Le Temple de la Nuit Szp8Le Temple de la Nuit 4kdkLe Temple de la Nuit 4kdk
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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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« Êtes-vous sûres de vouloir pénétrer dans cet endroit ? Il n’y aura peut-être pas d’échappatoire. »

La voix impassible de Jiahao ne nous rassure pas vraiment. Il essaye certainement de nous dissuader, mais Xinya et moi sommes formelles. Nous devons enquêter et déterrer les secrets laissés par les prêtres taoïstes d’autrefois.

Au cœur du sud de la Chine, là où la forêt laisse place à la jungle, il existe un ancien temple du Tao. Il était habité par des fidèles qui vivaient en autarcie, coupés du monde. Si loin et si isolés qu’ils ont fini par être oubliés il y a de cela plusieurs générations.

Pourtant, ils entretenaient une correspondance avec certains autres temples, notamment ceux de Chengdu et du Mont Qing Cheng. En partant de ces vieilles lettres parfois illisibles, nous avons recueilli des informations, partielles. Les prêtres, dont le père de Xinya, ont brûlé certains textes qu’ils ont estimé être « totalement fous » et « trop dangereux pour être conservés ».

Il n’y a plus de nouvelles depuis longtemps, des siècles même, le temple est devenu silencieux. Ses habitants sont partis, ou sont morts : soit de vieillesse, soit de maladie, soit… Autre chose. Xinya nous a partagé ses premières avancées. Tous les trois, nous quittons la civilisation à la recherche de ces savoirs anciens qui n’ont pas encore été révélé à tous.

Nous avons pris mon vaisseau et sommes partis dans les profondeurs de la jungle. Au bout du territoire de l’Empire. Nous avons atterri à la tombée de la nuit. La jungle est trop dense, il va falloir continuer à pieds. Une prudence constante est de mise pour survivre.

Les courriers que Xinya a récupéré font état de « recherches spirituelles avancées » pour la sauvegarde de l’âme. Les prêtres ont cherché à revendiquer l’immortalité, ultime et véritable quête de tout taoïste, par des moyens peu communs. Ce qui nous intéresse, c’est de savoir s’ils ont compilé toutes ces informations… Et les récupérer pour nos propres études.

Le temple a sombré dans l’oubli, si bien que nous ignorons même son nom. Seule la localisation a été possible grâce au témoignage du père de Xinya et les courriers conservés dans les archives du Temple de la Chèvre à Chengdu. Nous avons pris le nécessaire : du matériel pour nous aventurer dans cette région, de la nourriture en petite quantité et des armes.

Même si l’endroit est supposément abandonné depuis longtemps… Il y a peut-être des animaux sauvages. De plus, le contenu des lettres laisse penser qu’ils étaient tous versés dans des arts magiques et dans l’alchimie. Ayant une petite expérience dans la matière, je m’attends à éventuellement trouver des pièges ou des créations qui n’auraient pas dépéri avec les années.

Nous sommes donc inquiets tout autant qu’excités de découvrir les lieux.


« Nos recherches sont bien trop importantes pour nous arrêter en si bon chemin. Avançons avec prudence et tout devrait bien se passer. » répond Xinya.

Jiahao regarde un instant dans ma direction. Il sait que je suis d’accord avec elle, même si Xinya est certainement la plus entreprenante et motivée de nous trois. Elle a monnayé le soutien de la communauté taoïste du Sichuan lors de mon plan pour prendre le contrôle de la région en échange de mon aide et assistance. Soutien sans cesse renouvelé depuis pour notre cause. En sachant que je bénéficie aussi des avancées que nous faisons. Le directeur de l’Yishu Gong lui, le fait par dévotion pour le Tao. Même si je crois qu’il a d’autres motivations derrière la tête. Pas de malfaisantes, de ce que je pense savoir en tout cas.

Ceci étant dit, nous nous enfonçons dans la jungle à la lueur de deux torches. Je les fais léviter autour de nous pour que nous puissions garder les mains libres pour nos armes. Jiahao a pris une arme d’hast, une lance très fine, quant à Xinya elle a pris deux épées et des fioles de son petit atelier alchimique. J’imagine que ce ne sont pas uniquement des potions de soin. Pour ma part, j’ai opté pour mes habituelles couteaux et mes dagues. Cela devrait suffire.

Notre progression se fait lente dans la jungle, nous tâchons d’être prudents et nous faisons en sorte de rester aux aguets au cas où des animaux sauvages, des tigres notamment, viendraient tenter de nous éventrer pour se repaitre de notre chair.

Hé bien vite, cette crainte devient réalité.

On entend une branche craquée, dans les hauteurs. Nous nous stoppons immédiatement et nous nous rassemblons, dos à dos. Je fais tourner les torches un peu plus haut pour voir de quoi il s’agit. On ne voit rien dans la pénombre, la jungle est épaisse. D’autres bruits se font entendre, nous gardons notre calme même si je sens que Xinya devient de plus en plus tendue.

Elle a une formation théorique de combat qu’elle a eu avec les prêtres, mais elle n’a jamais eu l’occasion de la mettre en application contre un adversaire réel. Nous devons donc la protéger avec Jiahao. Du mieux que nous le pouvons.


« Qu’est-ce que c’est à votre avis ?
- Des animaux, certainement. Les torches ont dû les attirer. » répond Jiahao, lance brandit fièrement en direction d’un adversaire invisible.

Brusquement, un fauve surgit des hauteurs face à moi. Ses yeux et sa mâchoire remplie de crocs m’apparaissent à la lueur des flammes. Un regard de prédateur terrifiant, des traits presque démoniaques. J’ai seulement le temps de donner un grand revers avec ma main gauche pour dévier sa trajectoire et le projeter contre un arbre. Il s’écrase sur le sol avant de reprendre contrôle de ses mouvements et se tourne vers nous, une nouvelle fois prêt à bondir.

Un second tigre arrive et charge Jiahao. Il arrive à le stopper, mais les deux bêtes nous tournent autour. Depuis quand les tigres chassent à plusieurs ? Ils doivent avoir particulièrement faim ceux-là. Je ne réfléchis pas plus longtemps et j’essaye de prendre contrôle des nombreuses racines hors-sol qu’il y a autour de nous pour enchevêtrer nos assaillants.

Jiahao quant à lui, attend que le tigre fasse l’erreur de le charger pour l’empaler sur la lance. Sa force deviendra sa perte. Xinya, elle, reste blottit entre nous deux. Les bêtes grognent. Elles vont réattaquer. Je fais un geste ample des mains et les racines attachent les pattes arrière de celui en face de moi.

Il est surpris et essaye de s’échapper. Je me charge donc de faire léviter une de mes dagues pour lui planter profondément dans le torse. Il lâche un long grognement suivi d’un couinement plaintif et s’écroule, toujours pris au piège. Le second tigre, entendant la supplique de son confrère, prend immédiatement la fuite.


« On l’a échappé belle.
- J’aurai préféré éviter de tuer ce tigre…
- Parfois, nous n’avons pas le choix. Merci, en tout cas, vous deux. »

Je récupère ma dague et la nettoie tandis que j’appose une main sur la crinière du tigre mort. Pauvre bête. Puisse-t-elle me pardonner, c’était moi ou elle. Et j’ai préféré moi.

« Continuons notre chemin, le temple ne doit plus être très loin. » lancé-je à Jiahao qui acquiesce immédiatement.

Nous reprenons notre voie dans la jungle. Le terrain devient de plus en plus accidenté, de plus en plus en pente. On s’accroche aux racines, aux branches et aux lianes pour ne pas tomber. C’est un peu l’aventure pour rejoindre cet endroit abandonné. Nous nous laissons parfois surprendre par un vol de chauve-souris ou le bruit d’insectes étranges que nous ne connaissons pas.

Et enfin, après une bonne heure de traversée, nous atteignons ce que nous pensons être l’entrée. Un pavillon accolé à une montagne de la jungle... Ou alors nous sommes au fond d’une sorte de petite vallée. Les taoïstes et les bouddhistes ont parfois des lieux de culte creusés à même la roche ou qui s’étendent dans les profondeurs. Ces endroits sont souvent nommés des « caves ».

Cette entrée est en mauvais état. La végétation a pris ses droits sur ce lieu et il n’y a pas vraiment de traces de quoique ce soit. Cependant, fait important : l’entrée est scellée. Un large pan de pierre taillée barre la route, empêchant notre progression dans le temple souterrain.


« La voie est close. » prononce Jiahao.

Je me permets d’un geste d’enlever les lianes qui courent le long de cette pierre circulaire, histoire de voir ce qu’il y a marqué dessus. Au centre, de façon peu surprenante, il y a le caractère du Tao : « 道 ». En haut et en bas, il y a la présence de ce qui est appelé communément par les étrangers : le yin et le yang. Sur les côtés, des caractères désignant les points cardinaux et les éléments qui y sont associés. Et enfin, tout autour de ce sceau, il y a une succession de symboles parfois peu visibles à cause de l’usure.

Je prends l’initiative d’utiliser un peu de magie pour relancer les deux braseros qui se tiennent des deux côtés de l’accès. Avec quelques bouts de bois, les restes de charbon et de magie du feu, cela devrait permettre d’éclairer un peu mieux.


« Je vais essayer de décoder ce sceau… Il doit bien y avoir une raison pour laquelle il est là. » dit-elle, soudainement prise de la fièvre du chercheur.

Pendant ce temps, Jiahao et moi montons la garde. La jungle est un environnement hostile et quelque chose me dit que cela va se confirmer bientôt. On ressent une forte présence. L’air est lourd, et ce n’est pas que du fait de l’humidité de la région.


« Huayan, peux-tu essayer de forcer le sceau ?
- C’est-à-dire ?
- Fait rouler le sceau sur les côtés ou ouvre-le, de force.
- Je peux essayer, oui. »

Je quitte Jiahao un instant.

Je me focalise sur la porte. Xinya s’écarte. Je projette mon esprit autour de ce sceau qui bloque la cave. J’essaye de le faire rouler sur la droite. Il y a une énorme résistance. Je continue de forcer mais rien ne se passe à part que la pierre craque et se fissure un peu à certains endroits sous la pression de mon emprise.

