C’est comme si je rêvais… Comme si plus rien n’avait de sens autours de moi, les ombres ont grandi, m’auraient-elles avalées ? Tout était si flou, rien ne me revenait, aucun souvenir précis, simplement des brides… La plus récente de ces brides me donnait l’impression d’être observé, mais par quoi ? Alors que j’avais l’impression de perdre la boule, à me noyer dans un esprit vide de tout, une forte lumière venait éclairer l’obscurité dans laquelle je m’enfonçais, mais à son tour, elle fut rapidement avalée par les ténèbres. Ce qui ressemblait à une douce voix fut réduite au silence, ce qui me revenait, c’était un échange troublant. Une discussion fort peu agréable avec une silhouette familière. Très familière, trop familière ? Certainement, j’avais l’impression de me regarder, des années en arrière, en plus cynique, plus moralisateur, avais-je déjà été comme ça par le passé ? Pas de métaphore ici, il s’agissait réellement d’une conversation où j’avais été témoin de tous les reproches que mon double me faisait, ça me revenait clairement maintenant…

« Tu es le mieux placé pour savoir ce qui grouille en toi depuis déjà très longtemps… »

Une vive douleur envahissait mon corps lorsque je me remémorais cette phrase, avant que je ne brise l’obscurité, en ouvrant simplement les yeux. Je découvrais alors, à travers une vision embrumée par ce qui ressemblait à un long sommeil… J’étais engourdi, mais à l’aise, allongé sous un amas de draps, j’étais dans un lit ? Ma vision était encore flou mais je parvenais à distinguer que ma silhouette déformait une sorte de drap me couvrant, c’était donc bien ça, mais j’avais beau chercher, je ne me rappelais pas m’être coucher, à vrai dire, je ne me souvenais de rien. Un son strident traversait mes tympans alors que je tentais de fouiller dans ma mémoire, me troublant momentanément avant qu’un bruit de porte ne me fasse sortir de mes pensées.

« Raido… ? »

Une voix familière et visiblement troublée brisait le silence, alors que le flou de ma vision se dissipait lentement. Après une première inspection des lieux, je me trouvais dans une chambre plutôt confortable, cela me faisait penser à un lieu en particulier… Mon regard se portait sur la personne ayant pénétré la pièce, une petite tête blonde qui portait un plateau avec un assortiment de serviettes et ce qui ressemblait à un bol d’eau. C’était elle, Sarah, qui me regardait d’un air surpris. Elle ne tardait pas à poser le plateau sur un meuble avant de se ruer vers moi, à mon chevet comme si j’étais mourant.

« Tu m’as fait une de ces frayeurs ! Recommence jamais ça ! »

J’étais troublé, de quoi parlait-elle au juste ? Avais-je souffert d’une quelconque maladie ou peut être d’un coma ? Je n’étais pas sûr de bien comprendre la situation, je pouvais lire sur son visage une certaine joie mêlée à des restes d’inquiétudes, au vu de ce qu’elle avait amené dans la chambre, elle semblait avoir pris l’habitude de s’occuper de moi. Perplexe, je me rendais à l’évidence quant à la nature de ce lieu, je me trouvais actuellement à la Contrée du Départ, un des endroits où je me sentais le plus en sécurité, pour une raison qui m’échappait.

« J’ai dormi longtemps ? Tu peux m’expliquer ce qui s’est passé ? »

Cette question provoquait une autre émotion chez la demoiselle, elle semblait contrariée, les sourcils froncés, les oreilles rabattues en arrières, j’avais rarement été témoin de ce genre d’expression chez elle.

« Longtemps ? Cela fait au moins deux semaines que tu n’as pas ouvert les yeux… Tu es tombé inconscient en plein entrainement… J’ai cru que c’était dû à un choc mais je n’y croyais pas vraiment… Je commençais à croire que tu ne te réveillerais jamais… Idiot ! »

« Idiot ? Tu crois que j’y suis pour quelque chose ? »

« Mais non… C’est juste que sans toi, c’est différent ici… On commençait à s'inquiéter ! »

Chaque fois qu'elle reprenait la parole, de nouvelles questions se bousculaient dans ma tête. Je ne m'étais jamais évanoui pour un rien, surtout lors d'un entraînement de routine, mais je voyais mal Sarah être la cause de ma perte de conscience, elle était encore loin d'en avoir les capacités. Elle venait juste de dire qu’elle s’inquiétait mais comme s’il y avait quelqu’un d’autre ici ? Je ne savais trop quoi dire, la confusion pouvait se lire sur mon visage et ça n’allait que l’inquiéter davantage. Je me sentais quelque peu engourdi encore, mais si j’avais réellement été inconscient pendant deux semaines, c’était relativement logique.

