe. Puis, nous décidons de la marche à suivre. Au rez-de-chaussée de la citadelle se trouve un parking, celui des résidents. Si nous empruntons le même passage que lors de notre remontée, nous pourrions le rejoindre. De là, récupérer une voiture ne devrait pas poser de soucis et nous permettrait de rejoindre la station précédemment citée, au coeur de la ville. Il n’y avait plus qu’à espérer ne pas faire de mauvaises rencontres.
Je me lève et vais chercher la carafe disposée sur le bar. Je la ramène sur la table et propose un verre à tout le monde. Dans vingt minutes, nous partirons, et il leur fallait encore rassembler le peu de matériel qu’il nous restait. L’un dans l’autre, c’était une chance que Scarlett n’ait pas encore eu à déballer ses affaires.
Nous restâmes donc attablés quelques minutes encore, le ton de la conversation changeant du tout au tout. Pour autant nous savions que ce répit ne serait de courte durée, mais je me sentais le devoir de leur accorder autre chose à penser. Pour peu l’on aurait pu oublier ces tracas des derniers jours, si le décor ne tendait pas à nous le rappeler chaque fois que nous y posions le regard.
Et puis… quelque chose d’étrange arriva. Tous se mirent à me regarder, silencieux. Reno, suivit des autres, se leva et sortit son arme dans ma direction. Je haussai un sourcil avant que Scarlett ne me fasse remarquer d’étranges orbes noirs graviter autour de moi. Des coeurs, pulsant aux rythme des ténèbres qui le composaient. Un genre de pulsation erratique, irrégulière. Je me tins immobile alors que Rude sortait sur la terrasse inspecter les lieux. Il ne manquerait plus que des sans-coeurs nous attaquent.
Reno, baissez-votre arme. Si vous me tirez dessus, je vous renvoie, avec tout ce que cela implique.
Mais…
Les coeurs disparurent aussi vite qu’ils n’étaient apparus. Le seul message que je pus comprendre était que…
Nous partons maintenant.
Mar 16 Fév 2021 - 10:18Nous avons essuyé de trop lourdes pertes ,dis-je, posant mon regard au reste du groupe, rassemblés à la même table. Ruluf et Juget sont out, nous avons gâché beaucoup trop de munitions lors de la dernière bataille. L’appartement ne nous sert plus à rien et pour couronner le tout, notre vaisseau est hors service.
Nous pouvons toujours partir, dit Scarlett, se voulant rassurante, tout du moins ne voulait-elle pas laisser paraître son abattement.
Nous sommes restés sur le vaisseau-mère, sans succès. Nous avons rejoint l’Illusiocitadelle mais avons été attaqués. Investir un nouveau lieu comporte énormément de risques.
Ouais, mais on a pas le choix, dit Reno en posant ses pieds sur la table, balançant sa chaise d’avant en arrière. Je le regarde, lui, puis ses pieds, et fronce les sourcils. Quoi ? Attendez, la moitié de l’appart est en ruines, ça va j’peux me mettre à l’aise.
Je soupire, mais le laisse. Je me redresse sur ma chaise avant de joindre les mains.
Costa del Sol. San Fransokyo… Nous y avons des solutions de repli. Sinon, nous pouvons viser quelque chose de plus… éloigné, tel que le Domaine Enchanté, le monde de Grimm, peut-être. Plus il y a de monde, plus fortes sont nos chances de nous retrouver dans la même situation d’ici quelques jours.
Ma suite privée à Costa Del Sol est assez spacieuse, démesurément spacieuse, nous pourrions y loger tous sans peine, mais il restait le problème des deux blessés, à l’heure actuelle il était impossible de savoir s’ils étaient capables d’endurer un nouveau voyage. Bien sûr, il était possible de les laisser derrière nous pour ne pas nous en encombrer, mais c’était contraire à nos principes. La situation ne l’exigeait pas.
Pour ce qui était de San Fransokyo, la zone de quarantaine pouvait être une solution. Elle n’était pas reliée à la terre, des véhicules étaient nécessaires pour l’atteindre. Nous aurions le temps de voir venir nos potentiels envahisseurs, qu’ils viennent de la mer ou des cieux. Seul hic, rien ne nous garantissait que la zone était libre de toute occupation.
