Rites de Pardon Szp8Rites de Pardon 4kdkRites de Pardon 4kdk
Kingdom Hearts RPGConnexion
Kingdom Hearts Rpg
Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

Le Deal du moment :
Cartes Pokémon : la prochaine extension ...
Voir le deal

more_horiz

Il y a pour certains, des devoirs plus important que d’autre. Pour les uns, il est question de subvenir aux besoins de la famille, d’autres veulent la gloire, la richesse. Pour Bryke, c’est un devoir sacré, lui, qui a été désigné par son clan comme prêtre de Rai, lui, qui as toujours dut rythmer sa vie selon la rigoureuse vie clérical.

En cette soirée, sous une tempête de Mongolie, son devoir avait été bafoué. Brisé par un jeune homme qui avais osé faire appel aux illusions, qui avais osé commettre sacrilège. Dans un duel sacré en l’honneur de Rai, la vérité et la sincérité sont maître. Comment peut-on être sincère lorsque l’illusion et le mensonge nous entoure.

Autant dire qu’en cette soirée, la déception est grande, la colère, l’est encore plus. C’est furieux que le fauve avait quitter son duel, ordonnant d’un geste sec au mongol de le suivre. Ce qui devais être à l’origine qu’une simple mission pour trouver un traducteur, c’était métamorphoser en une situation complexe et intimement lié à sa foi.

Bryke sort de ses pensées, la douleur lui tire dans sa main droite. La dague encore enfoncée dans une mare sanguine. Aveuglé par sa fureur, il en avait presque oublié l’existence. Mais désormais, tandis que le calme et l’adrénaline s’estompe, il ressent de plein fouet l’agent étranger qui s’est logé dans sa paume.

La pluie continue de tomber, encore et encore, comme si Rai lui-même guette les deux individus. Le jeune mongol le suit, tant mieux, c’est un premier pas vers la rédemption.

Le fauve s’assure de conserver une distance respectable avec lui pour le moment, la tension est toujours électrique dans l’air, et le ronso craint qu’il ne se décide à attaquer au moindre moment de faiblesse de sa part.

Bryke a pris la direction de la montagne la plus proche, une certaine distance, les environs mongols se constituant principalement de vastes prairies d’herbes verdoyante. Mais il marchera le temps qu’il faudra, proche du ciel, il doit être proche du ciel pour mener à bien sa mission.

Cela fait bien longtemps qu’il n’a pas eu à le faire, ce rituel de purification que tout ronso doit se soumettre au moindre affront envers Rai. Prêtre-guerrier de son état, c’était à lui d’encadrer les jeunes, et de s’assurer qu’ils performent le rituel correctement. Si on lui avait dit qu’il devrait faire de même avec une créature rosâtre et dénué de poils, il ne l’aurait jamais cru.

Son regard se pose à nouveau derrière lui, le jeune mongol continue de le suivre, le regard ardent, le regard dangereux d’un duelliste insatisfait. Peu lui importe, ce duel est fini, sans gagnant certes, mais fini.

La pluie torrentielle camoufle les odeurs, supprimant les senteurs de lait et de sang, pour les remplacer par celle de l’herbe chaude soudainement humide.

Bien qu’il soit ainsi dépourvu de son odorat, le fauve n’est pas un idiot. Il sait que son départ abrupt et soudain de l’arène ont attisé l’incompréhension et la curiosité. Il sait qu’ils sont très certainement suivis. Tout comme il sait qu’il ne veut voir personne d’autre que lui et le jeune mongol au sommet de cette montagne.

Le ronso change volontairement de chemin, se dirigeant vers le flanc le plus abrupte et compliqué à escalader de la montagne. Il jette régulièrement des regards derrière lui, cherchant à faire comprendre au mongol que malgré la distance, il désire toujours sa présence.

Il le suit ? Bien.

La façade rocheuse est bientôt droit devant eux, mur naturelle et impénétrable, les dominant de sa hauteur.

Le fauve prend appuis sur ses deux pattes arrières, repliant brièvement les genoux, avant de s’élancer d’un super saut vers une des corniches. Il se rattrape de sa main griffue valide, tirant de toute ses forces pour se propulser plus haut. La maison, cela lui rappelle la maison. Son peuple a toujours été de grand grimpeurs, une nécessité lorsque l’ont vie dans les grands sommets de l’Himalaya, dans les pentes du mont Gagazet.

L’escalade n’est pas aussi fluide qu’il l’aurait voulu, son propre poids jouant, de même que sa main blessée par la dague. Mais il réussi à se hisser au sommet de la falaise.

Il regarde à nouveau en bas, vers le mongol, avant de donner un coup de tête sec, l’invitant à le rejoindre.

Voilà qui devrais régler cette histoire de curieux, quand au mongol ? Il a déjà démontré son agilité et sa dextérité, il réussira à grimper, Bryke ne s’en inquiète pas le moins du monde.

Accroupit au sommet, le fauve s’intéresse pour la première fois à la dague dans sa paume. Il grommèle à l’idée de l’arracher, n’ayant sur lui rien pour bander correctement la plaie, il n’a pas vraiment le choix.

Serrant les crocs par anticipation, il vient tirer sur la dague, la délogeant un peu plus à chaque tentative, dans un concert de grognements et de feulement.

Elle fini par la décrocher, laissant couler derrière elle un ruisseau couleur sanguine. Par réflexe, Bryke vient se lécher la plaie béante, sursautant à la décharge de douleurs qu’il subit à chaque contact.

L’idée lui est bien venu d’utiliser la magie de foudre pour cautérisé la plaie, mais outre la douleur qu’il subira à essayer de signer, le mongol risque de prendre ça comme une agression. Et au vu de la tension omniprésente…Il aurait surement attaqué. L’attaquer mm ? Le regard du ronso se pose sur la plaie béante, analysant.

C’est un joli coup, d’une précision redoutable, et nécessitant une adresse étonnante. Aurais-t-il perdu le duel s’il avait continué ? Lui, n’en pense rien, il est un fier représentant du clan ronso après tout, comment pourrait-il perdre dans un duel dédié à son dieu ?  

Observant toujours le jeune mongol en bas, il vient doucement tourner la dague dans sa main, présentant le manche devant lui.

Lorsqu’il l’aura rejoint en hauteur, il le lui rendra. Et après une petite pause, ils reprendront la route vers le sommet.
more_horiz
Naran leva les yeux.
C’était comme se prendre un sceau d’eau en pleine figure.

Un véritable mur d’eau cascadait le long de la falaise.
Un fracas croissant, tonitruant, qui tombait dru contre la pierre déjà lissée par cet abus régulier.

Les yeux de la Mercenaire se plissèrent en détaillant le relief écorché.
Balayé par le vent et la boue dégringolante, la végétation déjà rare peinait à se raccrocher à la roche : On apercevait déjà les racines mises à nue, le lichen à demi arraché, le calcaire délavé…
…Au plus haut de la montagne, le ciel de tumulus noir et rugissant n’offrait aucun espoir de répit.

Naran baissa les yeux.
Les deux larges empreintes laissées par le fauve s’étaient déjà remplies de boue.

Quel enfoiré…


Pestant, Naran fini toutefois par s’attaquer à la paroi ruisselante.

Un bond, d’abord. Sa main tendue s’agrippa, aussi fermement que possible, à l’une des failles qui striait la falaise.
Elle frissonna, sentant entre ses doigts l’eau glacé qui filait à même la roche.
Quelque pas à la verticale, et la Mercenaire ramenait ses jambes vers elle, avant de glisser ses doigts de pieds dans l’interstice. Ces derniers avaient été, jusque-là, encore nus et terreux de son trek sauvage : L’eau vint les laver et – surtout – les rafraichir.
Une floppée de juron fleuri vinrent remercier son adversaire à fourrure. Le bain, bien que loin d’être démérité, était gelé.

Sa colère expiée, elle prit une inspiration. Puis un regard vers les hauteurs, dont elle ne tira pas grand-chose de plus qu’une gifle d’eau supplémentaire.
Les jurons cessèrent.

Dents serrées mais avec une aisance pratiquée, la Mercenaire verrouilla ses appuis. C’était un réflexe plus qu’un vrai mouvement : Tendre pieds et mains dans des sens opposés pour se maintenir en place, puis trouver d’où progresser le long de la fissure.
Et, une main après l’autre, Naran commença son ascension.

En temps sec, une telle falaise aurait été un jeu d’enfant. La Mercenaire ne se serait pas encombrée de faille, bondissant simplement d’appuis en appuis…. Mais la pluie rendant toute aspérité plus glissante qu’une boule de graisse sur une selle neuve.
Mieux valait tarder à défier son adversaire, que de s’écraser à terre sur une prise mal calculée.


