Test RP
Hervé ! HER-VÉ ! A TABLE, MERDE !
Le jeune hackeur de la ville d’Illusiopolis était comme à son habitude sur son ordinateur, relatant les dernières actualités de l’éclaireur. Confortablement assis dans son fauteuil, il pouvait rester des heures a parcourir l’internet mondial, dévorant ce puits de connaissances sans vergogne. Qu’il s’agisse de la guerre passive entre les plusieurs groupes qui régissaient ce monde, ou bien de faits divers plus locaux, rien ne lui échappait. Jamais il n’avait pensé à quitter le cocon familial. Sa mère, protectrice quoiqu’autoritaire avait toujours été aux petits soins pour lui. Confortable, jamais il n’avait eu l’idée de s’envoler de ses propres ailes et de découvrir le monde ; tout lui était accessible par son simple écran.
Hervé ! Je vais débrancher le wi-fi !
Les menaces de sa mère ne réussirent qu’à lui arracher un haussement de sourcil. Se redressant sur sa chaise et passant sa main dans ses cheveux vaguement gominés en arrière, il jeta un regard en arrière, en direction de la cage d’escaliers qui donnait sur le salon, puis, se retourna vers son écran.
J’arrive, oh ! Laisse moi, cinq minutes.
Mais ça fait déjà dix minutes que je t’appelle ! Je te préviens, tu vas manger froid, c’est pas mon problème.
Manger… Combien de temps n’avait-il pas mangé ? Une part de pizza froide encore dans son carton, et un stock de boissons énergisantes, emplilées, en équilibre sur son bureau témoignaient d’un grand laisser aller. L’idée de perdre du temps à rejoindre la salle à manger l’horripilait, il ne pouvait pas se permettre de perdre une seconde. D’ici quelques secondes, il réussirait à obtenir les données bancaires de cette mademoiselle Kendra Sunderland.
Oui, Hervé Bouvier était connu sous le nom d’Hackerman. Personne n’avait jamais réussi à l’identifier et à relier ces deux noms. Personne dans le monde ne savait que ces deux entités n’en formaient qu’une seule.
C’était la seule façon qu’il avait trouvé d’aider sa mère malgré lui. Piller les comptes en banque des autres habitants de la ville était devenu quelque chose de si aisé qu’il ne se passait pas un jour sans que sa richesse personnelle ne s’aggrandisse… et que celle d’un pauvre infortuné ne disparaisse.
Soudainement, des coups de feu retentirent à l’étage inférieur. Deux coups de feu, suivi de cris d’effroi. Le danger qu’ils représentaient sortit immédiatement Hervé de son état zombifié. Il ne comprit pas de suite, rarement confronté à la violence en direct. Il enfila un gantelet orné de diverses touches, et rejoignit le rez-de-chaussée. Deux soldats de la Shinra avaient fait irruption dans la pièce. Jamais il n’avait pensé aux conséquences jusqu’aujourd’hui. Mais preuve en était que le réseau de cybersécurité de la Shinra l’avait retrouvé, pourquoi sinon débarquer chez lui aussi tard et ouvrir le feu ?
Il se mit à couvert, esquivant une rafale de balles. Adossé à un mur, il cherchait une solution. Il y avait toujours une solution.
Monsieur Bouvier. Inutile de vous cacher. Nous aimerions vous poser quelques questions.
Armés de la sorte ? Tenta t-il.
Il n’eut comme autre réponse qu’une rafale de balles supplémentaire, ce qui arracha un bout du mur derrière lequel il se cachait.
Si c’est moi que vous voulez, ne vous en prenez pas à ma mère.
HERVÉ C’EST QUOI CE BORDEL ?
Il ne répondit pas à sa mère, visiblement en panique. Il leva son bras, de quelques centimètres, et appuya sur quelques touches. Son gantelet se mit à vibrer quelques instants, avant d’émettre un son, preuve que la combinaison de touches avait été acceptée. Il se redressa, quand même avec la peur au ventre, et sortit de sa cachette.
Ah te voilà !
Il n’eut pas le temps de continuer sa phrase. Hervé lança son bras devant lui et serra le poing. Le soldat se recroquevilla sur lui même, ses pieds ne touchaient plus le sol et un bruit de craquements d’os accompagna ce qui ressemblait le plus à une possession démoniaque. Lorsque Hervé rouvrit la main, le corps désarticulé du soldat tomba au sol. Son équipier fit un pas en arrière, avant de s’enfuir.
