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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Il avait suivi un soupir sautillant sur de sombres pierres, et la dégringolade d’un escalier de service étroit — le bruit d’une exclamation, et le murmure d’un au revoir. Sans s’y arrêter, Ioan se glissait entre les portes froides et roides de la boîte flottante dont il appréciait l’épaisseur. Ils parlaient, se promettaient une escapade prochaine, dehors. Leurs mots ricochaient sur ses tempes et le bout de ses oreilles sans y pénétrer. Le garçon comparait sa taille aux recoins anguleux du transport Shinra, se lovant de fil en aiguille, par-deçà une banquette et par-delà une armoire tissée de câbles, dans des entailles secrètes où, bercé par le doux confort de son grand manteau blanc, il se faisait le cataplasme d’un bolide dépassé.

Ioan s’était fait surprendre au crissement du moteur au démarrage, gémissement douloureux d’un vieux coucou proche de la retraite. Puis il avait somnolé à l’écoute de son ronflement lent et régulier. Il n’y avait ici aucun hublot pour tenter l’enfant avec des étoiles scintillantes, ni de passionnant passager aux histoires intarissables. Alors, doucement, il ferma les yeux.

Avant qu’il n’ait pu pleinement en profiter, le silence vint titiller ses tympans, joueur.

Le garçon entrouvrit les paupières sans se redresser. Le blanc de son manteau taquinait le bout de son nez ; groggy, l’enfant traînait ses jambes contre sa poitrine, charmé par la sensation duveteuse que lui laissait sa couche. Il était agréable d’y flâner, de s’y laisser prendre….

Tic. Toc.

Ioan abandonnait sa paresse et se redressait.

Une clairière enneigée s’étendait sous un ciel sans lune, où les étoiles perdaient leur éclat. A sa bordure, les arbres lui faisaient signe. Approche, allez, approche. Leurs branches rachitiques s’étendaient dans sa direction, peinant à se faire distinguer sur un ciel de jais… mais autre chose l’appelait. Quelque chose qui avait besoin d’aide, et grinçait un tic-toc nerveux, triste et solitaire. Le garçon laissa son manteau glisser sur ses épaules en poudreuse. Il fallait —

Poc.

« Aïe » voulut-il dire, sans conviction.

Mais sa bouche n’était plus qu’un fin fil cousu dans un sourire léger. Alors, il resta muet. Au-dessus de lui, Agnes Flinch pressait et compressait sa poitrine de tricot rembourrée d’un geste hésitant. « On donne celle-ci aussi ? » s’enquit-elle. « Elle n’a pas l’air en si mauvais état. »

Qu’on puisse le donner l’intriguait sans plus le choquer. La disparition de son vieux vaisseau, en revanche, l’attristait. Il n’aurait sûrement pas l’occasion de le revoir. Il le sentait. Alors il aurait bien aimé pouvoir le saluer. Pourquoi ne l’avait-il pas réveillé ? C’était bien dommage.

« On donne tout ce qui était de ce côté. »

Son corps lui parut lourd, lent ; aussi resta-t-il un moment à fixer les yeux mi-clos de celle qui le tenait entre ses mains froides. Ils étaient bleu-vert, fades, couchés sur des cernes qui refusaient de lâcher leurs valises. Il faut dire que l’endroit était agréable - protégé du vent et du soleil par de longs cils noirs que l’on prenait le temps d’étirer chaque matin. Il s’agissait là d’une petite fantaisie qui ne se retrouvait pas tant dans la tenue de son auteure, simple : gilet uni sur jean qui l’était tout autant. Ses longs doigts fins passèrent sur le visage inerte du garçon, comme prise d’un regret. Mais elle l’enterra comme elle laissa ses épaules retomber, et le lâcha.