Etrange calcul, d’ailleurs.
Pourquoi est-ce que le monstre avait quitté l’arène ? Pourquoi l’inviter à grimper sur les sommets, ici et maintenant ?
Une réponse s’imposait, plus que toutes les autres, et réveillait sa rage mieux que toute l’eau glacé du monde.

Une forme de… peur, aussi.
Après toute ces épreuves, ces monstres et ces rituels… Qui était-elle, pour dire que les Esprits ne rôdaient pas tout autour d’eux ?
Qu’allaient-ils dire de sa transgression …

La Mercenaire secoua la tête, en profitant pour essuyer sur son épaule son front ruisselant. Le tonnerre lui rappelait à ses vielles superstitions. Mais, quoiqu’en dise les shamans et leurs effets son et lumière, elle avait bien plus sa place sur cette arène que n’importe lequel des lourdauds qu’elle avait affrontés.
Et, à mesure qu’elle grimpait la montagne, Naran repris ses traits originaux. Par aisance, d’abord – après tout, sa forme naturelle était plus équilibrée qu’un poignard de chasse, et traçait un chemin bien plus rapide à travers la roche.

Quand, finalement, sa main atteint une corniche, la hissant en hauteur, elle rechigna à quitter son corps féminin.
Quitte à défendre son droit au combat, autant le faire sous sa propre forme.

Carrant ses épaules maintenant plus frêles, elle s’accroupi sur l’escarpement, et observa les environs.
De la steppe presque infinie, elle ne voyait qu’une dizaine de mètres en haut et en bas de son abri : Le reste était perdu dans la pluie continue. Plus de trace des hommes du Khan, donc.
D’elle-même, elle pouvait dire davantage.
Ses membres étaient rougis par le froid, mais l’effort l’avait gardé en forme : Même à demie nue et perchée à même la montagne, elle ne sentait pas encore la morsure du froid.
Son équipement, lui, laissait plus à désirer. Vu l’eau torrentielle, ce n’était pas plus mal qu’elle soit si peu chargée, mais déjà le contact de la roche striait sa peau de petites coupures. Elle réajusta les bandes de lin qui retenait sa poitrine, regrettant sa chemise ou son épaulière de cuir. Ou même, au moins, son gant de fauconnerie, qui aurait été une défense de plus face aux griffes du fauve et l’assaut de la pierre…

Peu importe. Le combat saurait révéler un digne vainqueur.
Et Naran comptait bien finir ce duel. Récupérer sa dague, aussi.
Avec le scalp de ce foutu fauve, tant qu’à faire. Fallait bien qu’elle puisse prouver sa victoire, et puisque que le lâche avait quitté l’arène…

C’est avec ces réjouissantes pensées qu’elle grimpa quelques centaines de mètre de plus. Comme souvent, la colère lui donnait des ailes : Naran mis les bouchées double, sautant et se hissant avec un enthousiasme renouvelé.
Ses bras et ses jambes, étiré par une ascension difficile, commençait à l lancer… Mais le sommet était déjà en vue.

A cette vue, ses mains ne brûlaient plus : En un mouvement de balancier, Naran sauta sur une dernière corniche, et se redressa.


Le fauve était là. Il la guettait.
Naran se rapprocha prudemment.

Le manche de sa dague pointait d’entre les griffes du fauve.
Il… semblait vouloir la lui rendre.
Maintenant ?

Deux pas de plus, et elle tendait la main.
Ses yeux étaient fixés sur celui du fauve. Un faux mouvement, et…

Ses doigts, encore cisaillé par son ascension, se refermèrent sur l’arme.
Et la retirèrent sans problème.


Naran recula d’un pas. Détailla, interloqué, l’arme encore sanguinolente.

Plutôt que de se détourner, le monstre avait posé son œil sur elle.
Il n’était pas en garde, ne proposait pas de finir ce qu’ils avaient commencé…
Naran fit face, levant son menton face à cette masse de poil sombre qui, même accroupi, la dominait de plusieurs têtes.
Sa colère ne s’était pas éteinte. Mais elle restait… surprise.

« Alors, trop lâche pour me faire face en arène ? »
Elle avait bien plus à dire. Une infinité d’insultes et provocation, et quelques coups, aussi… Tant de choses qu’elle avait ressassé en escaladant la roche.
Mais c’était une étrange sensation, de fixer la prunelle d’une légende.
« Ou bien est ce que, toi aussi, t’es incapable de combattre une femme… »
Même son ton, loin de la provocation rageuse, devenait mal à l’aise.

Elle avait fait couler son sang. Un sang rouge, comme le sien.
Naran serra la dague contre elle.

« Pourquoi est-ce que tu m’as privé de mon combat ? »
Ah, enfin, la colère revenait. Quelle simplicité, quelle pureté dans cette émotion binaire. Elle n’espérait même pas de réponse : Le fauve ne pouvait que rugir et lui rendre son duel, ou se détourner et l’en priver à nouveau. Son sang bouillonnait à nouveau, elle mordit une dernière remarque -
« Qu’est ce qui te fait croire que je n’ai pas ma place dans cette arène ? »
more_horiz
De toutes les phrases possibles, de toutes les possibilités, neuf sur dix aurait énervé le fauve. Que ce soit par son orgueil, par cette situation dans laquelle il se considère d’une clémence outrageuse au vu de l’hérésie, et pourtant…Deux mots…Deux mots suffirent à effacer la colère par autre chose.

« Toi aussi »

De quoi parle-t-elle donc ? Qu’en as-t-il à faire lui, qu’elle soit une femme ou un homme ? Elle croit que cela pardonne tout ?

Les épais sourcils du ronso se fronce peu à peu, ses pensées virevoltantes. Ce qui était autrefois de la colère dans le regard c’est simplement et sobrement mut en incompréhension.

« Toi aussi »

Une situation répétée ? Ce n’est pas la première fois qu’elle fait ça ? Mais pourquoi.

Certes, elle avait tout l’air d’une combattante redoutable, maintenant plus que jamais. Elle avait démontré d’excellentes aptitudes…Et tout ça, en ayant sa concentration happée par un sortilège d’illusion…Autrement dit, elle n’était pas au maximum de ses capacités.

Est-ce ça la solution ? Ces hommes, par fierté, lui refusent tous ces combats par crainte de la défaite ? De tous, il est bien le moins pertinent à même de les juger pour orgueil, et pourtant, il ne s’en gêne pas.

De cette incompréhension, n’est désormais qu’hésitation.

Que doit-il en penser ? De cette femme, qui par respect pour Rai, qui par amour du rituel, a masqué jusqu’à même ses traits plutôt que de craindre l’abstinence. N’est-ce pas là la preuve même d’un désir, d’une fidélité envers le seigneur de la tempête ? Comment lui, en tant que prêtre-guerrier, peut-il rester insensible à telle demande ?

Le ronso redresse la tête vers le ciel, guettant le moindre éclair. Si tel est le désir du père-tonnerre, qu’il en démontre sa volonté…

…Un éclair traverse le ciel, le tonnerre éclatant dans un somptueux vacarme. Soit.

Se battre à une main…Ne pas pouvoir signer la magie…Sous une pluie battante…

L’hésitation le taraude encore et encore, il aimerait continuer sur la voie qu’il a entamée en l’emmenant vers les sommets. Il aimerait éviter un combat où il démarre ainsi en mauvaise posture.

Mais le devoir…Le devoir sacré est plus que sa fierté, comment pourra-t-il continuer à avancer, à regarder son reflex dans les mouvements de l’eau si ici, maintenant, il refusait d’exercer ceux pourquoi il a toujours été aussi fier.

Il s’accroupit un instant près de la mongole essoufflée, son œil vert-azur se fige sur elle. Un éclair proche se reflète dans l’œil du fauve, sa pupille se rétractant en une fine ligne verticale.

Cette haine dans ces yeux…Depuis combien de temps ces flammes brûlent-t-elle ?

Les traits du ronso demeurent impassible, inexpressif. Mais à l’intérieur, c’est une machine complexe qui laisse les engrenages de ses pensées tourner encore et encore.

C’est au nouveau son du tonnerre qu’il s’arrête enfin sur une décision….

Bryke se redresse de toute sa hauteur, toisant de haut une dernière fois celle qui souhaite tant s’opposer à lui.

Quelques pas dans la terre humide, s’agglutinant autours de ses coussinets à chaque foulée. Il s’éloigne d’elle, dans ce qui ressemble à première vue à un refus…

…Mais il n’en est rien.

Le fauve se retourne immédiatement, jaugeant la distance entre lui et elle.

Son arme est bien au chaud dans son fourreau, pendouillant par la vulgaire corde qui le retient à la ceinture du ronso. Il ne s’en servira pas cette fois-ci.

Sa main droite toujours tremblante sous la douleur de la dague, il vient serrer le poing dans un acte de résolution. Tandis qu’il redresse sa main gauche, paume vers le ciel, griffes en direction de la jeune mongole. Sa posture de combat change, plus arquée, plus bestiale.

