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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Il n’avait que rarement eu l’occasion de les observer si longuement, les routes stellaires. A demi-allongé sur le siège du second, dans le cockpit du vaisseau, Erik observait les étoiles. Enfin, les mondes, puisque c’en étaient, disait-on. L’escroc s’en trouvait à la fois enchanté et sceptique : tant d’univers, de possibilités ! Mais d’un autre côté, s’ils étaient si nombreux, pourquoi n’avait-on contact qu’avec une poignée de ceux-ci ? Pourquoi ses collègues et lui ne fonçaient-ils pas tout simplement vers l’une de ces étoiles, juste pour voir ? Peut-être découvriraient-ils un lieu paisible et simple ? Un endroit où il n’y aurait ni pontes dictatoriaux multiversels, ni misère. Enfin. Il y avait toujours de la misère, quelle qu’en soit la forme. Restait l’espoir qu’elle soit rare.

A la réflexion, foncer au hasard « vers une lumière » serait sûrement bien dangereux. Le jeune homme n’avait après tout aucune connaissance concrète de ce qui poussait un monde à être, ou ne pas être ; à être accessible, ou fermé à double tour. Erik prit une inspiration. La fatigue le gagnait manifestement, mais il avait encore deux heures à tenir. Son regard quitta le vide spatial, se posant sur la jeune femme endormie sur le siège voisin. Une demoiselle aux traits ronds, et dont la chevelure noire retombait sur ses yeux en amande, clos. Silencieuse. Comme le reste de l’appareil, comme leurs deux autres compères, et comme l’univers. Un silence tantôt reposant, tantôt pesant, selon les pensées qui venaient à l’escroc.

Pour cette minute, il aurait aimé ne pas être seul. Avoir quelqu’un avec qui échanger. Se sentir moins petit.

Aaah ! Comme avoir un ami lui manquait, là, tout de suite ! Les pieds désormais rapatriés au bord du siège, redressé, les coudes sur les genoux, le jeune homme revenait sur sa récente discussion avec une dernière représentante de cette espèce rare.
— — — — —


Erik patientait, les bras posés sur le rebord de sa fenêtre. « A demain » que l’autre con de Jimbo lui avait dit. Pourquoi « à demain » ? A quel moment avait-il dit qu’il reviendrait ? Mais quel con ce mec, mais quel con ! pestait notre ami intérieurement. Rien que d’y penser, la mâchoire de l’escroc se serrait d’agacement. Si le blondin n’avait pas été un psychopathe en puissance, Erik aurait bien pu ne pas y aller juste pour lui donner tort.

Les clefs tournèrent dans la serrure de la porte d’entrée, et le jeune homme se retourna au bruit des talons claquant sur le parquet du court couloir menant jusqu’au salon. « Salut » lança-t-il à Hélène, sans beaucoup plus de cérémonie.
« — Je comprends toujours pas pourquoi tu m’as filé le double de tes clefs, enchaîna-t-elle pour sa part sans passer par la case bonjour/bonsoir.
- Personne d’autre à qui le faire ?
- Alors garde-le, ton double.
- Meh, se contenta-t-il de bredouiller, peu inspiré. Si jamais.
- Si jamais quoi ? Si jamais t’as un problème ? J’m’y mêl’rai peut-être pas.
- Peut-être. »
La jeune femme, encore chargée de son caban, son écharpe verte et d’un sac de courses, hissa le fruit de sa chasse de supermarché sur la table basse — un truc pseudo-design simple en plastique noir. Un meuble peu cher mais supposé avoir son élégance. « T’as pris quoi ? » questionna son hôte avec tout l’intérêt de son estomac dans la bouche.
« — Traiteur Terre des Dragons.
- Bière ?
- Oui.
- Cool.
- La prochaine fois c’est toi qui paie j’te préviens. Ca fait trois fois d’suite là, je suis pas ton deuxième compte en banque.
- Ouais, ouais. »

Partant pour la cuisine, affaire de récupérer quelques couverts, Erik adressa un bref regard à son invitée. Ses gestes étaient un peu plus brusques de d’ordinaire. Sa journée devait avoir été aussi peu satisfaisante que la sienne. « Ca a été l’boulot ? » demanda-t-il en haussant le ton. « Bof. Bataille de bar ent’ membres de deux gangs, en pleine putain d’journée. A croire que certains savent pas quoi foutre. » L’escroc ne put retenir une légère moue. Hélène n’avait jamais été particulièrement poète, mais son verbe s’était durci depuis son départ. « Merde, c’est chiant oui. J’imagine que t’as pas arrêté du coup.
- En effet. Papa peut plus faire certaines interventions. 
- Il va comment ?
- Mieux.
- C’est bien ça.
- Mhm, laissa-t-elle échapper pour simple réponse de convenance. Dépêche avec les couverts ça va refroidir ! 
- C’est bon c’est bon j’suis là !
- J’arrive pas à croire que tu sois aussi nul pour manger avec des baguettes.
- Oui bah hein. C’est pas évident.
- J’y arrive très bien » — les lèvres d’Hélène se tordirent d’un rictus taquin, auquel Erik rendit la pareille. « T’as pas fini d’te payer ma tronche hein ? » La jeune femme ne répondit pas, laissant son expression se prolonger.

Une véritable bénédiction, la nourriture de la Terre des Dragons. Certains plats plus que d’autres pour sûr, mais les plus conventionnels n’étaient pas pour déplaire à l’escroc. Ca changeait un peu de… de quoi ? Illusiopolis n’avait pas de gastronomie propre, au final. C’était un amalgame de traditions différentes — de tous types. Sociales, oui… mais aussi dans le cas présent culinaires. Ce n’était pas un mal. Le Domaine Enchanté n’avait pas la même diversité gastronomique. Non pas qu’ils n’aient pas un patrimoine culinaire riche ! Simplement… « du Domaine Enchanté, » malgré les ajouts épars des hybrides et de l’inter-mondialisation.
Comment son père s’en serait-il sorti dans une ville comme Illusiopolis, avec son petit débit de boisson sans prétention ? Sa mère aurait-elle été une arme de dissuasion suffisante afin d’éloigner les âmes revêches ? Erik en doutait, mais la pensée lui arracha un sourire.