De nouveau seuls dans la maison, sa mère sortit d’une armoire et demanda ce qu’il s’était passé.
C’est mon Power Glove, maman. A la base, il ne s’agit que d’une façon de jouer à des jeux vidéos, mais je l’ai transformé pour qu’il me permette de hacker la réalité.
Hacker ?
Bien évidemment, sa mère ne comprenait un traître mot de ce que son fils pouvait lui raconter. Il s’approcha d’elle et lui posa les mains sur les épaules.
Maman, nous ne sommes pas en sécurité. Les soldats reviendront tôt ou tard. Je… je ne peux pas t’expliquer le pourquoi du comment, mais je dois partir.
Sa mère était sous le choc. Pourquoi son fils était-il recherché par les forces locales ? Qu’avait-il bien pu faire avec son maudit ordinateur ?
Hervé Bouvier se plaça au centre de la pièce, saccagée par la bataille qui y avait eu lieu. Il pianota sur le clavier attaché à son bras. Ses lunettes à monture épaisses, bien accrochées à son nez, il valida la commande et un quadrillage digital le recouvrit. Chaque carré commença à disparaître.
Maman, je vais réécrire l’histoire. Grâce à cet outil, je suis en mesure d’hacker l’espace temps et de revenir au moment de ma connerie. Je.. suis désolé pour to…
Il ne put finir sa phrase, sa bouche disparaissant dans le flux digital.
Il arriva à quelques rues d’ici, il y a quelques mois. Toujours en possession de son power glove, il se dirigea vers son appartement. Il devait s’entretenir avec son lui du passé et le convaincre d’arrêter tout de suite sans quoi les conséquences seraient désastreuses. Le plus simplement du monde, il frappa à sa porte et sa mère lui ouvrit.
Qu’est-ce que tu fois dehors à c’t’heure-ci, p’tit con ? Allez, rentre, dépêches toi.
Il s’exécuta, n’attendant pas plus de sa mère que sa bénédiction pour rentrer dans son appartement, puis il se dirigea vers les escaliers et rejoignit sa chambre. A l’intérieur, toujours la même boîte de pizza qui trônait tel un trophée sur son bureau, et sur la chaise, un homme lui ressemblant en tout points. Une moustache mal taillée, incomplète, un corps malade, sous nourri… L’homme se gratta le postérieur avant de sentir son doigt, aspiré par ce qui se dessinait sur l’écran.
Il s’approcha lentement de lui et lui mis la main sur la bouche.
Hervé, ne crie pas, je suis ton toi du futur. Je suis venu te prévenir d’un grand danger.
Il relâcha sa main, et l’homme du présent lui répondit.
T’es… moi ? Mais alors ça veut dire que ça a réussi !
Il se leva et alla chercher son power glove qu’il venait de mettre au point.
C’est génial ! Et tu l’as aussi, ça veut dire qu’à ton époque, je l’ai toujours. C’est bien ? Ça marche bien ?
Hervé… Je ne suis pas venu répondre à tes questions. Oui, évidemment que ça marche, sinon comment je pourrais être ici à te parler ? Non écoute… Je viens, à mon époque, de me faire agresser par des soldats de la Shinra. Ils nous ont trouvé Hervé ! Ca veut dire que n’avons pas assez couvert nos traces.
Quoi ? Pour les comptes bancaires ? UN SEUL, par mois, et ils nous trouvent ?
Non… pas un seul. Dans deux mois, tu vas commencer à accélérer et au bout d’un moment ce sera un compte par jour. Et… ils viendront et flingueront tout dans la baraque.
Comment ?
Oui, t’as bien entendu. Il faut… que t’arrêtes ça tout de suite.
Mais on a a peine de quoi payer le loyer ! J’ai pas envie que maman retourne…
Oui, ça va, j’ai compris. J’ai… compris. Ça reste quand même pas une solution. Ça n’a marché qu’un temps, et après … bah, tu sais bien, je suis là.
Hervé du présent se leva de sa chaise et commença à faire les quatre cent pas dans la pièce.
