Spoiler :
La version orale que j'ai donc enregistré avec ma voix est disponible au cas par cas. Si vous êtes intéressé vous pouvez me la demander et je vous l'enverrai en privé. Merci donc de bien prendre en compte que le texte qui va suivre a été conçu comme un texte que l'on récite à l'oral, d'où ses tournures qui seront peut-être différentes de ce à quoi vous êtes peut-être habitué avec moi.
Je suis fatigué.
Je suis au fond d’un tunnel, je suis pétrifié. J’ai l’impression d’avoir marché pendant une éternité. Ce labyrinthe dans ces mines… Sera ma tombe. Car oui, je vais mourir dans cette mine.
Des contremaîtres avaient prévenu la garde qu’un de leur collègue agissait bizarrement ces derniers temps. Ses équipes avaient augmenté leurs heures de travail et semblaient travailler d’arrache-pied… Pourtant, la production enregistrée dans les journaux de la mine ne décollait pas. C’était stable.
Puis, il y eut des disparitions dans les alentours. Des voyageurs isolés ou des chasseurs disparaissaient. Au début, nous avons accusé les animaux ou des bandits mais… Les contremaîtres nous ont bien vite contacté à nouveau au sujet de leur collègue, supposant qu’il y avait définitivement quelque chose qui ne tournait pas rond dans les entrailles de la terre.
Peut-être était-ce le début d’un lien entre les deux affaires ?
Un vent glacial vient parcourir mon échine du fond de la mine apportant avec lui les effluves de corps en décomposition.
« Cédez à la peur… »
Je dois… Je veux continuer de vivre.
Je suis venu avec une équipe de cinq gardes. J’étais le chef. En arrivant dans le camp où réside les travailleurs, j’ai cherché des preuves en interrogeant les membres des équipes du contremaître Liggs. Le fameux personnage inquiétant… Une carrure imposante qui démontrait la force de cet homme au teint livide et au visage impassible.
Les interrogatoires ne m’ont rien apporté… Mais tous avaient l’air de ne pas avoir dormi correctement. Quelque chose se tramait ici, c’était certain. Mais quoi ? C’était là toute la question. Je décidai dès lors à descendre dans la mine le lendemain et chercher des preuves potentielles.
Mais rien ne s’est passé comme prévu.
Pendant la nuit, j’ai rêvé de la mine. Une voix me guidait à travers les tunnels. Elle voulait que je l’aide à sortir d’ici. Une voix de femme. Elle criait. Elle criait si fort. C’était terrifiant. Rien qu’en entendant ses cris de douleur et de peur, je transpirais, j’étais terrifié. Mes muscles étaient si tendus que ce sont des crampes qui m’ont extirpé de ce mauvais rêve.
« Vous n’êtes qu’un souffre-douleur dans un plan plus global, officier Marco. Vous avez perdu. Vous saviez que vous ne pourriez pas gagner. Vous pensiez sérieusement pouvoir changer quelque chose à tout ça ? »
Taisez-vous !
C’était trop simple. Les mineurs nous conduisaient où nous voulions, sans tenter de cacher quoique ce soit. Du moins c’est ce que nous pensions au début. Bien vite, nous sommes arrivés devant une voie qui avait été fermée à la va-vite avec des planches de bois.
Tout de suite, nous avons senti qu’il y avait là un élément à inspecter. J’ai demandé à passer et Liggs n’a rien dit. Je ne comprends toujours pas pourquoi maintenant. C’est comme si…
« Comme si vous n’étiez que des pions dans un jeu ? Mwahahahahaha ! Pitoyable… »
Nous avons arraché les planches puis nous nous sommes enfoncés dans la voie. Laissant les mineurs derrière nous, officiellement pour les laisser travailler, officieusement pour qu’ils nous laissent travailler sans interférer. C’était une erreur.