« — A quoi tu penses ? coupa son invitée.
- Rien d’bien fou.
- Ok. Dis Erik… désolée si j’te brusque hein, mais… tu m’as pas demandé de v’nir là ce soir pour rien, hein ?
- J’avais peut-être juste envie d’te voir ! plaisanta-t-il. Hélène ne sourit pas — l’escroc ravala son expression trop enjouée.
- Et sinon pour de vrai ?
- Qu’est-ce qui t’fais dire que c’est pas ça ?
- Je sais pas. Ton message était bizarre.
- Ah.
- Après j’me trompe peut-être, je suis pas Primarque non plus !
- Ca t’sort d’où cette expression ? questionna Erik en fronçant les sourcils.
- Bah, il entend pas des voix qui lui disent c’qu’il doit faire et c’qu’il se passe ? »
Pas vraiment, pensa l’escroc. De ce qu’il en avait comprit c’était plus une histoire de visions que le Primarque était à même de recevoir et interpréter. De là à dire qu’il détenait la vérité ou tout simplement ne pouvait pas se tromper, il y avait un monde. « Alors, » reprit Hélène. « Que t’arrive-t-il ? »

« J’ai appris aujourd’hui que ceux qui m’en voulaient n’étaient plus. Contrairement à c’que j’pensais. Et donc que la raison pour laquelle j’ai accepté de taffer pour Jimbo n’était plus, elle aussi. »

Erik avisa sa camarade. La jeune femme soupira silencieusement, laissant son torse s’affaisser, puis elle déposa ses baguettes sur son bol en un geste maîtrisé, avant de l’observer à son tour. « Et donc ? » demanda-t-elle en se rehaussant sur son pouf. « Et donc j’hésite à m’retirer. Jimbo m’propose de rester… et de me fiche une sorte de « mission d’intégration » si on peut appeler ça comme ça.
- Qu’est-ce qui fait pencher la balance ?
- Je sais pas, devine ! lança l’escroc en un souffle décontenancé. Mais Hélène demeura silencieuse, alors il reprit. Parce que j’ai pas envie d’m’attirer des emmerdes, et que la contrebande c’est… enfin tu vois.
- Tu ferais quoi ?
- Je faisais pas que de l’illégal ! se défendit Erik.
- Je sais. Mais c’était manifestement pas assez pour vivre. Sinon j’me dis que tu te serais pas fourré dans tes emmerdes volontairement. »

Probablement pas, non. Illusiopolis : tout un monde voué à vous faire entrer dans la criminalité ! Ou la misère. Ou, plus encore, les deux à la fois. Dans chaque lieu, dans chaque entreprise, il existe à Illusiopolis son degré de magouille — bien que certes, il puisse être plus ou moins élevé. Un business se voulant honnête ? Il se retrouve tout de même à fricoter avec les gangs pour des affaires de protection, ou à devoir cacher quelque chose « pour un bon client » jusqu’à ce qu’il revienne le chercher, un jour. D’autres paient les pots-de-vin. La Shinra, pour sa part, regarde toujours dans l’autre sens. Enfin : dans le sens de l’Illusiocitadelle, où se pavanent et se tassent les quelques personnalités qui ont de l’importance, trônant au-dessus d’une fange de buildings aux lumières vives. De là-bas, le trou à rat qu’est la Dark City paraît presque romantique, magnifique, avec ses néons colorés qui illuminent les façades et les fenêtres. De là-bas, on ne voit pas les sans-cœur qui rôdent dans les ruelles où les mendiants disparaissent, ni le regard mort de ceux qui ont abandonné leur âme. De là-bas, même Erik avait eu l’illusion d’un monde qui n’était pas si laid. Et pourtant. Pourtant, malgré les rires, malgré les souvenirs heureux et les rencontres pas malvenues qu’il y avait fait, il y avait quelque chose de lourd dans l’air. Un nuage, planant au-dessus de chacun, et qui marquait peu à peu leur personnalité et leur attitude.

On se perd à Illusiopolis. Et pas seulement dans le labyrinthe de ses rues les plus étroites et sombres.

« T’as changé, » murmura Hélène pour couper le silence. « A écouter les gens, tu prenais pas tout ça si mal. Avant. » Elle avait raison. Erik prenait autrefois tout « comme cela venait, parce que c’était comme ça. » Puis il avait vécu ailleurs, il avait fait autre chose… et le retour à la ville-refuge tranchait avec ce qu’il avait eu la possibilité d’être. Malgré les mensonges, malgré les protestations… malgré tout.
Peut-être était-ce ça le problème. Peut-être devait-il repeindre son fatalisme de plus de nonchalance. Peut-être qu’il s’en sentirait mieux. Peut-être retrouverait-il alors, peu importe le laid et le désespérant objectif de la Dark City, une forme d’insouciance qu’il avait perdue. Qui s’était arrêtée en chemin, sous le soleil couvant les champs, ou dans une forêt bercée par la lune.

« — Tu veux mon avis ? renchérit son invitée.
- Vas-y.
- Je suis pas sûre que ce soit un mal. Que t’aies changé. »

Le jeune homme remonta le regard, jusque là perdu dans ses restes de riz aux légumes, sur Hélène. Il sentit en lui une forme d’hésitation ; ne savait pas s’il devait bien réagir à cette annonce ou au contraire, mal. En un sens, il était intrigué. Il voulait savoir : en quoi ? Sans même qu’il l’ait formulé, son interlocutrice poursuivit après un temps. « T’es plus honnête avec toi-même je pense. C’est probablement l’début d’tout. »
Probablement. Pensif, Erik ne répondit pas.

« — Et pour être franche… je s’rais toi j’bosserais pour Jimbo.
- Pourquoi ?
- Tu trouveras rien de totalement blanc ici. Jimbo paie pas si mal, et puis… il t’a à la bonne. Si y’a des trucs que tu veux pas faire, y’a moyen que tu lui fasses comprendre.
- Et si ça imprime pas ?
- T’aviseras, comme d’hab.
- Mouais.
- Au pire. Soit il s’ra assez tôt pour te casser comme t’es v’nu, soit t’auras à négocier ta sortie c’est tout. Avec Jimbo, ou avec toi-même. C’est pas une nouveauté, c’est même plutôt une banalité dans c’monde. Puis t’as réussi à t’enterrer deux ans donc bon. T’as ton expérience.
- Arrête avec ça.
- Dur à ignorer.
- S’te plaît.
- Bon, bon. En attendant, réfléchis-y. T’auras… pas forcément l’occasion de trouver un boss prêt à faire des concessions.
- J’fais qu’ça, réfléchir.
- Nope. Là, t’es juste en train d’te toucher ou d’faire ta mijorée !
- Putain Hélène ! La classe quoi ! » Tiers-surpris, tiers-décontenancé, tiers-amusé, l’escroc se redressait avec un sourire confus. Mince ! Qu’on le prévienne ! Non vraiment, il n’avait pas l’habitude d’entendre sa camarade parler comme ça. Elle, détourna un peu le regard, laissant tout de même ses lèvres s’animer d’un léger rictus dont il n’était pas sûr de discerner le sens.

« — Bon, plus sérieusement, on s’mate quoi ? A moins qu’tu veuilles continuer la discussion ?
- Y’a une nouvelle vidéo d’D.Va s’tu veux. »

Hélène hocha la tête. Elle n’avait peut-être pas si tord, pour Jimbo.
Et puis… il fallait qu’il arrête de se prendre pour quelqu’un de meilleur qu’il n’était.
— — — — —


Ce qui était sûr, c’est que ce n’était pas ici qu’il regarderait un Best Of live de la célébrité du net ! Ses seuls divertissements avaient été un Rubik’s Cube (qu’il ne savait pas résoudre, à sa grande frustration), et un baladeur dont les piles tombaient, comme par hasard, en rade. Oh ! Il y avait aussi ce journal de bord à tenir… qui l’avait occupé cinq minutes, tout au plus.

