Quand le Faisan doré courtise sa femelle et fait la roue pour l'éblouir, il étincelle de feux plus chatoyants qu'un oiseau de vitrail. L'égal en éclat d'un perroquet, de l'âme du poète lui-même lorsqu'elle se matérialise de plumes mais loin d'égaler le scintillement des iris fasciné du consul ! Dressant sa huppe d'or, hérissant son camail couleur d'aube zébré de rayures d'ébène, gonflant son torse en plastron rouge ardent, il se promène chaque aile soulevée, en hautaines allures ! Son plumage s'emplit de lueurs… les marbrures de son col vert bronzé, l'ourlet d'or de ses pennes, l'incarnat de son dos… les splendeurs incertaines de sa queue où des grains serrés de vermillon dont alternés avec des traits noirs sur un fond de riche, somptueuse et lucide améthyste.
Lorsque le Faisan Doré fait la parade nuptiale, tout en lui s'allume, tout luit et brille…
…et, sur ces yeux muant de claires pierreries s'unissant, se brisant en des joailleries que sertissent le bronze et l'acier, et l'argent ? Y court encore un frisson d'or mobile et changeant, qui naît, s'étale, fuit, se rétrécit, tressaille, éclate, glisse, meurt, coule, ondule, s'écaille, s'écarte en lacis d'or, en plaques d'or s'éploie, palpite, s'alanguit, se disperse, poudroie.
Et d'un insaisissable et féerique réseau, enveloppe le corps enflammé de l'oiseau.
C'est avec le même regard qu'Arthur observe le Faison Doré où, comme on s'amuse à l'appeller par ici, "Poule d'Or". Voilà un oiseau qui raviva Huayan, touts deux partagent cette âme consul d'où nait l'amour des dorures, du luxes, de l'élégance, de la fier dignité et du sublime orgueil de la beautée.
Beaucoup de faisons dorés, des mâles flamboyants avec l'éclat et des femelles, bien plus sobres dans les teintes, désireuse de rester discrète pour couver en paix.
De toute la troupe… ce fut ce faisan doré là que le poète remarqua. Subtile différence étant entre lui et les autres ; lui a l'âme, le coeur et le pelage d'un consul ! Le voilà alors, soudain, qui ébouriffe ses plumes pour la parade nuptiale comme un coq se préparant au combat ! Et alors là, Arthur recule d'un pas, une main fébrile sur son coeur qui encaisse mal la décharge de sensualité du faisan doré, de plumes, si élégamment habillé de son pelage comme en tenue de soirée.
Il n'en fallait pas plus pour chauffer Arthur… qui s'avance, face au Faisan Doré. Ce dernier, fier et digne, cesse sa promenade pour accomplir un exploit ; d'un un peu plus d'un mètre de long, il parvient pourtant à regarder de haut le gigantesque humain.
« Quel magnifique Faisan Doré ! »
« C'est trop d'honneur, je vous remercie en acceptant humblement le compliment. » Son cri est un tchak métallique. Il chante également, lors de la saison nuptiale, pour attirer les femelles mais ne risque pas de chanter pour Arthur, ça non. Bien qu'en apparence très sociable, le Faisan Doré est en pleine… représentation, sa posture… sa tenue de scène est parfaite, prêt à bondir comme à périr ; la parade nuptiale n'est pas un jeu. Et si s'en est un, c'est le plus important qui soit.
Un sourire amusé à l'idée que la créature, de par son élégance et sa bienséance couplé à un égo démesuré, lui rapelle Huayan Song. Ce pelage aussi… cet oiseau là, et le reste de son espèce, la Dame des Fleurs ne pourra que les apprécier. Ils ont cette sereine élégance, cette danse gracile.