La mine avait effectivement été creusée ici, au début nous avons cru à une fausse piste, mais ensuite… Il y eut un premier élément… Troublant. Une fresque murale… Avait été faite avec un liquide rouge. Peinture ou sang, nous n’avons pas pu vérifier. Elle montrait une grande pyramide avec en son sommet une sorte de soleil qui brillait : A sa base, des inscriptions dans une langue inconnue. Cela ne ressemblait à rien de ce que nous connaissons.
Mauvais goût artistique ? Peut-être.
Plus nous avancions, et plus nous nous sentions mal à l’aise. Il faisait chaud, très chaud et humide. Il devait y avoir une rivière souterraine par ici. Je suais à grosses gouttes tandis que notre expédition avançait dans les galeries.
Je ne pouvais m’empêcher de penser que j’avais potentiellement commis une erreur en laissant les mineurs seuls derrière nous. Peut-être nous avaient-ils induit en erreur en mettant en scène cette galerie bloquée pour avoir le temps de cacher autre chose. Le doute devint si grand, que j’ordonnai de faire demi-tour malgré les plaintes de mon équipe qui semblait ne pas se méfier suffisamment des travailleurs.
« L’eau connaît les secrets. Tous les secrets Officier Marco. »
Alors que nous émergions de notre galerie, un effroyable spectacle se déroulait devant nos yeux ébahis et nos cœurs terrifiés. Trois corps humains… Suspendus au plafond… J’ai déjà vu des cadavres dans ma carrière mais là… Jamais je n’ai vu autant de barbarie… L’un était démembré tandis que l’autre avait manifestement été brûlé… Et le dernier, une femme avait été… Dépecée.
L’endroit était désert et cette vue abominable transperça mon âme de part en part. Qu’est-ce que tout ceci signifiait ? Et qui étaient les malades qui ont fait ça à ces pauvres gens ?!
La mine était déserte. Un silence accablant pesait sur nous. Nous étions les porteurs de la Justice mais nous avions l’étrange sensation d’être nous-mêmes les coupables.
Une voix s’est mise à parler dans ma tête, elle m’a dit :
« Toutes vos vies sont insignifiantes. Qu’êtes-vous tous devant l’Éternité ? Mineurs ou gardes, coupables ou victimes, il n’y a pas de vraie différence pour nous. Vous allez mourir… Tous. Maintenant… Ou plus tard. Telle est la question. Le dernier debout recevra notre don : la vie. Ne nous décevez pas… Mortels. »
J’ai immédiatement raisonné les hommes en leur promettant que nous allions trouver une sortie. Cependant, la tâche était plus ardue que prévu… Les galeries étaient plus complexes qu’à l’aller. La pression montait de plus en plus… La peur… J’ai résisté autant que j’ai pu, mais bien vite mon silence a donné raison à la folie.
Plus nous avancions, plus il faisait chaud et humide… Plus nous entendions cette espèce de rivière souterraine qui s’insinuait dans notre esprit comme un ver dans une pomme. Le regard de mes hommes avait changé… Eux aussi avaient peur et je pouvais sentir cette confrontation entre leur morale et l’instinct de survie qui nous commandait la pire des horreurs.
Après un long moment à marcher en silence. Nous sommes revenus dans la salle avec les trois corps. Nous ne sommes que des témoins meurtris et perdus. La situation m’échappait de plus en plus et bientôt, la voix dans nos têtes revint à la charge s’impatientant certainement, elle décida de nous révéler la vérité sur ce qu’il se passait ici.
« Le corbeau infirme nous a confié une tâche. La tâche est accomplie, vous n’êtes… Que des jouets pour nous divertir… Les mineurs n’ont pas été difficiles à convaincre : offrez-leur leurs rêves les plus fous et ils seront prêts à brûler un monde pour vous. Voyez par vous-même : contemplez la vérité. »
Nos regards se perdirent un instant dans les ténèbres et je semblais flotter dans les airs. Je volais, loin de la mine, loin… Trop loin. Bientôt je passais par une étrange porte au milieu des étoiles qui me fit arriver dans la mine une fois encore… mais cette fois-ci, il y avait des mineurs et de l’activité.
