Toujours seul dans son antre, le fauve est seul avec ses pensées.

Il n’arrive pas à dormir convenablement dernièrement. Il ne cesse de penser à bien des choses. Ce tournoi, évidemment, mais aussi le reste. La ville changée en carnage, son retour à ses instincts, sa redécouverte de la vie à la dur, la rencontre avec Thomas.

Et tandis qu’il fixe le plafond de son œil unique, voilà qu’il entend un bruit. Son oreille s’agite d’un soubresaut, ce n’est pas un son habituel. Ce n’est ni le sifflement du vent, ni une roche dévalant la falaise. C’est un bruit sifflotant, particulier, et surtout, reconnaissable.

Se redressant d’un bond, le fauve saisit son katana d’une main vive. Sans-cœur, il a entendu un sans-cœur.

Au milieu de tout ce chaos, au milieu de la vaste blague qu’est devenu le multivers, il les avait presque oubliés ! Faute est de constater que ces derniers ne sont pas en pause, et toujours actif. Fichtre !

Le fauve dégaine son arme, et se tient prêt. Bien vite, il entrevoit la peau refermant l’entrée de sa tanière onduler étrangement. Deux billes jaunâtres, luisant dans les ténèbres, ne tardent pas à y apparaître.

Comme consciente d’avoir été repéré, la masse aux allures violettes s’aplatit à vue d’œil, ne faisant qu’un avec le sol, tel une ombre. Avant de pénétrer dans la crevasse, dans un son régulier et particulièrement agaçant.

Le fauve ne peut se rendre qu’à l’évidence, à avoir choisis un repaire aussi étroit, il n’arrivera pas à manier son arme convenablement. Il faut qu’il sorte !

Dans une roulade agile, il s’élance par-dessus le sans-cœur, profitant de son manque de consistance temporaire.

Désormais à l’extérieur, quelques flocons de neige tourbillonnant autour de lui, le fauve entrevoit mieux la créature. Éclairé par les rayons de la lune, l’œil unique du fauve vient se dilater, corrigeant sa vision. Si les couleurs lui sont grisé, il parvient néanmoins à constater un fait. L’ombre n’est pas saturé.

Heureusement, il n’aurait manqué plus que ça, que ces saloperies participent au jeu.

La voici qui commence à surgir du sol, griffes déployés. Le fauve se désengage d’un bon en arrière, avant de se ruer. Le premier coup de katana vient perforer la chair, qui semble se reconstituer presque aussitôt.

Qu’il est usant de ne pas disposer d’une arme adéquate contre ces saloperies. Et user de la magie lui semble terriblement exagéré face à une seule et petite ombre. Cette dernière, yeux d’or brillant, tente un nouvel assaut.

D’un nouveau coup de katana, le fauve vient dévier les griffes, dans un bref choc étincelant. Le sans-cœur ayant sa défense ouverte, il est temps d’en finir. Redressant sa lame, le prêtre-guerrier fend l’air d’un coup d’estoc, transperçant la tête de la créature.

Cette dernière boursoufle brièvement, avant d’éclater en une gerbe de particules ténébreuses. Se rependant aux quatre vents.

Rengainant son arme sans plus attendre, le fauve contemple la poussière violette, sublimé par l’éclairage lunaire.

Il se souvient de cette entraînement avec Fiathen, de ses affrontements contre de tels créatures. Le domaine n’est certes pas un lien où leur présence est maximale, et Etro en soit loué. Pas comme…

Le borgne plisse brièvement de l’œil.

Pas comme au mont Gagazet.

Comment cela se passe pour ses frères et sœurs ? Sont-ils eux aussi, concurrent dans cette course ? Peut-être n’en sont-ils même pas au courant…

Bien vite, c’est une peur qui vient saisir le ronso aux tripes. La peur qui a nourri ses cauchemars depuis son retour de mission officiel.

Et si le mont était attaqué par des forces externes. La liaison ne tarde pas à se faire. Avec les règles du Battle royal, c’est très certainement le moment où jamais. Les personnes qui ne sont plus en course sont incapable de mourir. Capable d’assaillir encore et encore le mont.

La réalisation prend le ronso de quelques tremblements.

Il vient de passer deux semaines au loin, exilé, à n’écouter que sa propre survie. Alors que pendant tout ce temps, le mont est peut-être déjà sous un siège.

Sa peur se change en horreur, tandis qu’il repense aux caisses d’armes qu’il a entrevu quelques nuits auparavant. Évidemment que son peuple refusera de s’en servir, mais les assaillants eux ? Combien de temps tendrait le temple, face à des instruments de destructions capable de détruire des tours de pierre en un tir ?

Comme pris d’une panique nouvelle, Bryke rentre dans sa tanière à nouveau. Il prépare ses affaires, récupère ce qu’il peut. Qu’importe que les transports Shinra soit déréglé, il doit y aller…

Il doit s’assurer que tout va bien.