Le fauve se laisse retomber dans un silence félin, au beau milieu d’une ruelle coupe-gorge. Le voici dans la ville, et au loin, se détache les tours du château. Il n’a pas encore quitté la citadelle, et c’est au village que le chaos semble avoir trouvé son pied.

Si au château, la bataille c’était surtout concentré au milieu de la salle de trône, ici, elle est partout. Dans les rues, par les fenêtres, depuis les remparts, sur les toits… Les tirs d’arbalètes sont légion, les attaques à coup de dagues et objets contondant tout aussi.

L’espace d’un instant, le prêtre-guerrier ne peut s’empêcher d’y voir une situation de guerre. Qu’il a entendu ses histoires, lorsque la coalition a attaqué, la fameuse nuit de Swain. Était-ce un chaos similaire qui ornait les rues ?

Le ronso se laisse tomber à quatre patte, évoluant avec l’agilité d’un fauve pour traverser la rue. Il a pris le parti de jouer sur la discrétion depuis la tombée de la nuit. Les lanternes qui éclairent d’accoutumés la ville n’est pas allumée, et seuls quelques bougies rescapées allument les fenêtres. Çà et là, d’immense buchées de ce qui était autrefois des domiciles éclaire le ciel nocturne.

Et tandis qu’il se colle contre un mur…

« Et toi ! Le truc bleu ! Je t’ai vu ! » beugle un des soldats, son arbalète visant le fauve.

Ce dernier grogne un instant. Fichu effet, ça fait tellement ressortir le bleu de sa fourrure qu’il en devient pénalisé même dans le noir !

Dans un bond, il se jette à terre, esquivant de près un carreau. Il en entend le sifflement le dépasser, tandis qu’il reprend sa charge. Fonçant jusqu’à son assaillant, toute griffe dehors.

Ce dernier panique, essayant de recharger son arbalète. Il tire, et tire, sur la corde, mais son stress l’empêche de correctement la régler.

Les griffes du fauve s’enfoncent dans sa poitrine, tandis qu’il beugle sous la douleur. Le voilà qui retombe au sol, perdant de ses couleurs certes, mais sans la moindre cicatrice de ce coup fatale.

Le fauve commence déjà à entendre du mouvement, son hurlement a dû attirer tous les combattants du coin.

Redressant la tête, et les griffes déjà dehors, il s’élance vers une des façades résidentielles. Grimpant à la seule force de ses bras tandis qu’il se hisse vers une fenêtre ouverte.

L’intérieur est aussi sombre que la ruelle qu’il a juste quittée. Et à en juger par l’odeur qui manque de le faire éternuer, pas grand monde est passé par là depuis un moment. Par la fenêtre toujours ouverte, il commence à entendre les cris, les menaces, suivi des batailles. Ça n’a décidément pas traîner.

Laissant son œil unique parcourir le divers mobilier, il s’approche d’un vieux rideau. Sa couleur d’ordinaire grise est devenue des plus noirâtres avec le temps qui passe. D’un coup de griffe vif, le tissu quitte son lieu d’origine pour atterrir sur les épaules du fauve. Dans une sorte de cape improvisé, recouvrant sa fourrure bleue.

Insuffisant très certainement, mais nécessaire s’il souhaite rester discret en ville. Il pourra s’en débarrasser aussitôt les montagnes enneigés atteinte. Là où sa fourrure et sa couleur atypique serviront plus à son avantage qu’a l’inverse.

Le fauve se dirige vers la fenêtre opposée à celle qu’il a utilisé. Tirant sur la chevillette doucement, pour l’ouvrir en silence. C’était sans compter sur l’âge du bois, qui grince brièvement. Le fauve ne tarde pas à entrevoir en face de lui, une silhouette.

Son œil unique voit sa pupille s’élargir, tandis que sa vision nocturne s’adapte à la situation. En voilà un avantage qu’il n’abandonnerait pour rien au monde, pouvoir ainsi agrandir la luminosité de la moindre source, par sa propre vision.

L’homme est sur le toit, et a visiblement entendu un bruit. Il commence à descendre les tuiles avec prudence, incertain encore de ce qu’il lui a semblé voir. Le fauve rabat la cape un peu mieux sur ses épaules, tandis qu’il s’accroupit dans un coin, attendant.

Son œil unique ne quitte pas d’une seconde le deuxième intrus, tandis que ce dernier s’invite à son tour dans la petite réserve poussiéreuse. Un pas, deux pas, trois pas…

Le fauve bondit aussitôt, griffes toute dehors, pour venir les enfoncer d’un geste brute et rapide en plein dans la carotide. D’un bref mouvement d’épaule, il retire sa main griffue, emportant avec elle ce qui devrait être de la chair.

Faute des règles perturbées du monde, ce n’est pas une scène dégoutante qui se joue, mais une perte de couleur. Rien ne reste attachés aux griffes du fauve, tandis que l’intrus tombe au sol, se saisissant avec stupeur de sa gorge, miraculeusement indemne.

Le prêtre-guerrier observe sa victime un bref instant, tandis qu’il entrevoit un « +1 » surgir proche d’elle. Curieux, est-ce arrivé à chaque fois ? Il n’a surement pas fait attention, la faute à un chaos bien plus ambiant.

Qu’importe, il n’est pas là pour éliminer, mais pour survivre. D’un saut, il passe par-delà la fenêtre nouvellement ouverte, avant de bondir en direction du toit voisins.

Se hissant et ayant une meilleure vue de ses alentours, il ne peut que constater la bataille qui fait rage dans les lieux. Trois jours d’affrontements, et visiblement, il reste encore des individus qui ont à cœur de vaincre.

Après un bref instant, Bryke se laisse tomber à nouveau à quatre pattes, avant de commencer à se déplacer sur les tuiles.

Il doit quitter cette ville.