J’ai fini par me convaincre que le Château n’était tout compte fait pas une si mauvaise idée. Dans la ville, il y a des rues partout, des impasses, des portes, des fenêtres et des toits que les gens peuvent escalader, des gens pour qui je deviens alors une cible facile. C’est beaucoup trop d’imprévus pour moi.
La porte par laquelle je veux entrer n’est pas plus gardée que le reste mais le chemin qui est mène est occupé par une multitude de soldats en train de se battre à l’épée, à la masse et la hache, l’hallebarde et l’arbalète. Apparemment ici, ils ne sont pas encore trop passés au maniement de armes à feu, ce qui n’est pas pour me déranger. Tant pis, j’y vais. Je fonce à travers, ils sont déjà occupés, j’ai peut-être mes chances. Je garde mon objectif droit dans les yeux et mon arme en main pour parer à toute éventualité.
Je suis presque au bout du pont levis quand je suis interrompu par un soldat habillé en côtes de maille. Juste à temps, je ralentis et fends l’air latéralement avec la claymore pour frapper l’homme sur le flanc et traverser sa protection. Il arrête le coup avec son bouclier, mais recule d’un pas sous le poids de la force que j’ai mis dans mon premier coup. Je reprends mon arme devant moi, le plat dans sa direction et l’étoile vers le bas et fonce encore contre le bouclier pour forcer sa garde, y mettant toute mon énergie. Il recule, essaie de stopper mon élan, donne des coups de masse dans le vide à cause du déséquilibre. Puis il cède et se voit projeté contre les murs d’une colonne en pierre. Il est écrasé par la pression que je mets sur son bouclier. Il recommence à frapper, et réussis à toucher avec sa masse mon bras déjà endolori par le choc à l’épaule de ma chute d’hier. La douleur monte et ma turbulence intérieure aussi.
Je m’écarte de lui, il reprend sa respiration, et évite le nouveau coup que j’assène en se jetant sur le côté. La claymore poursuit son tour tandis que je la fais pivoter d’une main vers l’autre pour lui faire changer de sens : elle s’élève dans les airs et de mes deux mains je la fais replonger lourdement sur ses jambes comme si j’allais les broyer. Eliminé.
Je regarde autour de moi pour découvrir une cour. Je suis dans l’enceinte de la forteresse mais pas encore dans le château. Des murailles m’entourent, elles peuvent très bien donner l’avantage à des archers. Je décide de longer ces murailles le plus rapidement possible pour entrer dans le donjon.
Une fois à l’intérieur, je découvre une grande salle royale, sans doute un lieu de réception si l’on en croit les multiples étendards qui la parent. Elle est le spectacle d’un champ de bataille à très grande échelle. Je n’ai pas le temps de l’admirer puisque je suis immédiatement remarqué par un archer qui bande son arc dans ma direction. J’arrête la première flèche en posant mon arme devant moi et en me baissant là où elle est la plus large. Je la lance ensuite dans sa direction, en essayant comme je le peux de la contrôler par la pensée. Je la suis aussitôt en courant vers lui pour reprendre le contrôle de mon arme juste après qu’elle ait frappé le fantassin. Il se tient debout mais prostré, son arme est à terre, alors je fais à cout d’estoc sur lui avec les extrémités saillantes. Je sens que la rapidité des événements et la nécessité de réagir rapidement font montrer une certaine tension en moi dont je connais les limites. Je n’arrive pas à déterminer si c’est une bonne ou une mauvaise chose.
Je m’écarte un peu de l’agitation et emprunte un grand escalier en arc qui monte je ne sais où. Et plus je grimpe, plus j’entends un bruit monter, une agitation. Non, c’est une conversation… Des gens sont en train de plaisanter. Le bruit qu’ils font en marchant et le nombre de voix m’indiquent qu’ils sont un groupe.
Je me retourne vers le bas de l’escalier. Ils sont déjà proches, il est trop tard pour reculer mais il est très probable que j’aille droit vers l’élimination. Merde, déjà ?
Des hommes arrivent devant moi. Ils n’ont ni l’air ni l’habit de soldats, de gardes et encore moins à des religieux. Non, ils ressemblent plus à des manants armés jusqu’aux dents ayant réussi à s’enrichir dans de douteuses conditions.
-Celui-ci est pour toi Alaric. Je crois savoir que tu n’aimes pas le bleu !
-Le bleu ?
Je reconnais une voix étrangement familière dans ce contexte qui est tout sauf familier. C’est tellement surprenant que je n’arrive même pas à réaliser qui c’est. Les trois hommes devant moi sont alors bousculés par quelqu’un qui s’insère entre eux pour me faire face. Je suis quelques marches plus bas alors nos yeux sont à la même hauteur. La surprise est de taille. Demelza, mais t’es sérieuse, là?
