L'InnommableApprenti de Death Le Maître trouve toujours de nouvelles victimes pour expérimenter la Nécromancie… Ou jouer, tout dépend du point de vue je présume.
Nous nous enfonçons dans les bois, je suis à sa hauteur et nous avançons d’un pas décidé tandis que les monstres nous suivent plus ou moins silencieusement. La pénombre est très forte, on ne voit presque rien.
Seuls les coups de tonnerre nous accordent de brefs moments de luminosité à travers les feuillages des bois. Death a repéré une grande cabane, il y a de la lumière. Il y a des gens à l’intérieur. La pluie se fait plus intense. Je sens l’humidité des lieux, et ce même malgré le masque.
Nous sommes à quelques mètres de la cabane des chasseurs… Les prochaines victimes.
« Comme vous le désirez, Maître. Regardez. » dis-je à l’attention de Death.
Je sors lentement. Je suis à découvert. Devant l’entrée de la bâtisse en bois. Je crois qu’à cet instant, si un des hommes regarde dans ma direction, il va avoir très peur. Imaginez un peu : un homme, avec un masque quelque peu terrifiant et des habits sombres se tient devant chez vous, fixement.
Votre première réaction serait certainement de paniquer. Malheureusement, ils n’en auront pas le loisir.
Je me concentre sur les goules d’abord. Elles sortent des bois, à quatre pattes, rampant sur le sol, tâchant d’être le plus silencieuses possibles. Je cherche à canaliser l’énergie de leurs âmes prisonnières de leurs corps meurtries. Elles doivent passer sur les côtés et le toit, pour empêcher d’éventuels fuyards de survivre.
Une fois qu’elles ont compris. Je passe au golem, je le place derrière moi, à couvert dans les ténèbres de la forêt, prêt à bondir si les chasseurs tentent une percée face à moi. Même si j’ai confiance en mes capacités : ils ne pourront pas me tuer.
Une goule tient la jambe d’une autre depuis le toit. La seconde pendouille pour cogner à la porte avant de remonter brusquement vers le toit. Autant les faire sortir, cela m’éviterait de défoncer toute la bâtisse.
Au bout de quelques instants, un homme ouvre la porte. D’abord il s’étonne de ne rien voir. Puis… Il me voit. A quelques mètres de l’entrée. Un coup de tonnerre retentit à ce moment-là, faisant bien briller mon masque de métal. Il écarquille les yeux avant de refermer la porte en hurlant :
« OH MERDE ! »
Les lumières s’agitent à l’intérieur. Il y a du mouvement. Ils vont certainement prendre leurs armes. Quant à moi, je me concentre sur mes goules. Plusieurs sur le toit, sur les côtés et à l’arrière. Ils ne pourront s’échapper. Ce n’est pas un combat, c’est une exécution.
Lorsque mes goules sont prêtes. Je fais quelques pas en arrière pour retourner à l’abri des arbres. Mon golem de chair est juste derrière moi, prêt à charger, mais ils ne peuvent pas le voir… Sauf si un autre éclair survient près de nous.
La porte s’ouvre de nouveau, mais lentement. Plusieurs visages apparaissent, trois. Ils ont des armes. Je remarque la présence de plusieurs autres chasseurs aux fenêtres de la cabane. Le plus courageux fait quelques pas en avant. On dirait qu’ils n’ont pas pleinement confiance en ce que leur ami a vu.
Nous allons les prendre en étau. Lorsqu’ils ne sont plus à l’intérieur de leur entrée. Je lance le signal aux goules.
« Attaquez les fenêtres. Tuez tous ceux qui sont dans la maison. Pas de quartiers. » ordonné-je froidement.
D’un coup, je vois les créatures se jeter avec une férocité incroyable contre les vitres qui se brisent avec fracas. Des mécanismes d'arbalètes se font entendre. Des cris étouffés par la pluie et le tonnerre. Tout se passe si vite. Les trois chasseurs sortis devant la maison tirent sur les goules qui continuent de charger sans réfléchir.
Maintenant… Le golem. Plus complexe à manipuler. Il s’agit de maîtriser, contrôler les armes de plusieurs personnes réunies dans un seul corps contre leur gré. Une ultime existence dédiée à la souffrance, la violence et la mort. Je serre les poings passe à côté de moi la bête de chair.
Un des visages qui a servi à sa construction est au niveau de mes épaules. Je le regarde, presque par accident, et… J’ai froid. La peur, l’agonie… Tout transparaît dans ces yeux maintenant animés de ma puissance nécromantique. Une horreur à n’en point douter.
Je me ressaisis et ordonne de charger avec violence. Je ne veux pas tarder, je veux que l’exécution se fasse vite. Et à ma surprise, le golem de chair de mon maître suit le mien dans sa charge. Manifestement, Death veut jouer lui aussi.
Les deux monstres balaient le passage comme un ouragan. Les trois pauvres chasseurs sont fauchés avec violence, leurs cris de douleur et de surprise retentissent dans la forêt, noyés par ceux venant de l’intérieur de la maison et par l’orage qui continue de gronder. Les corps gisent, tués rapidement sur le sol tandis que les deux montagnes défoncent l’entrée de la cabane et l’un des murs.
Je viens de me rendre compte que je ressens moins la force venant des goules. Certaines sont mortes. D’autres continuent de mourir… Il y a donc de la résistance dans la grande cabane. Pauvres fous. Vous auriez dû vous laisser mourir. Votre souffrance aurait été moindre.
Je fais reculer mon golem tandis que celui de Death continue de s’enchevêtrer dans la maison, même si sa motricité est quelque peu diminuée dû aux planches sur lesquelles il s’est empalé. Des flammes proviennent de la maison. Les petits malins, ils ont mis le feu.
