Un Temple en l'honneur des Arts - III Szp8Un Temple en l'honneur des Arts - III 4kdkUn Temple en l'honneur des Arts - III 4kdk
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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Les travaux toucheront bientôt à leurs fins. Le Temple sera achevé, bientôt. Les finitions sont en cours et la beauté que nous avons réussi à créer ici est sans communes mesures. Nous sommes au niveau de la Cité Interdite, voir au-delà.

Pour rester fidèles à notre intention consulaire de départ, j’ai décidé de nommer cette construction « 艺术宫 » -Yishu Gong-, autrement dit le « Palais des Arts ». Cela me semble le plus adapté. J’ai envoyé des courriers par dizaines à travers la Chine et au-delà pour faire appel à tous les Consuls. Tous ceux qui souhaitent apporter une pierre, aussi mince soit-elle à cet édifice, le peuvent. Ainsi, cet ouvrage colossal sera également une création collective. L’addition de multiples savoirs, connaissances et pouvoirs. L’Art à son apogée.

Moi-même, j’ai décidé de faire des plaques de calligraphie qui seront accrochées à chaque bâtiment. Cela est en rapport avec l’Étiquette que j’incarne bien sûr. Au-dessus de chaque entrée du Temple central se dressent désormais les mots suivants : « 永恒的火焰 »; « 神圣的天空 »; « 海上前夕 »; « 地球喂养 ». En espérant que cela inspirera nos futurs élèves et professeurs.

Je déambule dans les allées désormais quasiment achevées. Mon regard inspecte le moindre détail du Temple central. Un bâtiment ancré dans la terre et s’élançant comme une flèche vers le ciel. Tous pourront voir sa beauté. La grandeur de nos arts et de notre culture. C’est un hymne à l’Empire tout entier et à tous ses peuples.

Les bannières du Consulat, de ma famille et de l’Empire ont été placées presque partout. Sur les murs d’enceinte, sur les deux tours protégeant l’accès principal, dans les allées, près des statues des Muses, sur les toits, à chaque entrée du moindre édifice. La ville se prépare à célébrer cette belle réussite tandis que les quartiers dédiés aux militaires et aux futurs touristes sont encore en cours de travaux. Nous avons concentré toutes les meilleures forces pour achever cette ambassade rapidement.

En tenue d’apparat, j’observe tous les consuls, les artisans, les ouvriers ainsi que les architectes travailler avec minutie et soucis de la perfection. Ils savent que ce bâtiment restera ici pour des décennies, voir des siècles. Participer à un tel projet est une chance dans une vie, et ils le savent bien.

Lorsque les travaux seront achevés, nous organiserons de grandes célébrations en ville. L’avenir s’annonce radieux pour notre ville. Paix et prospérité pour tous. C’est ce que nous méritons. C’est tout ce que je souhaite aux habitants de ma ville natale. Chengdu sera le centre qu’elle fut toujours, et bien plus encore.

Les gardes en tenue de cérémonie ont fière allure. Ils me saluent lorsqu’ils me voient. Mon frère et moi n’avons pas eu beaucoup de mal à recruter pour former une force militaire familiale, tous sont motivés de travailler pour l’une des plus grandes familles chinoises de l’Empire. Le vent est en notre faveur.

Le soleil baigne les grands espaces de l’Yishu Gong, c’est un ravissement autant pour les yeux que pour le cœur. Nous avons réussi à créer un édifice digne, inspirant et en accord avec notre civilisation tout en cherchant une certaine forme de nouveauté. Les ancêtres doivent être heureux de voir cela.

Les artisans ont créé quelque chose de magique.


« La beauté est une éloquence muette. »



Photos :
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Quand le Faisan doré courtise sa femelle et fait la roue pour l'éblouir,  il étincelle de feux plus chatoyants qu'un oiseau de vitrail. L'égal en éclat d'un perroquet, de l'âme du poète lui-même lorsqu'elle se matérialise de plumes mais loin d'égaler le scintillement des iris fasciné du consul ! Dressant sa huppe d'or, hérissant son camail couleur d'aube zébré de rayures d'ébène, gonflant son torse en plastron rouge ardent, il se promène chaque aile soulevée, en hautaines allures ! Son plumage s'emplit de lueurs… les marbrures de son col vert bronzé, l'ourlet d'or de ses pennes, l'incarnat de son dos… les splendeurs incertaines de sa queue où des grains serrés de vermillon dont alternés avec des traits noirs sur un fond de riche, somptueuse et lucide améthyste.
Lorsque le Faisan Doré fait la parade nuptiale, tout en lui s'allume, tout luit et brille…

…et, sur ces yeux muant de claires pierreries s'unissant, se brisant en des joailleries que sertissent le bronze et l'acier, et l'argent ? Y court encore un frisson d'or mobile et changeant, qui naît, s'étale, fuit, se rétrécit, tressaille, éclate, glisse, meurt, coule, ondule, s'écaille, s'écarte en lacis d'or, en plaques d'or s'éploie, palpite, s'alanguit, se disperse, poudroie.
Et d'un insaisissable et féerique réseau, enveloppe le corps enflammé de l'oiseau.

C'est avec le même regard qu'Arthur observe le Faison Doré où, comme on s'amuse à l'appeller par ici, "Poule d'Or". Voilà un oiseau qui raviva Huayan, touts deux partagent cette âme consul d'où nait l'amour des dorures, du luxes, de l'élégance, de la fier dignité et du sublime orgueil de la beautée.
Beaucoup de faisons dorés, des mâles flamboyants avec l'éclat et des femelles, bien plus sobres dans les teintes, désireuse de rester discrète pour couver en paix.

De toute la troupe… ce fut ce faisan doré là que le poète remarqua. Subtile différence étant entre lui et les autres ; lui a l'âme, le coeur et le pelage d'un consul ! Le voilà alors, soudain, qui ébouriffe ses plumes pour la parade nuptiale comme un coq se préparant au combat ! Et alors là, Arthur recule d'un pas, une main fébrile sur son coeur qui encaisse mal la décharge de sensualité du faisan doré, de plumes, si élégamment habillé de son pelage comme en tenue de soirée.
Il n'en fallait pas plus pour chauffer Arthur… qui s'avance, face au Faisan Doré. Ce dernier, fier et digne, cesse sa promenade pour accomplir un exploit ; d'un un peu plus d'un mètre de long, il parvient pourtant à regarder de haut le gigantesque humain.

« Quel magnifique Faisan Doré ! »

« C'est trop d'honneur, je vous remercie en acceptant humblement le compliment. » Son cri est un tchak métallique. Il chante également, lors de la saison nuptiale, pour attirer les femelles mais ne risque pas de chanter pour Arthur, ça non. Bien qu'en apparence très sociable, le Faisan Doré est en pleine… représentation, sa posture… sa tenue de scène est parfaite, prêt à bondir comme à périr ; la parade nuptiale n'est pas un jeu. Et si s'en est un, c'est le plus important qui soit.

Un sourire amusé à l'idée que la créature, de par son élégance et sa bienséance couplé à un égo démesuré, lui rapelle Huayan Song. Ce pelage aussi… cet oiseau là, et le reste de son espèce, la Dame des Fleurs ne pourra que les apprécier. Ils ont cette sereine élégance, cette danse gracile.

« Toi qui danses à m'en faire chavirer, je t'invite à rejoindre la ville de Chengdu. C'est une ville humaine où y règne la Dame du Chengdu, Reine des Fleurs et Consule de l'Etiquette : Huayan Song ! »

« Et bien. » Le Faisan Doré lui rapelle tellement Huayan Song, tout en maitrise et discipline pour une symphonie. Des mots, des gestes, des attitudes, des regards, des façons de se tenir, de se retenir ; tout ça en une harmonie que l'on nomme charisme. Quelque chose qui parait parfois si incroyablement énervant à Arthur ! Lui est un peu plus sauvage que ça, peut bien croire qu'on doit maitriser et canaliser un peu ses émotions mais… à quoi servent les émotions ? A être exprimé, relâché sous la forme que l'on souhaite !
De belles manières, voilà comment doivent sortir les émotions selon un Consul.

