Erik esquiva l’estrade imposante depuis laquelle les tables de jeu du Zéphyr se faisaient le cœur du casino. Il vérifia les boutons de manchette à ses poignets, à la fois soucieux et enthousiaste. Il lui semblait que cela faisait des siècles qu’il n’avait pas si bien présenté. Il s’était pourtant bien rendu à la Coupe Noire, pourvu comme un VIP se devait de l’être, mais… le cadre devait avoir terni son souvenir.
L’escroc allait donc, le pas léger mais sûr, vêtu d’un costume noir, sobre et élégant, dont la découpe parfaite venait complimenter son ego soudain guilleret. Quel cadre ! On y respirait la richesse de ceux qui avaient les bourses si pleines de munnies qu’il leur fallait bien s’en défaire… — soit. Son patron lui rembourserait en notes de frais les sommes qu’il dépenserait. Il le lui devait bien. C’était, après tout, pour lui qu’il était là.
Pierre blanche, mobilier rappelant les îles — les Caraïbes de Port-Royal, peut-être ? — mais travaillé avec le plus grand soin. Le but n’était-il pas d’amener un peu d’exotisme ? On ne voulait pas ici renvoyer à l’image désordonnée des mercenaires ; mais à la promesse de voyage et à l’eau claire de lagons enchanteurs. Les aquariums qui habillaient certains des murs laissaient au tout venant l’opportunité de s’égarer loin de sa misère programmée : car après tout, quel qu’ait été le luxe de l’endroit, et quelle qu’ait été la félicité qu’on y fit miroiter, la maison gagnait toujours.
Le bruit de ses semelles se rappela à lui. Il avait quitté la mer de tentations qui s’était présentée, et la moquette qui avait étouffé ses pas. Son pied posé sur le dallage clair du bar lounge, il prit un moment pour observer les lieux. Pour sûr, cela ne ressemblait guère au débit de boisson qui se trouvait en face de chez lui. Nulle horde de buveurs désespérés n’assaillait le bar. Ce dernier était propre, net, long, orné de quelques verres aux cocktails colorés, et décoré de clients aux tenues raffinées.
Erik comptait depuis tantôt les gorilles sur place. La sécurité n’était pas bien difficile à repérer — quelques armoires à glace perdues entre deux tentures. Mais pourquoi se cacher, après tout ? Leur nombre lui laissait toutefois sentir qu’il ne valait mieux pas se trouver dans leur viseur. S’il était confiant quant à ses capacités en 1v1… être en sous-nombre était rarement un avantage. Mais pourquoi tu penses à ça ? s’interrompait-il. Y’a aucune raison que t’aies à te tirer en vitesse ! Il ne venait que discuter, de fait.
La cliente en prospection de Jimbo sauta à ses yeux dès lors qu’il se mit en tête de la trouver. La jeune femme se tenait assise au bar, mais pourtant seule. Cela, malgré toute l’élégance qui se dégageait de sa tenue et de ses parures. Elle avait le port droit, enserré par une robe longue et noire, fendue sur la jambe. Un choix d’un charme certain, mais dont l’interprétation plus séductrice pouvait appeler à un soupçon de méfiance. Il était évident qu’elle avait appris à avoir un beau maintien, tant il semblait à Erik naturel. Or, beaucoup devaient prêter une constante attention dans le but de le conserver.
Les yeux de l’escroc remarquèrent forcément le diamant à son doigt, l’argent à ses poignets et l’or à ses oreilles. Malgré leur bonne facture manifeste, le jeune homme n’aurait su se reposer sur eux seuls afin de s’assurer de l’étendue des ressources de sa future interlocutrice. D’expérience, il savait que l’on pouvait paraître beaucoup de choses sans toutefois en être. Son patron lui avait néanmoins assuré qu’il n’avait pas à s’occuper de questions de solvabilité. Soit. Tant mieux.
Erik la pensait jeune. Peut-être plus que lui. La chose était cependant difficile à confirmer ; les gens venant de la Terre des Dragons, comme le suggérait les traits de la demoiselle, avaient ce physique qui trompait régulièrement ses intuitions.
Ah. Elle l’avait remarqué. Deux grands yeux sombres encadrés par une chevelure qui l’était tout autant se posèrent sur lui. Chevelure détachée, par ailleurs. La dame ne s’était pas alourdie de broches et de mille accessoires de tête, ce que l’escroc avait le mérite de trouver simple et rafraîchissant. Repéré, il sourit aimablement, effectuant les quelques pas le séparant de « Madame Song. »
Du coin de l’œil, il remarquait à une table la présence d’un immense primate enfermé dans un corps d’homme, engoncé dans un costume le rendant brique, et les yeux dissimulés derrière de très attendues lunettes noires. Il les fixait. L’escroc ne pouvait pas dire ne pas s’y être attendu.
