Je me trouvais toujours dans le vaisseau en destination du Château de la Bête, accompagné de la bleusaille qui semblait pas très ponctuelle. Il était toujours là, à me dévisager avec un air béat. Ses yeux étaient d'un bleu plutôt turquoise, ronds et ils semblaient me fixer sans rien comprendre. Ses cheveux blonds étaient longs et descendaient jusqu'à ses épaules. Sa tête était un peu allongée et il ne se tenait pas bien droit bien qu'il semblait toujours plus grand que moi. Son uniforme était noir et son insigne de la Coalition Noire y était épinglé. Cet uniforme était exactement à la bonne taille et lui allait comme un gant. De plus, il avait des bottes noires. Attachée au niveau de son bassin, son arme, un fleuret se trouvait rangé dans son fourreau.
- Kuro.
Je venais de me présenter en sortant de ma chemise à carreaux bleue mon insigne de coalisé. En quelques instants, son visage se décomposa totalement. Il venait enfin de comprendre quelle bourde il venait de faire. Sa bouche s'ouvrit mais se referma après quelques instants. Son regard sembla soudainement fuyant, honteux. Il ne pouvait pas même affronter le mien suite à ce moment des plus gênants pour lui. Il semblait vouloir dire quelque chose mais il hésitait, ne parvenait pas à se résoudre à prendre la parole. Finalement, amusé par le comportement lâche du sous-fifre, je continuais d'un ton mielleux :
- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne te présentes pas ?
Puis après avoir marqué une pause de quelques secondes pendant laquelle le couard ne rétorqua rien, avec un ton un peu plus menaçant, je repris l'interrogatoire : les informations, je les lui ferais cracher de gré ou de force.
- Explique-moi ta présence. Pourquoi tu ne réponds pas ? Ne me dis pas que tu as... Peur ?
Sa peau déjà très blanche sembla prendre un teint encore plus pâle, on aurait dit un véritable spectre. Le type il vivait certainement l'une des situations les plus malaisantes de toute sa vie. Il avait perdu vraiment tous ses moyens. Certes la situation m'amusait, mais j'étais aussi assez déçu que l'équipier qu'on m'avait assigné pour cette mission ne semblait pas avoir de couilles. Heureusement qu'il n'y aurait probablement pas de danger particulier lors de celle-ci. Son corps semblait trembler de plus en plus fort, son regard ne faisait que me fuir davantage et pourtant il devait le savoir : il devait répondre pour ne pas aggraver son cas. Toujours incapable de soutenir mon regard, il finit par répondre à mes questions :
- Je m'appelle Ross. On m'a assigné à la même mission que toi pour que tu m'apprennes les ficelles du métier. A vrai dire... Toutes mes missions précédentes ont été des échecs. Je me rappelle encore de cette mission où...
- Vas à l'essentiel, Ross.
Putain, je devais réellement enseigner à ce bleu comment on réussit une mission ? Certes ça pouvait signifier un sorte de gage de confiance envers moi mais si ce type était autant bon à rien, ça serait pas tout simplement plus facile de lui assigner quelques corvées nulles pour se débarrasser de lui ? Ross semblait chercher ses mots à nouveau, coupé dans son élan, mais ce ne fut pas aussi long que précédemment.
- J'ai pas peur chef.
Mauvais menteur. Très mauvais menteur. Le type il semblait à deux doigts de plonger la tête dans le sable - enfin si seulement il y avait eu du sable dans le vaisseau - et il osait encore me dire qu'il avait absolument pas peur de moi. Enfin, de toutes les façons, avec tout ce qui clochait chez lui, toutes les erreurs qu'il avait déjà commis concernant la mission, on était plus à une près maintenant. Bon, il faudra quand même trouver une utilité à ce bon à rien, ça risquerait d'être... Compliqué.
- Chef, pourquoi est-ce que t'es habillé comme un touriste ?