« Ecoute, je ne me souviens de rien… J’ai même eu du mal à reconnaître cette chambre pendant quelques instants, mais ça va allez, ne t’inquiètes pas. Laisse-moi me remettre sur pieds, je vais allez prendre une douche et on reprendra cette discussion après, tu veux bien ? »

Elle me regardait avec ses grands yeux de merlan frit, à moitié convaincu par ce que je lui disais mais elle semblait préoccupée par autre chose. Haussant les épaules, elle s’éloignait du lit et s’apprêtait à sortir de la pièce avant de se tourner une dernière fois vers moi, avec un air étrangement sévère.

« Très bien, mais tu ne sors pas de ta chambre sans avoir bu un peu d’eau ! Je vais te préparer quelque chose à manger pendant ce temps, mais dépêche-toi ! On a beaucoup de choses à se dire si tu ne recouvres pas plus vite la mémoire. »

Une fois de plus, j’étais perplexe, je ne me souvenais pas l’avoir déjà vu si autoritaire, même si ça ne m’étonnait qu’à moitié. Elle quittait la pièce sans un mot de plus alors que je pivotais pour glisser hors du lit, posant les pieds à terre afin de me relever lentement. Je ressentais immédiatement le besoin de m’étirer, tout portait bien à croire que j’avais fait une grosse sieste, c’était troublant mais pas désagréable. Je me dirigeais vers le meuble où elle avait laissé son plateau, imaginant les soucis qu’elle avait dû se faire si cela faisait effectivement deux semaines que je n’avais pas ouvert les yeux. Je prenais une gorgée d’eau dans le bol pour étancher quelque peu ma soif, avant de me tourner vers la fenêtre qui donnait sur la grande cour devant le manoir. Je voulais jeter un coup d’œil à ce monde, ayant l’impression de ne pas y avoir mis les pieds depuis un moment, mais je fis une trouvaille plus intéressante, plus intrigante, j’apercevais par la fenêtre deux silhouettes se tenant face à face, comme s’ils étaient en plein affrontement. Du peu que j’en voyais, je ne les connaissais pas, un jeune garçon face à une jeune femme un peu plus âgée que lui, peut-être. Nous n’étions donc pas seul ici, comme le discours de Sarah me l’avait laissé penser.

Sans plus m’y attarder, je me dirigeais dans la salle de bain lié à la chambre, elle n’était pas bien grande mais il ne s’agissait pas d’un hôtel cinq étoiles après tout, c’était largement suffisant. Il y avait déjà le nécessaire pour pouvoir me laver, je retirais les quelques vêtements que j’avais sur moi avant de faire couler l’eau dans la cabine de douche, j’attendais quelques secondes la bonne température avant d’y entrer. C’est d’un long soupire d’apaisement que j’accueillais cette chaude sensation sur mon corps, fermant les yeux un instant. Quelque chose me troublait, en plus de tout le reste, je veux dire. Je me sentais en forme, mais il y avait autre chose, comme si j’étais… Déconnecté. C’était probablement lié à mon inconscience prolongé mais je me sentais vide. Vide de toute magie, mais surtout, de toute symbiose. J’avais cette désagréable impression de ne même pas être capable d’invoquer le moindre chocobo, je n’aimais franchement pas ça. Je me tournais dans la douche pour m’adosser au mur, pensif. J’avais beau essayer de me remémorer les événements précédant ma perte de conscience, rien ne venait. Jusqu’à ce qu’une bride traverse mon esprit. Des flammes, voilà ce qui me revenait en tête. A bien y penser, j’avais aussi cette impression d’avoir eu une discussion peu agréable avec moi-même mais rien de plus. Histoire de ne pas y passer ma vie, je me lavais soigneusement avant de sortir de la douche. Lorsque je passais devant le miroir avant de sortir, j’avais l’impression d’apercevoir un sourire mesquin sur mon reflet, l’espace d’un instant, mais il était clair que j’étais encore dans la brume la plus totale, ce n’était pas bon. Il ne me fallut pas beaucoup de temps pour m’habiller, je disposais de suffisamment d’affaires propres dans un des meubles de la chambre pour me changer complètement. Une chemise jaune à manches courtes, un pantalon en tissu noir, chaussettes, sous-vêtement, la totale ! Avant de sortir, je portais mon regard sur ma main gauche, hésitant. Je tendais le bras et invoquait ma Keyblade, sceptique. Lurebreaker apparaissait instantanément dans ma main, à ma grande surprise. Je la tenais solidement, rien d’anormal, le poids, la sensation, rien n’avait changé. Peut-être me faisais-je des idées, mais je n’allais pas tenter une quelconque invocation dans cette pièce, de toute façon. Je sortais donc après avoir enfilé mes chaussures, refermant la porte derrière moi.


