[Mini-série]
Richard ouvrit les yeux et vit devant lui un curieux squelette moustachu portant une casquette verte. Ce dernier avait le nez plongé dans ses papiers marmonnant, dans une barbe inexistante, qu’il voulait voir sa famille. Il tourna la tête à droite et à gauche, et vit un bureau somme toute normale. Le papier peint semblait appartenir à une autre époque. La peinture des casiers semblait bien trop épaisse. En plus des papiers, le bureau avait un boulier et un porte-encre, ainsi qu’un écran énorme. Fort heureusement, rien de tel n’était installé au Consulat. L’éclaireur était à la pointe de la technologie.
-Ah vous êtes revenu à vous ! Bienvenue dans l’après-vie !
-Excusez-moi ?
-Il peut y avoir une petite période d’adaptation, continua-t-il sans prendre note de sa question, cela dépend de chaque individu. Ma sœur par exemple a fait sa diva pendant des décennies ! Elle voulait retourner dans le monde des vivants sur le champ. Mais ce n’est pas comme ça que le système marche.
-Vous avez dit mort ?!? Demanda-t-il d’une voix plus aigu.
-Au final, elle a fini par accepté la réalité, et elle s’est depuis installée très loin de moi, fort heureusement. Cependant je digresse. Pour en revenir à votre cas. Vous trouverez un grand nombre d’activité à réaliser ici. Selon vos goûts et votre talent, ainsi que le nombre de personnes qui se souviennent de vous et vous tiennent en haut-estime, vous pourriez avoir un train de vie hors du commun comme notre grande star De La Cruz !
Son interlocuteur fit une pause et regarda un poster affiché derrière lui. Un grand squelette en uniforme blanc souriait, une guitare en bandoulière sur ses épaules. Le couturier regarda ses mains, et vit des doigts sans chair. Comment les os tenaient-ils ? Il n’en avait pas la moindre idée. Il abaissa son regard, et remarqua qu’il portait toujours les vêtements qu’il avait lors de sa… mort. Il y avait même la tâche de sang. Est-ce que cette blessure l’avait vraiment tué ? Non. Bien sur que non. Il était simplement inconscient, en train d’imaginer tout ça.
-Bien, j’espère que vous avez tout compris, conclut le bureaucrate. J’ai juste besoin d’une signature sur ce registre, et ensuite je pourrai vous ajouter au système. Vous aurez peut-être ensuite la chance de revenir temporairement chez vous pour la noche de los muertos. Avec l'ouverture à l'étranger, nous avons du agrandir notre système. Je ne vous raconte pas le bazar que ça a été!
Mécaniquement, l’albinos signa le papier puis il fut contraint de quitter le bureau, sans savoir quoi faire. À l’extérieur, un immense hall l’attendait. Des centaines, des milliers de squelettes allaient et venaient. Certains attendaient sur des petits bancs, d’autres se réunissaient en groupe et riaient à gorge déployée. D’autres encore sortaient ensemble, passant dans une sorte de péage et ce qui semblait être… un pont orange.
Perdu et légèrement terrifié, Richard emboîta le pas de la dernière catégorie. Il patienta alors que la queue avançait petit à petit. À chaque pas, les tremblements qui l’agitaient augmentaient d’intensité. Vers quoi s’embarquait-il encore ? La vie d’aventurier ne l’avait jamais tenté. L’inconnu le terrorisait. Tout ce qu’il voulait, c’était revoir Emma. Revoir son oncle. Ouvrir sa boutique au Jardin Radieux, en sécurité, et apprendre son métier à ses enfants. Mourir, heureux et très vieux, dans son lit, en dormant. Paisiblement. Et voilà où il se retrouvait. À cause de Septimus.
-Votre nom s’il vous plaît.
-Hum. Il se racla la gorge. Richard Hale.
-Regardez l’objectif.
Un flash retentit. Le gardien observa son gros écran pendant quelques secondes, ce qui lui parut être une éternité. Finalement, son dossier s’afficha, et il reçut des condoléances pour sa mort. Il voulut sourire. Mais il n’y parvint pas. Peut-être parce qu’il n’avait plus de muscles pour faire bouger son visage -bien que ça ne semble gêner personne d’autre que lui. Quelques secondes de plus passèrent, et un bip retentit.
-Je suis désolé mon garçon, mais personne n’a affiché votre photo sur un autel. Vous ne pouvez pas retourner dans le monde des vivants.
-Qu… quoi ? Mais… Non, je dois y retourner ! Hurla-t-il, des sanglots dans la voix. Mon oncle… ma meilleure amie… mes professeurs… Je suis sûr qu’ils sont inquiets. Ils ne m’ont pas oublié. Je dois les rassurer !
-Ce n’est pas comme ça que ça marche. Les gens doivent affiché votre photo près d’une bougie, peu importe quelle forme prend l’autel. Et une fois de l’autre côté, vous ne pouvez pas interagir avec eux. Vous ne pouvez que voir où en est leur vie.
-Mais…
-Je suis désolé. Je dois te demander de partir, d’autres attendent leur tour.
