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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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C’est la nuit et Al’ fixe le plafond, que faire d’autre, la nuit, que de fixer le plafond. En silence, il imagine une version diminuée de lui-même, un Al’ taille réduite avec une cravate microscopique et une mallette format fourmis. Il l’imagine bondir d’une poutre à l’autre ou s’agripper aux piliers, il l’imagine tenter le vide sans s’y enfoncer. Le petit Al’ est bien plus adroit que le vrai Al’, il perd parfois pied dans un élan dramatique mais réussit toujours à trouver appui quelque part, dans les enclavures des colonnes ou sur les travers du château. Le vrai Al’ s’imagine soudainement, pourquoi pas, que les poutres frémissent, tremblent, que les poutres croulent sous leur propre poids et qu’elles abandonnent le petit Al’ dans une chute libre et effrénée, jusqu’à ce que le vrai Al’ cligne des yeux, enfin, et qu’il se rappelle qu’il n’y a qu’une seule version de lui-même; et c’est dans un soupir qu’il réalise que c’est toujours la nuit et, pire, qu’il est toujours cloué au lit.

Autour d’Al’, les autres grands blessés ne dorment pas, et bien sûr qu’ils ne dorment pas. Comment peut-on dormir quand, en arrière-plan comme un début d’acouphène, on entend un garçon se plaindre et se plaindre, quand on l’entend implorer, de toutes ses forces et jamais sans vigueur, sa mère et les cieux, quand on l’entend répéter dans un écho incertain qu’il a mal, qu’il a mal, qu’il a mal? Al’ aimerait faire preuve d’empathie mais il ne peut être qu’agacé, le sommeil est lourd et pourtant il n’arrive à la trouver. Il se retourne dans son lit, ou dans son cercueil, Al’ ne sait plus, il aimerait tant avoir un peu de quiétude pour pouvoir y réfléchir à tête reposée.

Malgré tous les efforts, il semble que personne dans cette galaxie ne puisse faire quelque chose pour calmer le garçon, pas même les soigneuses, pas même leurs potions magiques à assommer une famille de dragons, personne n’arrive à réconforter son cœur d’enfant dévasté, personne ne trouve les mots ou la bonne façon de faire. Al’ aimerait bien se lever, d’un bond et d’un seul, pour tenir compagnie au garçon, mais, il faut bien le rappeler, son pied n’est plus un pied mais un amas d’ecchymoses et d’os broyés. Il se contente de faire comme les autres grands blessés et d’endurer les jérémiades, amplifiées mille fois par l’acoustique de la pièce, en espérant que les larmes finissent par sécher.

Il fait bien noir et, en dépit des les quelques torches enflammées et de la lumière de la lune – bien belle, cette nuit, Al’ a eu tout le temps du monde pour en contempler ses lueurs sélènes tendrement tranchées par les vitraux dans un souffle presque mystique, et même assez de temps pour en faire de la poésie –, il n’arrive pas à bien voir ses voisins de lit. Il sait que celui à droite est barbu et qu’il lui manque une jambe (c’est d’ailleurs avec toute la bonne foi du monde qu’il a dit à Al’ que la vie n’était pas si différente avec une jambe de bois), que celui à gauche est aveugle et qu’il se plaint constamment (presque autant que le garçon, tout compte fait) et que celle juste derrière, brûlée au visage à tous les degrés, aimerait être ailleurs (et puis quoi encore, tout le monde ici aimerait être ailleurs). Au milieu de ces éclopés, Al’ ne sait plus s’il est à plaindre, mais il sait qu’il veut dormir, tranquillement, au moins une demi-journée pour récupérer.

« Pourquoi ils l’enferment pas avec les autres gamins?

— Ils disent qu’ils ont pas de place, là-bas, qu’ils ont pas le choix de mettre les moins infirmes ici.

— Si lui c’est le moins infirme, je veux pas voir les autres. »

Al’ non plus n’aimerait pas voir les autres enfants, son cœur peine déjà à supporter la douleur de toutes ces grandes personnes dans cette grande pièce. Il se demande si l’infirmerie d’un château est toujours aussi bondée, si les lits sont toujours aussi occupés, si les accidentés et les alités et les estropiés et les malchanceux sont toujours entassés de cette façon. Et encore, Al’ n’a rien vu. Une partie de lui appréhende le matin où, au grand jour et à la grande lumière, il pourra regarder ses voisins correctement, sous tous leurs détails et sous toutes leurs plaies. Il essaie de ne pas y penser, il tente de repousser du revers d’une pensée tous les scénarios qui lui viennent à l’esprit, mais cette image d’une femme défigurée avec la peau en lambeaux, avec la mâchoire disloquée et avec les yeux hors de leur orbite est beaucoup, beaucoup trop envahissante.

