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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Quand tu as vécu à Whitechapel, c'est comme si tu lui appartenais pour toute la vie. Qu'il est commun pour moi d'emprunter ces rues sales et boueuses dont les pavés sont à moitié enfoncés dans les déjections de tout Londres. Mais Whitechapel est toujours là, après des années, alors que je l'ai quitté. Londres est moins ténébreux qu'à l'époque, je vous l'accorde, la sainte Lumière a fait son œuvre. Pensez-vous pour autant que Whitechapel est sauvé d'affaire ? Il n'en est rien. Je l'avais quitté, craignant pour ma sécurité devant la miséricorde annoncée, cherchant de plus grandes opportunités dans l'espace. A la bonheur, je suis toujours en bas de la chaîne alimentaire. Mais qu'importe, je ne suis pas décidée à y retourner. Diriger toutes les prostituées d'un quartier de Londres n'est plus ma plus haute ambition pour répandre les ténèbres.

Pourtant, elles sont toujours là et bien présentes. Derrière toutes ces portes, je sens des cœurs faibles prêts à s'offrir à moi, je sens aussi des cœurs forts mais consumés par la rage et le désir de vengeance. Je sens des pulsions meurtrières qui vous montent dans la bouche, dans les yeux dans les doigts, comme du temps de ce bon vieux Jack. Oui. La merde est toujours là à Whitechapel.

Je sais qu'il y a des chances que je croise une vieille connaissance, une « employée » ou un ancien client de mes filles, ça ne m'effraie pas vraiment non plus. Je les entends déjà me dire que je n'ai décidément pas changé, ce à quoi je ne m'inquiète plus de savoir quoi répondre. Nous ne sommes plus du même monde et il ne m'est plus nécessaire de les fréquenter ni de me couvrir.

Il fait nuit, même s'il semble qu'en dessous des fumées crachées par les usines à charbon, il fasse toujours nuit à Londres. Les gens sont sales, noirs de suie, ils toussent, et moi je suis blanche, dangereusement pâle pour certains même, mais je suis bien en vie, et mes pupilles se dilatent à mesure que je sens le malheur dégorger de tous ces abris de briques. Je vois les regards malsains que les hommes à peine sortis de leur besogne posent sur moi. Ils sont trop sales pour que je m'en occupe et risque de me souiller, même un cœur ne vaut pas cela, alors je soutiens juste leur regard et mon assurance et ma fierté semblent leur rappeler à quel point ils ne devraient même pas avoir le droit d'exister.

Je m'arrête devant une maison que j'avais dépassée un grand nombre de fois sans m'en inquiéter car à l'époque ça ne me semblait pas être une priorité. Je regarde l'enseigne quelques instants puis m'écartent de la porte. Il est déjà tard, tout le monde doit dormir. J'approche d'une gouttière dans une ruelle encore plus sombre où je ne risque pas de croiser quelqu'un ou du moins pas mieux intentionné que moi. J'entreprends de grimper en m'y accrochant, attrapant la moindre petite prise dans une cavité de brique, dans des vis qui dépassent. Je me hisse non sans difficulté au deuxième étage ; je tends la main vers l'appui de fenêtre puis me balance pour me relever face au chassis. C'est du vieux bois branlant, je parviens à le forcer sans difficulté sans faire trop de bruit. Je rentre dans la pièce mais le vent fait lever les rideaux et son souffle crée un sifflement dans toute la pièce.

Instantanément, sur tous les lits présents dans le dortoir, on voit les draps bouger. Certains se cachent sous leur drap ou sous le lit, d'autres se faufilent entre les lits. J'avance dans la pièce, passant entre les rangées de lit. Le claquement de mes bottes retentit dans toute la pièce. Il fait froid, il fait noir, le vent souffle toujours, mais personne ne vient me voir. Les cœurs sont bien là pourtant, autant de cœurs que de lits, même plus.  Je m'assieds sur un des lits, me cambre légèrement en m'appuyant en arrière et croise les jambes nonchalamment tout en tapotant dans un rythme lent le sol avec mon pied.

-Alors les enfants...

Toc.. toc...toc...

-Votre maman ne serait pas très contente de voir ce spectacle.

Toc...toc...toc...

-Ces lits sont parfaitement ratés,  ce n'est pas ainsi que l'on fait un lit au carré.

Toc...toc...toc...

Je tape un des coussins sans doute rongés par les puces, les poux ou d'autres maladies qui n'atteignent pas ma condition. Puis je me lève brusquement et reprends ma marche. Je m'arrête devant un évier dans un état lamentable. Et que dire des pots de chambre.

-Vos sanitaires sont répugnants les enfants ! Votre maman ne peut clairement pas laisser passer cet écart. Elle va devoir sévir.
-On n'a pas de maman déjà, alors on s'en fiche royal !

Un éclat jaune luit dans mon regard alors que je leur fais dos. Je me retourne reprenant une apparence parfaitement humaine et aperçois une petite silhouette chétive aux cheveux ébouriffés dépasser d'un matelas.

-Oh, c'est vrai ?

Je m'approche, il  a un mouvement de recul alors je lève les mains comme pour montrer que je ne suis pas armée.

-Moi je crois que tu en as une.
-Qu'est-ce que t'en sais ?
-Mais ce n'est pas une très bonne maman.

D'autres têtes sortent de l'obscurité, je les distingue une à une.

-Une bonne maman reste près de ses enfants et veille sur leurs cœurs.

Je touche la poitrine de l'enfant rachitique au niveau du cœur.