Je vis les hommes sombrer dans leurs désirs les plus inavouables… Chacun pouvait rêver de ce qu’il souhaitait le plus… Certains étaient des souhaits de plaisir charnel, tandis que d’autres s’imaginaient grand seigneur… Quelque chose leur offrait tout cela. En échange ? Ils creusaient, toujours plus, toujours plus profonds, toujours plus ardemment. Où est donc passé tout ce minerai ? Pourquoi le monstre en cherche t-il autant ? Ils attendaient le soir comme on attend une messe. Religieusement, ils suivaient la moindre consigne, dévoilant leur instinct animal dès que la créature le demandait.
Cette voix. C’était un monstre.
D’abord, il les a charmés avec ses pouvoirs… Ensuite, ils ont perdu la raison au fur et à mesure que le travail s’intensifiait et que leurs rêves devenaient plus sombres, à la fin… Ils ont commis des crimes barbares sur ces pauvres voyageurs pour… Faire une offrande ?
« Curieux, n’est-il pas ? Mwahahahaha.
- Vous êtes un monstre ! Qu’est-ce que vous voulez à la fin ?!
- Moi ? Nous ? Un monstre ? Nous sommes bien pire que ça ! Haha ! Tâchez déjà de survivre au jeu… Nous vous en dirons plus tard… Peut-être… »
Aspiré de nouveau par une force inconnue, je me retrouve une nouvelle fois face à mes camarades qui manifestement… Oh non ! Non !
C’est Augustin qui céda le premier. Il planta brutalement une dague dans le dos de Jérémie. Je n’ai pas cherché à réfléchir, j’ai couru. Je me suis éloigné du groupe tandis qu’ils sortaient leurs armes dans une vaine tentative de survie. Ils se sont entretués devant mes yeux. L’odeur du sang se répandait autour de moi. Mes jambes m’ont abandonné et je me suis retrouvé à terre.
Et alors que l’horreur se déchaînait devant mes yeux… Nos torches s’éteignirent. Les bruits du combat continuaient mais bientôt ce fut le silence. Tout devenait froid, silencieux… Il devait en rester forcément un. Il allait me chercher pour m’abattre et pouvoir sortir d’ici.
Je suis là maintenant. Je tremble, seul. Je ne sais plus qui ou quoi rôde autour de moi. Dans le noir, je ne suis pas seul. J’essaye de contrôler ma respiration pour ne pas faire de bruits. Puis la voix revient à la charge avec son ton moqueur.
« Ha ! Ha ! Ha ! Alors Officier Marco ? On s’avoue vaincu ? Déjà ? En vérité, nous nous attentions à mieux. »
Je prends ma tête entre les mains. Je veux que ça s’arrête, que tout s’arrête. Pitié !
« Ha ! Ha ! Ha ! On veut déjà s’échapper ? Les mortels… Toujours aussi faibles malgré le temps qui passe… Nous vous proposons un marché, Officier Marco. Vous retournez chez vous. Vous oubliez cette enquête. Vous oubliez les disparus. Vous oubliez la Justice. En échange ? Nous vous laissons la vie sauve. »
La pression augmente encore sur moi. J’ai l’impression d’être écrasé, de suffoquer. Je n’ai pas le choix, je veux sortir d’ici ! C’en est trop pour moi ! Je suis qu’un putain de garde !
« Oui, oui ! Sortez-moi de là je vous en supplie ! Tout ce que vous voudrez !
- Ha ! Ha ! Ha ! Bonne réponse. Nous sommes un Dieu miséricordieux après tout... »
D’un coup je tombe dans le vide. Brusquement, mon cœur s’emballe.
J’ouvre les yeux. Je suis dans le camp de mineurs. Je ne peux pas bouger. J’ouvre la bouche : je ne peux pas parler. J’ai peur, qu’est-ce qui m’arrive ?
