Le vaisseau se posa dans le monde du Château de la Bête. L'attaque du vaisseau sans-cœur dans les Routes Stellaires était assez récente et nous n'avions pas encore pu convenir d'un plan pour que Ross ne paraisse pas suspect dans ce monde. C'est pourquoi j'avais demandé au pilote de se poser loin du village, près d'un imposant château, séparé du village où je devais me rendre par des bois. C'était la première fois que je découvrais ce monde et déjà j'étais surpris de voir qu'ici il faisait jour et le soleil semblait bien lumineux à l'inverse de notre soleil noir froid. Je préférais le soleil noir de la Cité du Crépuscule mais ce monde semblait avoir un charme lui aussi : le bois que nous avions survolé semblait bien lugubre. Au loin nous avions même pu observer des meutes entières de loups qui s'y trouvaient. Il faudrait être particulièrement fou pour s'aventurer à pied dedans.
C'était déjà l'après-midi donc il ne fallait pas trop traîner à trouver notre solution pour les vêtements de Ross. Enfin, en réalité, la solution était toute trouvée puisque normalement, des gardes noirs devaient être postés dans le château, probablement même certains à l'entrée. La solution serait d'en emprunter qui proviennent du château. Peu importait qu'ils ne soient pas exactement à la taille, tant que l'accoutrement ne ressemblait pas à celui d'un coalisé. Deux gardes noirs étaient postés à l'entrée, comme prévu et nous stoppèrent pendant quelques instants. Forcément avec ma tenue, j'étais forcément suspicieux pour eux.
- Halte là ! Déclinez votre identité.
Après s'être présenté en prouvant notre appartenance au groupe grâce aux insignes, Ross me laissa expliquer seul les raisons de notre présence au château, d'autant plus qu'il n'était au départ pas prévu de perdre du temps ici. Ils finirent après quelques minutes par nous laisser passer. Le château semblait tant immense depuis l'intérieur que depuis l'extérieur : déjà de là où nous étions, nous pouvions observer déjà pas moins de sept portes différentes : quatre en bas, une à l'étage que nous pouvions voir en plein milieu et deux à l'étage de chaque côté qui permettaient respectivement d'accéder aux ailes Ouest et Est du château. Mais l'immensité du château ne fut pas le plus perturbant : c'est ce qui vint m'accueillir qui l'était réellement.
Ça faisait à peine quelques instants que nous admirions ce splendide et sinistre château que quelqu'un ou plutôt quelque chose vint à notre rencontre. Elle était sortie d'une des pièces qui était entrouverte et se déplaçait en sautillant. Elle était petite et semblait avoir un certain raffinement ou du moins son apparence le faisait croire. Elle était en porcelaine, d'une forme plutôt arrondie, blanche et vêtue d'un couvre-chef rosâtre dont les bords jaunes rappelaient de la dentelle. Une ouverture, sa bouche, se situait en dessous de sa anse et des yeux la surplombaient. Nous étions face à une... Théière.
Avant même qu'elle ne prononce un mot, je m'étais déjà précipité vers elle, totalement envahi par la curiosité puis m'en étais saisi pour l'observer sous tous les angles. Elle ne semblait pas se débattre mais lorsqu'elle comprit ce qui était en train de lui arriver elle sembla plutôt inconfortable. Je me saisis du couvercle pour observer l'intérieur de la théière et il s'y trouvait... Du thé. Étonnant non ? Elle remua légèrement, semblant commencer à s'agacer de ce que je venais de faire puis prit la parole :
- En voilà bien des manières de saluer une dame ! Reposez-moi, reposez-moi !
Et en plus cette théière était capable de parler ! Fascinant. Je la remis sur le sol, n'ayant plus réel intérêt à la garder dans mes mains puisque je l'avais déjà contemplé sous tous ses angles mais j'avais bien des questions à lui poser à propos de sa condition de théière et je ne pus m'empêcher de le faire dans un moment où je ne devrais pas, chose pas très professionnelle à faire devant la bleusaille qui m'accompagnait mais j'étais juste pris par le cours des évènements.
