Du centre de Chengdu, accolé à la résidence du Gouverneur, commence le chantier du siècle pour la ville du sud-ouest. Peut-être est-ce même la plus grande construction que la cité verra de toute son histoire. De tout le Sichuan, de toute la Chine, de tout le Consulat, tous viennent pour participer à ces grands travaux pour faire prospérer les Arts.
On y fait venir la plus belle pierre, le plus élégant des bois, les plus grands maîtres-artisans pour accomplir ce chantier dédié à la beauté. Un bâtiment, certes consulaire, qui montrera la grandeur de la plus grande civilisation de tous les mondes. Tous, du plus petit paysan au plus grand seigneur, tous connaitront ce temple et celle qui l’aura fait construire : moi.
Un lieu où l’Art est presque déifié mais aussi enseigné aux futurs artistes qui par la suite feront rayonner à la fois la culture chinoise et le Consulat. Une réussite autant sur le plan impérial que consulaire. Je n’ai pas encore choisi de nom pour ce futur palais, cela nécessite la plus longue des réflexions.
Tous les jours jusqu’au coucher du soleil, les ouvriers travaillent d’arrache-pied pour créer cette merveille. Après la démolition de l’ancien quartier qui se trouvait ici, une poussière continue s’envole vers le ciel. On entend le fracassement des marteaux, les pics des pioches, le gémissement des porteurs et les cris des contremaîtres. Le tout sous la supervision avisée des architectes.
Les fondations sont prêtes. Le plus long est achevé. Dès demain, les murs commenceront à sortir de terre pour se diriger vers le ciel tandis que je rêve déjà le résultat final.
« Le Consulat et l’Empereur seront ravis, ma Dame. » dit Xupeng.
Tu m’étonnes qu’ils le seront.
J’affirme à la fois l’autorité et l’influence du Consulat sur ces terres tout en mettant en avant notre héritage plusieurs fois millénaires. Il faudrait être sacrément ingrat pour rester indifférent à cela.
« Oui. Ce Temple des Arts sera parfait. Je me vois déjà parcourir ses grands halls et ses jardins… Voir ces jeunes gens venir à nous pour leur transmettre un savoir, des connaissances, une éducation. Une vision du monde.
- Vous siégerez au Temple ou au palais du gouverneur ? Question d’organisation…
- Je comprends, ne t’en fais pas. »
Quelle question.
Xupeng ne doit pas se rappeler le détail des plans du futur palais. Techniquement, la résidence du gouverneur sera connectée par les jardins au Temple des Arts. Bien qu’officiellement, mes pouvoirs sont distincts, en pratique cela ne regarde que moi. Vu que ce sera le même bâtiment, la question ne se pose pas réellement.
« Mon bureau sera dans le Temple des Arts. Je garderai la résidence uniquement pour les réunions plus… Privées et les rencontres gouvernementales.
- Très bien, ma Dame. »
Par ailleurs, j’ai trouvé quelque chose étrange.
J’ai reçu une missive de mon frère Gao pour me demander des nouvelles concernant le nouveau quartier militaire. Il n’a pas spécifiquement donné de raisons, mais il a l’air très préoccupé de son avancement. C’est comme s’il était pressé de rejoindre sa chère et tendre sœur. Il m’adore, là n’est pas la question, mais je ne sais pas.
Enfin, je verrais avec lui directement lorsqu’il me rendra visite la prochaine fois. En tant que Duc, il est très occupé à prendre le contrôle… Hum, à réorganiser les armées impériales du Sichuan. C’est peut-être dans cette optique qu’il est venu me quémander quelques informations concernant la future commanderie de Chengdu et donc de son duché.
Depuis une terrasse de ma résidence, j’observe en contrebas ce large chantier. L’agitation de la journée s’apaise tandis que les foules d’ouvriers regagnent leurs logements. La ville s’embellit et autant la haute société que le petit peuple pourra en profiter lorsque tous ces travaux seront achevés. Chengdu rayonnera et avec elle, tous ses habitants.