Son seul œil valide toujours figé sur elle, le regard sérieux, celui d’un prédateur dangereux qui n’a aucune intention de fuir.
more_horiz
Incompréhensible.
Était-ce de la bêtise ou de l’arrogance ?
Naran serra son poing sur sa dague.

Peut-être quelque chose d’autre. De l’intérêt, un test, un secret… Ou peut-être pas.
« Tu préfères perdre devant Tengr plutôt que devant les miens ? »

Elle avait beau cracher son venin, ses pas prenaient place à l’opposé du fauve.


Le granite ressortait en arrêtes, juste assez affutées pour endolorir ses pieds pourtant habitués.

Ce ne serait pas un problème. Non, alors qu’elle prenait place, Naran considérait plutôt les pierres entassées sur leur droite, les aiguilles qui se dressaient à l’horizon, l’eau qui glissait sur la roche et s’amassait en flaque irrégulière tout autour d’eux.

Le reste n’était que falaises et escarpement. Du vide, utile et dangereux à la fois.

Pas de temple en vue. A peine la marque noircie d’un éclair en contrebas.
Pas de logique, pas d’explication. Juste les mugissements du ciel, et cette garde insolente.
Privée de la clameur de la foule. Privée de la sécurité relative des règles rituelles.
Pourtant, c’était ici que le fauve décidait de se défaire de ses armes.


La Mercenaire ouvrit sa main, laissant sa dague tomber sur la roche.
Elle prit une inspiration, ses yeux maintenant fixé sur le monstre.

« Tu pense avoir plus de chance de me vaincre à main nue ? »

L’acier cliqueta sur le sol.

Aucune réponse. Evidemment.

Si son adversaire avait été humain, elle aurait pu le narguer jusqu’à le faire craquer ; le forcer à briser sa garde, à hurler, à faire une erreur… A répondre à ses foutues questions !!
Mais c’était un monstre des montagnes. Pire, un maitre de la foudre, non, même, un putain de lion humain !

Incapable de parler, obnubilé par….
Par quoi ?
Le monstre avait beau rugir et montrer des crocs, il n’avait pas soif de sang. Même sa blessure ne le concernait qu’à peine ! Certes, sa garde était plus rigide…
Elle l’avait touché, c’était évident. Naran en tira une certaine fierté.

Mais elle n’avait toujours aucune foutre idée de ce qui menait ce félin de deux toises de haut à la combattre. Et, sans ça…  
La Mercenaire fit un pas en avant. Un pas provocateur, sans subtilité si ce n’est gagner du terrain sur les quelques dizaines de mètre qui constituaient leur terrain de jeu.

La carrure de son adversaire se raidit. Prêt à accuser le choc, prêt à contre-attaquer.
Il ne la méprisait plus, c’était certain. Finalement, cette dague avait peut-être prouvé quelque chose…
Surtout, la Mercenaire en était maintenant sûre : le duel avait repris.


Naran déplia sa garde. Enfin, elle était prête à reprendre son corps à corps avec cette montagne encuirassée -
Elle déglutit. Et se posa une question essentielle.
Pourquoi est-ce que, elle, voulait tant ce combat ?

Loin de tout, loin de tous…
Ce combat ne lui rapportera rien si ce n’est une chance de mourir sur les épines de roches alentours… Ou sur les griffes déjà sanglantes du monstre qu’elle affrontait.

Pourtant, ses pieds prenaient appuis. Ses yeux glissaient sur son adversaire, partout et nulle part à la fois.
Pourtant, elle avait grimpé sur ce mont, elle s’était égosillée comme un enfant insolant, réclamait ce droit dont elle avait été privée.

Ah. Oui.

Naran bondit. A sa droite, là où l’acier rouillait sous la pluie torrentielle.
Son pied s’arracha à la roche, cinglant l’air et le déluge de goutte.

L’orgueil.

Le fauve baissait le bras, protégeant ses flancs de sa large épaulière.
Naran frappa. Son tibia sonna contre l’acier.

Aujourd’hui, elle se battait, non pas pour les Mercenaire ni pour quelque machination politique…
Mais par fierté, purement et simplement.



Elle sauta, recula, atterrit quelques mètres plus loin.
Le coup avait porté.
Plus qu’elle ne s’y attendait : Le fauve reculait, grimaçait…
D’un simple coup ?

Décidément, son adversaire faisait tout pour la laisser insatisfaite…

« Sans magie, j’doute que tu puisses me vaincre… » Elle reprit sa garde, sourcils froncés. « Ou Tengr te refuse-t-il ses bénédictions ? »
more_horiz
Non, il n’est pas question de faveurs. Bryke est un prêtre-guerrier honorable, un prêtre-guerrier digne et qui n’a jamais failli à son devoir sacrée. Ce n’est pas Raï qui lui refuse la magie, c’est l’ignoble blessure qui rougit sa paume. Cette blessure, qu’elle-même lui a causé.

C’est dans un geste lent, et presque blasé, que le fauve redresse sa main droite, la laissant pendouiller au niveau de son visage. Il lui montre, la plaie, le handicap, le gouffre.

Les yeux du ronso se plisse, fixant la mongole d’un regard froid. Cela l’amuse ? Non, il peut contempler l’expression figé, photographie d’un instant, la surprise sur le visage de la jeune femme. Ainsi, elle ne s’en était pas rendu compte ? Pff.

Le fauve reprend sa posture de combat, elle voulait son combat, elle l’a. Qu’elle ne s’avise pas de jouer la fine bouche, pas maintenant, pas avec lui.

C’est dans ce désir de lui offrir ce qu’elle veut, qu’il s’élance à nouveau vers la mongole. Prenant de grandes enjambés, soulevant la terre humide à chacune de ses foulées. Il vient plisser les jambes, se préparant à bondir dans son super saut le plus typique.

Un pas, deux pas, trois pas. Bondir haut dans le ciel, frapper de tout son poids. Un pas, deux pas, trois pas. Il saute.

Il sent l’humidité dans l’air, il traverse les gouttes de pluie, cette boule au ventre au niveau de son estomac. Il s’est élancé, tendant les jambes, tendant les bras, essayant de jouir du plus d’inertie possible.

Haut, plus haut, il doit monter le plus haut possible. Un nouvel éclair surgit derrière lui, éclairant sa forme robuste dans un fond de gris et de noir. La gravité fait son office, et il sent déjà l’air s’infiltrer entre sa fourrure, il redescend.

Le ronso vient joindre les pattes arrières, fusant en direction de son adversaire. L’air s’intensifie de plus de plus, il grogne, rugit même.

Le reste de la scène, c’est déroulé comme au ralentit du point de vue du prêtre-guerrier.

Il se voit retomber en direction de la mongole.
Il l’observe avec incrédulité s’écarter d’un pas vif et agile hors de l’impact.
Il sent la prise de sa main contre son mollet.

Et il ressent à nouveau l’air, l’air de sa chute…Non…Le sens est différent.

Il ne tombe plus, il pivote.

Impensable, jamais le ronso n’aurait cru qu’une maîtrise martiale doublé d’une agilité permettrait de rediriger un tel coup. Pas avec sa masse, pas avec son élan, pas avec…Impensable.

Les faits sont pourtant là, le fauve ne regarde plus la terre, mais le ciel. Son dos se dirigeant à un rendez-vous funeste avec le sol. Il sent déjà la boue s’immiscer dans chaque jointure de son armure. Dans chaque parcelle de sa fourrure bleutée.

C’est dans un réflexe qu’il vient se retourner, un geste sec, nerveux, rapide. Un geste ancré dans son code génétique le plus primaire. Retour à l’état animal, elle avait réussi à le faire régresser à un instinct le plus basique.

Le fauve cligne une fois des yeux, puis une deuxième fois. Il a encore du mal à comprendre ce qui vient de se passer.

Pour autant que règne son incompréhension, demeure une certitude.

Ce n’est pas encore fini.
more_horiz
Mais quelle abrutie !!
Son mouvement était millimétré, sa prise impeccable… Elle aurait mis n’importe quel humain à terre.

Mais c’était cet espère de … Bête !

L’imbécile lui avait arraché son triomphe, niant sa gloire.
Puis il lui rendait sa dague sans un putain de mot.
D’une seconde à l’autre, il la foudroyait en l’air, et puis d’une égratignure perdait ses pouvoirs.

Mais si, au moins, il n’y avait pas ce foutu silence !!!

Mais non, le monstre restait grave comme un cadavre…
Silencieux, Indifférent-
Sanguinolent, et si, si, si…
Frustrant !

Rien que la vue de son air laconique, de sa main défaite, de sa résignation pseudo magnanime…
Naran serra le poing.
Elle n’avait qu’une envie, c’était de le passer à tabac.

Le pire, c’est qu’elle n’en était pas loin. Chaque prise, chaque choc, et elle réalisait un peu plus qu’elle avait le dessus. Cela aurait dû être jouissif… Et pourtant, Naran multipliait les erreurs.