Pendant une seconde et une seule, le garçon se tait, puis reprend de plus belle; le reste des grands blessés répondent d’un unique soupir, un soupir qui grimpe en crescendo jusqu’au plafond cathédrale avant de s’estomper sous les pleurs. Al’ se demande si le garçon a encore mal ou s’il pleure maintenant par habitude. Les deux options lui semblent plausibles, les enfants pleurent pour toutes sortes de raisons, mais la première lui apparaît plus rassurante : d’expérience, Al' sait qu'il est beaucoup plus facile d’étouffer la douleur que de briser une habitude.

« Je vous jure, s’il pleure encore dans dix minutes, je le balance par la fenêtre. Pas de regrets. »

Al’ ne croit pas que ce soit la bonne solution, de lancer un gamin à travers la fenêtre d’un château, il pense que c’est une méthode trop drastique. Tout le monde ici a mal, tout le monde ici souffre, tout le monde ici a sa façon d’exprimer l’enfer qui s’acharne sur eux, certains se plaignent sans lendemain, d’autres pleurent et d’autres crient à tue-tête comme pour s’assurer d’être entendus. Al’ pense que tout le monde a droit de souffrir en paix, mais il pense surtout que tout le monde a droit de dormir en paix, et ce paradoxe le tient éveillé, ironiquement. Il lui semble que, parfois, il n’existe aucun compromis valable, sauf si, peut-être…

Sur la table de chevet, Al’ aperçoit un livre, un codex humide tout déchiré et à peine lisible, et c’est tout ce qu’il faut pour enclencher les mystérieux mécanismes de sa boîte cervicale. Il ouvre le codex, touche les pages, ferme les yeux comme pour se concentrer sur leur texture, comme pour entrer en symbiose avec les fibres du parchemin. Al’ peut presque voir dans sa tête le moine qui a relié le livre, assis dans un scriptorium lugubre et poussiéreux, arqué sur une table à peine éclairée, une flamme au coin de l’encrier; Al’ peut presque voir tout ça, presque. Et puis, d’un coup, sans avertir personne, il déchire une page, et le bruit se répercute sur toutes les colonnes. Al’ peut sentir ses voisins de lit se retourner vers lui, mais il ne le regarde plus, non, il n’a plus le temps pour ça.

À la lueur de la lune, Al’ plie la première page, la transforme en un papillon en deux temps et en encore moins de mouvements. Il déchire une seconde page, la plie aussi, et ainsi de suite jusqu’à dépouiller le codex de toute sa nature. Al’ ne demande pas au barbu avant d’empoigner son codex et avant d’en faire une carcasse vide, il ne demande pas non plus à l’aveugle avant de faire pareil avec son exemplaire – à quoi pourrait bien lui servir ce livre, après tout? La dame derrière Al’, quant à elle, refuse de participer à un tel sacrilège, c’est un blasphème, une honte pour ceux qui nous protègent, vous devriez arrêter de détruire ces artefacts maintenant, monsieur, c’est un blasphème. Al’ ne l’écoute pas, Al’ n’entend même plus le garçon larmoyer, Al’ a d’autres choses plus importantes à faire, il a d’autres codex à écorcher.

Il faut voir la tête d’Al’ comme un volcan, et une de ses idées comme une éruption fortuite. Alors on comprend mieux pourquoi il ne s’arrête pas une fois qu’il a commencé.

Des centaines et des centaines d’origamis s’entassent sur les cuisses d’Al’, débordent, tombent à côté du lit, forment une forteresse tout autour de sa personne. Bientôt, on ne le voit plus, il est enseveli sous ses créations, on peut parfois voir ses bras et ses mains s’extirper de l’amas pour récupérer une énième feuille et pour plier encore. À vrai dire, Al’ ne sait pas exactement comment il arrive à faire ce qu’il fait, comment il arrive à plier des bouts de papier pour en faire des avions et des animaux et des navires de combat, comment il arrive à entrevoir les autres dimensions quand il n’y en a qu’une. Il ne s’est jamais posé la question, pourtant, il laisse ses doigts s’activer, il les laisse penser par eux-mêmes, il les laisse vivre leur propre aventure. Quand il revient à lui, tout est plié, toujours.