« Nous avons reçu une missive de Maître Jiahao, Intendant en chef Xupeng !
- Passez-moi ça, je vous prie.
- Oui, ma Dame ! »
Il me tend le document en se mettant à genou devant moi. Je le récupère et commence à le lire tandis que Xupeng lui fait signe de se retirer d’un geste discret de la main.
Le Maître Jiahao, Consul du Taiji Quan, viendra me rendre visite la semaine prochaine. Ce n’est pas trop tôt. Il s’excuse pour son manque de communication, mais il était en voyage à travers la Terre des Dragons ce qui a compliqué sa correspondance.
Soit.
Il est jeune et dynamique, je vais mettre ça sur le dos de l’innocence. Je l’attends de pied ferme, notamment car j’ai une belle proposition à lui faire. Cela profitera autant à lui qu’à moi, j’espère donc qu’il sera ouvert à cette… Opportunité exceptionnelle que je ne proposerais pas à tout le monde, ça c’est certain.
« Allons dîner Xupeng. Je n’ai malheureusement pas le temps d’observer le soleil couchant ce soir.
- Oui, je vais vous accompagner jusqu’au salon… Vous vous rappelez que vous dînez en compagnie des architectes, n’est-ce pas ?
- J’avais presque oublié… Pour quel chantier est-ce cette fois-ci ?
- L’extension des canaux au nouveau quartier au sud de la ville et l’expansion des fortifications.
- C’est en effet une discussion qui devrait être intéressante. Installe-moi d’abord, puis fait-les venir. Je ne veux aucun alcool servi ce soir, je veux des hommes lucides autour de moi et pas une bande d’ivrognes.
- Cette interdiction vaut-elle aussi pour Francis ?
- Oui, bien entendu.
- Vous êtes consciente qu’il fera passer de l’alcool en douce d’une manière ou d’une autre ?
- Oui. Mais au moins, je pourrais rigoler un peu en le voyant élaborer des stratagèmes plus fous les uns que les autres juste pour défier cet interdit.
- Comme vous le souhaitez, ma Dame. »
Sur ces belles paroles, nous quittons la terrasse pour ce dîner qui s’annonce… Long et fatiguant à en mourir mais cruellement nécessaire pour le bien futur de la ville.
On y fait venir la plus belle pierre, le plus élégant des bois, les plus grands maîtres-artisans pour accomplir ce chantier dédié à la beauté. Un bâtiment, certes consulaire, qui montrera la grandeur de la plus grande civilisation de tous les mondes. Tous, du plus petit paysan au plus grand seigneur, tous connaitront ce temple et celle qui l’aura fait construire : moi.
Un lieu où l’Art est presque déifié mais aussi enseigné aux futurs artistes qui par la suite feront rayonner à la fois la culture chinoise et le Consulat. Une réussite autant sur le plan impérial que consulaire. Je n’ai pas encore choisi de nom pour ce futur palais, cela nécessite la plus longue des réflexions.
Tous les jours jusqu’au coucher du soleil, les ouvriers travaillent d’arrache-pied pour créer cette merveille. Après la démolition de l’ancien quartier qui se trouvait ici, une poussière continue s’envole vers le ciel. On entend le fracassement des marteaux, les pics des pioches, le gémissement des porteurs et les cris des contremaîtres. Le tout sous la supervision avisée des architectes.
Les fondations sont prêtes. Le plus long est achevé. Dès demain, les murs commenceront à sortir de terre pour se diriger vers le ciel tandis que je rêve déjà le résultat final.
« Le Consulat et l’Empereur seront ravis, ma Dame. » dit Xupeng.
Tu m’étonnes qu’ils le seront.
J’affirme à la fois l’autorité et l’influence du Consulat sur ces terres tout en mettant en avant notre héritage plusieurs fois millénaires. Il faudrait être sacrément ingrat pour rester indifférent à cela.
« Oui. Ce Temple des Arts sera parfait. Je me vois déjà parcourir ses grands halls et ses jardins… Voir ces jeunes gens venir à nous pour leur transmettre un savoir, des connaissances, une éducation. Une vision du monde.