Son attention revint toute entière à la cliente rapidement. Et, d’une voix posée, il se permit un « Madame, » poursuivi d’un sourire affable.
L’escroc allait donc, le pas léger mais sûr, vêtu d’un costume noir, sobre et élégant, dont la découpe parfaite venait complimenter son ego soudain guilleret. Quel cadre ! On y respirait la richesse de ceux qui avaient les bourses si pleines de munnies qu’il leur fallait bien s’en défaire… — soit. Son patron lui rembourserait en notes de frais les sommes qu’il dépenserait. Il le lui devait bien. C’était, après tout, pour lui qu’il était là.
Pierre blanche, mobilier rappelant les îles — les Caraïbes de Port-Royal, peut-être ? — mais travaillé avec le plus grand soin. Le but n’était-il pas d’amener un peu d’exotisme ? On ne voulait pas ici renvoyer à l’image désordonnée des mercenaires ; mais à la promesse de voyage et à l’eau claire de lagons enchanteurs. Les aquariums qui habillaient certains des murs laissaient au tout venant l’opportunité de s’égarer loin de sa misère programmée : car après tout, quel qu’ait été le luxe de l’endroit, et quelle qu’ait été la félicité qu’on y fit miroiter, la maison gagnait toujours.
Le bruit de ses semelles se rappela à lui. Il avait quitté la mer de tentations qui s’était présentée, et la moquette qui avait étouffé ses pas. Son pied posé sur le dallage clair du bar lounge, il prit un moment pour observer les lieux. Pour sûr, cela ne ressemblait guère au débit de boisson qui se trouvait en face de chez lui. Nulle horde de buveurs désespérés n’assaillait le bar. Ce dernier était propre, net, long, orné de quelques verres aux cocktails colorés, et décoré de clients aux tenues raffinées.
Erik comptait depuis tantôt les gorilles sur place. La sécurité n’était pas bien difficile à repérer — quelques armoires à glace perdues entre deux tentures. Mais pourquoi se cacher, après tout ? Leur nombre lui laissait toutefois sentir qu’il ne valait mieux pas se trouver dans leur viseur. S’il était confiant quant à ses capacités en 1v1… être en sous-nombre était rarement un avantage. Mais pourquoi tu penses à ça ? s’interrompait-il. Y’a aucune raison que t’aies à te tirer en vitesse ! Il ne venait que discuter, de fait.
La cliente en prospection de Jimbo sauta à ses yeux dès lors qu’il se mit en tête de la trouver. La jeune femme se tenait assise au bar, mais pourtant seule. Cela, malgré toute l’élégance qui se dégageait de sa tenue et de ses parures. Elle avait le port droit, enserré par une robe longue et noire, fendue sur la jambe. Un choix d’un charme certain, mais dont l’interprétation plus séductrice pouvait appeler à un soupçon de méfiance. Il était évident qu’elle avait appris à avoir un beau maintien, tant il semblait à Erik naturel. Or, beaucoup devaient prêter une constante attention dans le but de le conserver.
Les yeux de l’escroc remarquèrent forcément le diamant à son doigt, l’argent à ses poignets et l’or à ses oreilles. Malgré leur bonne facture manifeste, le jeune homme n’aurait su se reposer sur eux seuls afin de s’assurer de l’étendue des ressources de sa future interlocutrice. D’expérience, il savait que l’on pouvait paraître beaucoup de choses sans toutefois en être. Son patron lui avait néanmoins assuré qu’il n’avait pas à s’occuper de questions de solvabilité. Soit. Tant mieux.
Erik la pensait jeune. Peut-être plus que lui. La chose était cependant difficile à confirmer ; les gens venant de la Terre des Dragons, comme le suggérait les traits de la demoiselle, avaient ce physique qui trompait régulièrement ses intuitions.
Ah. Elle l’avait remarqué. Deux grands yeux sombres encadrés par une chevelure qui l’était tout autant se posèrent sur lui. Chevelure détachée, par ailleurs. La dame ne s’était pas alourdie de broches et de mille accessoires de tête, ce que l’escroc avait le mérite de trouver simple et rafraîchissant. Repéré, il sourit aimablement, effectuant les quelques pas le séparant de « Madame Song. »
Du coin de l’œil, il remarquait à une table la présence d’un immense primate enfermé dans un corps d’homme, engoncé dans un costume le rendant brique, et les yeux dissimulés derrière de très attendues lunettes noires. Il les fixait. L’escroc ne pouvait pas dire ne pas s’y être attendu.
Son attention revint toute entière à la cliente rapidement. Et, d’une voix posée, il se permit un « Madame, » poursuivi d’un sourire affable.