Face à l’attaque du fauve, elle avait agi par réflexe. Un mouvement au cordeau, une torsion mainte fois répétée…
Elle avait empoigné, tourné, renversé, avec la violence d’un combattant qui perd patience mais sans se rappeler que les articulations de la bête n’étaient pas celle d’un humain.
Idiot, d’oublier une telle chose, alors que sa fourrure rêche de boue lui glissait entre les mains ; alors que sa stature cachait les nuages orageux ; alors que son œil unique semblait briller à travers la pluie.

La patte du monstre, articulée à l’inverse de celle d’un humain, avait plié sans difficulté. Au lieu de l’immobiliser sur le ventre, elle l’avait envoyé valser sur le dos. Et, en fauve qui se respecte, son adversaire avait atterrit sur ses quatre pattes. Au moins avait-il eu le mérite d’être surpris…

Naran repris sa garde.

Elle lui ferait admettre sa défaite, même s’il avait à cracher quelques crocs avec.

La Mercenaire s’élança, ses pieds éclatant les flaques d’eau accumulées sur le sol inégal. Malgré la pluie ruisselante, elle distinguait la forme de son adversaire qui se redressait face à elle. Il reculait, se préparait à l’impact…

D’un saut, Naran survola le croche patte qu’avait tenté le fauve. Sa forme souple s’immisça dans l’espace de son adversaire, prête à en découdre.
Assez de la prudence !
Ce combat était fini le moment où le monstre était privé de magie.

Ses mains s’étaient tendues en lame, ses mouvements aussi rapides qu’elle pouvait les faire. Esquivant un coup de griffe, Naran senti toutefois son avant-bras s’ouvrir et se gorger de rouge. Son assaut ne faibli pas pour autant : Il lui fallait une preuve, une marque de ce monstre qui refusait de la combattre, or voilà qu’il lui offrait un bracelet vermeil qui fera office de couronne.
De ses doigts tendus, elle vint chercher les articulations : Frappant un à un l’épaule, la hanche, puis le genou d’un coup de pied. Pas besoin de force si on savait où toucher ; Mais l’armure, les poils drus, la boue et ces muscles plus proche d’un tigre que d’un humain la laissait sans repère.

Dans le fracas de la pluie battante, elle n’entendit pas le craquement habituel du cartilage. Pis... Le monstre tenait toujours debout.
more_horiz
« Clac » et son épaule le tire,
« Clac » et une décharge le saisit de haut en bas,
« Clac » et il en a assez.

Chacun des coups de la mongole, lui inflige une douleur comme il n’en a jamais connu auparavant. Il ne comprend pas, oh non, il ne comprend pas. Il n’y a aucune force, les mains de son adversaire ne prennent même pas la forme de poings. Se contentant d’un index et d’un majeur tendu. Alors comment ? Par le nuage noir, comment peux-t-elle lui faire aussi mal ?

Le fauve essaye d’esquiver comme il peut, mais sa vitesse lui fait défaut. Son poids lui fait défaut. Et très vite, il ne peut que se rendre à l’évidence. Il ne tiendra pas longtemps….

Bien sûr, il essaye quelques coups de griffes, par-ci, par-là, mais rien à faire. Elle esquive tous ses coups, tel une anguille se riant de lui. Est-ce pour cela qu’elle est interdite de tournoi ? Pour sa puissance ? Peut-être bien…

« Clac », « Clac », « Clac » « Clac ». Le ronso ne peut retenir le grondement dans sa gorge, la douleur, fichu douleur. C’est dans une nouvelle tentative d’esquive, qu’il voit son salut. Une ouverture ! La mongole a baissé sa garde, dans un moment importun. Une ouverture, une faille, une opportunité. Il doit la saisir !

Son œil unique se plisse sous la concentration, sa gueule s’entrouvre pour laisser un rugissement surgir. Dans sa tête, tout se met en place, le mouvement qu’il devra faire avec ses pattes. La rotation du poignet droit qui lui permettra d’accentuer la blessure. Voilà qui va le faire, voilà qui va enfin lui permettre de renverser la tendance.

Son pied droit s’avance, son pied gauche recule. Sa poitrine tourne doucement en biais face à la mongole. Son regard se fige sur la poitrine découverte, dénué de toute défense. Presque, presque…

Le ronso va pour lever son bras…Et c’est une douleur nouvelle qui l’assaille aussitôt. Il n’y arrive plus, comme si une lame invisible lui avait tranché son membre le plus important. Engourdit, ne répondant plus à rien, n’envoyant plus aucune information si ce n’est une douleur immonde.

L’œil du fauve vient s’écarquiller, autant sous la surprise que sous le déluge nerveux qu’il reçoit.

Non…Non non non ! Il voit déjà la garde de la mongole se remettre en position, lui refusant cette ouverture qu’il avait tant désiré.

« Clac ! » encore un coup, il grogne à nouveau. Ses jambes ne lui répondent plus aussi bien. Encore combien de coups avant qu’il ne soit plus rien ? Qu’un vulgaire animal au sol, incapable de se redresser. Combien de coups encore, avant qu’elle ne réussisse à le désarmer de ses armes les plus primaires ? Assez, assez !

Il ne sera pas un infirme, nageant dans la boue, souillé par une défaite totale ! Il s’y refuse, jamais !

Dans un ultime effort, il vient se désengager d’un dernier bond. La jeune femme ne perd pas de temps, reprenant une posture défensive, l’attendant. Elle ne le poursuit pas, et c’est tout ce qu’il demande.

Bryke maudit son opposante, autant qu’il se maudit lui-même de s’être laissé à ce point ridiculiser devant Raï.

Il se tient encore debout par il ne sait quel miracle, les jambes tremblantes comme s’il n’était plus qu’un vieillard après une longue ascension.

Ses pensées sont confuses, désordonnés. Une part de lui rugit, réclame qu’il fasse taire à jamais cette insolente qui a daigné le mettre dans cet état. Une autre, celle animale, lui réclame de prendre la fuite. De s’éloigner de cette femme qui de toute évidence, est bien plus puissante que lui.

Quant à la dernière part…

Sous la pluie battante, les poils couverts de boue, manquante quelques touffes par-ci, par là. Sous son air d’animal sauvage et mal en point. Le ronso tente de se redresser de toute sa hauteur, toisant la jeune femme.

Il essaye de se montrer fier, droit, honorable. Bien que ses multiples tremblements trahissent la difficulté de l’effort. Même se tenir debout, est une épreuve, il est tombé bien bas.

Peu importe…s’il doit être défait, il conservera sa dignité jusqu’au bout !

Dans un geste lent, et respectueux. Le ronso vient sobrement s’incliner, en tout point similaire au geste qu’il avait lui-même effectué au départ du combat. S’immobilisant dans son acte, attendant réaction de la part de son opposante. Luttant pour éviter de s’effondrer au sol, usant de toute ses forces restantes pour garder l’équilibre.

Il avait voulu emmener cette femme pour un rite de pardon. Il y avait renoncé en entendant ses paroles. Et il lui avait offert son duel en l’honneur de Raï qui de toute évidence, lui avait été refusé par ses paires.

Elle a gagné, Raï est-il satisfait ? Bryke l’espère. Il a rempli son rôle de prêtre-guerrier, et au moins sur ce point, il est satisfait.
more_horiz
Ses bras étaient encore tendus en une garde défensive.
Naran s’attendait à une riposte, un rugissement, peut être même une crise de furie bestiale...

Face à elle, la bête s’inclinait avec la rigidité stricte d’un guerrier Han.


La Mercenaire eut un sourire. Hésitant, presque méfiant.

Difficile de continuer à combattre. Difficile, aussi, d’exposer sa nuque à des griffes pareilles.

La distance entre eux était une certaine mesure de sécurité.
Pour autant, la Mercenaire marqua quelques secondes d’hésitation, jaugeant une dernière fois la carrure massive de la bête.

Il semblait avoir une mesure d’honneur. Plus que beaucoup de Huns, c’était certain.

Même muet, même atrocement rigide... Il lui avait rendu sa dague.
Il ne l’avait pas attaquée alors qu’elle escaladait la montagne.
Il avait relancé leur duel dans les règles.


Finalement, Naran laissa ses bras retomber à ses flancs. Elle prit position face au fauve, et, avec une pointe d’arrogance, lui retourna son salut.

L’eau s'abattit sur sa nuque découverte, ruisselant le long de sa chevelure pour en faire une cascade noire et boueuse.
Aucune griffe ne vint sectionner sa peau pour achever sa révérence.


Et maintenant?

Est ce que le monstre allait admettre sa défaite devant l’assemblée? Ce n’était que justice, puisqu’il l’avait privée de son tournoi. Ou peut être qu’elle obtiendrait, comme dans les légendes, une faveur, un artefact, un voeux... ?