La voilà, je la sentais arriver cette question. Mais putain ce type était débile ou il le faisait vraiment exprès ? Déjà en le voyant arriver en uniforme j'avais vraiment cru qu'il se foutait complètement de ma gueule, mais là en plus il osait me demander pourquoi j'étais pas habillé de façon plus militaire ou au moins formelle. Je ne pus m'empêcher de lui répondre avec un ton particulièrement condescendant :
- T'as bien lu l'intitulé de la mission d'aujourd'hui ?
- Oui, il s'agit de...
- Une mission c'est confidentiel. Il y a un pilote dans son cockpit qui peut nous entendre.
- Ah oui, pardon...
Putain, mais quel boulet, heureusement que j'étais là pour l'empêcher de hurler sur tous les toits qu'on était supposé se rendre au village du monde du Château de la Bête et trouver un moyen de rediriger l'attention des villageois sur quelque chose, une légende, un monstre, n'importe quoi... Bref, de la manipulation. Donc ça serait particulièrement peu pertinent de se présenter à tous comme membre de la Coalition Noire et encore davantage de hurler sur tous les toits en quoi consistait notre mission. Je ne pus m'empêcher une fois de plus de m'adresser à lui de façon hautaine, ne faisant qu'accentuer son malaise. Le type, quand on allait débarquer, ça m'étonnerait même pas que son premier geste soit de prendre ses jambes à son cou à ce train là.
- Bon, si t'as lu l'intitulé de la mission, tu vas m'expliquer... Pourquoi tous tes vêtements hurlent que t'es membre de la Coalition ? Pourquoi est-ce que t'as épinglé ton insigne ?
- Je...
- T'as au moins pris des vêtements de rechange j'espère, ça m'étonnerait fort qu'on en ait fini avant ce soir.
- Mais chef, t'en as pas à priori.
...
Merde. C'est qu'il avait raison en plus, j'avais oublié la mallette contenant mes vêtements de rechange dans mon appartement. Lui aussi à priori ne semblait pas non plus avoir d'autres vêtements avec lui, mais ici, c'est moi qui paraissait ridicule maintenant. Ses paroles à la fois insolentes et véridiques me laissèrent sans voix. J'étais tant dans l'embarras que moi aussi j'aurais bien aimé pouvoir creuser un trou dans le sol pour pouvoir y plonger la tête... Mais peut-être qu'il faudrait éviter dans l'espace. Alors que j'allais essayer de répondre comme si de rien était en ignorant totalement sa remarque, une voix s'éleva provenant du cockpit de pilotage :
- Vaisseau sans-cœur en approche ! Attachez-vous bien, ça va swinguer yeaaaah !
Le pilote avait pas trop l'air de savoir ce qu'il faisait. En fait c'était pas très rassurant de ne pas prendre cette situation de danger au sérieux. Le vaisseau trembla puis se mit à gesticuler dans tous les sens. Ross semblait au bout de sa vie, il en avait les larmes aux yeux. Moi, on ne pouvait pas réellement dire que j'étais totalement calme, évidemment que j'étais un peu perturbé d'avoir ma vie entre les mains d'un pilote qui n'avait pas l'air bien sain d'esprit mais non, je ne sanglotais pas pathétiquement comme cette bleusaille le faisait. Le vaisseau se balançait, se retournait, tentant à priori d'esquiver tous les tirs qui nous étaient adressés. Soudainement, quelque chose de bien plus inquiétant se produisit : notre vaisseau se stoppa littéralement, laissant notre ennemi nous dépasser puis le pilote hurla :
- FIRE YOHOHOHOHO !
L'armement assez léger de notre vaisseau fit feu, puis le spectacle que je vis fut à couper le souffle : la première aile du vaisseau sans-cœur prit feu. Il commença à perdre de l'équilibre et à effectuer des mouvements rotatifs un peu telle une toupie. Puis en plein dans son mouvement en vrille, un second tir l'atteint au niveau de son autre aile de façon assez hasardeuse. Le feu se propagea, ne donnant plus à ce vaisseau que l'aspect d'un brasier flottant dans l'espace vide puis une explosion retentit et les débris de ce qu'il en restait s'éparpillèrent en tous sens avant de disparaître totalement dans les ténèbres. Puis enfin, notre vaisseau victorieux le dépassa alors que j'avais toujours les étoiles dans les yeux en observant les quelques restes de la créature disparaître.