Quant à la verdure, c’était renoncer au confort des deux lieux précédemment cités. Les conditions de survie seraient plus difficiles, mais, coupés du monde, nous prendrions moins de risques, d’autant plus que la technologie, et donc l’armement, devaient être moins poussés que dans des mondes plus modernes.
Mon gummiphone se mit à vibrer, je le sortis de ma poche et vis le visage d’Elena s’afficher sur l’écran. Je décroche et porte l’appareil à mon oreille.
Des nouvelles du vaisseau-mère ?
Euh… oui. On va dire ça.
Développez.
Oh, eh bien Arad et sa nouvelle meilleure amie se sont amusées à prendre en otage la moitié du vaisseau-mère, ont diffusé un gaz mortel dans les ventilations, et maintenant la moitié du vaisseau est en roue libre totale.
Je vous demande pardon ?
Je pense que vous m’avez entendue.
Et vous n’avez rien fait pour l’en empêcher ?
Je suis désaturée je vous rappelle.
Je vois. Qu’en est-il des autres Turks ?
Je les ai rassemblés, eux ainsi que quelques armes, ce que j’ai pu trouver quoi. La plupart sont encore en jeu, vous avez besoin de renforts ? Vous êtes toujours à la citadelle au moins ?
Oui, mais plus pour longtemps. Nous avons subi une attaque, Ruluf est ko, et Juget n’est pas dans un meilleur état.
Oui, je vois ça, votre appartement est dévasté. Vous n’avez qu’à nous rejoindre, nous sommes… elle se stoppe un instant.
Vous êtes ?
Dans votre suite ? A Costa Del Sol ? Ecoutez, je suis désolée, quand on a du fuir le vaisseau-m…
Tout va bien. A vrai dire c’est plutôt une chance. En revanche notre vaisseau est HS, ça va être difficile de vous rejoindre en l’état.
Si vous arrivez à rejoindre la station du centre ville, nous pouvons vous y récupérer.
Très bien, nous y serons dans quatre heures.
Reçu. Elena terminé.
Alors ?
Je partage mes informations avec le reste du groupe. Puis, nous décidons de la marche à suivre. Au rez-de-chaussée de la citadelle se trouve un parking, celui des résidents. Si nous empruntons le même passage que lors de notre remontée, nous pourrions le rejoindre. De là, récupérer une voiture ne devrait pas poser de soucis et nous permettrait de rejoindre la station précédemment citée, au coeur de la ville. Il n’y avait plus qu’à espérer ne pas faire de mauvaises rencontres.
Je me lève et vais chercher la carafe disposée sur le bar. Je la ramène sur la table et propose un verre à tout le monde. Dans vingt minutes, nous partirons, et il leur fallait encore rassembler le peu de matériel qu’il nous restait. L’un dans l’autre, c’était une chance que Scarlett n’ait pas encore eu à déballer ses affaires.
Nous restâmes donc attablés quelques minutes encore, le ton de la conversation changeant du tout au tout. Pour autant nous savions que ce répit ne serait de courte durée, mais je me sentais le devoir de leur accorder autre chose à penser. Pour peu l’on aurait pu oublier ces tracas des derniers jours, si le décor ne tendait pas à nous le rappeler chaque fois que nous y posions le regard.
Et puis… quelque chose d’étrange arriva. Tous se mirent à me regarder, silencieux. Reno, suivit des autres, se leva et sortit son arme dans ma direction. Je haussai un sourcil avant que Scarlett ne me fasse remarquer d’étranges orbes noirs graviter autour de moi. Des coeurs, pulsant aux rythme des ténèbres qui le composaient. Un genre de pulsation erratique, irrégulière. Je me tins immobile alors que Rude sortait sur la terrasse inspecter les lieux. Il ne manquerait plus que des sans-coeurs nous attaquent.
Reno, baissez-votre arme. Si vous me tirez dessus, je vous renvoie, avec tout ce que cela implique.
Mais…
Les coeurs disparurent aussi vite qu’ils n’étaient apparus. Le seul message que je pus comprendre était que…
Nous partons maintenant.