« Maître ! » Entendais-je au loin, mais il me fallut quelques instants pour comprendre qu’on s’adressait à moi et le temps que je tourne la tête en direction du couloir d’où on m’appelait, la personne m’ayant parlé s’était déjà bien rapproché. C’était un jeune homme aux cheveux blancs, l’air tout à fait sérieux, il portait une sorte d’uniforme qui faisait penser à ceux utilisés ici à une époque, à en croire les archives.

« Vous êtes enfin sur pieds ! J’étais en route pour vous rendre visite, je voulais vous raconter les résultats de mon entraînement mais c’est plus nécessaire… Enfin si mais on peut en parler directement, mais vous ne voulez peut-être pas en parler tout de suite… »

« Tu es… Adrien, c’est ça ? » Répondais-je d’un air naturel, il avait l’air gêné et il avait du mal à en venir au fait. J’étais quelque peu amusé par la situation et il me fallut quelques instants pour me rendre compte que je ne connaissais absolument pas cette personne, mais le nom m’était venu comme ça. Etais-ce parce que la mémoire me revenait, sans que je m’en rende compte ?

« Tu venais me voir pendant que j’étais inconscient ? C’est gentil de ta part, je te prie de m’excuser car je n’ai pas encore bien recouvré la mémoire, il y a beaucoup de flou pour le moment. Sarah m’attend, mais on peut discuter en chemin si tu m’accompagnes… »

Disais-je en lui faisant signe de me suivre, ce qu’il faisait avec enthousiasme. A la manière dont il se comportait, on aurait dit qu’il m’admirait, je n’étais pas très à l’aise avec cette idée mais cette sensation m’était familière. Sarah insistait pour que je mange quelque chose, j’imaginais donc qu’elle se trouverait dans un des espaces consacrés à la vie commune, du manoir, il y avait une cuisine non loin des dortoirs, c’est par là que nous nous dirigions.

« C’est vraiment bien que vous alliez mieux, Sarah a fait de son mieux pendant votre absence, elle a assuré ! Mais c’est autre chose, les cours sans vous. »

J’haussais un sourcil, je me voyais mal m’arrêter sur chaque détail que je ne comprenais pas mais ça allait être difficile de jouer le jeu si rien ne me revenait rapidement. Les cours ? Est-ce que ce jeune était un de mes élèves ? Je ne me rappelais pas avoir eu d’autres apprentis en dehors de Lily, et ce n’était pas plus mal vu comme ça avait failli se terminer. « Je n’en doute pas. Vous ne lui avez pas causé d’ennuis au moins ? »

« Bien sûr que non ! Les autres responsables ne voulaient pas trop qu’elle s’implique à ce point au début mais elle n’a pas lâché l’affaire, elle disait que c’était de sa faute si vous étiez dans cet état, pourtant elle n’était pas là quand c’est arrivé. Maître Aqua l’a laissé faire, du moment qu’elle ne se surmenait pas trop »

Aqua ? Je connaissais ce nom, sans aucun doute, mais m’attendais-je à l’entendre dans un environnement aussi familier ? Cela me semblait presque hors de propos mais je ne mettais pas le doigt dessus, quelque chose m’échappait.

« J’imagine qu’elle ne s’est pas ménagée pour autant, ça ne lui ressemble pas… J’espère que vous en avez tous fait autant, mon état ne devrait pas perturber vos différents parcours. »

« Bien entendu ! Nous étions inquiets, mais vous savez bien que les autres ne nous laisseraient pas nous servir d’une telle excuse… On travaille toujours aussi dur, je suis plus déterminé que jamais à passer le symbole de Maîtrise ! »

Trop tôt… Voilà ce qui me passait par la tête. C’était surréaliste, je participais à une conversation, activement, mais la moitié des informations dont nous parlions étaient tout à fait inédites. Je travaillais ici avec diverses personnes pour former des apprentis ? On parlait bien du symbole de Maîtrise et plutôt que d’en être surpris, je jouais le jeu, ça venait tout seul comme si mes souvenirs étaient tous là sans que je m’en aperçoive. Dans cette situation, mon instinct me soufflait simplement que cet élève n’était pas encore prêt, pourtant j’étais incapable de me remémorer le moindre souvenir concernant ses capacités en tant que porteur de la Keyblade, ou bien même son niveau au combat en général, je savais juste qu’il n’était pas prêt. Ce n’était pas dû à une quelconque aura non plus, c’était un de mes principaux sujets d’inquiétudes pour le moment, j’étais incapable de sentir quoique ce soit.

« Il ne faut pas te précipiter, l’échec n’est pas une fin en soi mais tu dois aussi t’armer de patience si tu veux pouvoir progresser. »

Quelque part, même si je ne me sentais pas à ma place lorsqu’il s’agissait de donner des conseils à ce qui me semblait être un inconnu, je trouvais cela agréable, j’avais déjà ressenti ça avec Lily avant que les choses ne tournent au vinaigre, le fait d’apprendre à des gens moins expérimentés, cela me donnait la sensation que je n’avais pas perdu mon temps lors de mes voyages. Nous passions près d’un accès à la cour principale tout en marchant et mon regard fut attiré par une silhouette que j’apercevais à travers l’ouverture de la porte.

« Tu peux me rendre un service, Adrien ? Va voir Sarah, dis-lui que tu étais avec moi mais que je veux faire un petit quelque chose avant de la rejoindre, je ne serai pas long. »

« Entendu. Ne la faites quand même pas trop attendre, elle risquerait de ne pas être très tendre avec vous… »

Je riais franchement, j’avais l’impression qu’on était en train de parler d’une vieille connaissance qui aurait surement réagis comme ça si j’avais plus ou moins désobéi à une de ses demandes, cela m’amusait et en même temps, j’étais heureux, cela voulait peut-être dire que Sarah emprunterait le même chemin qu’elle et j’en serais fier. Saluant l’élève qui partait ainsi en direction des cuisines, j’empruntais la sortie pour sortir du manoir et arriver à l’air libre. C’était plus agréable que ce à quoi je m’attendais, l’air de ce monde me faisait vraiment beaucoup de bien. Le soleil était haut dans le ciel encore, il faisait bon. Cela dit, je devais être encore un peu engourdi car je n’avais pas l’impression de ressentir cette bouffée d’air frais, de la même façon que d’ordinaire. Alors que je sortais, je croisais plusieurs jeunes. Aucune tête connues, mais ils me saluaient tous respectueusement, comme si on ne s’était pas vu depuis un moment, c’était un peu gênant mais je me contentais de poursuivre mon chemin, vers la silhouette qui avait attiré mon attention. Il était assis sur un muret un peu plus loin de la cours centrale mais il en descendit en me voyant arriver. Une petite tête blonde, un jeune homme aux yeux verts, les cheveux en pétard, je faisais au moins une tête de plus que lui. Il avait une chemise presque trop grande pour lui et il croisait les bras alors que j’approchais, me fixant d’un air dubitatif.