Ce n'est pas contradictoire avec l'attitude de ce Faisan ou de Huayan… ils ont ce talent technique de pouvoir sculpter finement leurs émotions en de belles choses. En fait, loin de l'énerver, ca le… secoue ; c'est bien à ça que sert de faire et contempler l'Art. Quelque chose dans cette expertise de la perfection le laisse pantois, passé un certain pallier, tant de maitrise et de discipline ne peuvent que le laisser las et béats d'admiration. Un peu jaloux aussi peut-être sinon.
Et toutes ces sensations que l'on a, face au Faisan Doré ou face à Huayan Song, c'est faire face à l'art et l'artiste à la fois.

« J'imagine qu'il doit y avoir des raisons pour que vous m'invitiez là-bas. Honnêtement, jusqu'ici, nous sommes plus tranquille sans les humains. »

« Et pourtant, l'heure est venue de s'unir au Chengdu. Après de terribles batailles… » Honnêtement, le poète ne sait pas s'il y a eu une seule grande bataille ou plusieurs mais en attendant d'avoir la réponse… parler de plusieurs sonne un peu mieux, non ? L'heure est grave, le ton est formel et solennel ; Arthur sait bien que le Faisan Doré ne se déplacera pas pour rien, pas avec cet égo digne d'un lion. « …non, de tragiques batailles, Huayan Song est finalement parvenu à sauver de l'horreur des terres qui sont légitimement les siennes ! Toute la ville s'est levée, fière et forte pour défendre sa maison. Maintenant, la reconstruction touche à sa fin grâce à leurs efforts et l'aide du Consulat, l'heure est à la paix. »

« La rumeur vole chez les oiseaux que c'est le Consulat qui a libéré les cieux de la terreur imposée par les Dragons. »

« Je n'y ai pas participé, hélas… » Dit-il à regret, soudain l'air boudeur et contrarié au moment de croiser les bras. Pourtant, il le faut bien, Arthur relève le regard en direction du faisan avec un sourire et ouvre les bras comme pour l'enlacer. « …mais ce n'est pas une rumeur, c'est la plus pure vérité. Le Consulat est un groupe d'humains qui travaillent ensemble répandre l'art et la beautée à travers les mondes. Quiconque appartient au Consulat est Consul et les Consuls sont arts et artistes à la fois. Tu pourrais être Consul si tu le voulais, tu mérites ce prestige toi aussi. C'est pour ça que je t'invite à Chengdu, c'est suffisement raffiné pour toi et ta cour, c'est dans cette ville que s'érige le Temps des Arts. »

« Si c'est un Consul qui le dit, ça doit valoir le coup d'oeil. Nous ne remercierons jamais assez le Consulat d'avoir libéré le ciel de la tyrannie des Dragons. »

« Si c'est vrai, venez à Chengdu et lorsque le jour viendra, vous défendrez la ville becs et serres. »

« Bien ! Moi et ma cour allons à Chengdu, après ça, nous essaierons d'y amener autant d'oiseaux que possible. Maintenant, vous dites que je peux être consul ? »

Arthur sort des tréfonds de sa toge à la grecque une amulette à l'effigie de l'emblème du consul. Simple et fine, un petit bijou de joaillerie tout en modestie mais qui, sur l'excentrique parure du Faisan "Doré", fait dès lors toute la différence. Désormais, le Faisan Doré porte l'emblème du Consulat et c'est un Consul.
Il est de ceux qui ont vaincu les Dragons, bien évidement que les autres oiseaux l'écouteront.

Le Faisan Doré trace alors, du bout d'une serre, l'emblème du consul à même la terre et fièrement, pose une serre dessus au moment de s'incliner royalement.

« C'est un honneur. »

« Chengdu et sa Protectrice t'apporteront tout le prestige et le luxe que tu mérites, mon ami. A toi comme à chaque oiseau, je t'invite à passer le mot. » Arthur regarde, tout autour de lui, le reste des faisans et d'autres oiseaux s'étant agglutinés en auditeurs du poète. « Je vous invite tous à passer le mot. Sachez que le Consulat vous aime… et Chengdu aussi. Vous ne craignez rien, pas même les dragons, si vous volez près de nos ailes. »

Après quelques chants d'approbations de la part des faisans colorés, ceux-cis'organisent pour le grand départ et débattent des escales chez les autres faisans, nottament mais pas que. Ca vire très vite à un brouhaha pas possible qui pousse finalement Arthur à poursuivre sa route.

« Bon, direction le Chengdu ! » Et disant cela, bien que perdu, Arthur avance avec entrain dans la campagne chinoise sans trop savoir où pour l'instant, il traine c'est tout. Tout y est serein, tout y dort de bons matins sinon quelques paysans mandarins, ainsi que leurs bœufs, cochons et tout le reste de la ménagerie, dont des poules et des coqs. Sans parler des oiseaux capables de voler se dispersant aux quatres vents, sinon toute une troupe de faisans dorée qui préfère finalement partir en marchant noblement.

Perdu à les contempler, à s'en émerveiller, l'échevelé blondinet se fait surprendre par un coq qui passe par là à toute allure !
Un coq particulièrement intimidant, une horrible cicatrice qui cloue son oeil fermé tandis que le borgne a le pelage ébouriffé des scarifications qui le parcourent. En plein saut, le temps suspendu le temps de l'admirer un instant, tout semble soudain repartir à vitesse normale et si vite que les yeux du poète ont du mal à suivre !

Le coq est pourchassé par quelque chose de long et de sifflant qui file comme une flèche, un odieux serpent aux écailles couleurs terres. Puis, en l'air, sec et précis, l'impitoyable volatile broie sèchement le crâne du reptile entre ses serres. Retombe au sol, jette un regard menaçant au poète avant de partir avec la carcasse à ses pieds. Très rapidement rebuté, le poète se perd peu à peu dans de sombres abimes à contempler le cadavre de serpent dans lequel se sont encastrés les serres de l'animal. L'air blasé ou plutôt fatigué, pourtant captivé, comme absorbé, la pupille plate et plaine d'un or sans éclat ; un sourire confiant se dessine.

Aimer peut quelquefois conduire à la démence, les coqs en sont un exemple concret. Si au cours de l’année, ils savent aussi se montrer discret, la saison des amours les fait entrer en transes : excités, agressifs, voulant garder ses chances, ils dansent des parades dont ils gardent le secret à tout prix. Mais aucun n’est tout seul, c’est bien là leurs regrets et mieux vaut éviter de tester leurs clémences !

Aux couleurs de l’aurore ils commencent à chanter, attirant les femelles qui viennent les tenter de ses tout petits cris en venant sur la place. Depuis le dernier accouplement, redevenu serein, il attend longtemps la période fugace où sa folie explose en un royal dessein ! Et… le saison des amours, chez beaucoup d'oiseaux mais les coq tout particulièrement, c'est la saison de la guerre. Le soleil se lève tranquillement, jusqu'ici, il paraissait presque faire nuit mais ce coq bondit furieux sur un boeuf accroché à une vieille machine d'agriculture en bois. Le coq se met alors à chanter et comme s'il criait des ordres, le soleil éclate un peu plus à son commandement, inondant la campagne chinoise d'un éclat doré.
Et se faisant, s'imposant face aux faisans pas assez loin pour ne pas pouvoir le voir, le coq prend une pose victorieuse au moment de de s'époumoner de son triomphe à pleins poumons ! Une serre tient le serpent aussi haut en l'air que possible, l'autre est encastré dans le boeuf qui râle avec paresse sous la douleur qu'il ignore désormais d'un air blasé à ruminer les yeux fatigués. Si le coq tient, ce n'est que grâce aux battements brusques de ses ailes censés l'équilibrer dans cette drôle de position alors que l'animal regarde en direction du soleil d'un air particulièrement prétentieux.