C’est vrai qu’il était petit. Plus petit qu’il l’avait jamais été. Ioan retenait un souffle qu’il n’avait plus. Une impression de vertige l’aurait presque saisi : un mètre lui en paraissait dix ! Le visage d’Agnes s’éloignait à la seconde, ses traits rendus indiscernables par la vitesse qu’il se percevait gagner.

Bien incapable de fermer les billes noires qu’il avait pour yeux, le garçon restait spectateur de sa chute.

En un souffle, il se laissa tomber en arrière.

Il volerait.


Shpok.

Il s'écrasa entre les peluches et les petits trains. Sous son nez absent se collait un éléphanteau en patchwork multicolore, décoré de mille motifs abstraits et séduisants.

Agnes n’attendit pas pour refermer la boîte. Elle la soulevait, bousculant les jouets qui y étaient entassés au rythme de métronome de ses pas. Puis elle la posa, sans grande douceur, et le bruit de ses semelles racla de nouveau le bitume.

« - J’ai peur… se plaignait une petite locomotive de bois.
- Peur de ? C’est une belle opportunité je trouve ! »

Décidément, Ioan était vraiment devenu très petit — mais la bouche de l’éléphanteau face à lui, qui s’était animée sous ses yeux, avait coupé court à ses constatations. Il la fixait avec un émerveillement tu, attendant comme un enfant avant noël que se réitère la magie.

« - Je ne veux pas retourner à la Ferme aux Jouets ! Tu as entendu ce que Kimberley a raconté ? relançait un lapin auquel il manquait une oreille.
- Nous n’y serons qu’un après-midi, tout au plus… 
- Si on nous choisit ! 
- On nous choisira. »

Il parlait ! Son sourire cousu suivait sa pensée ! Les choses et les autres communiquaient rarement avec autant de clarté. La nouvelle faisait frétiller ses fibres de coton et de laine, soudain bienheureux. Et qu’était-ce donc que la ferme aux jouets ? Voilà qui promettait une excitante découverte. Une autre ! L’enfant se figurait l’atelier d’un vieux maître où traînaient mille créations tant aimées, sur un milliard d’étagères montant jusqu’au firmament, et auxquelles on soufflait la vie. Mais s’il en était ainsi.. pourquoi ne pas vouloir y retourner ? Pourquoi ce créateur leur inspirerait-il une quelconque crainte ?

« - Quoiqu’il en soit, je n’ai pas envie de voir ces étrangers… 
- Il y a des étrangers ? 
- T’as écouté quand on a parlé de la guérilla ludique du centre-ville ?! 
- Pas vraiment…  »

L’éléphanteau soupira. Sa voix était tranquille, mais grave — ce qui contrastait avec le léger de ses motifs, faits d’arabesques aériennes.

« - Il faut bien arrêter les commandos… ils s’en prennent aux humains. 
- Oui mais.. !  
- Mais je suis d’accord avec toi, » continuait-il avec une pointe de tristesse. « Ceux que les étrangers rencontrent oublient le plus important. »

Qu’est-ce qui est le plus important ? voulait-il demander. Pourquoi fallait-il que, pour une fois qu’ils étaient si loquaces, si directs, Ioan ne puisse pas forcer un mot ?

« Qu’est-ce qui est le plus important ? » demandait la locomotive, que le garçon remerciait.

« Eh bien… » L’éléphanteau tapota sa cheminée du bout de sa trompe. « Faire plaisir à un enfant. »

Ioan demeura muet un temps, cette fois parce qu’il le voulait, pondérant la chose. Etait-ce là ce que pensaient toutes les peluches, toutes les locomotives miniatures ? L’idée lui inspirait une certaine douceur ; une tendresse, presque étrange, qui gonflait le rembourrage dans sa poitrine. Mais d’un autre côté, pourquoi s’y limiter ? Aux enfants. Même ceux qui n’en étaient plus, il se le disait, avaient droit à l’amusement, droit à ce quelqu’oeuvre puisse les distraire et les attraire à leurs rêves et leur imaginaire. En cela, sûrement, tous étaient égaux.