On va essayer dans l’autre sens.

Je refais le même exercice. Rien ne se passe. Je n’ai pas envie d’abîmer trop cette unique porte d’accès donc je passe à l’écartement. Je tente de séparer du mieux que je peux… Mais la pierre reste entière et tient bon. Je sens une résistance magique en plus du mécanisme.


« Il y a de la magie autour de ce sceau. Il a été scellé de l’intérieur… Il faut trouver comment l’ouvrir de l’extérieur.
- Hum… Je vais essayer de déchiffrer les caractères pour voir ce que le sceau dit.
- Tu veux de l’aide ?
- J’aimerais bien, mais je préfère que tu aides Jiahao pour la garde… Si on est attaqués, nous sommes mal équipés pour tenir longtemps.
- Très bien. »

Je retourne en bas des quelques marches avec Jiahao. De l’extérieur, l’entrée n’est pas si impressionnante, sceau mis à part, l’intérieur promet d’être plein de surprises, c’est presque sûr. L’entrée scellée a été enchantée. Une pierre telle que celle-ci, j’aurai pu la forcer, j’en suis presque sûre. Là, j’ai à peine réussi à lui faire de petites fissures… Trop risqué de passer par la force. Cela pourrait enclencher des pièges.

En parlant de force, il va nous en falloir car au fil des minutes qui passent, d’étranges lueurs apparaissent dans la jungle. Et ce ne sont pas des lucioles. Jiahao et moi savons très bien de quoi il s’agit… Et manifestement, le fait que nous tentions d’entrer dans les lieux les intéressent beaucoup.

Au début, ils semblent attendre… Et puis au fur et à mesure ils se rapprochent. Lentement, ils glissent le long de la pente. On sent des bruissements. Ils sont plusieurs. Sinon ce serait trop facile bien sûr…


« Tout va bien de votre côté ?
- Des sans-cœurs approchent ! Dépêche-toi de trouver un moyen d’ouvrir ! » lancé-je tandis que je sors déjà mes armes blanches pour combattre ces affreuses créatures.

« J’espère que tu es en forme Huayan.
- Contre les sans-cœurs, toujours.
- Tâchons de les garder à distance pour garantir la sécurité de Xinya.
- Avec plaisir. »

Sur ces mots, il s’élance, faisant tournoyer sa lance dans les airs pour finalement frapper un grand coup sur un petit sans-cœur qui n’a rien vu venir. Il enchaîne ensuite des frappes dignes des grands maîtres d’arts martiaux. Ne le laissant pas seul, je commence à faire projeter les flammes du brasero pour créer un demi-cercle fasse à nous. L’objectif étant d’éloigner ces bestioles des ténèbres.
J’en profite pour rajouter quelques éclats de flammes de mes mains pour alimenter notre protection embrasée. La jungle est humide, cela ne fonctionnera pas longtemps : il n’y a pas assez de combustibles secs. Quelques sans-cœurs couinent face à ce tour de magie et reculent, mécontents et enragés.

D’autres, plus malins, grimpent dans les arbres pour bondir par-dessus les flammes et nous attaquer des hauteurs. Ils fallaient vraiment qu’ils construisent le temple ici ?


« Attention ! En haut ! » crié-je pour prévenir Jiahao.

Ce dernier lève l’acier de sa lance vers le ciel pour laisser simplement le chétif sans-cœur dessus pour rejoindre immédiatement le néant. J’en saisis deux autres en un battement de cils et ils s’enfoncent avec force dans les flammes pour disparaître à leur tour. L’espace d’un court instant, nous profitons d’une maigre accalmie pour reculer et retourner sur les marches de pierre envahies par les plantes grimpantes.

Cependant, ce calme n’est que de courte durée.

Bientôt, de nouveaux yeux jaunes apparaissent dans la végétation, plus nombreux, plus gros aussi. A travers le rideau de flammes, des sans-cœurs ayant adoptés une forme féline se fraient un chemin jusqu’à nous. Jiahao ne se laisse pas impressionner et se prépare à riposter.

Les trois bêtes de ténèbres s’avancent lentement vers nous, se préparant à bondir. Je profite de leur concentration pour user des plantes grimpantes qui viennent s’accrocher soudainement à leurs pattes arrière. Jiahao s’élance alors pour planter sa lance dans une créature. Elle ne disparaît pas, mais elle est blessée et essaye de donner des coups de griffes tout en se débattant comme les autres pour s’échapper.

J’en maintiens une plaquée contre les marches de pierre, je l’écrase grâce aux racines épaisses et dures. Quant à la troisième, je la projette en arrière et l’enserre de flammes qui ont bien vite fait d’avoir raison du sans-cœur qui s’évapore. Jiahao continue de donner des coups de lance à sa cible.

Il recule d’un pas puis jette sa lance qui vient transpercer le monstre, qui disparaît à son tour. Il saute presque par terre pour récupérer son arme et reprendre une position défensive, prêt à répondre à la moindre agression. Avant que d’autres n’arrivent, je tue l’enracinée.

A nouveau, nos yeux cherchent à savoir quels yeux jaunes vont nous sauter dessus. Dans une vaine tentative de les éloigner, j’essaye de dresser brièvement les flammes encore plus haut. Elles reculent de quelques pas, avant de se rapprocher encore.


« Xinya, il va falloir que tu accélères, il y a trop de sans-cœurs !
- Je fais ce que je peux, le mot de passe est un poème et je dois m’en rappeler !
- De quel poème il s’agit Xinya ? » demandé-je sans quitter des yeux les monstres de l’autre côté des flammes.

Soudainement, plusieurs créatures sautent des arbres en hauteur pour atterrir devant et autour de nous. Je regarde Jiahao un bref instant avant de lui ordonner :


« Va à la porte avec Xinya, maintenant ! »

Il hésite un instant puis saute vers l’arrière pour se replier près de notre acolyte qui tente d’ouvrir la porte du temple oublié. Nous sommes encerclés et les flammes ne servent plus à grand-chose. Il va falloir que j’use de mes pouvoirs, un peu plus… Toujours plus pour les renvoyer là d’où ils viennent.

Après un bref instant, ils commencent à s’élancer sur moi. Je les repousse en les faisant voltiger dans les airs… Mais quelques roulades et une chute ne suffisent pas à les renvoyer dans le néant. Ils reviennent constamment, comme un flot sans fin que je réprime du mieux que je peux. Plus cela s’amplifie, plus je me concentre et je plus je gagne en puissance.


« Huayan, tu connais le poème de Bai Juyi qui s’appelle : « 花非花 » ?!
- Oui, mais je suis légèrement occupée là ! » répondis-je tout en gardant ma concentration sur nos agresseurs.

Je profite d’une nouvelle vague de sans-cœurs mineurs sur moi pour générer une onde de choc avec moi-même en tant qu’épicentre. Les pierres se fissurent, les branches se déchirent et les sans-cœurs volent dans tous les sens pour aller s’écraser lourdement sur le sol.

Je joins les mains et me concentre mon concentrer une force psychique majeure en un point. Je le fais avec vitesse et application car les sans-cœurs vont bientôt revenir à la charge. J’augmente la pression, encore et encore, comme une casserole sur le feu.

Lorsque les premiers sans-cœurs se relèvent et se préparent à sauter sur nous pour nous submerger par le nombre. Je relâche l’implosion qui déchire le silence de la nuit, quelques arbres à proximité sont touchés et commencent à s’effondrer sur nos ennemis tandis que d’autres ont simplement disparu dû à la puissance libérée sur eux.

Je n’attends pas de contempler l’état des créatures, je me retourne et gravie les marches pour rejoindre mes deux compagnons d’aventure. J’arrive à leur niveau, Xinya concentrée sur le poème.


« Le poème est la clef pour ouvrir ?
- Oui ! Je connais le début, mais pas la fin… Aide-moi s’il te plaît !
- Commence ! »

Je jette un œil vers ces yeux jaunes inquiétants qui commencent à se rassembler suite à ma dispersion forcée. Ils ne vont pas tarder à se jeter sur nous. Comment se fait-il qu’il y en ait autant ici ? Ils semblent attirer par nous… Ou autre chose ?

« 花非花 – The bloom is not the bloom »

Jiahao chope en plein vol un sans-cœur sauteur et le transperce au sol d’un coup bien placé.

« 雾非雾 – The mist is not the mist »

Je lance une boule de feu en bas des marches pour tenter de freiner les plus lâches.

« 夜半来 – At midnight she comes »

Je récupère des morceaux d’écorces arrachés par l’explosion psychique pour les utiliser comme pieux à projeter sur les créatures aux yeux jaunes.

« 天明去 – And goes again at dawn »

Une nouvelle panthère ou tigre enténébré se dresse devant nous après avoir bondi à travers les flammes. Jiahao s’empresse de la charger tandis que j’éloigne les autres adversaires en les brisant en deux dans les airs pour qu’ils s’évaporent. Sales monstres !

« Huayan, la suite s’il te plaît ! » appelle Xinya.

Je me concentre sur mes souvenirs. Bai Juyi est un des grands poètes classique… Des textes simples. Il faut penser simple, proche de la vérité. Je le retrouve bien vite au fin fond de mon esprit.


« 来如春梦几多时 – She comes like a spring dream – How long will she stay ? »

Xinya a les yeux qui s’illuminent, signe qu’elle se rappelle certainement la suite, je me retourne vers le combat. La panthère disparaît, Jiahao se replie tandis que je continue de briser les nuques des sans-cœurs à la chaîne.

« 去似朝云无觅处 – She goes like morning cloud without a trace. »

Et alors que Xinya finit le poème. Nous entendons un grondement dans la pierre. Je jette un rapide coup d’œil pour voir de quoi il s’agit. Les caractères gravés, tels des runes, s’illuminent d’une lueur blanche alors que le mécanisme se met en route.

La porte s’ouvre enfin. Xinya s’empresse de rentrer suivie par Jiahao et moi-même. Lorsque nous sommes du bon côté, nous continuons de maintenir les bêtes des ombres à distance pour les empêcher de s’engouffrer dans ce lieu sacré.

Après un bref moment de pause, les lourdes pierres se remettent en marche et se referment : j’ai à peine le temps de lancer une sphère explosive pour disperser une bonne fois pour toutes les aberrations qui tentent de nous poursuivre.

