Peu s’en est fallu qu’elle ne remarquât pas la lettre parmi de nombreuses publicités. Le jardin radieux avait encore beaucoup changé depuis qu’elle l’avait quitté, quelques années auparavant, pour le domaine enchanté. Si sa vie semblait se résumer en un aller-retour entre ces deux mondes, entre modernité et sacré, elle-même changeait autant que les deux localités. Les consuls entraînaient leur territoire dans une propension de plus en plus importante au spectacle et au consumérisme. Lulu ne désirait pas juger ce point. La Coalition noire et le Sanctum avaient créé le mensonge. Elle pouvait pardonner au Consulat et à la Shinra d’avoir réinventé le commerce.
Pour autant, en lisant le contenu de la lettre, elle fut surprise. Et cet étonnement l’accompagna jusqu’à ce jour précis où pourtant, elle prenait le risque d’aller à Costa del Sol. Le piège était parfait et couvert avec tant de précaution qu’il n'en était encore que plus évident. Cependant, de sa maigre expérience de journaliste, il lui semblait qu’un bon agent de presse devait être capable de guetter l’occasion idéale. Si elle gardait la particularité d’accuser les groupes et de se faire l’ennemie de toutes les nations, il semblait opportun de tester le Sanctum en répondant à son invitation. Si sa Sainteté, le Primarque, lui avait bel et bien tendu un piège, il lui tendrait du même geste les armes pour le détruire en un seul et dernier papier. Et s’il n’y avait aucune espèce de tromperie derrière l’invitation, cela lui ferait des bonnes vacances.
Aussi Lulu se retrouva sous un soleil plus clément, une brise plus chaude et une température définitivement plus estivale, quelques heures plus tard, après avoir quitté le concessionnaire de la Shinra. Mnerva était restée dans les locaux de l’Éclaireur. Elle leur appartenait autant qu’à elle, officieusement, et à ce propos, la sorcière souhaitait bel et bien que cette équipe de journalistes voie le potentiel extraordinaire de la chouette, pour le futur de l’information. Mais pour l’heure, c’était avant tout pour que le Sanctum ne récupère pas cet atout, en ces jours de vacances. Car l’éditorialiste ne s’imaginait pas faire autre chose que se reposer, sur ces terres. Bien sûr, elle ne se fermait pas à quelques rencontres, si elles étaient brèves et instructives. Toutefois, sa vision de ce séjour était, à l’aune de ces dernières semaines, une pause aussi bien médiatique que politique. Lulu s’était promis de ne lancer aucun sort, de ne fuir aucun danger. Plus que quiconque, elle avait besoin de tranquillité. Les soldats avaient choisi leur guerre, les têtes pensantes avaient fomenté leur ascension. Elle ne faisait que subir et adapter son approche de la situation pour y gagner un moindre avantage. Et s’il n’avait pas été question de son père, ni même de Cassandra Pentaghast, elle pouvait dire avoir fait un bon travail.
Dans ses bras, se laissait aller un Hadès en peluche portant une chemise hawaïenne et, sur son nez, des lunettes de soleil triangulaires. Il essayait de mettre ses bras trop courts derrière son crane pour s’improviser un coussin et se reposer à même la poitrine de Lulu. De nombreux regards vinrent détailler l’objet dont elle était particulièrement fière, ou du moins était-elle contente de l’achat qu’elle avait fait durant la Journuit. Cela avait été sa seule participation à cet événement haut en couleurs, il y a des mois de cela. Et à vrai dire, c’était le seul moment qu’elle en avait retenu.
Et si la jeune trentenaire avait craint la chaleur, elle qui était originaire d’un monde relativement humide, elle dut bien accorder à l’atmosphère de ce monde un équilibre parfait entre la fraicheur de la plage et la chaleur du midi.
Sa première escapade s’imposait d’elle-même car à vrai dire, elle la devait à cet homme généreux qui lui avait offert ce voyage pour une raison, certes floue, mais tout de même suffisamment touchante pour arracher un sourire à la touriste. Aussi se dirigea-t-elle vers un premier magasin de vêtements, convoitant le rayon des maillots de bain de celui-ci car à vrai dire, c’était la seule chose qui l’intéressait vraiment dans le textile à Costa del Sol, dont elle ne voulait ni la mode, ni les mœurs. En tenues de plage, ils savaient y faire, puisqu’ils avaient eux-mêmes vraiment créé l’engouement autour du phénomène. Et face aux dizaines de modèles aux tailles et couleurs différentes, il était prioritaire pour la sorcière de constater la nette différence qui existait entre ce monde et la Conquête de l’Ouest, qu’elle avait aussi visitée. Le hasard avait voulu que les deux étoiles resurgissent du sommeil à des moments très proches, peut-être à deux semaines l’une de l’autre, alors que leur culture et leurs habitants n’auraient pas pu davantage différer. Là où l’un s’ouvrait à l’étranger, voyant en ce dernier un potentiel infini, allant jusqu’à laisser au groupe favorisant le tourisme et le commerce une belle place dans l’organisation de leur monde ; l’autre se fermait devant les nouveaux venus, défendant leur terre de toute bizarrerie exotique.