« - Et ceux qui rencontrent les étrangers oublient ? 
- C’est plus qu’ils revoient certaines priorités… 
- Revoient ?! Ils se battent ! Ils montent des tranchées dans un magasin qu’ils doivent aspirer à quitter ! Ou qu’ils quittent pour aller danser ! »

Le garçon ne les écoutait plus vraiment. Pour la première fois son regard se porta sur ses propres mains, dont le contour était éclairé par une mince fenêtre sans verre, découpée dans le carton où il reposait.

Il constatait l’absence de ses doigts.

Horreur languissante.

Malgré la lourdeur de sa laine, le garçon frissonna perceptiblement. Où étaient-ils passés ?! Le tricot de ses paumes et de ses bras, de sa mine et de ses vêtements était une réalisation précise d’usine dont il aurait pu fantasmer la régularité - mais ses doigts ? Il en avait besoin ! Comment allait-il modeler la courbure de son verre ? Comment allait-il creuser les ornements de ses pièces de bois ? Comment allait-il saisir la subtilité du toucher des pétales des fleurs au printemps venu ? Il se força difficilement dans une position assise, pataud qu’il était sous cette nouvelle forme qu’il distinguait à peine. Un éclat de soleil, perçant à travers les nuages, fila sur son manteau blanc, survivant de la transformation, quoique de matière différente. Mais le garçon ne parvenait plus à sentir le réconfort qu’il lui offrait habituellement. « Aïe ! » s’agaçait l’un, sur le visage de qui il s’appuyait ! « Arrête ! » grognait l’autre, dont il avait saisi la queue. « Mais reste tranquille » s’exaspérait une dernière, qui, comme d’autres, entendait le bruit du moteur qui démarrait. Leurs voix s’engluaient aux projections inquiètes de l’enfant, entrelacs énervés imbriqués dans sa confusion. Il voulait sortir. Il devait sortir et les retrouver. Il ne pouvait pas les avoir perdus !

D’un geste fort mais cotonneux, l’éléphanteau le ramena à lui avec sa trompe. « Qu’est-ce que tu as toi ? » demandait-il avec une certaine autorité en décalage avec la voix basse qu’il se forçait à conserver. La voiture avait démarré. Il ne fallait pas que l’humaine les entende.

Ioan voulait lui dire, lui raconter, mais ses lèvres ne bougeaient pas, closes dans un sourire figé.
Quelque chose dans le fond de ses billes noires, sur lesquelles le jour projetait de faibles lueurs, devait communiquer sa détresse.

« Est-ce que tu es un… faux-jouet ? Tu viens d’ailleurs ? » questionnait-la peluche, comme perturbée.

Ioan hocha difficilement la tête.

Ils murmurèrent tous, y allant de leur petit commentaire :

« - Quoi ? Un faux-jouet ? Pourquoi il est avec nous ?
- Quelqu’un a pris la station Shinra ! 
- Mais personne n’y vient jamais… ou presque.
- J’imagine qu’il va à la Ferme aux Jouets. Ils y vont tous non ? Ca l’arrange de faire le chemin avec nous.
- Oh le pauvre… ce n’est pas le meilleur moyen de transport un carton… »

Le garçon fixait l’éléphanteau. Le regard cousu aux pupilles roses de cet animal aux couleurs féériques l’empêchait de penser à autre chose. Il ne devait pas y penser. Ses doigts.. il devait les trouver... Il réprima un hoquet sans son.

L’animal synthétique poursuivait, perplexe : « Est-ce que tu es un enfant..? »

Grand silence.

Le garçon hésita — mais comme tous semblaient s’en référer à lui ainsi, il dodelina du chef maladroitement.

« Oh. »

De nouveaux murmures.