Le calme revient, le silence aussi. Seules nos respirations, quelque peu rapides après cet instant d’inquiétude et d’adrénaline, se font entendre. Nous nous appuyons sur les parois fraîches et humides de la terre.

Nous sommes dans un escalier sculpté à même la pierre, qui descend dans les profondeurs. Les murs du tunnel et le plafond sont restés « bruts », à peine taillées. Seules deux idoles de dieux ayant perdues leurs couleurs réparties de chaque côté de cette entrée nous confirment que nous sommes bien dans un temple taoïste.


« C’était moins une… Merci vous deux. » avoue Xinya, légèrement secouée.

Instinctivement, je lui caresse un peu l’épaule pour la rassurer tout en souriant un peu.


« Ne t’en fais pas trop, je ne les aurais pas laissés vous faire du mal. » dis-je, tout en regardant Jiahao au passage.

Ce dernier se redresse et descend quelques marches pour inspecter un peu les lieux. Des lumières viennent d’en bas, mais nous ne pouvons pas vraiment voir de quoi exactement de là où nous sommes. Y a-t-il une chance pour que l’endroit soit encore habité par des prêtres ou des moines ?

On entend le murmure discret de l’eau, ou plutôt ses échos, le long des parois. Nous décidons d’avancer, sur nos gardes malgré tout. Marche après marche, nous descendons vers le temple souterrain. Si des sans-cœurs étaient à l’extérieur, peut-être que certains ont pu se glisser ici pour troubler la quiétude des lieux.


« Cela me paraît bien lumineux pour un souterrain… » glisse Xinya pendant notre descente.

Elle n’a pas tort. Et bien vite, nous comprenons qu’il ne s’agit pas d’un temple dans la terre. Nous ne sommes qu’à un passage vers « autre chose ». Un nouvel espace perdu et oublié dans le temps, ici et ailleurs à la fois.

En bas des escaliers, c’est silencieux et submergé par la singularité des lieux que nous découvrons ce temple d’autrefois. Une multitude de bâtiments en pierre, parfois troglodytes, parfois extérieurs portent les signes des offices passés tandis qu’un dédales de marches taillées à même la roche circule pour relier cet ensemble architectural pour mener à ce que j’imagine être la structure principale.

Le temple n’est qu’en partie souterrain : nous sommes dans une sorte de canyon à moitié couvert par la pierre, l’autre partie étant camouflée par la canopée : la lumière de la lune passe à travers les feuilles pour donner quelques écrins de lumière bienvenus dans les profondeurs.

Nous sortons de notre surprise pour avancer de quelques pas sur une cour circulaire. En face de nous, un petit pavillon de pierre. A droite, la route sous la canopée menant au temple principal et à gauche, les escaliers vers les salles d’en bas, dans la terre elle-même.

La végétation a envahi les lieux, les plantes grimpent et profitent des fissures de la pierre pour se glisser partout. S’il y a encore des habitants ici, ils ne sont plus assez nombreux ou en âge d’entretenir les lieux comme à l’époque.

Cependant, la présence de quelques braseros allumés, disséminés un peu partout dans cette étroite vallée, nous informe qu’il y a encore « quelque chose » qui réside ici. Jiahao se dirige instinctivement vers la gauche pour observer où mènent les escaliers. Les ténèbres sont épaisses à cette heure-ci, difficile de cerner clairement ce qui se trouve en contrebas.


« Vous pensez qu’il y a des pièges ici ? » demandé-je à mes deux amis.

Xinya se retourne vers moi, l’air dubitative.


« Je ne pense pas… C’était un temple, certes isolé, mais pas particulièrement dangereux d’après les écrits. »

« Je pense qu’il est plus intelligent d’aller au temple principal d’abord. Si des gens habitent encore ici, ils doivent être proches de lui.
- En effet, faisons cela. »

D’un air entendu, nous partons donc sur notre droite, dans la partie la plus lumineuse. Nous empruntons les marches sculptées abîmées par le temps, le ruissellement des eaux de pluie et l’abandon apparent des lieux. Une légère brise se lève et fait murmurer les feuilles des arbres au-dessus de nous. Ils sont très hauts, loin. Comme un plafond de verdure.

En silence, nous marchons lentement mais sûrement vers le temple principal dont la silhouette devient de plus en plus nette au fur et à mesure que nous progressons entre les bâtiments abandonnés plongés dans le noir.

Un temple de cinq étages construit au milieu d’un lac naturel, le bruit de l’eau est intensifié par la fine cascade qui l’alimente. Une « porte », une structure en bois traditionnel, nous indique qu’il y a un chemin pour traverser et rejoindre l’épicentre des lieux.

L’édifice, éclairé par quelques braseros et par la Lune, semble mieux entretenu que le reste. Seules les tuiles des cinq étages sont recouvertes d’une fine couche de verdure. J’aperçois brièvement une forme humaine, mais elle disparaît aussitôt : je ne suis pas vraiment sûre de ce que j’ai vu.

Nous arrivons enfin sur le passage. Quelques dalles posées sur l’eau, couvertes d’herbe fraîche, puis un nouvel escalier qui mène à l’entrée du temple principal. Il n’y a pas de pièges apparemment… Ou alors, nous ne les soupçonnons pas. Après tout, les religieux en ermitage mettent rarement des défenses partout, ils sont isolés et loin de tout.

Alors que nous arrivons sur l’îlot artificiel au milieu du lac, les portes du bâtiment s’ouvrent. Nous apercevons des bougies rituelles allumées sur une table devant une statue de notre guide à tous, Laozi. Instinctivement, nous saluons respectueusement la figure qui a créé notre religion. Puis nous décidons de rentrer.

L’intérieur est entretenu. L’endroit est pauvre, et il n’y a rien de superflu. La sculpture est en excellent état : cela tranche avec le reste des sites abandonnés que nous avons aperçu en venant jusqu’ici. Il y a quelqu’un ou quelque chose ici, c’est presque certain désormais.

Après un rapide recueillement fait avec ferveur et sérieux, Jiahao se tourne vers les escaliers menant aux étages :


« Je vais aller voir, restez-ici en attendant que je redescende. »

Et soudain, une voix nous vient de derrière nous, sur le seuil de la porte :

« Inutile, vous ne trouverez rien en haut. »

Nous nous retournons pour voir qui est le propriétaire de cette voix rassurante, calme… Mais surtout inconnue.

Un homme, visiblement âgé et en habits de moine taoïste se tient devant nous à l’aide d’un bâton. Si Laozi n’était pas parti il y a des siècles, je croirais que c’est son sosie, tenue à part. Une fine barbe blanche aux reflets gris achève de terminer cette ressemblance troublante. Il brise le silence en nous approchant de plus près.


« Je ne voulais pas vous déranger pendant vos salutations à notre maître à tous, Laozi. Je suis content de voir des croyants se présenter après tant d’années. »

Il marche lentement, non du fait de la vieillesse, mais par envie. Il semble se laisser porter par une énergie que je ne saurais définir. C’est un sage, un ancien. J’ai toujours été admirative de ces gens capables de se détacher du commun des mortels avec pour but de s’élever au niveau d’un « ailleurs » mystique parfois inconnu.

« Quels sont vos noms, courageux visiteurs ?
- Courageux ?
- Vous avez pu rentrer, vous avez pu donc déjouer les pièges et risques de la jungle. » répond-il en souriant très légèrement.

Il tourne son regard vers moi. En temps normal, j’aurai tendance à me protéger de ces yeux qui cherchent à lire en moi, mais en tant que taoïste, je le laisse faire. J’ai envie qu’il voie en moi et qu’il soit émerveillé des dons que le Tao m’a confié.


« Mon nom est Jiahao. Je suis un prêtre taoïste et un maître du Tai Ji Quan. Voici Long Xinya, une taoïste qui s’évertue à explorer notre alchimie rituelle et voici…
- L’Impératrice Céleste Éternelle Meng Tian. »

Un léger silence s’installe parmi mes confrères surpris par la connaissance de notre hôte. Je suis moi-même perturbée mais je pense que notre « ami » a beaucoup de choses à nous apprendre sur sa situation et son savoir du monde.

« Comment le savez-vous ? » demande Jiahao, étonné.

Le vieil homme s’assoit sur une simple chaise et sourit.


« Je n’ai pas besoin de sortir pour connaître l’état du monde, mes enfants. Vous êtes au cœur d’un lieu qui a su aller très loin dans la compréhension de la Voie et des enseignements de notre maître. » prononce-t-il lentement tout en regardant la statue dorée de Laozi.

« Sans franchir sa porte, connaître le monde entier. Sans regarder par la fenêtre, entrevoir le chemin du ciel… Plus on voyage, plus la connaissance s’éloigne. C’est pourquoi le sage connaît sans se mouvoir, comprend sans examiner et accomplit sans agir. » répète-t-il.

Pour nous, il est facile d’identifier les paroles de Laozi.


« Je dois dire que je suis honoré de faire votre connaissance, Votre Majesté. Je ne vous cache pas que c’est la première fois que je rencontre un membre aussi éminent de la famille impériale.
- Nous sommes loin de la cour, Maître. Vous pouvez m’appeler par mon vrai prénom, je n’en serai pas offensée.
- Bien, bien. »

Il se redresse et vérifie que les bougies continuent de brûler normalement. La cire rouge coule peu à peu, lentement mais sûrement.

« Que peut le Maître du Temple de la Nuit pour vous ? » demande-t-il tout en surveillant les bougies et l’état de la statue.

« Racontez-nous l’histoire de cet endroit, s’il vous plaît. » demandé-je immédiatement, envahie par la curiosité des explorateurs en herbe.

Il ricane gentiment dans sa barbe avant de se retourner vers nous, puis vers la chaise. Il nous présente des coussins pour nous asseoir.


« Même un résumé risque de durer un certain temps, vous devriez vous mettre à l’aise. » annonce-t-il.

Modestement, nous obéissons et nous asseyons. A la lueur des bougies, le visage de l’homme semble prendre une nouvelle expression, une figure plus joyeuse. Pas mélancolique ou triste, seulement un certain plaisir à raconter ce qui fut.