- Kuro.
Je venais de me présenter en sortant de ma chemise à carreaux bleue mon insigne de coalisé. En quelques instants, son visage se décomposa totalement. Il venait enfin de comprendre quelle bourde il venait de faire. Sa bouche s'ouvrit mais se referma après quelques instants. Son regard sembla soudainement fuyant, honteux. Il ne pouvait pas même affronter le mien suite à ce moment des plus gênants pour lui. Il semblait vouloir dire quelque chose mais il hésitait, ne parvenait pas à se résoudre à prendre la parole. Finalement, amusé par le comportement lâche du sous-fifre, je continuais d'un ton mielleux :
- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne te présentes pas ?
Puis après avoir marqué une pause de quelques secondes pendant laquelle le couard ne rétorqua rien, avec un ton un peu plus menaçant, je repris l'interrogatoire : les informations, je les lui ferais cracher de gré ou de force.
- Explique-moi ta présence. Pourquoi tu ne réponds pas ? Ne me dis pas que tu as... Peur ?
Sa peau déjà très blanche sembla prendre un teint encore plus pâle, on aurait dit un véritable spectre. Le type il vivait certainement l'une des situations les plus malaisantes de toute sa vie. Il avait perdu vraiment tous ses moyens. Certes la situation m'amusait, mais j'étais aussi assez déçu que l'équipier qu'on m'avait assigné pour cette mission ne semblait pas avoir de couilles. Heureusement qu'il n'y aurait probablement pas de danger particulier lors de celle-ci. Son corps semblait trembler de plus en plus fort, son regard ne faisait que me fuir davantage et pourtant il devait le savoir : il devait répondre pour ne pas aggraver son cas. Toujours incapable de soutenir mon regard, il finit par répondre à mes questions :
- Je m'appelle Ross. On m'a assigné à la même mission que toi pour que tu m'apprennes les ficelles du métier. A vrai dire... Toutes mes missions précédentes ont été des échecs. Je me rappelle encore de cette mission où...
- Vas à l'essentiel, Ross.
Putain, je devais réellement enseigner à ce bleu comment on réussit une mission ? Certes ça pouvait signifier un sorte de gage de confiance envers moi mais si ce type était autant bon à rien, ça serait pas tout simplement plus facile de lui assigner quelques corvées nulles pour se débarrasser de lui ? Ross semblait chercher ses mots à nouveau, coupé dans son élan, mais ce ne fut pas aussi long que précédemment.
- J'ai pas peur chef.
Mauvais menteur. Très mauvais menteur. Le type il semblait à deux doigts de plonger la tête dans le sable - enfin si seulement il y avait eu du sable dans le vaisseau - et il osait encore me dire qu'il avait absolument pas peur de moi. Enfin, de toutes les façons, avec tout ce qui clochait chez lui, toutes les erreurs qu'il avait déjà commis concernant la mission, on était plus à une près maintenant. Bon, il faudra quand même trouver une utilité à ce bon à rien, ça risquerait d'être... Compliqué.
- Chef, pourquoi est-ce que t'es habillé comme un touriste ?
La voilà, je la sentais arriver cette question. Mais putain ce type était débile ou il le faisait vraiment exprès ? Déjà en le voyant arriver en uniforme j'avais vraiment cru qu'il se foutait complètement de ma gueule, mais là en plus il osait me demander pourquoi j'étais pas habillé de façon plus militaire ou au moins formelle. Je ne pus m'empêcher de lui répondre avec un ton particulièrement condescendant :
- T'as bien lu l'intitulé de la mission d'aujourd'hui ?