« Toi qui danses à m'en faire chavirer, je t'invite à rejoindre la ville de Chengdu. C'est une ville humaine où y règne la Dame du Chengdu, Reine des Fleurs et Consule de l'Etiquette : Huayan Song ! »
« Et bien. » Le Faisan Doré lui rapelle tellement Huayan Song, tout en maitrise et discipline pour une symphonie. Des mots, des gestes, des attitudes, des regards, des façons de se tenir, de se retenir ; tout ça en une harmonie que l'on nomme charisme. Quelque chose qui parait parfois si incroyablement énervant à Arthur ! Lui est un peu plus sauvage que ça, peut bien croire qu'on doit maitriser et canaliser un peu ses émotions mais… à quoi servent les émotions ? A être exprimé, relâché sous la forme que l'on souhaite !
De belles manières, voilà comment doivent sortir les émotions selon un Consul.
Ce n'est pas contradictoire avec l'attitude de ce Faisan ou de Huayan… ils ont ce talent technique de pouvoir sculpter finement leurs émotions en de belles choses. En fait, loin de l'énerver, ca le… secoue ; c'est bien à ça que sert de faire et contempler l'Art. Quelque chose dans cette expertise de la perfection le laisse pantois, passé un certain pallier, tant de maitrise et de discipline ne peuvent que le laisser las et béats d'admiration. Un peu jaloux aussi peut-être sinon.
Et toutes ces sensations que l'on a, face au Faisan Doré ou face à Huayan Song, c'est faire face à l'art et l'artiste à la fois.
« J'imagine qu'il doit y avoir des raisons pour que vous m'invitiez là-bas. Honnêtement, jusqu'ici, nous sommes plus tranquille sans les humains. »
« Et pourtant, l'heure est venue de s'unir au Chengdu. Après de terribles batailles… » Honnêtement, le poète ne sait pas s'il y a eu une seule grande bataille ou plusieurs mais en attendant d'avoir la réponse… parler de plusieurs sonne un peu mieux, non ? L'heure est grave, le ton est formel et solennel ; Arthur sait bien que le Faisan Doré ne se déplacera pas pour rien, pas avec cet égo digne d'un lion. « …non, de tragiques batailles, Huayan Song est finalement parvenu à sauver de l'horreur des terres qui sont légitimement les siennes ! Toute la ville s'est levée, fière et forte pour défendre sa maison. Maintenant, la reconstruction touche à sa fin grâce à leurs efforts et l'aide du Consulat, l'heure est à la paix. »
« La rumeur vole chez les oiseaux que c'est le Consulat qui a libéré les cieux de la terreur imposée par les Dragons. »
« Je n'y ai pas participé, hélas… » Dit-il à regret, soudain l'air boudeur et contrarié au moment de croiser les bras. Pourtant, il le faut bien, Arthur relève le regard en direction du faisan avec un sourire et ouvre les bras comme pour l'enlacer. « …mais ce n'est pas une rumeur, c'est la plus pure vérité. Le Consulat est un groupe d'humains qui travaillent ensemble répandre l'art et la beautée à travers les mondes. Quiconque appartient au Consulat est Consul et les Consuls sont arts et artistes à la fois. Tu pourrais être Consul si tu le voulais, tu mérites ce prestige toi aussi. C'est pour ça que je t'invite à Chengdu, c'est suffisement raffiné pour toi et ta cour, c'est dans cette ville que s'érige le Temps des Arts. »
« Si c'est un Consul qui le dit, ça doit valoir le coup d'oeil. Nous ne remercierons jamais assez le Consulat d'avoir libéré le ciel de la tyrannie des Dragons. »
« Si c'est vrai, venez à Chengdu et lorsque le jour viendra, vous défendrez la ville becs et serres. »
« Bien ! Moi et ma cour allons à Chengdu, après ça, nous essaierons d'y amener autant d'oiseaux que possible. Maintenant, vous dites que je peux être consul ? »
Arthur sort des tréfonds de sa toge à la grecque une amulette à l'effigie de l'emblème du consul. Simple et fine, un petit bijou de joaillerie tout en modestie mais qui, sur l'excentrique parure du Faisan "Doré", fait dès lors toute la différence. Désormais, le Faisan Doré porte l'emblème du Consulat et c'est un Consul.
Il est de ceux qui ont vaincu les Dragons, bien évidement que les autres oiseaux l'écouteront.
Le Faisan Doré trace alors, du bout d'une serre, l'emblème du consul à même la terre et fièrement, pose une serre dessus au moment de s'incliner royalement.
« C'est un honneur. »
« Chengdu et sa Protectrice t'apporteront tout le prestige et le luxe que tu mérites, mon ami. A toi comme à chaque oiseau, je t'invite à passer le mot. » Arthur regarde, tout autour de lui, le reste des faisans et d'autres oiseaux s'étant agglutinés en auditeurs du poète. « Je vous invite tous à passer le mot. Sachez que le Consulat vous aime… et Chengdu aussi. Vous ne craignez rien, pas même les dragons, si vous volez près de nos ailes. »
Après quelques chants d'approbations de la part des faisans colorés, ceux-cis'organisent pour le grand départ et débattent des escales chez les autres faisans, nottament mais pas que. Ca vire très vite à un brouhaha pas possible qui pousse finalement Arthur à poursuivre sa route.
« Bon, direction le Chengdu ! » Et disant cela, bien que perdu, Arthur avance avec entrain dans la campagne chinoise sans trop savoir où pour l'instant, il traine c'est tout. Tout y est serein, tout y dort de bons matins sinon quelques paysans mandarins, ainsi que leurs bœufs, cochons et tout le reste de la ménagerie, dont des poules et des coqs. Sans parler des oiseaux capables de voler se dispersant aux quatres vents, sinon toute une troupe de faisans dorée qui préfère finalement partir en marchant noblement.
Perdu à les contempler, à s'en émerveiller, l'échevelé blondinet se fait surprendre par un coq qui passe par là à toute allure !
Un coq particulièrement intimidant, une horrible cicatrice qui cloue son oeil fermé tandis que le borgne a le pelage ébouriffé des scarifications qui le parcourent. En plein saut, le temps suspendu le temps de l'admirer un instant, tout semble soudain repartir à vitesse normale et si vite que les yeux du poète ont du mal à suivre !
Le coq est pourchassé par quelque chose de long et de sifflant qui file comme une flèche, un odieux serpent aux écailles couleurs terres. Puis, en l'air, sec et précis, l'impitoyable volatile broie sèchement le crâne du reptile entre ses serres. Retombe au sol, jette un regard menaçant au poète avant de partir avec la carcasse à ses pieds. Très rapidement rebuté, le poète se perd peu à peu dans de sombres abimes à contempler le cadavre de serpent dans lequel se sont encastrés les serres de l'animal. L'air blasé ou plutôt fatigué, pourtant captivé, comme absorbé, la pupille plate et plaine d'un or sans éclat ; un sourire confiant se dessine.
Aimer peut quelquefois conduire à la démence, les coqs en sont un exemple concret. Si au cours de l’année, ils savent aussi se montrer discret, la saison des amours les fait entrer en transes : excités, agressifs, voulant garder ses chances, ils dansent des parades dont ils gardent le secret à tout prix. Mais aucun n’est tout seul, c’est bien là leurs regrets et mieux vaut éviter de tester leurs clémences !
Aux couleurs de l’aurore ils commencent à chanter, attirant les femelles qui viennent les tenter de ses tout petits cris en venant sur la place. Depuis le dernier accouplement, redevenu serein, il attend longtemps la période fugace où sa folie explose en un royal dessein ! Et… le saison des amours, chez beaucoup d'oiseaux mais les coq tout particulièrement, c'est la saison de la guerre. Le soleil se lève tranquillement, jusqu'ici, il paraissait presque faire nuit mais ce coq bondit furieux sur un boeuf accroché à une vieille machine d'agriculture en bois. Le coq se met alors à chanter et comme s'il criait des ordres, le soleil éclate un peu plus à son commandement, inondant la campagne chinoise d'un éclat doré.
Et se faisant, s'imposant face aux faisans pas assez loin pour ne pas pouvoir le voir, le coq prend une pose victorieuse au moment de de s'époumoner de son triomphe à pleins poumons ! Une serre tient le serpent aussi haut en l'air que possible, l'autre est encastré dans le boeuf qui râle avec paresse sous la douleur qu'il ignore désormais d'un air blasé à ruminer les yeux fatigués. Si le coq tient, ce n'est que grâce aux battements brusques de ses ailes censés l'équilibrer dans cette drôle de position alors que l'animal regarde en direction du soleil d'un air particulièrement prétentieux.
Montant sur son égo, il gonfle par honneur son plumage et de son bec acéré, part à l'abordage. Est-ce que l'intrus flamboyant à la toge embrasé ose s'imaginer roi de ce poulailler ?!
Avec son cri résonne l'emblème des sommets, le premier chant du jour ; un plumage en clé de sol qui bec à ciel ouvert réveille les vivants de haute et basse cour aux rayons du soleil revenus sur la terre ! Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt et quiconque possède un coq possède dès lors le monde ; à n'en pas douter pas un animal puissant, d'une discipline de fer avec une détermination sans faille. L'objectif des coqs est simple et clair ; beaucoup de graines, beaucoup de poules et le premier coq qui se la ramène, il faut l'écraser sans pitié ! Au grand dam des rois, ces révolutionnaires assoiffés à crêtes et barbillons tout en rouge de sang exhibent chaque plume en trophée et reste polygame, peint de mille couleurs ses gloires éphémères. Surtout de rouge.
Tel un conquistador qui règne sur les Dames, ce Maître de harem est " animal solaire " !
Après une telle démonstration, le coq bondit de son perchoir et, plutôt grassouillet, parvient à regarder de haut Arthur sans dépasser son genou. Ses yeux sont orgueilleux mais déterminés, tel un seigneur de guerre qui vous fixe en exigeant d'être respecté.
« Humpf ! Ici, c'est mon harem. » Lui dit le coq fermier, plus furieux que mille guerrier et laissant un consul brusqué mais qui aime ça. Lui respecte cette puissante énèrgie, cette passion brûlante. « Tu ne peux être roi sur mon tas de fumier ! C'est à moi, Le Coq, que les dieux apportent leur "Je t'aime". Et j'ai dans ma basse-cour des petits manies, je saute mes poules à l'envie. Je suis le seul maitre à bords et j'ai touts les pouvoirs même celui de te bannir de mon perchoir ! »
Le poète regarde un peu partout autour de lui et se dit finalement que… il aurait peut-être dû regarder où il allait ; le voilà au beau milieu d'une ferme en bien sale état, l'air d'être abandonné. Peut-être pourtant que des gens vivent ici en ce moment ?! Le consul hausse les épaules avec "l'air de s'en foutre" qui débarque dans la conversation, il ne craint rien ni personne tant que ce coq reste dans les parages.
« Roi du Tas de Fumier ? Je suis des poèmes le messager. » Amusé de flatter bêtes et gens, qui le mérite ou pas du tout bien souvent, d'Erato le Fils s'incline en imitant la manière dont le fait Huayan Song, en se penchant légèrement les mains jointes. De mémoire, ses manches dissimulaient ses mains mais lui se plait à les imaginer jointes des plats pour prier. Fait-elle des arts martiaux… ? Un bien beau fantasme auquel Arthur ne croit pas tellement, lui l'ayant plus senti dans le domaine de la sorcellerie. D'un sursaut, le poète remarque l'impatience sévère du coq qui le défie du regard dès que l'occasion s'en présente.
Gêné mais soutenant le regard, Arthur continue en laissant un coq dédaigneux admirer ses serres.
« Mon message s'adresse aux oiseaux de fers qui disent le vent ; qui chantent dès le jour levant ; le bel et fort oiseau querelleur ; plus fort que nos malheurs. Mon message est une invitation aux coqs, à leurs poules et poussins de rejoindre Chengdu ! Touts les oiseaux, qu'ils volent ou non, sont définitivement et à jamais les bienvenues. Le temple des arts comme tout le reste de la ville leurs ouvriront les bras en grands du fond du coeur. Qui plus est, face aux sans-cœurs et sinistres huns, aux serpents et aux renards, aux voleurs de bétails comme à touts nos ennemis… nous avons définitivement besoin des coqs à nos côtés. »
Soudain, des petits oiseaux colorés aux ailes surexcités apparaissent, jusqu'ici incroyablement furtif ! Première réaction, vif comme un prédateur, Arthur échoue pourtant à les attraper avec un air un peu ennuyé, bien vite attendri lorsqu'il vienne à lui pour se poser. Chacun sur une épaule ! L'un deux a le plumage tendu en écaille par un corps gonflé en forme de balle et une toute petite tête, gris anthracite alors que son minuscule crâne en comparaison du reste peine presque naitre avec une toison brune en sommet.
« Ce qu'il dit est vrai ! Il est de ceux qui ont vaincus les dragons et reste un ami de nos oiseaux ! » S'époumone-t-il, essoufflé de trimballer son gros corps à coups d'ailes survitaminés comme l'on ramerait et finalement bien content de trouver du repos sur l'épaule du consul. « La vie est belle et douce à Chengdu, nous en venons. »
« Sérieux ? Vous savez où c'est ?! »
L'autre est plus sobre, de teintes brunes et grises, blanches et noirs sur la visage alors qu'une crête s'érige en diadème, en couronne par-dessus un bec en aiguisé. De l'ampleur d'un moineau mais le corps affuté comme celui d'un faucon.
« Oui. On t'y emmènes si tu veux ! »
« Tu viens le Coq ? »
« Le temps de prévenir le reste du poulailler et on peut partir. »
« Okay, je libère le boeuf pendant ce temps alors. »
Laissant le coq prévenir ses comparses et compagnes et concubines et rivaux, Arthur porte un regard triste au boeuf qui assiste à la scène d'un air placide. Ses yeux sont humides… seraient-ce de l'arme ? Les deux petits oiseaux à son épaule s'échangent un regard triste en haussant leurs petites ailes, se disant qu'ils n'y peuvent pas grand-chose. La ferme parait abandonnée… par les humains, en tout cas. Arthur a pu s'y perdre en rêvassant et combien de temps ? Le premier à l'interpeller fut un coq, c'est dire à quel point plus personne ne gère cet endroit… sinon peut-être ce qu'il reste des animaux. La douleur est palpable ici, Arthur n'ose pas demander plus.
Et de toute façon, quand bien même cet endroit est encore habitué, d'Erato le Fils a de toute façon décidé de libérer l'animal.
Pourquoi les boeufs traînent-ils les vieux chars pesants ? Cela fait pitié de voir leur gros front bombé, leurs yeux qui ont l'air de souffrance de tomber. Ils font gagner le pain aux pauvres paysans mais ca aussi c'est important. S'ils ne peuvent plus marcher, les vétérinaires les brûlent avec des drogues et des fers rouges. Et puis dans les champs pleins de coquelicots rouges, les bœufs vont encore herser, racler la terre. Il y en a qui se casse un pied quelquefois ; alors on tue celui-là pour la boucherie, pauvre boeuf qui écoutait le grillon qui crie et qui était obéissant aux rudes voix des paysans qui hersaient sous le soleil fou, pauvre boeuf qui allait il ne savait où.
On ne peut pas s'occuper de chaque drame sur terre, se dit Arthur dans un soupire mais attrape tout son pinceau pour dessiner une scie et entamer de libérer la bête de sa prison de bois en armure. Une fois fait… l'animal semble sourit à Arthur, s'approche lourd et menaçant, stoïque jusqu'après avoir léché le poète. D'un geste, l'animal invite en meuglant le blondinet à monter d'un mouvement de tête.
« Merci mon ami, j'espère ne pas être trop lourd pour toi… » Arthur, content et souriant mais encore déçu, le boeuf comprend sans comprendre. Il comprends mais… pas comme avec les oiseaux. D'Erato le Fils ne demande qu'à pouvoir parler à toutes les créatures de cet univers mais au final, la joie l'emporte face au boeuf. Celui-ci fronce les sourcils et meugle à nouveau, insistant, pas content, réitérant l'invitation. Riant, non sans s'inquiéter un peu, le jeune homme bondit pour, de ses deux bras allongés, s'accrocher au dos de l'animal et entamer une pénible attention. Si fier d'avoir réussi à monter, trouvant si confortable le dos d'un boeuf de bonne humeur maintenant que son cavalier est monté, l'artiste se voit soudain foudroyé par l'insolent regard du coq. Celui-ci, singeant les humains, se tient fier sur deux pattes, presque debout et l'allure un peu humanoïde avec ses ailes croiser comme des bras.
Soudain !
L'animal fléchit ses petites pattes et propulse son corps de coq viril d'un bond que des ailes furieuses accompagnent ; le laisser redescendre à la vitesse d'une plume sur le dos du boeuf, aux côtés d'Arthur un peu essoufflé de sa grimpette alors que lui n'a pas lâché une goutte de sueur. Et pleins d'orgueils.
« Frimeur. » C'est vexant et pas très agréable comme humiliation mais assez impressionnant ! Pas étonnant que ce coq soit capable d'avoir autant de poules, qui suivent en cortège le boeuf à pied. Le poète s'installe assis sur le dos du boeuf et le coq s'installe assis sur son crâne, quelques poules grimpent à leurs tours sur le puissant boeuf, dont le poids n'est rien si ce n'est plus celui des machines de bois qui l'enchainait autrefois. Et tranquillement, le long de la route jusqu'à Chengdu, Arthur invite touts les oiseaux qui passent à s'inviter au cortège et passe la mot aux oiseaux qu'à Chengdu, ils sont chez eux et que Chengdu est un bout du paradis pour les mortels. Les faisans eux-mêmes ont décidés que finalement, ils avaient tout le temps de voir Chengdu avant d'ameuter touts les autres ; qu'ils se résèrvent les meilleurs places d'abords.
Un convoi qui marche, chevauche ou vole. Ca discute, joue et se chamaille, en pleine parade nuptiale, le mélange d'oiseau autour d'Arthur et de son boeuf résonne comme la tempête de Tian-Long ! Une tornade oiseau escorte alors le messager des poèmes.
Lorsque la ville de Chengdu apparait enfin à la vue, au loin… ? Arthur sourit apaisé et serein, saluant de sa main la lointaine Huayan en même temps qu'il dit au revoir à l'armée des oiseaux qui vient prendre pacifiquement la ville d'assaut. Un assaut auquel personne ne peut grand chose, pas même le consul maintenant que le mot est passé aux oiseaux que dans la ville de Chengdu et plus particulièrement le temple des arts, ils sont les bienvenues. Comme les cris des vitriers de rues en rues, les oiseaux chantaient, un air dont lentement s'étonneraient ceux qui ne savent plus prier. Prier l'art, prier la beautée, prier l'amour, prier la passion, prier le coeur et ses émotions ; prier l'univers tout entier ! Prier les harmonies profondes qui, même si vous y êtes sourds, plus fortes et lourdes que l'orage grondent.
Il s'agit de se concentrer et d'accepter que nous ne sommes jamais… qu'un morceau de cet univers ; qu'une partie. Lorsqu'il pleut, l'eau relie le ciel et la terre ; l'arbre n'est pas dissociable des bestioles qui l'auréolent. Pas plus qu'il ne pourrait se séparer de ses racines, l'arbre et la terre ne forme qu'un. Que sommes-nous, sans un sol pour nous porter ? Sans un ciel pour nous recouvrir ? Sans eaux pour ne pas mourir ? Sans flamme pour ne pas, jusqu'à la glace, refroidir ?
Tout est lié.
Désireux d'harmonie, incroyablement respectueux, Arthur n'allait pourtant pas se renier. Vêtu de sa toge rouge à la grecque, toujours le même blondinet échevelé et cet emblème fièrement cousus à son coeur, il est encore loin de la ville à se trimballer sur un boeuf qui n'a que trop trimer et qu'il n'oserait pas brusquer. Pourtant, déjà, de plumes… de becs et de serres… voilà de quoi Chengdu s'habille entre toutes ses dorures. Que la Dame du Chendu, en sa demeure, accueille touts les oiseaux de la régions ; que ceux qui migrent face halte ici ; qu'au premier signe d'un mongole ou d'un sans-cœur, l'alarme retentisse ! Que le levé du soleil soit annoncé et pareillement le couché !
L'on peut voir des oiseaux… par dizaines, par centaines affluer. Tous tout en longueurs finement esquissés, de traits fins colorés les gestes précis, toute la rigueur chinoise faisant scintiller leurs plumes comme des lames ; habiles et rapides à la manœuvre. Des petits oiseaux, d'ici les moineaux, qui s'allongent en virgules… d'imposantes grues une fois toutes en longueurs déployés ; de fiers coqs avec leurs ménageries et de magnifiques si nobles faisans dorés tous à pieds. Et tout un tas d'oiseaux de ce pays qui ne cesseront d'arriver pour venir ne faire qu'un avec Chengdu et le temple des arts en son sein.
Tous ceux qui parlent des merveilles ; leurs fables cachent des sanglots. Et les couleurs de leurs oreilles, toujours à des plaintes pareilles, donnent leurs larmes pour l'âme de l'eau. Le peintre assis devant sa toile, a-t-il jamais peint ce qu'il voit ? Ce qu'il voit, son histoire le voile… et ses ténèbres sont étoiles comme chanter change la voix. Ses secrets partout qu'il expose, ce sont des regards en oiseaux déguisés. Son regard embellit les choses et les gens prendront pour des roses, la douloureuse et coupable trahison dont il est brisé. Sa vie au loin, son étrangère, ce qu'il fut ? Il l'a quitté, de fils de muse, il s'est abandonné à la destinée. Et les teintes d'aimer changèrent comme roussit dans les fougères ; le songe à Costa Del Sol d'une journée d'été et d'un repas au souvenir remémoré de la forteresse oubliée.
« On en aura fait une consule, finalement… » Et pas peu fier de lui, Arthur continue tranquillement sa route avec un coq borgne sur sa tête et un boeuf fatigué sous ses fesses, des dizaines de poules autour pour en former la cour. « …j'espère que ça lui plaira ! Une chose est sûre, elle saura que ça vient de moi. » Chante-t-il, sincère et joueur à la fois, espérant que le vent et les plumes portent son message de gratitude à l'égard de la Reine des Fleurs. De l'avoir recruté est, juste après avoir dansé avec la fille de Terpsichore, son plus grand exploit accompli jusqu'ici.
A partir du moment où Huayan est entré au Consulat et de si belle manière, si déjà tellement en place avant même son arrivée… si on est persuadé comme Arthur l'est que la Consule de l'Etiquette est un trésor sans pareille, on comprend pourquoi il se targue de pouvoir être appelé diplomate ou ambassadeur.
La route continue et… étrangement, en pensant à Huayan, il pense à l'amour ; en pensant à l'amour, rebondissant assis sur sa généreuse et pépère monture, le poète se dandine joyeusement sur un rythme inconnu et peu à peu emporté par la douce ivresse, se tient désormais sans les mains pour danser un rodéo bien maladroit en direction de la ville de Chengdu ! Et de la Dame. La Dame du Chengdu, pas sa Dame à lui finalement trouvé au détour d'une fontaine.
Il ne l'a pas revu depuis et… n'en parle pas tellement, y pense mais vaguement… disons que simplement, dès fois, c'est plus fort que lui alors il danse sans raison, pas pur passion. Festoyant si simplement !
Mar 17 Sep 2019 - 16:07