Passablement énervé, le regard dérangé et le pied battant le bitume. Irelia s’en allait à croiser les bras, limitant l’impact de son agacement en présence de son ami.
- On devait y aller ensemble.
- Oui, mais…
Roulant des iris, guidant l’un est l’autre des cieux jusqu’aux parterres à ses pieds, elle en venait à poser ses mains à ses hanches. Elle en voulait à Yukiiro. Il ne lui en fallait pourtant peu pour qu’il en vienne à retirer le masque qu’arborait la rêveuse, un sourire gêné ou une grimace, voici que se désagrégeaient déjà les apparts d’Irelia.
- Il y a un workshop, aujourd’hui, en réalité augmentée. Tu sais qu’avec mon projet, j’ai un blocage et c’est sûrement l’inspiration dont j’ai besoin pour avancer et...
- J’y comprends rien à ta machine.
- Les testeurs ont tous eu un rejet parce qu’il savait que le monde virtuel était faux, il n’arrivait pas à s’y immerger. Ce cours m’aidera à passer outre ce problème !
- Et il fallait que ça tombe aujourd’hui ?
Il passait sa main à sa nuque, se frottant l’arrière du crâne avant de prendre le pas et poser ses mains aux épaules de l’adolescente. Un frisson, égal à une décharge, se propageait et raidissait celle-ci.
- Vraiment, c’est ma faute. J’avais oublié de te le dire et… S’il te plaît. Après l’échec d’hier soir, il n’y a pas d’autres solutions.
- Bien…
Elle fermait les yeux, savourant l’instant avant d’ouvrir ses paupières et sourire à Yukiiro. Il se redressait, tendant alors l’hoverboard qu’il avait promis et rajoutant dans un sourire.
- Mon frère n’est pas au courant, tu évites de l’abîmer.
- C’est dans mes cordes. Tu seras là au décollage, au moins ?
Il esquissait un rire, un son mélodieux aux oreilles de la rêveuse, promettant à leur manière qu’il sera bien présent. À son tour, la Danseuse y répondait et laissait la planche s’enclencher et planer à quelques centimètres du sol avant d’y poser pied. D’un signal entendu, ils se quittaient et Irelia prenait la direction du campus de la ville.
Pieds joins à la surface de métal, elle en venait à quitter sa scène d’un battement de pied dans les airs à l’aide de la propulsion de l’appareil.
Le vent s’engouffrait à ses cheveux, nimbant son visage du doux zéphyr du printemps. Elle s’en allait, à sa scène minuscule, à glisser dans les rues et dessiner les quelques pas appris dans sa vie sur cette planche de spectacle. Virevoltant sur un pied, battant une cadence et jouant de l’axe entre les pressions de ses pieds. La Danseuse en revenait à goûter les plaisirs éphémères des représentations alors que quelconque regard s’attardait sur le passage de l’adolescente.
Il ne lui fallait pas moins de temps qu’en métro à se retrouver aux portes du campus.
Jardin et kiosque à étudiant jonchaient les espaces vides entre les bâtiments. Elle n’y connaissait rien à l’endroit. Quelques indications lui revenaient à l’esprit, celle de la route à emprunter jusqu’à la salle alloué à la D.Va de cette université. Un nouveau battement jusqu’à une ribambelle de marches et pression à ses talons dans un slalom impétueux. Bien rapidement, Irelia reposait ses pieds au sol en même cadence que la planche ornant le creux de son coude.
L’horloge au campus pointait les treize heures, Irelia n’avait plus qu’à espérer que la streameuse soit aussi ponctuelle qu’aux lumières de son dirigeable.
La porte ornant son nom, entrouverte vers une salle dont les bruits allaient en résonance dans le couloir de l’université. Inspirant lentement, la rêveuse en venait à poser sa main jusqu’à rejoindre la pièce et balayer la pièce de son regard. Étudiants s’en allaient en groupe épars, soda et repas à la main alors qu’un téléviseur diffusait les affrontements entre le maître des lieux et son concurrent.
D’un geste de la main, elle saluait les rares à avoir accueilli son entrée avant de rejoindre le bout de la salle. Une scène qu’elle imaginait depuis le coeur de son lit jusqu’à la confrontation qu’elle savait inévitable. Tant de parole, de mot, de formule se bousculait dans son esprit et elle allait jusqu’à chercher la manière appropriée.
Dorénavant derrière elle, la peur la bloquait alors qu’elle-même bloquait les assauts de son assaillant virtuel. L’attente de pouvoir glisser sa question et jusqu’à ce qu’une indication apparaisse à l’écran. Lentement, péniblement, elle la voyait se relever et se retourner. Ainsi était le temps de sa réplique.
- Salut D.Va !
Un moment immensément long dans sa mémoire avant que la suite de son dialogue ne lui traverse l’esprit.
- Euh… Pardon de te déranger mais.. Il serait possible que je te parle ? C’est en rapport avec les bourses et… Tu connais Yukiiro ?
Une honte immensément grande. Déjà le rouge lui montait aux joues alors qu’elle se rendait compte que son intention et son imagination n’avaient prévue cette situation.