À l’infini des rues et à l’abandon de ses pas, Irelia déambulait à son habitude dans les rues de Chengdu. Un soleil pâle, éclatant au-dessus des toits de la ville. L’hiver profitait de la distraction de l’astre, s’annonçant sans invitation et soufflant sa morsure sur les passants. La Danseuse parvenait à l’apprécier, lui faisant oublier la rudesse du mistral dans les rues de son monde natal ainsi que les couches de vêtements qu’elle s’épargnait.
Un pas léger, s’élevant avant chaque foulée, elle reprenait la direction des hauteurs de la ville. Un mécanisme pervers, jouant des heures de ses répétions, insinuait à ce qu’elle rentre.
Néanmoins, un sourire s’invitait à ses traits. L’idée de son retour s’immisçait à ses pensées, grossissante, en devenant une obsession à mesure que la saison avançait. La promesse des Jardin Radieux, la vue depuis sa chambre, l’histoire et les vers que son Poète lui réservait.
Elle en venait à croire que l’unique attache lui restant était la commémoration, l’ode à la danse.
D’un soupir, libérant un nuage blanc à ses lèvres, elle remarquait l’un des gardes de la Dame de la ville déambuler dans ce labyrinthe. Wuhan, à moins qu’il s’agissait d’un autre de ses hommes. Il distinguait finalement la Danseuse, accélérant son pas dans une discorde jusqu’à faire pied devant celle-ci.
- Alishina Guniang ! Veuillez me pardonner…
- Y a-t-il un problème.
Habitué par les mots, surprise par le ton, Irelia s’inquiétait subitement à la vue du document aux mains du garde.
- Songzi Huayan est partie il y a une heure, elle n’a pas pu vous attendre et m’a chargé de vous donner cette lettre. Ainsi que ses excuses.
- Quoi…
La main tendue, elle prenait le papier et le dépliait. Le cœur au bord des lèvres, une crainte grandissante et l’oppressant à la gorge. La poitrine de la rêveuse s’élevait irrégulièrement alors que ses yeux vairons oscillaient d’une ligne à l’autre.
- Mizore, Genesis… Arthur…
Le dernier nom se prononçait dans un murmure, discret, s’envolant sous le vent.
- Il faut que j’y aille.
- Un message a été envoyé à la station Shin’ra la plus proche, un vaisseau va venir vous récupérer et vous conduire jusqu’au Jardin Radieux.
Le regard vide, trop, Irelia sentait le sol s’évader sous ses pieds. Wuhan offrait un bras, elle l’accepta et reprenait contenance. Le corps tendu, les muscles en effroi, les images défilaient à ses yeux. Elle ignorait tout, s’imaginait toutefois sans difficulté les cris et la chaleur étouffante. La crainte se taisait, cette boule s’éteignait. Un trait naissait à la base de son cou, grimpant jusqu’à se perdre à sa chevelure.
Un flocon de neige tombait, venant suivre le regard de la Danseuse avant de s’écraser sur l’épaulière de garde.
Elle soufflait, le froid filtrant au travers de ses lèvres alors que la chute des flocons s’enchaînant mollement. La tension s’en allait, le courant à ses muscles la quittait. Affable, un sourire éteint, Irelia reprenant contenance jusqu’à débiter la cadence de sa marche en direction du Palais.
- Le ciel est cuivre, sans lueur aucune. On croirait voir vivre, et mourir la lune.
Inconsciente, elle repensait à la leçon de son Poète et y prononçait ses mots au rythme qu’elle s’imposait.
Une tombe auprès de sa sœur, la disparition d’un frère. Elle s’acharnait, réalisait ce qu’elle avait déjà enduré au pied du Sommet des Arts. Pour autant, elle s’accablait une fois encore. Un visage inerte, la tristesse en son coeur, le calme à son âme.
Éphémères, les pas d’Irelia se marquaient dans la neige s’accumulant calmement. Un dernier chant venait d’être poussée, glas de sa sœur Mizore, ainsi il retombait tel un tapis blanc à Chengdu.