Il y a un souci. Si… Si t’es là aujourd’hui, et que je te rencontre, ça veut dire que la connerie tu l’as faite ! Si je ne la fais pas, grâce à ton intervention… ça voudra dire que jamais tu n’auras eu à remonter dans le passé. Ça créé un paradoxe temporel, en fait. Parce que si t’as jamais eu à remonter dans le passé, alors tu ne m’as pas averti, et j’ai donc fait la connerie.
Non… non. Très beau raisonnement Hervé, mais non.
Et pourquoi ? Regarde, tout ces films, ces comics… Ce jeu vidéo même, qui parle de voyage dans le temps ! Il est toujours question d’un paradoxe tôt ou tard.
C’est des conneries, les paradoxes temporels, Hervé. Ça n’existe pas.
Je suis désolé mais si, si l’on perturbe la courbe du temps… Il faut en assumer les conséquences.
Le temps n’est pas une courbe… Oh, tu m’emmerdes Hervé. T’es quand même pas en train d’me dire que tu dois faire la connerie ? T’as envie qu’on se fasse flinguer avec maman ?
Avec qui tu parles Hervé ?
Personne ! Répondirent-ils a l’unisson, les empêchant de se trahir.
Les deux jumeaux se regardaient, l’un encore sous le choc de discuter avec son lui du futur, et l’autre affligé d’avoir pu être aussi bête par le passé.
Je sais ! Dit le Hervé du futur. Le problème, c’est l’argent. On en a pas. On a commencé à faire ça pour en avoir.
Je te préviens, il est hors de question que j’aille bosser. Tu connais l’idée que j’ai de tout ce système capitaliiste, je refuse de rentrer dans ce moule.
Non… Non… Mais si… tu faisais un boulot qui te plaît ?
Personne ne regarde mes streams, je ne suis pas D.Va, j’ai pas des combis en latex et une poitrine si…
Ca me fait penser ! Le 23 janvier prochain. Ne laisse pas maman ranger ta chambre. Elle voudra le faire, rangera ta table de nuit et se découragera juste après. Mais ça lui laissera le temps de trouver …. « le magazine ».
Celui de D.Va ?
Oui… Oui. Planque le bien. Je suis sûr que c’est elle qui l’a foutu à la poubelle.
D’accord. Bon, et donc pour cette histoire de boulot ?
Oui. Eh bien, si j’ai bien vu, il y a un cybercriminel qui a commencé à agir y’a pas longtemps. Il s’en est pris à la Shinra. Tu pourrais te servir de tout ça, du hacking, pour le chopper, et non pour voler les gens. P’tête que la Shinra pourrait t’embaucher, après.
C’est pas une mauvaise idée. Une bataille de hacheurs, hein ?
C’est ça.
Ouais, ouais, je vais faire ça. Ça s’est résolu comment ?
Le Hervé du futur porta la main à son duvet, caressant son menton, l’air pensif.
Je crois qu’il s’est fait griller à cause d’une authentification à double facteurs. Une faille dans le réseau, qui a permis à la Shinra de récupérer les données de ses précédents achats. Ça a permis de remonter jusqu’à lui, puis ils l’ont flingué. Il avait dérobé une clé de sécurité j’crois. Faut que tu bosses la dessus.
Les deux Hervés se mirent d’accord sur la marche à suivre. Ensemble ils élaborèrent un plan qui permettrait à Hervé du présent de réussir à coincer le hackeur. L’idée était simple, réutiliser le même principe que la Shinra avait pu utiliser, mais plus tôt.
Une fois le plan élaboré. Hervé du futur retourna à son époque, se servant du même procédé que pour la quitter. Chaque pixel de son corps se dématérialisa et rejoignit le cyberspace avant de réapparaître à son époque.
Il frappa à sa porte. Une fois, puis deux fois, avant qu’enfin on lui réponde. La porte s’ouvrit et laissa apparaître une jeune femme aux courbes élancées.
Bonjour ? Vous êtes ?
Il eut un pincement au coeur. Il aurait aimé croire que cette femme était la sienne, et que, le temps ayant été modifié, il l’eut rencontrée durant ces quelques mois réécrits. Hélas, non.
Euh, bonjour ! Je suis l’ancien locataire, j’imagine ? J’aurais aimé savoir s’il m’était possible de rentrer.