« Il y a des siècles de cela, la Dynastie Han s’est effondrée. L’un des éléments déclencheurs fut la Révolte des Turbans Jaunes. Comme vous le savez probablement en tant que personnes instruites et taoïstes, ce mouvement sectaire de notre religion avait de bonnes intentions… » commence-t-il calmement.

« Mais s’est vite perdu dans l’extrémisme, la violence et le chaos. » achève-t-il sur un ton un peu plus sérieux.

« Réprimés et renvoyés devant leurs responsabilités, les chefs de cette révolte sont morts. Cependant, certains des membres moins importants de la secte ont décidé de faire amende honorable en s’écartant des affaires politiques et en créant ce temple isolé dédié aux ermites et à la cultivation de soi. Les premiers maîtres des lieux étaient des hommes qui avaient une conscience alourdit par les années de guerre mais qui pensaient pouvoir se racheter en construisant un lieu de paix. » explique-t-il alors.

Il détourne son regard pour regarder l’entrée du pavillon, comme s’il voyait les gens d’autrefois fouler encore les lieux. Cet homme est plein de souvenirs, d’anecdotes et d’histoires, c’est presque certain.


« Le nom du temple n’a pas été choisi par hasard, nous avons suivi les enseignements de notre Maître qui a atteint ce que nous souhaitons tous : un état supérieur, éclairé et libéré des tourments terrestres. « Son esprit devint aussi vaste et incommensurable que le ciel nocturne. ». Le Temple de la Nuit a eu pour tradition d’atteindre cet objectif : l’ouverture de notre esprit a bien plus.
- Et vous avez réussi.
- Oh, oui. Dans une certaine mesure. » répond-il tout en souriant légèrement.

« Votre quête de connaissances est noble, vous trois. Vous avez déjà une discipline, un esprit aguerri. Je décèle cependant une grande puissance, un pouvoir au cœur de votre être, Songzi Huayan. » dit-il tout en me regardant avec un regard désormais plus perçant.

Xinya s’empresse d’appuyer la curiosité du gardien des lieux.


« Notre amie est un maître dans l’art d’user de son esprit. C’est la plus puissante taoïste que j’ai vu de toute ma vie, capable de choses que vous ne pouvez imaginer. » tente t-elle.

Le vieil homme se tourne vers elle, toujours calme et posé :


« Oh si, j’imagine très bien. »

Sans bouger ni faiblir et sans un mot, la poussière du pavillon se met en mouvement. Tournoyant autour de nous pour former une tornade silencieuse, lente et gracieuse. Puis, lorsque l’étonnement laisse place aux questionnements, elle disparaît à travers la porte pour rejoindre l’extérieur. Xinya se tourne vers moi pour savoir si c’est moi qui fait ça, mais en l’occurrence : non.

« Vous avez encore des choses à apprendre, nous avons tous toujours quelque chose à apprendre. » dit-il, toujours assis.

« Vous êtes venus en quête d’un savoir caché et je ne vais pas vous empêcher de l’atteindre : vous voulez vous rapprocher de la Voie et qui suis-je pour vous arrêter ? » reprend-il.

« Je veux bien vous accompagner cette nuit dans votre voyage, mais je dois malheureusement vous imposer deux conditions.
- Nous les respecterons.
- Bien. »

Je sens que Xinya est animée par une énergie invisible, une curiosité et un désir de connaissances, de découvrir des secrets cachés. Elle dédie sa vie à trouver des réponses à ses questions et le fait que nous soyons éventuellement à porter de ces derniers la fait frémir d’impatience.

« La première : jamais vous ne devrez parler de nous, à quiconque. Personne ne doit savoir où est le Temple de la Nuit et s’il y a encore des êtres y résidant. Si l’on vous pose la question : les prêtres et les moines ne sont plus là, les lieux sont abandonnés.
- Vous n’êtes pas seul ici, maître ?
- Chaque chose en son temps, mon enfant.
- Oui, pardon.
- La seconde condition : Songzi Huayan devra me montrer l’étendue de son esprit et si elle est capable d’instrumentaliser l’état ultime de la méditation taoïste. Si vous y arrivez, je vous dirai où trouver ce que vous cherchez ici. Si vous échouez… Hé bien vous devrez vous débrouiller seuls. Et le temple est grand… Très grand. »

Il sourit vaguement puis se lève, toujours avec cette énergie étrange. Je ne saurais comment nommer ce qui se dégage de lui. C’est comme s’il était là et ailleurs en même temps. Comme si le maître était habité par une aura… Mystique ?

« Suivez-moi, allons passer votre leçon ensemble. »

Nous décidons de lui suivre dans une pièce au premier étage. Nous montons prudemment les escaliers de bois un peu étroits pour le rejoindre, le grincement des marches nous rendant très délicats dans nos appuis. C’est une salle de méditation, en très bon état elle aussi par rapport aux restes des sites abandonnés.

L’ambiance des lieux est… Clair obscur disons. La lumière de la Lune passe à travers des vitraux qui semblent amplifier légèrement son rayonnement, permettant ainsi de voir sans bougies. Cependant, cela n’empêche pas qu’il y a une luminosité plutôt faible et que de nombreux espaces sont plongés dans le noir le plus total. On entend vaguement le bruit de la cascade, si l’on se concentre suffisamment.


« Voici la porte vers l’ultime maîtrise de votre esprit. C’est ici que vous franchirez un nouveau pas dans votre quête de savoirs. Prenez des coussins ! Méditons tous ensemble. » annonce-t-il le sourire aux lèvres.

Xinya et Jiahao se mettent en position, non sans échanger quelques regards interrogateurs : quel est l’objectif du gardien ? Alors que je m’apprête à faire de même, la voix du vieil homme résonne dans mon esprit.


« Vous connaissez la méditation taoïste, allez au maximum. Trouvez le fleuve et laissez-vous emporter dans son immensité, ne devenez qu’un. La Voie sera claire à ce moment-là. Je vous attends dans l’eau. »

L’eau.

Cet élément si important pour nous, taoïstes. L’eau, le fleuve, sont souvent utilisés comme des métaphores pour exprimer l’univers et comment « flotter » avec aisance. La Voie serait donc à sens unique, s’y opposer ou résister à ses flots reviendrait à lutter contre le destin lui-même. La suite logique des choses.

Il faut donc suivre les courants pour nager à son avantage.

Que le vieux maître sache utiliser la télépathie ne m’étonne guère, à ma grande surprise. Lorsque j’étais enfant, je me souviens que Xupeng m’avait fortement conseillé de faire de la méditation pour canaliser mes pouvoirs innés qui apparaissaient peu à peu… Même si j’ai réussi à les réguler, les contrôler ainsi, mes capacités ont été décuplées avec le temps.

Il est probable que cela soit pareil pour le gardien des lieux.

Un peu contraints mais souhaitant en apprendre plus, nous nous plongeons dans cette introspection spécifiquement demandée par le maître. Avant de fermer les yeux, je ne peux m’empêcher de ressentir une énergie si particulière au sein même de ce dernier. Quelque chose de mystique… De surnaturel presque.

Et alors que mes yeux se ferment, il est temps de chercher au fond de moi-même cet état. La méditation n’est pas une activité reposante. Elle permet de s’apaiser, de chercher la vérité et la paix intérieure : l’harmonie. Nous oublions le stress, la peur et toute émotion. Le calme.

Nous marchons sur un lac, une nuit sans lune. Cette vaste étendue d’eau reflète le ciel obscur sans aucune imperfection, un miroir. Un miroir parfait. Nos chemins se quittent et nous regardons sous nos pieds, dans les profondeurs des eaux de notre esprit.

Chacun a sa technique. L’une d’entre elles, que j’affectionne beaucoup est de créer un lieu de repos en notre sein. Un endroit que l’on tire de la réalité ou de l’imaginaire. Je me retrouve donc dans un grand manoir chinois traditionnel, de nuit toujours.

Les lumières sont éteintes et la pleine Lune a fait son apparition haut dans les cieux. Je marche le long des bâtiments, dans un couloir extérieur menant à mon « jardin secret » comme j’aime tant l’appeler. Un petit cheminement de dalles finement taillées, s’avançant dans un étang.

De chaque côté, un saule pleureur. Des nénuphars et des lotus en pagaille à plus d’un mètre du centre où trône l’un des symboles du taoïsme peint sur les pierres communément appelé le « yin et le yang ». C’est ici que je me remets en position de méditation, dans cet espace sûr et privé.

L’eau.

Je repense à ce qu’a dit le maître. Il faut se laisser guider, flotter au gré des courants. Je continue de fouiller en moi, de chercher cette énergie et de la cultiver. Une force silencieuse, puissante au sein de chaque individu, chaque être. Il ne tient qu’à nous de l’élever et d’arriver à l’user.

Il n’y a pas un bruit. Je ferme encore une fois les yeux. Je me concentre. J’essaye de sentir la « Voie » dont parle le maître avec tant de calme. Je me pense en poisson dans les flots de ma conscience, mais bien vite je sens comme une limite.

Je sens l’énergie en moi. Je suis au plus près d’elle. Je n’arrive pas à aller plus loin. Je ne sais pas vraiment ce que je dois faire à cet instant, comment franchir la barrière ? Comment aller au-delà de cette source ? Est-il seulement possible de ressentir au-delà ?


« La limite existe-t-elle vraiment ? » retentit la voix du maître, comme un écho autour de moi.

Qu’entend-il par-là ?

La limite est-t-elle réelle ? Je crois que oui… Du moins, c’est ce que j’ai toujours cru. Cette limite serait-elle une création de mon propre esprit ? Comme une frontière qu’il aurait créé seul, inconsciemment ?

Je décide alors de changer d’approche : je lâche prise. Je deviens unie à cette source au fond de moi. Je me laisse guider, je cherche à la ressentir. Elle se déploie en moi, dans chaque filament de mon être.

La seule façon d’accomplir est d’être a dit Laozi.

L’union. Il faut chercher à se synchroniser, je dois me laisser absorber pour pouvoir me mouvoir pleinement. La solution est là, je ne dois pas survoler le fleuve, je dois plonger dedans entièrement.

