Le soleil pointait à l’horizon, nappant les flots des caraïbes d’un tapis orangé unique. Après trois jours de mer, le traître ne parvenait toujours pas à se détourner de ce spectacle. Il était assis sur la proue du navire, un pied dans le vide alors que le second était posé sur la figure représentant une femme aux yeux bandés. Le “Never blind” était un bon navire, pour le peu que connaissait Kurt sur les bateaux. Avant de se brûler les lèvres, il jetait la première cigarette de la journée à la mer pour reporter son attention sur le spectacle.
- À croire que je t’ai dans la peau, à te voir partout… Murmurait-il doucement. Encore elle ? Tu nous fatigues. Il levait les yeux au ciel, posant l’arrière de son crâne contre la proue.
Il croisait alors les bras, le regard figé avec une seule question lui trottant dans la tête. Pourquoi avoir accepté ce contrat ? Il devait en avoir assez de l’effervescence dans le port ou encore des rapports venant du fort pirate. Une semaine loin de tout ça lui fera l’effet d’une bouffée d’air frais.
Cypher était en sous-marin depuis bien trop longtemps, sa mission n’aurait jamais dû être aussi longue et il commençait à multiplier la fatigue à conserver ainsi sa couverture.
- Tu es bien la seule personne à agir de la sorte. Lily, encore elle. La houle ne t’effraye pas ou est-ce que cherches à me faire récupérer ma mise ?
- Ça dépend. Il levait la tête, observant la soldate à l’envers. Pourquoi perdre l’effet de surprise, il te suffisait de me pousser et tu aurais ton argent de retour au port.
- Pour le gars ayant forcé le blocus, ce n’est pas très glorieux comme mort. Elle s’appuyait contre la rambarde, fixant le soleil à son tour. Le capitaine vient de me dire que nous arriverons en milieu de journée.
Le traître hochait la tête, se redressait pour grimper sur le pont du navire et s’installer aux côtés de la mercenaire. Silencieux, ils fixaient l’horizon jusqu’à ce qu’elle frappe l’épaule de Kurt.
- Qu’est-ce que tu prévois, pour aujourd’hui ? Demandait-elle, fixant le Turk qui ne détournait pas son regard. Même entraînement, en attendant que nous arrivions.
- Au bout de trois jours, tu n’es pas lassé ?
- Tu sais ce qui nous attend, Kurt. Elle se redressait. Après la claque que nous avons donné à la Shinra, nous devons attendre les représailles et être prêt à les recevoir. Elle pouffait de rire. Ça me fait mal de le dire, mais nous devons te faire confiance sur ce coup.
Il ne bougeait pas, écoutant sans ne rien dire. Fronçant légèrement les sourcils, il laissait une minute passer avant de reprendre la discussion.
- Lily ? Est-ce que je peux te poser une question. Disait-il, d’un ton grave. Une vraie question.
- Vas-y.
- Pourquoi est-ce que tu agissais de cette façon avec moi. Du moins, jusqu’à l’attaque ?
Elle sursautait brièvement, comme prise de panique, avant de baisser le menton et fixer ses mains qu’elle massait lentement. Ensuite, elle soupirait avant de répondre.
- Le Centurio m’a appris une chose, ne jamais faire confiance à personne. Elle ne détournait pas son regard de ses mains. Depuis le premier jour où j’ai décidé de devenir un mercenaire. Elle se retournait alors, fixant Kurt. Alors que toi ? Tu t’écrases dans le port, cinq balles dans le corps et beuglant le nom de Lenore. Les portes du Centurio t’étaient ouverte sans que personne ne puisse broncher.
- Mh… Il restait silencieux, il n’avait pas détourné son regard de l’horizon.
- Alors, oui. Elle se redressait, réprimant difficilement une pointe de colère. Tu étais présent lors de l’attaque des Vikings et tu étais même là pour soigner les premiers blessés, le gars de la Shinra qui reste pour aider les victimes. Elle pouffait de rire. Incroyable ! Comment est-ce qu’une ordure pareille serait-il capable de faire ça !? Lily posait de nouveau ses coudes sur la rambarde. Une semaine et tu étais déjà reconnu comme mercenaire.
Le traître ne disait toujours rien, se contentant de soupirer tout en passant sa main sur sa nuque.
- Ce n’était pas comme si… Elle coupait directement la parole de Kurt, continuant sa phrase à sa place.
- Comme si quoi !? Elle braillait presque. Pas avec moi, s’il te plaît. Le Centurio t’avait déjà accueilli alors qu’aucun de nous ne te faisait confiance. Elle se taisait quelques secondes. Lenore t’avait accepté, alors ? Nous n’avions plus qu’à faire pareil.
- Lily… Il tentait d’être doux. Moi ? Il me fallait un refuge et…
- Et tu l’as eu. Elle le fixait dans les yeux. Sans la moindre difficulté. Elle se détournait. Alors que moi ? Une année entière des pires corvées du Centurio pour me faire accepter. Elle amenait sa tête en arrière, riant à gorge déployé. Qu’est-ce que j’en ai creusé, des tombes ! Oh, non. Tu as déjà dû amener un paquet du port jusqu’au fort ? Non. Tu n’as pas eu cette chance.
- C’est bon, j’ai compris… Il fermait les yeux, se pinçant l’arcade. Désolé.
- Le pire, Kurt. Tu sais de quoi il s’agit ? Elle reprenait une position similaire au début de la discussion. Rien ne nous différencie, si ce n’est la figurante promotion au sein des mercenaires.
Il se retournait, plissant les yeux pour chercher à comprendre ce qu’elle voulait dire. Rapidement, elle comprenait l’incompréhension dans le regard du Turk avant de plonger sa main dans sa chemise pour en ressortir une paire de plaques en métal.
- SOLDAT 3e Classe, Elisabeth Hipkins de la soixante-douzième promotion. Milicien au Palais des Rêves.
- Tout devient clair. Il esquissait un sourire. Ta pose, ta façon d’entretenir ton arme et le reste.