La… personne qui attendait derrière lui le poussa sans ménagement. Le couturier resta là, sans bouger. Il vit défiler la ligne d’attente. La plupart passait sans soucis. D’autres comme lui durent s’en aller. Peu tentèrent de resquiller. Aucun ne réussit à passer de force. Qu’allait-il faire maintenant ? Qu’allait-il devenir ? Quelle genre de vie pouvait-il bien mener ici ?
-Ah vous êtes revenu à vous ! Bienvenue dans l’après-vie !
-Excusez-moi ?
-Il peut y avoir une petite période d’adaptation, continua-t-il sans prendre note de sa question, cela dépend de chaque individu. Ma sœur par exemple a fait sa diva pendant des décennies ! Elle voulait retourner dans le monde des vivants sur le champ. Mais ce n’est pas comme ça que le système marche.
-Vous avez dit mort ?!? Demanda-t-il d’une voix plus aigu.
-Au final, elle a fini par accepté la réalité, et elle s’est depuis installée très loin de moi, fort heureusement. Cependant je digresse. Pour en revenir à votre cas. Vous trouverez un grand nombre d’activité à réaliser ici. Selon vos goûts et votre talent, ainsi que le nombre de personnes qui se souviennent de vous et vous tiennent en haut-estime, vous pourriez avoir un train de vie hors du commun comme notre grande star De La Cruz !
Son interlocuteur fit une pause et regarda un poster affiché derrière lui. Un grand squelette en uniforme blanc souriait, une guitare en bandoulière sur ses épaules. Le couturier regarda ses mains, et vit des doigts sans chair. Comment les os tenaient-ils ? Il n’en avait pas la moindre idée. Il abaissa son regard, et remarqua qu’il portait toujours les vêtements qu’il avait lors de sa… mort. Il y avait même la tâche de sang. Est-ce que cette blessure l’avait vraiment tué ? Non. Bien sur que non. Il était simplement inconscient, en train d’imaginer tout ça.
-Bien, j’espère que vous avez tout compris, conclut le bureaucrate. J’ai juste besoin d’une signature sur ce registre, et ensuite je pourrai vous ajouter au système. Vous aurez peut-être ensuite la chance de revenir temporairement chez vous pour la noche de los muertos. Avec l'ouverture à l'étranger, nous avons du agrandir notre système. Je ne vous raconte pas le bazar que ça a été!
Mécaniquement, l’albinos signa le papier puis il fut contraint de quitter le bureau, sans savoir quoi faire. À l’extérieur, un immense hall l’attendait. Des centaines, des milliers de squelettes allaient et venaient. Certains attendaient sur des petits bancs, d’autres se réunissaient en groupe et riaient à gorge déployée. D’autres encore sortaient ensemble, passant dans une sorte de péage et ce qui semblait être… un pont orange.
Perdu et légèrement terrifié, Richard emboîta le pas de la dernière catégorie. Il patienta alors que la queue avançait petit à petit. À chaque pas, les tremblements qui l’agitaient augmentaient d’intensité. Vers quoi s’embarquait-il encore ? La vie d’aventurier ne l’avait jamais tenté. L’inconnu le terrorisait. Tout ce qu’il voulait, c’était revoir Emma. Revoir son oncle. Ouvrir sa boutique au Jardin Radieux, en sécurité, et apprendre son métier à ses enfants. Mourir, heureux et très vieux, dans son lit, en dormant. Paisiblement. Et voilà où il se retrouvait. À cause de Septimus.
-Votre nom s’il vous plaît.
-Hum. Il se racla la gorge. Richard Hale.
-Regardez l’objectif.
Un flash retentit. Le gardien observa son gros écran pendant quelques secondes, ce qui lui parut être une éternité. Finalement, son dossier s’afficha, et il reçut des condoléances pour sa mort. Il voulut sourire. Mais il n’y parvint pas. Peut-être parce qu’il n’avait plus de muscles pour faire bouger son visage -bien que ça ne semble gêner personne d’autre que lui. Quelques secondes de plus passèrent, et un bip retentit.
-Je suis désolé mon garçon, mais personne n’a affiché votre photo sur un autel. Vous ne pouvez pas retourner dans le monde des vivants.
-Qu… quoi ? Mais… Non, je dois y retourner ! Hurla-t-il, des sanglots dans la voix. Mon oncle… ma meilleure amie… mes professeurs… Je suis sûr qu’ils sont inquiets. Ils ne m’ont pas oublié. Je dois les rassurer !
-Ce n’est pas comme ça que ça marche. Les gens doivent affiché votre photo près d’une bougie, peu importe quelle forme prend l’autel. Et une fois de l’autre côté, vous ne pouvez pas interagir avec eux. Vous ne pouvez que voir où en est leur vie.
-Mais…
-Je suis désolé. Je dois te demander de partir, d’autres attendent leur tour.
La… personne qui attendait derrière lui le poussa sans ménagement. Le couturier resta là, sans bouger. Il vit défiler la ligne d’attente. La plupart passait sans soucis. D’autres comme lui durent s’en aller. Peu tentèrent de resquiller. Aucun ne réussit à passer de force. Qu’allait-il faire maintenant ? Qu’allait-il devenir ? Quelle genre de vie pouvait-il bien mener ici ?