Il y a pour certains, des devoirs plus important que d’autre. Pour les uns, il est question de subvenir aux besoins de la famille, d’autres veulent la gloire, la richesse. Pour Bryke, c’est un devoir sacré, lui, qui a été désigné par son clan comme prêtre de Rai, lui, qui as toujours dut rythmer sa vie selon la rigoureuse vie clérical.
En cette soirée, sous une tempête de Mongolie, son devoir avait été bafoué. Brisé par un jeune homme qui avais osé faire appel aux illusions, qui avais osé commettre sacrilège. Dans un duel sacré en l’honneur de Rai, la vérité et la sincérité sont maître. Comment peut-on être sincère lorsque l’illusion et le mensonge nous entoure.
Autant dire qu’en cette soirée, la déception est grande, la colère, l’est encore plus. C’est furieux que le fauve avait quitter son duel, ordonnant d’un geste sec au mongol de le suivre. Ce qui devais être à l’origine qu’une simple mission pour trouver un traducteur, c’était métamorphoser en une situation complexe et intimement lié à sa foi.
Bryke sort de ses pensées, la douleur lui tire dans sa main droite. La dague encore enfoncée dans une mare sanguine. Aveuglé par sa fureur, il en avait presque oublié l’existence. Mais désormais, tandis que le calme et l’adrénaline s’estompe, il ressent de plein fouet l’agent étranger qui s’est logé dans sa paume.
La pluie continue de tomber, encore et encore, comme si Rai lui-même guette les deux individus. Le jeune mongol le suit, tant mieux, c’est un premier pas vers la rédemption.
Le fauve s’assure de conserver une distance respectable avec lui pour le moment, la tension est toujours électrique dans l’air, et le ronso craint qu’il ne se décide à attaquer au moindre moment de faiblesse de sa part.
Bryke a pris la direction de la montagne la plus proche, une certaine distance, les environs mongols se constituant principalement de vastes prairies d’herbes verdoyante. Mais il marchera le temps qu’il faudra, proche du ciel, il doit être proche du ciel pour mener à bien sa mission.
Cela fait bien longtemps qu’il n’a pas eu à le faire, ce rituel de purification que tout ronso doit se soumettre au moindre affront envers Rai. Prêtre-guerrier de son état, c’était à lui d’encadrer les jeunes, et de s’assurer qu’ils performent le rituel correctement. Si on lui avait dit qu’il devrait faire de même avec une créature rosâtre et dénué de poils, il ne l’aurait jamais cru.
Son regard se pose à nouveau derrière lui, le jeune mongol continue de le suivre, le regard ardent, le regard dangereux d’un duelliste insatisfait. Peu lui importe, ce duel est fini, sans gagnant certes, mais fini.
La pluie torrentielle camoufle les odeurs, supprimant les senteurs de lait et de sang, pour les remplacer par celle de l’herbe chaude soudainement humide.
Bien qu’il soit ainsi dépourvu de son odorat, le fauve n’est pas un idiot. Il sait que son départ abrupt et soudain de l’arène ont attisé l’incompréhension et la curiosité. Il sait qu’ils sont très certainement suivis. Tout comme il sait qu’il ne veut voir personne d’autre que lui et le jeune mongol au sommet de cette montagne.
Le ronso change volontairement de chemin, se dirigeant vers le flanc le plus abrupte et compliqué à escalader de la montagne. Il jette régulièrement des regards derrière lui, cherchant à faire comprendre au mongol que malgré la distance, il désire toujours sa présence.
Il le suit ? Bien.
La façade rocheuse est bientôt droit devant eux, mur naturelle et impénétrable, les dominant de sa hauteur.
Le fauve prend appuis sur ses deux pattes arrières, repliant brièvement les genoux, avant de s’élancer d’un super saut vers une des corniches. Il se rattrape de sa main griffue valide, tirant de toute ses forces pour se propulser plus haut. La maison, cela lui rappelle la maison. Son peuple a toujours été de grand grimpeurs, une nécessité lorsque l’ont vie dans les grands sommets de l’Himalaya, dans les pentes du mont Gagazet.
L’escalade n’est pas aussi fluide qu’il l’aurait voulu, son propre poids jouant, de même que sa main blessée par la dague. Mais il réussi à se hisser au sommet de la falaise.
Il regarde à nouveau en bas, vers le mongol, avant de donner un coup de tête sec, l’invitant à le rejoindre.
Voilà qui devrais régler cette histoire de curieux, quand au mongol ? Il a déjà démontré son agilité et sa dextérité, il réussira à grimper, Bryke ne s’en inquiète pas le moins du monde.
Accroupit au sommet, le fauve s’intéresse pour la première fois à la dague dans sa paume. Il grommèle à l’idée de l’arracher, n’ayant sur lui rien pour bander correctement la plaie, il n’a pas vraiment le choix.
Serrant les crocs par anticipation, il vient tirer sur la dague, la délogeant un peu plus à chaque tentative, dans un concert de grognements et de feulement.
Elle fini par la décrocher, laissant couler derrière elle un ruisseau couleur sanguine. Par réflexe, Bryke vient se lécher la plaie béante, sursautant à la décharge de douleurs qu’il subit à chaque contact.
L’idée lui est bien venu d’utiliser la magie de foudre pour cautérisé la plaie, mais outre la douleur qu’il subira à essayer de signer, le mongol risque de prendre ça comme une agression. Et au vu de la tension omniprésente…Il aurait surement attaqué. L’attaquer mm ? Le regard du ronso se pose sur la plaie béante, analysant.
C’est un joli coup, d’une précision redoutable, et nécessitant une adresse étonnante. Aurais-t-il perdu le duel s’il avait continué ? Lui, n’en pense rien, il est un fier représentant du clan ronso après tout, comment pourrait-il perdre dans un duel dédié à son dieu ?
Observant toujours le jeune mongol en bas, il vient doucement tourner la dague dans sa main, présentant le manche devant lui.
Lorsqu’il l’aura rejoint en hauteur, il le lui rendra. Et après une petite pause, ils reprendront la route vers le sommet.