- Oui. Mon escouade est morte le jour où une bête ténébreuse à quitté un transport en provenance de la cité du crépuscule. Elle rangeait alors ses plaques. Tu comprends ? Après ça, j’ai voulu me faire une nouvelle vie et j’ai jamais autant travaillé pour me faire un nom dans la myriade de mercenaires. Alors, de voir le Turk de vaisseau-mère se pointer et jouer de ses charmes pour sa place ? Elle ricanait. À croire que la vie n’est pas si différente pour toi, que ce soit ici ou au vaisseau-mère.
- Un peu, quand même. Il repensait à tout ce qui lui manquait. Et maintenant, qu’est-ce qu’y à changé ?
Elle se relevait alors, posant l’une de ses mains sur la hanche avant de reprendre sur un ton moins hargneux.
- Après le blocus et ton deuxième atterrissage dans le port, j’estime que tu es vraiment des nôtres. Elle dégainait finalement son fusil. Assez arrogant et stupide à la fois. Elle se retournait alors. L’entraînement débute quand ? Après avoir ouvert mon coeur, j’ai envie de presser la détente, ça me calme.
- Séance privée ? Il se redressait à son tour, levant le manche de sa chemise.
- Après cela, c’est tout ce que tu peux m’offrir. Elle haussait les épaules. Alors, je vais m’en contenter.
Le froid parcourait l’avant-bras du tireur jusqu’à ce qu’un glacier de la taille d’une balle se forme au creux de sa main, Lily chargeait son fusil et l’amenait à son épaule pour finalement faire signe. Il hochait la tête avant d’amener son bras en arrière et lancer le sort loin en direction de la mer.
Une détonation, un éclat cristallin.
- Pas mal. Répondait-il. Ce n’était que l’échauffement. Dorénavant, deux projectiles apparaissaient dans sa main. Allons-y. Il relançait une nouvelle fois.
Une détonation et une seconde, le bruit de la chute des glaciers dans l’eau.
- Merde… Elle grimaçait, tirant la culasse du fusil. Le soleil.
- Bien sûr. Il ricanait, créant deux nouveaux glaciers. L’un et puis l’autre, garde les deux yeux ouverts. Il amenait son bras en arrière. Vise le premier et laisse ton regard suivre le parcours du second.
Ils se contentaient de faire cela pendant une heure. Il était inutile de brûler les étapes. Il fallait maîtriser les bases pour avancer, pas l’inverse. L’avantage était que les détonations attiraient un public et que cela ne pouvait que l’aider. La fierté. Entre les railleries des balourds et les encouragements de Kurt, elle parvenait presque systématiquement à enchaîner les deux cibles.
Cela, jusqu’à ce qu’un brouillard ne ce décide de s’annoncer de lui-même. Le tireur ordonnait la fin de l’entraînement d’un geste de la main jusqu’à ce qu’il ne puisse plus voir à moins de deux mètres.
- Nous sommes arrivés. La voix du capitaine perçait le brouillard. À l’avant du bateau ! Prévenez quand une terre sera en vue, histoire de ne pas fendre le navire…
- Enfin. Répondait le Turk, vérifiant que son arme fétiche était présente dans sa poche.
Les grands voiles du navire étaient repliés, l’embarcation avançant à pas d’homme dans le brouillard le plus épais que le traître n’avait jamais vue. Alors que l’ambiance était montée sous l’entraînement de Lily, le changement de décor entretenait un silence de mort.
L’équipage savait pourquoi il était là, Lily et Kurt n’avait d’autres choix que d’accomplir le contrat.
- Une idée ? Murmurait-il, à l’attention de sa partenaire.
- Au port, il parlait de sirène. Répondait-elle. Des conneries. Il donnait un coup de coude à Kurt. Tout le monde sait qu’elles ne sont pas de ce côté des caraïbes.
La brume perçait devant une proue déchiquetée, celle-ci faisait craquer le bois du navire avant qu’il continuait d’avancer. Les deux mercenaires se fixaient, surpris, avant qu’un mat ne soit visible au-dessus de leurs têtes. L’ordre de déposer une chaloupe à la mer venait après, et ils avançaient ensuite à l’aveugle pour trouver la terre de cette île sous la lumière tamisée par le brouillard du “Never blind” disparaissait derrière eux. Rame à la main, le traître avançant pendant que le mercenaire tenait une lanterne haut dans la chaloupe pour espérer voir ce qui les attendait.
Une traversée silencieuse, si ce n’étaient les coups de rame dans les flots. Kurt déployait sa magie, tel un sonar, dans l’idée de trouver quelqu’un ou quelque chose. Il n’y avait rien. Deux êtres perdus dans le brouillard. Le raclement du bois contre le sable, les deux corps basculaient en avant un bref instant alors que Lily annonçait qu’ils étaient à terre.
Les deux comparses posaient le pied-à-terre, l’écume des flots effaçant leurs premières empreintes alors qu’ils avançaient à l’aveugle. Silencieux, le traître marchait à pas feutré, prenant naturellement la tête alors que la mercenaire attrapait son fusil qu’elle bloquait à l’épaule. Le froid. C’est comme si chacun de leurs pas devenait de plus en plus glacial. Un souffle froid franchissait leurs lèvres, il n’osait toujours pas parler.
- Pas de sirène. Murmurait finalement Lily. Il n’y a pas de chant.
- Nous sommes seuls. Répondait Kurt, glissant sa main dans son gilet pour dégainer son pistolet. Pas le moindre…
Il ne terminait pas sa phrase alors qu’une ombre apparaissait dans son radar. Instinctivement, il tournait sa tête dans la direction.
- Nous allons là.
Elle hochait la tête, suivant le pas de Kurt alors que le sable devenait terre. Ils marchaient en silence, la brume s’épaississait encore, le traître avait l’impression que la journée avec les Vikings se reproduisait. Un froid mordant, un air sans son. Il ne serait pas surpris de trouver une hache n’attendant qu’un instant pour le fendre.
La présence qu’il avait ressentie, elle venait de revenir.
- Attends… Il levait sa main, bloquant le marche de la mercenaire. Il y a quelque chose devant nous.
- Quoi ? Demandait-elle, chargeant son arme.
- Nous allons voir… Il ramenant sa main à lui, rangeant son pistolet dans sa veste.
