Le ciel était d'un noir d'encre, comme caché, terni par les milliers de lumières scintillantes de la ville. Les bâtiments s'élancaient vers le ciel dans un chaos ordonné. Leurs façades comme des miroirs, les arrêtes comme coupées au couteau par un géant qui les aurait posés là les uns après les autres dans un grand souci de place.

Des couleurs contrastées lui sautaient aux yeux et lui, comme trop fade, les observait sans rien dire, s'arrêtant contre une vitrine pour observer un énorme ballon volant rouge avec un écran, diffusant une publicité. Avait eu cette idée ; un énorme ballon flottant rouge comme une bannière du Consulat ?

La foule ne s'arrêtait pas, compacte et affairée. C'était les derniers jours avant Noël et les retardataires vaquaient à leurs achats, remplissant les boutiques et se promenant avec des paquets dans les bras. Chacun d'entre eux, avec son précieux chargement, rappelaient au Templier qu'il avait encore à trouver celui qu'il était venu chercher.

Le Domaine Enchanté s'était avéré trop petit, trop restreint, pour plaire à la personne à qui il voulait faire plaisir. … Cette pensée était ridicule. Aubrey, son nom, c'était Aubrey. Et il voulait lui faire un joli cadeau. Sans motivations, juste pour l'occasion. Tout le monde s'échangeait des cadeaux en fin d'année, peut importe s'ils croyaient en Etro ou non ; l'occasion était trop belle.

La lanière de son sac sur une épaule, écharpe bleue autour du cou, il semblait parti pour une expédition. Vision incongrue dans ce monde qui le fascinait autant qu'il l'intriguait.

A peine sorti de la station Shin-Ra, il avait écumé les rues à la recherche du cadeau idéal. Passé des boutiques de vêtements – merde, il avait pas la taille de la rousse. Du café ? Non, ça lui rappellerait le boulot... elle aimait les fleurs, elle aimait les jolies choses... c'était vague. Trop vague. Un collier ? Peut-être – bonne idée !

L'heure qui suivit avait donc été dépensée en recherche d'un collier présentable pour la jeune femme. Quelque chose de joli, avec des fleurs peut-être ? Fabri était entré dans un long tunnel entièrement fait de boutiques, toutes petites, bondées. Il n'avait pas cherché à tenter sa chance. Légèrement déconfit, il avait passé son chemin. De retour dans la rue, il cherchait encore. Et s'il ne trouvait pas de bijou qui suffisait ? Non – il avait juste besoin d'un petit truc – pas grand chose ! Un truc joli. Peut importe le prix. Il n'avait pas envie de compter pour Aub.

Il détacha ses yeux du ballon aérien et traversa la rue. Personne, enfin. Il se satisfit de ne pas être bousculé par la foule qui allait d'un point à un autre avec la détermination d'une armée de cent hommes.

Un grand bruit, soudain – il attira son attention. Un véhicule fonçait sur lui. Tous phares allumés, klaxon lui crevant les tympans.

Il se jeta sur le côté, sur le trottoir. Les passants s'écartèrent ; surprise, au moins deux cris. Deux jeunes filles avaient sorti leur gummiphone – il en avait déjà vu assez pour reconnaître la foutue machine (et pensé à en offrir une à Aub mais non, définitivement non) pour filmer.

« Putain c'était rouge !! » fenêtre baissée, l'automobiliste ponctua sa phrase d'un geste sans équivoque, majeur levé.

Comme un archer sur une muraille, qui se moquait de son ennemi en plein siège. Fabri resta figé ; il lui aurait dit d'aller se faire.... d'aller.... plein de choses, au nom d'Etro, tellement de choses ! Mais il se redressa et la vie repris son cours.

Ce monde était une autre affaire, vraiment.