« N’oubliez pas de rentrer chez vous rapidement. Personne ne doit chercher la vérité. Sinon… Nous reviendrons vous voir toutes les nuits, Officier Marco… A bientôt… Peut-être. »
A l’aube, je repars avec mon équipe en ville. Je ne donne aucune explication. Je mentirai à la hiérarchie s’il le faut, mais jamais je ne retournerai là-bas. Jamais.
Je suis au fond d’un tunnel, je suis pétrifié. J’ai l’impression d’avoir marché pendant une éternité. Ce labyrinthe dans ces mines… Sera ma tombe. Car oui, je vais mourir dans cette mine.
Des contremaîtres avaient prévenu la garde qu’un de leur collègue agissait bizarrement ces derniers temps. Ses équipes avaient augmenté leurs heures de travail et semblaient travailler d’arrache-pied… Pourtant, la production enregistrée dans les journaux de la mine ne décollait pas. C’était stable.
Puis, il y eut des disparitions dans les alentours. Des voyageurs isolés ou des chasseurs disparaissaient. Au début, nous avons accusé les animaux ou des bandits mais… Les contremaîtres nous ont bien vite contacté à nouveau au sujet de leur collègue, supposant qu’il y avait définitivement quelque chose qui ne tournait pas rond dans les entrailles de la terre.
Peut-être était-ce le début d’un lien entre les deux affaires ?
Un vent glacial vient parcourir mon échine du fond de la mine apportant avec lui les effluves de corps en décomposition.
« Cédez à la peur… »
Je dois… Je veux continuer de vivre.
Je suis venu avec une équipe de cinq gardes. J’étais le chef. En arrivant dans le camp où réside les travailleurs, j’ai cherché des preuves en interrogeant les membres des équipes du contremaître Liggs. Le fameux personnage inquiétant… Une carrure imposante qui démontrait la force de cet homme au teint livide et au visage impassible.
Les interrogatoires ne m’ont rien apporté… Mais tous avaient l’air de ne pas avoir dormi correctement. Quelque chose se tramait ici, c’était certain. Mais quoi ? C’était là toute la question. Je décidai dès lors à descendre dans la mine le lendemain et chercher des preuves potentielles.
Mais rien ne s’est passé comme prévu.
Pendant la nuit, j’ai rêvé de la mine. Une voix me guidait à travers les tunnels. Elle voulait que je l’aide à sortir d’ici. Une voix de femme. Elle criait. Elle criait si fort. C’était terrifiant. Rien qu’en entendant ses cris de douleur et de peur, je transpirais, j’étais terrifié. Mes muscles étaient si tendus que ce sont des crampes qui m’ont extirpé de ce mauvais rêve.
« Vous n’êtes qu’un souffre-douleur dans un plan plus global, officier Marco. Vous avez perdu. Vous saviez que vous ne pourriez pas gagner. Vous pensiez sérieusement pouvoir changer quelque chose à tout ça ? »
Taisez-vous !
C’était trop simple. Les mineurs nous conduisaient où nous voulions, sans tenter de cacher quoique ce soit. Du moins c’est ce que nous pensions au début. Bien vite, nous sommes arrivés devant une voie qui avait été fermée à la va-vite avec des planches de bois.
Tout de suite, nous avons senti qu’il y avait là un élément à inspecter. J’ai demandé à passer et Liggs n’a rien dit. Je ne comprends toujours pas pourquoi maintenant. C’est comme si…
« Comme si vous n’étiez que des pions dans un jeu ? Mwahahahahaha ! Pitoyable… »
Nous avons arraché les planches puis nous nous sommes enfoncés dans la voie. Laissant les mineurs derrière nous, officiellement pour les laisser travailler, officieusement pour qu’ils nous laissent travailler sans interférer. C’était une erreur.
La mine avait effectivement été creusée ici, au début nous avons cru à une fausse piste, mais ensuite… Il y eut un premier élément… Troublant. Une fresque murale… Avait été faite avec un liquide rouge. Peinture ou sang, nous n’avons pas pu vérifier. Elle montrait une grande pyramide avec en son sommet une sorte de soleil qui brillait : A sa base, des inscriptions dans une langue inconnue. Cela ne ressemblait à rien de ce que nous connaissons.