La tête reposant sur ses bras croisés, tassé sur son siège, Erik revint aux étoiles et aux quelques astéroïdes perdus qui peuplaient son paysage. Tout était lent. Si lent.
Et rien ne paraissait changer.

Quoique…
Rien du tout..? — L’escroc fronça les sourcils. Plissa les yeux. Il était à peu près sûr qu’il n’y avait aucune lueur à cet endr… oit.

Oh merde, se dit-il à juste titre.

Merde merde merde merde !

D’un bond, le jeune homme se jeta sur sa voisine ! « Sayaka ! SAYAKA DEBOUT ! » pestait-il sans retenue, la secouant avec bien peu de ménagement. A peine la vit-il entrouvrir les yeux qu’il sauta à travers la porte menant au petit compartiment précédant le cockpit. « Tout l’monde debout ! Y’a un truc ! » Deux réponses. Un râle agacé, et un réveil en sursaut. « Latifa, descends à la tourelle, » intimait sans heurt et sans remous la voix de la pilote, encore comateuse. « Yup ! » L’interpellée, déjà vêtue de sa combinaison auto-chauffante, s’engouffra dans une trappe à peine ouverte. En voilà une qui n’avait pas de difficulté à se mettre en marche !

« — C’est quoi ? questionna le jeune homme.
- Sans-cœur. Petite meute, on devrait se les faire sans soucis. 
- Sûre ? »
La pilote n’adressa pour seule réponse à l’escroc qu’un haussement de sourcils désabusé. Il le prit pour un oui. Au sol, un sac de couchage remuait mollement, se redressant dans une contorsion difficile. « … t’en fais trop, » râlait son prisonnier avec agacement. Sans renchérir, Erik n’en pensait toutefois pas moins : lui paraissait, au minimum, en avoir quelque chose à faire de cette attaque !

Mais à bien regarder ses camarades… il semblait être le seul à véritablement s’inquiéter.
Il se sentit bête.

« — Si tu frôles l’AVC à la moindre loupiote tu vas pas t’nir longtemps… renchérissait d’ailleurs la demoiselle à l’avant, son plaid rabattu sur les genoux.
- Pour moi les sans-cœur c—
- Y’en a plein. Pas tous pareils. La majorité sur les routes stellaires c’sont des p’tites merdes. Là y’en a, quoi ? Cinq ?
- Six, corrigea Sayaka.
- Ouais, six — le blondin sortit la tête de son duvet. Autant t’dire : on peut s’les faire. C’est tranquille c’coin-là en c’moment. »

« Tranquille. » Autrement dit, une menace dérisoire. Et pourtant, dès qu’il pensait à ces créatures de malheur, c’était le Palais des Rêves qui s’imposait à l’escroc. Il repensait à l’ombre dévorante qui mangeait le ciel et la terre, et aux orbes lumineuses qui l’animaient. Le bruit de leurs griffes sur la coque du vaisseau, et le choc de leurs impacts. La fin d’un Royaume à laquelle il avait assisté, frissonnant et mourant, le cœur étreint de peine… et de regrets. Doucement, il se laissa glisser le long du mur. Un repos de courte durée : « Hep, le reprit immédiatement l’homme-ver, dégageant son buste de son armure de tissu. Va observer Latifa. T’es pas là pour rien. Oublie pas ta mission. »

Ouais, sa mission, tiens.
— — — — —


« Lut’ Al ! Des nouvelles de… »

L’ours qui faisait d’ordinaire le guet derrière la porte n’était pas à son poste. Son tabouret, délaissé, peignait une piètre image de meuble ratatiné et usé. Bien peu rassuré, Erik tira son bonnet sur ses oreilles. Ce couloir était toujours trop frais, et ce manque à l’appel ne lui disait rien qui vaille. Certes, Alphonse l’hybride n’était pas perpétuellement assis là, mais il l’était la plupart du temps. Les rares fois où cela n’avait pas été le cas, il avait eu un remplaçant.
Là, il n’y avait tout simplement personne.

L’escroc pouvait néanmoins entendre quelques bribes de conversation, par la porte entrebâillée qui menait jusqu’aux « quartiers » de Jimbo et de sa bande. Plus exactement, il percevait de rares onomatopées et syllabes suggérant des échanges, des discussions. Au moins y avait-il de la vie par ici. Ils n’avaient pas déménagé sans prévenir.

Après deux pas, Erik s’arrêta toutefois, tendant l’oreille. Me dites pas qu’ils se sont fait choper comme des merdes, se soufflait-il. Cette absence de vigile était suspecte après tout ! A pas feutré, il prit sur lui de progresser un peu plus, affaire de reconnaître le son d’une voix, ou de vérifier que ce qu’il entendait n’était pas le cri étouffé d’un homme que l’on brise. Jusque là, il ne percevait rien d’alarmant. Parfait. Mais ce couloir peu large lui semblait ô combien plus long qu’il ne l’était ! Un effet purement psychologique, il s’en convainquait. Plus proche de la porte désormais, il en était persuadé : ne lui parvenaient que des échanges banaux. La main sur la poignée, après une brève hésitation, il passa dans le garage reconverti, siège des opérations de contrebande de Jimbo. Un rapide regard lui permit de s’assurer qu’il y avait là autant de sbires contrebandiers que d’ordinaire — c’était le cas. Peut-être y en avait-il même un peu plus. Certains, ceux avec lesquels il avait eu quelques interactions, lui adressèrent un bref salut. Normal. D’autres le fixaient avec une subtile insistance que l’escroc n’aimait pas. Avait-il une tâche sur la tronche ? Quelle rumeur à la con avait pu circuler ?! Il ne s’était absenté qu’un après-midi !

Les mains fourrées dans les poches, il poursuivit son chemin, à la recherche de son « patron. » Jimbo n’était pas à sa place habituelle, foutu sur sa chaise à observer le petit train de son entreprise. Erik roula un regard circulaire aux agents de son interlocuteur recherché. L’un d’eux, une bonne femme à la peau sombre et à la carrure fine, lui indiqua l’une des salles aménagées pour les discussions moins publiques. « Merci Latifa » murmura l’escroc en une adresse inaudible. Sans attendre, il se traîna jusqu’au box, fermé, et toqua sans retenue. La technique du pansement. Patienter plus ne le servirait en rien. Il avait prit une décision, il se voyait mal repartir d’où il était venu sans demander son reste.

Au moins entendait-il du bruit de l’autre côté. On savait qu’il était là.