Je lâche tout contrôle tout en maintenant ma concentration sur la méditation. Je sens l’énergie grandir comme jamais auparavant. Je la sens partout, de plus en plus forte, de plus en plus loin, de plus en plus puissante. Je ne connais pas cette sensation si étrange.

Pourtant, je la laisse faire. Je me sens glissée vers un autre état. Un autre plan, mon esprit a accès au corps, au monde, à l’univers. La Voie est partout, la Voie est tout et rien à la fois. Je ne fais qu’un avec elle. Je fais partie d’elle.

J’ouvre les yeux.

Je flotte dans la salle de méditation. Jiahao et Xinya sont là. Je suis légèrement en hauteur. Le maître est en face de moi. Les mains jointes dans le dos, souriant. Flottant lui aussi, son corps étant légèrement… Transparent, comme un esprit…

Comme devinant mes pensées, il écarquille légèrement les yeux et d’un signe de tête désigne ce qu’il y a en-dessous de moi. Je m’exécute et voit… Moi ? C’est moi !

Je suis morte pendant la méditation ? Je me sens paniquée. Le maître s’approche vite de moi et m’aide à me calmer :


« Vous avez réussi ! Vous avez atteint l’un des plus puissants pouvoirs de la méditation !
- Je suis… Décédée ?
- Bien sûr que non ! Approchez de votre corps, il est encore vivant. »

Je me dépêche de descendre pour me mettre à genou devant moi. Je vois ma respiration. Lente et concentrée. Je ne suis donc pas morte… Alors qu’est-ce que je fais à flotter dans les airs ? Comment je retourne à moi ? Qu’est-ce que c’est que cet état ?

Je me retourne vers le maître. Lui aussi son corps a l’air normal, pourtant je vois son âme flottée comme la mienne dans la pièce. Il me regarde, toujours légèrement souriant. On dirait qu’il est fier.


« Je ne m’étais pas trompé sur vous. Quel dommage que nous ne nous soyons pas connus plus tôt. De multiples questions doivent vous assaillir à présent, je vais essayer d’y répondre pour être passé par-là moi-même. » commence-t-il tandis que je ne me sens toujours pas bien dans cette situation.

« Nous ne sommes pas morts. Nous avons uni nos esprits avec le Tao, l’Univers, le rien et le tout. Nous avons déployé nos esprits au-delà des limites de notre corps. Tout le monde ne peut pas faire cela. Notre esprit suit les flots de la réalité et ainsi, il peut voguer sans les contraintes du monde matériel. » continue-t-il, toujours posé.

Il est vrai que c’est peut-être l’absence de corps qui me fait me sentir mal à l’aise pour le moment. J’essaye de rester calme : si nous sommes toujours en phase de méditation, il faut rester concentrés sinon je ne sais pas ce qui pourrait se produire sous cette forme…


« Nos corps sont des ancres. Nos bateaux peuvent s’éloigner mais il faudra toujours revenir à elles… Mais avant cela, je vais vous montrez comment voyager sans bouger d’ici. » conclut-il.

Et ainsi, il m’invite à le suivre toujours en flottant dans les airs. J’ai envie d’en savoir plus, alors je le suis non sans jeter un dernier regard vers mon corps… Et c’est une sensation des plus étranges, je dois l’admettre.

J’ai mon cerveau qui est mobilisé comme rarement auparavant et pourtant j’ai la sensation d’être apaisée, calme.

Nous partons vers l’extérieur, traversant les murs sans aucun problème, aucune résistance. Je ne peux m’empêcher de dire :


« C’est comme ça que vous m’avez « suivi » sans bouger d’ici, n’est-ce pas ?
- En effet, mais avec une certaine prudence quand même ! Il arrive que des gens peuvent nous voir, même sous cette forme. Suivez-moi ! »

Et d’un coup, son esprit flotte vers le ciel nocturne. Haut ! Très haut ! Je décide de le suivre. Nous franchissons la pierre, les feuilles, les arbres et la terre. Bientôt, nous sommes dans la jungle, puis après nous côtoyons la Lune.

Je vois le monde tel qu’il est, ceci semble si réel et surréaliste à la fois. Une masse verte, et au loin les montagnes.


« Continuez ! Continuez ! »  crie t-il.

Et bientôt, aussi fou que cela puisse paraître, nous sommes sur les Routes Stellaires. Nous apercevons même un vaisseau de la Shinra, au loin. Je suis dans l’espace et pourtant je ne suffoque point, je ne meurs pas de froid. Enfin… Suis-je vraiment aussi vivante que l’entend le maître ?


« Vous avez débloqué un peu plus de votre plein potentiel, je suis ravi de vous avoir guidé sur une nouvelle voie encore inexplorée. Il n’y a pas de limite à cet état. Vous pouvez aller voir d’autres mondes, les étoiles… Tout.
- Peut-on interagir avec le monde matériel ?
- J’ai bien peur que la magie soit compliquée sous cette forme… Mais la puissance de l’esprit, elle, demeure. »

Les possibilités sont donc nombreuses. Alors que je m’apprête à m’aventurer plus loin, j’avoue que l’appelle de la raison me conjure de ne pas encore franchir le pas. Je ne suis encore qu’une apprentie de cette capacité extraordinaire.

« Pas aujourd’hui. Retournons donc rejoindre vos amis. Vous avez encore beaucoup à faire cette nuit. » invite le maître.

Nous retournons donc vers la Terre des Dragons. Avec une certaine précipitation et avec l’autorisation du professeur, je retourne dans mon corps. Lorsque je rouvre les yeux… Je suis entière. Je ne suis plus en esprit. Je suis moi, complètement.

Je n’ai pas bougé et pourtant, je suis exténuée. Mes amis sortent de leurs méditations aussi, non sans être dérangés par mes respirations irrégulières. Ils s’approchent de moi pour savoir si je vais bien, j’hoche machinalement la tête. Je vais bien. Je suis vivante.


« Votre amie l’Impératrice est une élève remarquable. Croyez-moi que je n’ai pas eu la chance d’avoir beaucoup d’étudiants avec autant de maîtrise et de potentiel… » reprend-il tout en caressant sa barbe, l’air pensif.

Il se tourne vers Xinya, l’air plus sérieux. Il a compris que nous n’étions pas ici par hasard. Nous cherchons quelque chose, quelque chose de précieux et qui jusqu’à présent est resté ici, confiné, caché.


« Nous voulons savoir si vous avez trouvé un moyen d’accomplir ce que nombre d’entre nous n’ont jamais pu. Avez-vous trouvé un moyen de devenir immortel ? » demande-t-elle, envahie par le désir de savoir la vérité.

Le vieux gardien se redresse.


« Suivez-moi. » dit-il simplement avant de retourner au rez-de-chaussée.

Nous le poursuivons presque avec attention, sans paraître trop pressés. Le mystère a assez duré, ma tête est à moitié retournée par l’expérience récente de pleine conscience. Il nous faut la réponse.

Il passe le seuil du pavillon et va dehors.

Derrière lui, nous fermons la marche. Il regarde le ciel, même si nous ne voyons rien ici. Sans se retourner, il commence un long discours.


« Vous devez comprendre que l’immortalité est une chose à ne pas prendre à la légère. Ne pas mourir est une chance autant qu’un fardeau qu’il faut porter chaque jour. Regardez autour de vous : j’ai vu la naissance de ce temple, j’y ai vu les beaux jours de plusieurs générations de taoïstes. Et puis, son abandon. Et aujourd’hui, je garde ces ruines qui furent autrefois le foyer de centaines d’autres. Je suis seul à présent. Oh oui ! Quelle chance d’être immortel. »

Il se retourne vers nous, l’air grave.

« Certains frères et moi avons trouvé un moyen pour rester en vie, une immortalité imparfaite. Aidés par les pouvoirs de nos esprits, nous sommes virtuellement devenus des êtres immortels, destinés à une vie éternelle mais condamnés à voir notre maison s’effondrer. Ce « cadeau » permet certes d’accéder à des choses que l’on ne pensait guère possible tandis qu’il est facile de se perdre sur la Voie et devenir quelque chose de plus sombre. »

Il pointe l’autre extrémité du temple, loin dans les ténèbres.

« Nous avons fait le choix de rester enfermés ici car notre savoir ne peut être confié à n’importe qui. Certains de mes frères me parlent encore, d’autres se sont reclus dans des parties secrètes tandis que quelques-uns ont sombré dans la folie et les ténèbres. Ils sont perdus. » avoue-t-il, fatigué et… Presque triste ?

Il nous regarde un à un, s’appuyant sur un bâton.


« Nous avons enfermé, transféré nos âmes dans des objets. Des réceptacles. Si nous mourons, notre corps se désintègre comme une feuille morte… Notre esprit retourne à cette « ancre », puis nous renaissons. Mon frère le plus puissant réside dans les profondeurs… Tuez-le et brisez son phylactère ! Le sien est un morceau de jade qu’il porte en guise de collier, un cadeau de son ancien maître… Détruisez-le, libérez-le de la folie qui l’a pris. » demande-t-il, se faisant plus pressant.

« En échange, je vous confierai le livre qui détient le secret du rituel et des réponses à vos questions. »

Je vois que Xinya a les yeux qui brillent à l’évocation du rituel, du livre et de cette immortalité « imparfaite » comme l’appelle le maître. Il va falloir descendre de nuit dans un temple à moitié en ruines… Pour vaincre un homme qui a su devenir artificiellement immortel.

Je sens qu’être trois ne sera pas de trop.


« Nous irons vaincre pour vous, maître.
- Je vous remercie. Je n’ai pas la force de le libérer… Seul. Ni le cœur je dois dire.
- Je crois que nous pouvons comprendre. L’amitié est un lien fort, qui ne disparaît jamais vraiment. »

Il hoche la tête, silencieux et visiblement abattu par ce qu’il vient de nous demander.


Dernière édition par Huayan Song le Lun 6 Avr 2020 - 12:04, édité 1 fois
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Sans plus de cérémonie, nous partons donc de la terrasse du pavillon principal pour retourner vers l’entrée du temple et ainsi tourner à gauche… Là où nous ne sommes pas allés en arrivant et à raison apparemment.