-Hem…
Elle baisse les yeux. J’oublie l’espace d’un instant que nous avons des spectateurs qui nous dévisagent avec avidité, attendant de savoir pourquoi la situation semble aussi électrique.
-Mais… qu’est-ce que tu fais ici, Isa ?
Je ne vais pas m’abaisser à dire « Je pourrais te poser la même question », certainement pas devant eux, même si cela me brûle les lèvres.
-Bon euh les gars… Laissez-nous respirer un peu.
-Ok, grouille-toi, on t’attend en bas.
-Ca veut dire qu’on pourra pas le dégommer, celui-là ?
-Ta gueule.
Elle prend ma main et m’attire vers le haut des escaliers. Je ne bouge pas et la force ainsi à rester bloquée.
-Tu m’expliques ?
-Arrête de faire l’idiot et suis-moi. Crois-moi, tu n’as aucune envie d’avoir cette discussion dans l’escalier le plus emprunté du château.
-Je vois que Madame connait la géographie des lieux. On a pris ses aises, on dirait.
-Putain mais suis-moi et ferme-la.
Clairement, je ne le fais pas de gaieté de coeur. Et…je n’arrive plus à savoir si je le fais parce que je n’ai pas envie de perdre au troisième jour ou si simplement j’ai envie de savoir ce qu’elle va me dire. Elle nous amène dans une petite pièce cachée derrière une tapisserie. Ah oui, la connaissance des lieux va jusqu’à ce point.
-Bon, alors ?
-Parle moins fort, on pourrait t’entendre.
Elle s’approche tout près, à quelques centimètres, de façon à ce qu’on puisse parler tout bas. Il fait sombre et je viens seulement de me rendre compte qu’elle brille toujours d’une belle couleur.
-J’attends.
Je suis tendu. Je ne peux pas m’empêcher de ressentir quelque chose à l’idée qu’elle soit encore dans le jeu, mais si elle l’est, c’est grâce à eux, pas grâce à moi. Ça y est, un alter ego macho a du prendre possession de ma personnalité, je ne vois pas d’autre explication.
Mais ouais…De toute évidence, c’est elle qui a choisi d’être là, personne ne l’y a forcé. Et pourtant, elle est là, et moi j’ai passé les trois derniers jours à me demander ce qu’elle faisait et dans quelles circonstances atroces elle était tombée dans un piège, tout ça pour me rassurer sans doute. J’ai autant envie de l’étrangler que de la serrer.
Et dire que je croyais que je pouvais la retenir à ma guise, mais quel gros con.
Mer 3 Fév 2021 - 16:40La porte par laquelle je veux entrer n’est pas plus gardée que le reste mais le chemin qui est mène est occupé par une multitude de soldats en train de se battre à l’épée, à la masse et la hache, l’hallebarde et l’arbalète. Apparemment ici, ils ne sont pas encore trop passés au maniement de armes à feu, ce qui n’est pas pour me déranger. Tant pis, j’y vais. Je fonce à travers, ils sont déjà occupés, j’ai peut-être mes chances. Je garde mon objectif droit dans les yeux et mon arme en main pour parer à toute éventualité.
Je suis presque au bout du pont levis quand je suis interrompu par un soldat habillé en côtes de maille. Juste à temps, je ralentis et fends l’air latéralement avec la claymore pour frapper l’homme sur le flanc et traverser sa protection. Il arrête le coup avec son bouclier, mais recule d’un pas sous le poids de la force que j’ai mis dans mon premier coup. Je reprends mon arme devant moi, le plat dans sa direction et l’étoile vers le bas et fonce encore contre le bouclier pour forcer sa garde, y mettant toute mon énergie. Il recule, essaie de stopper mon élan, donne des coups de masse dans le vide à cause du déséquilibre. Puis il cède et se voit projeté contre les murs d’une colonne en pierre. Il est écrasé par la pression que je mets sur son bouclier. Il recommence à frapper, et réussis à toucher avec sa masse mon bras déjà endolori par le choc à l’épaule de ma chute d’hier. La douleur monte et ma turbulence intérieure aussi.
Je m’écarte de lui, il reprend sa respiration, et évite le nouveau coup que j’assène en se jetant sur le côté. La claymore poursuit son tour tandis que je la fais pivoter d’une main vers l’autre pour lui faire changer de sens : elle s’élève dans les airs et de mes deux mains je la fais replonger lourdement sur ses jambes comme si j’allais les broyer. Eliminé.
Je regarde autour de moi pour découvrir une cour. Je suis dans l’enceinte de la forteresse mais pas encore dans le château. Des murailles m’entourent, elles peuvent très bien donner l’avantage à des archers. Je décide de longer ces murailles le plus rapidement possible pour entrer dans le donjon.