-Ta maman, j'ai peut-être veillé sur son cœur. Tu sais comment elle s'appelle ?
-M'dame, elle veut pas me dire.
-Ouais, moi non plus elle veut pas m'le dire.
-J'ai veillé sur beaucoup de vos mamans et j'ai même amené votre petit corps ici quand vous étiez encore tout-petits.

En vérité, ce que je leur dis là est absolument monstrueux d'un point de vue humain mais ce soupçon de vérité liée ajoutée à une forme d'attention à laquelle ils ne sont pas habitués réussit à les séduire.

-Et puis je suis partie, il y a quelques temps.
-Pourquoi t'es partie ?
-Parce que j'aime...

J'aime les cœurs.

-J'aime les beaux endroits. Pas comme ici. Vous n'êtes pas d'accord ?
-Bah ouais mais... des beaux endroits on n'en voit pas souvent ici.
-Ouais, y'a que des trucs qui puent et qui font mal ici.

A vivre dans la crasse, à se demander s'ils savent encore ce que veut dire puer ou sentir bon.

-Alors pourquoi t'es venue ici ?

Plusieurs enfants intervenant chacun à leur tour, de plus en plus de petits êtres s'approchent en même temps.

-Elle est venue pour moi.

Tous les regards se tournent vers l'origine du bruit.

-Voilà Peter !
-Peter, t'es là ?! On t'attendait plus pardi.

Les « ouais Peter, youpie Peter, t'es le meilleur Peter » affluent dans tous les sens, éclipsant totalement ma présence, devenue à présent superflue. Pour autant, je ne me débine pas. Après quelques instants, je me lève et j'approche de l'attroupement et des petits sauts que font les enfants pour pouvoir imiter leur idole. A se demander si les matrones ont tant bu qu'elles ne peuvent entendre ce tremblement de terre permanent.

-Bonjour Peter.
-Bonjour Mère.
-Quoi ? Peter ? C'est ta mère ?!
-T'as une mère Peter ?
-Elle est drôlement jeune, elle.
-Non les enfants, c'est comme cela que Peter m'appelle quand il est de bonne humeur.

C'est à vrai dire plus élégant que Mère Maquerelle, un mot aux sonorités agressives et peu représentatif de ma classe.

J'observe Peter Pan, Peter qui n'a pas changé, fidèle à lui-même, brillant dans l'obscurité grâce à sa poudre de fée. D'une certaine façon, nous sommes très semblables, je n'ai d'ailleurs jamais entendu le cœur de Peter battre. Pourtant ce n'est pas un sans-coeur, cela je l'aurais senti. Sans doute cela lui permet-il de ne pas vieillir. Je le regarde jouer avec les enfants, s'envoler en les tenant par les bras et les relâchant au dessus des matelas sans grande précaution.

-Qu'es-tu venu faire ici ?
-J'allais te poser exactement la même question, à vrai dire. Je pensais ne plus jamais te revoir dans le coin.

Il y a comme un air de menace dans ces paroles.

-De l'hostilité, qu'ai-je fait pour mériter cela ?
-Que n'as-tu pas fait plutôt ! Pendant que t'étais pas là, je crois avoir recensé une grande chute dans les disparitions suspectes.
-Quelle aubaine, des ivrognes, tout juste capables de planter leur graine dans le corps de « mes filles ».

Je dis cela comme si cela importait vraiment. C'est presque un aveu mais quelle importance quand on connaît le peu d'empathie dont est capable Peter Pan. Lui ? Défendre un parent ? Voilà qui n'est pas prêt d'arriver.
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Bien, j’entame les notations du marathon par toi ! J’avoue avoir gardé tes textes, j’étais curieux de les découvrir et de savoir ce que tu as fait lors de cet évènement.

Je ne suis pas déçu.

Ce thème faisait partie ceux dont j’avais le moindre d’inspiration, et qui parallèlement m’intéressait le plus. Du coup ? En sachant que tu l’avais fait, j’étais content. Donc ? J’viens de lire ce texte et il y a vraiment un truc qui m’a frappé.

Le style.

Lors de ma lecture, j’avais réellement le sentiment de « dégoût » qui suintait du texte et c’était vraiment plaisant à voir. Que ce soit les dialogues avec les enfants, avec Peter, ou simplement le « rappel » de l’ancienne vie du Cygne ? Ouais, j’suis totalement tombé dedans. Mais, avant de continuer…

Il y a une question qui me taraude l’esprit ! Pourquoi risquer de ce salir en grimpant dans l’orphelinat ? Elle se transforme en oiseau, deux battements d’ailes et nous voici à bon port ! J’en rigole, mais c’est la question de « Est-ce qu’on grimpe la difficulté alors que nous sommes capable de faire une chose simplement ? ». Dans le cas présent, il y avait la possibilité de se changer en volatile et d’y arriver simplement.

Sauf que, en y réfléchissant, ça ne colle pas avec le thème que tu nous glisses.

Ici, Le Cygne nous offre son air de « prédatrice ». La tension venait (et a été désamorcé par Peter) de ce qu’elle pourrait faire aux orphelins et donc la manière dont elle s’invite dans leur chambre pour y découvrir cette crainte grandissante. Non, clairement ? J’ai bien accroché à ce qui arrivait et l’arrivé de Peter agit comme un second souffle au lieu d’être un « frein » à la narration.

Ouais, j’ai vraiment bien aimé et j’vais enchaîner la suite. De souvenir, ça se suivait.

Ah, oui. Il y a clairement ce dialogue avec les gosses qui est moralement discutable (et tu le soulignes) mais toutes cette scène avait une sensation de … Ouah. Non, j’ai eu le poil hérissé.


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