Al’ est prêt. Sans trop prévoir ce qui pourrait arriver – à quoi bon prévoir, Al’ sait qu’il n’y a que deux issues : soit on est déçu, soit on est moins surpris –, il insère des petits origamis dans de plus grands avions de papier, qu’il lance en direction du garçon. Les avions glissent sur l’air, atteignent leur destination sans la moindre turbulence, virevoltent un moment autour du garçon. Al’ ne quitte pas la scène des yeux et, quand il la quitte un moment, les avions abandonnent leur cargaison derrière eux, une cargaison de papillons et de colombes, de feux d’artifices et d’étincelles. Le garçon est intrigué, ça s’entend jusqu’ici, ses pleurs sont brisés, ses larmes moins fréquentes.

Une deuxième envolée d’avions et, rapidement, les autres origamis entrent dans la frénésie. Al’ ne contrôle plus rien, il a l’impression qu’une bourrasque a tout emporté. Les bouts de parchemin se dirigent pourtant vers le garçon, comme s’ils savaient où aller, comme s’ils savaient comme se frayer un chemin parmi tous les grands blessés. Bientôt, ce sont des centaines et des centaines d’origamis qui vibrionnent et qui papillonnent autour du garçon, des chevaux de course et des zeppelins, des vaisseaux spatiaux et des nuées d’oiseaux, des jaguars à la chasse et des éléphants de guerre, des galères et des essaims de libellules.

Al’ ne sait pas ce qui arrive, il ne pourrait pas tout à fait dire s’il est le responsable de tout ce spectacle, mais il décide d'entrer dans la ronde, tout comme les autres estropiés qui ne savent plus faire autre chose que de ponctuer cette scène de murmures stupéfaits. Lui-même ne trouve pas de mots assez explicites pour décrire ce coup de théâtre absurde, ces quelques secondes ahurissantes où tous les bouts de papier se rassemblent pour former une seule et unique main, une main qui relève la couverture du garçon, qui le borde, qui le berce, mais Al’, Al’ est pourtant sûr et certain d’avoir déjà imaginé cette scène, juste quelques secondes avant qu’elle arrive.

Enfin, le garçon ne pleure plus, c’est une certitude, Al’ reconnaît ce silence, cette quiétude après la tempête, ce moment-charnière entre deux époques, ce détroit calme entre deux océans. Il n’y a plus de combat à mener, Al’ se sent fatigué, excessivement fatigué – il l’était bien avant mais c’est une soudaine réalisation. Les fragments de parchemin tombent, lentement, se posent un peu partout dans l’infirmerie. Les grands blessés font de même et se laissent sombrer, enfin, dans un sommeil lourd et mérité, les uns après les autres, tous, sauf peut-être la dame derrière Al’, qui tient son codex contre sa poitrine, très fort, comme un bouclier contre les ténèbres.
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Allons, ce sera un week-end chargé ! Si j’te note pas maintenant, je ne le ferais jamais. Mais tu sais, j’ai envie de te noter.

Donc, qu’est-ce que j’ai à dire ?

La prise de partie, j’aime. En soit, tu instaures le climat assez sombre d’une infirmière bondé dans laquelle il y a un gosse qui pleur. Sachant ça, tu peux te dire qu’il y a eu de grosse perte et nous avons un contexte plutôt rivé sur l’empathie. Cependant, c’est l’inverse et j’aime ça. Ce qui est cool ? C’est que j’vois Al’ comme une personne bonne mais qui s’agace facilement.

Pourquoi, facilement ? Eh bien, dans l’épisode précédent, il n’a pas creusé plus que ça lors de sa discussion avec Phil’ et ici… Il n’est pas spécialement tendre.

Même si les actions parlent et que ça me confirme l’alignement de Al’, il a des pensées clairement tendue. Cependant ? J’aime ça. Le héros, c’est pas l’gars qui est pure dans chacune de ses pensées et de ses actions. Al’ nous le montre, il n’est pas content de penser à ça sauf qu’il veut dormir. Il pense à mal, mais il cherche à y palier après avec son numéro d’origami.

Bref, il n’est pas lisse comme peut l’être une feuille de papier !

Ouais, une fois de plus, j’ai pas grand chose à dire à l’encontre du rp. Si ce n’est une question de contexte et les interventions. P’tet que j’aurais voulu un regard plus « pnj » autour de l’enfant. Tel que des bribes de discussion qui arrivent aux oreilles d’Al’ ou même plus d’action de la part des infirmières. Ouais, j’en demande beaucoup parce que j’aime beaucoup le côté « regard de Al’ » plutôt que vision global. Néanmoins, j’pense que ça manque un peu « d’extérieur » pour être totalement conquis.


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