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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Al’ se lève avec l’envie de voir l’espace intersidéral et Al’, aujourd’hui, ira voir l’espace intersidéral. La vraie vie, pense-t-il, est beaucoup plus simple sans cravate.

Hier, Al’ n’est pas rentré dormir dans son studio de jeune professionnel en périphérie du centre-ville, avant-hier non plus d’ailleurs et, en fait, pendant qu’on y pense, cela fait bien deux semaines qu’il rôde à San Fransokyo, qu’il butine et qu’il virevolte entre auberges subaquatiques, suites royales au cent-vingt-deuxième étage et chambres privées avec vue. Sa chemise blanche trop grande est toujours trop grande mais n’est plus très blanche; ses cheveux sont en constant soulèvement populaire et ses yeux sont cernés jusqu’aux cieux. Il ne dort plus vraiment, Al’, même s’il campe dans l’opulence, même s’il dilapide ses munnies pour des lits d’eau salée, pour des couvertures en velours et pour des matelas vibromasseurs. La modération, tout comme le sommeil, n’a plus aucun goût.

Al’ sort de son cercueil, et littéralement il sort de son cercueil; un nouveau concept en ville, pour « des nuits qui vont envoient ad patres ». Al’ s’étire sur des kilomètres, reboutonne sa chemise, enfonce ses effets personnels dans sa serviette tout-terrain, sort du cimetière, fait un salto arrière. Il laisse un pourboire gras au réceptionniste, à la femme de chambre et au valet – Al’ ne sait pas conduire mais peu importe. Il ne compte plus, il en a perdu la faculté en quittant sa cage de béton. Il n’arrive plus à additionner deux et deux, les chiffres se confondent dans sa tête, deviennent des hiéroglyphes, et qui sait additionner des hiéroglyphes, dites-moi? Al’ n’en fait pas tout un drame : sans chiffres, le monde est infini.

San Fransokyo ne l’est pas, toutefois, et l’ennui commence à gagner Al’. Les émotions fortes et les sensations extrêmes sont des énergies à renouveler, et il n’a plus la force de sauter du haut d’un gratte-ciel, de faire du surf dans un bassin de piranhas, de manger du caviar dans un bistro antigravitationnel ou de jouer au funambule sur un train en marche. Et puis Al’ en a assez des moteurs et des bruits de carcasses métalliques, il aimerait bien entendre les arbres pousser. Al’ aimerait entendre leurs racines percer la terre, leur écorce se solidifier, leurs branches s’extasier, depuis toujours il en rêve, depuis toujours rêve-t-il de perdre du temps à écouter les arbres grandir. Al’ n’a jamais vu d’autres parcs que ceux de San Fransokyo, mais il décide néanmoins qu’ils sont une insulte à la nature et, en même temps, il décide que tous les parcs dans lesquels on ne peut pas entendre la sève fluer sont, par transitivité, aussi une insulte à la nature. Rien de plus confortant comme décision avant de lever l’ancre.

Pour lever l’ancre, il faut viser le ciel. Al’, il faut viser le ciel.

Dans un motel tenu sur le bord d’un précipice par des forces électromagnétiques – et puis quoi encore, San Fransokyo? –, un gentilhomme tout barbu lui a dit qu’il fallait viser le ciel; pour voir le monde, il faut passer par l’espace. Pour Al’, cette condition est une coïncidence qui tombe bien ou sacro-saint-miracle ou une évidence cosmique ou la justification de toutes ses années d’auto-internement. Il n’arrive pas à croire que le ciel, l’étendue la plus éloignée qu’il puisse voir à tous les jours de sa vie, soit à ce point atteignable et, par-dessus tout, il n’arrive pas à croire qu’il existe encore des gens cimentés, gavés remplis bourrés à la gravité, les yeux rivés vers les plancher, les deux pieds soudés dans la terre ferme. Pourquoi marcher quand on peut voler, Al’?

Al’ traverse les deux grandes portes du hangar de la Shin-Ra. Al’ déchire une faille spatiotemporelle dans le continuum. Al’ dynamite son histoire, s’inscrit sur une nouvelle ligne du temps. San Fransokyo n’est plus, et il ne lui aura fallu que deux grandes portes.