- Excusez-moi. Je ne sais pas si on vous demande ça souvent mais... Comment est-ce que vous faites pour parler, manger, voir, dormir, bouger alors que vous n'êtes qu'une théière ?
- Je ne suis pas qu'une simple théière, rustre ! Je suis madame Samovar, la gouvernante de ce château. En quoi puis-je vous aider ?
- Je voudrais bien...
- Nous sommes venus car il me faudrait d'autres vêtements.
Ross... Mais qu'est-ce qu'il pouvait être contrariant lui ! Ce bleu est supposé être à mes ordres et pourtant c'est lui qui venait de m'interrompre en plein milieu de ma phrase. Moi je voudrais vraiment savoir comment elle fait cette théière pour vivre... Enfin, cette fois, ce couard avait raison, il ne s'agissait pas de la raison de notre venue : nous avions une mission à accomplir et nous ne devions pas nous éterniser dans ce château.
- Bien sur, suivez-moi.
La théière se retourna puis parcourut de bonds en bonds les différents escaliers jusqu'à arriver au sommet de ceux de droite, devant une porte. Je fus celui qui ouvrit la porte puisqu'à priori il serait difficile pour une théière d'y parvenir seule sans aide puis nous arrivâmes dans un long couloir. Dans ce long couloir étaient entreposées de longues rangées d'armures interminables. Après avoir tourné à droite, il y avait deux possibilités : soit emprunter la porte à gauche au fond, soit monter les escaliers pour passer par une autre porte. La théière s'engouffra dans la porte qui suivait les escaliers après que je l'eus bien sur ouverte.
Mme Samovar semblait connaître parfaitement les lieux, comme si elle y avait vécu depuis de nombreuses années et déjà elle continuait de faire ses petits bonds lents vers notre destination. Décidément que ce château était immense. Dans le couloir où nous nous trouvions était entreposé d'autres armures ainsi que d'immenses toiles. Des peintures de toutes sortes mais l'art, c'est pas comme si j'y comprenais grand chose... Ou enfin plutôt ma conception de l'art ce n'était pas des tableaux peints par le premier picassiette venu mais plutôt d'observer l'humanité dans ses perpétuels tourments.
Après avoir franchi la porte du fond, nous étions enfin arrivé à destination : une grande chambre, pas très en ordre mais à priori il s'y trouvait l'objet de notre convoitise : une penderie, qui espérons le, contenait en effet des vêtements au moins un semblant coloré et si possible décontractés. Mme Samovar se stoppa net et nous expliqua l'évidence même :
- Vous trouverez peut-être ce que vous recherchez dans cette penderie.
- Merci, je vais m'empresser de regarder ce qu'elle contient...
Et l'essayage débuta. La première tenue sur laquelle Ross jeta son dévolu était composée d'une veste bleue avec un jabot blanc, des gants blancs ainsi qu'une culotte noire. Le pire c'est que je l'avais regardé enfiler tout ça sans rien dire et que lui n'avait pas semblé comprendre en quoi sa tenue ne convenait pas au lieu dans lequel nous étions supposé nous rendre. Et cet abruti, le pire c'est qu'il s'y croyait, il se tournait, faisait des gestes lents et doux, il tentait de montrer grâce et élégance là où rien ne l'était.
- Alors, j'ai l'air cool non ? On dirait vraiment un noble non ?
- T'en as pas la prestance.
- C'est bon, j'ai compris...
La bleusaille retira à nouveau ses vêtements, les rangea dans la penderie puis s'attela à chercher d'une façon plus sérieuse quelque chose qui conviendrait un peu plus parce que le problème, c'est que cette penderie contenait surtout des vêtements qui conviendraient plus à un marquis, un prince, un comte ou je ne savais quoi, mais certainement pas au premier péquenaud du coin. Le but n'était pas d'attirer tous les regards, en tout cas pas de cette façon. Enfin, après quelques recherches il parvint à réunir une chemise blanche, un gilet vert, une ceinture marron, un pantalon blanc et même des bottes marrons pour aller avec. Voilà qui conviendrait amplement pour visiter un village, bien qu'il ne s'agissait pas là de la tenue touristique que j'aurais espéré.