D’un geste prompt, la porte s’ouvrit, révélant le visage ravi de Jimbo. « Eriiiik ! » força-t-il. « Je suis content que tu sois là ! » — L’escroc avisa rapidement l’intérieur. Alphonse se relevait, la tête rentrée dans les épaules. Il était un peu trop grand pour ce plafond. « Yop Jimbo. J’ai réfléchi, » enchaîna notre ami. Inutile de tergiverser. Instantanément, l’ours lui adressa un grand sourire rayonnant. « Aah ça tombe bien qu’tu sois là gars j’ai quelque chose pour toi ! déclara-t-il.
- Euh je sais pas si…
- Si, si allons ! coupa leur patron d’un air trop amical. Je voudrais pas empêcher mes chers employés de se lier entre eux ! Alors, Al’ ? »

Le pas lourd de l’hybride marquait un rythme lancinant et peu habile. Rentrant le ventre, il se pressait jusqu’à son camarade, lui tendant un petit sachet jusque là caché dans l’imposante poche de sa doudoune. « Tu peux partager mais c’est pour toi hein ! Désolé pour hier. J’aurais pas dû faire ma blague de merde sur la Cité du Crépuscule. J’veux dire, t’es un mec sympa ! Ca peut être un sujet sensible, tout ça… » Erik se saisit du sac de chouquettes… dans un sens bien content que son stratagème de culpabilisation relativement innocent ait fonctionné, taquin, et de l’autre ennuyé que Jimbo ait eu à assister à l’échange. « Sérieux, tu t’frustres pour une petite blague ? » ajoutait-il d’ailleurs en fanfare. « J’t’ai connu plus indifférent ! 
- C’est bon, on est pas là pour ça. Merci Al’.
- Normal.
- Oui, tu peux retourner à ton poste. On s’reparle ce soir. »
Machinalement, l’escroc suivit l’ours du regard tandis qu’il s’éloignait, se demandant brièvement s’il y avait embrouille. Bah, mieux valait ne pas s’en mêler. Il revint à Jimbo. « On s’isole pour parler ?
- Pour quoi faire ? C’est pas un secret d’Etat, soufflait son patron, s’appuyant sur le mur d’une main. Erik en profita pour s’y  adosser, gardant une vue dégagée sur ses collègues.
- Bon… j’ai décidé d’accepter d’continuer à bosser ici.
- Bien ça ! Je savais qu’tu prendrais la bonne décision ! »

Si l’escroc avait eu la capacité de le faire, il aurait probablement roulé des yeux. Mais que ce con arrête de se prendre pour plus malin que lui, par les Eternels ! Tiens, il allait le lui rabattre, son caquet.

« — Mais… reprit le jeune homme, ménageant son effet.
- Mais ? susurra Jimbo avec un sourire qui ne suffisait pas à dissimuler la curiosité dans son regard.
- Y’a des trucs, compte pas sur moi pour les faire. J’m’en fous si ça fait d’moi ton larbin d’seconde zone. Mais typiquement, les trucs en mode « on étend notre influence en zigouillant tout l’monde » t’oublies. ‘Fin… — soudain pris d’un doute, notre ami détailla son interlocuteur — ouais. T’as l’idée. »

Peut-être qu’il y allait un peu fort en y repensant. Avait-il la capacité de négocier avec ce truand ? Avec Jimbo ? Erik n’avait absolument pas la position de force dans cet échange, et il était en plein milieu du repaire de cet idiot de contrebandier. Réaliser que le blondin pouvait aussi bien ne pas le laisser sortir d’ici autrement que les pieds devant, le refroidit sensiblement. Hélène l’avait mis trop en confiance sur ce coup-ci ! Peut-être fallait-il se préparer à cogner pour sortir de ce garage..? L’escroc cherchait les réponses dans le regard de son interlocuteur. Bien que leur relation soit parmi les plus détendues qu’il estimait son boss avoir, il peinait encore à savoir exactement ce qui déclenchait ses foudres.
— Et c’est que ce petit con ne réagissait pas ! Il l’observait, là, comme un merlan mort, les yeux ronds ! MAIS BOUGE ! hurlait notre ami intérieurement.

Puis les lèvres de Jimbo frissonnèrent.

Se tordirent.

Et le contrebandier éclata de rire.

Erik, était déconcerté.

« — Euh, c’est drôle..? questionna-t-il, penaud.
- AHAHAHAH !!! beuglait le criminel en se pliant en deux. MAIS OUI !!! Oooh. Oh merde. Oh putain Erik. Oh merde. Oh… laisse-moi… s’il te plaît… juste… j’veux dirAHAHAHAHAH !! MAIS QU’IL EST CON ! Oh saloperie. Oh c’que t’es con. Oh merde. Ouuuuuulahlah. Une minute. J’dois… r-spirhihihihahaHAHAHaha… »

Il se roula jusque dans le box, refermant la porte derrière lui. Erik, pour sa part, restait sur le cul. Sa tête tourna vers ses camarades contrebandiers avec un regard évidé. Tous l’observaient. Sans exception. Et un long silence aurait régné, si ce n’était pour les rires puissants de leur boss à tous… qui ne tarissaient pas.
Mais dans quoi s’était-il fourré ?

Il fallut à Jimbo bien cinq minutes, pleines. Cinq longues minutes avant que le box ne s’ouvre de nouveau, révélant un boss encore rouge. Sans un mot, ses hommes reprirent le travail. « Fiu. Excuse-moi. ‘Fallait qu’ça sorte.
- Et sinon plus sérieusement ? siffla Erik avec amertume, vexé.
- J’veux pas t’insulter, mais très franchement mec, si j’avais c’genre de trucs à faire faire, c’est pas à toi qu’j’le d’mand’rais. Le prends pas mal, mais même si t’es pas aussi fragile que t’essaies de l’faire croire ça d’mande… une autre genre de carrure. Que pour le coup, t’as pas. » L’escroc était presque étonné de tant de clairvoyance. « Et puis on est pas vraiment dans l’expansion agressive tu vois ? On a pas b’soin de contrôler la moitié de la Dark City pour faire c’qu’on fait. Mais… ça… on en parle plus tard. D’abord, ta p’tite mission. »

Se détachant du mur, Jimbo se planta devant l’escroc. Une position qui coupait à ce dernier la majorité de ses échappatoires, et que le jeune homme n’appréciait donc guère. Erik n’était pas tout à fait aveugle. Sans rien dire, son patron confirmé essayait d’asseoir sa position de force.

« — On doit aller chercher des pièces pour un job. J’veux qu’t’accompagnes et qu’t’observes. Tout simplement.
- Ca a presque l’air trop simple, articula-t-il avec scepticisme.
- Mec. C’est histoire de dire « tu fais partie d’la famille. » J’vais pas t’confier un truc vital, j’t’avoue. Sayaka conduira l’engin. Et comme je suis généreux… t’as l’droit d’choisir les deux aut’ qui vous accompagneront. Un conseil : un bon tireur, et quelqu’un qu’a pas trop froid aux yeux. Le but, c’est qu’tu voies comment ça s’passe. Ca pourrait être un truc que j’te d’mand’rai à l’av’nir.
- Bon… ok.
- Alors, qui tu prends ?
- Quoi, j’dois choisir là comme ça ?!
- Bah… ouais. Et tu décolles cet aprem. »

Ah, voilà qui était précipité. Le jeune homme hésitait. Emiko, en tant que réparatrice en chef de vaisseaux, était bien trop précieuse, malgré qu’il ait prit l’habitude de la côtoyer. Jimbo n’accepterait pas qu’elle parte, en plus de sa sœur, sur les Routes Stellaires. Il fallait une personne moins en vue, mais assez assurée. Il avait sa petite idée. « Latifa, déjà. » — « Nickel ! Et pour l’autre ? »
L’escroc croisa les bras. En un sens, il voulait la jouer sûre. Faire un choix raisonnable. Récupérer des pièces de vaisseaux sur les Routes Stellaires, ce n’était pas anodin, mais ce n’était pas une opération nouvelle pour les hommes du contrebandier. Latifa, d’ailleurs, en avait déjà quelques unes à son compteur. C’était l’une des raisons pour lesquelles Erik l’avait choisie. Il lui suffisait donc de sélectionner une autre personne avec qui raisonner, et avec de l’expérience.
D’un autre côté… le jeune homme se sentait prêt à jouer avec le feu sur ce coup-ci. Peut-être était-ce par orgueil. Un orgueil piqué de cachoteries en demi-teintes et d’une envie de compréhension. Un orgueil rassuré par le fait qu’il serait entouré de personnes habituées à la mission qu’il allait entreprendre.