Le hangar est vaste, Al’ en a tout de suite l’impression : il hésite à regarder quelque part par peur de regarder trop longtemps quelque chose indigne de son attention, alors il regarde partout sans engagement, observe sans promesse, reluque sans contrat, il n’arrête jamais de cligner des yeux ou de faire papillonner ses pupilles : des panneaux holographiques, des drones d’assistance, des néons un peu partout pourquoi pas, des gardes de sécurité à batterie, des robots à roulette, des écrans propulsés à la théorie des cordes, des projections couleurs-odeurs-saveurs de plages paradisiaques, des arcs-en-ciel numériques; autant tout effleurer que de manquer quoi que ce soit. Il serait en revanche faux de croire qu’Al’ ait accordé la même attention à toutes ces découvertes; le dôme de vitre au plafond a triomphé beaucoup plus vite de ses entrailles. Mais ce n’est pas le ciel de San Fransokyo qu’il voit à travers le dôme, Al’ en est certain, ce ciel-là qu’il voit maintenant est un concept beaucoup plus complexe.

Dans quel sens fendre le ciel, Al’? Il ne faudrait pas se perdre, l’infini est une bien longue notion quand on emprunte la mauvaise direction. Qu’est-ce qu’on cherche, hein, qu’est-ce qu’on cherche?

« Je cherche un château!

— Monsieur, il faut être plus précis…

— Je cherche un château avec des chevaliers! »

L’homme derrière le comptoir a les épaules lasses, le menton bas et de tout petits yeux fatigués, si minuscules qu’il faudrait un microscope pour en capter la couleur. Al’ se demande s’ils sont verts ou bleus, marbrés ou en feu, voudrait tendre l’index pour vérifier, étirer ses paupières une seconde pour résoudre le mystère, mais un écran émerge de nulle part et plus jamais Al’ ne s’intéressera à la couleur des yeux de l’homme derrière le comptoir.

« Un château, donc. Que cherchez-vous durant ce voyage? Le calme, les aventures?

— Oh, je cherche surtout des chevaliers. Des chevaliers, et des vrais parcs. »

Des images deux-mille-six-cents couleurs en haute-définition presque en cinq dimensions défilent sur l’écran, de versants de citadelles et des bouts de palais, des cours intérieures façonnées à la lame de rasoir, des jardins suspendus et des jardins parterre, des courtisans contents et des joutes à dos de licorne. L’homme derrière le comptoir parle peut-être, Al’ entend bien une voix comme entre parenthèses, mais il n’en est pas tout à fait sûr, les images sur l’écran parlent beaucoup plus fort : Al’ est obnubilé par un château édifié sur une colline escarpée (« un château magnifique, mais il faut faire attention aux fées »), par un autre tout sombre comme tout droit sorti du néant (« si vous voulez mon avis et si vous tenez à votre tête… »), par un troisième à têtes pointues et à l’allure cathédrale (« un pèlerinage en terre sainte, monsieur? »), par un palais du fond des dunes (« il y fait trop chaud, et je ne parle pas de la température ») et même par un bâtiment à la tour presque trop haute trop ostentatoire (« oh, pardonnez-moi, mes fichiers ne sont pas à jour, celui-là n’est plus… accessible »), mais c’est le dernier comme dans un coup du destin, le dernier, éclairé par mille soleils et par mille autres, un château aux pignons bleus et aux murs blancs, bleus comme la neige reflétant le crépuscule et blancs comme l'eau d'une vague cabriolant avant de s’écraser, un château qui fait d’Al’ un poète, un romantique écorché d’un temps révolu, ce château-même qui cloue la décision.

« Celui-là, le dernier, comment sont les parcs? »

Al’ n’entend pas la réponse. Il est trop concentré à essayer d’imaginer comment sont les parcs.

« Je veux partir pour ce château, le plus tôt possible; vous voyez, j’aurais aimé y être hier.

— L’accès le plus rapide est par chauffeur privé. Cent-vingt-cinq munnies l’aller. »

Al’ défouraille son pouvoir d’achat, une carte gonflée à bloc, et la tend à l’homme derrière le comptoir. Il n’entend pas l’homme lui dire que ses fonds sont insuffisants pour la transaction, il est trop concentré à essayer de lire sur le terminal que ses fonds sont insuffisants pour la transaction. Al’ ne panique pas et dégaine le plan bêta, une poignée de munnies, une poignée de peu de choses, une poignée de ce qu’il lui reste, sans paniquer on le répète, il ne sait plus soustraire après tout.