Il soufflait longuement, fermant les yeux avant de joindre ses deux mains. Il imaginait une nouvelle fois le vent. Écartant ses doigts pour créer un globe invisible. Il insufflait suffisamment de magie pour créer un orbe de vent qu’il faisait grossir en écartant ses mains. Il ouvrait de nouveau ses yeux, écrasant alors son sortilège à ses pieds. Un vent puissant se levait, prenant le traître et le mercenaire comme épicentre et écartant la brume pour créer un espace libre des brumes.
- Ouah… S’extasiait la mercenaire, baissant le canon de son arme. Qu’est-ce que c’est ?
- Pas la moindre idée.
Devant eux, l’épave d’un immense navire dont la coque étant fendu contre un rocher. Il était à une centaine de mètres de la mer, pourtant, il reposait ici. Le traître s’avançait, la brume reprenant progressivement ses droits.
À l’endroit où le bateau était éventré, le contenu de ses cales reposait sur le sol.
Une montagne de pièce d’or, de joyaux et bijoux. Ainsi qu’une stèle sur laquelle prônait une étrange statuette. De la présence ? Kurt n’en voyait rien. Cependant, l’attrait de l’or laissait rapidement place à l’horreur de la situation. Des morts, déchiquetés, éventré, sans visage se trouvait devant le butin. Lily venait déjà de s’avancer, et le radar du traître dévoilait la présence qu’il avait perçue plus tôt.
- Lily ! Arrête ! Il hurlait, levant un bras. Trop tard. Elle s’arrêtait net, s’élevant dans les airs comme si une poigne invisible la soulevait. Merde !
- C’est quoi ce… Elle se stoppait, criant alors qu’une plaie naissait et grossissait sur son visage.
Kurt ne perdait plus de temps en réflexion. En un éclair, il plongeait sa main dans sa veste et attrapait son pistolet qu’il dressait devant l’invisible. Il pressait la détente cinq fois, les détonations résonnaient, les balles ne touchaient rien. Sauf que le corps de Lily retombait lourdement au sol. Le mercenaire ne perdait pas de temps, s’écartant d’une roulade avant de se redresser et dégainer.
- Il est où !? Criait-elle. Kurt !
- Pas la moindre foutue idée !
Le sonar du traître se répandait tout autour de lui, divulguant une présence à sa droite. Toujours aussi rapide, il se tournait et faisait de nouveaux feux. Rien. Lily l’observait et faisait la même chose. Le choc des munitions frappant le bois était la seule réponse.
La brume prenait de plus en plus d’ampleur.
- Tu sais refaire ton truc !? Criait-elle, se retournait dans un frisson pour faire feu. Il est où !?
- PAS LA MOINDRE IDÉE !
Les tirs se succédaient, sans la moindre réussite et dorénavant la brume était total. La crainte se lisait dans le regard de Kurt, il était seul. Le brouillard cachait Lily à ses yeux et sa voix venait aussi de se taire. Il répétait son nom, en vain. Elle ne répondait pas où il ne l’entendait pas. Il n’avait plus que son sortilège pour repérer la silhouette ou la mercenaire, cependant, il ne savait pas laquelle correspondait à quoi.
Un murmure caressait ses oreilles, il se retournait et pointait son arme dans le vide.
- Kurt… Il ne reconnaissait pas cette voix. Kuuuurt…
- C’est quoi, ça ?! Hurlait la voix dans sa tête. Dans quoi tu nous à fourré !?
- Qu’est-ce que c’est !?
Aucune réponse. Un vent glacial glissait sur sa nuque. Il se retournait une fois de plus. Toujours rien. Il tirait, ne sachant pas quoi viser.
- Tu n’es pas un homme bon, tu le sais. Il tournait sur lui-même. Traîtrise, meurtre, mensonge. Une sensation remontait le long de son bras. Comment est-ce que tu peux vivre…? Une poigne se resserrait sur son épaule, une douleur violente le prenait comme si ses os allaient se briser. Un paria, un être maléfique. Il tentait, de sa main libre, de chasser la présence. La mort est ta sentence.
- Quoi !? Il se retournait, toujours rien.
La présence qu’il ressentait se serait autour de son bras droit, le comprimant avec rage jusqu’à ce qu’il lâche son arme. Le traître hurlait à la mort. Le regard de celui-ci se glissait pour tenter de découvrir la force qui le tenait. Il n’y avait rien autour de son bras. Cependant ? La force se resterait et son bras se tordait dans un angle improbable.
Il hurlait toujours plus fort, la douleur était insoutenable. Il finissait par lâcher. Un craquement sinistre résonnait aux oreilles du traître, une douleur telle qu’il tombait à genoux. La présence le quittait. Il était immobile et pendait le long de son corps, inerte. Une tache de sang naissait aux pieds de Kurt. Le moindre de ses os semblaient avoir été brisé.
- Une mort lente. La présence revenait sur son épaule, brisant celle-ci dans un nouveau craquement. La mort d’un traître. Il avait les yeux humides, ne parvenant à rien, il pensait distinguer une silhouette au-dessus de lui. Seul, dans un endroit ne pouvait accueillir que les monstres tels que toi.
- Qui êtes-vous…?
Il pleurait, il ne pouvait tenir la douleur, son bras était en feu. Devant ses yeux, une silhouette apparaissait. Une femme à la peau mate et dans une tenue d’or, un masque devant son visage aux contours grossiers.
- Qui êtes-vous…
La présence enlaçait son bras, celui encore valide, le masque s’approchait de son visage.
- Tu ne la mérite pas, ni personne d’autre… Traître… Elle soufflait alors que son bras commençait à se tordre.
- Dégage !!! Le cri de Lily surpassait la douleur, détournant le regard de Kurt et de la silhouette.
Elle débarquait comme une furie, tenant son canon à deux mains et usant de son fusil comme une batte de base-ball pour écraser la crosse sur la silhouette.
La présence s’évanouissait, libérant le traître.
- Tu as été jugé juste ! La silhouette se redressait, levant un bras pour que Lily s’envole une nouvelle fois, amenant ses mains à sa gorge. Tu tiens à partager le destin d’un traître, peut-être ?