« — Alors ? insista le blondin.
- Toi ? »

Jimbo Junior l’avisa en réprimant une certaine surprise. Si l’escroc en avait bien jugé, au pire refuserait-il, mais il ne s’énerverait pas outre mesure de sa demande. Le patron semblait avoir eu une bonne journée, jusque là tout du moins. Il n’envoyait aucun signe de contrariété et… le jeune homme le pensait assez joueur pour au moins saluer l’initiative.

Après quelques secondes silencieuses, le contrebandier prit une légère inspiration.

« D’accord, » expira-t-il doucement. Un ton qu’il employait si rarement, qu’il accrocha les oreilles de son interlocuteur. « Décidément, reprit-il avec plus d’entrain. J’t’aime bien. » Erik préférait ne pas répondre verbalement, se contentant d’un sourire convenu. Un sourire que Jimbo lui rendit, plus grand. Et plus inquiétant. « Prépare-toi. Emiko va te brieffer en avance comme c’est ta première sortie. On s’retrouve ’taleur. »

C’était ça de fait.
— — — — —


Une violente secousse repoussa l’escroc. Il cogna contre la paroi du conduit menant à la tourelle. Perdant l’équilibre, son pied glissa, quittant le barreau de l’échelle qu’il descendait. Son corps s’affaissa brusquement. « S’passe quoi ?! » gronda-t-il, tâchant de reprendre ses appuis. « On a été touchés ! » lui hurla Latifa d’une voix grave. J’croyais que ce serait qu’une formalité ! pensait-il pour lui-même, se hâtant. En haut, il lui semblait entendre Jimbo hausser le ton, sans toutefois percevoir avec précision ce qu’il disait. La chevelure sombre et ondulée de la tireuse commençait à lui apparaître, de même que les lueurs colorées des lasers qu’elle utilisait. « On s’en sort ?! » demandait-il, inquiet. « Super ! On a juste prit un tir, mais le blindage va t’nir ! » Voilà qui avait le mérite d’être rassurant. ET VLAN ! A peine pensait-il recevoir une bonne nouvelle, qu’il partait en avant ! Sa tête heurta l’échelle dans un klang douloureux. Sans signe avant-coureur, le vaisseau avait viré de bord prestement, le précipitant contre l’instrument métallique. Il grogna. « — Put—rée.. 
- Accroche-toi ! ‘Sont rapides alors Sayaka va d’voir faire des manœuvres ! — Et mets un casque ! »

Il n’allait pas se faire prier ! Dépêchant sa main jusqu’à celui qui ballotait sous le siège de sa collègue, Erik l’enfonça sur sa tête, brusqué par une nouvelle secousse. « Encore ?! » Latifa rit. « On prend rien c’est léger ! Détends-toi ! » Il était pourtant sûr d’avoir entendu tonner la voix de leur patron, au-dessus d’eux. Dos à l’échelle, le jeune homme se tenait à ce qui lui passait à portée, tâchant d’observer les manières et mouvements de la tireuse. C’était, après tout, une partie de sa « mission. » Au travers du plexiglas renforcé — en était-ce réellement ? — il cherchait leurs ennemis du regard. C’était surréel. Des sans-cœur vaisseaux ! Colorés avec ça ! Si ces bêtes n’avaient pas été des machines de mort, elles auraient été ridicules.
« — T’as réussi à en avoir ? demandait-il, reprenant confiance.
- Quatre déjà.
- Sérieux ?
- Oui. Ils sont pas très résistants, le plus long c’est d’les choper, mais j’en avais déjà abattu la moitié à bonne distance. On a une meilleure portée. Enfin, surtout on m’a moi ! Le vaisseau est fait pour encaisser, mais faut pas qu’ça dure un an non plus. »
Maintenant qu’il accordait son attention aux commandes de la tourelle, l’escroc remarquait à quel point elles ressemblaient à ce qu’il avait vu dans les arcades de la Dark City, abris à joysticks en tout genres. « ET BOOM ! » s’extasiait la joueuse du moment, toute heureuse d’avoir explosé l’une de ces créatures ombreuses. Plus qu’une, se dit-il. Mais au lieu de lui infliger le coup fatal, la demoiselle à la peau chocolat au lait se tourna vers lui. « Allez, à ton tour champion !
- Euh, quoi ? Attends ! Non ! Quoi ? Mais ! Pourquoi ! J’ai jamais —
- Alleeez c’est pas compliqué ! T’es là pour apprendre non ? »
Déjà à moitié sortie de son siège, détachée, Latifa, saisissait la veste de son collègue pour le tirer à elle. « Grouille, qu’on se fasse pas renverser par un chang’ment d’bord ! » Pris par l’urgence, Erik pivota, échangeant tant bien que mal sa place avec celle de la tireuse.

Être aux commandes faisait toute la différence. Désormais supposé défendre ce vaisseau, tout lui semblait aller trop vite. De là où il s’était tenu, il avait eu le temps de voir et de suivre le monstre du regard. Il avait pu apprécier l’habileté de sa camarade. Or il avait beau chercher… là ! — Mais à peine percevait-il le sans-cœur, qu’il paraissait disparaître. Quel job à la con ! Il fallait qu’il soit réactif, voire qu’il anticipe le chemin qu’emprunterait la bête tant sa fenêtre de tir était réduite, et son ennemi rapide. « La plupart du temps, ils décrivent des cercles autour du vaisseau en le harcelant. C’est censé rendre plus difficile la visée j’pense, » l’éduquait Latifa. « Ca, puis ça rend inutile un certain nombre de manœuvres, d’autant que notre engin est plus lourd. Donc on est un peu les Vesper de la situation !
- Les quoi ?! s’enquit Erik, nerveux, n’ayant pas saisi la moitié des dires de sa camarade.
- Rien, laisse ! Concentre-toi. T’es pas mal déjà, j’vois que tu réagis bien. Encore un peu trop lent, mais t’as d’bons réflexes. Tu vises juste mais un peu en r’tard quoi. » Encourageant — d’autant que l’escroc avait cru entendre plusieurs cris rageurs venir de l’étage supérieur. Une nouvelle secousse. C’était la sixième fois qu’ils étaient touchés depuis qu’il avait prit les commandes.