- Vous siégerez au Temple ou au palais du gouverneur ? Question d’organisation…
- Je comprends, ne t’en fais pas. »
Quelle question.
Xupeng ne doit pas se rappeler le détail des plans du futur palais. Techniquement, la résidence du gouverneur sera connectée par les jardins au Temple des Arts. Bien qu’officiellement, mes pouvoirs sont distincts, en pratique cela ne regarde que moi. Vu que ce sera le même bâtiment, la question ne se pose pas réellement.
« Mon bureau sera dans le Temple des Arts. Je garderai la résidence uniquement pour les réunions plus… Privées et les rencontres gouvernementales.
- Très bien, ma Dame. »
Par ailleurs, j’ai trouvé quelque chose étrange.
J’ai reçu une missive de mon frère Gao pour me demander des nouvelles concernant le nouveau quartier militaire. Il n’a pas spécifiquement donné de raisons, mais il a l’air très préoccupé de son avancement. C’est comme s’il était pressé de rejoindre sa chère et tendre sœur. Il m’adore, là n’est pas la question, mais je ne sais pas.
Enfin, je verrais avec lui directement lorsqu’il me rendra visite la prochaine fois. En tant que Duc, il est très occupé à prendre le contrôle… Hum, à réorganiser les armées impériales du Sichuan. C’est peut-être dans cette optique qu’il est venu me quémander quelques informations concernant la future commanderie de Chengdu et donc de son duché.
Depuis une terrasse de ma résidence, j’observe en contrebas ce large chantier. L’agitation de la journée s’apaise tandis que les foules d’ouvriers regagnent leurs logements. La ville s’embellit et autant la haute société que le petit peuple pourra en profiter lorsque tous ces travaux seront achevés. Chengdu rayonnera et avec elle, tous ses habitants.
« Nous avons reçu une missive de Maître Jiahao, Intendant en chef Xupeng !
- Passez-moi ça, je vous prie.
- Oui, ma Dame ! »
Il me tend le document en se mettant à genou devant moi. Je le récupère et commence à le lire tandis que Xupeng lui fait signe de se retirer d’un geste discret de la main.
Le Maître Jiahao, Consul du Taiji Quan, viendra me rendre visite la semaine prochaine. Ce n’est pas trop tôt. Il s’excuse pour son manque de communication, mais il était en voyage à travers la Terre des Dragons ce qui a compliqué sa correspondance.
Soit.
Il est jeune et dynamique, je vais mettre ça sur le dos de l’innocence. Je l’attends de pied ferme, notamment car j’ai une belle proposition à lui faire. Cela profitera autant à lui qu’à moi, j’espère donc qu’il sera ouvert à cette… Opportunité exceptionnelle que je ne proposerais pas à tout le monde, ça c’est certain.
« Allons dîner Xupeng. Je n’ai malheureusement pas le temps d’observer le soleil couchant ce soir.
- Oui, je vais vous accompagner jusqu’au salon… Vous vous rappelez que vous dînez en compagnie des architectes, n’est-ce pas ?
- J’avais presque oublié… Pour quel chantier est-ce cette fois-ci ?
- L’extension des canaux au nouveau quartier au sud de la ville et l’expansion des fortifications.
- C’est en effet une discussion qui devrait être intéressante. Installe-moi d’abord, puis fait-les venir. Je ne veux aucun alcool servi ce soir, je veux des hommes lucides autour de moi et pas une bande d’ivrognes.
- Cette interdiction vaut-elle aussi pour Francis ?
- Oui, bien entendu.
- Vous êtes consciente qu’il fera passer de l’alcool en douce d’une manière ou d’une autre ?
- Oui. Mais au moins, je pourrais rigoler un peu en le voyant élaborer des stratagèmes plus fous les uns que les autres juste pour défier cet interdit.
- Comme vous le souhaitez, ma Dame. »
Sur ces belles paroles, nous quittons la terrasse pour ce dîner qui s’annonce… Long et fatiguant à en mourir mais cruellement nécessaire pour le bien futur de la ville.