- Kurt… Les yeux de la mercenaire devenaient rouges sous la suffocation. Vise la tête…
Sonné sous la douleur, le traître rageait et se tournait sur lui-même pour sentir la crosse d’un fusil dans le creux de sa main. La poignée encore chaude, la gâchette sensible, le cran de sécurité enlevé. En colère, il levait difficilement le canon, alignant sa cible et la mire du fusil de Lily. Il pressait la détente. Le recul faisait lâcher l’arme à Kurt. Il roulait un instant alors que la silhouette masque s’évanouissait dans la brume, faisant ainsi retomber Lily au sol, hoquetant.
- Ce n’est pas terminé… Gémissait Kurt, tentant difficilement de s’asseoir sur le sol, amenant son bras valide pour soutenir l’autre. Il n’y avait rien.
- Quoi !? Elle toussait, difficilement. Si, elle à disparue…
La brume se dissipait lentement, faisant scintiller les pièces d’or, il comprenait.
- Le trésor, la statuette, vite !
Lily se retournait, fixant l’objet annoncé par le traître. Elle comprenait, reconnaissait les traits du masque sur la sculpture. Il aurait juré, de par sa magie, sentir la présence y venir. Cependant, avant qu’il ne fasse quoi que ce soit, la présence le prenait à la gorge et le soulevait lui aussi. Suffoquant, battant des pieds dans le vide, Kurt mourrait lentement alors que la présence l’enveloppait lentement.
La mercenaire restait immobile devant le spectacle, fixant ensuite le sol à la recherche de son arme, elle ne voyait rien à cause du brouillard. Il n’y avait que du sang.
Du sang, et un pistolet.
Comme un diable sortant de sa boite, elle plongeait au sol, attrapant l’arme dans ses mains ! Cependant, une présence l’attrapait aussi au niveau des pieds. Elle glissait au sol, se retrouvant au côté du Turk. La voix résonnait maintenant dans les deux têtes. Lily grimaçait, Kurt tombait lentement dans l’inconscience. Elle avait un bras libre, ainsi qu’un pistolet. La mercenaire se rappelait de l’endroit, elle pensait. D’un geste rapide, elle faisait un long élan avec le pistolet avant de tirer pendant son mouvement.
La balle glissait dans la culasse, déviée à cause du mouvement, elle partait en arc-de-cercle. Une détonation, le fracas de l’argile.
En même temps que les deux corps tombait sur le sol, un cri de mille voix résonnait sur toute l’île. La brume se dissipait. Le soleil perçait l’ombre pour faire briller les pièces d’or, pour éclairer le visage des deux comparses.
- Kurt… Kurt !? Elle se précipitait sur lui, jetant le pistolet pour l’attraper dans les épaules. Ma mise n’est pas encore assez haute, je t’interdis de crever.
- Lâche-moi… Gémissait-il difficilement. Mon épaule…
Lily se rendait vite compte, laissant le traître tomber au sol dans un léger cri de douleur. Elle amenait ses mains à sa bouche, surprise, avant d’enlever sa veste pour la poser sous le crâne de Kurt.
- Idiot. Murmurait-elle dans un demi-sourire, passant ses doigts sur le front brûlant du traître.
- Qu’est-ce qui se passe, ici ?
Le capitaine venait d’arriver, ainsi que quelques membres d’équipage. Alerté par les tirs. Celui-ci fixait le trésor et Kurt à tour de rôle avant de venir à l’aide du Turk. Il était déjà inconscient, terrassé par la douleur.
Il ne se réveillait que trois jours plus tard.
Couché sur un lit, probablement la cabine du capitaine, il reprenait difficilement ses esprits en ayant comme seule sensation la violente douleur au bras. Il criait un bref instant, tournant son regard pour distinguer la mercenaire endormie sur une chaise à ses côtés.
- Lily…? Il murmurait ses paroles, par fatigue plutôt que par choix. Lily ! Elle sursautait, faisant tomber le carnet qu’elle avait en main.
- Enfin, il est debout ! Disait-elle, à moitié vaseuse.
- Tu peux causer, c’est toi qui dormais. Il se retournait difficilement, faisait tomber la couverture sur ses hanches. Qu’est-ce que…?
Elle souriait, ramassant le livre et se tournait légèrement pour montrer ce qu’il y avait derrière elle. La statuette d’argile détruite au niveau de la tête.
- Le journal de bord du navire échoué ainsi que notre juge. Disait-elle, se relevait et jetant le carnet sur le torse du traître. Nous sommes à deux jours du port.
- De… Quoi…? Notre juge ?
- Attends un instant.
Elle revenait s’asseoir, amenant une tasse de thé qu’elle donnait à boire au Turk avant de commencer.
- C’était la “Fleur de Lys”, le navire. Elle croisait les jambes. Du moins, c’est ce que raconte le capitaine du bateau. Un certain Jean Fleury, pirate français ayant réussi à piller l’or de Cortez à son retour de l’Amérique ! Elle avait une certaine joie, elle l’exprimait, du moins. Un trésor aztèque et protéger par un de leur dieu, une connerie du genre. Elle pouffait de rire. Le carnet du capitaine parle d’un juge ayant tué la moitié de son équipage, éliminait les traîtres et assurant un équipage loyal à notre bon Jean.
- Quoi…? Il ne comprenait rien de ce qu’elle disait.
- La version courte ? Kurt hochait la tête. Bien, tu viens de ruiner mon histoire ! Elle rigolait, se calmant légèrement. C’était un trésor maudit, un dieu aztèque était dans la statuette et jugeant les infidèles en les torturant à la hauteur de leur crime. Elle observait le bras du Turk. Jean Fleury avait volé le trésor et perdu son équipage avant de s’écraser sur cette île. Nous ? Nous sommes arrivés à l’instant où le juge répandait sa justice. Elle bombait alors le torse. Avant que sa statuette ne soit brisée et que je te sauve. Elle souriait. Tu m’en dois une.
- Non, pas encore une dette envers un mercenaire. Kurt rigolait à moitié, crispant ensuite le visage sous la douleur.
- Oh que si, mon beau. Lily se relevait. Mais tes leçons m’ont été utiles, nous sommes quitte. Elle quittait alors la cabine. Repose-toi, un médecin t’attendra au port.