Après l’adrénaline du combat, elle sentait ses tripes s’animer d’une curiosité avide. Ce tournoi l’avait mis face à plus d’une créature légendaire; Il était temps qu’elle obtienne son dû -


THUMP

Elle releva la tête d’un coup, fouettant l’air de sa chevelure crasseuse.

La bête s’était assise sur un rocher. Malgré sa faiblesse apparente, le fauve avait le dos droit d’un bon soldat. Son oeil unique, impassible vert émeraude, était fixé sur elle.

L’orage alentour souligna par à coup sa carcasse raidie, son visage grave, ses griffes encore nacrée de sang. D’un éclair sur l’autre, il semblait tantôt bestial, tantôt shaman, tantôt apparition d’un Panthéon étranger.

Fière de l’avoir défié, orgueilleuse de l’avoir défait, Naran s’avança.
more_horiz
Il peut lire cette pointe d’arrogance sur son visage. Ah...L’audace de la jeunesse...

Le fauve aussi, aurait surement été comme ça si sa vie eu été différente. Il n’avait beau avoir que vingt-une année, il avait vécu. Il avait été forcé de mûrir face aux attentes, contraint de suivre la manière de vivre rigide de son temple. Il n'eut jamais vraiment la place pour la fougue et la jeunesse. Tout son monde n’avait été que sérieux et responsabilités, et en ce sens, en ce moment même, il enviait la mercenaire.

Il se surpris à lui souhaiter de tout cœur la prolongation de son insouciance. Il y aura un moment, pense-t-il, ou le monde se révélera à elle. Ou elle sera abasourdie par sa cruauté et sa froideur. Où les épreuves qu’elle subira n’aura rien des enjeux de ce duel. Et cette audace devra faire place à la maturité, ou elle sera dévorée vivante.

Pense-t-il qu’il y a de l’espoir pour cette femme ? Oui. Oui, le fauve le pense. Elle lui a rendu son salut, elle respecte le silence, et ne se vante pas de sa victoire. Une attitude qui ne déplaît pas au ronso.

L’orage refuse de se taire, grondant, brisant le silence tel un tambour frénétique. Ainsi, Raï ne les as pas quittés. C’est un bon signe, le combat ne lui a pas déplut malgré sa faiblesse insolente.

Bryke voudrait reprendre la route, ce petit contre-temps est certes important pour sa spiritualité, mais il ne l’aidera en aucun cas à remplir sa mission pour Dame Cassandra. Cela fait déjà bien trop longtemps qu’il est parti.

L’œil indemne du ronso se plisse à nouveau, fixant celle qu’il combattait quelques minutes auparavant.

Ses muscles l’insulte d’injures douloureuses, mais il fait fi. Sa main droite se lève, son saignement c’est arrêté, mais la paralysie et la douleur demeure.

Il vient sobrement se désigner lui-même, insistant bien de plusieurs gestes réguliers contre sa poitrine.

Avant de redresser lentement sa main gauche. Il y va doucement, paisiblement. Véritable fléau d’avoir une même attitude pour lancer des sortilèges et converser. Il ne veut pas qu’elle l’interprète comme une attaque.

Il laisse échapper un grognement lourd sous la douleur, et bien malgré lui. Que ce soit la plaie dans sa paume, ou ses muscles estropiés. C’est une véritable bataille de volonté qui se joue dans son esprit.

Il vient signer son propre nom, “Bryke”.

"Bry", les mains liés ensemble, le bout des griffes relevé, les pouces croisés.

"Ke", le petit doigt et le pouce de la main droite replier, les autres doigts tendus. La main gauche fermer en poing, vient frapper contre la paume de la main droite.

Il observe la curiosité de la mongole, un brin de méfiance encore, et toujours cette arrogance étincelante dans son regard. Au moins, ne prend-t-elle pas ces signes comme une attaque.

A son tour, il la pointe d’une griffe. Patient, impassible, attendant.
more_horiz
C’étaient des signes magiques.
Des signes capable d’invoquer l’orage, de déverser la fureur des cieux, de réveiller les dieux.
Pourtant, Naran y fit face sans montrer la moindre crainte... Tout au plus ses poings se crispèrent un bref instant.

Non, plutôt qu’éviter l’impact, elle observait les mains griffues de la bête. Prudemment, elle s'approcha même, de peur de perdre une miette du spectacle sous la pluie battante.

Pas d’éclair, pas d’étincelle pour punir sa curiosité.
Pas de miracle, non plus.


Les gestes, aussi universel qu’une rangée de croc ou qu’un froncement de sourcil, laissaient peu de doute.

Le fauve se présentait.


Son nom était donc… Griffes-Croisées-Puis-Poing-Sur-Une-Main-Mi-Ouverte. Pas des plus aisé à l'oral, mais -

Naran reproduit lentement les signes du monstre ; croisant d'abord ses mains, puis repliant son auriculaire et son pouce gauche avant d'y placer son poing fermé.

- C'était déjà un début de réponse.


Ayant fini ses signes, elle releva les yeux sur la bête. "C'est ton nom ?" Dit elle, plus pour s'assurer ne pas avoir rêvé.

Il avait pointé vers elle. Il attendait une réponse. La Mercenaire réfléchit.


"Narantuyaa." Elle avait fièrement placé sa main sur sa poitrine, et inclina sa tête - un peu.

D'ordinaire, elle n'aurai pas révélé son identité, mais l’instabilité du monstre était peut être liée au fait de la voir transformée. La Mercenaire finit par compromettre: Il aurait son premier prénom, suffisamment commun pour rester anonyme, et peut-être suffisamment honnête pour éviter une autre colère divine.

Pas que Naran en craigne pour sa vie - elle avait prouvé sa supériorité martiale - mais, vu les réactions du fauve, elle redoutait surtout qu’il ne se jette en bas de la montagne plutôt que d’agir en bon perdant. Après tout, la bête avait choisi de la convier à un duel sans témoin, alors qu’il se savait fortement désavantagé… Soit il avait une trop bonne opinion de l’honneur Hun, soit il manquait singulièrement d’instinct de survie.

"Mais je combat sous le nom de Narzan."
Le fauve pourrait vouloir décider de déclarer sa victoire au tournois, après tout. Il serait bon qu'il sache à qui s'adresser, et qui célébrer.


Maintenant présentée, Naran s’approcha d’un autre pas, lent et délibéré.
Face au fauve, suffisamment proche pour distinguer les mèches mouillés de ses poils bleu, elle se mordit la lèvre. La bête le dominait d’une tête au moins, même assis, et son oeil suivait ses mouvement avec une tranquillité féline déconcertante.

Depuis son arrivée, Griffes-Croisées semblait comprendre leur langage. Maintenant qu'il daignait s'exprimer, même si seulement en signes, ils pouvaient converser, et la Mercenaire contenait difficilement ses questions.

Par quoi commencer ? Comment éviter une nouvelle colère de ce monstre si imprévisible ? Et surtout… comment présenter la question de façon à ce que son interlocuteur puisse répondre ?


" Pourquoi m’avoir mener en haut de cette montagne ? ”
C’était, peut être, la question qui la tiraillait le plus. Après tout, il n’y avait rien ici si ce n’est le rugissement du ciel et des rocs épars.

Mais une question si ouverte laissait son interlocuteur désavantagé - à moins que Naran n’ait sous estimé ses capacités de mime.


Embêtée, la Mercenaire se décida finalement à lui proposer quelques réponses, priant intérieurement pour qu’il ne prenne pas ombrage de ses propositions.

“ Est ce un test ? “ Elle devait l’avoir réussi, dans ce cas. A moins que ce ne soit que le début… Naran déglutit, soudain inquiète de voir un dragon descendre du ciel lui enseigner l’humilité.

“ … Un rituel ?” Le fauve était venu à leur festival, il avait prié avec eux, il s’était plié aux exigences traditionnelles… Clairement, il savait quelque chose des dieux Huns. Il avait aussi des connaissance magiques, plus précieuses, plus intrigantes encore.

“ Un honneur, peut être? “ Avait il reconnu son talent dans l’arène, préfèrant “élever” (heh) leur combat … Ca n’expliquait pas la colère évidente dont le fauve avait fait preuve, mais ça donnait un sens à ses égards en lui rendant sa dague.

Son ton se fit plus bas, presque grondant. “Ou était ce - “ son visage s'assombrit. “- une punition ?”
Il devait bien avoir conscience de l’avoir privé de sa gloire, de l’avoir humilié en lui refusant un combat. Punissait t il son mensonge? Son sexe ? Son style de combat ? Son coup à la main, qui l’avait privé de magie ?


Naran omis de proposer une cinquième option. Perchée ainsi au sommet d’une montagne, elle n’était pas plus vulnérable que perdue dans une foule de Huns. Mais, par habitude, son cœur se préparait à l’éventualité que tout ceci n’eut été qu’un piège.
more_horiz
Elle a le mérite de se poser les bonnes questions.