Nous reprenons donc le chemin à travers les ruines et les sites autrefois occupés. L’instinct à l’affût du moindre danger qui pourrait nous guetter dans l’ombre. Au fur et à mesure de nos pas, l’obscurité se fait de plus en plus forte jusqu’à ce que nous arrivions au point de non-retour.

Nous allumons des torches, trois pour être exact, que je fais léviter dans les airs pour nous permettre de tenir nos armes prêtes au cas où une embuscade arriverait sur nous d’une cave, d’un temple en ruines ou des rochers.

Toujours silencieux, nous descendons les marches une à une avec précaution. Il n’y a pas beaucoup de bruits ici. Il n’y a pas d’eau, à peine quelques ruissellements le long des parois. Il n’y a que de la roche, quelques mousses et champignons des cavernes et bien sûr des sites abandonnés.

Mais plus nous avançons, moins la civilisation se fait ressentir. Les marches deviennent de plus en plus abruptes, de plus en plus grossières. La cavité est immense. Après plusieurs minutes, nous tombons sur une structure singulière : une sorte d’entrée avec un autre escalier. Quelques vieux braseros sont encore là : nous les rallumons.

Le lieu est vide. Tous les instruments de culte ont été pris, pas d’offrandes, pas d’idoles, pas de livres. Rien. Juste des colonnes et des murs. Et un nouvel escalier.


« Vous pensez qu’il y a eu des prêtres ici autrefois ? » demande Xinya.

Le silence est moins pesant, brièvement. Jiahao ne répond rien, je décide de quand même réagir : elle est en état de stress je pense.


« Peut-être. Il faut rester sur nos gardes… On ne sait pas exactement qui réside ici désormais. »

Nous prenons les nouveaux escaliers.

Après une bonne quarantaine de marches, nous apercevons deux plateformes. L’une presque à notre niveau, la seconde semble encore plus loin. Une fine lueur nous parvient avec la distance, peut-être un feu de camp ? Ou un mince brasero ?

Cette première plateforme circulaire est assez… Grande. Et elle est travaillée, ce n’est pas simplement de la roche, il y un travail du sol qui est fait même si avec l’obscurité et la mousse, c’est difficile de le discerner.
Nous devons passer par celle-ci pour descendre plus. Le chemin nous y oblige. Nous nous avançons avec prudence et ce que je craignais fini par arriver.

Devant nous, plusieurs sans-cœurs abominables apparaissent. D’abord trois, puis six, puis neuf puis une dizaine !


« Restons groupés ! Xinya, reste près de moi ! » ordonné-je en tirant la manche de la jeune femme.

Jiahao est déjà en train de les charger en faisant tournoyer sa lance et plante un sans-cœur en pleine figure. Je tends la main et du bout de mes doigts des éclairs sortent pour aller percuter avec force les corps enténébrés des monstres.

Xinya a dégainé une sorte d’épée courte, un dao, prête à se défendre si besoin. Les survivants de l’attaque sont maintenus dans les airs tandis que Jiahao les transperce un à un pour les renvoyer au néant.

La situation est rapidement sous contrôle. Sauf que…

Sauf qu’un nuage noir se forme au centre du plateau et ce qui en sort ne me plaît guère. Deux sans-cœurs plus tordus et abjects l’un que l’autre. Le premier est une hérésie par essence : un monstre portant les habits cérémoniaux d’un prêtre taoïste. Le second semble être un guerrier de l’ancien temps, avec une vieille armure et des bras pourvus de lames qui ont remplacé ses mains.

Je sens que le combat va se compliquer.

Immédiatement, Jiahao se met face au guerrier obscur et invite Xinya à venir avec lui. Je comprends qu’il veut que je me charge du second qui n’a certes pas d’épée, mais qui a certainement une arme à nous opposer si ce n’est sa folie de s’en prendre à de fervents membres du Taoïsme.

Les deux créatures se séparent, prenant chacun leurs cibles respectives. Sans un mot, ni un bruit, ils cherchent à nuire. Des monstres à annihiler coûte que coûte. Des abominations à renvoyer aux Enfers, au Néant, ou ailleurs… Qu’importe ! Ils doivent trépasser.

D’un geste de la main, le monstre me projette des javelots de glace. Par instinct je les dévie avec aisance pour qu’ils s’enfoncent dans le sol. J’ne profite pour contre-attaquer et lui tirer dessus avec un sort de foudre. La bête qui lévite plonge sur le côté et les éclairs viennent percuter les parois rocheuses. Certains rochers de petites et moyennes tailles tombent et viennent s’encastrer plus bas.

Il voltige dans les airs et se rapproche dangereusement de moi. Ses yeux jaunes luisant aiguisent ma colère contre lui. Je récupère des pierres et je les projette sur lui avec énergie. Il en esquive plusieurs avant de s’en prendre une en plein torse. Il part au loin et disparaît plus bas. Pas sûr qu’il soit mort mais au moins je peux aller aider mes amis.

Ces derniers sont en train de défier en duel la créature. Elle est rapide, froide et semble maintenir en respect le pauvre Jiahao qui ne sait plus quelle attaque faire pour le déstabiliser. Les sans-cœurs ne sont pas des humains, ce sont des monstres.
Il ne m’a pas encore vu, je lance donc une nouvelle attaque de foudre qu’il esquive au dernier moment, cela laisse le temps au Consul de le charger et de lui planter sa lance dans son armure. La bête résiste et même à terre, cherche à transpercer Jiahao.

Je mobilise une grosse pierre bien lourde et épaisse que j’abats sur la tête du monstre. Après un bref instant, son corps se dissipe et rejoint les ténèbres. Jiahao reprend son arme, il souffle un peu. Il commence à fatiguer.

Mais ce n’est pas fini. Trois sans-cœurs reviennent avec les habits des anciens prêtres. Ils ont l’air agités et voltigent dans les airs dans tous les sens. Même avec les torches, il est difficile de suivre complètement leurs mouvements.

Ils nous bombardent de sorts. Des flammes, des éclairs et des javelots de glace. D’un geste, je renvoie Xinya à l’arrière, vers les escaliers pour qu’elle ne se fasse pas toucher par les attaques des monstres. Jiahao esquive du mieux qu’il peut en effectuant des roulades au sol.

Je forme un bouclier blindé devant moi pour bloquer leurs attaques, vaines contre moi mais pas contre mes amis. Je captive ainsi leur attention et cela me permet de réfléchir à une riposte. Et autant dire, qu’il va falloir quelque chose de malin pour avoir raison de ces créatures hérétiques.

J’ai une idée.

Je joins les mains et je me concentre sur l’espace qu’utilise les sans-cœurs pour faire leurs cercles infernaux. Je serre la pression, comme une force invisible et insondable que je rassemble au fur et à mesure des secondes tandis qu’ils continuent de me bombarder.


« Jiahao ! Protège Xinya s’il te plaît ! » crié-je un bref instant avant de relâcher mon pouvoir.

Je relâche, une implosion sourde fait trembler la pierre et propulse deux monstres vers moi tandis qu’un autre s’encastre sur une pierre pour disparaître. Plusieurs blocs de roche s’effondrent et tombent sur la plateforme pour l’abîmer encore plus. Je jette un œil en arrière : Jiahao et Xinya sont secoués, mais n’ont rien.

Je force encore un peu plus pour pilonner les deux créatures au sol avant qu’elles ne repartent en l’air. Après un moment, ils ne restent que la fumée noire. Je me retourne vers mes deux acolytes qui, je ne comprends pas encore pourquoi, mais courent dans ma direction l’air apeuré.

Une dizaine de sans-cœurs inférieurs surgissent des marches menant à la seconde plateforme en contrebas pour nous charger. Alors qu’ils s’apprêtent à se jeter sur nous, j’ai le temps d’un geste de la main de les projeter en arrière pour les renvoyer d’où ils viennent. Ils disparaissent : morts ou pas, ils sont tombés.


« Il faut rejoindre l’ancien frère du gardien du temple, sinon les sans-cœurs continueront de venir sans fin ! » annoncé-je au groupe, l’adrénaline du combat n’aidant pas à faire preuve de politesse ici.

Nous partons donc en courant vers les escaliers, toujours les armes dégainées pour descendre. Des sans-cœurs inférieurs se manifestent et je les renvoie constamment d’où ils viennent. Nous nous rapprochons de la lueur en bas, peu à peu. Marche par marche, monstre par monstre.

Nous apercevons une silhouette humanoïde en contrebas, proche de la flamme. Pour moi, il s’agit donc de l’homme que nous devons affronter et qui a probablement permis aux créatures des ténèbres de rejoindre ces lieux oubliés et autrefois sacrés.

Lorsque nous arrivons, haletant, transpirant et essoufflés sur la plateforme avec un certain fracas. Une dizaine de maigres braseros s’allument simultanément. Nous entendons un pas lourd, signe d’un soldat en armure, qui s’approche de nous.


« Hé bien… Il y a bien longtemps que je n’ai pas reçu de visites ici-bas… Qui êtes-vous ? » demande t-il.

Pas que je n’ai pas envie de lui répondre, mais nous avons dévalé ces escaliers avec précipitation : autant dire que nous n’avons plus vraiment de souffle.


« Nous sommes venus accomplir notre quête.
- Tiens donc ! Mon frère là-haut a donc enfin trouvé quelqu’un pour m’abattre. Vous êtes les premiers en deux cents ans je crois. J’avoue ne plus vraiment compter les années. » répond-il avec un certain dédain.

Il continue de s’approcher et met en évidence une sorte de lance à double lames. Il s’agit clairement d’un homme qui a pratiqué très longtemps les arts martiaux et qui a perfectionné ses compétences avec les années. Ainsi donc, il est vraiment immortel, le gardien ne nous a pas menti.


« Que faîtes-vous dans les ténèbres avec ses monstres ? » demande Xinya.

Il ricane un instant tout en plantant sa lance dans le sol, marque qu’il attend de commencer son défi. Je profite de cette mince diversion provoquée par Xinya pour me concentrer et chercher des éléments que je pourrais utiliser contre lui. J’essaye de mettre la main sur son casque que je pourrais tourner pour lui briser la nuque…

Mais il y a une résistance.