Il souriait encore un instant, observant le mercenaire sortir de la pièce avant de détendre son visage. Les yeux parcouraient son bras, fixant ensuite la statuette. Il avait échappé à son jugement, pour l’instant.
Dernière édition par Cypher le Mer 12 Fév 2020 - 15:34, édité 1 fois
Lun 12 Nov 2018 - 23:55
- À croire que je t’ai dans la peau, à te voir partout… Murmurait-il doucement. Encore elle ? Tu nous fatigues. Il levait les yeux au ciel, posant l’arrière de son crâne contre la proue.
Il croisait alors les bras, le regard figé avec une seule question lui trottant dans la tête. Pourquoi avoir accepté ce contrat ? Il devait en avoir assez de l’effervescence dans le port ou encore des rapports venant du fort pirate. Une semaine loin de tout ça lui fera l’effet d’une bouffée d’air frais.
Cypher était en sous-marin depuis bien trop longtemps, sa mission n’aurait jamais dû être aussi longue et il commençait à multiplier la fatigue à conserver ainsi sa couverture.
- Tu es bien la seule personne à agir de la sorte. Lily, encore elle. La houle ne t’effraye pas ou est-ce que cherches à me faire récupérer ma mise ?
- Ça dépend. Il levait la tête, observant la soldate à l’envers. Pourquoi perdre l’effet de surprise, il te suffisait de me pousser et tu aurais ton argent de retour au port.
- Pour le gars ayant forcé le blocus, ce n’est pas très glorieux comme mort. Elle s’appuyait contre la rambarde, fixant le soleil à son tour. Le capitaine vient de me dire que nous arriverons en milieu de journée.
Le traître hochait la tête, se redressait pour grimper sur le pont du navire et s’installer aux côtés de la mercenaire. Silencieux, ils fixaient l’horizon jusqu’à ce qu’elle frappe l’épaule de Kurt.
- Qu’est-ce que tu prévois, pour aujourd’hui ? Demandait-elle, fixant le Turk qui ne détournait pas son regard. Même entraînement, en attendant que nous arrivions.
- Au bout de trois jours, tu n’es pas lassé ?
- Tu sais ce qui nous attend, Kurt. Elle se redressait. Après la claque que nous avons donné à la Shinra, nous devons attendre les représailles et être prêt à les recevoir. Elle pouffait de rire. Ça me fait mal de le dire, mais nous devons te faire confiance sur ce coup.
Il ne bougeait pas, écoutant sans ne rien dire. Fronçant légèrement les sourcils, il laissait une minute passer avant de reprendre la discussion.
- Lily ? Est-ce que je peux te poser une question. Disait-il, d’un ton grave. Une vraie question.
- Vas-y.
- Pourquoi est-ce que tu agissais de cette façon avec moi. Du moins, jusqu’à l’attaque ?
Elle sursautait brièvement, comme prise de panique, avant de baisser le menton et fixer ses mains qu’elle massait lentement. Ensuite, elle soupirait avant de répondre.
- Le Centurio m’a appris une chose, ne jamais faire confiance à personne. Elle ne détournait pas son regard de ses mains. Depuis le premier jour où j’ai décidé de devenir un mercenaire. Elle se retournait alors, fixant Kurt. Alors que toi ? Tu t’écrases dans le port, cinq balles dans le corps et beuglant le nom de Lenore. Les portes du Centurio t’étaient ouverte sans que personne ne puisse broncher.
- Mh… Il restait silencieux, il n’avait pas détourné son regard de l’horizon.
- Alors, oui. Elle se redressait, réprimant difficilement une pointe de colère. Tu étais présent lors de l’attaque des Vikings et tu étais même là pour soigner les premiers blessés, le gars de la Shinra qui reste pour aider les victimes. Elle pouffait de rire. Incroyable ! Comment est-ce qu’une ordure pareille serait-il capable de faire ça !? Lily posait de nouveau ses coudes sur la rambarde. Une semaine et tu étais déjà reconnu comme mercenaire.
Le traître ne disait toujours rien, se contentant de soupirer tout en passant sa main sur sa nuque.
- Ce n’était pas comme si… Elle coupait directement la parole de Kurt, continuant sa phrase à sa place.
- Comme si quoi !? Elle braillait presque. Pas avec moi, s’il te plaît. Le Centurio t’avait déjà accueilli alors qu’aucun de nous ne te faisait confiance. Elle se taisait quelques secondes. Lenore t’avait accepté, alors ? Nous n’avions plus qu’à faire pareil.
- Lily… Il tentait d’être doux. Moi ? Il me fallait un refuge et…
- Et tu l’as eu. Elle le fixait dans les yeux. Sans la moindre difficulté. Elle se détournait. Alors que moi ? Une année entière des pires corvées du Centurio pour me faire accepter. Elle amenait sa tête en arrière, riant à gorge déployé. Qu’est-ce que j’en ai creusé, des tombes ! Oh, non. Tu as déjà dû amener un paquet du port jusqu’au fort ? Non. Tu n’as pas eu cette chance.
- C’est bon, j’ai compris… Il fermait les yeux, se pinçant l’arcade. Désolé.
- Le pire, Kurt. Tu sais de quoi il s’agit ? Elle reprenait une position similaire au début de la discussion. Rien ne nous différencie, si ce n’est la figurante promotion au sein des mercenaires.
Il se retournait, plissant les yeux pour chercher à comprendre ce qu’elle voulait dire. Rapidement, elle comprenait l’incompréhension dans le regard du Turk avant de plonger sa main dans sa chemise pour en ressortir une paire de plaques en métal.
- SOLDAT 3e Classe, Elisabeth Hipkins de la soixante-douzième promotion. Milicien au Palais des Rêves.
- Tout devient clair. Il esquissait un sourire. Ta pose, ta façon d’entretenir ton arme et le reste.
- Oui. Mon escouade est morte le jour où une bête ténébreuse à quitté un transport en provenance de la cité du crépuscule. Elle rangeait alors ses plaques. Tu comprends ? Après ça, j’ai voulu me faire une nouvelle vie et j’ai jamais autant travaillé pour me faire un nom dans la myriade de mercenaires. Alors, de voir le Turk de vaisseau-mère se pointer et jouer de ses charmes pour sa place ? Elle ricanait. À croire que la vie n’est pas si différente pour toi, que ce soit ici ou au vaisseau-mère.
