Son rire étouffé était né au coin de ses joues, il avait comme pris possession d'elle. Je la sentais tout contre moi alors qu'elle détachais ma cotte de mailles ; je tentais de faire pareil. A deux, emmêlés, on y arrivait pas et c'était ce qui l'avait fait rire. Aub riait toujours d'un rien.
« T'es vraiment sûre qu'il y a personne ?
- Tout le monde bosse à cette heure ! »
Sa voix est un souffle, pas plus haute que la mienne. Et si on nous entendait ? On était chez elle. Le chemin pour arriver jusqu'ici avait été le plus long de ma vie. Elle était serrée contre moi, j'étais serré contre elle. Dans une espèce de folie douce, on avait souri comme des gamins. Ça nous avait pris, comme d'un commun accord.
« Ton père, il -
- Il travaille, oui !
- Darel ? » sa sœur.
« T'es fou, elle est à l'école !
- Ta m -
- Y'a personne j'te dis ! »
La maison était déserte, froide. Dans un recoin de la forteresse, elle était à l'intérieur même de la muraille. Le plancher de bois craquait et les rais de lumière était comme tissés par les interstices entre les volets. C'était un tableau. Un tableau qui vivait, je le regardais, sidéré, comme spectateur alors que je devais bouger. Aubrey, elle avait pris les devants, ça y est, elle avait réussi, elle avait réussi à dégager la cotte, à deux on était jamais trop, ca pesait une tonne.
Je faisais la même chose sur la sienne ; son épaisse chevelure rousse tombait de sous la capuche que je venais de retirer. « Ils sont pris dedans, attends - attends ! », je tremblais, un peu. Elle aussi – on les avait mis des milliers de fois, et retiré aussi, ces putains d'armures.
Le métal tombe, tirant les rebords de sa veste ; sa peau d'albâtre apparaît dans le clair-obscur. Je l'embrasse dans le creux du cou, sans plus attendre. Son rire ne s’interromp pas, elle souffle, sourit. Elle penche la tête de l'autre côté, je -
« C'est quoi ça ? »
Je ne l'entends pas.
« Fabri - »
Elle a un sursaut brusque, j'ouvre les yeux – je les avais fermés ? Aucun souvenir. « Quoi ? »
« Un bruit, là !
- Et merde j't'avais dit que -
- Pas vers l'entrée, là dans l'coin ! »
On reste collés l'un contre l'autre, j'attrape son bras, elle a déjà attrapé son épée. Elle était tombée pas très loin, quand on a détaché nos ceintures. « Là, près du mur ! » elle hurle.
Je retrouve pas mon épée. Je sais plus où je l'ai foutue – je prend un truc qui traîne, un bouquin sur une table de chevet. C'est pas grave ça fait mal quand même. Je regarde l'endroit qu'elle désigne ; y'a bien quelque chose.
« C'est un... un sans cœur !?
- Faut le crever ! »
On a pas le temps de le rejoindre ; il est parti avant qu'on arrive vers lui, plutôt. Aubrey veut lui filer un coup d'épée, elle a un mouvement de recul en apercevant la créature clairement. « Ah je déteste les clowns !! » qu'elle lance.
Le sans-cœur a un nez rouge, une petite crête autour du cou et fait des bruits de sans-cœur comme la sale petite ombre qu'il est. Aub est partie a l'assaut. « Là , là, là il est là ! » elle hurle ; j'essaie de suivre. « Je l'ai ! » je crois que je l'ai – ah, non c'est un pot de fleurs.
« C'était un cadeau ça !
- Désolé ! »
La chambre est petite ; la maison est tout en longueur, longeant l'intérieur de la muraille. Aub m'a filé un coup de coude pour passer devant-moi et filer un coup d'épée à la bestiole ; raté. Je bondit sur le lit et je balance le bouquin dessus.
Que dalle.
Sous nos yeux, plus de sans-cœur ; il y a un poisson, qui plonge sur le parquet, dans une flaque.