Le jeune homme se faisait progressivement à la vitesse de sa proie. Malgré les mots rassurants de Latifa, il peinait toutefois à ne pas se sentir trop gauche, ou trop lent. Il perdait un temps précieux, et il en était conscient. Les râles que son oreille agrippait, remontrances lointaines de Jimbo, en étaient la preuve. Les mains resserrées sur les manettes, le poste de tir où il se trouvait suivait sa commande sans broncher. Mais il était crispé. Pourquoi t’es comme ça purée ?! L’insouciance, c’était forcément cela. Il s’était dit qu’il lui fallait retrouver de l’insouciance. Cette-dernière ne lui revenait pas assez rapidement à son goût. La tireuse, elle, le frappait de sa nonchalance, toujours aussi détendue. Allez, gars. Tu respires un bon coup puis c’est pesé.
Quand bien même il ne parvint pas à se détacher totalement de la situation, le jeune homme sentit ses épaules se relâcher légèrement.

Un tir.
Raté.

Un autre.
Echoué.

Sa mâchoire se raidit. S’il avait bien estimé…

Son pouce appuya sur la commande.

Ton violet sur noir, le sans-cœur entra dans son champ de vision au moment où les lasers partirent.

Il n’y eut ni cri, ni musique victorieuse. Dans un nuage sombre, la menace se dissipait.

Par les Eternels, je hais ces trucs, se souffla-t-il. La tête en arrière, son regard se rouvrit sur Latifa. « Eh bien, félicitations, murmura-t-elle avec un sourire. Maint’nant tu sais un peu c’que ça fait d’être à la tourelle. » Il opina mollement. « Sinon, commença-t-il, curieux. On est les quoi de la situation ? » — « Les Vesper. C’est une nana super forte qu’a tué un tyran par chez moi. Une sauveuse de situation ! Enfin. Allez, viens, on r’monte. » La jeune femme se retourna, enserrant les barreaux de l’échelle, avant de l’aviser de nouveau. « Et retire le casque ! » pouffa-t-elle d’un air amusé. En effet, il allait l’oublier ! Ca lui donnait une si mauvaise figure que ça ? Bah, peu importe.

La tireuse s’engouffra la première dans le conduit remontant au segment principal du vaisseau. Erik la suivait, non sans apprécier brièvement le résultat des efforts physiques réguliers de sa collègue. Un comportement qu’il balaya avec une confusion légère. Il se reporta et se restreignit à la vision bien moins attrayante de ses mains, passant de barreau à barreau.

Son attention fut rapidement captivée par un bruit, sourd et lourd. Il releva immédiatement le regard. Les pieds de sa camarade disparurent à l’embouchure du conduit, suivies d’un gémissement peiné. « ON PEUT SAVOIR C’QUE TU FOUTAIS ?! » entendit-il tonner, suivi d’un fort bruit métallique. Oh non non non, se répétait le jeune homme tout en se dépêchant. « Ju’! » tenta-t-il d’appeler, en vain. « Et merde ! » — « Tu t’astiquais ?! Tu trouvais ça marrant de prendre ton temps c’est ça ?! » Une voix basse tentait de se caler entre deux remous rageurs — sans espoir. « QUOI ?! Tu penses que parc’que t’as pas payé pour c’vaisseau tu peux t’en foutre, c’est ça ?! REPONDS ! » Mais il ne lui laissait pas le temps, et tandis qu’Erik s’extirpait de la trappe, Jimbo reprit, de sa voix tantôt lancinante mais perçante, tantôt bouillonnante et furieuse. Son bras se leva. « Plus jamais.. JAMAIS tu te fous d’moi ! » « Mais t’es taré ?! » s’emporta l’escroc en attrapant la cheville de son patron, couvrant sa voix d’une exclamation gorgée d’indignation. Il n’avait pas entendu la fin de ce que Jimbo criait et cela ne servait en rien. Le poing du contrebandier s’abattit, piquant vers la tireuse avant de reprendre de la hauteur. « ARRÊTE ! » Sayaka, la pilote, ne bougeait pas d’un pouce, détournant le regard de cette représentation misérable. Immuable. Le blondin allait frapper de nouveau. « Mais arrête putain C’EST MOI ! » tentait de le raisonner Erik, les jambes bientôt libérées de l’échelle. Machinalement, il jeta un coup d’œil à ses pieds, afin de ne pas louper le dernier barreau. Puis il cru entendre le bruit d’un choc fort. Il releva la tête.

Rien. L’obscurité. Pour une demi-seconde, il avait cru être aveuglé. Tout baissa d’un ton. La lumière de la cabine s’en était allée. Sans qu’il comprit, l’escroc se trouva à tomber de quelques centimètres de haut sur un sol où il se trouvait, pourtant, déjà. Quelque chose n’allait pas. C’était différent. Seconde de réaction. Il n’y avait là plus de sacs de couchages, plus de trappe, plus de… quoi ?! Co — il n’eut pas le temps de se demander où il était, saisi au col par Jimbo. L’homme s’était abaissé, dominant Erik de sa taille. L’une de ses mains saignait, l’escroc croyait le voir, ses chairs déchirées par un impact qu’il n’avait pas observé. « Quoi, c’est toi ?! » Les yeux de son employeur transpiraient d’une colère saisissante qu’Erik chercha à fuir. Il avisa la pièce brièvement.
C’était le compartiment principal du vaisseau, celui qui se trouvait juste derrière la petite pièce où s’était tassé l’équipage jusqu’ici. Pour cause : celui-ci devait servir à entreposer les pièces récupérées sur les routes stellaires, une fois ceci fait. L’escroc sentit une pression s’ôter de son torse. Brièvement, son œil accrocha le poing que le contrebandier avait élevé. Ok. Jimbo était prêt à le cogner.

Erik aurait aimé avoir la même retenue que celle qu’il avait eue au Domaine Enchanté, lorsqu’on l’avait menacé physiquement. Ne pas répondre par la violence, pour ne pas l’appeler plus.

Mais il avait croisé le regard de Jimbo.
Ses entrailles s’étaient soulevées.

Sans réfléchir, répondant par réflexe, il profita du déséquilibre de posture de son adversaire. Son propre poing partit dans l’épaule droite du blondin. Son genou, dans son bassin. Déstabilisé, Jimbo bascula sur le côté. L’escroc prit le dessus, une forme d’urgence parcourant ses veines et durcissant ses poings — transporté, excédé, dépassé — « T’AS FINI ?! » exultait-il. Il repartit d’un direct du droit. Sans attendre. Il ne l’avait pas même véritablement voulu. Son bras lui commandait de prendre tout ce qu’il pouvait de son agresseur. Tout ce qu’il pouvait pour l’affaiblir. Le contenir. Mais il était encore peu assuré sur ses appuis. Jimbo en profita pour élancer ses mains à l’arrière de son crâne, rabattant violemment sa tête vers la sienne. Deux coups sur la tronche en un jour, putain ! Erik bascula en arrière, le frontal douloureux, relâchant sa prise. Malgré sa confusion momentanée, il voulut se remettre sur ses jambes sans attendre. Il chercha Jimbo. Il ne devait pas lui donner de répit, il le sentait ! Son souffle se coupa une fraction de seconde lorsqu’il remit le regard sur son adversaire.