- Ça manque un peu de classe, mais je pense que ça ira chef !
Et pour manquer de classe, c'est que ça en manquait réellement. Peut-être bien qu'on semblait trop différents moi avec ma chemise à carreaux bleue et mon short rouge et lui avec sa tenue digne d'un paysan mais ça avait le mérite de pas sembler trop sombre ni trop noble. Ross flottait un peu dans ses vêtements qui étaient un peu trop grands pour lui, mais ça ferait amplement l'affaire en attendant qu'on en achète de nouveaux au village. Bien que j'aurais apprécié séjourner plus longtemps au château, curieux de voir ce qu'il pouvait abriter de plus qu'une théière en porcelaine vivante il était déjà temps de repartir. Rien ne m'empêcherait de revenir plus tard sur les lieux.
Mais avant d'embarquer pour se rendre directement au village, il fallait concocter un plan d'action, s'organiser pour avoir une crédibilité auprès des habitants et savoir directement quoi faire une fois là bas. C'est pourquoi je lui fis signe de venir à l'écart pour avoir cette discussion, pour être certain que personne ne puisse nous écouter. Moins il y aurait de témoins capables d'identifier nos véritables intentions, mieux ça serait.
- Bon Ross, puisque je dois t'apprendre comment accomplir tes tâches correctement... Explique-moi l'objectif de la mission et ce que tu ferais pour l'accomplir si je n'étais pas là.
- Hmm... Honnêtement chef, j'en sais rien.
J'eus toute la difficulté du monde à cacher mon agacement face à sa stupidité des plus incroyables. Enfin, tant pis, je devrais lui expliquer tout de A à Z, y compris l'approche que j'avais déjà concernant celle-ci qui pourrait se révéler compliquée sur certains aspects.
- Bon, reprenons depuis le début dans ce cas. Suite aux tensions récentes du village, nous devons rediriger l'attention des villageois sur quelque chose, leur donner quelque chose d'autre à détester. Il s'agira donc d'une mission de manipulation et ça ne sera pas tâche facile, il faudra convaincre un maximum de villageois.
- Mais comment on va faire chef ?
- J'allais y venir, nous allons devoir faire bonne figure dans le village dans un premier temps. Nous y séjournerons donc un moment et accomplirons des tâches pour aider certains habitants, travaillerons pour eux, le but sera de gagner leur confiance... Mais nous sommes membres de la Coalition et suite aux évènements récents, ces habitants ne nous accepterons pas si nous clamons haut et fort notre appartenance au groupe.
- C'est pour ça qu'on est habillé de façon ridicule ?
- Oui, nous nous ferons passer pour des voyageurs... Je pense qu'il vaudrait mieux que tu te fasses passer pour mon père, ça sera plus crédible que l'inverse. Nous agirons sous une fausse identité et nous laisserons nos insignes dans le vaisseau pour éviter les mauvaises surprises.
- Et comment on va détourner leur attention de leurs problèmes récents ?
- Honnêtement... J'en ai aucune idée, je dois encore y réfléchir. Déjà il faudra qu'ils aient une bonne opinion de nous avant toute chose donc nous aviserons au moment venu. Pour ce soir, le plan c'est de trouver un endroit pour se reposer, je réfléchirai à la suite là bas.
Nous embarquâmes dans le vaisseau. Lui n'eut pas besoin de retirer l'insigne épinglée à son uniforme puisqu'il n'en était pas vêtu tandis que je retirais la mienne de ma poche et la mettais dans une poche de l'uniforme du bleu. Ross avait laissé son fleuret à l'intérieur du vaisseau mais j'avais conservé le couteau à cran d'arrêt : une arme bien dissimulée pourrait toujours être utile. Bon, le problème, c'est surtout que le plus important du plan restait à réfléchir et que ce que je venais de lui dire ne découlait quasiment que du bon sens. Trouver un moyen d'aider les habitants ne sera pas forcément aussi facile que de le dire et rediriger leur haine sur une autre chose non plus. Qu'est-ce que nous pourrions utiliser exactement ? Surtout qu'il ne fallait pas oublier que je ne connaissais absolument pas les lieux donc j'aurais probablement besoin d'explorer pour m'y repérer.
