Il va, le pas tranquille, sans plus d’intérêt pour ce qui le poussa dans ces rues. Une conversation refoulée dans sa mémoire, à laquelle il reviendra plus tard. Ioan se laisse bercer et transporter par les mouvements des passants. Il glisse entre deux femmes discutant de tapisseries tout juste achevées, et s’arrête au son de quelques cordes pincées, qui lui imposent des pas enjoués. Ses yeux sautent de fleur en fleur ; celles qui s’étirent sur les jardinières, et celles qui s’étalent entre les bras des badauds. L’endroit a quelque chose de familier — des maisonnées aux murs blancs et aux volets de bois, enrichies des couleurs chaudes de fleurs toutes éphémères. Oranges ! Rouges ! Jaunes !
Une autre ville ensoleillée.
Le garçon hume l'air. Celle-ci ne s'est pas parée d'une plage.
Il observe les fleurs sans se presser, et s’accroupit devant un pot de terre cuite décoré de losanges cyan qu’il caresse. Le toucher est lisse, marqué des quelques aspérités d’un travail artisanal. Il y a ce renfoncement, aussi, caché sur la face non exposée de l’œuvre. Le potier n’a pas égalisé tout son pourtour. Est-ce un choix ? Ou bien est-ce la trace d’une timide inexpérience, que l’on a cherché à cacher en ne l’exposant pas ? Le pot ne veut pas le lui dire. Le garçon s'interroge mais, comme un vieux souvenir, une forme imposante lui semble se dérober à son regard, au détour d’un petit chemin. Il pourrait presque entendre la voix grave et chaleureuse d’un monstre à la fourrure réconfortante !
Alors, Ioan s’envole : deux accords, deux enjambées !
Parti.
Parti, et vite raccroché au sol par une foule montée comme des blancs en neige — qui gonfle, gonfle et gonfle ! Certains dansent, certains chantent, certains accrochent de fenêtre à fenêtre des traînées de lumières desquelles le garçon s’aveugle…
… et pour un instant, ils disparaissent. Les autres. Leurs bavardages, leurs rires et leurs cris. Lui, pense. S’égare. L’enfant se perd dans la vision d’une ville silencieuse traversée de tunnels lumineux, couvée par un ciel noir et sans étoiles. Un lieu tranquille.
Rassurant.
Il rouvre les yeux au craquement des spathes de maïs, et à l’odeur des légumes cuits qui y sont logés.
Ils sont revenus. Ils sont revenus avec leurs rires et leurs cris.
Oppressants.
Son souffle se crispe. D’un pas maladroit, il cherche à s’écarter. Il cherche le chemin, la ruelle, l’image du coin de son œil. Il s’abaisse et s’affaisse pour se frayer un passage entre les falaises hurlantes qui se fracassent entre les maisons, et qui menacent de l’écraser.
La ruelle est vide.
L’air est lourd, pense-t-il. Ses épaules s’affaissent.
Ioan se laisse tomber contre un mur marqué de rainures noircies.
Il avait entendu parler de mondes tous illuminés. De festivals de lumières et de lanternes. L’idée de tous les voir l’avait séduit. Cette même idée venait désormais titiller ses joues. Il sourit. Il en verrait plus ! D’un bond, le garçon se releva !
Il longerait les plages de poupées aux tenues de cérémonie, puis contournerait le pot courbé ! Ensuite, il se laisserait guider par l’odeur des feuilles du maïs, et le pincement des cordes lui soufflerait où bifurquer. Il continuerait, tout droit, et atteindrait finalement les caisses qui volent. Elles l’emmèneraient aux lumières, comme ces gens en avaient parlé. Ceux qu’il avait suivi, curieux, dans un premier temps.
Ioan chantonne.
« … quand on part à l’aventure… »
Une autre ville ensoleillée.
Le garçon hume l'air. Celle-ci ne s'est pas parée d'une plage.
Il observe les fleurs sans se presser, et s’accroupit devant un pot de terre cuite décoré de losanges cyan qu’il caresse. Le toucher est lisse, marqué des quelques aspérités d’un travail artisanal. Il y a ce renfoncement, aussi, caché sur la face non exposée de l’œuvre. Le potier n’a pas égalisé tout son pourtour. Est-ce un choix ? Ou bien est-ce la trace d’une timide inexpérience, que l’on a cherché à cacher en ne l’exposant pas ? Le pot ne veut pas le lui dire. Le garçon s'interroge mais, comme un vieux souvenir, une forme imposante lui semble se dérober à son regard, au détour d’un petit chemin. Il pourrait presque entendre la voix grave et chaleureuse d’un monstre à la fourrure réconfortante !
Alors, Ioan s’envole : deux accords, deux enjambées !
Parti.
Parti, et vite raccroché au sol par une foule montée comme des blancs en neige — qui gonfle, gonfle et gonfle ! Certains dansent, certains chantent, certains accrochent de fenêtre à fenêtre des traînées de lumières desquelles le garçon s’aveugle…
… et pour un instant, ils disparaissent. Les autres. Leurs bavardages, leurs rires et leurs cris. Lui, pense. S’égare. L’enfant se perd dans la vision d’une ville silencieuse traversée de tunnels lumineux, couvée par un ciel noir et sans étoiles. Un lieu tranquille.
Rassurant.
Il rouvre les yeux au craquement des spathes de maïs, et à l’odeur des légumes cuits qui y sont logés.
Ils sont revenus. Ils sont revenus avec leurs rires et leurs cris.
Oppressants.
Son souffle se crispe. D’un pas maladroit, il cherche à s’écarter. Il cherche le chemin, la ruelle, l’image du coin de son œil. Il s’abaisse et s’affaisse pour se frayer un passage entre les falaises hurlantes qui se fracassent entre les maisons, et qui menacent de l’écraser.
La ruelle est vide.
L’air est lourd, pense-t-il. Ses épaules s’affaissent.
Ioan se laisse tomber contre un mur marqué de rainures noircies.
Il avait entendu parler de mondes tous illuminés. De festivals de lumières et de lanternes. L’idée de tous les voir l’avait séduit. Cette même idée venait désormais titiller ses joues. Il sourit. Il en verrait plus ! D’un bond, le garçon se releva !
Il longerait les plages de poupées aux tenues de cérémonie, puis contournerait le pot courbé ! Ensuite, il se laisserait guider par l’odeur des feuilles du maïs, et le pincement des cordes lui soufflerait où bifurquer. Il continuerait, tout droit, et atteindrait finalement les caisses qui volent. Elles l’emmèneraient aux lumières, comme ces gens en avaient parlé. Ceux qu’il avait suivi, curieux, dans un premier temps.
Ioan chantonne.
« … quand on part à l’aventure… »