L’œil unique du fauve se plisse légèrement. Il avait craint, l’espace d’un instant. Qu’elle ne soit qu’une barbare sans la moindre réflexion. Bien, excellent même, peut-être y a-t-il un espoir de communication un minimum courtoise.

Sa réponse se contenta d’un silence. Ce silence qui vient si souvent, se glisser entre les deux grondements d’un éclair.

Le ronso prend une inspiration, avant de redresser ses mains.

Soit, il répondra à ses questions. Soit, il s’abaissera à un jeu de mime ridicule pour qu’elle puisse comprendre. Cela l’agace d’avance, autant que cela l’ennuie. Quelle plaie.

Il vient redresser son bras, le tendant en direction de la mongole. Son index griffu se tend, tandis que ses autres doigts se replient. Elle, Narantuyaa, celle qui a menti.

Il ramène sa main vers sa propre poitrine, l’index toujours tendu. Il se désigne, lui, Bryke, prêtre-guerrier de Raï.

Ceci fait, il serre les deux poings, qu’il vient frapper l’un contre l’autre. Leurs passes d’armes, le combat qu’ils ont mené.

Bryke redresse son bras vers le ciel, le désignant. Raï, dieu du ciel et du tonnerre, saint patron du fauve.

Tel un signe, un nouvel éclair pourfend les nuages, illuminant un instant les deux individus.

Mais le ronso n’a pas encore fini sa petite scène. Pointant toujours le ciel, son bras vient se mouvoir en une rotation, changeant sa cible pour la jeune femme. Une fois encore, il la désigne.

L’œil du fauve se plisse à nouveau, la suite de ses mouvements vient toucher le cœur du problème. Son mensonge...

D’un geste bien trop rigide pour sembler théâtrale. Les deux mains griffues viennent s’appuyer sur son visage félin. Il semble essayer de se l’arracher, comme s'il n’était qu’un vulgaire masque sur la tête d’un homme bien trop grand.

Il répète le geste plusieurs fois, se montrant des plus insistant.

Avant de conclure ce qui aurait pu, dans un autre contexte, s’apparenter à un jeu.

Le fauve redresse le bras à nouveau en direction du ciel, le pointant une dernière fois.

Un léger grognement remonte dans sa gorge. Tandis qu’il reprend une position neutre, fixant Narantuyaa.

Il attend...
more_horiz
“...”

Le fauve était capable de communiquer plus de son nom. Il avait même - et c’était le plus surprenant… - un certain talent pour le mime. En d’autre circonstance, Naran aurait rit de la performance… Mais tant sa mine grave que l’environnement grondant invitait à un certain respect.


Les gestes de l’animal pointait à sa métamorphose, c’était quasi certain. Pas si étonnant: Griffes-Croisées avait renoncé à leur match en voyant sa transformation inversée.
Il pointait le ciel avec la référence des croyants: Il était donc bien shaman de Tengr. Et il lui reprochait…

“Je n’ai pas pris cette forme pour le plaisir.”

Pas que, en tout cas.


Elle respira, brièvement. Cracha au sol. Puis adoucit ses traits.

“Le tournoi m’était fermé, autrement. J’ai pourtant toute mes chances... Tu l’a vu toi même, je suis -” elle s’interrompit, suçant un instant ses lèvres battues par la pluie - “ loin d’être incompétente.”

Un silence. Elle ne pu s’empêcher un peu d’orgueil.
“Si tu veux savoir, cette transformation m'handicape plus qu’elle ne m’avantage.”


Naran comptait  s’offrir quelque moment pour jubiler… Mais, plutôt que de scruter augustement les pics qui les entouraient, elle ne put quitter le fauve des yeux.

Toujours droit, toujours aussi raide qu’un soldat.
Leur combat l’avait diminué. La pluie avait fait le reste, aplatissant son pelage et affinant son corps finalement moins imposant que son armure présumait. Mais, même s’il perdait de sa superbe, son poil noirci par l’orage, ajouté à l’éclat singulier de son oeil encore valide, avaient quelque chose de mystique. D’inquiétant.

Inquiétant, peut être, mais plus faible qu’elle.

Il n’empêche, il  y avait peu de gloire à se vanter devant un adversaire déjà défait...
Naran repris donc d’un ton factuel.

“Avec ou sans, j’ai pu te vaincre. Dans les deux cas, devant Tengr lui même.” Ses yeux se levèrent brièvement vers les cieux toujours grondant, plus défiante que dévouée. “Même si le Père Divin voulait me punir, j’ai eu raison de ses épreuves…“


Revenant à Griffes-Croisées, la Mongole sourit fièrement, tentant tant bien que mal d’en imposer face à un monstre qui la dépassait même assis - Et qui, de plus en plus, avait le don de la mettre mal à l’aise.

“Toi, en revanche, tu a fuit notre duel, tu m’a fait grimper sur cette foutue montagne, et tu a anéanti mes chance de gagner le Troisième Tournoi.”

Anéanties ? Peut être pas. Restait à voir: Elle pouvait encore présenter sa tête fraîchement coupé aux shaman, ça serait preuve suffisante…

Naran grogna, inconfortable à l’idée. Qui sait ce qu’attenter à une créature de légende pourrait lui rapporter... Chance, malchance, mise à mort ou triomphe, c’était un pari bien léger.

Peut être même qu’une oreille bleutée suffirait pour remonter sur l’arène...


Ignorant finalement ses dilemmes interne, la Mercenaire croisa les bras devant le fauve, tentant toujours de regarder de haut un monstre qui la dominait largement.

Elle était en position de force. Elle savait le fauve affaibli, contraint, honorable… Et pourtant, elle avait cette désagréable impression d’être plus proche d’une fillette orgueilleuse que d’une fine négociatrice.

“J’aimerai savoir comment tu compte réparer ces écarts.”
more_horiz
Il devrait s’énerver...

Tout dans les dernières phrases de la mongole aurait dut faire bouillir le sang du ronso. Comment ose-t-elle insinuer que c’est lui ? Bryke, prêtre-guerrier de Raï, qui a déshonoré la divinité de la foudre ?

Comment ose-t-elle se plaindre du Rite de pardon qu’ils viennent d’effectuer, en hauteur ?

Comment ose-t-elle seulement envisager que l’acte du fauve, eu été autre chose que bonté ?

Lui, lui qui a monté la montagne pour se rapprocher de Raï. Lui, qui a fait attention à semer les curieux pour qu’elle puisse se battre sans illusion. Et elle lui reproche ? Pourquoi ?

Pour un tournoi ? Pour la vulgaire gloire ? Au lieu de se réjouir de la spiritualité et de ce moment précieux ?

Oui...Il aurait dû s’énerver. Mais le résultat, est pourtant tout autre.

Le fauve l’écoute...Jusqu’à la dernière syllabe.

Ceci fait, il baisse lentement la tête vers le sol, fermant son œil unique.

Puis...Ses épaules sont prises de soubresauts. Tandis qu’un son régulier, et sourd s’échappe de ses babines.

Il rit...Le fauve est en train de rire...

La situation lui semble si aberrante, qu’il a l’impression d’être la victime d’une très mauvaise blague. Et le sérieux apparent de la jeune combattante suffit à lui faire comprendre qu’elle ne plaisante pas le moins du monde.

Il devrait la prendre au sérieux pourtant, après la défaite cuisante qu’elle lui a infligée. Mais rien à faire.

Par ses simples mots, la mongole c’est transformé aux yeux du fauve. Elle n’est plus cette lionne, féroce et sauvage. Elle est devenue une enfant. Une enfant de six ans, qui inspire profondément, et se tord alors qu’elle crie. Tout ça dans l’espoir d’être la plus grande nuisance sonore de la salle, affamé d’un peu d’attention.

Était-ce donc ça ? Ce désir si ardent de gloire, ce désir si ardent d’être dans ce tournois ? Oh, Bryke n’est pas stupide, il pense cerner la femme devant lui. Interdite par son sexe de gloire, interdite d’être le centre d’attention malgré ses talents plus qu’évident pour le combat.

La peur, et le respect ne peuvent plus avoir lieu d’être pour le ronso. Il ne ressent...que de la pitié...

Pire, il a envie de la punir. Elle s'est détournée de la vrai foi, elle s'est détourné de Raï. Dans un tournoi à son honneur, la gloire n’a aucune valeur.

Soit, Bryke sera le bourreau. Il a bien analysé la difficulté de la fillette pour grimper la montagne. Avec son agilité féline, il n’a qu’a faire un grand bon pour descendre à grande vitesse tout en bas, elle n’a aucune chance de le suivre à temps.

Oui, il va lui retirer sa gloire. Qu’elle apprenne l’humilité cette enfant capricieuse. Qu’elle apprenne à respecter le sacrée !

