« ALLEZ ! GARDE À VOUS ! »

Pas que j’aime pas le Cité Interdite, mais cette bande de traîtres mérite bien pire qu’une cour pavée pour commencer leur nouvelle vie de soldats impériaux dévoués -et réellement cette fois-ci- à leur maîtresse.

Honnêtement, j’aurai été Huayan, je les aurai fait exécuter comme leurs supérieurs. Ils ont peut-être pas participer directement au complot qui a tué tous ces gens pour cet enfoiré de Hailong, mais ils savaient et ils n’ont rien fait.

Et les mecs qui renient les vœux qu’ils ont prononcé, ça me met hors de moi. Quand tu dis un truc, tu le fais, point. Et c’est pas le Maître Jiahao qui nous a accompagné qui me  dira le contraire.  

Du coup, j’ai ordonné à ce qu’on emmène tous ces traîtres en dehors de Beijing, un peu plus au nord. Avec l’hiver, il fait bien froid, il neige, il y a du vent. C’est désagréable, c’est chiant… Surtout pour ceux qui doivent marcher car moi, j’ai un cheval et de belles bottes en fourrures. Xupeng n’est pas au courant, mais il me les a offert.

On a monté le camp rapidement dans ce coin un peu à l’écart des routes menant au Dongbei, la province du Ministre de la Guerre, Luo Yating. Je l’aime bien. C’est un brave type qui aime le combat et écraser des gens : la perfection n’existe pas mais on peut s’en approcher !

Bref. Les connards.


« Bon, vous avez déjà eu le pitsch du Maître Jiahao sur le salut de vos âmes de merde et compagnie. Vous savez ce que vous avez à faire maintenant… »

Je laisse peser un léger silence.

« J’AI RIEN ENTENDU !
- OUI, CHEF !
- Et bah putain, on est bien partis. »

Bon, vu qu’il y a limite toute l’ancienne garde de la Cité Interdite, on a du travail. Les mecs sont pas des blaireaux à la base, mais là le but c’est de les endurcir encore plus. Et moi, j’ai plein d’idées et je vais me marrer grave.

« Bon aller, vous me faîtes des équipes de quatre et vous allez vous affronter en duels dans la neige, maintenant ! Allez vite prendre les armes d’entraînement ! »

Et voilà que notre séjour commence à devenir enfin intéressant. La route dans la neige, c’est fun, mais ça a des limites. Bon j’avoue, elle a commencé à fondre, le printemps arrive à grand pas mais bon.

On se les caille encore un peu quand même. J’ai pas mis ma moumoute pour rien.

J’ai prévu un SUPER programme avec Jiahao. Lui le matin, il fait la partie endoctrinement… Enfin, les prières, leurs âmes, leur avenir, tout ça. Histoire de bien les motiver à pas refaire la connerie qu’ils ont faites et le reste de la journée : ILS SONT À MOI !

Et j’ai carte blanche en plus. Les mecs vont apprendre à explorer les terres au-delà de leurs limites.

Alors du coup, dans ma petite tente, je me pose à mon bureau de campagne pour bien tout préparer en ordre tandis que les soldats se tabassent dehors pour s’entraîner. C’est bien, transpirer les gars !

Je vais me servir un peu de pinard avec un peu de viandes que j’ai chouré dans les réserves avant de partir. Xupeng va gueuler, mais je m’en bats un peu les joyeuses si vous voyez ce que je veux dire : il me fera rien de toute façon.

Bon du coup, le programme : parce qu’avec ces conneries d’Empire, faut que je fasse des rapports sur mes activités. Faut justifier les dépenses ou je sais pas quoi. De toute façon, ce sera validé par Huayan mais bon, c’est pour l’administration. Faut garder des traces écrites. On fait pas toujours ça, mais là bon, c’est officiel et tout.

Une petite plume, de l’encre et je me mets à écrire sur les bouts de parchemins. Et ouais, je sais écrire ? Ça vous embouche un coin, HEIN ?!

Aujourd’hui, on va commencer doucement : des duels, des pompes et ils vont me faire une tranchée autour du camp. Pourquoi faire ? Déjà parce que les mecs vont galérer comme jamais à creuser, au cas où des teubés de Mongols arrivent à passer pour venir nous faire chier et surtout car ça va leur faire grossir leurs muscles.

Huayan a été claire : on doit en faire des bêtes de guerre. Et ça passe par l’endoctrinement dont s’occupe Jiahao et les autres prêtres taoïstes avec lui en provenance de Chengdu mais aussi par les épreuves physiques. Ils ont trop connu la chaleur des braseros et des couettes confortables : ils ont échappé aux Dix-Huit Enfers, mais ils en connaîtront un autre ! Bwahaha !

D’ici demain, ils vont devoir s’entraîner à parcourir rapidement une vingtaine de kilomètres, avec un équipement militaire. Ils ne seront pas en armure lourde mais en armure moyenne, j’ai un cœur quand même. Une fois ceci fait, je les laisserai faire quelques pompes dans la neige et se reposer avant la prière du soir.

Surtout qu’avec Jiahao, on a eu une putain d’idée ! On a écrit une sorte de poème, pas un truc très élaboré mais ils doivent le chanter matin ET soir obligatoirement. Un poème qui rappelle leur crime et qui les a sauvés de la mort et de la damnation. Jiahao rigolait pas trop, mais moi oui.

Après cette petite course, on va organiser une traversée de rivière gelée. Ça va être super. Ils vont s’entraîner à passer un terrain accidenté, fluvial avec matériel, quelques chevaux, des charrettes et tout le tralala. L’idée c’est qu’ils soient capables d’assurer une bonne marche logistique. Ouais, c’est sérieux quand même cette affaire, on est pas en free style wesh.


« Francis ? Les capitaines attendent la suite de tes ordres dehors.
- Ils peuvent pas venir me chercher ces feignasses ?
- Ils avaient peur de te déranger.
- Et à raison. Dit-leur que je finis la paperasse, qu’ils ordonnent aux soldats de se battre jusqu’au premier sang. Les amputations et les blessures lourdes sont pas autorisées. Je vous rejoins sous peu.
- Très bien. A tout de suite Francis. »

Puis il se barre, tranquille.

Le mec est insondable, c’est fou. Mais bon, il est copain avec Huayan donc c’est forcément un pote aussi. Bref : les papiers.

Alors, alors… Après on va grimper quelques collines… Enfin « on », « ils » surtout. Moi j’ai pas assassiné l’Empereur, la famille impériale et la moitié de la noblesse du pays. Les gars ont fait un sacré strike, même moi j’aurai pas pu le faire je pense.

Puis après, on rentre à la capitale, au pas de course. Ça leur fera les jambes et d’ici-là, isl devraient être suffisamment travaillés par les prêtres pour être de bons soldats qui ne trahiront pas une seconde fois leurs vœux. Un soldat qui ne tient pas son serment mérite même pas de vivre. Où est la gloire putain ?!

Certainement pas dans ça.

Bref, je signe les papiers, je retourne dehors pour m’occuper des connards. Je dois faire une légion de super guerriers endurants et féroces, pas une tarte aux pommes. Et j’ai intérêt à bien les travailler, sinon j’aurai ça sur la conscience.

Y a que le jeunot taoïste, Xupeng et les autres qui bossent bien, et je vais le prouver une fois de plus !


« ALLEZ SOLDATS ! ON SE SORT LES DOIGTS ET VOUS ME FAÎTES DEUX CENTS POMPES LÀ MAINTENANT ! M'EN FOUT DE LA NEIGE ! VOUS NE CONNAISSEZ NI LA PEUR NI LA DOULEUR ! »