Les gars, j’vais vous dire. La vie ? C’pas les voyages en vaisseaux ou d’combattre sous un idéal, ou d’cuisiner un bon p’tit plat lorsque sa chérie revient du travail vers vingt heures.
Ouais, c’est plus que ça.
C’est l’moment où, tu fais c’que tu as envie d’faire et tu l’fais.
Pas comme l’gars qui s’en fiche de la vie, non. Il faut être responsable dans la vie. Et vous savez quoi ? J’pense que j’suis suffisament responsable dans ma vie pour m’accorder deux heures de temps libre dans tout c’qui fait ma vie.
Vous voyez de quoi j’veux parler ?
Alors, ça va arriver ! Moi, Chen Stormstout, j’vais prendre du bon temps ! Et pour ça ? Qu’est-ce que c’est que l’meilleur endroit que l’Domaine Enchanté ! Bon, j’suis pas religieux et j’vais te dire, j’suis pas ici pour profiter des églises. Alors, pas du tout. C’matin, j’étais en train de siroter un p’tit café dans la station Shinr’a de Santa Cecilia et j’ai vu l’annonce du siècle.
Un concours de pêche.
Est-ce que j’suis un expert qui adore tâter d’la ligne ? Pas du tout. Mais j’me dis que c’est l’occasion parfaite ! Et avec c’histoire, j’vais avoir l’vrai sentiment d’faire ce que j’ai envie d’faire.
Ni une, ni deux, j’ai emprunté un chemin totalement illicite afin d’me rendre là. Tu veux savoir ? Déjà, j’ai trouvé une grande cage en fer, j’ai retiré mes vêtements et j’me suis rangé dedans. Les gars d’la Shin’ra ? Ils ont pas réfléchi plus que ça. Il y avait un bon d’livraison et ils m’ont livré ! Bon, dans l’histoire, j’ai quand même piqué la place à un mouton. Ils auraient pu lire le bon, quand même.
Enfin, c’pas mon problème.
Le temps d’me rhabiller et d’rejoindre la forêt ? M’voilà pour la meilleur activité d’la journée.
Pour ce qui est du matos, par contre, j’ai dû allonger la monnaie. Ça va, c’était cinquante munnies pour la totale du débutant. Et avec ça ? J’suis en route pour m’trouver de quoi manger l’soir. Bon, par contre, j’aime bien l’saumon et j’ai jamais goûter la truite. J’espère que ça ira.
Bref, l’concours ? Il y a des pointures.
Ouais, j’ai entendu les discussions pas loin des étangs. Il y a l’vieux Gildas qui est là, l’hameçon d’or de la région. Un certain Bertrand, aussi. On m’en à pas trop parlé, mais il avait deux cannes. Ensuite ? Aubrey. L’mec, il a juste prononcé son nom et son vis-à-vis à fait un bisou à son collier en forme de tortue. Tu sais c’que ça veut dire ?
Pas moi.
Mais ça sent l’embrouille.
Sauf que c’est pas un souci. Moi ? J’suis là pour me détendre, pas pour gagner. Donc, le temps que tout l’monde s’prépare, j’ai été soulever des cailloux pour trouver des vers de terre. Pas bête, l’panda. Il manquait que les appâts pour faire la prise du siècle.
D’ailleurs, l’concours de pêche ? Il visait pas la quantité.
C’est l’gars qui, en moins d’une heure, ramenait l’plus gros poisson qui gagne.
Alors, s’il faut, j’te fait un plongeon et j’te sors l’plus gros brochet de la forêt. Sauf que j’pense pas que ce soit homologué et j’ai la crainte qu’Aubrey viennent me retrouver pour embrasser son collier tortue.
Donc, en s’balance. En rythme et en cadence.
Après le meurtre du vers, j’offre mon plus beau lancé ! Une seconde après, un plouf et mon flotteur avec trois plumes de coque remplie son office et naviguant royalement sur les flots de l’étang.
Maintenant ?
J’attends.
C’pas comme le vieux Gildas, il a dix mètres de mois et j’le vois lancer des trucs à l’eau. Il essaye surement de distraire le poisson avec son pain rassis. Moi ? J’suis pas un tricheur. S’il y a un poisson qui veut de mon vers ? Il vient l’chercher.
D’ailleurs, pourquoi les poissons boufferaient mon vers ?
Attends, ils voient un truc qui gigote dans l’eau sans savoir ce que c’est et ils bouffent ! Deux minutes. C’est un vers de terre, pas un verre d’eau. Ça ne fonctionnera jamais !
Et comme un coup du destin, mon flotteur gigote et fait trempette.
Moi qui m’faisais des films, j’avais tort !!! Bon, par contre, j’dois la jouer fine. Il suffit pas de donner un coup pour que ça marche. L’poisson ? Il doit déguster ce qu’il voit. Alors, j’observe.
Ça trépigne, encore un peu. Dix secondes passe et… Pouf ! Plus d’plume de poulet et j’sens que ça tir au bout d’ma canne ! C’est l’moment que j’attends !
Une patte en bout de canne, la seconde au milieu et v’lan ! Un grand coup ! La ligne est tendue comme jamais, j’sens que ça résiste, c’est un monstre au bout du fil. Mais là ? J’vais pas lâcher. J’dois y arriver. Pour Gildas, pour Bertrand et pour le collier d’Aubrey.
Alors, c’est la lutte ! J’tends les bras, j’vais de gauche à droite et j’y vais à fond ! Tellement j’suis dans l’instant, il y a le bouchon qui sort de l’eau ! Ça fait pas trois minutes que j’suis là et j’me souviens d’la distance. Pour preuve, j’vois l’ombre qui gigote devant moi.
Un dernier effort…
J’relâche un coup, pour le tromper et boom ! Mouvement ascendant de trente degrés à cent-quatre-vingt ! Une franche réussite. La truite devient un poisson-volant et quitte la surface de l’eau pour arriver jusqu’à ma gueule.
Première fois d’ma vie que j’te sors un truc de l’eau et autre que les saumons remontant les rivières.
Trente-et-un centimètres, quatre-cent-vingt grammes. Voici l’prix d’ma réussite.
Par contre, il y a juste trois minutes qui sont passés et l’concours termine dans deux heures. Il serait p’tet temps que je m’y remette. Pour la keyblade, j’promets de chopper un brochet.