Il l’avait énervé.

Cette constatation frappa Erik. Elle le rendit muet.
Lorsqu’il vit les flammes perçant les mains du contrebandier, debout devant lui.
Lorsque ses yeux se perdirent sur son sang qui coulait, et se changeait en braises avant d’avoir touché le sol.
Lorsque son regard remonta sur sa figure crispée, et sur la buée qu’il expirait, le vaisseau devenu trop froid pour son sang bouillonnant.
Lorsqu’il fit un rapide calcul : l’escroc avait plus de force brute que le contrebandier, se disait-il…

… mais il n’était pas insensible au feu pour autant.

Or cela rendait Jimbo inapprochable. Cela le rendait vainqueur. Par défaut. En lui, Erik le savait. La raison le lui susurrait.

C’était pourquoi, il était muet.
C’était pourquoi, peut-être, son nouveau patron — le serait-il encore longtemps ? — ne se donnait pas la peine de l’attaquer.

Inexplicablement, ce calcul logique, seul, peinait à le calmer. Il peinait à pacifier l’adrénaline qui lui était monté au cerveau, et l’encourageait de cris et de tambours. Pourquoi ne bougeait-il pas ce con, hein ?! faisait-il mine de s’interroger, excédé. Jimbo n’avait-il pas commencé à frapper la tireuse de pure frustration ? Alors pourquoi se retenait-il maintenant ? Il avait l’air de tant se contenir ! Il le voyait bien dans sa posture sans souplesse, toute en rigidité ! Allez Jimbo, crame le vaisseau ! Le jeune homme sentait une forme de rage coincée dans sa gorge. Cette adrénaline qu’il lui fallait taire à tout prix.
La porte vers la cabine, quelques mètres derrière lui, s’ouvrit. Il ne la vit pas, mais il le savait. Il entendit son bruit grinçant et distinctif. Le contrebandier releva la tête, avisant jusque là l’escroc de haut. Il ne dit rien. Il observait juste, ses yeux incendiant ce qu’il ne pouvait se permettre de brûler de ses mains. Nulle voix ne s’éleva, et Erik s’étranglait de pensées conflictuelles.

Se calmer, hurler, ne pas bouger, frapper, s’expliquer, l’éduquer, le comprendre, le mépriser, se relever, s’effondrer, rester, partir, avancer, regretter, agir, attendre. Se calmer.
Hurler.

« C’est moi qui pilotait ta putain d’tourelle ! »

Ne pas bouger. Frapper.
S’expliquer.

« Tu voulais que j’apprenne non ?! »

L’éduquer. Le comprendre.
Le mépriser.

« BAH OUI CONNARD, laissa-t-il échapper, du premier coup j’allais pas te faire un strike ! »

Se relever. S’effondrer. Rester. Partir. Avancer. Regretter. Agir.
Attendre.

Son torse se soulevait et s’affaissait au rythme de sa respiration. Crier ces mots le libérait — si sa rage avait été une mer déchaînée, dont les vagues étaient contenues par une crique vaillante, elle venait de briser son opposante. Toucher le pavé des rues, et les murs des maisons l’avait apaisée. Maintenant, sa colère s’estompait, doucement. Ses mains tremblaient légèrement.
Jimbo le scrutait. Puis son regard revint vers la porte.

« Dégage, » articula-t-il.

Erik entendit quelqu’un bouger, puis un grincement.

Le contrebandier reporta son attention sur l’escroc.

« La pro- — son visage se crispa d’une grimace — Tu me parles comme ça encore une fois sans que je t’y ait invité Erik, et je t’imprime ma main sur la tronche. 

C’est compris ?
 »

Le jeune homme ne répondit pas, d’abord. La mâchoire du blondin se durcit.
Lentement, l’escroc finit par hocher la tête.

« Maintenant, fout l'camp. »

Sans demander son reste, c’est ce qu’il fit, laissant le contrebandier seul dans le grand compartiment.

Autant le dire, l’ambiance n’était pas des plus chaleureuses dans la cabine. Latifa, absente, s’était isolée en bas. Sayaka pour sa part s’était rendormie. Erik, lui, observait le ciel.  Il lui restait une heure et trente minutes à tenir. Puis il passerait le flambeau à la tireuse.
Le silence revenait. Comme si rien ne s’était produit. Il s’imposait — dans le reste du vaisseau, auprès de ses trois collègues, et dans l’univers. Un silence pesant, à n’en pas douter.

« L’insouciance… » soupira Erik, prenant entre ses mains sales la peluche de lama que la pilote avait ramenée. Pffft… il ne savait pas même quoi en faire. Sans y penser plus, il la délaissa.
— — — — —


Jimbo ne pouvait guère s’absenter d’Illusiopolis trop longtemps. Il était, après tout, le gestionnaire d’un commerce — petit, certes, mais un commerce tout de même. Leur escapade ne devait donc durer qu’une journée et demie. Une nuit seulement sur les routes stellaires… qui avait été un désastre. Pourtant, ils avaient déjeuné, tous ensemble, une potée de conserves dégueulasses. L’escroc n’était pas de la meilleure humeur, c’était sûr. Mais Sayaka était toujours la même, et, de façon tout à fait surnaturelle et incompréhensible, Latifa semblait ne pas avoir de problème avec la présence de Jimbo. Ce dernier avait d’ailleurs fini par reprendre son naturel plus nonchalant, quoiqu’il sembla plus distant que d’ordinaire.
Erik se contentait de suivre l’humeur ambiante, se laissant porter sans plus d’investissement. Dans la matinée, il s’était inquiété de la suie présente dans le compartiment de stockage (accessoirement, le compartiment le plus important du vaisseau), mais Sayaka lui avait assuré après vérification que rien d’essentiel n’avait été endommagé par la montée en pression de leur patron dans la nuit.

C’est peu après le déjeuner qu’ils découvrirent les restes d’un chasseur, perdu sur les routes. La coque était sévèrement endommagée, mais certaines pièces pouvaient être réutilisées. C’était tout au moins l’avis de Sayaka, et celui de Jimbo. L’opération était simple : le vaisseau se stationnait à quelques mètres de la carcasse, et deux membres de l’équipage devaient enfiler des combinaisons spéciales, puis passer à l’extérieur via un sas tout à fait inquiétant. L’important, disait Latifa, c’était de toujours rester relié au vaisseau. Voilà pour la théorie.