C'était déjà l'après-midi donc il ne fallait pas trop traîner à trouver notre solution pour les vêtements de Ross. Enfin, en réalité, la solution était toute trouvée puisque normalement, des gardes noirs devaient être postés dans le château, probablement même certains à l'entrée. La solution serait d'en emprunter qui proviennent du château. Peu importait qu'ils ne soient pas exactement à la taille, tant que l'accoutrement ne ressemblait pas à celui d'un coalisé. Deux gardes noirs étaient postés à l'entrée, comme prévu et nous stoppèrent pendant quelques instants. Forcément avec ma tenue, j'étais forcément suspicieux pour eux.
- Halte là ! Déclinez votre identité.
Après s'être présenté en prouvant notre appartenance au groupe grâce aux insignes, Ross me laissa expliquer seul les raisons de notre présence au château, d'autant plus qu'il n'était au départ pas prévu de perdre du temps ici. Ils finirent après quelques minutes par nous laisser passer. Le château semblait tant immense depuis l'intérieur que depuis l'extérieur : déjà de là où nous étions, nous pouvions observer déjà pas moins de sept portes différentes : quatre en bas, une à l'étage que nous pouvions voir en plein milieu et deux à l'étage de chaque côté qui permettaient respectivement d'accéder aux ailes Ouest et Est du château. Mais l'immensité du château ne fut pas le plus perturbant : c'est ce qui vint m'accueillir qui l'était réellement.
Ça faisait à peine quelques instants que nous admirions ce splendide et sinistre château que quelqu'un ou plutôt quelque chose vint à notre rencontre. Elle était sortie d'une des pièces qui était entrouverte et se déplaçait en sautillant. Elle était petite et semblait avoir un certain raffinement ou du moins son apparence le faisait croire. Elle était en porcelaine, d'une forme plutôt arrondie, blanche et vêtue d'un couvre-chef rosâtre dont les bords jaunes rappelaient de la dentelle. Une ouverture, sa bouche, se situait en dessous de sa anse et des yeux la surplombaient. Nous étions face à une... Théière.
Avant même qu'elle ne prononce un mot, je m'étais déjà précipité vers elle, totalement envahi par la curiosité puis m'en étais saisi pour l'observer sous tous les angles. Elle ne semblait pas se débattre mais lorsqu'elle comprit ce qui était en train de lui arriver elle sembla plutôt inconfortable. Je me saisis du couvercle pour observer l'intérieur de la théière et il s'y trouvait... Du thé. Étonnant non ? Elle remua légèrement, semblant commencer à s'agacer de ce que je venais de faire puis prit la parole :
- En voilà bien des manières de saluer une dame ! Reposez-moi, reposez-moi !
Et en plus cette théière était capable de parler ! Fascinant. Je la remis sur le sol, n'ayant plus réel intérêt à la garder dans mes mains puisque je l'avais déjà contemplé sous tous ses angles mais j'avais bien des questions à lui poser à propos de sa condition de théière et je ne pus m'empêcher de le faire dans un moment où je ne devrais pas, chose pas très professionnelle à faire devant la bleusaille qui m'accompagnait mais j'étais juste pris par le cours des évènements.
- Excusez-moi. Je ne sais pas si on vous demande ça souvent mais... Comment est-ce que vous faites pour parler, manger, voir, dormir, bouger alors que vous n'êtes qu'une théière ?
- Je ne suis pas qu'une simple théière, rustre ! Je suis madame Samovar, la gouvernante de ce château. En quoi puis-je vous aider ?
- Je voudrais bien...