- Un peu, quand même. Il repensait à tout ce qui lui manquait. Et maintenant, qu’est-ce qu’y à changé ?
Elle se relevait alors, posant l’une de ses mains sur la hanche avant de reprendre sur un ton moins hargneux.
- Après le blocus et ton deuxième atterrissage dans le port, j’estime que tu es vraiment des nôtres. Elle dégainait finalement son fusil. Assez arrogant et stupide à la fois. Elle se retournait alors. L’entraînement débute quand ? Après avoir ouvert mon coeur, j’ai envie de presser la détente, ça me calme.
- Séance privée ? Il se redressait à son tour, levant le manche de sa chemise.
- Après cela, c’est tout ce que tu peux m’offrir. Elle haussait les épaules. Alors, je vais m’en contenter.
Le froid parcourait l’avant-bras du tireur jusqu’à ce qu’un glacier de la taille d’une balle se forme au creux de sa main, Lily chargeait son fusil et l’amenait à son épaule pour finalement faire signe. Il hochait la tête avant d’amener son bras en arrière et lancer le sort loin en direction de la mer.
Une détonation, un éclat cristallin.
- Pas mal. Répondait-il. Ce n’était que l’échauffement. Dorénavant, deux projectiles apparaissaient dans sa main. Allons-y. Il relançait une nouvelle fois.
Une détonation et une seconde, le bruit de la chute des glaciers dans l’eau.
- Merde… Elle grimaçait, tirant la culasse du fusil. Le soleil.
- Bien sûr. Il ricanait, créant deux nouveaux glaciers. L’un et puis l’autre, garde les deux yeux ouverts. Il amenait son bras en arrière. Vise le premier et laisse ton regard suivre le parcours du second.
Ils se contentaient de faire cela pendant une heure. Il était inutile de brûler les étapes. Il fallait maîtriser les bases pour avancer, pas l’inverse. L’avantage était que les détonations attiraient un public et que cela ne pouvait que l’aider. La fierté. Entre les railleries des balourds et les encouragements de Kurt, elle parvenait presque systématiquement à enchaîner les deux cibles.
Cela, jusqu’à ce qu’un brouillard ne ce décide de s’annoncer de lui-même. Le tireur ordonnait la fin de l’entraînement d’un geste de la main jusqu’à ce qu’il ne puisse plus voir à moins de deux mètres.
- Nous sommes arrivés. La voix du capitaine perçait le brouillard. À l’avant du bateau ! Prévenez quand une terre sera en vue, histoire de ne pas fendre le navire…
- Enfin. Répondait le Turk, vérifiant que son arme fétiche était présente dans sa poche.
Les grands voiles du navire étaient repliés, l’embarcation avançant à pas d’homme dans le brouillard le plus épais que le traître n’avait jamais vue. Alors que l’ambiance était montée sous l’entraînement de Lily, le changement de décor entretenait un silence de mort.
L’équipage savait pourquoi il était là, Lily et Kurt n’avait d’autres choix que d’accomplir le contrat.
- Une idée ? Murmurait-il, à l’attention de sa partenaire.
- Au port, il parlait de sirène. Répondait-elle. Des conneries. Il donnait un coup de coude à Kurt. Tout le monde sait qu’elles ne sont pas de ce côté des caraïbes.
La brume perçait devant une proue déchiquetée, celle-ci faisait craquer le bois du navire avant qu’il continuait d’avancer. Les deux mercenaires se fixaient, surpris, avant qu’un mat ne soit visible au-dessus de leurs têtes. L’ordre de déposer une chaloupe à la mer venait après, et ils avançaient ensuite à l’aveugle pour trouver la terre de cette île sous la lumière tamisée par le brouillard du “Never blind” disparaissait derrière eux. Rame à la main, le traître avançant pendant que le mercenaire tenait une lanterne haut dans la chaloupe pour espérer voir ce qui les attendait.
Une traversée silencieuse, si ce n’étaient les coups de rame dans les flots. Kurt déployait sa magie, tel un sonar, dans l’idée de trouver quelqu’un ou quelque chose. Il n’y avait rien. Deux êtres perdus dans le brouillard. Le raclement du bois contre le sable, les deux corps basculaient en avant un bref instant alors que Lily annonçait qu’ils étaient à terre.
Les deux comparses posaient le pied-à-terre, l’écume des flots effaçant leurs premières empreintes alors qu’ils avançaient à l’aveugle. Silencieux, le traître marchait à pas feutré, prenant naturellement la tête alors que la mercenaire attrapait son fusil qu’elle bloquait à l’épaule. Le froid. C’est comme si chacun de leurs pas devenait de plus en plus glacial. Un souffle froid franchissait leurs lèvres, il n’osait toujours pas parler.
- Pas de sirène. Murmurait finalement Lily. Il n’y a pas de chant.
- Nous sommes seuls. Répondait Kurt, glissant sa main dans son gilet pour dégainer son pistolet. Pas le moindre…
Il ne terminait pas sa phrase alors qu’une ombre apparaissait dans son radar. Instinctivement, il tournait sa tête dans la direction.
- Nous allons là.
Elle hochait la tête, suivant le pas de Kurt alors que le sable devenait terre. Ils marchaient en silence, la brume s’épaississait encore, le traître avait l’impression que la journée avec les Vikings se reproduisait. Un froid mordant, un air sans son. Il ne serait pas surpris de trouver une hache n’attendant qu’un instant pour le fendre.
La présence qu’il avait ressentie, elle venait de revenir.
- Attends… Il levait sa main, bloquant le marche de la mercenaire. Il y a quelque chose devant nous.
- Quoi ? Demandait-elle, chargeant son arme.
- Nous allons voir… Il ramenant sa main à lui, rangeant son pistolet dans sa veste.
Il soufflait longuement, fermant les yeux avant de joindre ses deux mains. Il imaginait une nouvelle fois le vent. Écartant ses doigts pour créer un globe invisible. Il insufflait suffisamment de magie pour créer un orbe de vent qu’il faisait grossir en écartant ses mains. Il ouvrait de nouveau ses yeux, écrasant alors son sortilège à ses pieds. Un vent puissant se levait, prenant le traître et le mercenaire comme épicentre et écartant la brume pour créer un espace libre des brumes.