Je vois un projectile volé brièvement avec de se briser comme du verre et prendre feu ? Hum. Des cocktails Molotov ou des grenades incendiaires… Mais vu l’endroit, j’imagine qu’ils ont plus d’alcool que des armes de guerre. La bête brûle. Et ce malgré la pluie. D’autres tirs retentissent, d’autres goules meurent.
Il n’y a pas que des carreaux d'arbalète… Je peux le ressentir à travers mes serviteurs… Il y a des armes blanches aussi. Leur chair est tranchée. Fracturée. Déchirée. D’autres cris retentissent, mais cette fois-ci, ce ne sont pas des cris de désespoir. Ils s’hurlent des ordres. De là où je suis, je ne peux pas entendre distinctement ce qu’ils disent.
Ils peuvent résister, mais ils finiront par mourir. Il n’y a pas d’autre alternative.
J’avance de quelques pas. Je suis à découvert. Est-ce que je cherche à les attirer ? Oui. Clairement. Je veux qu’ils sortent de leur cachette. La façade commence un peu à souffrir. Le golem de chair de Death brûle, il est coincé. Et d’autres bouteilles viennent s’écraser et s’embraser sur lui.
C’est le Maître qui va être content.
Je fais signe aux goules qui sont encore sur le toit de surveiller les issues. Je ne veux pas qu’ils sortent par derrière.
« S’ils sortent en direction de la forêt. Tuez-les et amenez-moi leurs corps. » ordonné-je.
Je continue de me concentrer sur les serviteurs que je conserve. Death a raison. Ils se débattent plus que les squelettes, depuis longtemps morts. Les âmes ont encore une sorte de conscience. Elles sont soumises mais elles ne sont pas aveugles. Elles se rappellent encore leur humanité. Elles n’ont pas encore embrassé les joies et les souffrances de la non-vie.
Je commence à apercevoir à travers les flammes des formes humanoïdes. Ils devaient être une dizaine à l’intérieur. Tâchons de réveilleur leurs amis. Le Maître verra alors que je maîtrise suffisamment bien le rituel.
Je tends la main gauche en direction des trois cadavres devant le lieu du crime. Je les appelle à moi. Venez, relevez-vous et accomplissez ma volonté.
« Nul ne résiste à mon Appel. » pensé-je finalement.
Un corps. Deux corps. Trois corps. Ils se redressent. L’un a eu les jambes brisées. L’autre a eu une partie du torse arrachée. C’est assez horrible et infect. Ils me regardent, puis à mon indication, leurs visages se tournent vers la maison. Ce qui est assez horrible, car ils sont entrain de se briser la colonne…
Je me reconcentre pour canaliser leurs corps. Allez !
Ils finissent par se tourner directement et d’un coup, foncent dans la maison. L’effet de surprise, et la peur de voir leurs amis devenus des bêtes mortes-vivantes devraient jouer en ma faveur pour le combat. De nouveaux cris retentissent. En attendant, j’ordonne à mon golem de retirer ses planches de bois. Je laisse la créature de Death brûlée… Il n’y a plus grand chose à en tirer.
Mon golem, une fois ceci fait, va se cacher à droite de la maison. Lorsqu’ils sortiront pour me rencontrer, ils mourront. Ils seront écrasés, violemment. Piétinés, sans remords. Violentés, sans aucune chance de survie.
Bien vite, les bruits se calment. Les quelques goules restantes se cachent toujours sur le toit, prêtes à bondir. J’entends une voix s’élever dans ma direction. Une voix suffisamment forte pour pouvoir se faire entendre jusqu’ici malgré l’orage et la pluie.
« VOUS ÊTES QUI PUTAIN ?! » crie-t-il.
Il y a quelque chose de déchirant dans cette voix. Celle d'un homme qui vient d'être traumatisé par l'horreur, par la mort de ses compagnons. Il est en état de choc, tout comme les autres survivants j'imagine. Et c'est bien compréhensible.
Je me concentre et répond par télépathie :
« Pour vous tuer. Sortez et affrontez-moi. Vous contre moi. »
Voilà un appât de choix. Je me tourne vaguement vers Death pour voir s’il apprécie le spectacle. Il n’a pas l’air d’être déçu… Il n’a pas l’air d’être heureux non plus. Tout semble fonctionner donc.
Trois hommes sortent de la cabane endommagée. Ils regardent le golem de chair de Death pourrir et finissent par s’avancer un peu. Ils sont bien armés. Death n’a pas choisi cet endroit par hasard. Ce ne sont peut-être pas des « chasseurs » des plus traditionnels. Dommage, des hommes de qualité qui vont mourir.
Ils commencent à s’avancer, armes à la main. Ils me mettent en joue. Dès que je vois qu’ils vont passer à l’attaque, je sonne l’ordre de la charge. Mon golem de chair bondit des ténèbres tout comme les goules du toit. Ils se retournent vivement et se mettent à faire feu avec leurs arbalètes.
Ils se défendent, ils fauchent quelques goules mais il y a trop d’ennemis. Ils sont submergés. Ils crient… Puis peu de temps après, meurent. Je me tourne vers Death, gardant toujours mon ton froid et détaché.
« Maître. Il y a peut-être des survivants dans la maison… Voulez-vous que nous allions voir ? »
Il me reste quelques membres de l’effectif initial… Le golem de chair est également plutôt en bon état même s’il a eu des dégâts à cause de sa charge pas forcément bien maîtrisée dans la cabane.
Espérons qu’il n’y ait pas de survivants à l’intérieur… Et si c’est le cas, j’essaierai de faire mon possible pour leur accorder une mort rapide.