Le bruit d’un réacteur plutôt apaisant pour une fois, accompagné d’une musique à peine audible. Le miqo’te rouvrait les yeux, doucement et difficilement, sourcillant en ressentant une vive douleur au niveau du buste, grognant un peu.

« Hey là ! Doucement mon ami. La potion que tu as bu ne fait pas encore ses effets. Je te conseil de te reposer avant de reprendre la route.
- Bordel. T’es encore là toi ?
- Haha ! Je ne te lâcherais pas, tu resteras accroché à moi. Ce sera plus agréable que de faire cavalier seul sur la même selle.
- On est où ?
- C’est mon vaisseau pardi ! Une belle bête aussi, même si je suis plus à l’aise avec un guidon qu’un tableau de bord.
- Mais encore ?
- Oula ! Une question à la fois mon cher, c’est comme ça que ça se passe en général. Dis moi mon chat, qu’est-ce que tu faisais dans le vaisseau à cette heure précise ?
- J’en sais foutre rien. Y a la Shinra qui m’a embarqué. Ils m’ont dit d’faire ça et j’l’ai fait, j’ai pas réfléchis.
- Je vois. Donc on est sur le même bateau toi et moi. Si une telle entreprise t’a prise sous son aile, c’est que tu l’intéresses. Je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose en soi.
- Et comment j’suis arrivé dans ton vaisseau ? Tu m’as kidnappé ou quoi ? Excuse moi de te le dire, mais c’est moyen niveau technique de drague le verre d'alcool trafiqué.
- Toujours le mot pour rire toi ! Tu t’es évanoui alors qu’on fuyait le vaisseau mère. C’est dommage, j’aurais bien voulu te voir un peu plus en action. On avait le vent dans le dos et tu as décidé de faire un petit dodo.
- Désolé, j’suis pas aussi fort… Que je le pensais.
- Quelque chose te tracasse ?
- Oui, tes yeux, et tes mains. T’arrêtes pas de me mater et de me tripatouiller depuis tout à l’heure !
- Je ne fais que changer tes bandages, une belle bécane pareille, ça s’entretient !
- Tu m’fatigues.
- Je sais pourquoi tu es énervé. Parce que tu sais que toi et moi, on est de la même trempe. On est des champions, des gens sur qui les autres peuvent compter pour dépasser n’importe qui. Et tu tournes dans le vides là.
- Non, c’pas ça. C’est juste que, je me pensais vraiment plus fort que ça. Genre, j’ai vraiment l’impression d’avoir perdu en puissance, d’un coup.
- C’est parce qu’il te faut du carburant. Ton énergie. Un truc qui fera démarrer ce moteur à en lui faire cracher des flammes d’ignition !
- J’pense surtout que je dois m’entraîner ouais.
- Pourtant, tu as une belle carrure. Regardez moi cette belle pièce !
- Pas touche.
- Ne t’en fais pas, j’ai peut-être fais une belle rayure sur ta carrosserie, mais ça va finir par partir. Tant que tu te reposes. On est même pas encore à la moitié.
- La moitié de quoi ?
- Le battle royal enfin ! Définitivement la plus belle course qui soit ! Il n’y aura qu’une personne pour franchir la ligne d’arrivée et, je ne te cache pas que je tiens beaucoup à rafler le trophée.
- C’est donc pour ça que tout le monde se fout sur la gueule ?
- Bingo ! T’étais où pour avoir raté un événement pareil ? Dans une grotte ?
- On va dire ça, haha.
- Enfin un sourire sur ce beau petit minois !
- Arrête tes conneries Rochey. Et dis moi plutôt pourquoi tu m’as sauvé. Genre, pourquoi moi plutôt qu’un autre ?
- Disons que tu as tourné la clé et je n’ai fait que t’emmener ailleurs.
- Qu’est-ce que c’est ce jargon ?
- Comme je te l’ai dit, toi et moi, on est fait du même métal. On vrombit, on tonne, on cogne. Je l’ai tout de suite remarqué. Je n’allais pas te laisser perdre ce tour de piste en te laissant crever là-bas. L’évacuation était de rigueur et je suis pas vraiment du genre à laisser un ami derrière moi, plutôt à lui tendre un casque pour monter dans le side-car.
- Ça n’a pas l’air de se faire en tandem cette compétition de mauvais goût.
- De mauvais goût ? C’est une bataille à mort, il n’y a rien de plus excitant au contraire ! Il n’y a qu’une place pour les vainqueurs sur le podium.
- Et tu le vois où l’honneur et la gloire là-dedans ? Le combat d'homme à homme dans les règles de l'art ? Tu voudrais foutre en l’air des milliers de vies juste pour t’amuser ?
- Et c’est là ton erreur mon ami ! Si tu avais lu le prospectus avant de rentrer, tu serais peut-être un tantinet moins chiffonné. Tout ça, c’est pour de faux.
- Pour de faux ?
- Oui. Les morts ne meurent pas vraiment. Les dommages collatéraux et les destructions ne sont que temporaire. Tout cela est truqué par Lord Business !
- Donc, si je te casse le cou, ici et maintenant, tu seras pas vraiment mort ?
- Eh bien non ! Même si ça doit être très désagréable. Tu oublis que je suis le seul dans ce vaisseau à pouvoir piloter, à moins que tu m’ais caché des prodigieux talents de aérospatiaux ! Tu aurais dû t’en douter lorsque les cadavres de tes adversaires vaincus se grisaient comme une vieille interférence télévisuelle.
- Arrête de te ficher de moi. Donc tout ça, c’était pour de faux ?
- Un peu mon n’veu !
- Ça me rassure en soi. Mais ça sent pas bon cette histoire.
- Je ne te le fais pas dire ! Ça fait ressortir ce qu’il y a de plus mauvais chez nous. Y compris une certaine sauvagerie qui me donne envie de faire demi-tour.
- En parlant de ça, on va où ? Parce que d’accord, tu m’emmènes où tu veux et tout, j’veux bien rester avec toi parce que t’as l’air un mec sympa. Mais tu nous emmènes vers quelle destination de rêve ? J’espère pas un truc aussi déglingué que le vaisseau-mère.
- Je vais où la route me mène bébé ! C’est-à-dire droit devant ! »


Musique : Underneath the Rotting Pizza (version lofi par Rifti Beats) - Final Fantasy VII