Si l’envie d’acheter une dizaine de maillots de bain, maintenant qu’elle avait l’occasion d’en profiter, l’éprit bien sûr, la journaliste resta raisonnable. Compte-tenu du week-end offert, elle trouvait opportun et suffisamment agréable d’en prendre deux, mais cela ne se fit pas en quelques minutes mais bien en quelques magasins. Se sachant en relative sécurité et ayant beaucoup de temps à dépenser durant ce séjour, elle essaya de nombreux maillots, parfois même certains qu’elle était certaine de ne pas prendre.
Finalement, après plus d’une heure d’hésitation, elle continua sa promenade sur la digue, regardant les produits locaux dans les étalages ainsi que les nombreux hôtels dont certains plus rustiques que d’autres. Sa marche n’attendait que l’heure de midi, renseignée par un très mignon clocher dépassant la cime des toits en tuile. Aussi chercha-t-elle un restaurant parmi les très nombreux qui se proposaient à elle, au niveau de la digue ou légèrement plus loin dans les terres. Elle compara les prix longuement, chercha des produits bien précis. Toutefois, son choix se porta, davantage que sur la gastronomie, sur le paysage, sur la localisation. Ainsi s’arrêta-t-elle particulièrement devant un restaurant disposant derrière le bâtiment d’une terrasse en extérieur, jonchant un récif surplombant la mer et offrant un beau vis-à-vis sur la plage, déjà habitée par de nombreux touristes. Où du moins était-ce ce que promettaient les différentes photographies. Ignorant le prix, dédaignant le menu, elle s’avança dans le restaurant relativement chic.
« Madame. » lui adressa poliment un hôte, à l’entrée de l’établissement.
« Je suis toute seule. » affirma-t-elle, sans prendre la peine de demander s’il restait de la place. C’était au moins un avantage, bien qu’elle en trouvât beaucoup d’autres, au fait de dîner en solitaire. Elle renseigna aussi son envie de dîner en terrasse, ce qui n’avait rien d’étonnant, et fut menée aussitôt jusqu’à l’arrière du restaurant, arrivant sur un balcon charmant, légèrement couvert, laissant tout de même un vent s’engouffrer sous l’abri. Elle s’assit à une table, alors que l’endroit comportait déjà quelques places occupées.
Mer 22 Jan 2020 - 22:55Pour autant, en lisant le contenu de la lettre, elle fut surprise. Et cet étonnement l’accompagna jusqu’à ce jour précis où pourtant, elle prenait le risque d’aller à Costa del Sol. Le piège était parfait et couvert avec tant de précaution qu’il n'en était encore que plus évident. Cependant, de sa maigre expérience de journaliste, il lui semblait qu’un bon agent de presse devait être capable de guetter l’occasion idéale. Si elle gardait la particularité d’accuser les groupes et de se faire l’ennemie de toutes les nations, il semblait opportun de tester le Sanctum en répondant à son invitation. Si sa Sainteté, le Primarque, lui avait bel et bien tendu un piège, il lui tendrait du même geste les armes pour le détruire en un seul et dernier papier. Et s’il n’y avait aucune espèce de tromperie derrière l’invitation, cela lui ferait des bonnes vacances.
Aussi Lulu se retrouva sous un soleil plus clément, une brise plus chaude et une température définitivement plus estivale, quelques heures plus tard, après avoir quitté le concessionnaire de la Shinra. Mnerva était restée dans les locaux de l’Éclaireur. Elle leur appartenait autant qu’à elle, officieusement, et à ce propos, la sorcière souhaitait bel et bien que cette équipe de journalistes voie le potentiel extraordinaire de la chouette, pour le futur de l’information. Mais pour l’heure, c’était avant tout pour que le Sanctum ne récupère pas cet atout, en ces jours de vacances. Car l’éditorialiste ne s’imaginait pas faire autre chose que se reposer, sur ces terres. Bien sûr, elle ne se fermait pas à quelques rencontres, si elles étaient brèves et instructives. Toutefois, sa vision de ce séjour était, à l’aune de ces dernières semaines, une pause aussi bien médiatique que politique. Lulu s’était promis de ne lancer aucun sort, de ne fuir aucun danger. Plus que quiconque, elle avait besoin de tranquillité. Les soldats avaient choisi leur guerre, les têtes pensantes avaient fomenté leur ascension. Elle ne faisait que subir et adapter son approche de la situation pour y gagner un moindre avantage. Et s’il n’avait pas été question de son père, ni même de Cassandra Pentaghast, elle pouvait dire avoir fait un bon travail.
