« Tu es sûr de ce que tu avances Xupeng ? »
Il me regarde, l’air grave, le souffle court et la voix faible. Ce qu’il vient de m’avouer ne lui plaît guère, car il connaît déjà l’issue du problème.
« Oui, Huayan. » dit-il, confirmant sa version des faits.
En silence, nous quittons le salon pour nous engouffrer dans un couloir du manoir. Il est à mes côtés, et non pas derrière moi. Il cherche à rester à mon avis, pour ne pas me laisser seule dans cette décision.
J’ai demandé, il y a quelques jours, à Xupeng d’interroger nos serviteurs pour savoir si l’un d’entre eux avait pu révéler mon nouveau lieu de résidence et la présence de mon fils. Bien que j’espérai qu’il ne trouve rien, le Destin en a fait autrement. Quelqu’un a parlé.
« Quand a t-elle tout dit aux assassins ?
- Le lendemain de ton accouchement. »
Aucun scrupule.
C’est une affaire grave et difficile à gérer. La Loi impériale est très claire concernant la trahison des serviteurs envers leur maître. Basée sur les philosophies de notre pays, elle est très sévère. Car c’est une remise en question de la hiérarchie, de la piété familiale et du Ciel. Quelque part, c’est vu comme une rébellion contre ce en quoi nous croyons. La punition est volontairement exemplaire.
Bien sûr je suis en colère.
Cette serviteur a trahi ma confiance et en plus de mettre ma vie en danger de mort, elle a aussi mis celle d’un innocent à risque : mon fils. Mon enfant n’a rien à voir avec ce que je fais ou ce que j’ai pu faire. Ce n’est qu’un petit garçon, un bébé. Mon bébé.
Elle mérite la plus horrible des punitions.
Nous arrivons dans une salle. L’informatrice est pliée au sol, elle se prosterne devant nous. Francis la gardait le temps que nous arrivions. Des gardes se tiennent aussi dans le couloir, attendant les ordres.
Francis a l’air étonné de voir nos mines sombres avec Xupeng.
« Pourquoi avoir fait ça ? T’ai-je mal traité ? » dis-je, cherchant à comprendre le raisonnement qui l’a poussé à faire ça.
« S’il vous plaît, Madame… Epargnez-moi, seulement… Bannissez moi, je quitterai la ville et…
- Répond. Pourquoi ? Pour l’or ? Pour de vaines promesses ?
- L’argent… Beaucoup d’argent.
- Idiote… »
Je jette un regard vers Xupeng, il a un léger sourire nerveux. C’est vraiment ridicule. Être assez cupide au point de trahir ses maîtres. Elle sait ce qui l’attend, c’est la peur qui lui fait prendre cette posture pathétique, pas les regrets.
« L’argent est une chose que l’on peut gagner. La vie est une chose que l’on ne peut que perdre. Tu connais la Loi.
- Madame… Je vous en supplie, non !
- Je t’aurai épargné s’il ne s’agissait que de moi. Mais tu as vendu l’existence de mon fils innocent et tu as mis en danger des personnes qui me sont chers dans cette maison. Je ne peux te pardonner, je n’en ai pas la force.
- Madame, non ! »
Deux gardes viennent la maintenir au sol, tandis que je lui tourne le dos. Je ne veux pas voir cela. Xupeng fait comme moi tandis que Francis attend les ordres.
« Rouge écarlate*, que cela serve de leçon pour tous. » soufflé-je.
« Madame, pitié ! Non ! » crie t-elle.
Un troisième garde arrive avec un large bâton de bois. Il me regarde, demandant la confirmation de l’exécution. J’hoche la tête lentement et ajoute.
« Jusqu’à ce que mort s’en suive. »
Elle est emportée dans une autre salle, plus loin, par les trois hommes recrutés par l’eunuque. Francis reste avec nous, regardant la demoiselle partir.
« J’aurai bien voulu le faire à sa place.
- Il y a déjà beaucoup trop de sang qui coule entre nos mains ces jours-ci Francis.
- Très bien. »
Les cris commencent à se faire entendre. La voix de la servante traîtresse n’a pas été obstruée. Pas encore tout du moins. Je ferme les yeux, tâchant de ne pas m’imaginer la scène.
« Xupeng, demain tu renverras tous nos serviteurs chez eux. Nous n’en aurons plus besoin, les serviteurs impériaux qui me sont envoyés grâce à mon nouveau titre devraient être plus respectueux des lois de l’Empire.
- Ce sera fait. »
Je les laisse discuter entre eux. Poussée par un je-ne-sais-quoi, je vais voir mon fils. Je renvoie la sage-femme pour un moment et je le berce dans mes bras. Il me regarde avec ses grands yeux. Il tend la main vers moi, pour toucher ma peau. Il est mignon. Il sera redoutable plus tard pour faire tourner la tête des demoiselles.
Je me prends à sourire, sincèrement. Ce petit être a le pouvoir de me faire oublier tout le reste. Quand je suis avec lui, il n’y a pas de souffrance, de sang ou de larmes. Seulement de la joie. Une joie simple, pour des moments éphémères, et pourtant cela réchauffe suffisamment mon cœur pour continuer d’avancer.
Je ne me bats plus uniquement pour mon mari, je me bats pour lui aussi désormais. Il a l’air confortable dans mes bras. Il ferme lentement ses grands yeux tandis que je le berce.
Il a les yeux de son père.
Il me regarde, l’air grave, le souffle court et la voix faible. Ce qu’il vient de m’avouer ne lui plaît guère, car il connaît déjà l’issue du problème.
« Oui, Huayan. » dit-il, confirmant sa version des faits.