- Nous sommes venus car il me faudrait d'autres vêtements.
Ross... Mais qu'est-ce qu'il pouvait être contrariant lui ! Ce bleu est supposé être à mes ordres et pourtant c'est lui qui venait de m'interrompre en plein milieu de ma phrase. Moi je voudrais vraiment savoir comment elle fait cette théière pour vivre... Enfin, cette fois, ce couard avait raison, il ne s'agissait pas de la raison de notre venue : nous avions une mission à accomplir et nous ne devions pas nous éterniser dans ce château.
- Bien sur, suivez-moi.
La théière se retourna puis parcourut de bonds en bonds les différents escaliers jusqu'à arriver au sommet de ceux de droite, devant une porte. Je fus celui qui ouvrit la porte puisqu'à priori il serait difficile pour une théière d'y parvenir seule sans aide puis nous arrivâmes dans un long couloir. Dans ce long couloir étaient entreposées de longues rangées d'armures interminables. Après avoir tourné à droite, il y avait deux possibilités : soit emprunter la porte à gauche au fond, soit monter les escaliers pour passer par une autre porte. La théière s'engouffra dans la porte qui suivait les escaliers après que je l'eus bien sur ouverte.
Mme Samovar semblait connaître parfaitement les lieux, comme si elle y avait vécu depuis de nombreuses années et déjà elle continuait de faire ses petits bonds lents vers notre destination. Décidément que ce château était immense. Dans le couloir où nous nous trouvions était entreposé d'autres armures ainsi que d'immenses toiles. Des peintures de toutes sortes mais l'art, c'est pas comme si j'y comprenais grand chose... Ou enfin plutôt ma conception de l'art ce n'était pas des tableaux peints par le premier picassiette venu mais plutôt d'observer l'humanité dans ses perpétuels tourments.
Après avoir franchi la porte du fond, nous étions enfin arrivé à destination : une grande chambre, pas très en ordre mais à priori il s'y trouvait l'objet de notre convoitise : une penderie, qui espérons le, contenait en effet des vêtements au moins un semblant coloré et si possible décontractés. Mme Samovar se stoppa net et nous expliqua l'évidence même :
- Vous trouverez peut-être ce que vous recherchez dans cette penderie.
- Merci, je vais m'empresser de regarder ce qu'elle contient...
Et l'essayage débuta. La première tenue sur laquelle Ross jeta son dévolu était composée d'une veste bleue avec un jabot blanc, des gants blancs ainsi qu'une culotte noire. Le pire c'est que je l'avais regardé enfiler tout ça sans rien dire et que lui n'avait pas semblé comprendre en quoi sa tenue ne convenait pas au lieu dans lequel nous étions supposé nous rendre. Et cet abruti, le pire c'est qu'il s'y croyait, il se tournait, faisait des gestes lents et doux, il tentait de montrer grâce et élégance là où rien ne l'était.
- Alors, j'ai l'air cool non ? On dirait vraiment un noble non ?
- T'en as pas la prestance.
- C'est bon, j'ai compris...
La bleusaille retira à nouveau ses vêtements, les rangea dans la penderie puis s'attela à chercher d'une façon plus sérieuse quelque chose qui conviendrait un peu plus parce que le problème, c'est que cette penderie contenait surtout des vêtements qui conviendraient plus à un marquis, un prince, un comte ou je ne savais quoi, mais certainement pas au premier péquenaud du coin. Le but n'était pas d'attirer tous les regards, en tout cas pas de cette façon. Enfin, après quelques recherches il parvint à réunir une chemise blanche, un gilet vert, une ceinture marron, un pantalon blanc et même des bottes marrons pour aller avec. Voilà qui conviendrait amplement pour visiter un village, bien qu'il ne s'agissait pas là de la tenue touristique que j'aurais espéré.
- Ça manque un peu de classe, mais je pense que ça ira chef !