« La Voie peut être autant lumineuse que ténébreuse. Tout est une question de balance… Mais j’avoue ne plus vraiment m’en soucier depuis longtemps. Je n’ai que faire de ces créatures, elles sont faibles. Mais si vous êtes arrivés jusqu’ici… Peut-être que cela serait plus… Intéressant. » dit-il avec un ton qui trahi son envie de se battre.

« Passons au combat, voulez-vous ? J’ai l’éternité devant moi mais je n’ai que faire des misérables mortels comme vous. Vous allez mourir, faîtes vos prières. » annonce-t-il.

Au moins, il a le mérite d’être assez franc sur ses intentions.

Il place sa lance en posture agressive. Je n’arrive pas à maîtriser ni son corps, lui ou ses lames. Il n’a pas que de la force, il a des pouvoirs psychiques comme moi, c’est presque sûr !

Jiahao se précipite vers lui pour engager le combat. Xinya fouille dans son sac pour un je-ne-sais-quoi qu’elle espère utile. Je me mets à courir sur le côté pour me placer sur son flanc. Après quelques passes d’armes, Jiahao se fait soulever et jeter plus loin au sol.

L’immortel se tourne donc vers moi. Puis vers Xinya, il a l’air d’hésiter avant de me choisir comme cible avec un léger sourire que l’on devine dans la pénombre. Je tends mes mains vers lui et je lance une série d’éclairs dans sa direction. Il place sa paume gauche devant lui et bloque mes tirs.


« L’esprit est une arme autant que les lances et les épées. » répond-il à mon attaque.

Jiahao s’est entretemps relever et l’attaque par derrière. L’ancien prêtre s’énerve et se retourne pour balayer Jiahao avec son arme qu’il plante dans son épaule. Il est blessé et à terre ! Il ne crie pas mais je peux deviner que l’attaque était violente.

Je regarde ce triste spectacle avec fureur. J’ai horreur que l’on fasse du mal à mes proches autant qu’à ceux qui me servent ! Ce fou perdu va payer pour son arrogance et son orgueil !

J’arrache des blocs de pierre que j’envoie dans sa direction. Il se retourne et les arrête une à une, plus ou moins avec difficulté en fonction de si je force beaucoup ou non et les dévie sur les côtés. Il commence à me prendre pour cible.

Tant mieux. Il s’éloigne un peu du corps de Jiahao, Xinya passe par derrière pour aller lui procurer les premiers soins. Quant à moi, je me mets à voltiger comme les monstres auparavant pour prendre de la hauteur et m’éloigner de lui au fur et à mesure qu’il m’approche.

Il saisit sa lance et me la jette avec une vigueur et une force qui ne peuvent être que surnaturelles. Je la dévie et elle va se planter à même la roche. Tant mieux, il faudra qu’il force pour l’arracher à nouveau…

J’ai à peine le temps de le regarder à nouveau que je me prends son pied en plein visage. Je tombe des hauteurs pour atterrir avec fracas sur la pierre de la plateforme. Non sans lâcher un cri de douleur. Je suis donc à terre.

Xinya et Jiahao sont toujours au loin. Et en vie.

Puis je vois deux bottes se poser devant moi. Je lève les yeux vers l’homme qui me cause une affreuse douleur à la tête. Il se met à genou devant moi et lâche avec un ton des plus moqueurs :


« Il n’y a pas que vous qui savez utiliser votre esprit, petite mortelle. »

Je pose ma main droite sur son mollet dans un espace où il n’y a pas d’armure.

« Tu espères faire quoi, hein ? Pauvre fille. » dit-il tout en bougeant sa jambe pour me dégager.

Et d’un coup, il crie de surprise plus que de douleur.


« AAAAH ! »

Je lui ai planté la lance de Jiahao en plein dans le dos. Je roule sur le côté et me relève un peu hébétée pour m’éloigner de lui, ne serait-ce que de quelques mètres pendant qu’il s’essaye de se calmer pour sortir l’arme d’hast.

Je jette un œil sur Jiahao et Xinya. Le consul bouge et est conscient, c’est bon signe. Cependant, cela veut dire que je vais devoir m’occuper du dangereux spécimen immortel, seule. Et honnêtement, cela va être particulièrement dur.

Je continue d’appuyer la pression sur la lance pour qu’elle reste figée dans son armure et potentiellement lui. Je sens qu’il tire de toutes ses forces avec son esprit, cela rend l’exercice très difficile. Je tends mes mains vers lui et lâche de nouveaux éclairs qui viennent toucher le métal et qui électrocutent son corps.

Il pose un genou à terre.


« Xinya, Jiahao, fuyez ! Je vais le retenir ici !
- On va pas te laisser ici avec ce salaud ! »

Jiahao se redresse avec difficulté et saisit mon bras.

« Partez avec Xinya, je vais essayer de le retenir un peu… Le temps pour vous de… L’Empire passe avant moi. » dit-il avec le ton bien grave.

Mauvaise stratégie. S’il reste, je reste aussi.

Xinya donne sa lame à Jiahao et repart en arrière pour rester loin du combat, prête à agir si besoin. Je regarde mon compagnon d’armes et lui confie ceci par télépathie :


« Il faut prendre son collier et le briser. Je vais le sortir, il faudra que tu le casses immédiatement, d’accord ? »

Il hoche la tête. Il part à gauche, je pars à droite. Notre adversaire profite de mon relâchement pour se débarrasser de la grosse épine dans son dos et se recentrer sur nous. Manifestement, il a l’air agacé.

« Je vais vous faire payer cette impudence ! » s’énerve-t-il avant de foncer sur moi, sa lance tournoyant dans les airs.

J’essaye de ralentir sa charge en lâchant de nouveaux éclairs sur lui, sans grand succès. Il est enragé et extrêmement déterminé à me nuire. Je forme un blindage devant moi et l’impact est assez violent, si bien que je doive reculer malgré la protection.

Il s’acharne sur mon bouclier tandis que Jiahao arrive par derrière. Comme précédent, l’ancien prêtre se retourne le repousse sans grande difficulté, mon ami ne cherche qu’à esquiver et j’avoue que même blessé, il ne s’en sort pas trop mal.

J’en profite pour reformer ma protection et l’attaquer à nouveau en projetant mes lames sur lui. Il en dévie quelques-unes amis s’en prend tout de même trois à des endroits gênants. Une sous l’épaule au niveau des aisselles, deux dans les jambes. Son pied d’appui est affaibli.

Il revient vers moi et cherche à me saisir à distance. Je résiste du mieux que je peux et je réponds en tirant une nouvelle salve de sorts : du feu et des éclairs ! Il esquive en rageant en se jetant presque au sol. Je cherche à l’immobiliser, je maintiens la pression sur lui !

Xinya sort des ombres et récupère une de mes petites lames pour se précipiter vers notre ennemi, Jiahao fait de même et fonce sur lui avec l’épée prête à frapper. L’homme résiste, j’appuie sur la dague dans son aisselle pour l’enfoncer un peu plus.

Il tend la main vers moi et projette sa lance dans ma direction avec une force incroyable. Elle tournoie comme une hélice, je ne peux pas lâcher. Si je lâche, il se relève et tuera Xinya et Jiahao sans difficulté.

Je ferme les yeux et continue de tendre les mains pour bloquer notre adversaire redoutable. C’est le moment d’espérer et de serrer les dents.


« Jiahao, tue-le ! Tue-le s’il te plaît ! » supplié-je le consul.

Je sens mon bouclier disparaître et une vive douleur dans mon corps.

Je rouvre les yeux. Je vois Jiahao et Xinya entrain de s’acharner sur le corps de l’homme. Ma vision devient floue et sans vraiment le vouloir je tombe sur le côté, à même le sol. Instinctivement, je porte mes mains à mon estomac. Je crois que je souffre…

Je cherche à user de ma magie mais… je crois que j’ai mis trop de ressources dans le combat, je n’arrive pas à me concentrer, ni à penser. J’ai mal… C’est tout ce que je sais à présent. La douleur et la souffrance.

Je ne pensais pas vraiment ressentir cela ne venant ici… J’espère malgré tout que ce n’est pas pour rien.

J’entends le bruit d’un objet qui se brise. Je lève les yeux de mon sang qui s’échappe et voit une lueur surgir d’un objet que je n’arrive pas à définir. Une lueur magique, étrange. Comme une source que l’on brise et qui se répand à nouveau dans la terre et l’air.

Ils ont réussi.

Le corps de l’ennemi se dissipe, comme l’une de ces ombres abominables.

Les deux combattants arrivent vers moi et regardent ma blessure. Je n’entends pas tout, mais je crois que j’ai été lourdement blessée au ventre. C’est logique. Il a essayé de m’éventrer le chien. Si je survis à ça, je le ferai revenir pour discuter avec moi… Que je puisse me moquer de lui et lui demander comment il trouve le monde d’après.

Xinya sort des fioles de son sac et applique le contenu sur mes blessures. Ils appuient longtemps dessus pour arrêter l’hémorragie. Dans un geste de survie, je pose mes mains avec et fait surgir une lueur blanche pour me soigner.

Espèce de fou…

Xinya me donne une potion à boire… Et j’avoue m’assoupir un peu, très vite…

Je me sens tout de même bougée, on me porte. Cela vacille, d’un bout à l’autre. J’ai terriblement mal, un long moment. Puis je perds connaissance.

Je me réveille bien plus tard, avec une lueur blanche très forte.

J’ouvre les yeux et je vois la voûte des arbres et des rochers au-dessus du pavillon principal. Suis-je morte ou encore vivante ? Hum… Vu la douleur, je crois que c’est plutôt la seconde solution. J’essaye de me redresser mais deux mains viennent me ramener doucement sur mon lit.

« Doucement. »

Je reconnais la voix de Jiahao. Je suis frustrée de ne pas pouvoir me redresser, mais je suis vivante et la présence de mon ami me rassure. Je pose mes mains sur mon estomac, je sens des bandages. Je vais avoir une cicatrice…

Il faudra faire usage de mes pouvoirs de transformation définitives…. Quand nous serons rentrés à la capitale. Je ne bouge pas, ni ne parle. Je pense.


« Où est Xinya ? » demandé-je, inquiète.

