Je me suis levée tôt ce matin, comme tous les jours désormais. Je dois rendre ma plaquette de rubrique avant l’impression. Du coup pour être sûre de me lever à l’aurore, j’ai fait déplacer mon carton-appartement provisoire sur une étagère près du soupirail de la cave qui donne sur la rue. Comme ça, si ce n’est pas le soleil et les piaillements matinaux des oiseaux qui me réveillent, ce sont les commerçants qui installent leurs chalands qui s’en chargent !
Je suis tellement ravie. Je peux travailler pour le journal l’Eclaireur tout en essayant d’apporter mon aide à de nombreuses personnes et qui sait, je tomberai peut être sur le filleul qui m’est destiné ainsi. Dans tous les cas, je répands un peu de joie et de bonheur dans les rues et ça, c’est bien !
J’ai été surprise que le directeur m’autorise si vite à publier. Lui qui réclamait des résultats, au final m’a fait confiance avant d’avoir pu obtenir de retour sur mes bons gratuits pour un vœu que j’avais distribué en ville. J’ai eu du mal à retenir mes pirouettes de bonheur lorsqu’il m’a annoncé qu’il acceptait mon offre alors qu’il se rendait enfin compte que je m’étais posé sur sa tête pour me reposer et me faire ramener au journal. Je ne pensais pas qu’il se dirigeait ailleurs pour rencontrer quelqu’un.
J’étais gênée et lui nerveux et surpris quand il s’en est aperçu. Il m’avait à peine annoncé son accord que je partais comme une flèche lumineuse, le laissant avec son rendez-vous secret… Je crois que je ne l’ai même pas remercié ! Il faudra que je lui fasse un petit cadeau.
Une fois les derniers raccords vu avec Théobald l'imprimeur, je dois aller assister Josie à la réception, pour le tri du courrier. Elle a un air pincée comme Madame Muguet ma professeur à l’académie des fées marraines au Pays Imaginaire. Surement à cause de ses lunettes sur le nez, son tailleur et ses cheveux blonds impeccablement coiffés en chignon comme les miens.
Elle me permet de l’aider mais elle ne discute pas, elle a bien vite compris qu’elle ne pouvait pas me comprendre à mon grand regret. Pour elle s’est facile, elle fait ça machinalement, elle m’a donné les consignes et je m’applique à les suivre. Un tas candidature, un tas courrier de fan qui … ma foi, grimpe rapidement, un tas réclamations et un minuscule tas pour les informations potentiellement intéressante. J’aurai pensé la répartition différente mais visiblement, ce n’est pas ainsi que les journalistes trouvent le plus de sujets accrocheurs.
Pour moi par contre, je tire de toutes mes forces sur une enveloppe pour l’ouvrir et la déplacer vers le bon tri. Pendant que je m’occupe d’une seule lettre, la secrétaire en fait bien quinze ! Il faut dire qu’elle lit rapidement de travers sans vraiment y prêter attention… Alors que moi je suis consciencieuse, on ne sait jamais si il n’y a pas une détresse à percevoir entre les lignes ! Et puis… Je suis vite attendrie par les lettres de fan. Surtout celles de Jaina qui comportent bien pour quatre-vingt-dix pourcent de celles que l’on reçoit en tout… Quelle vedette !
D’ailleurs, encore une lettre pour la célèbre miss météo ! Je sourit d’avance en ouvrant le papier bien à plat puis je volète pour me poser dessus. Je parcoure littéralement le courrier, avançant mes pieds au fur et à mesure de ma lecture.
Alors… Mon tendre Amour, mon rayon de Soleil… Oh c’est chou… Ca me gêne un peu de devoir être aussi indiscrète, voilà que mes joues rougissent à la suite du texte mais ça fait partie de mon travail et puis qui sait, un petit coup de pouce pourrait leur être utile.
Ton joli tailleur bleu ciel… tes gestes sensuels qui je le sais me sont destinés…
Je t’ai vu parler et rire avec un autre……… Pourquoi tu t’amuses à me rendre jaloux………………….. Ne me force pas à te faire regretter………………………………………………………… Au fur et à mesure de ma lecture, mon visage pâlit. Je suis mal à l’aise. Il y a visiblement un besoin d’aide urgent mais peut-être moins pour l’auteur que pour le destinataire. Je ne suis pas certaine d’être qualifiée pour ce genre de chose.
Je commence à plier la lettre de façon à pouvoir la transporter plus facilement pour la montrer au responsable de la sécurité ! Mais je suis arrêtée par une enveloppe que me tend la secrétaire.
Un courrier pour la Petite Etoile de l’Eclaireur ! Pour moi ! Je fais des bonds dans les airs en virevoltant de surprise et de joie. J’en oublie complétement le précédent papier qui reste sur le bureau.
Je déplie avec impatience la lettre et la lis rapidement en hochant la tête. J’ai des étoiles dans les yeux tellement je suis émue. Ma première bonne action de fée. Une mère aimante qui demande un don de vigueur pour son enfant. J’en verse presque une larme tellement ça me touche au coeur.
Bien c’est décider ! Je n’ai pas spécialement de mission pour le moment alors je vais en profiter pour voyager ! Je retourne la lettre pour l’adresse du destinataire… Terre des Dragons. J’hoche la tête, bien décidée à m’y rendre.
Ah ! Justement Jaina fait sa rubrique météo dans l’écran télévisé qui est accroché au mur de la réception. Voilà qui me sera utile pour me préparer convenablement.
Attendez……… comment ça moins six degré !!!! Mais je vais me geler les ailes !!
Vite ! Réfléchis ! Ce petit bout de chou à besoin de moi... Je ne peux pas abandonner à la moindre contrariété sinon je ne vais jamais rien accomplir. Une idée, une idée, creuse toi la tête…
Ah ! Mais bien sûr ! Si le courrier vient à moi, le courrier pourra aller à lui !
Je pouffe dans mes mains à l’idée un peu ridicule mais de toute façon je n’ai pas vraiment le choix... Je ne connais absolument pas ce monde des dragons. Alors je vais aller me chercher une petite boite pour fabriquer un colis à l’adresse de cette dame, que je rembourrerai bien comme il faut en coton pour me garder au chaud et je déposerai mon « carrosse » postal dans le courrier du jour au départ. Allez chiche !
Dernière édition par Garance la fée le Ven 23 Nov 2018 - 14:32, édité 3 fois