« Le chauffeur privé n’étant… définitivement plus une option, je peux vous offrir, monsieur, un voyage pour aujourd’hui avec quelques haltes et correspondances, mais rien de dramatique. Le train part au quai 11 dans une heure, sortez au terminus de la Comète bleue, attendez le train au quai 3, annoncez votre sortie pour la Halte des Pirates, attendez au quai 6 le prochain départ et ne sortez pas avant la fin; à destination, prenez la navette en direction du Pays imaginaire mais sortez juste avant à la station modale et prenez le spatiobus Express–Lumière jusqu’au hangar Disney. »

Quai 11 dans une heure, terminus de la Comète bleue, quai… 4 (?), sortie pour la Halte des... Voyageurs, quai… quai… sortie à la fin… Pays extraordinaire… sortie avant la station modulaire, quai quelconque pour le bus… Express… Comète… et destination (?).  Rien de dramatique.

« Je vois aussi que le même trajet est disponible… dans huit minutes quarante-sept.

– C’est possible? C’est possible d’arriver au quai aussi rapidement?

– J’en doute, monsieur, avec la foule, la circulation, les déplacements…

– Génial! Je pars dans huit minutes alors. »

L’homme derrière le comptoir arrondit ses paupières une demi-seconde, une demi-seconde qui aurait permis à Al’ d’en savoir plus sur le spectre chromatique de ses iris, mais, il faut le rappeler, il ne s’intéresse plus à ce genre de chose. L’homme fait imprimer un billet qui fait bien un demi-kilomètre sans exagération, Al’ l’empoigne et l’enfourche jusqu’au quai 11 – où, précisément? Il suit les flèches et les vecteurs et les signes et les indications qui pendent au plafond, il cherche le chiffre onze de tous ses yeux, le trouve, ne le quitte pas, il y arrivera bien sûr, un jour, au quai 11, ce hangar n’est pas intersidéral donc il n’est pas non plus infini. Le quai 11 s’éloigne, se rapproche, stagne, Al’ ne sait pas, il n’arrive pas à se concentrer avec toutes ces voix qui murmurent et qui parlent et qui hurlent et qui beuglent, ces voix qui ne viennent pas d’outre-tombe, mais plutôt de formes, de silhouettes, de voyageurs comme lui peut-être qui cherchent eux-aussi leur version personnelle du quai 11.

Al’ ne sait plus depuis combien de temps il court, mais il sait qu’il doit continuer. Il court dans la foule, croise probablement un cyclope, une femme à tentacules, un manchot volant, une sorcière des ténèbres et un pirate sur les mains, mais tout est incertain comme trop flou : tout va vite, tout va vite. Il glisse sur les escaliers roulants, bondit sur un socle en béton, vrille entre les tourniquets, passe sous un pont, grimpe un volcan, continue de sprinter, passe entre les pattes d’un géant. Al’ aperçoit le quai 11, pas si loin mais au loin quand même : il halète, Al’, il n’en peut plus mais il court encore, évite une valise, saute entre deux voyageurs, traverse des rails. Le train qu’il doit prendre attend au quai, mais Al’ préfère penser que le train l’attend, c’est une nuance, une toute petite nuance, mais ça le rassure, ça le rassure le temps des derniers cent mètres, le temps de puiser d’ultimes souffles dans ses poumons, le temps de se faufiler entre les deux portes qui se ferment juste derrière lui, juste derrière sa serviette tout-terrain.

Il s’assoit entre une vieille dame et un homme-loup, peut-être aussi entre un vieil homme et une femme-louve. Dans le train, tout semble parfaitement calme, parfaitement silencieux. Des passagers discutent bel et bien autour, mais leurs voix sont décantées, n’empalent plus les tympans d’Al’; les turbines chauffent, les roues claquent et le train gronde, mais c’est un grondement gentil, une berceuse. Le wagon tambourine les rails, quitte la terre ferme, pose un lapin à la gravité et à tout ce qui en découle. Al’ sent ses jambes se ramollir, ses bras se dissoudre, le reste de son corps fondre sur son siège. Il croise son visage dans le hublot, son reflet fantomatique devant une San Fransokyo petite, minuscule, nanoscopique, de plus en plus insignifiante. Il remarque ses cernes creusés à même l’énergie de la fatigue. Ils lui semblent presque douillettes. Al’ aimerait s’y emmitoufler un millénaire.

Ses paupières sont plus puissantes que jamais et cette bataille est une bataille qu’il perdra. Al’ occupe ses mains, c’est la seule solution. Il dégaine son billet, le plie et le replie pour en faire un hélicoptère de guerre, le bousille, recommence et plie du néant de nouvelles armatures, de nouveaux avions de papier, tout pour rester éveillé, Al’, tout pour rester éveillé. Les portes s’ouvrent et se ferment sans cesse, des passagers quittent le navire et d’autres la terre ferme. Ce sont comme des centaines et des centaines de destins qui s’enchevêtrent dans une toile qui donne la nausée, en tout cas qui donne la nausée à Al’ : personne ne parle, personne n’interagit, des milliers de chemins qui se croisent pour se croiser sans raison sans justification sans avenir, des milliers de vie et des milliers de routines, des milliers d’emplois-guillotines, des milliers d’appartements miteux, des milliers de familles concassées. Al’ n’aime pas penser aux destins qui s’enchevêtrent quand il est fatigué, tout sonne toujours trop tragique.