En silence, nous quittons le salon pour nous engouffrer dans un couloir du manoir. Il est à mes côtés, et non pas derrière moi. Il cherche à rester à mon avis, pour ne pas me laisser seule dans cette décision.
J’ai demandé, il y a quelques jours, à Xupeng d’interroger nos serviteurs pour savoir si l’un d’entre eux avait pu révéler mon nouveau lieu de résidence et la présence de mon fils. Bien que j’espérai qu’il ne trouve rien, le Destin en a fait autrement. Quelqu’un a parlé.
« Quand a t-elle tout dit aux assassins ?
- Le lendemain de ton accouchement. »
Aucun scrupule.
C’est une affaire grave et difficile à gérer. La Loi impériale est très claire concernant la trahison des serviteurs envers leur maître. Basée sur les philosophies de notre pays, elle est très sévère. Car c’est une remise en question de la hiérarchie, de la piété familiale et du Ciel. Quelque part, c’est vu comme une rébellion contre ce en quoi nous croyons. La punition est volontairement exemplaire.
Bien sûr je suis en colère.
Cette serviteur a trahi ma confiance et en plus de mettre ma vie en danger de mort, elle a aussi mis celle d’un innocent à risque : mon fils. Mon enfant n’a rien à voir avec ce que je fais ou ce que j’ai pu faire. Ce n’est qu’un petit garçon, un bébé. Mon bébé.
Elle mérite la plus horrible des punitions.
Nous arrivons dans une salle. L’informatrice est pliée au sol, elle se prosterne devant nous. Francis la gardait le temps que nous arrivions. Des gardes se tiennent aussi dans le couloir, attendant les ordres.
Francis a l’air étonné de voir nos mines sombres avec Xupeng.
« Pourquoi avoir fait ça ? T’ai-je mal traité ? » dis-je, cherchant à comprendre le raisonnement qui l’a poussé à faire ça.
« S’il vous plaît, Madame… Epargnez-moi, seulement… Bannissez moi, je quitterai la ville et…
- Répond. Pourquoi ? Pour l’or ? Pour de vaines promesses ?
- L’argent… Beaucoup d’argent.
- Idiote… »
Je jette un regard vers Xupeng, il a un léger sourire nerveux. C’est vraiment ridicule. Être assez cupide au point de trahir ses maîtres. Elle sait ce qui l’attend, c’est la peur qui lui fait prendre cette posture pathétique, pas les regrets.
« L’argent est une chose que l’on peut gagner. La vie est une chose que l’on ne peut que perdre. Tu connais la Loi.
- Madame… Je vous en supplie, non !
- Je t’aurai épargné s’il ne s’agissait que de moi. Mais tu as vendu l’existence de mon fils innocent et tu as mis en danger des personnes qui me sont chers dans cette maison. Je ne peux te pardonner, je n’en ai pas la force.
- Madame, non ! »
Deux gardes viennent la maintenir au sol, tandis que je lui tourne le dos. Je ne veux pas voir cela. Xupeng fait comme moi tandis que Francis attend les ordres.
« Rouge écarlate*, que cela serve de leçon pour tous. » soufflé-je.
« Madame, pitié ! Non ! » crie t-elle.
Un troisième garde arrive avec un large bâton de bois. Il me regarde, demandant la confirmation de l’exécution. J’hoche la tête lentement et ajoute.
« Jusqu’à ce que mort s’en suive. »
Elle est emportée dans une autre salle, plus loin, par les trois hommes recrutés par l’eunuque. Francis reste avec nous, regardant la demoiselle partir.
« J’aurai bien voulu le faire à sa place.
- Il y a déjà beaucoup trop de sang qui coule entre nos mains ces jours-ci Francis.
- Très bien. »
Les cris commencent à se faire entendre. La voix de la servante traîtresse n’a pas été obstruée. Pas encore tout du moins. Je ferme les yeux, tâchant de ne pas m’imaginer la scène.
« Xupeng, demain tu renverras tous nos serviteurs chez eux. Nous n’en aurons plus besoin, les serviteurs impériaux qui me sont envoyés grâce à mon nouveau titre devraient être plus respectueux des lois de l’Empire.
- Ce sera fait. »
Je les laisse discuter entre eux. Poussée par un je-ne-sais-quoi, je vais voir mon fils. Je renvoie la sage-femme pour un moment et je le berce dans mes bras. Il me regarde avec ses grands yeux. Il tend la main vers moi, pour toucher ma peau. Il est mignon. Il sera redoutable plus tard pour faire tourner la tête des demoiselles.
Je me prends à sourire, sincèrement. Ce petit être a le pouvoir de me faire oublier tout le reste. Quand je suis avec lui, il n’y a pas de souffrance, de sang ou de larmes. Seulement de la joie. Une joie simple, pour des moments éphémères, et pourtant cela réchauffe suffisamment mon cœur pour continuer d’avancer.
Je ne me bats plus uniquement pour mon mari, je me bats pour lui aussi désormais. Il a l’air confortable dans mes bras. Il ferme lentement ses grands yeux tandis que je le berce.
Il a les yeux de son père.
Spoiler :
Rouge Ecarlate : Punition datant de la Chine Impériale. On frappait le ou la condamné avec des bâtons de bois ou de bamboos. Plusieurs niveaux étaient possibles : donner un certain nombre de coups sans conséquences futures, frapper jusqu'à paralysie d'une ou plusieurs parties du corps, frapper jusqu'au sang ( d'où le nom de rouge écarlate ), ou battre jusqu'à la mort. C'était une punition très utilisée historiquement au sein de la Cour, les femmes de l'Empereur ne ratant jamais une occasion d'éliminer les concubines de rang inférieur qui pourraient menacer leur statut.