Maintenant, la pratique. L’escroc était à un pied du vide. Le vide. Le vrai, vide. Pas le vide métaphorique. Celui-ci, il l’avait déjà côtoyé. Non. Le vide réel. Jimbo avait déjà fait son pas dans l’espace, peu impressionné. Le contrebandier avait effectué ce genre d’opération des dizaines de fois. Il ne les comptait plus. D’un geste hâtif, il invitait sa nouvelle recrue à le suivre. C’est avec appréhension, qu’Erik se laissa tomber. Un complexe système dont il ne maîtrisait pas toutes les subtilités lui permettrait de se diriger, par impulsions, vers le chasseur. Tout semblait bien se passer. Il flottait. L’escroc nageait sans pour autant ressentir la résistance de l’eau, et sans plage chaude à laquelle retourner. Maladroitement, il s’approcha de leur cible, relayant pour Jimbo quelques pièces jusqu’à leur compartiment de stockage. Le blondin savait ce qui pouvait avoir de la valeur, ou plus simplement ce qui était dans un état potable. Jimbo n’était certainement pas un réparateur, mais il avait l’expérience d’un récupérateur. C’était suffisant.

« Alors ? Il lui est arrivé quoi vous pensez ? » entendit Erik dans son communicateur. Il avait oublié cette petite merveille. La voix de Latifa avait l’avantage de relayer la chaleur de son monde d’origine — une chaleur tout à fait absente des routes stellaires.

« — Sans-cœur.
- Forcément sans-cœur, renchérit Sayaka.
- … c’est presque décevant.
- Pourquoi « forcément » ?
- Si y’avait eu d’autres vaisseaux impliqués, y’aurait plus de débris.
- Pas s’il a pas eu l’occasion de riposter !
- Alors le pilote était une branque.
- Ou le vaisseau d’en face un mega-goliath de la Shinra !
- Pourquoi ils auraient canardé un chasseur ?
- Pirat’rie ?
- Ecoute, on va espérer que ce mec était pas un pirate tout seul paumé sur les routes parce qu’il était pas arrivé…
- Faut avoir des rêves.
- Pas des désillusions — Erik ne put retenir un sourire acide à cette remarque de Jimbo.
- Et si c’était un éclaireur ?
- Eh. Peut-être.
- Cette portion des routes n’est pas connue pour avoir un grand risque de piraterie. Des voyageurs inexpérimentés s’y perdent, c’est surtout ça le risque. Et ils savent pas réagir quand les sans-cœur leur arrivent dessus.
- Plus un pour la pilote. 
- Bon, d’accord. On va dire sans-cœur alors. »

La pensée d’une soudaine attaque de ces créatures traversa l’esprit de l’escroc. Si cela devait arriver pendant qu’ils étaient dehors, n’étaient-ils pas tout simplement fichus ? Il jeta un bref regard autour de lui. Il n’y avait rien. Heureusement. Mais… « … si on s’fait attaquer avec du monde dehors, il se passe quoi ?
- T’essaies de rentrer comme tu peux, et les tireurs tentent de couvrir. »

C’était aussi simple que ça, donc. Mieux valait avoir toute confiance en celui qui assurait ses arrières. Il réfléchit. En tant que telle, Latifa paraissait compétente, mais lui ? Erik ne maîtrisait rien sur un vaisseau. S’il était renvoyé en mission sur les routes stellaires, qui lui accorderait la confiance qu’il devait pourtant donner aux autres ? A quel point serait-il responsable de leur survie, comme lui de la leur ? L’escroc, en tous les cas, ne se reposerait pas sur lui s’il était à leur place. Tout s’apprend, pensa-t-il. Mais il n’y était pas encore. En attendant, il était tout au mieux un boulet. Tout au pire, un élément dangereux. L’idée le laissa pensif. Quelle était sa place, exactement ?

« On a tout, » finit par déclarer Jimbo. « On remballe, et retour à Illusiopolis. Latifa, Erik, je vous prendrai à part. »

Il n’y eut, sur le chemin du retour, ni sans-cœur, ni heurt.
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Aujourd’hui, les aventures d’Erik Wood avec de l’amour… De la tension… Ainsi qu’un lama…

Il ne m’en fallait pas tant.

Bref, qu’est-ce que j’vais bien pouvoir dire de cette exploit ! Tu sais ce qui est rageant ? De faire un écrit super long et d’en avoir un commentaire super court. Ce serait vraiment pas sympa que j’me retrouve à faire ça.

Vraiment, vraiment pas sympa.







T’inquiètes, j’vais faire un vrai truc.

Donc ! Comme Xaldin t’avais fait le commentaire de la ponctuation, j’ai d’abord passé un temps certain à faire attention à cela. Pourquoi ? Comme on t’fais une remarque, autant en faire le suivit. Alors, il faut avouer qu’il y a eu une attention particulière pour cela. Notamment pour le rixe entre toi et Jimbo. Pour plus de précision, je parle de la juxtaposition des actions avant les paroles.

Bref, c’était beaucoup plus clair et c’est justement ce genre de moment qui facilite un problème de compréhension ! Après, j’suis pas rentré dans le détail. Il y a un effort de synthèse (j’ignore si ce mot est sémantiquement correct) donc je le signal ! Néanmoins, perds pas le bout. Pour le prochain, j’vais prendre de réel note.

Sinon, j’vais parler du fond plus que de la forme, c’est ma marque de fabrique.

Il y a une grosse critique que j’vais faire, c’est simplement pour retenir les noms et l’ethnie de chacun des membres du gang des récupérateur. Promis, j’ai fais un effort, mais il m’a fallut attendre le coup de la Vesper pour comprendre que la tireuse venait d’Agrabah ! Et après ça, j’me suis posé la question de savoir qui venait d’où.

Alors, j’dis ça comme ça, mais j’suis aussi persuadé que c’est difficile de parvenir à faire enregistrer quelque chose à un lecteur et j’ai pas vraiment de solution miracle. Toutefois, il y a un truc qui marche bien pour que les gens réalisent et c’est l’utilisation de synonyme. D’ailleurs, c’est ce que tu fais avec Al en le nommant d’hybride. Donc, l’utilisation excessive (dans un premier temps) de synonyme pour rappeler qui vient de où ? C’est un bon point et ça peux clairement aider tes lecteurs à se repérer. Tout comme leur rôle ! C’est pas pour rien que j’ai nommé le tireur et pas son nom.

… J’ai déjà oublié…

Bref ! Sinon, pour le côté positif, j’ai vraiment bien aimé le rp. Comme tu me le disais lors de l’un de nos échanges, c’est lourd en information. Lourd où, il y a beaucoup à apprendre et à comprendre. Néanmoins, j’suis assez content de voir cette aspect qui se développe.

Comme j’le disais, ce n’est pas impossible que ce genre de chose existe. Sauf que c’est un commerce dangereux en face du méga-ennemi avec son brevet et répondant au nom de Rufus Shinra. Ici, il y a au moins le luxe d’avoir un approche qui « officialise » la chose plutôt qu’un « laul, il y a dé conteubandiay qui m’vand pl1 dé vésso ». Oui, j’suis caricatural et j’aime ça, comme le chocolat.

Et puis, j’aime toujours le développement d’un monde et de sa faune de pnj ! Donc, en général, j’ai une bonne impression de ce rp ! Continue comme ça et sortez couvert.


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