Le ronso se lève d’un grand bond, se laissant retomber sur la bordure de la falaise. Il fixe Naran de son œil unique, le plissant doucement. Et bien que la colère refuse de s’immiscer dans son iris, sa déception elle, est omniprésente.

C’est à ce moment qu’un double éclair vient transpercer les cieux. Le fauve redresse immédiatement la tête vers le ciel.

Ce que beaucoup verraient comme une coïncidence, pour le prêtre-guerrier, réside un signe de la providence.

Raï lui indique son désaccord ? Il refuse qu’il la punisse ? Elle, qui a daigné lui cracher au visage pour un rêve futile ?

Le fauve plisse à nouveau les yeux, fixant le ciel tournoyant. La pluie continue de tomper contre sa fourrure, quelques gouttelettes glissant le long de sa corne.

Il redresse les mains, doucement, signant à l’intention de ce dieu, de cet être à qui il a tant dédié sa vie.

“ -Question- ; -ô Seigneur, Rai-; -Vous- ; -Négation- ; -Vouloir- ; -Ceci-”

Deux éclairs...

Bryke laissa échapper un reniflement, avant d’ouvrir son œil unique. Il baisse lentement la tête, venant à nouveau fixer la jeune mongole.

Est-ce la région qui est particulièrement propice aux orages d’une telle intensité. Où cette jeune femme, est réellement élu de Raï. Il n’en sait rien.

Mais jamais, ô grand jamais, il ne prendra le risque de refuser quoi que ce soit à son dieu.

Le ronso fait quelques pas en direction de la jeune mongole, la toisant de haut.

Sa main intacte vient doucement glisser jusqu’à sa ceinture, tirant sur les lanières de cuir.

Il détache son tambour, celui-là même qu’il a joué devant tout le clan mongol. Un instrument de cuir et de bois, ouvragé selon la tradition ronso. Il le fixe un instant, combien d’années a-t-il passé à en jouer pour honorer Raï. Combien de temps et d’attention il lui a consacré.

Soit...si tel est la volonté de Raï...La petite sotte pourra le prendre, qu’elle ait sa preuve tant désiré.
more_horiz
Naran devait se l’admettre, son premier réflexe, en entendant le fauve rugir… Enfin, rire… Fut de reculer. Reculer, voir fuir.

Puis elle s’était maudite pour cette lâcheté passagère.

Certes, les crocs du monstre avait un reflet particulièrement inquiétant.
Certes, la façon qu’il avait d’ouvrir la gueule et d’exposer les dits crocs n’inspirait rien de bon.
Sans parler du grondement haché et rauque qu’il avait pour rire.

Il n’empêche ! Naran était victorieuse, et dans son droit!
Elle avait repris pieds, raffermissant sa position face à la gueule ouverte du fauve.


Et le rire avait continué. Suffisamment pour que les oreilles de la Mercenaire rougissent, pour qu’elle grimace, pour qu’elle s’avance.

L’animal n’avait peut être pas si bien appris sa leçon…


Et, en effet, Naran pensa d’abord que le fauve voulait reprendre le combat. Son regard, déjà, soudain, hostile et méprisant. Son bond, ses signes, tout un cérémonial qui l’avait mise à vif.

Elle avait repris sa garde, sa méfiance…


Et finalement, Griffes-Croisées s’était approché d’elle. Ses pas étaient lents, mesuré; Sa main valide refermée sur un objet brun.

Elle l’avait laissé approcher, tendue comme un arc.

En temps normal, elle aurait accueilli un tel comportement avec le fil d’un poignard… Mais Naran était curieuse. Avide, même.


Plissant les yeux, elle s’empara de l’objet.
Un tribu ? Un artefact ?

Elle détailla les gravures délicates, les clous de fer aplatis sur les bords.
Caressa le cuir tendre tendu sur une face, le bois ouvragé qui s'arrondissait sur la base.
Traça du bout du doigt les signes inconnus et pourtant vaguement familiers qui en décorait le pourtour.

Un tambour ?

Surement un objet de pouvoir, de culte, un signe -
Milles légendes, contes et mythes lui tournaient en tête, suffisamment pour lui donner le tournis.

Etait-ce la convoitise, ou simplement l’altitude?


Milles questions sur le bords des lèvre, Naran leva les yeux -

Mais le fauve avait disparu.
more_horiz
L’orage ne s'est pas arrêté...

On aurait pu croire. Espérer qu’a l’image d’une grande aventure, le ciel retrouve sa tranquillité dès l’affrontement fini.

Il n’en était rien. Le fauve marche dans la même boue, le poil toujours aussi humide et lourd. Prison de centaines de gouttes d’eaux, prisonnière d’un bleu azur.

Son chemin droit devant. Oui, il n’avait pas perdu de temps, il avait usé de sa grâce féline et de ses capacités pour descendre de la montagne en série de bond, sans aucun bruit.

La jeune fille a l’air du type de nuisance capable de le suivre jusqu’au bout du monde, et il a plus que donner pour elle.

Le ronso redresse la tête vers l’horizon. L’abondant déluge formant un brouillard de gris et de noir, obstruant sa destination.

Qu’importe, il le sent, derrière ce rideau, se trouve ce qu’il cherche. Il va le trouver, ce traducteur, il ne reviendra pas bredouille.

Derrière lui, s’efface les empreintes de ses pattes, la pluie remuant terre et herbe à son rythme.

Il règne une ambiance des plus particulière, le son du tonnerre lointain, les grandes plaines, et la pluie frappant dans un vacarme.

Et bien que la pluie surcharge son poids, il ne peut qu’être bercé par cette douce mélodie. Cette symphonie divine, lié à son dieu, lié à son être.

Derrière lui, la colline, théâtre de son affrontement, disparait dans le mur grisâtre. Elle disparait de sa route, elle, et son occupante. Bryke ne pense pas qu’il la reverra, pour tout dire, il n’en éprouve pas le besoin.

Elle n’est déjà plus qu’un événement parmi tant d’autres, péripétie sur une route bien plus importante. Le fauve ne considère pas de leçon de cette rencontre.

Il a pourtant été défait, il a pourtant été ridiculisé dans ce combat. Mais son esprit est ailleurs, non, il ne cherchera pas à devenir plus fort. Non, il ne voudra pas une revanche. Il a seulement rendu honneur au désir de son dieu, ces désirs personnels n’ont pas leur place dans sa quête divine.

Oui, il n’a aucun regret à avoir, la seule chose qu’il doit faire, c’est regarder devant lui...

...Comme il l’a toujours fait.
more_horiz
Il s’agit de l’impensable ! Depuis maintenant trois générations, nous en discutons… Mais de quoi ?! Est-ce que, réellement, Naran et Bryke (à prononcer Brikay) allait terminer ce rite de pardon ?!

Pour pardonner quoi ? Qu’est-ce qu’un rite ? Est-ce qu’il y a réellement les deux protagoniste dans ce rp ?!

Tant de question qui restait sans réponse… Mais aujourd’hui, je peux vous affirmer que ce texte est terminé !!! Oui ! La raison est simple, j’ai reçu deux mp pour la notation de celui-ci ! Incroyable, ça n’était jamais arrivé. Heureusement que j’ai pas eu la même chose pour le bal, ça aurait fait beaucoup de mp.

Bref, il est l’heure de la notation ! D’ailleurs, j’vais noter post par post, j’ai envie.

- - -

Bryke, le grimpeur de la pampa. Qu’est-ce que j’peux bien dire sur ce post ? Mmmh.

En soit, pas grand-chose.

L’action sont simple et concise, tu ne perds pas dans des descriptions inutile et c’est (selon moi) en adéquation avec la pensée du personnage sur le moment. La totalité du texte se rive sur ce duel, cette trahison à ses traditions et à ce besoin de ce racheter auprès de son dieu. Le texte ne nous donnes rien de plus, rien de moins et c’est ce à quoi nous nous attendons.

Attention, toutefois, il y a des petites fautes d’analogie. Genre :

« Elle fini par la décrocher, laissant couler derrière elle un ruisseau couleur sanguine. »

Ici, j’vois la démarche de ne pas vouloir écrire clairement qu’il s’agit de sang. Utiliser un autre adjectif ou simplement un pronom par analogie. Sauf qu’ici ? Bah, ça ne sert à « rien ». C’est le pronom direct de sang. C’est comme avec écrit directement le mot. Ici, même si c’est la facilité, on devrait écrire « couleur carmin » ou « un ruisseau emprunté au crépuscule » pour avoir l’analogie du rouge lié au sang.

Enfin, j’dis ça simplement parce que j’trouve que ça n’a pas d’intérêt de faire une analogie dans le cas ou tu gars une adjectif ultra-proche.

- - -

Naran ! Ahahaha, quelle joie de te noter en sachant que chacun de mes mots te blessera comme mille coups de poignards !

