L’atterrissage se déroula sans turbulence. Je nous avais choisi un endroit éloigné du complexe hôtelier, pas trop proche de la plage, sans doute la zone la plus sauve. J’avais déjà cru pouvoir distinguer que ce monde avait déjà fait les frais du début des jeux.

-Attends-moi pour sortir.

Je me tournai vers lui alors que j’activais le levier d’ouverture des portes. Même avec mes précautions, il n’était pas sûre que nous ne rencontrerions personne dès notre arrivée. Nous prîmes les quelques affaires que nous avions amené et je sortis la première, prudemment. La vue était dégagée, je regardai tout autour et il n’y avait personne, en tout cas pas pour l’instant.

-On ferait mieux de s’écarter du vaisseau, des gens ont dû voir notre vaisseau arriver.
-D’accord, allons-nous en.

Nul doute qu’à notre retour, soit ce vaisseau  aurait disparu, soit il serait réduit en morceaux de ferraille. Cela m’était totalement égal puisque je l’avais emprunté à la Shinra de façon officieuse. Et tout serait pardonné à la fin du mois, non ? Une bourrasque de vent vint alors subitement nous entourer, soulever nos cheveux ; je sentis quelques grains de sable se déposer sur mes cils et eus du mal à garder les yeux bien ouverts. J’adressai un sourire d’ingénue à Maxence.

-Tu sens ça ?
-Quoi ?
-La mer, son odeur.

Il me rendit un regard nouveau, un que je ne lui avais pas connu jusque là, comme s’il venait de rencontrer une nouvelle personne et que ça lui plaisait. Je ne pus m’empêcher de chercher à nouveau son contact, enroulant mes bras autour de sa taille et serrant jusqu’à rapprocher mon visage de son cou et ainsi profiter de son odeur que j’aimais plus encore.

Nous nous mîmes  en marche vers la plage, la raison de notre venue ici. Oui, nous étions là, comme deux idiots, en plein tourisme alors que le monde tremblait sous les coups de feu et les explosions. Il n’y avait que nos armes pour nous distinguer de deux imbéciles heureux.

Une fois arrivés sur la balade, nous pûmes observer la grande étendue bleu à perte de vue. Je fus interrompue dans ma contemplation par des détonations non loin de là. Je cherchai leur provenance en regardant tout autour, mais je n’aperçus pas âme qui vive.

-C’est bizarre, on dirait qu’il n’y a personne.

Lorsque je regardai à nouveau Maxence, il était déjà torse nu. Il enleva ses chaussures également.

-Euh mais…qu’est-ce que tu fais ?
-J’avoue que ça m’a un peu surpris quand tu m’as dit que tu voulais venir ici. Je t’avoue que je ne t’imaginais pas comme une de ces bimbos qui adorent se faire dorer sur la plage.

En témoigne mon teint.

-Ce n’est pas parce que je n’aime pas particulièrement les plages bondées de gens bruyants et les hôtels remplis de gens imbus d’eux-mêmes que je n’aime pas la mer.
-D’accord, Madame la rabat-joie. Bon, tu viens te baigner ? Tu te rappelles :  la ville est à nous !

Il lança ses affaires dans les airs et se mit à courir en hurlant et en agitant les bras dans tous les sens. Je m’apprêtais à lui crier après pour le mettre en garde, le supplier de ne pas avertir les gens de notre présence « Oh et puis non » . C’était tellement différent de notre quotidien que je me sentais incapable de lui refuser quoi que ce soit. Je ramassai ses affaires et les mis dans nos sacs, il avait laissé son arme aussi. Ce n’était pas plus mal tout compte fait, je le croyais bien capable de se tuer avec.

Tout autour de nous,  toujours rien sinon des transats renversés, des parasols déchirés et marqués par de larges brulures.

Arrivée près de l’eau, je déposai nos affaires par terre sur le sable légèrement humide, protégeant les armes dans des tissus pour ne pas les enrayer. Après quelques instants, alors que je le regardais nager tel un gamin incontrôlable, il cria après moi.

-Bon ! Tu viens ?

Le vent était fort alors je dus crier d’autant plus. Moi, crier ? Quel événement !

-J’ai pas pris de maillot !
-ON S’EN FOUT VESPER. Y’A PERSONNE QUI VA TE REGARDER.

Je me tournai encore une fois vers la plage, hésitai un instant. Bon, ok. C’était complètement délirant, à mon échelle, mais pourquoi pas. Si quelqu’un arrivait, je pourrais toujours foncer vers nos affaires, attraper un fusil et… Oui, tout était prêt. Et puis… peu de personne pouvait se vanter dans cet univers d’être plus véloce que moi.

Je me mis en sous-vêtement et m’attachai les cheveux en un chignon haut. C’était vraiment, vraiment dingue, qu’est-ce que j’étais en train de faire ? La nervosité me jouait des tours, je me mis à rire de façon incontrôlable.

L’instant d’après, je courrais jusque l’eau, sursautais au contact de l’eau fraîche et repliais mes bras sur mon ventre tandis que je frissonnais de toute part, mâchoire tremblotante.