Montant sur son égo, il gonfle par honneur son plumage et de son bec acéré, part à l'abordage. Est-ce que l'intrus flamboyant à la toge embrasé ose s'imaginer roi de ce poulailler ?!

Avec son cri résonne l'emblème des sommets, le premier chant du jour ; un plumage en clé de sol qui bec à ciel ouvert réveille les vivants de haute et basse cour aux rayons du soleil revenus sur la terre ! Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt et quiconque possède un coq possède dès lors le monde ; à n'en pas douter pas un animal puissant, d'une discipline de fer avec une détermination sans faille. L'objectif des coqs est simple et clair ; beaucoup de graines, beaucoup de poules et le premier coq qui se la ramène, il faut l'écraser sans pitié ! Au grand dam des rois, ces révolutionnaires assoiffés à crêtes et barbillons tout en rouge de sang exhibent chaque plume en trophée et reste polygame, peint de mille couleurs ses gloires éphémères. Surtout de rouge.
Tel un conquistador qui règne sur les Dames, ce Maître de harem est " animal solaire " !

Après une telle démonstration, le coq bondit de son perchoir et, plutôt grassouillet, parvient à regarder de haut Arthur sans dépasser son genou. Ses yeux sont orgueilleux mais déterminés, tel un seigneur de guerre qui vous fixe en exigeant d'être respecté.

« Humpf ! Ici, c'est mon harem. » Lui dit le coq fermier, plus furieux que mille guerrier et laissant un consul brusqué mais qui aime ça. Lui respecte cette puissante énèrgie, cette passion brûlante. « Tu ne peux être roi sur mon tas de fumier ! C'est à moi, Le Coq, que les dieux apportent leur "Je t'aime". Et j'ai dans ma basse-cour des petits manies, je saute mes poules à l'envie. Je suis le seul maitre à bords et j'ai touts les pouvoirs même celui de te bannir de mon perchoir ! »

Le poète regarde un peu partout autour de lui et se dit finalement que… il aurait peut-être dû regarder où il allait ; le voilà au beau milieu d'une ferme en bien sale état, l'air d'être abandonné. Peut-être pourtant que des gens vivent ici en ce moment ?! Le consul hausse les épaules avec "l'air de s'en foutre" qui débarque dans la conversation, il ne craint rien ni personne tant que ce coq reste dans les parages.

« Roi du Tas de Fumier ? Je suis des poèmes le messager. » Amusé de flatter bêtes et gens, qui le mérite ou pas du tout bien souvent, d'Erato le Fils s'incline en imitant la manière dont le fait Huayan Song, en se penchant légèrement les mains jointes. De mémoire, ses manches dissimulaient ses mains mais lui se plait à les imaginer jointes des plats pour prier. Fait-elle des arts martiaux… ? Un bien beau fantasme auquel Arthur ne croit pas tellement, lui l'ayant plus senti dans le domaine de la sorcellerie. D'un sursaut, le poète remarque l'impatience sévère du coq qui le défie du regard dès que l'occasion s'en présente.
Gêné mais soutenant le regard, Arthur continue en laissant un coq dédaigneux admirer ses serres.

« Mon message s'adresse aux oiseaux de fers qui disent le vent ; qui chantent dès le jour levant ; le bel et fort oiseau querelleur ; plus fort que nos malheurs. Mon message est une invitation aux coqs, à leurs poules et poussins de rejoindre Chengdu ! Touts les oiseaux, qu'ils volent ou non, sont définitivement et à jamais les bienvenues. Le temple des arts comme tout le reste de la ville leurs ouvriront les bras en grands du fond du coeur. Qui plus est, face aux sans-cœurs et sinistres huns, aux serpents et aux renards, aux voleurs de bétails comme à touts nos ennemis… nous avons définitivement besoin des coqs à nos côtés. »

Soudain, des petits oiseaux colorés aux ailes surexcités apparaissent, jusqu'ici incroyablement furtif ! Première réaction, vif comme un prédateur, Arthur échoue pourtant à les attraper avec un air un peu ennuyé, bien vite attendri lorsqu'il vienne à lui pour se poser. Chacun sur une épaule ! L'un deux a le plumage tendu en écaille par un corps gonflé en forme de balle et une toute petite tête, gris anthracite alors que son minuscule crâne en comparaison du reste peine presque naitre avec une toison brune en sommet.

« Ce qu'il dit est vrai ! Il est de ceux qui ont vaincus les dragons et reste un ami de nos oiseaux ! » S'époumone-t-il, essoufflé de trimballer son gros corps à coups d'ailes survitaminés comme l'on ramerait et finalement bien content de trouver du repos sur l'épaule du consul. « La vie est belle et douce à Chengdu, nous en venons. »

« Sérieux ? Vous savez où c'est ?! »

L'autre est plus sobre, de teintes brunes et grises, blanches et noirs sur la visage alors qu'une crête s'érige en diadème, en couronne par-dessus un bec en aiguisé. De l'ampleur d'un moineau mais le corps affuté comme celui d'un faucon.

« Oui. On t'y emmènes si tu veux ! »

« Tu viens le Coq ? »

« Le temps de prévenir le reste du poulailler et on peut partir. »

« Okay, je libère le boeuf pendant ce temps alors. »

Laissant le coq prévenir ses comparses et compagnes et concubines et rivaux, Arthur porte un regard triste au boeuf qui assiste à la scène d'un air placide. Ses yeux sont humides… seraient-ce de l'arme ? Les deux petits oiseaux à son épaule s'échangent un regard triste en haussant leurs petites ailes, se disant qu'ils n'y peuvent pas grand-chose. La ferme parait abandonnée… par les humains, en tout cas. Arthur a pu s'y perdre en rêvassant et combien de temps ? Le premier à l'interpeller fut un coq, c'est dire à quel point plus personne ne gère cet endroit… sinon peut-être ce qu'il reste des animaux. La douleur est palpable ici, Arthur n'ose pas demander plus.
Et de toute façon, quand bien même cet endroit est encore habitué, d'Erato le Fils a de toute façon décidé de libérer l'animal.

Pourquoi les boeufs traînent-ils les vieux chars pesants ? Cela fait pitié de voir leur gros front bombé, leurs yeux qui ont l'air de souffrance de tomber. Ils font gagner le pain aux pauvres paysans mais ca aussi c'est important. S'ils ne peuvent plus marcher, les vétérinaires les brûlent avec des drogues et des fers rouges. Et puis dans les champs pleins de coquelicots rouges, les bœufs vont encore herser, racler la terre. Il y en a qui se casse un pied quelquefois ; alors on tue celui-là pour la boucherie, pauvre boeuf qui écoutait le grillon qui crie et qui était obéissant aux rudes voix des paysans qui hersaient sous le soleil fou, pauvre boeuf qui allait il ne savait où.

On ne peut pas s'occuper de chaque drame sur terre, se dit Arthur dans un soupire mais attrape tout son pinceau pour dessiner une scie et entamer de libérer la bête de sa prison de bois en armure. Une fois fait… l'animal semble sourit à Arthur, s'approche lourd et menaçant, stoïque jusqu'après avoir léché le poète. D'un geste, l'animal invite en meuglant le blondinet à monter d'un mouvement de tête.