Bon, j’exagère… A peine…

Ici, j’ai juste un truc à dire. En fait, c’est par rapport à la différence des deux styles. Là où Bryke était beaucoup plus concis, nous avons une avalanche (montagne, avalanche, lol) de détail et une vision autre de voir l’ascension.

Mais ici, dans la vision globale que j’ai eu du rp… C’est Bryke montrant une falaise à grimper pour se débarrasser des indigents avant de continuer l’histoire. Ici ? J’ai déjà l’impression que vous avez grimper la montagne et que le sommet vous offre la vie. Donc, pourquoi j’dis ça ? Car il y a cette différence qui me frappe et je m’en viens à me questionner sur la suite du récit.

Genre, est-ce qu’ils vont encore grimper ou nous allons directement à la bagarre ? Mine de rien, Bryke nous parlait d’abord de grimpette avant de bagarre.

Tout ça pour dire, même si le rp est build-up à deux, faire attention car des détails nous échappes souvent (big up à mon rp avec Ioan qui est la foire aux erreurs de ce genre par ma faute) et qui donne une lecture par un tiers assez compliqué et forçant à des réflexion qui ne sont pas celles recherché par les auteurs.

- - -

Ici, du côté de Bryke, j’vais avoir une petite réflexion.

Et il s’agit justement d’un lien sur les réflexions !

C’est un héritage qui nous vient directement de la lecture, des livres et ainsi de suite. Ce que je veux dire, dans une situation tendue, nous avons toujours le spectre d’émotion du personnage et sa réflexions qui nous est proposé. Comme dans Harry Potter quand il fait face à Voldemort. Et ainsi, nous savons qu’elle récit nous faire et nous attacher au personnage.

Ce qui est donc fait, ici, avec Bryke devant une réflexion de Naran.

Mais au cinéma ? Nous sommes dans l’interprétation. Comme dans Sin City, à l’instant ou Callaghan observe le fils du gouverneur et le jauge. Il y a la réflexion de Callaghan, savoir s’il doit l’arrêter ou non et des conséquences possible. Sauf que la scène fait trois secondes et c’est le jeu d’acteur qui dois nous offrir ce spectre d’émotion.

Du coup, qu’elle est ma réflexion ?

Simplement de savoir si nous avons besoin d’expliquer ou si quelques notes peuvent permettre d’acheminer le schéma de pensée.

Moi, j’ai envie de laisser de la place à l’interprétation parce que j’suis pas un gamin que l’on doit tenir par la main. Et ici ? J’me demande si ça n’avait pas été propice. Surtout avec le féminisme qui a une proportion énorme dans notre société. Du coup, cumulant ses informations, je me demande s’il aurait été possible d’expliquer le début de ton rp dans seulement quelque ligne

Voilà, c’était beaucoup pour pas grand-chose.

- - -

Rien à dire ici ! Outre, j’suis pas sûr que Bryke approche les quatre mètres de haut…

- - -

Pareil, c’est du combat et j’préfère offrir une vision globale plutôt que personnel.

- - -

La même

- - -

Ici, j’me pose une question de rythme.

Dans un sens, ça me semble toujours plus normal qu’une défaite soit souligné par le perdant et non le gagnant. Dans l’idée où il est la personne qui subit. Néanmoins, ce que subit Bryke est un peu oublié dans la douleur.

Je veux dire… Ici ? J’ai un Bryke qui douille sa mère plus que le déroulement du combat. Est-ce que c’est dérangeant ? Non. Mais, juste que je gagne en ressenti et perds en chorégraphie et… Je sais pas… Il me manque un truc.

- - -

Naran elle fait la maligne, ça change du bal ! Héhéhé.

- - -

On parle de mon personnage, j’suis content, bonus.

Autrement, j’ai une réflexion ! Encore. En fait, c’est simplement la question de savoir ce que l’on peut utiliser du texte de son partenaire.

Ici, Bryke parle de l’arrogance de Naran, ce qu’elle souligne dans son post.

Mais, est-ce que Bryke lui-même est capable de l’analyser, de le percevoir dans le contexte et d’y réagir ? Là, c’est juste une question de savoir quoi répondre. Pourquoi ? Parce que, pour moi, tout n’est pas un prendre dans un texte. Et ici ? J’sais pas. J’pense que parler de cette arrogance dans le climat n’est pas vraiment utile. Mais c’est une question de ressenti, j’ai un autre exemple pour illustrer mon propos.

Je suis actuellement en rp avec Huayan en tant qu’Irelia. Dans mon post d’introduction, j’annonce clairement que mon personnage n’aime pas les travaux ou de voir ce chantier pour des raisons X ou Y. Dans le cas d’Irelia, c’est le coeur de sa découverte et c’est une de ses pensées. Toutefois, c’est aussi une porte d’entrée pour le futur comme Irelia insiste dessus. Toutefois, il s’agit de ses propres pensées et jamais elle n’en parle à haute-voix.

Plus tard, l’une des premières questions de Huayan est de savoir si les chantiers n’ont pas déranger Irelia lors de son voyage.

En soit, je le dis et je le sais, c’est un indice laissé par Irelia dans son texte. Pourtant, est-ce qu’il aurait s’agit de la première Question de Huayan si je n’en avais pas parlé ?

Vous voyez où j’veux en venir ? C’est la question de savoir si un élément dans le texte d’un partenaire est pertinent ou non d’être utilisé. Dans le cas de l’arrogance, je ne sais pas. Parce que sa représentation est différente d’une race à l’autre. Et dans le cas des chantiers ? C’est logique que Huayan pose la question comme la ville est en chantier, mais je sais pas si elle aurait été posé si Irelia en avait pas parler.

Ceci n’est pas pour but de critiquer le texte de Huayan, c’est juste l’exemple le plus frais que j’ai en tête. J’peux aussi parler de la connaissance de la carrière de Blitzball de Jecht ou des pensées de Ventus pour Terra qui en devienne logique pour ses interlocuteurs.

- - -

Rien a dire !

- - -

Comme j’le raconte plus haut, j’suis du genre à kiffer l’interprétation plutôt que d’avoir les réponses… Est-ce que j’ai déjà parlé de « Shutter Island » ?

Mmh… Ce n’est pas le sujet…

En fait, ici, j’me demande si l’outil du texte n’aurait été pas plus intéressant dans le cas du dialogue. Dans le sens, Bryke qui fait les gestes sans explications et le partenaire n’a qu’à ce démerder pour comprendre. Outre le quiproquo, c’est la demande d’une plus grand application que j’apprécie.

Donc, voilà. J’glisse l’idée, mais j’sais que tout le monde n’est pas comme moi.

- - -

Ce que j’aime bien dans ce post, et je dois l’avouer, c’est l’égoisme profond dont fait preuve Naran.

Dans ce qu’elle dit, elle comprend que c’est quelqu’un de lié à un dieu.

Pourtant ? Elle reste figé dans l’idée du « Fauve m’ayant fait perdre ma victoire » plutôt que de relier ça de prêt ou de loin au dit dieu. Ça reste surprenant dans le sens où Naran éprouvait cette crainte et, finalement, reste dans cette état d’exigence alors qu’il serait de mise de craindre la colère d’un dieu.

- - -

Un tambours en cadeau…

Dommage que la timeline de Naran ne conduise à rien qu’à perdre celui-ci dans les décombres du Palais des Rêves ! Ah !

- - -

J’le redis, mais offrir un tambour… ? Ah, oui, j’en offre un pour ma fille de cinq ans ! Ahahaha. C’te troll.

- - -

En même temps, c’est chaud de regarder derrière soit !




Bien, comme l’indique les nombreux retours à la ligne que j’viens de faire, nous arrivons à la fin du commentaire !

En soit, j’pense avoir clairement énoncé ce que j’ai aimé et moins aimé dans le texte donc une conclusion n’est pas réellement de mise. Du moins, j’ai pas envie de répéter ce que j’ai déjà dit. Dans l’idée ? Mes critiques étaient plus des pistes et j’invite quiconque à y réfléchir.

Pas spécialement à les appliquer.

Actuellement, j’ai plus besoin à découvrir de nouvelle façon ou d’utiliser nos textes comme outils. Ici, j’ai vu quelques possibilités et je préfère inviter les personnes à y songer plutôt qu’à taire ceci. Autrement, la rencontre était assez sympa et j’aime bien cette conclusion qui invite à ce qu’elle soit la dernière.

Dans certains cas, pas la peine de se croiser à chaque coin de rue !


Ce sera Périlleux pour vous deux : 37 points d’expérience + 320 munnies + 3 PS ! Deux en Défense et un en Vitesse pour Bryke, Un en Force, un en Défense et un en Vitesse pour Narantuyaa !

Naran obtient un tambour, grosse ambiance. Et Bryke ? Il y avait un truc au pied de la falaise, une plus d’aigle ! Sûrement inutile.
more_horiz
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum