« Qui… est-il… ?  » « C'est l'homme blanc… ..seul… »

D'humeur tranquille, Arthur avance complètement perdu ici et là entre les arbres si semblables par cents ou par milles, vêtu d'une bure à capuche peinte de broussailles et verdures, même un ou deux champignons.

« Ils portent leurs marques à eux. » « Je le trouve serein.  »

La nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles ; le poète y passe à travers des forêts d'anciens sages qui l'observent avec des regards familiers. Comme de longs échos qui de loin se confondent dans une profonde et harmonieuse unité. Arthur devait ouvrit son coeur a cette unité, vaste comme la nuit et comme la clarté.
Qu'on le perçoive ou non, les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants ; doux comme les hautbois ; verts comme les prairies !
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants, ayant l'expansion des choses infinies ; comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens qui chantent les transports de l'esprit et des sens.


« Je viens ici au nom du Consulat… l'ami des Indiens. » Murmure-t-il, solennellement, alors qu'un vent souffle soudain sur sa route comme pour porter son message. Comme pour agiter la cime des arbres. Sa marche ne discontinue pourtant, déterminé. Pas besoin de savoir où il va, si ses intentions sont clairs, alors la forêt les mènera à eux. « Les mercenaires n'ont que trop bafoués ces magnifiques terres. »

Il s'arrête une minute ou deux, le temps de communier. Les yeux fermés, Arthur y voit pourtant clair.

Une côte paresseuse où la nature donne des arbres singuliers et des fruits savoureux ; des corps féroce et vigoureux dont œil par sa franchise étonne. Du fer, du feu, du sang ! C'est elle ! C'est la guerre ! Debout, le bras levé, superbe en sa colère, animant le combat d'un geste souverain. Aux éclats de sa voix s'ébranlent les armées ; autour d'elle traçant des lignes enflammées, fusils et flèches ont tirés. Partout armées, cavaliers, chevaux, masses mouvantes ! En ce flux et reflux, tel mer vivante à l'appel ardent sur qui l'épouvante s'abat.
La Guerre ! Sous sa main qui frémit, en ses desseins féroces, pour aider et fournir aux massacres atroces ? Toute matière est arme et tout homme soldat.


« Là-bas…  » Une branche se déploie soudainement pour indiquer la direction, puis revient à sa place.

« Merci ! » Saluant l'arbre d'un geste enjoué de la main, le poète suit la direction indiqué.

Entre ses bois cléments, qui sans se faire remarquer facilite son avancée, d'Erato le Fils se perd dans les méandres de son coeur. Dans ses ténèbres. Chen s'en va… Genesis ne durera pas… outre la peine et le blessure, la cicatrice de la perte… il y a surtout la peur de l'avenir. Qui va nous protéger ? Le Poète se jure de le faire, sans discontinuer d'avancer alors qu'enfin, au loin, il l'aperçoit ! Au travers des arbres et des fourrés, le poète s'accroupis… n'est peut-être pas encore prêt mais… il le voit ; le repère des mercenaires. Une véritable forteresse toute de bois.
Arthur file à toute vitesse, s'assurant qu'on ne le repère et assis contre un arbre bien au loin, il reprend son souffle quelques instants. Le temps d'une sieste entière ? Se sentant faillir, il décide de s'y préparer.

Le poète longea de son pinceau la tige d'une feuille et peigna une seconde tige à même le vide. La première tige gagne tout de suite en vitalité, éclos dans l'instant alors qu'Arthur se concentre à créer peindre des feuillages qui le camoufleront. Quelques murs et un toit puis une fois terminé; Arthur s'emmitoufle dans son vêtement et dort bien abrité !

Que racontent donc ces végétaux en leur majesté ombrageant ? Quelles vertus relatent-ils à travers leur douce chorégraphie ainsi menée par le vent ?

Sont-ce des paroles augurâtes ou le récit de leur trace séculaire ?

Ces arbres demeurent le symbole d’une nature meurtrie qui s’époumone, recluse dans un bastion précaire, à l’abri de « celui » qui la saccage puis la préserve.
Zéphyr et brise bousculent alors les feuillages de leur souffle salvateur
Que racontent donc ces murmures ?

« Reveilles-toi…  »