Tu peux tuer sans conséquence, a dit un prophète à la peau de couleur jaune, et ainsi volent les exécutions. Je me trouve à présent à proximité du château, j’ai trouvé des écuries à priori tranquilles pour enfiler mon manteau noir, et ainsi regagner en discrétion. Je remonte la capuche sur ma tête. L’effet que ça me fait. A vrai dire, je suis presque surpris de ne pas me sentir plus changé. J’en avais presque peur et maintenant, de fait, je réalise qu’il se peut que cela soit un simple morceau de tissu, capable de te protéger d’un séjour dans les ténèbres.

Plus aucun accès à la citadelle n’est gardé, l’on peut entrer et  circuler librement pour peu qu’on soit prêt à prendre le risque de se faire canarder par des gens postés en haut des portes. C’est presque comme si on invitait les étrangers à venir prendre part aux festivités.

Je contourne le château et traverse une porte qui mène à la ville. Après tout, c’est au Château que je risquerais de rencontrer les adversaires les plus coriaces. Non, je ne ferai pas le fier, je vais me contenter d’empocher des kills faciles.

Je me faufile dans les rues, entends des coups de feu presque toutes les secondes, certains sont tout près, d’autres plus lointains. Je m’apprête à traverser un carrefour que je crois sûr lorsque je suis interrompu par une bande de gamins désaturés qui jouent à balle sur les pavés de la rue comme si leur monde n’était pas le même que le nôtre. Ils s’arrêtent un temps pour me regarder puis reprennent leur jeu comme si de rien n’était.

J’entends alors un craquement juste au dessus de ma tête. Je lève les yeux et vois une silhouette colorée prête à me tirer dessus.

-Attention, M’sieur, il est juste là.

J’ai juste le temps de me jeter contre les murs de la maison sur laquelle il se tient debout pour éviter ses coups de feu. Aie. Je sens instantanément le choc sur mon épaule droite, je me relève, encore un peu sonné et essayant de la faire tourner. Ça fait mal mais je peux faire avec. En haut, il ne lâche pas l’affaire et continue de tirer sur le sol au milieu de la rue.

-Ca fait une heure qu’il reste là et qu’il attend que les gens passent pour leur tirer dessus. Tu parles d’un gagnant.

Je regarde le gamin me raconter son histoire avec une pointe d’agacement et d’incompréhension. Je peste intérieurement, et extérieurement aussi en fait. Je frappe sur le mur avec le côté de mon poing contracté.

-T’aurais peut-être pu me le dire avant, petit.
-Vas-y, sors de la. Même avec ta capuche, je te verrai et je te louperai pas cette fois.

J’essaie de comprendre. Est-ce que ce genre de provocation est censée marcher sur le commun des mortels ? Est-ce que je suis aussi supposé rentrer dans une colère monstre et faire quelque chose de stupide à ce moment précis ? J’essaie de rentrer dans la maison mais la porte est fermée à clef. J’ignore ce que je vais trouver à l’intérieur mais il n’y a pas de lumière. Je profite du fait qu’il tire encore une salve suffisamment bruyante pour forcer la porte et couvrir mon effraction.  

J’entre sans me faire prier et découvre un environnement assez lugubre une fois la nuit tombée. Ce n’est pas très différent de chez moi, assez dépouillé, si ce n’est qu’il y a un accès à l’étage que je m’empresse de grimper. Une fois dans la mansarde, je ne bouge plus et attends que le bruit vienne d’en haut. Je lève les yeux et observe la charpente puis le revêtement du toit : de la poussière tombe quand il bouge, même très légèrement. Son rayonnement lumineux et coloré traverse même très légèrement les fins interstices de la structure et me donne l’occasion de localiser sa position.

Je respire un grand coup et prenant de l’élan, fais un long tour avec mon arme jusqu’à frapper  le plafond qui se brise instantanément sur un diamètre d’environ un mètre. Les morceaux de tuiles et de charpentes viennent s’écraser au sol tandis que j’entends l’autre s’écraser et grogner. Je me hisse en haut à mon tour et découvre l’homme allongé sur le flanc. Il se tient la jambe et semble souffrir. Je vais donc écourter sa peine. J’approche de lui et sans plus de suspens, je lève mes deux bras vers le ciel et abats la claymore sur sa poitrine, lourdement mais nettement. Il n’est plus mon problème à présent.

-Hey, bravo M’sieur !


Je m’accroupis  sur le bord du toit et guette les alentours. La vue que j’ai alors me donne l’occasion de repérer les zones plus exposées et celles plus calmes. Qu’est-ce qu’on donne comme exemple aux enfants de nos jours.