Et pour manquer de classe, c'est que ça en manquait réellement. Peut-être bien qu'on semblait trop différents moi avec ma chemise à carreaux bleue et mon short rouge et lui avec sa tenue digne d'un paysan mais ça avait le mérite de pas sembler trop sombre ni trop noble. Ross flottait un peu dans ses vêtements qui étaient un peu trop grands pour lui, mais ça ferait amplement l'affaire en attendant qu'on en achète de nouveaux au village. Bien que j'aurais apprécié séjourner plus longtemps au château, curieux de voir ce qu'il pouvait abriter de plus qu'une théière en porcelaine vivante il était déjà temps de repartir. Rien ne m'empêcherait de revenir plus tard sur les lieux.
Mais avant d'embarquer pour se rendre directement au village, il fallait concocter un plan d'action, s'organiser pour avoir une crédibilité auprès des habitants et savoir directement quoi faire une fois là bas. C'est pourquoi je lui fis signe de venir à l'écart pour avoir cette discussion, pour être certain que personne ne puisse nous écouter. Moins il y aurait de témoins capables d'identifier nos véritables intentions, mieux ça serait.
- Bon Ross, puisque je dois t'apprendre comment accomplir tes tâches correctement... Explique-moi l'objectif de la mission et ce que tu ferais pour l'accomplir si je n'étais pas là.
- Hmm... Honnêtement chef, j'en sais rien.
J'eus toute la difficulté du monde à cacher mon agacement face à sa stupidité des plus incroyables. Enfin, tant pis, je devrais lui expliquer tout de A à Z, y compris l'approche que j'avais déjà concernant celle-ci qui pourrait se révéler compliquée sur certains aspects.
- Bon, reprenons depuis le début dans ce cas. Suite aux tensions récentes du village, nous devons rediriger l'attention des villageois sur quelque chose, leur donner quelque chose d'autre à détester. Il s'agira donc d'une mission de manipulation et ça ne sera pas tâche facile, il faudra convaincre un maximum de villageois.
- Mais comment on va faire chef ?
- J'allais y venir, nous allons devoir faire bonne figure dans le village dans un premier temps. Nous y séjournerons donc un moment et accomplirons des tâches pour aider certains habitants, travaillerons pour eux, le but sera de gagner leur confiance... Mais nous sommes membres de la Coalition et suite aux évènements récents, ces habitants ne nous accepterons pas si nous clamons haut et fort notre appartenance au groupe.
- C'est pour ça qu'on est habillé de façon ridicule ?
- Oui, nous nous ferons passer pour des voyageurs... Je pense qu'il vaudrait mieux que tu te fasses passer pour mon père, ça sera plus crédible que l'inverse. Nous agirons sous une fausse identité et nous laisserons nos insignes dans le vaisseau pour éviter les mauvaises surprises.
- Et comment on va détourner leur attention de leurs problèmes récents ?
- Honnêtement... J'en ai aucune idée, je dois encore y réfléchir. Déjà il faudra qu'ils aient une bonne opinion de nous avant toute chose donc nous aviserons au moment venu. Pour ce soir, le plan c'est de trouver un endroit pour se reposer, je réfléchirai à la suite là bas.
Nous embarquâmes dans le vaisseau. Lui n'eut pas besoin de retirer l'insigne épinglée à son uniforme puisqu'il n'en était pas vêtu tandis que je retirais la mienne de ma poche et la mettais dans une poche de l'uniforme du bleu. Ross avait laissé son fleuret à l'intérieur du vaisseau mais j'avais conservé le couteau à cran d'arrêt : une arme bien dissimulée pourrait toujours être utile. Bon, le problème, c'est surtout que le plus important du plan restait à réfléchir et que ce que je venais de lui dire ne découlait quasiment que du bon sens. Trouver un moyen d'aider les habitants ne sera pas forcément aussi facile que de le dire et rediriger leur haine sur une autre chose non plus. Qu'est-ce que nous pourrions utiliser exactement ? Surtout qu'il ne fallait pas oublier que je ne connaissais absolument pas les lieux donc j'aurais probablement besoin d'explorer pour m'y repérer.