Une fois à l’intérieur, je découvre une grande salle royale, sans doute un lieu de réception si l’on en croit les multiples étendards qui la parent. Elle est le spectacle d’un champ de bataille à très grande échelle. Je n’ai pas le temps de l’admirer puisque je suis immédiatement remarqué par un archer qui bande son arc dans ma direction. J’arrête la première flèche en posant mon arme devant moi et en me baissant là où elle est la plus large. Je la lance ensuite dans sa direction, en essayant comme je le peux de la contrôler par la pensée. Je la suis aussitôt en courant vers lui pour reprendre le contrôle de mon arme juste après qu’elle ait frappé le fantassin. Il se tient debout mais prostré, son arme est à terre, alors je fais à cout d’estoc sur lui avec les extrémités saillantes. Je sens que la rapidité des événements et la nécessité de réagir rapidement font montrer une certaine tension en moi dont je connais les limites. Je n’arrive pas à déterminer si c’est une bonne ou une mauvaise chose.
Je m’écarte un peu de l’agitation et emprunte un grand escalier en arc qui monte je ne sais où. Et plus je grimpe, plus j’entends un bruit monter, une agitation. Non, c’est une conversation… Des gens sont en train de plaisanter. Le bruit qu’ils font en marchant et le nombre de voix m’indiquent qu’ils sont un groupe.
Je me retourne vers le bas de l’escalier. Ils sont déjà proches, il est trop tard pour reculer mais il est très probable que j’aille droit vers l’élimination. Merde, déjà ?
Des hommes arrivent devant moi. Ils n’ont ni l’air ni l’habit de soldats, de gardes et encore moins à des religieux. Non, ils ressemblent plus à des manants armés jusqu’aux dents ayant réussi à s’enrichir dans de douteuses conditions.
-Celui-ci est pour toi Alaric. Je crois savoir que tu n’aimes pas le bleu !
-Le bleu ?
Je reconnais une voix étrangement familière dans ce contexte qui est tout sauf familier. C’est tellement surprenant que je n’arrive même pas à réaliser qui c’est. Les trois hommes devant moi sont alors bousculés par quelqu’un qui s’insère entre eux pour me faire face. Je suis quelques marches plus bas alors nos yeux sont à la même hauteur. La surprise est de taille. Demelza, mais t’es sérieuse, là?
-Hem…
Elle baisse les yeux. J’oublie l’espace d’un instant que nous avons des spectateurs qui nous dévisagent avec avidité, attendant de savoir pourquoi la situation semble aussi électrique.
-Mais… qu’est-ce que tu fais ici, Isa ?
Je ne vais pas m’abaisser à dire « Je pourrais te poser la même question », certainement pas devant eux, même si cela me brûle les lèvres.
-Bon euh les gars… Laissez-nous respirer un peu.
-Ok, grouille-toi, on t’attend en bas.
-Ca veut dire qu’on pourra pas le dégommer, celui-là ?
-Ta gueule.
Elle prend ma main et m’attire vers le haut des escaliers. Je ne bouge pas et la force ainsi à rester bloquée.
-Tu m’expliques ?
-Arrête de faire l’idiot et suis-moi. Crois-moi, tu n’as aucune envie d’avoir cette discussion dans l’escalier le plus emprunté du château.
-Je vois que Madame connait la géographie des lieux. On a pris ses aises, on dirait.
-Putain mais suis-moi et ferme-la.
Clairement, je ne le fais pas de gaieté de coeur. Et…je n’arrive plus à savoir si je le fais parce que je n’ai pas envie de perdre au troisième jour ou si simplement j’ai envie de savoir ce qu’elle va me dire. Elle nous amène dans une petite pièce cachée derrière une tapisserie. Ah oui, la connaissance des lieux va jusqu’à ce point.
-Bon, alors ?
-Parle moins fort, on pourrait t’entendre.
Elle s’approche tout près, à quelques centimètres, de façon à ce qu’on puisse parler tout bas. Il fait sombre et je viens seulement de me rendre compte qu’elle brille toujours d’une belle couleur.
-J’attends.
Je suis tendu. Je ne peux pas m’empêcher de ressentir quelque chose à l’idée qu’elle soit encore dans le jeu, mais si elle l’est, c’est grâce à eux, pas grâce à moi. Ça y est, un alter ego macho a du prendre possession de ma personnalité, je ne vois pas d’autre explication.
Mais ouais…De toute évidence, c’est elle qui a choisi d’être là, personne ne l’y a forcé. Et pourtant, elle est là, et moi j’ai passé les trois derniers jours à me demander ce qu’elle faisait et dans quelles circonstances atroces elle était tombée dans un piège, tout ça pour me rassurer sans doute. J’ai autant envie de l’étrangler que de la serrer.
Et dire que je croyais que je pouvais la retenir à ma guise, mais quel gros con.