« - Un enfant ? Un enfant ! Il sait !
- Sssht ! Arrête de bouger ! — Aïe! »

L’éléphanteau ramena à lui la patte avec laquelle il avait tapoté à l’instant la tête du lapin à l’oreille unique. « Tu vois bien qu’il est comme nous. … Mais comment t’es-tu retrouvé ici tout seul ? » Ioan ne savait trop comment répondre. C’était ainsi, tout simplement. « Tu es avec quelqu’un ? » Non, ou du moins, pas avec quelqu’un d’autre que ceux qui étaient dans ce carton. Il gesticulait doucement. Ses mains. Il voulait voir ses mains. Il espérait quelque part avoir rêvé ne plus avoir ses doigts. L’éléphanteau le relâchait.

Non. Ils lui manquaient bien. Sa poitrine se soulevait et s’affaissait régulièrement, sans souffle pour l’accompagner.

« - Tu es au courant que ce monde change ton apparence, n’est-ce pas..? » chuchotait son interlocuteur, de plus en plus inquiet.
- Evidemment qu’il le sait ! On ne se retrouve pas ici sans le vouloir et encore moins sans le savoir !
- Mais tais-toi par tous les points en croix ! »

Changer son apparence. Oh. C’était donc ça. L’enfant releva vers la peluche ses yeux ronds, interrogateurs, et enfin, moins qu’apeurés, curieux.

« C’est le Monde des Jouets… tu… Ceux qui s’y rendent depuis un autre monde deviennent des jouets. Mais tu redeviendras ce que tu es normalement en le quittant.

Alors tu dois —
  »

Shonk.

La boîte bougea brusquement à l’arrêt du véhicule. Tous se turent.

Le raclement des semelles d’Agnes sur le sol reprit. Peluches et jouets retinrent leur souffle lorsqu’elle saisit le carton, et les entraînait jusqu’au champ de bataille : la Ferme aux Jouets.
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Après lecture de ton texte, je suis un peu embarrassé. Je n’ai aucune correction à apporter, et aucune idée d’ajout… Donc je vais sortir le couperet, et glisser une suggestion lue sur internet qui m’intrigue pas mal. Ainsi, un conseil d’écriture assez commun est de limiter les adjectifs, et de les placer que s’ils apportent quelque chose de nouveau au texte. En grande partie, tu respectes ce principe, mais quelques-unes de tes formulations pourraient être réduites sans changer le sens, comme « vieux coucou (proche de la retraite) », « (passionnant) passagers (aux histoires) intarissables », ou « multicolore » + « décoré de milles motifs abstraits et séduisants ». Après, c’est aussi intéressant de réfléchir au rythme de la phrase, qui est particulièrement central pour une écriture lyrique comme celle de Ioan… Suggestion à prendre avec un grain de sel, donc !
Et d’autant plus ironique que j’aime beaucoup les expressions que tu créé en jouant sur ces attentes, du type « couchés sur des cernes qui refusaient de lâcher leurs valises ». Puis, comme toujours j’apprécie l’humour de certaines descriptions, comme celle de la chute (« Il volerait. Shpok. ») ou la première réalisation que notre petit bout de chou est maintenant privé de ses doigts. Mention spéciale pour les jurons locaux, du type « par tous les points en croix »… Y’a du potentiel, j’adopte.
Pour conclure, c’est un texte touchant, parce qu’il tend au cœur des thèmes de Toy Story, mais aussi parce qu’on touche à ce qui compte le plus pour Ioan. S’il a tendance à se laisser porter, à régir plus qu’agir, ici privé de ses doigts il devient acteur, et sans y être forcé par ses compagnons de voyage ni par un danger imminent. La création est tellement part de lui-même, on ressent sa détresse, et en tant que personne qui présentement n’arrive plus trop à écrire ça me touche beaucoup. Aussi, c’est drôle de le voir mettre en place des stratagèmes pour ne pas se laisser distraire … Un peu tragique, aussi. Bref, très Ioan love

Facile : 12 points d’expérience, 102 munnies, 2 PS en Psychisme !
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