Dans ses bras, se laissait aller un Hadès en peluche portant une chemise hawaïenne et, sur son nez, des lunettes de soleil triangulaires. Il essayait de mettre ses bras trop courts derrière son crane pour s’improviser un coussin et se reposer à même la poitrine de Lulu. De nombreux regards vinrent détailler l’objet dont elle était particulièrement fière, ou du moins était-elle contente de l’achat qu’elle avait fait durant la Journuit. Cela avait été sa seule participation à cet événement haut en couleurs, il y a des mois de cela. Et à vrai dire, c’était le seul moment qu’elle en avait retenu.
Et si la jeune trentenaire avait craint la chaleur, elle qui était originaire d’un monde relativement humide, elle dut bien accorder à l’atmosphère de ce monde un équilibre parfait entre la fraicheur de la plage et la chaleur du midi.
Sa première escapade s’imposait d’elle-même car à vrai dire, elle la devait à cet homme généreux qui lui avait offert ce voyage pour une raison, certes floue, mais tout de même suffisamment touchante pour arracher un sourire à la touriste. Aussi se dirigea-t-elle vers un premier magasin de vêtements, convoitant le rayon des maillots de bain de celui-ci car à vrai dire, c’était la seule chose qui l’intéressait vraiment dans le textile à Costa del Sol, dont elle ne voulait ni la mode, ni les mœurs. En tenues de plage, ils savaient y faire, puisqu’ils avaient eux-mêmes vraiment créé l’engouement autour du phénomène. Et face aux dizaines de modèles aux tailles et couleurs différentes, il était prioritaire pour la sorcière de constater la nette différence qui existait entre ce monde et la Conquête de l’Ouest, qu’elle avait aussi visitée. Le hasard avait voulu que les deux étoiles resurgissent du sommeil à des moments très proches, peut-être à deux semaines l’une de l’autre, alors que leur culture et leurs habitants n’auraient pas pu davantage différer. Là où l’un s’ouvrait à l’étranger, voyant en ce dernier un potentiel infini, allant jusqu’à laisser au groupe favorisant le tourisme et le commerce une belle place dans l’organisation de leur monde ; l’autre se fermait devant les nouveaux venus, défendant leur terre de toute bizarrerie exotique.
Si l’envie d’acheter une dizaine de maillots de bain, maintenant qu’elle avait l’occasion d’en profiter, l’éprit bien sûr, la journaliste resta raisonnable. Compte-tenu du week-end offert, elle trouvait opportun et suffisamment agréable d’en prendre deux, mais cela ne se fit pas en quelques minutes mais bien en quelques magasins. Se sachant en relative sécurité et ayant beaucoup de temps à dépenser durant ce séjour, elle essaya de nombreux maillots, parfois même certains qu’elle était certaine de ne pas prendre.
Finalement, après plus d’une heure d’hésitation, elle continua sa promenade sur la digue, regardant les produits locaux dans les étalages ainsi que les nombreux hôtels dont certains plus rustiques que d’autres. Sa marche n’attendait que l’heure de midi, renseignée par un très mignon clocher dépassant la cime des toits en tuile. Aussi chercha-t-elle un restaurant parmi les très nombreux qui se proposaient à elle, au niveau de la digue ou légèrement plus loin dans les terres. Elle compara les prix longuement, chercha des produits bien précis. Toutefois, son choix se porta, davantage que sur la gastronomie, sur le paysage, sur la localisation. Ainsi s’arrêta-t-elle particulièrement devant un restaurant disposant derrière le bâtiment d’une terrasse en extérieur, jonchant un récif surplombant la mer et offrant un beau vis-à-vis sur la plage, déjà habitée par de nombreux touristes. Où du moins était-ce ce que promettaient les différentes photographies. Ignorant le prix, dédaignant le menu, elle s’avança dans le restaurant relativement chic.
« Madame. » lui adressa poliment un hôte, à l’entrée de l’établissement.
« Je suis toute seule. » affirma-t-elle, sans prendre la peine de demander s’il restait de la place. C’était au moins un avantage, bien qu’elle en trouvât beaucoup d’autres, au fait de dîner en solitaire. Elle renseigna aussi son envie de dîner en terrasse, ce qui n’avait rien d’étonnant, et fut menée aussitôt jusqu’à l’arrière du restaurant, arrivant sur un balcon charmant, légèrement couvert, laissant tout de même un vent s’engouffrer sous l’abri. Elle s’assit à une table, alors que l’endroit comportait déjà quelques places occupées.