Bon, je vous fais le résumé : je me suis fait capturer par Bowser, le roi des Koop...in, j’ai croupi dans une cellule miteuse pendant dix plombes alors que dans d’autres mondes, les affrontements continuent, mais j’ai fini par être délivré par le héros de ce jeu, Mario, qui a éliminé Bowser du jeu… comme probablement aussi du Battle-Royale par la même occasion. Moi, j’ai joué la comédie, petite scène touchante, puis je l’ai trahi et l’ai éliminé des deux jeux lui aussi. Et donc, me voilà seul à devoir sortir de cette forteresse ennemie immense.

Sur mes premières minutes de course, je ne croise pas grand chose : les sbires de Bowser semblent avoir été plutôt pas mal nettoyés derrière le passage du plombier à la casquette rouge. Le château de ce connard est sacrément mal branlé, je dois faire des sauts périlleux sur des plateformes autour desquelles se trouvent de la lave. Parfois, des boules de feu décident d’en sauter, rendant le trajet plus dangereux que nécessaire. Sérieusement, comment est-ce que le gars arrive à passer tout ça sans tout exploser sous son poids ?

J’atteins une nouvelle grille, fermée. Je regarde autour de moi : je vais quand même pas rester coincé là après tout ça ? Je vois des torches sculptées comme la tête du maître des lieux, une statue à son honneur, qui le montre plus… svelte et qui me regarde. Elle s’illumine et… j’ai à peine le temps de me jeter à terre pour esquiver la boule de feu qui quitte sa gueule. Je saute et me hisse à son sommet tant que je le peux, préférant éviter de me faire cramer. Là, je vois un levier, plus haut, complètement hors de portée.

Je vois un tuyau vert assez proche, qui descend jusqu’à quelques mètres de moi, plus bas. Je descends à la hâte et me rue vers celui-ci. Bien que le passage me semble assez compliqué, je préfère tenter le coup. Et là, je comprends absolument que dalle à ce qui m’arrive : le tuyau m’aspire et je me retrouve en haut, sans rien piger à la façon dont je me suis déplacé. Les lois de ce jeu n’ont aucun sens, pourquoi est-ce que j’ai décidé de passer ce foutu portail parmi tous les autres, déjà ? Enfin, j’abaisse le levier. La grille s’ouvre ! J’en dresse un bras victorieux.

J’entre dans la nouvelle salle. Elle est plutôt sombre, la seule lumière qui entre est celle de là où je proviens. Je vois des torches, j’en allume deux avec des sorts de feu. Je vois désormais un peu plus clair dans la pièce, à commencer par un marteau qui me fonce dessus ! Je parviens à le dévier au dernier instant d’un coup de parapluie. Le temps que je fasse ça, deux autres sont jetés vers moi, je dois plonger au sol pour esquiver.

C’est là que j’aperçois les énergumènes responsables de ça : ce sont deux reptiles à peau jaune, à l’instar du diabolique maître des lieux. Mais contrairement à celui-ci, leurs carapaces sont dénuées de pointes et ils portent chacun un casque. Ils sont toujours en jeu, puisqu’ils sont saturés. Je les vois qui reprennent les marteaux qu’ils m’ont envoyé qui reviennent à eux puis se penchent immédiatement de nouveau vers l’arrière pour m’en jeter deux autres. Cette fois, je ne peux qu’ouvrir le parapluie et espérer que sa protection suffise à amortir les chocs. Il parvient à stopper le premier, mais l’impact me contraint à le lâcher. Le parapluie rose roule plus loin, hors de portée. Le second me heurte à l’épaule, causant une vive douleur à l’impact.

- Vous êtes complètement marteau !
- Yo yo, on est les Frères Marto.
- Go go, on va te faire la peau !

Effectivement, ils sont fêlés. Je tente de me relever aussi vite que possible afin de me ruer vers le parapluie, mais échoue sur l’instant à cause de mon bras engourdi par l’attaque. Je me rattrape de l’autre main, me redressant tout de même aussi vite que possible tout en plongeant une main dans mon calbut, en tirant mon poignard, la seule véritable arme que j’ai pu dissimuler dans ce déguisement de merde. J’envoie un pic de glace sur l’une des deux tortues qui encaisse l’attaque, perdant l’équilibre et se retrouvant sur le dos, gesticulant des pieds et peinant à se relever à cause de sa propre carapace.

Je profite de ce moment pour ramasser le parapluie et foncer vers le second frère qui me jette une nouvelle arme que je parviens à dévier de sa trajectoire d’un brusque coup de parapluie contre le manche. Je parcours le reste de la distance nous séparant, puis je lui assène un coup de parapluie qu’il parvient à parer avec un second marteau, celui de son frère qui est revenu à lui.

- No no, petit naze, tu vas donner ta dém’ !
- Yeah yeah, t’es out du game !

Le Frère Marto abat son arme directement dans mes côtes. J’encaisse volontairement les coups, serrant les dents et poussant un grognement de douleur, mais profite de l’occasion : je lâche mon parapluie et je saisis ce con, parvenant à le déséquilibrer puis à le jeter directement au sol, face contre terre. Je shoote dans son casque à deux reprises. Celui-ci finit par voler, puis je lui écrase la tête de mon pied de toutes mes forces.

- Qui est out du game ?

Je mets plus de force dans mon pied, imposant plus de pression en observant avec dédain ma dernière victime. Il s’est désaturé, son corps ne bouge plus. Je crois qu’il est inconscient. Je cesse d’appuyer sur le sommet de son petit crâne, m’approchant de l’autre qui galère toujours à se relever. J’abat lourdement ma semelle contre sa poitrine, appuyant comme je peux. Il semble souffrir un peu. Ils m’ont tellement saoulé que je m’accorde un bon sourire de satisfaction en observant le spectacle.

- Réponds ou tu seras le prochain, je fronce les sourcils, lui adressant une expression clairement menaçante.
- On est out, out out, finit-il par s'exclamer pour me donner satisfaction.
- Je vais te laisser une chance.

Je suis sérieux, mon visage s’adoucit un peu, bien que mon ton reste clairement ferme. S’il fait pas trop le con, je suis prêt à passer l’éponge sur ce combat. Lui et son frère m’ont prouvé leur valeur, ils ne sont pas de trop mauvais guerriers : ils sont agiles, dextres, leur carapace est solide et je pense qu’ils ont même un plutôt bon mental.

- Vous voulez la victoire ? Vous voulez poursuivre ce Battle-Royale ?
- Yes ! On veut être les derniers debout.
- Vous avez de l’ambition ? Vous voulez devenir plus forts ?

Il acquiesce de nouveau d’un hochement de tête, sans toutefois répondre, mais j'aime son regard ardent. Je cesse de l’écraser du talon, un sourire se dessinant sur mon visage : visiter ce monde n’aura finalement peut-être pas été vain.

- Faisons équipe, rejoignez les vainqueurs, entrez dans la Coalition Noire. A la fin, nous serons TOP 1 !

Je lui tends la main et il l’empoigne, scellant notre alliance.