- Ouah… S’extasiait la mercenaire, baissant le canon de son arme. Qu’est-ce que c’est ?
- Pas la moindre idée.
Devant eux, l’épave d’un immense navire dont la coque étant fendu contre un rocher. Il était à une centaine de mètres de la mer, pourtant, il reposait ici. Le traître s’avançait, la brume reprenant progressivement ses droits.
À l’endroit où le bateau était éventré, le contenu de ses cales reposait sur le sol.
Une montagne de pièce d’or, de joyaux et bijoux. Ainsi qu’une stèle sur laquelle prônait une étrange statuette. De la présence ? Kurt n’en voyait rien. Cependant, l’attrait de l’or laissait rapidement place à l’horreur de la situation. Des morts, déchiquetés, éventré, sans visage se trouvait devant le butin. Lily venait déjà de s’avancer, et le radar du traître dévoilait la présence qu’il avait perçue plus tôt.
- Lily ! Arrête ! Il hurlait, levant un bras. Trop tard. Elle s’arrêtait net, s’élevant dans les airs comme si une poigne invisible la soulevait. Merde !
- C’est quoi ce… Elle se stoppait, criant alors qu’une plaie naissait et grossissait sur son visage.
Kurt ne perdait plus de temps en réflexion. En un éclair, il plongeait sa main dans sa veste et attrapait son pistolet qu’il dressait devant l’invisible. Il pressait la détente cinq fois, les détonations résonnaient, les balles ne touchaient rien. Sauf que le corps de Lily retombait lourdement au sol. Le mercenaire ne perdait pas de temps, s’écartant d’une roulade avant de se redresser et dégainer.
- Il est où !? Criait-elle. Kurt !
- Pas la moindre foutue idée !
Le sonar du traître se répandait tout autour de lui, divulguant une présence à sa droite. Toujours aussi rapide, il se tournait et faisait de nouveaux feux. Rien. Lily l’observait et faisait la même chose. Le choc des munitions frappant le bois était la seule réponse.
La brume prenait de plus en plus d’ampleur.
- Tu sais refaire ton truc !? Criait-elle, se retournait dans un frisson pour faire feu. Il est où !?
- PAS LA MOINDRE IDÉE !
Les tirs se succédaient, sans la moindre réussite et dorénavant la brume était total. La crainte se lisait dans le regard de Kurt, il était seul. Le brouillard cachait Lily à ses yeux et sa voix venait aussi de se taire. Il répétait son nom, en vain. Elle ne répondait pas où il ne l’entendait pas. Il n’avait plus que son sortilège pour repérer la silhouette ou la mercenaire, cependant, il ne savait pas laquelle correspondait à quoi.
Un murmure caressait ses oreilles, il se retournait et pointait son arme dans le vide.
- Kurt… Il ne reconnaissait pas cette voix. Kuuuurt…
- C’est quoi, ça ?! Hurlait la voix dans sa tête. Dans quoi tu nous à fourré !?
- Qu’est-ce que c’est !?
Aucune réponse. Un vent glacial glissait sur sa nuque. Il se retournait une fois de plus. Toujours rien. Il tirait, ne sachant pas quoi viser.
- Tu n’es pas un homme bon, tu le sais. Il tournait sur lui-même. Traîtrise, meurtre, mensonge. Une sensation remontait le long de son bras. Comment est-ce que tu peux vivre…? Une poigne se resserrait sur son épaule, une douleur violente le prenait comme si ses os allaient se briser. Un paria, un être maléfique. Il tentait, de sa main libre, de chasser la présence. La mort est ta sentence.
- Quoi !? Il se retournait, toujours rien.
La présence qu’il ressentait se serait autour de son bras droit, le comprimant avec rage jusqu’à ce qu’il lâche son arme. Le traître hurlait à la mort. Le regard de celui-ci se glissait pour tenter de découvrir la force qui le tenait. Il n’y avait rien autour de son bras. Cependant ? La force se resterait et son bras se tordait dans un angle improbable.
Il hurlait toujours plus fort, la douleur était insoutenable. Il finissait par lâcher. Un craquement sinistre résonnait aux oreilles du traître, une douleur telle qu’il tombait à genoux. La présence le quittait. Il était immobile et pendait le long de son corps, inerte. Une tache de sang naissait aux pieds de Kurt. Le moindre de ses os semblaient avoir été brisé.
- Une mort lente. La présence revenait sur son épaule, brisant celle-ci dans un nouveau craquement. La mort d’un traître. Il avait les yeux humides, ne parvenant à rien, il pensait distinguer une silhouette au-dessus de lui. Seul, dans un endroit ne pouvait accueillir que les monstres tels que toi.
- Qui êtes-vous…?
Il pleurait, il ne pouvait tenir la douleur, son bras était en feu. Devant ses yeux, une silhouette apparaissait. Une femme à la peau mate et dans une tenue d’or, un masque devant son visage aux contours grossiers.
- Qui êtes-vous…
La présence enlaçait son bras, celui encore valide, le masque s’approchait de son visage.
- Tu ne la mérite pas, ni personne d’autre… Traître… Elle soufflait alors que son bras commençait à se tordre.
- Dégage !!! Le cri de Lily surpassait la douleur, détournant le regard de Kurt et de la silhouette.
Elle débarquait comme une furie, tenant son canon à deux mains et usant de son fusil comme une batte de base-ball pour écraser la crosse sur la silhouette.
La présence s’évanouissait, libérant le traître.
- Tu as été jugé juste ! La silhouette se redressait, levant un bras pour que Lily s’envole une nouvelle fois, amenant ses mains à sa gorge. Tu tiens à partager le destin d’un traître, peut-être ?
- Kurt… Les yeux de la mercenaire devenaient rouges sous la suffocation. Vise la tête…
Sonné sous la douleur, le traître rageait et se tournait sur lui-même pour sentir la crosse d’un fusil dans le creux de sa main. La poignée encore chaude, la gâchette sensible, le cran de sécurité enlevé. En colère, il levait difficilement le canon, alignant sa cible et la mire du fusil de Lily. Il pressait la détente. Le recul faisait lâcher l’arme à Kurt. Il roulait un instant alors que la silhouette masque s’évanouissait dans la brume, faisant ainsi retomber Lily au sol, hoquetant.