« Alors c’est toi Raido... »

Voilà autre chose. Il agissait différemment des autres. Ce garçon ne me disait absolument rien pour le coup mais j’avais un très mauvais pressentiment. Son visage n’était pas très expressif mais je restais méfiant. Je remarquais dans son dos une queue caudale en train de remuer lentement, cela m’intriguait, je croisais rarement d’autres hybrides, qu’importe le monde dans lequel je me trouvais. Il fourrait ses mains dans ses poches en avançant de quelques pas dans ma direction.

« On m’avait dit que tu étais égocentrique mais j’avoue que je ne m’attendais pas à ça, tu penses vraiment mériter tout le respect dont on te fait preuve ici ? Ils consistent en quoi, vos cours au juste, « Maître » ? Tu leurs apprends à justifier leurs meurtres avec des excuses aussi bidon que « Je dois la protéger » ? »

« Ne parle pas de Sarah comme d’une excuse. »

Disais-je d’un air contrarié, cependant, en l’espace d’un instant, l’atmosphère changeait, le vide dans son regard laissait place à ce qui ressemblait à une haine incommensurable. J’étais envahi par le sentiment que je devais me mettre en garde mais avant que je lève le petit doigt, il avait bondi devant moi, le poing levé et serré.

« Ne prononces pas son nom, enflure. »

Ces mots sévères furent suivi d’un coup de la même ampleur, il me frappait au visage brutalement, le choc me projetant plusieurs mètres plus loin. L’impact avait été puissant, je ne m’attendais pas à ça de la part d’un jeune, je l’avais vraiment senti passer et alors que je me relevais, je comprenais pourquoi. Il se tenait devant moi, le bras dont il s’était servi était entouré de ténèbres denses. Ce n’était vraiment pas bon signe, j’étais incapable de juger proprement de mes capacités à combattre actuellement et il était rapide, l’affronter n’était probablement pas une solution. Je me redressais, encore quelque peu sonné par son coup et ma Keyblade venait à moi, dans la main droite, au cas où ce petit gars revienne à la charge.

« Hey… Je l’ai presque senti, t’as du punch gamin… Ecoute, je ne sais pas vraiment ce que je t’ai fait mais si tu m’en veux pour x raison, soit on en discute, soit tu fais la queue parce que t’es loin d’être le seul à vouloir une raclée… »

Il m’avait pris par surprise mais je n’étais pas convaincu qu’il soit un adversaire dangereux. Je lui laissais le bénéfice du doute mais je pouvais surement lui faire perdre conscience sans recourir à la symbiose. Il semblait connaître Sarah, ce qui n’était pas si étonnant si on envisageait qu’il pouvait être dans le même cas qu’Adrien, s’il étudiait ici, mais j’avais de gros doutes.

« Tu rigoles ? On m’a tellement parlé de toi… Tu peux pas savoir ce que ça fait. Imagine, tu passes ta vie à chercher une ordure… Oh, pas juste un sale type hein. »

Il s’apprêtait à charger à nouveau, ça se voyait à la posture qu’il adoptait, mais son discours m’intriguait. Je tenais ma Keyblade devant moi, fermement, lui se mit à courir dans ma direction, je songeais à lui porter un coup avec la garde de mon arme ou le dos de ma clé alors qu’il amorçait le même type de mouvement que tout à l’heure. Cependant, tandis que mon timing de frappe se rapprochait dangereusement, j’étais envahi d’une drôle d’impression. Il frappait finalement mais j’arrêtais le plus gros du choc avec mon bras gauche en attrapant son poing. Nous restions plantés là, j’étais préparé à son coup cette fois-ci, ce qui m’évitait un autre vol plané.

« Là on parle d’un vrai déchet… Une sale expérience qui a mal tourné, elle est dangereuse pour elle et pour les autres, et pourtant, on lui offre des opportunités, du pouvoir… Le comble de la blague, on lui attribue même le titre de « Maître » ! Il a fallu que je le vois de mes propres yeux pour accepter d’y croire, mais tu es là, devant moi. Je refusais de croire que tout était de ta faute, pourtant tu existes bel et bien… Je donnerais cher pour te démolir pour de vrai. »

J’avais sous-estimé la rancœur de ce gamin, ça avait l’air si profondément ancré que je ne savais même pas quoi lui répondre. Dans un effort qui me surpris, il s’extirpa de ma prise, se servant de l’élan de cet effort pour poser la main au sol afin de m’asséner un puissant coup de pied latéral, sérieusement boosté par les ténèbres qu’il utilisait ! Je parvenais à bloquer la frappe bien qu’elle me fit reculer légèrement. Je poussais un soupire, le regardant d’un air perplexe, je m’étais rarement trouvé dans une situation où je n’éprouvais pas l’envie de rendre à mon opposant chaque coup, je ne savais que faire, je doutais de pouvoir apaiser sa colère par les mots.