« Merci mon ami, j'espère ne pas être trop lourd pour toi… » Arthur, content et souriant mais encore déçu, le boeuf comprend sans comprendre. Il comprends mais… pas comme avec les oiseaux. D'Erato le Fils ne demande qu'à pouvoir parler à toutes les créatures de cet univers mais au final, la joie l'emporte face au boeuf. Celui-ci fronce les sourcils et meugle à nouveau, insistant, pas content, réitérant l'invitation. Riant, non sans s'inquiéter un peu, le jeune homme bondit pour, de ses deux bras allongés, s'accrocher au dos de l'animal et entamer une pénible attention. Si fier d'avoir réussi à monter, trouvant si confortable le dos d'un boeuf de bonne humeur maintenant que son cavalier est monté, l'artiste se voit soudain foudroyé par l'insolent regard du coq. Celui-ci, singeant les humains, se tient fier sur deux pattes, presque debout et l'allure un peu humanoïde avec ses ailes croiser comme des bras.

Soudain !

L'animal fléchit ses petites pattes et propulse son corps de coq viril d'un bond que des ailes furieuses accompagnent ; le laisser redescendre à la vitesse d'une plume sur le dos du boeuf, aux côtés d'Arthur un peu essoufflé de sa grimpette alors que lui n'a pas lâché une goutte de sueur. Et pleins d'orgueils.

« Frimeur. » C'est vexant et pas très agréable comme humiliation mais assez impressionnant ! Pas étonnant que ce coq soit capable d'avoir autant de poules, qui suivent en cortège le boeuf à pied. Le poète s'installe assis sur le dos du boeuf et le coq s'installe assis sur son crâne, quelques poules grimpent à leurs tours sur le puissant boeuf, dont le poids n'est rien si ce n'est plus celui des machines de bois qui l'enchainait autrefois. Et tranquillement, le long de la route jusqu'à Chengdu, Arthur invite touts les oiseaux qui passent à s'inviter au cortège et passe la mot aux oiseaux qu'à Chengdu, ils sont chez eux et que Chengdu est un bout du paradis pour les mortels. Les faisans eux-mêmes ont décidés que finalement, ils avaient tout le temps de voir Chengdu avant d'ameuter touts les autres ; qu'ils se résèrvent les meilleurs places d'abords.
Un convoi qui marche, chevauche ou vole. Ca discute, joue et se chamaille, en pleine parade nuptiale, le mélange d'oiseau autour d'Arthur et de son boeuf résonne comme la tempête de Tian-Long ! Une tornade oiseau escorte alors le messager des poèmes.

Lorsque la ville de Chengdu apparait enfin à la vue, au loin… ? Arthur sourit apaisé et serein, saluant de sa main la lointaine Huayan en même temps qu'il dit au revoir à l'armée des oiseaux qui vient prendre pacifiquement la ville d'assaut. Un assaut auquel personne ne peut grand chose, pas même le consul maintenant que le mot est passé aux oiseaux que dans la ville de Chengdu et plus particulièrement le temple des arts, ils sont les bienvenues. Comme les cris des vitriers de rues en rues, les oiseaux chantaient, un air dont lentement s'étonneraient ceux qui ne savent plus prier. Prier l'art, prier la beautée, prier l'amour, prier la passion, prier le coeur et ses émotions ; prier l'univers tout entier ! Prier les harmonies profondes qui, même si vous y êtes sourds, plus fortes et lourdes que l'orage grondent.
Il s'agit de se concentrer et d'accepter que nous ne sommes jamais… qu'un morceau de cet univers ; qu'une partie. Lorsqu'il pleut, l'eau relie le ciel et la terre ; l'arbre n'est pas dissociable des bestioles qui l'auréolent. Pas plus qu'il ne pourrait se séparer de ses racines, l'arbre et la terre ne forme qu'un. Que sommes-nous, sans un sol pour nous porter ? Sans un ciel pour nous recouvrir ? Sans eaux pour ne pas mourir ? Sans flamme pour ne pas, jusqu'à la glace, refroidir ?

Tout est lié.

Désireux d'harmonie, incroyablement respectueux, Arthur n'allait pourtant pas se renier. Vêtu de sa toge rouge à la grecque, toujours le même blondinet échevelé et cet emblème fièrement cousus à son coeur, il est encore loin de la ville à se trimballer sur un boeuf qui n'a que trop trimer et qu'il n'oserait pas brusquer. Pourtant, déjà, de plumes… de becs et de serres… voilà de quoi Chengdu s'habille entre toutes ses dorures. Que la Dame du Chendu, en sa demeure, accueille touts les oiseaux de la régions ; que ceux qui migrent face halte ici ; qu'au premier signe d'un mongole ou d'un sans-cœur, l'alarme retentisse ! Que le levé du soleil soit annoncé et pareillement le couché !

L'on peut voir des oiseaux… par dizaines, par centaines affluer. Tous tout en longueurs finement esquissés, de traits fins colorés les gestes précis, toute la rigueur chinoise faisant scintiller leurs plumes comme des lames ; habiles et rapides à la manœuvre. Des petits oiseaux, d'ici les moineaux, qui s'allongent en virgules… d'imposantes grues une fois toutes en longueurs déployés ; de fiers coqs avec leurs ménageries et de magnifiques si nobles faisans dorés tous à pieds. Et tout un tas d'oiseaux de ce pays qui ne cesseront d'arriver pour venir ne faire qu'un avec Chengdu et le temple des arts en son sein.

Tous ceux qui parlent des merveilles ; leurs fables cachent des sanglots. Et les couleurs de leurs oreilles, toujours à des plaintes pareilles, donnent leurs larmes pour l'âme de l'eau. Le peintre assis devant sa toile, a-t-il jamais peint ce qu'il voit ? Ce qu'il voit, son histoire le voile… et ses ténèbres sont étoiles comme chanter change la voix. Ses secrets partout qu'il expose, ce sont des regards en oiseaux déguisés. Son regard embellit les choses et les gens prendront pour des roses, la douloureuse et coupable trahison dont il est brisé. Sa vie au loin, son étrangère, ce qu'il fut ? Il l'a quitté, de fils de muse, il s'est abandonné à la destinée. Et les teintes d'aimer changèrent comme roussit dans les fougères ; le songe à Costa Del Sol d'une journée d'été et d'un repas au souvenir remémoré de la forteresse oubliée.

« On en aura fait une consule, finalement… » Et pas peu fier de lui, Arthur continue tranquillement sa route avec un coq borgne sur sa tête et un boeuf fatigué sous ses fesses, des dizaines de poules autour pour en former la cour. « …j'espère que ça lui plaira ! Une chose est sûre, elle saura que ça vient de moi. » Chante-t-il, sincère et joueur à la fois, espérant que le vent et les plumes portent son message de gratitude à l'égard de la Reine des Fleurs. De l'avoir recruté est, juste après avoir dansé avec la fille de Terpsichore, son plus grand exploit accompli jusqu'ici.

A partir du moment où Huayan est entré au Consulat et de si belle manière, si déjà tellement en place avant même son arrivée… si on est persuadé comme Arthur l'est que la Consule de l'Etiquette est un trésor sans pareille, on comprend pourquoi il se targue de pouvoir être appelé diplomate ou ambassadeur.

La route continue et… étrangement, en pensant à Huayan, il pense à l'amour ; en pensant à l'amour, rebondissant assis sur sa généreuse et pépère monture, le poète se dandine joyeusement sur un rythme inconnu et peu à peu emporté par la douce ivresse, se tient désormais sans les mains pour danser un rodéo bien maladroit en direction de la ville de Chengdu ! Et de la Dame. La Dame du Chengdu, pas sa Dame à lui finalement trouvé au détour d'une fontaine.
Il ne l'a pas revu depuis et… n'en parle pas tellement, y pense mais vaguement… disons que simplement, dès fois, c'est plus fort que lui alors il danse sans raison, pas pur passion. Festoyant si simplement !
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D’une révérence entendue, une habitude nouvellement acquise, Gang et Irelia se séparaient à l’aboutissement de leur séance. Le soleil orchestrait, machinalement, sa longue chute une fois que son zénith fut atteint. Était-ce la troisième ou quatrième journée qui venait de s’écouler ? La Danseuse l’ignorait. Depuis sont arrivés, outre quelques entrevues ou politesses, ses journées se ressemblaient et se répétaient.