Jiahao s’incline vers moi puis répond :


« Avec le gardien. Elle analyse avec lui le gros volume qu’il va nous confier. Nous avons réussi sa mission et il a été très efficace pour vous soigner. Sa magie est puissante. »

Bien. Très bien.

« Merci de veiller sur moi. » pensé-je ensuite.

Cette fois-ci pas de réponse. Un long silence. J’esquisse un léger sourire. Je sens que je l’ai gêné, je change donc de sujet.


« Combien de temps ai-je dormi ?
- Un peu plus d’une journée. »

Je pense à ma charge de travail, les officiels, mes rendez-vous et mes courriers… Il faut que nous rentrions et vite !

« Il va falloir rentrer à Beijing. Je ne peux pas partir trop longtemps.
- Nous partirons en fin d’après-midi. Nous serons rentrés à la capitale en milieu de soirée. Tout va bien se passer. »

Je souris à nouveau… Puis me rendort.

Notre quête est accomplie et le retour s’annonce plus calme que l’allée.
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Douce Etro, mais c’est qu’il est long ce rp ! Je vais par conséquent te le faire en deux parties à l’image de ton post 😊. Et tu auras la difficulté à la fin de la deuxième partie.

Eh bien… *Atrape son masque de plongée et son tuba* C’est parti pour la première partie !

- En règle générale, je préfère les « in medias res » (Démarrer un récit par l’action plus que par une description), d’autant plus dans une narration à la première personne, ça sonne plus naturel. Pour autant, tu as beaucoup d’exposition ici, et on se retrouve dans un effet gros pavé. Si je devais te conseiller quelque chose, c’est de ne pas hésiter à utiliser ce medias res pour entrecouper tes pavés d’informations. Par exemple :
-
« « Êtes-vous sûres de vouloir pénétrer dans cet endroit ? Il n’y aura peut-être pas d’échappatoire. »

La voix impassible de Jiahao ne nous rassure pas vraiment. Il essaye certainement de nous dissuader, mais Xinya et moi sommes formelles. Nous devons enquêter et déterrer les secrets laissés par les prêtres taoïstes d’autrefois.
«Je suis sûre. »
Au cœur du sud de la Chine, là où la forêt laisse place à la jungle, il existe un ancien temple du Tao. Il était habité par des fidèles qui vivaient en autarcie, coupés du monde. Si loin et si isolés qu’ils ont fini par être oubliés il y a de cela plusieurs générations."

-
Tu vois ce que je veux dire ?
- Insatisfait d’être un des personnages les plus puissants du forum, Huayan veut l’immortalité maintenant ? Mais qu’est-ce qui arrêtera cette femme !

- En début de texte, j’allais justement demander qui est Xinya. C’est bien que tu l’explique ici.


- « On l’a échappé belle », pourtant, vous avez détruit plusieurs tigres sans aucune égratignure. Je n’ai pas ressenti un challenge ou une sensation que les vies des personnages étaient en danger. J’ai presque eu l’impression de ces rencontres aléatoires dans les JRPG. Mais ici, les persos sont trop hauts level, one shot les bêtes, et celles qui ont pu attaquer ont enchaîné les « miss ! »

- Pas inintéressant que Huayan ait une sympathie pour les animaux. Elle utilise beaucoup les oiseaux, et sait donc, plus que quiconque, qu’ils sont plus complexes que ce que l’ont croit.

- Tu décris très bien les lieux. Le côté aventure et grisant de l’exploration de ruine est bien là.

- Dans un autre de tes textes, je t’avais reproché l’impression que les PNJ ne sont pas vraiment part de l’histoire, et juste des spectateurs pour Huayan. Je suis content de voir qu’ici, c’est un PNJ qui essaye de résoudre l’énigme de la porte tandis que Huayan monte la garde. C’est bien, cela rend l’aventure plus crédible. Ce sont moins des figurants.

- La scène d’action est bien décrite, c’est clair, où comprend ce qui se passe, on arrive à imaginer les actions de chacun. L’idée du poème est sympa, et aide au côté épique de l’action. Et si on ressent mieux le challenge que tout à l’heure, je pense que tu avais moyen de mieux nous faire ressentir un danger. Comme tout à l’heure, Huayan et son compagnon sont certes submergé, mais ils ne sont pas touchés une seule fois, pas plus qu’ils ne font la même erreur. Peut-être que tu aurais put décrire que Huayan esquive un coup de griffe, mais que ça touche son vêtement ? Que son compagnon se fait mordre au bras ? (Même si pas dangereux, même s’il ne saigne pas. Juste cette notion que non, ils n’ont pas entré la commande immortelle dans la simulation, si tu vois ce que je veux dire). Juste quelques égratignures pour nous laisser comprendre qu’ils ne sont pas intouchables. (Eh oui, je sais, je suis chiant avec ça, je le dis à quasi chacune de mes notations !)

- L’endroit doit être particulièrement beau à voir. Comme toujours, tu sais décrire les choses.

- Ce que j’aime bien avec tout le passage avec le moine, c’est que tu colle à la fantaisie chinoise. A ces légendes, ces mythes, « le voyage vers l’ouest » est le premier qui me vient en tête, mais pas seulement. Ces temples perdus au milieu des vallées, à l’architecture travaillé, avec son vieil ermite sage et pieux. Son omnipotence, son épreuve à relever pour avoir accès à la connaissance.

- S’il y a bien une chose qui transpire dans ce texte, c’est ton amour pour la culture chinoise, mais aussi ta connaissance de son histoire, et des valeurs taoïste.

- Je ne vais pas vraiment commenter tout le passage rituel de Huayan. C’est très spirituel, très dans la veine de ce que tu nous présente jusqu’ici, et toujours dans le style d’une légende chinoise. Pas grand-chose à redire.

- Huayan, élu de la prophétie. Je plaisante. En tant normal, j’aurais surement grogné. Or ici, tu as fait tout ce RP pour justifier l’acquisition d’une compétence. Le voyage astral. Cet aspect est déjà quelque chose d’admirable, j’ai toujours apprécié lorsque l’acquisition de compétence est justifiée RP. Et c’est le cas ici, c’est très bon ! Et deuxièmement, quelle est cette compétence ? Eh bien, c’est la compétence rang 100, c’est réellement UNE des compétences ultimes. Autrement dit, là où « Votre amie l’Impératrice est une élève remarquable. Croyez-moi que je n’ai pas eu la chance d’avoir beaucoup d’étudiants avec autant de maîtrise et de potentiel…» aurait pu faire grogner, il est difficile de le faire ici, simplement car… C’est surement vrai. Très peu de perso peuvent se féliciter d’avoir la stat nécessaire pour cette compétence.

- Si Huayan devient immortelle comme ça, je veux qu’elle adopte un chat, et qu’elle l’appelle « M.Bigglesworth » je te préviens. Blague à part, pas de soucis, tu introduis la compétence « Phylactère » en rp, tu lui donne un background, une histoire, une origine. Et j’avoue que tu m’as surpris à ce niveau. Je ne m’attendais pas à ce que tu sortes la compétence de Lich. Mais en vrai, pourquoi pas ! L’idée est amusante. Et vu que Huayan a déjà les stats pour, j’imagine que tu l’introduis ici pour que cette compétence ne sorte pas de nullepart quand elle l’obtiendra. Joli !

Et c’est fini pour la partie une.
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Et c’est parti pour la deuxième partie, sans plus attendre, on se lance !

- Eh bien, l’immortalité rend dépressive visiblement ! C’est bien que tu lies le côté « descente dans la folie » avec le côté sans-cœur. Ici, Huayan et son équipe descendent dans l’antre d’un homme rendu fou. Et ils y croisent nos créatures favorites aux yeux jaunes. En fait ce que j’aime bien avec ce lien, c’est que ça nous rappelle que nous somme dans l’univers KH, et que ces règles demeurent. Qui devient fou laisse son cœur envahis par les ténèbres, et attire les sans-cœur. C’est valable ici aussi.

- Thématique que tu continues avec la présence des sans-cœurs en tenue de taoïste

- Un petit point qui me tiens à cœur, même si je sais qu’il n’est pas forcément partagé pas tous sur le forum. C’est la résistance des sans-cœurs. En soit, dans le jeu, on sait que si Sora arrive à trancher dedans facilement avec son arme, c’est car il a la keyblade. La magie est un moyen efficace également. Mais les armes conventionnelles le sont moins. Ici, tu vaincs les sans cœur surtout avec la magie, ce qui me semble pertinent.

- Le coup des dizaines de braseros qui s’allument d’un coup quand le méchant arrive m’a fait sourire. J’ai toujours trouvé ça un peu loufoque. Il attendait depuis combien de temps pour faire sa petite entrée dans la salle ?

- Concernant le combat, pas grand-chose à dire. Je suis content que pour une fois, tu ais laissé un peu plus de blessures. Bien sûr, que Huayan soit mise inconsciente à la fin était une bonne surprise, en laissant l’achèvement aux pnj, ça permet de les restituer un peu, de retirer ce côté spectateur. Le seul truc, qui est surtout lié à ta narration en première personne, c’est que Huayan ne sonne pas des plus naturels. C’est normal, c’est toujours difficile de bien retranscrire une situation aussi particulière. Si tu veux mon avis, je pense que Huayan est un poil trop descriptible. Essaye d’être un peu plus flou, un peu confuse. Vu que Huayan s’évanouie quelques minutes plus tard, deux possibilités. Soit la douleur à forcer son corps à passer dans un coma temporaire. Auquel cas, n’hésite pas à montrer/écrire le fait qu’elle n’arrive plus à se concentrer sur autre chose que cette dite douleur. Soit elle est en hémorragie, et dans ce cas, n’hésite pas à montrer combien tout autour d’elle semble perdre ses formes, combien elle n’arrive plus à distinguer/garder les yeux ouverts. Mais en tout cas, c’est cool Smile. En plus, ça te permet d’ellipse le retour au palais, quel luxe !

Périlleux : 35 points d’expérience + 300 munnies + 2 PS en magie + 1 PS en vitesse
Tu trouve une jolie petite statuette, en bois de santal, à l'effigie d'un lotus près de ton lit. De la part du prêtre pour aider à ton bon rétablissement peut-être ?
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