Les portes s’ouvrent.

Un courant d’air malicieux s’infiltre entre deux voyageurs, fait lever l’avion de papier qui traîne sur les cuisses d’Al’. L’avion vole et plane et valse dans sa grâce thermodynamique, quitte dans un triste adieu le train comme n’importe quel passager.

Les portes se referment.

Al’ n’assiste pas à cette scène, il regarde par le hublot, il essaie de relier les astres pour en faire des chevaux sauvages et des traîneaux et des sous-marins nucléaires et des baobabs, il essaie de relier n’importe quoi pour ne pas dormir. Al’ ne voit pas les contrôleurs pénétrer dans le wagon, leur moustache frivole et leurs sourcils hirsutes, il ne les entend pas non plus lui demander son billet. On lui tape sur l’épaule, il se retourne, constate des formes mais certainement pas des humains. Sa vision est floue, il n’arrive plus à voir correctement, il n’arrive pas non plus à expliquer qu’il ait égaré un billet d’un demi-kilomètre, allons, monsieur, comment peut-on égarer un billet d’un demi-kilomètre? Al’ sent la colère dans le vibrato des contrôleurs mais ne capte pas des mots, il ne capte rien. Son crâne n’arrive plus à digérer les syllabes, plus rien ne fait de sens. Al’ ne se débat plus quand on le botte jusqu’à la sortie, au prochain arrêt, bonne chance, foutu errant, bâtard, foutue vermine, parasite social, saligaud, connard inutile, on ne veut plus de toi ici, personne ne veut de toi ici.

Al’ est éjecté dans un marais, il le sait parce que c’est ce qu’on lui a dit avant de l’éjecter. De peine et de misère et de bien pire encore, il se laisse tomber à genoux, glisse sur le ventre. Sa respiration est saccadée, son rythme cardiaque est un métronome cassé. Il rampe, se glisse sous un rocher, il pense qu’il sera en sécurité, là, à l’abri des ensorceleurs vagabonds, des monstres des marécages, des crocodiles à deux têtes et des crapauds chevaliers noirs. Al’ tourne la tête, colle son oreille dans la vase humide, se laisse porter par les vibrations, écoute les racines. Il est sale, il est exténué, il est trempé, et il sourit. Ce parc fera l’affaire.


Dernière édition par Al' le Dim 17 Fév 2019 - 22:44, édité 3 fois
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Oh seigneur, la lourde tâche de te noter me revient ?! À moi ?! Que vais-je donc faire…

Pour pas changer, le négatif et le positif et de la mayonnaise pour les frites.

Donc qu’est-ce que j’vais bien pouvoir trouver à dire. Pour pas changer, quand j’vois l’un de tes textes, j’reste groggy devant celui-ci. Il y a généralement rien à dire si ce n’est que des bribes à critiquer, d’autant plus quand tu prends du plaisir à écrire. Donc, en grattant ? La seule chose que je puisse dire, c’est quelques phrases que j’ai dû relire pour en comprendre le sens exact. Bon, j’ai pas d’exemple ! Mais c’est souvent la faute d’une phrase trop longue, j’te conseil souvent de penser à cela.

Autrement ? Je n’ai clairement rien à dire, j’ai été subjugué par ce texte.

Il est beau, les tournures sont cools, la réflexion est intéressante et j’ai eu le sourire à certain passage. Même un évènement dramatique, tel que le Palais des Rêves, tu parviens à rendre ça léger. Pas dans le sens du « Je m’en fou ! » mais à rendre la tristesse de la chose légère.

Ce que j’ai le plus apprécié, ce sont les tournures des phrases, c’est beau et élégant et sa rime dans la plupart des moments ! Ahaha ! Oui, j’ai vraiment rien à raconter.

Donc, est-ce que j’dois me répéter ? Pardon, j’ai vraiment rien à rajouter et j’aimerai bien avoir quelque chose d’autre à dire. Néanmoins, dans mes yeux ? Ouais, c’est quand même vachement bien et j’ai pas de truc à contredire. Peut-être, si ! Quoi que, non. Il n’y a rien à dire.

Keep cool, dude ! (Oui, j’ai cinquante ans)


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