- Ce n’est pas terminé… Gémissait Kurt, tentant difficilement de s’asseoir sur le sol, amenant son bras valide pour soutenir l’autre. Il n’y avait rien.
- Quoi !? Elle toussait, difficilement. Si, elle à disparue…
La brume se dissipait lentement, faisant scintiller les pièces d’or, il comprenait.
- Le trésor, la statuette, vite !
Lily se retournait, fixant l’objet annoncé par le traître. Elle comprenait, reconnaissait les traits du masque sur la sculpture. Il aurait juré, de par sa magie, sentir la présence y venir. Cependant, avant qu’il ne fasse quoi que ce soit, la présence le prenait à la gorge et le soulevait lui aussi. Suffoquant, battant des pieds dans le vide, Kurt mourrait lentement alors que la présence l’enveloppait lentement.
La mercenaire restait immobile devant le spectacle, fixant ensuite le sol à la recherche de son arme, elle ne voyait rien à cause du brouillard. Il n’y avait que du sang.
Du sang, et un pistolet.
Comme un diable sortant de sa boite, elle plongeait au sol, attrapant l’arme dans ses mains ! Cependant, une présence l’attrapait aussi au niveau des pieds. Elle glissait au sol, se retrouvant au côté du Turk. La voix résonnait maintenant dans les deux têtes. Lily grimaçait, Kurt tombait lentement dans l’inconscience. Elle avait un bras libre, ainsi qu’un pistolet. La mercenaire se rappelait de l’endroit, elle pensait. D’un geste rapide, elle faisait un long élan avec le pistolet avant de tirer pendant son mouvement.
La balle glissait dans la culasse, déviée à cause du mouvement, elle partait en arc-de-cercle. Une détonation, le fracas de l’argile.
En même temps que les deux corps tombait sur le sol, un cri de mille voix résonnait sur toute l’île. La brume se dissipait. Le soleil perçait l’ombre pour faire briller les pièces d’or, pour éclairer le visage des deux comparses.
- Kurt… Kurt !? Elle se précipitait sur lui, jetant le pistolet pour l’attraper dans les épaules. Ma mise n’est pas encore assez haute, je t’interdis de crever.
- Lâche-moi… Gémissait-il difficilement. Mon épaule…
Lily se rendait vite compte, laissant le traître tomber au sol dans un léger cri de douleur. Elle amenait ses mains à sa bouche, surprise, avant d’enlever sa veste pour la poser sous le crâne de Kurt.
- Idiot. Murmurait-elle dans un demi-sourire, passant ses doigts sur le front brûlant du traître.
- Qu’est-ce qui se passe, ici ?
Le capitaine venait d’arriver, ainsi que quelques membres d’équipage. Alerté par les tirs. Celui-ci fixait le trésor et Kurt à tour de rôle avant de venir à l’aide du Turk. Il était déjà inconscient, terrassé par la douleur.
Il ne se réveillait que trois jours plus tard.
Couché sur un lit, probablement la cabine du capitaine, il reprenait difficilement ses esprits en ayant comme seule sensation la violente douleur au bras. Il criait un bref instant, tournant son regard pour distinguer la mercenaire endormie sur une chaise à ses côtés.
- Lily…? Il murmurait ses paroles, par fatigue plutôt que par choix. Lily ! Elle sursautait, faisant tomber le carnet qu’elle avait en main.
- Enfin, il est debout ! Disait-elle, à moitié vaseuse.
- Tu peux causer, c’est toi qui dormais. Il se retournait difficilement, faisait tomber la couverture sur ses hanches. Qu’est-ce que…?
Elle souriait, ramassant le livre et se tournait légèrement pour montrer ce qu’il y avait derrière elle. La statuette d’argile détruite au niveau de la tête.
- Le journal de bord du navire échoué ainsi que notre juge. Disait-elle, se relevait et jetant le carnet sur le torse du traître. Nous sommes à deux jours du port.
- De… Quoi…? Notre juge ?
- Attends un instant.
Elle revenait s’asseoir, amenant une tasse de thé qu’elle donnait à boire au Turk avant de commencer.
- C’était la “Fleur de Lys”, le navire. Elle croisait les jambes. Du moins, c’est ce que raconte le capitaine du bateau. Un certain Jean Fleury, pirate français ayant réussi à piller l’or de Cortez à son retour de l’Amérique ! Elle avait une certaine joie, elle l’exprimait, du moins. Un trésor aztèque et protéger par un de leur dieu, une connerie du genre. Elle pouffait de rire. Le carnet du capitaine parle d’un juge ayant tué la moitié de son équipage, éliminait les traîtres et assurant un équipage loyal à notre bon Jean.
- Quoi…? Il ne comprenait rien de ce qu’elle disait.
- La version courte ? Kurt hochait la tête. Bien, tu viens de ruiner mon histoire ! Elle rigolait, se calmant légèrement. C’était un trésor maudit, un dieu aztèque était dans la statuette et jugeant les infidèles en les torturant à la hauteur de leur crime. Elle observait le bras du Turk. Jean Fleury avait volé le trésor et perdu son équipage avant de s’écraser sur cette île. Nous ? Nous sommes arrivés à l’instant où le juge répandait sa justice. Elle bombait alors le torse. Avant que sa statuette ne soit brisée et que je te sauve. Elle souriait. Tu m’en dois une.
- Non, pas encore une dette envers un mercenaire. Kurt rigolait à moitié, crispant ensuite le visage sous la douleur.
- Oh que si, mon beau. Lily se relevait. Mais tes leçons m’ont été utiles, nous sommes quitte. Elle quittait alors la cabine. Repose-toi, un médecin t’attendra au port.
Il souriait encore un instant, observant le mercenaire sortir de la pièce avant de détendre son visage. Les yeux parcouraient son bras, fixant ensuite la statuette. Il avait échappé à son jugement, pour l’instant.
Dernière édition par Cypher le Mer 12 Fév 2020 - 15:34, édité 1 fois