Elle l’avait jurée, elle serait prête pour la représentation.

L’agacement des politesses de son « Laoshi » venait d’atteindre ses nerfs, la rêveuse quittait sa maison à contre-coeur. Elle tenait à y rester, arborer le troisième mouvement, louvoyer les rares pas qu’elle ne faisait que s’imaginer et enfin les connaître endéans sa première interprétation.

- Harmonie. Il vous faut attendre pour l’apprendre.
Écumant sa colère, elle traversait le pont de la ville d’un pas vif, ôtant la broche à sa chevelure et libérant sa tignasse de cette chaîne.

Une risée, inattendue, guidait l’ondulation charbon jusqu’à la chute de ses reins. Momentanément, elle se freinant au milieu d’une rue, gonflant son torse et expirant lentement dans l’idée de vider son esprit. C’était sans compter le bruit des pioches et des pelles rappelant sans cesse l’état du monde dans lequel elle se trouvait.

Lors de ses rares passages à la demeure de la Dame, elle se remémorait les paroles de certains, annonçant la clôture des travaux du Palais des Arts.

Guidant ses pas à l’écho des outils, Irelia déviait de sa course jusqu’au Temple en l’espoir d’une distraction plus noble que les discours des augustes invités de la Gouvernante. Puissent-ils être une source de réjouissance tant ils obéissaient à un code, la rêveuse cherchait une once de nouveauté avant de rejoindre le piètre poste d’observation qu’elle occupait.

Une allée à terre nue, de la poussière ternissant le vif des bâtiments, les vestiges de quelques arbres perdus à la reconstruction.

Tel que se l’imaginait Irelia, elle n’avait rien à envier à la tragédie que la ville offrait aux habitants et aux rares étrangers trop pressés à en découvrir ses merveilles endormies. Du moins, ceci était le chemin de pensée de la Danseuse jusqu’à son arrivée aux portes du lieudit.

Une frontière inégale, entre les excavations et cette flèche quittant le sol de Chengdu. Une pointe s’élevant, parsemé de bâtiments dont-elle ignorait encore tout. Il fallait qu’elle s’affranchisse d’une entrée composée de ses deux tours de pierre. En elle naissait un sentiment d’inégalité, cette émotion bien rapidement oublié alors que l’ode au Consulat se produisait devant elle.

Au gré de quelques envolées, à la rencontre de gardes parés et d’une nouvelle clarté. Voici qu’elle s’avançait jusqu’au plus grands des bâtiments et se bloquait net.

Une statue, à l’effigie de ses visions et couvant une harpe à son coude, se dressait au côté d’un jardin encore vierge. Terpsychore, comme nombreux se l’imaginait et revêtant une tenue semblable à la sienne, s’offrait à son regard. Un sourire perlait, souvenir de l’ombre de cette rotonde et de ses deux rencontres. L’un lui manquait subitement, la seconde se rappelant à elle en l’instant. Est-ce que la statue bougerait ou qu’elle guiderait les pas d’Irelia de quelques notes, une fois encore.

Une idée, un besoin, une envie irrépressible.

La rêveuse franchissait la pelouse naissante, s’acquittant de la bienséance pour s’asseoir dans ce carré d’herbe attenant à sa mère d’art. Une pulsion incontrôlable, l’envie de parfaire et d’en profiter, guidait à ce qu’elle se pose et referme ses paupières.

Cette ville lui était encore étrangère, toutefois, cet endroit n’appartiendrait qu’à elle.

La robe dans la terre, Irelia déposait ses mains sur ses genoux et expirait un long instant. Une toile vierge, clairsemé de quelques décors qu’avaient offerts les artisans de ce monde. C’est alors qu’elle repensait à son Poète, ses paroles, ses traits, ses oiseaux. Un songe se glissait sur son visage, une encre se figeait dans son dos, l’échine frissonnait aux souvenirs de ce que cette statue évoquait.

La main de la Danseuse se refermait en un poing, derrière elle, c’était la terre qui se dressait dans un monticule et formait un trou. Implacable, son esprit fusait et creusait lui-même la terre dans un nouvelle forme imitant le précédent. Une zone formelle, un cercle au sol, voici que l’excédent s’en allait en rampant et s’arrêtant en même temps que sa respiration. Vaincue, la rêveuse semblait faiblir avant d’ouvrir de nouveau les yeux et contempler son oeuvre.

Un sourire éphémère triomphait à ses traits avant que ses yeux vairons ne fixent le pont de pied d’un étang.

Fébrilement, les iris d’Irelia vibraient pendant qu’elle scrutait chacune des pierres de l’oeuvre. Un lien, minutieux, se créait du bout de ses doigts pendant une mise en place silencieuse. Pouce, index, major. Ils vibraient dans une synergie nouvelle. Subitement, un craquement résonnait en canon avec le mouvement de main de la rêveuse. Comme devenu homme, le pont se dressait en une entité sans visage, marchant à la cadence qu’imposait la Danseuse dans un pas lourd et désaccordé. Il se brisait une fois à destination, chutant à proximité du trou qu’elle venait de former.

Brisant sa concentration, elle flancha, tombant sur elle-même et s’agrippant à son souffle le temps d’un mouvement.

Elle se redressait ensuite, épousant ses genoux devenus terreux pour faire face à son oeuvre. Fléchissant ses appuis, elle repensait à la séance de cette mâtinée et dressait ses bras devant son visage. La soie brillait, tel l’éclat dans l’oeil d’Irelia. Baissant sa main, guidant la pointe de ses doigts vers l’une des pierres, elle soulevait celle-ci par la force de son esprit et disposait alors le premier rocher aux abords de sa formation.

Satisfaite, elle répétait ce geste, pareil au mouvement de sa chorégraphie qu’elle répétait sur l’instant, sculptant ainsi son propre muret.

Il restait encore le bois qu’elle avait brisé en invitant le pont à se joindre à elle. Faisant glisser ses pieds sous ses appuis, voici que de grand mouvement ample faisait rouler les charpentes sur le sol et plonger celle-ci au fond du gouffre. Invitant ses pieds à la perpendiculaire, elle croisait alors ses mains face à son torse et s’imposer à contraindre une force invisible. En réaction, les charpentes capucine se refermaient l’une à l’autre, créant un sol arboricole en lieu et place de sa création.

D’une roulade de ses bras, elle attirait son attention à son monticule et ordonnait à la terre de combler les nombreux interstices. Elle voulait que ce soit semblable à ses souvenirs.

Pourtant, il manquait ce qui parvenait à la ravir de ce songe.

Portant alors son attention à l’étendue d’eau qu’elle venait de déposséder de tout, sa posture changeait et se dégageait du deuxième mouvement de la représentation.

Bras et épaule roulaient, lentement, canalisant une force qui gravitait au fond de l’étang. Et dans un éclat, elle jetait ses bras en avant, créant un pont invisible par lequel l’eau fonçait de l’étendue d’eau jusqu’à la construction de la rêveuse. Figée, elle tenait sa posture jusqu’à ce que le transfert se termine, sublimant l’éclat de l’eau.

À l’ombre du Palais des arts, dorénavant, se trouvait la fontaine d’Irelia. Vestige d’une rencontre, que ce soit celle d’un Poète ou du Muse.

Tremblant, la Danseuse s’avançait en masquant cette affliction à son front. Une pression, lourde, qu’elle cherchait à dépasser avant de s’asseoir au rebord de cette nouvelle étendue. Douce, elle enlevait les vêtements à ses pieds et y posait malgré le froid de l’automne. L’envie, le besoin de s’y engouffrer se faisait grandissant. Cependant, elle n’ira pas seul à cette valse d’anniversaire. Il allait venir ici, elle le présentait, elle lui présenterait ce lieu et l’inviterait une nouvelle fois à s’élancer.

Derrière elle, passivement, le monticule glissait et s’en allait combler l’étang des artisans de la ville.

Elle aurait pu s’en vouloir, gâcher ainsi leur travail pour de simples retrouvailles. Cependant, au fond d’elle, quelque chose s’en moquait. La Dame pourrait fuser, elle irait en s’excusant et promettant de ne jamais recommencer. Ce qui importait, c’était de pouvoir être guidée sous cette ombre. Que ce soit d’une pointe ou d’une rotonde, elle n’avait besoin que d’être inspiré et il y parviendrait.


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Ô combien je l'aime ! Mais c'est en silence ! De son front nacré arrosé de pudeur… de sa bouche où nage tant d'heureuse indolence ; j'en ai bien peur, mon souffle en ternirait l'éclatante candeur. Par instants j'espère. Bonne autant qu'ingénue, rien qu'à exister, elle me consolait de notre destin trop inhumain ;  je la vois en ce jour rougir à ma venue.
Et peut-être, si j'en trouve le courage, ma main par hasard toucherait la sienne. Si je peux être un quart de l'homme dont je souhaite ; je la ferais mienne.

Un seul être pour moi remplit le décor et toute nature ! En ses yeux je puise la vie et l'avenir, au souffle harmonieux de sa voix calme et pure, vers un plus frais matin je crois rajeunir. Printemps, que me veux-tu ? Pourquoi ce doux sourire, ces teintes orangés dans tes cheveux et ton spectacle agonisant ? Pourquoi dans les bosquets j'entends tes voix qui soupirent et peut sentir ton soleil à peine chaud de ses rayons me caressant ?

Automne si beau, ta vue attriste notre jeunesse ; de tes biens évanouis tu parles à mon coeur et d'un bonheur prochain, ta riante promesse m'apporte déjà les longs regrets de mon premier véritable bonheur.

Qui te voit, muette et pensive, seule à rêver le long du jour, te prend pour la vierge naïve qui soupire un premier amour ; oubliant l'auguste couronne qui ceint ton visage de tes superbes cheveux. Finalement, tu as gagné car à tes transports je m'abandonne et sent, définitivement, brûlé d'amour les premiers feux !

Point de serment, point de vaine promesse : si jeune encore, on ne se connaît pas ; nos âmes pures s'aiment avec ivresse. Je viens à elle en marchant, normalement, prêt et décidé… déterminer à me livré sans honte et sans combats.


« Te souviens-tu de ce jeune ami, au regard tendre, au maintien sage et doux ? » Celui-là même qui n'osait pas t'embrasser ? À peine, hélas ! Au printemps de ma vie, mon cœur sentit qu'il était déjà pour toi et rien qu'à toi. Grâce à toi, je grandis… puisqu'il faut encore une femme pour faire un homme d'un garçon haut comme trois pommes. Parce qu'Arthur se tient le dos droit sans effort ni rigueur, rendu noble et fort par un amour plus brillant que l'aurore. On ne se demande plus si l'on est à la hauteur lorsqu'on comprend devoir de toute façon l'être. A la hauteur du Tragédien, du Consulat… mais surtout à la hauteur d'Irélia Alishina, celle qui valse et valsera. « Lui, en tout cas, se souvient de toi ! »

Puisqu'il suffit de de prendre le pas, pour que le partenaire vous suive selon Irélia, laissons filer la coursive. Plaignant de son droit à l'initiative et à mener le pas, il se penche pour l'enlacer et l'affliger d'un baiser entier sur chaque jour ; en profitant pour la serrer entre ses bras comme un pirate enlace son or, comme l'on chérit son plus beau trésor.
Bien qu'ayant d'un petit pas ou deux reculer, ses mains sur ses épaules posés, Arthur ne parvient toujours pas à la lâcher.

Si seulement elle pouvait… d'elle-même, l'embrasser à pleine bouche car il n'en trouve pas encore le courage… mais le trouvera, parce qu'il le doit. S'il ne prétend pas pouvoir faire face à ses amours, comment peut-il espérer affronter ses ennemis… ?

« J'ai… peut-être d... » Il détourne le regard, moins rêveur qu'hagard ; un moment absent avant que revienne d'Erato le Fils le grand ! Plein d'égo et d'aplomb. « J'ai peut-être deux ou trois choses à t'avouer ! Et puisque la dernière fois nous avions dansé… peut-être que c'est à ton tour d'emboiter le pas de mon art... ? Si j'admire tes pas, je ne les comprends pas… pas toujours, pas complètement. »

Il respire un instant, le rose rougeoyant inondant son teint radieux de blondinet. Quelqu'un peut-il seulement la mériter un jour… ?

« Et… j'ai très envie de te comprendre ! » L'air de rien, détournant le regard comme un jeune homme qui assume mais pas tellement, il mène le pas et sa partenaire le suit ; touts deux sont assis au rebord de la fontaine. Impérieux, Arthur ne risque pas de renier à ce moment d'intimité et… le Consulat peut bien perdre la Chine si ça épargne son rendez-vous à l'improviste. « Alors, je… tu fais quoi en ce moment ? »

Un boeuf, bien fatigué, passe se rassasier à la fontaine et, l'oeil complice, fait un signe de tête viril à son libérateur.

« Ah ! Oui, lui c'est… je connais pas son nom mais c'est un boeuf et c'est mon ami, il m'a porté jusqu'ici. Le pauvre est très fatigué alors si tu lui permets de boire à tes eaux… mais si t'es pas d'accords, ami ou pas, je l'affronte ici et maintenant pour le chasser loin de tes terres ! » Et Arthur se lève, fort et fier, les poings fermés prêt à batailler avec un boeuf pour les beaux yeux de sa dulcinée.

Ca demande moins de courage d'affronter un boeuf que d'oser s'essayer à l'embrasser… et si, et si… et si malgré tout, elle refusait ?!
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Riant, évacuant la pression au-devant de cette prestation, ses gloussements s’accompagnaient d’un sourire des plus réconfortants. Elle, dont le carmin teintait ses joues, s’en retrouvait douce devant les élucubrations de son Poète. Devant une telle allure, la posture d’un baroudeur et n’attendant que l’adversité, voici qu’Irelia s’affectionnait à cette mise en scène et se priait à y découvrir Ganymède.

- Si j’ai bien compris, c’est lui que je dois remercier pour te voir aujourd’hui ? Ce serait malvenue de lui refuser quoi que ce soit.
L’un et l’autre étaient tout aussi méritants de quelques obligeances. L’animal y trempait déjà sa gueule et s’enivrait jusqu’à l’excès, l’aède se voyait rejoint à ses hauteurs et gratifié du même honneur qu’il lui affaire offert. Elle qui avait déjà été enlacé, voici qu’elle s’y replongeait volontiers et s’insérait à la posture.

L’eau et le couple semblaient figés, contrairement au temps qui s’en allait. Irelia forçait son départ, glissant une main au dos du Poète avant la retraite.

- Toi aussi, Huayan t’a demandé de venir pour l’ouverture du Palais des Arts ? J’imagine. Elle m’a d’ailleurs proposé de prolonger mon séjour et danser pour la célébration de la bataille de Chengdu, tu y seras ? Ce sera une pièce de théâtre et il y aura une place pour toi, sur scène… Auprès de moi.
La rêveuse s’en mordait les lèvres, presque honteuse à cette proposition, reculant d’un pas et redressant sa tenue.

Elle était sale.

De la terre à ses genoux, le pan de son paréo endeuillé des eaux et sa fontaine et ses traits forcés sous la soudaine céphalée. Déçue ? Au fond d’elle, la Danseuse aura rêvé meilleure augure pour ses retrouvailles avec son Poète. Négligeant son invité un instant de trop, elle se tournait et retournait avant de dire d’une voix claire.

- Prendre le pas avec toi, j’avoue que…
Elle se pinçait, baladant ses deux iris à la recherche d’une base d’attention pour en revenir à Arthur.

- Je n’ai jamais récité de poème, mais si c’est toi qui m’apprends ? Ce sera sûrement génial. Histoire que nous parvenions à nous comprendre.
Irelia s’exaltait de plus belle, voulant sourire à l’ivresse à cette idée même si elle ne réalisait pas tellement ce qui l’attendait. Il ne récitait pas, il créait. Elle, ce n’était que des pas qu’elle apprenait et répétait au son d’une mélodie. Bien que ces sons soient des partitions, elle s’imprégnait de la musique de ses mots et s’en irait à les guider de quelques gestes.

Les pas de la Danseuse et la cadence du Poète, une ballade des Muses à leurs enfants.


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« Faire de la Poésie c'est un peu comme… » Les yeux aux cieux, un instant perdu pour mieux dévoiler sa seule réelle ambition à nu. « …danser avec sa langue ! »

Un sourire amusé aux lèvres quoique terni de peine comme un peu trop usé. Il me faut, en ce jour, surmonté l'état d'adorable langueur où je rougis de honte tout en souriant de bonheur… mais la preuve, ô mon amoureuse, que je ne pense qu'à t'aimer ? C'est la fièvre délicieuse qui m'empêche de l'exprimer.

« Dès fois, je fais des mots comme tu fais des pas… un seul n'est rien mais ensembles ? Ils forment quelque chose de beau. »

Le cœur tremblant ! Les joues en feux ! J'emporte dans mes rêves fiévreux tes lèvres encore tièdes ! Là-bas tes baisers y restent suspendus sur mon front et mes bras nus comme des papillons humides. Et j'y garde aussi sur toi mon bras d'amant, autoritaire dans l'enlacement, comme ceinture à ta taille.

« Une lettre seule ne suffit même pas à faire une onomatopée ! Jusqu'aux plus simples exclamations ont besoins d'un "h" ! Et de groupes de lettres, les poètes font des armées mots qui forment des légions de phrases. Ces légions sont nommés Poésie ; l'Art d'enchainé les lettres et les sens en harmonie. »

Ô lèvres, fleurs de sang qu'épanouit le rire, frais calice du souffle et rose du baiser où, malgré moi, reviennent mes rêves se poser ! Tes lèvres m'ont l'air si douces et mes rêves si doux que les mots ne savent pas le dire.

« Une danse se déroule tel un long ruban rouge, paraissant d'une seule et même pièce à nos yeux… mais n'est-elle pas formée de légions de mouvements ? La Danse n'est-elle pas l'art d'enchainé les gestes et les sens en harmonie ? »

Tes lèvres, coupes d'amour après qui j'aspire !
Désireux de l'ivresse et craignant d'y puiser ; ce buveur délicat a peur de vous briser et lentement avec extase vous attire pour, du moins l'espère-t-il, ne plus jamais vous relâchez.


« Le sens est le même pour toi comme pour moi car nous sommes Consuls et cela signifie qu'au fond, nous voyons les choses de la même façon. Essaye de danser tiens ! Sinon qu'à chaque mouvement que tu ferais, prononce un mot avec. »

Je veux tarir ma soif à tes calices clairs ; à votre humide bord irradié de lumière, je boirai comme on boit à l'eau d'une fontaine. Verse-moi la caresse, l'entêtante douceur, de tes lèvres ! Nos trop peu mais si précieux souvenirs et nos espérances lointaines, dont je veux mordre la bien trop fragile épaisseur ! J'ai compris que pour t'embrasser, toi qui valse et valsera, je devais dérouler une danse comme un long ruban rouge et, à son extrémité, m'attends mon si précieux premier baiser.
Pourtant, avant ça… j'ai envie de te parler, j'ai envie de te mettre à l'aise parce que… et bien, je ne te l'avouerais pas mais si tu es timide alors je le serais aussi…


L'air aussi serein que si insouciant, Arthur se lève et face à Irélia, se fiche bien de beaucoup de choses… le voici le voilà qui lui attrape la main ! Un peu brusquement… mais gallant tout autant que charmant, du moins l'espère-t-il, il tire doucement sa belle du bout d'un bras pour la forcer à quelques pas. Et entament de dérouler le ruban rouge pour en rejoindre l'extrémité, puisqu'ils ont tout le temps du monde, on déroule lentement, tranquillement.

Pour peu qu'elle accepte de me parler… puisque nous sommes en train de danser… que peut-elle bien avoir à raconter ? Mais quel idiot, faut bien que je l'aide un peu !

« Et les mots suivent les pas qui suivent les mots qui suivent les pas… » Après quelques pas en ligne droite, Arthur lui laisse à peine un temps de suspension pour la phrase qui doit suivre les quelques pas ; à peine, avant de repartir déjà ici ou là, peu lui importe ; qu'Irélia suive les pas de ses mots, ça lui viendra tout seul.
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Ils se retrouvaient à l’ouverture d’une valse et se séparaient aux pas d’une jive. Ivre de ses promesses, buvant ses paroles à son harmonie et s’imaginait à l’assaut du déroulé d’un ruban. L’esprit d’Irelia s’accompagnait à l’extase devant l’espace et à cette invitation qu’un Poète offrait à la Danseuse.

Bondissant de cette fontaine, retrouvant le corps à terre et à hauteur de son espérance, la rêveuse prenait la suite de ses songes.

Le ton clair, le visage s’imposant le masque afin d’y cacher la surprise d’Arthur, voici qu’une avancée s’opérait d’une envolée de ses genoux.

- Je parle doucement, aux arbres dans la forêt, à la pluie, pour me redonner espoir.
Des mots, s’armant et rejoignant la légion. Avait-elle l’audace de s’improviser générale des armées que son partenaire, l’héraut d’un art, dirigeait tel un empereur. Elle se contentait de parler, s’imaginait une beauté à son accent et à ce sens que la phrase possédait et énonçait. Néanmoins, une fierté se conservait au moment où la cadence s’imposait.

Il n’y avait plus de maître à danser, d’harmonie ou de douceur dont le respect rimait à l’étiquette qu’ils imposaient. Il n’y avait qu’elle et lui, lui et elle pour cette chorégraphie qu’ils se réservaient.

- Je marche sur la terre mouillée par la pluie, C'est un chemin.
Un sentier, une vie de marche à ses côtés. Était-elle seulement prête à une telle ballade qu’il racontera et qu’elle dansera ? Une chose se certifiait, elle valsera jusqu’à lui et emboitera son propre pas.

Les pas de la Danseuse s’accompagnaient à la marche que la terre avait conservé du passage d’Arthur. Un regard enflammé ainsi quelques gestes n’attendant que d’enlacer ce partenaire, les bras se dressaient et se tortillaient à une invitation à laquelle une réponse serait entendue sans parole. Semblables à la corolle, les doigts s’écartaient et divulguaient une paume avide de la chaleur de l’autre.

- Aimer quelqu'un comme à travers l'eau claire. Il faut l'accepter et savoir le laisser partir comme toi.
C’est alors que les deux poignes se rencontraient, se découvraient, s’appréciaient. Chorégraphié, le corps entier de la Danseuse s’approchait lors d’une cadence refreinée. Là où la langue s’agitait et offrait ses poèmes, le corps s’orgueillait à l’harmonie des gestes dont Arthur s’amusait à énoncer. Elle ondulait, s’approchait, offrait l’une de ses mains à se joindre à la taille de son partenaire. Elle, qui avait créé un espace, venait et l’écartait pour qu’ils ne puissent faire qu’un.

Poésie et danse, parole et geste, affection et prestation. Irelia se fondait, empruntait le pas et prononçant ses dernières paroles aux murmures du vent afin que lui seul en profite.

- L'amour toujours nous inonde de soleil. Je ne peux plus te voir, je ne peux plus te toucher. Mais tu es là avec moi.
Torse contre torse, la Danseuse levait le regard afin de ne rien perdre de celui d’Arthur et prenait cette pose. Brisant ce silence, l’une des jambes d’Irelia se levait et s’avançait, forçant une pirouette alors que le monde se mêlait à un camaïeu au coin de leur regard. Ivre, elle s’invitait à ne jamais stopper cette danse, brisant la java et s’immobilisant à ce regard.

- Tu m’as compris ?
D’une traite, le souffle coupé par l’effort et à son cœur serré, elle prononçait en une pointe d’espoir. Bombant le torse, cessant de réfléchir et se bridant à l’attente d’une réponse.




Dernière édition par Irelia Alishina le Ven 24 Jan 2020 - 20:32, édité 1 fois
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« Ce que je n'ai pas compris, c'est pourquoi tu es partis la dernière fois… » Et il sourit, un peu moqueur, quoiqu'un peu peiné à l'idée.

Ses doigts entrelacées dans ceux d'Irélia comme noeuds de serpents amoureux le font hausser les épaules en détournant le regard ; qu'importe finalement puisqu'elle est là maintenant. Une deuxième tentative de rendez-vous, tel un ruban, se déroule toujours aussi langoureusement. Mais ça ne suffit pas ! Alors bombant le torse, Arthur presse un peu le pas.
Dans un sursaut, il y va puis l'embrasse fougueusement, ralentit à peine après un moment.

Ah ! Irélia, qu'as-tu fait ?! Quel nouveau trouble et quelle ivresse ?! Quoi ?! Cette extase enchanteresse… d'un simple baiser serait l'effet… ? Le baiser de celle que j'aime à son attrait et sa douceur ; mais le prélude du bonheur peut-il être le bonheur même ? Oui, sans doute, ce baiser là est le premier, pour toi comme pour moi ; enfin je t'embrasse et je t'embrasse pleinement !

L'amour qu'il avait pour elle, l'amour qu'elle avait pour lui, se cherchèrent et se joignirent enfin sur leurs bouches unies. Ce baiser, enivrant pendant plusieurs secondes, dura très longtemps. Quand, d'un air mélancolique, Arthur sépare ses lèvres de celle d'Irélia… il sourit tendrement, n'est plus tout à fait un enfant. Comme promis, il cherche à enlacer Irélia, prévoyant d'y garder son bras d'amant, autoritaire dans l'enlacement, comme ceinture à sa taille. Les doigts toujours noués, pourtant, d'Erato le Fils soupire d'indulgence. Enlacer la belle lui est impossible tant elle se tord et se glisse et s'ondule et prend des formes improbables qui, par moment, choque son esprit d'images insolentes.
Plus radieuse et joueuse que jamais, d'Erato le Fils a déployé toute sa technique pour contraindre Irélia et… n'y arrive juste pas… ? Et… il danse, c'est bel et bien sa chérie qui se joue de lui comme d'un pantin.

Soit, que les légions partent à l'assaut !

« Je ne savais pas qu'ensemble, bientôt, on ferait un nous… à la fontaine, pour moi, ce n'était qu'un jeu… mais je me suis fait avoir, quelque part au milieu… » Une pause, pour reprendre son souffle, une douce et petite panique fait déjà ralentir Irélia avec un air curieux. « …malgré ça, je ne partirais pas demain. Ni le jour d'après. » Les mots vont et filent, la poète a sa crise d'asthme à lui ; ca doit sortir quitte à l'empêcher de respirer. Quelque part, il a beau jouer les petits rois, il y ait de ces moments où la pression l'abat et où il a juste besoin de ses bras ; il s'y réfugie et s'y cache, le visage caché un peu plus bas que son épaule. « Embrasse comme tu sais… ton coeur est tout ce que j'ai et dans tes yeux, tu tiens le miens. »

Et fier et fort de se voir éclore, il embrasse de nouveau son plus beau trésor ! Une pause, malgré tout. Ca casse un peu l'ambiance mais par ici, les oiseaux sont de sacrés commères et sortis de nulle part, le poète zieute quelques corbeaux d'un oeil suspicieux. Puis se reporte sur sa belle et tendre, aux anges d'avoir attrapé si radieuse créature dans ses filets.

« J'aimerais que… toi et moi on embarque sur mon ami le boeuf… puis qu'on… aille quelque part où nous seul savons ? »

Huayan n'a pas son oeil à y fourrer ; jusqu'à la déesse de l'amour et aux muses elles-mêmes. Ce moment n'est qu'à eux.

« Après, on peut trainer si tu veux mais… tant que tu ne parts plus, j'ai envie de te dire… » C'est idiot. Figé, alors qu'il parlait un peu hésitant, le poète se fait soudain si sérieux et confiant ; marque un pas en arrière pour l'occasion, Irélia lui a déjà attrapé les doigts en urgence. « Je t'aime. »
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Elle chutait, se perdant à cette sensation qui l’envahissait. L’enlaçait. L’étouffait. Une dualité étrange. Entêtante, alors que tout semblait si simple. Irelia répondait à cet appel, décrochant et s’y accordant.

Deux lèvres unies. Une joie. Une crainte.

Conservant cette union, elle se perdait à un sourire qu’elle brandissait à son visage en y conservant ce lien.

Elle voulait gigoter, crier ce qu’elle ressentait au point que le moindre volatil de cette ville s’envole sous la surprise. Elle espérait à vibrer, marteler le sol à s’épuiser et faire comprendre à la nature ce qui s’agitait en elle. Néanmoins, elle se brisait à cette contrainte, optant pour la pose en y enroulant ses deux bras à sa nuque. Pieds en pointes, elle s’échappait à cette chute en s’accrochant à son Poète.

Tels les mots qu’il lui offrait, elle s’y suspendait et concédait à s’y perdre.

- Moi… Moi aussi.
La Danseuse souriait, fixait le regard la reflétant. Les yeux humides. Pourtant heureuse, l’envie de pleurer s’invitait au spectre de ce qu’elle ressentait. La rêveuse enfouissait le doute jusqu’à l’étouffer sous ce qu’elle désirait et craignait à réaliser. Elle s’immobilisait alors, se figeait en l’espoir que le temps lui-même accepte à la suivre et ainsi perdurer ce moment.

Pourtant, au centre de cette alchimie, elle était devenue sourde et réalisait en retard que ce qu’il disait lui était adressé.

Tranquille, l’encre à ses reins était muette de quelconques arabesques. En cet instant, elle n’avait rien à cacher ou encore à oublier. Il et elle, voici ce qu’elle aspirait. Négligemment, les deux regards ancrés, voici qu’un seul de ses membres concédait à gambiller. Le bras d’Irelia abandonnait son emprise, glissait, offrant ses doigts et frôlant les boucles du Poète jusqu’à glisser le long de son cou.

- Où ?
Étourdie, elle ne parvenait à prononcer plus de mots. Quoi de plus normal ? Il était celui qui dirigeait les armées. Quant à elle, son rôle se suffisait à suivre ses ordres. Au cœur de cette idylle, elle aspirait à s’y tenir et tenait pourtant à s’affairer à cet épisode. Chutant de sa nuque, le bras le caressant poursuivait sa course et s’en allait se loger à son étreinte.

Main dans la main, elle emboitait le pas et attendait à être suivie. Accordant un bref regard à ce destrier qui n’en possédait que le nom, celui-là même ayant guidé la Poésie jusqu’à sa Danse.


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