Ce spectacle, il ne s’en lassera donc jamais.

Le fauve est allongé dans la neige, dos contre la poudreuse. Une brève vapeur s’échappe de ses babines sous son souffle ardent. Dans son œil unique, se reflètent le ciel nocturne. Il l’observe depuis une bonne heure désormais. Brillant, sublime, tel un tissu de velours, portant ses plus beaux bijoux. Loin des nombreuses torches et flambeaux de la ville, on les voit encore mieux.

Une étoile, un monde. Est-ce seulement vrai ? Le ronso ne se souvient pas avoir vu autant de destination aux spatioports shinra.

Sa main griffue s’étend vers le ciel, comme cherchant à agripper, à toucher ce néant infini. Tant de mondes inexplorés, tant de lieux où se trouve peut-être d’autres fidèles de la déesse.

L’aurait-il cru, quand il était bien jeune, et insouciant. Comme le sentiment était différent, lorsqu’il contemplait les étoiles. Ignorant de leurs significations, ignorant des mondes se cachant par-delà le siens. Il croyait à tort, que les diverses lumières étaient les âmes des ronso, disparu dans leur mission sacrée.

Le prêtre-guerrier expire bruyamment par ses narines, amusé par ses souvenirs. Oui, il regardait l’avenir avec un regard plus optimiste. Seul dans la bulle que forme son village isolé. Naître, vivre, et mourir, sans jamais se demander ce qui se cache par-delà les monts.

Les rêveries nocturnes du fauve sont bien vite interrompues. C’est une nouvelle étoile filante qui déchire le ciel nocturne, grosse et rouge. Fusant vers la terre, avant de s’écraser à un kilomètre tout au plus. Bien vite, le faisceau rouge s’élève à nouveau, indiquant sa position à qui veut le voir.

Bryke se redresse un instant, contemplant le faisceau, brisant la danse des étoiles. Il ne peut ressentir un grognement, et dire qu’il allait passer une soirée sans penser à ce jeu.

Et qu’est-ce donc que ces choses ? Il en a bien vu tombé quelques un lorsque le jeu à démarrer officiellement, mais il n’a jamais réellement compris.

Bien vite, une idée terrifiante vient se présenter à son esprit. Et si c’était un stratagème du lord Business pour encourager le chaos ? Des balises pour indiquer la présence d’adversaires préférant se cacher ? La simple idée le fait frissonner.

Il faut qu’il aille voir, ne serait-ce que pour se rassurer.

Se relevant, la neige collante brièvement contre sa fourrure bleutée, le fauve se met en route.

Il ne lui faut que quelques minutes pour s’approcher du lieu, le faisceau rouge illuminant les alentours dans des flashs de lumière aussi visible qu’horripilant.

La truffe du ronso s’agite brièvement, pas d’odeurs étranges autours. Il doit être le premier arrivé. Parfait, il n’a strictement aucune intention de se battre.

Méfiant, il s’approche de l’étrange lumière, distinguant en son centre, un coffre bien étrange. Son apparence futuriste rappelle plus les vaisseaux shinra qu’un coffre du château, les néons rouges n’arrangent rien.

Maintenant à bonne distance, Bryke ne peut que reculer vivement lorsque le coffre s’ouvre tout seul. Qu’est-ce que cette sorcellerie ?

L’étrange contenant, désormais ouvert, laisse apparaître une liste. Transparente et grésillante, cet hologramme laisse le fauve perplexe. Dessus, une liste de plusieurs objets, photo miniature à l’appuis, et des séries de chiffres.

Mais ce n’est pas ça qui perturbe le plus le ronso. C’est bien l’écriture. La liste n’est en effet pas écrite en langue commune, comme il l’a déjà vu partout. Mais bien dans l’alphabet du mont Gagazet, celui-là même qui orne les muraux du temple. De SON temple.

Cet alphabet inconnue à quasi tous les ronsos, si ce n’est à la caste des prêtres-guerriers. Un des rares alphabets qu’il lit couramment.

La surprise se remplace bien vite par une incompréhension. Comment ? Comment un coffre surgit de nulle part, peut lui présenter une liste d’objets à acheter dans la seule langue qu’il sait lire ?  C’est impossible, ce serait comme si…

L’œil unique du fauve se pose sur la petite fenêtre, ornant la droite de la liste.

Un coffre pour tricheur Brykef11

… Comme si le coffre le ciblait personnellement.

Pourquoi cela le surprend tant. On parle d’un homme capable de donner une invincibilité partielle au multivers tout entier. Réussir à faire des fiches personnalisés pour chaque participant, ça doit être d’une facilité alarmante pour lui.

Le fauve ne peut retenir un bref feulement. Agacé par cette sensation de n’être finalement, qu’une pièce sur un immense échiquier.

Non, il n’achètera rien avec ces « points ». Non, il ne jouera pas plus le jeu de lord business, et surtout, s’il doit gagner, ce sera par son talent, et son équipement propre. Quelle honte se serait pour lui, de vaincre grâce à des armes puissantes, qu’il n’aurait jamais eu en temps normal ? Ridicule !

Bien vite, c’est un nouveau sentiment qui s’invite chez le fauve. Le mépris.

Qu’il les méprise, tout ceux qui utilise leurs points. Qu’il leur crache dessus, ceux qui usent d’armes inédite à ce jeu pour vaincre ces adversaires. Ils faussent le jeu, ils faussent la puissance et le talent de tous !

Furieux, le fauve tourne les talons. Retournant en direction de sa tanière.

Que le lord Business fasse pleuvoir une pluie de ses coffres si ça l’amuse. Il n’en touchera pas un seul !