On est deux à se jeter dessus, on est deux à atterrir le cul sur le plancher. Honteux de la défaite.
« T'es vraiment sûre qu'il y a personne ?
- Tout le monde bosse à cette heure ! »
Sa voix est un souffle, pas plus haute que la mienne. Et si on nous entendait ? On était chez elle. Le chemin pour arriver jusqu'ici avait été le plus long de ma vie. Elle était serrée contre moi, j'étais serré contre elle. Dans une espèce de folie douce, on avait souri comme des gamins. Ça nous avait pris, comme d'un commun accord.
« Ton père, il -
- Il travaille, oui !
- Darel ? » sa sœur.
« T'es fou, elle est à l'école !
- Ta m -
- Y'a personne j'te dis ! »
La maison était déserte, froide. Dans un recoin de la forteresse, elle était à l'intérieur même de la muraille. Le plancher de bois craquait et les rais de lumière était comme tissés par les interstices entre les volets. C'était un tableau. Un tableau qui vivait, je le regardais, sidéré, comme spectateur alors que je devais bouger. Aubrey, elle avait pris les devants, ça y est, elle avait réussi, elle avait réussi à dégager la cotte, à deux on était jamais trop, ca pesait une tonne.
Je faisais la même chose sur la sienne ; son épaisse chevelure rousse tombait de sous la capuche que je venais de retirer. « Ils sont pris dedans, attends - attends ! », je tremblais, un peu. Elle aussi – on les avait mis des milliers de fois, et retiré aussi, ces putains d'armures.
Le métal tombe, tirant les rebords de sa veste ; sa peau d'albâtre apparaît dans le clair-obscur. Je l'embrasse dans le creux du cou, sans plus attendre. Son rire ne s’interromp pas, elle souffle, sourit. Elle penche la tête de l'autre côté, je -
« C'est quoi ça ? »
Je ne l'entends pas.
« Fabri - »
Elle a un sursaut brusque, j'ouvre les yeux – je les avais fermés ? Aucun souvenir. « Quoi ? »
« Un bruit, là !
- Et merde j't'avais dit que -
- Pas vers l'entrée, là dans l'coin ! »
On reste collés l'un contre l'autre, j'attrape son bras, elle a déjà attrapé son épée. Elle était tombée pas très loin, quand on a détaché nos ceintures. « Là, près du mur ! » elle hurle.
Je retrouve pas mon épée. Je sais plus où je l'ai foutue – je prend un truc qui traîne, un bouquin sur une table de chevet. C'est pas grave ça fait mal quand même. Je regarde l'endroit qu'elle désigne ; y'a bien quelque chose.
« C'est un... un sans cœur !?
- Faut le crever ! »
On a pas le temps de le rejoindre ; il est parti avant qu'on arrive vers lui, plutôt. Aubrey veut lui filer un coup d'épée, elle a un mouvement de recul en apercevant la créature clairement. « Ah je déteste les clowns !! » qu'elle lance.
Le sans-cœur a un nez rouge, une petite crête autour du cou et fait des bruits de sans-cœur comme la sale petite ombre qu'il est. Aub est partie a l'assaut. « Là , là, là il est là ! » elle hurle ; j'essaie de suivre. « Je l'ai ! » je crois que je l'ai – ah, non c'est un pot de fleurs.
« C'était un cadeau ça !
- Désolé ! »
La chambre est petite ; la maison est tout en longueur, longeant l'intérieur de la muraille. Aub m'a filé un coup de coude pour passer devant-moi et filer un coup d'épée à la bestiole ; raté. Je bondit sur le lit et je balance le bouquin dessus.
Que dalle.
Sous nos yeux, plus de sans-cœur ; il y a un poisson, qui plonge sur le parquet, dans une flaque.
On est deux à se jeter dessus, on est deux à atterrir le cul sur le plancher. Honteux de la défaite.