« Pour de vrai ? Tu te retiens ? Tu es plus fort que tu en as l’air mais tu devrais… »

« Oh, c’est le moment où tu me mets en garde à cause de ça ? »

Disait-il en levant son bras, à nouveau entouré d’une aura de ténèbres dense

« C’est l’hôpital qui se fout de la charité à ce niveau-là. Tu es littéralement une boule de ténèbres prête à imploser à tout bout de champ, mais t’inquiètes pas, j’ai une bien meilleure maîtrise que toi dans ce domaine, j’pourrais même te donner des cours si tu veux ! »

Une vraie vipère dans ses paroles, il n’y allait pas de main morte mais j’étais forcé de reconnaître qu’il touchait juste, la plupart du temps. Il en riait, avec un air mauvais sur le visage, j’avais l’impression de le dégoûter au sens propre, même chez Roxas je n’avais déceler une telle haine, pourtant il avait de sérieuses raisons de m’en vouloir, cela commençait à m’inquiéter, qu’avais-je fait pour générer une telle haine ?

« Alors tu sais que ça va mal finir… Je ne peux pas te laisser évacuer toute ta rancœur ici… Les affrontements de ce genre sont interdits depuis qu’on s’est établis dans ce manoir alors tu as deux choix, soit tu te calmes et on en parle, soit on va régler ça ailleurs… »

Encore une fois, il riait après qu’une brève expression de stupeur soit passé sur son visage, ceci dit, je ne m’y fiais pas et je savais déjà ce qu’il allait me répondre car les ténèbres autours de lui ne faisaient que grandir davantage, ça n’allait pas bien se passer.

« Tu es pas croyable... La seule chose positive qu’on m’ait dit sur toi, c’est que t’étais intelligent, que j’devais me méfier de toi en t’approchant. Même pour ça t’es décevant… Sois tranquille, tes pauvres petits élèves remarqueront même pas que leur prof adoré se fait passer à tabac, ou peut-être qu’ils viendront m’encourager, qui sait ? »

Il commençait à m’agacer, il fallait bien l’avouer. Perdre mon calme face à un gamin qui balançait toutes les horreurs lui passant par la tête n’était pas exactement digne d’un Maître alors je prenais sur moi, toutefois, il était évident que c’était plus profond que ça… Soudainement, l’aura de ce garçon devint bien plus violente, plus intense, à un point où je joignais mes mains au sol instantanément, par réflexe, je tentais une invocation, bien qu’en plus de ne pas avoir le temps pour ça, j’avais toujours l’impression d’être totalement dépourvu de symbiose. De son côté, le blondinet rassemblait ses forces avant de lancer une puissante onde de ténèbres dans ma direction. L’impact provoqua une explosion de ténèbres et à travers la Contrée, un cri puissant retentissait. J’étais à terre, le souffle de sa magie m’y avait poussé mais une silhouette se tenait devant moi, une créature familière et alors que les résidus de ténèbres se dissipaient lentement, à peine redressé, je distinguais de mieux en mieux Valefore, une des premières chimères puissantes que j’avais appris à invoquer. Il avait encaissé le sort à ma place et se tenait toujours fièrement mais quelque chose n’allait pas. J’en étais certain, je n’étais pas à l’origine de cette invocation, je n’en avais pas eu le temps. Mon regard se tournait comme celui du jeune garçon vers le manoir, à l’entrée de la cour se trouvait une autre blondinette, les mains plaquées contre le sol, elle était en sueur et elle respirait lourdement.

« Sarah ! »

« Sarah ! »

Nos voix s’élevèrent ensemble, la surprise se lisant sur mon visage alors que mon opposant semblait contrarié, quant à elle, elle n’avait franchement pas l’air contente.