Mauvais goût artistique ? Peut-être.
Plus nous avancions, et plus nous nous sentions mal à l’aise. Il faisait chaud, très chaud et humide. Il devait y avoir une rivière souterraine par ici. Je suais à grosses gouttes tandis que notre expédition avançait dans les galeries.
Je ne pouvais m’empêcher de penser que j’avais potentiellement commis une erreur en laissant les mineurs seuls derrière nous. Peut-être nous avaient-ils induit en erreur en mettant en scène cette galerie bloquée pour avoir le temps de cacher autre chose. Le doute devint si grand, que j’ordonnai de faire demi-tour malgré les plaintes de mon équipe qui semblait ne pas se méfier suffisamment des travailleurs.
« L’eau connaît les secrets. Tous les secrets Officier Marco. »
Alors que nous émergions de notre galerie, un effroyable spectacle se déroulait devant nos yeux ébahis et nos cœurs terrifiés. Trois corps humains… Suspendus au plafond… J’ai déjà vu des cadavres dans ma carrière mais là… Jamais je n’ai vu autant de barbarie… L’un était démembré tandis que l’autre avait manifestement été brûlé… Et le dernier, une femme avait été… Dépecée.
L’endroit était désert et cette vue abominable transperça mon âme de part en part. Qu’est-ce que tout ceci signifiait ? Et qui étaient les malades qui ont fait ça à ces pauvres gens ?!
La mine était déserte. Un silence accablant pesait sur nous. Nous étions les porteurs de la Justice mais nous avions l’étrange sensation d’être nous-mêmes les coupables.
Une voix s’est mise à parler dans ma tête, elle m’a dit :
« Toutes vos vies sont insignifiantes. Qu’êtes-vous tous devant l’Éternité ? Mineurs ou gardes, coupables ou victimes, il n’y a pas de vraie différence pour nous. Vous allez mourir… Tous. Maintenant… Ou plus tard. Telle est la question. Le dernier debout recevra notre don : la vie. Ne nous décevez pas… Mortels. »
J’ai immédiatement raisonné les hommes en leur promettant que nous allions trouver une sortie. Cependant, la tâche était plus ardue que prévu… Les galeries étaient plus complexes qu’à l’aller. La pression montait de plus en plus… La peur… J’ai résisté autant que j’ai pu, mais bien vite mon silence a donné raison à la folie.
Plus nous avancions, plus il faisait chaud et humide… Plus nous entendions cette espèce de rivière souterraine qui s’insinuait dans notre esprit comme un ver dans une pomme. Le regard de mes hommes avait changé… Eux aussi avaient peur et je pouvais sentir cette confrontation entre leur morale et l’instinct de survie qui nous commandait la pire des horreurs.
Après un long moment à marcher en silence. Nous sommes revenus dans la salle avec les trois corps. Nous ne sommes que des témoins meurtris et perdus. La situation m’échappait de plus en plus et bientôt, la voix dans nos têtes revint à la charge s’impatientant certainement, elle décida de nous révéler la vérité sur ce qu’il se passait ici.
« Le corbeau infirme nous a confié une tâche. La tâche est accomplie, vous n’êtes… Que des jouets pour nous divertir… Les mineurs n’ont pas été difficiles à convaincre : offrez-leur leurs rêves les plus fous et ils seront prêts à brûler un monde pour vous. Voyez par vous-même : contemplez la vérité. »
Nos regards se perdirent un instant dans les ténèbres et je semblais flotter dans les airs. Je volais, loin de la mine, loin… Trop loin. Bientôt je passais par une étrange porte au milieu des étoiles qui me fit arriver dans la mine une fois encore… mais cette fois-ci, il y avait des mineurs et de l’activité.
Je vis les hommes sombrer dans leurs désirs les plus inavouables… Chacun pouvait rêver de ce qu’il souhaitait le plus… Certains étaient des souhaits de plaisir charnel, tandis que d’autres s’imaginaient grand seigneur… Quelque chose leur offrait tout cela. En échange ? Ils creusaient, toujours plus, toujours plus profonds, toujours plus ardemment. Où est donc passé tout ce minerai ? Pourquoi le monstre en cherche t-il autant ? Ils attendaient le soir comme on attend une messe. Religieusement, ils suivaient la moindre consigne, dévoilant leur instinct animal dès que la créature le demandait.
Cette voix. C’était un monstre.
D’abord, il les a charmés avec ses pouvoirs… Ensuite, ils ont perdu la raison au fur et à mesure que le travail s’intensifiait et que leurs rêves devenaient plus sombres, à la fin… Ils ont commis des crimes barbares sur ces pauvres voyageurs pour… Faire une offrande ?
« Curieux, n’est-il pas ? Mwahahahaha.
- Vous êtes un monstre ! Qu’est-ce que vous voulez à la fin ?!
- Moi ? Nous ? Un monstre ? Nous sommes bien pire que ça ! Haha ! Tâchez déjà de survivre au jeu… Nous vous en dirons plus tard… Peut-être… »
Aspiré de nouveau par une force inconnue, je me retrouve une nouvelle fois face à mes camarades qui manifestement… Oh non ! Non !
C’est Augustin qui céda le premier. Il planta brutalement une dague dans le dos de Jérémie. Je n’ai pas cherché à réfléchir, j’ai couru. Je me suis éloigné du groupe tandis qu’ils sortaient leurs armes dans une vaine tentative de survie. Ils se sont entretués devant mes yeux. L’odeur du sang se répandait autour de moi. Mes jambes m’ont abandonné et je me suis retrouvé à terre.
Et alors que l’horreur se déchaînait devant mes yeux… Nos torches s’éteignirent. Les bruits du combat continuaient mais bientôt ce fut le silence. Tout devenait froid, silencieux… Il devait en rester forcément un. Il allait me chercher pour m’abattre et pouvoir sortir d’ici.
Je suis là maintenant. Je tremble, seul. Je ne sais plus qui ou quoi rôde autour de moi. Dans le noir, je ne suis pas seul. J’essaye de contrôler ma respiration pour ne pas faire de bruits. Puis la voix revient à la charge avec son ton moqueur.
« Ha ! Ha ! Ha ! Alors Officier Marco ? On s’avoue vaincu ? Déjà ? En vérité, nous nous attentions à mieux. »
Je prends ma tête entre les mains. Je veux que ça s’arrête, que tout s’arrête. Pitié !
« Ha ! Ha ! Ha ! On veut déjà s’échapper ? Les mortels… Toujours aussi faibles malgré le temps qui passe… Nous vous proposons un marché, Officier Marco. Vous retournez chez vous. Vous oubliez cette enquête. Vous oubliez les disparus. Vous oubliez la Justice. En échange ? Nous vous laissons la vie sauve. »
La pression augmente encore sur moi. J’ai l’impression d’être écrasé, de suffoquer. Je n’ai pas le choix, je veux sortir d’ici ! C’en est trop pour moi ! Je suis qu’un putain de garde !
« Oui, oui ! Sortez-moi de là je vous en supplie ! Tout ce que vous voudrez !
- Ha ! Ha ! Ha ! Bonne réponse. Nous sommes un Dieu miséricordieux après tout... »
D’un coup je tombe dans le vide. Brusquement, mon cœur s’emballe.
J’ouvre les yeux. Je suis dans le camp de mineurs. Je ne peux pas bouger. J’ouvre la bouche : je ne peux pas parler. J’ai peur, qu’est-ce qui m’arrive ?
« N’oubliez pas de rentrer chez vous rapidement. Personne ne doit chercher la vérité. Sinon… Nous reviendrons vous voir toutes les nuits, Officier Marco… A bientôt… Peut-être. »
A l’aube, je repars avec mon équipe en ville. Je ne donne aucune explication. Je mentirai à la hiérarchie s’il le faut, mais jamais je ne retournerai là-bas. Jamais.