Une demande étrange qui ne manqua pas d’amuser la jeune femme. Elle le laissa rentrer et il commença à feinter l’émerveillement devant les pièces.
Ici c’était la cuisine, et ça l’est toujours ! Le salon… oui. On peut dire que vous l’avez mieux décoré que nous.
C’est gentil ! Dit-elle en se mordant la lèvre inférieure.
Ma chambre se trouvait en haut ! Je peux… monter ?
Oui, allez-y.
Hervé prit les escaliers qui le menaient à anciennement sa chambre. Tout avait changé. Il n’y avait plus son ordinateur, la pièce était propre, rangée. Pour la première fois depuis dix ans, il constatait la grandeur de cette pièce qui l’avait vu grandir. Il se mit à scruter chaque recoin. Son lui du passé avait forcément laissé un quelque chose, pour ne pas qu’il se sente perdu. Quelque chose lui indiquant, par exemple, sa nouvelle adresse.
Mais il ne trouva rien. La jeune femme qui le suivait, s’en amusait. Elle s’approcha d’une commode et en sortit quelque chose qu’elle lui tendit.
Je ne comprends pas vraiment la situation, mais je pense que ce que vous cherchez est ici. Quand j’ai emmenagé, j’ai trouvé ce magazine sur cette streameuse dont tout les enfants parlent. Il y avait un post-it collé dessus. Enfin, c’était plus un papier mais ça collait quand même sur la première page. Ca disait que si jamais vous reveniez, il fallait vous le rendre.
Hervé tendit la main et attrapa le magazine. Il l’ouvrit, sauta habilement la double page qui était collée et se mit à la recherche d’informations. Finalement il tomba sur une enveloppe, avec son nom marqué dessus. C’était son écriture, il la reconnaissait.
Sans plus attendre, il ouvrit l’enveloppe et en lut son contenu.
Hervé,
On a réussi. Cette attaque dont tu m’as parlé n’a jamais eu lieu. J’ai réussi à intercepter ce hackeur et l’ai livré à la Shinra ce qui nous a valu d’obtenir un poste au sein de la compagnie. Je te passe les détails, mais nous habitons maintenant dans le quartier riche de la ville, au 1, rue sésame. Maman habite toujours avec nous, et il te tarde de faire la connaissance de Claire, ta future femme. Il est même possible que tu attendes un heureux événement, mais je force pour qu’elle fasse une interruption.
Nous sommes donc le jour où tu reprends les rennes, tu dois poursuivre le combat. Ne la laisse SURTOUT PAS arriver à terme où ce sera une merde pas possible. Tu n’as pas le temps avec ton boulot, et crois moi, tu n’as pas envie de t’emmerder avec ça.
Sinon, ouais, on est dans le département de cybersécu’ d’la Shinra. C’est bien payé.
Bisous.
Hervé.
La lecture finie, il pressa le contenu de l’enveloppe contre son torse avant de remercier la jeune femme. Il quitta son ancien appartement et se dirigea en direction de sa nouvelle maison. Il fut accueilli par sa mère, comme si rien de tout cela ne s’était passé et il fit le tour de la maison pour la découvrir.
Le travail à la Shinra devait être bien payé pour qu’ils aient les moyens d’habiter dans une maison aussi grande. Reprendre le flambeau à partir d’aujourd’hui lui serait difficile, mais il ne s’agirait que l’affaire de quelques semaines avant de prendre ses marques. Il monta dans sa chambre et vit sa femme, Claire posée sur le lit en train de regarder la télé.
Claire ?
Elle se retourna et l’accueil d’un sourire. Elle n’était pas exactement la représentation qu’il se faisait de sa future femme, mais si son lui antérieur en était tombé amoureux, alors il n’y avait aucune raison que cela se passe mal.
Depuis quand tu m’appelles par mon prénom ? Je suis contente, mais… je m’étais faite à « Hana ».
Hervé sourit. Il la serra contre lui, découvrit le corps d’une femme entre ses bras pour la première fois et finalement l’embrassa.
Alors gardons Hana, si ça te convient !
Demain, il pourrait enfin découvrir ce qu’est son nouveau boulot au sein de la compagnie Shinra. Jamais il n’aurait cru pouvoir un jour travailler dans le domaine qui lui plaisait tant : les ordinateurs.