- Oui, il s'agit de...
- Une mission c'est confidentiel. Il y a un pilote dans son cockpit qui peut nous entendre.
- Ah oui, pardon...
Putain, mais quel boulet, heureusement que j'étais là pour l'empêcher de hurler sur tous les toits qu'on était supposé se rendre au village du monde du Château de la Bête et trouver un moyen de rediriger l'attention des villageois sur quelque chose, une légende, un monstre, n'importe quoi... Bref, de la manipulation. Donc ça serait particulièrement peu pertinent de se présenter à tous comme membre de la Coalition Noire et encore davantage de hurler sur tous les toits en quoi consistait notre mission. Je ne pus m'empêcher une fois de plus de m'adresser à lui de façon hautaine, ne faisant qu'accentuer son malaise. Le type, quand on allait débarquer, ça m'étonnerait même pas que son premier geste soit de prendre ses jambes à son cou à ce train là.
- Bon, si t'as lu l'intitulé de la mission, tu vas m'expliquer... Pourquoi tous tes vêtements hurlent que t'es membre de la Coalition ? Pourquoi est-ce que t'as épinglé ton insigne ?
- Je...
- T'as au moins pris des vêtements de rechange j'espère, ça m'étonnerait fort qu'on en ait fini avant ce soir.
- Mais chef, t'en as pas à priori.
...
Merde. C'est qu'il avait raison en plus, j'avais oublié la mallette contenant mes vêtements de rechange dans mon appartement. Lui aussi à priori ne semblait pas non plus avoir d'autres vêtements avec lui, mais ici, c'est moi qui paraissait ridicule maintenant. Ses paroles à la fois insolentes et véridiques me laissèrent sans voix. J'étais tant dans l'embarras que moi aussi j'aurais bien aimé pouvoir creuser un trou dans le sol pour pouvoir y plonger la tête... Mais peut-être qu'il faudrait éviter dans l'espace. Alors que j'allais essayer de répondre comme si de rien était en ignorant totalement sa remarque, une voix s'éleva provenant du cockpit de pilotage :
- Vaisseau sans-cœur en approche ! Attachez-vous bien, ça va swinguer yeaaaah !
Le pilote avait pas trop l'air de savoir ce qu'il faisait. En fait c'était pas très rassurant de ne pas prendre cette situation de danger au sérieux. Le vaisseau trembla puis se mit à gesticuler dans tous les sens. Ross semblait au bout de sa vie, il en avait les larmes aux yeux. Moi, on ne pouvait pas réellement dire que j'étais totalement calme, évidemment que j'étais un peu perturbé d'avoir ma vie entre les mains d'un pilote qui n'avait pas l'air bien sain d'esprit mais non, je ne sanglotais pas pathétiquement comme cette bleusaille le faisait. Le vaisseau se balançait, se retournait, tentant à priori d'esquiver tous les tirs qui nous étaient adressés. Soudainement, quelque chose de bien plus inquiétant se produisit : notre vaisseau se stoppa littéralement, laissant notre ennemi nous dépasser puis le pilote hurla :
- FIRE YOHOHOHOHO !
L'armement assez léger de notre vaisseau fit feu, puis le spectacle que je vis fut à couper le souffle : la première aile du vaisseau sans-cœur prit feu. Il commença à perdre de l'équilibre et à effectuer des mouvements rotatifs un peu telle une toupie. Puis en plein dans son mouvement en vrille, un second tir l'atteint au niveau de son autre aile de façon assez hasardeuse. Le feu se propagea, ne donnant plus à ce vaisseau que l'aspect d'un brasier flottant dans l'espace vide puis une explosion retentit et les débris de ce qu'il en restait s'éparpillèrent en tous sens avant de disparaître totalement dans les ténèbres. Puis enfin, notre vaisseau victorieux le dépassa alors que j'avais toujours les étoiles dans les yeux en observant les quelques restes de la créature disparaître.