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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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« A quoi penses-tu Huayan ? »

La voix de Xupeng me tire de ma réflexion. Je pense à beaucoup de choses, mais ce matin, je crois me concentrer avant tout sur cette missive que nous avons reçu du Gouverneur de la ville. De manière très évasive, il mentionne une affaire dont il aimerait que je me charge pour lui. Manifestement, ce n’est pas une main courante dans la mesure où il n’irait pas chercher un civil pour cela, d’autant plus que je suis une femme.

Quelque chose se trame donc, mais quoi ? C’est toute la question.

Ayant été éloignée de la ville et de ses politiques pendant longtemps, je ne suis pas nécessairement très bien informée de ce qu’il s’y passe. Xupeng peut compenser ce manque mais je ne l’avais pas vraiment affecté à cette tâche… Et bien il ne l’a pas fait, il s’est concentré sur Noah, et c’est bien ainsi.

Chengdu a toujours été une ville paisible. Et ce depuis des siècles. Peu de guerres se jouent dans cette partie de l’Empire et les Huns sont toujours de l’autre côté de la Muraille, peu de chances que quiconque vienne troubler notre quiétude montagnarde. Donc s’il y a agitation, c’est en son sein.


« Rien. Je pensai à la missive du Gouverneur. Je suis un peu surprise d’entendre parler de lui si tôt. Je n’ai même pas encore commencé ma campagne.
- C’est peut-être une affaire très simple ou un besoin de conseils. Il sait que vous avez voyagé, il doit porter votre expérience en estime.
- Peut-être. »

Nous continuons à prendre le thé, calmement.

« Tu m’as parlé de m’affecter à une nouvelle mission après l’éducation de Noah. Qu’est-ce que c’est ?
- Tu as attendu jusqu’ici, je peux te le dire à présent. »

Je repose ma tasse, il m’imite. Je prends un ton et une posture plus sérieuse pour lui montrer que nous reprenons nos anciennes habitudes, lorsque Haojun a disparu et qu’il a fallu s’organiser pour survivre. Ce qui veut dire qu’il y a ce besoin de sévir à nouveau.

« Haojun va tout tenter pour quitter la Shin-Ra. Nous devons donc nous préparer à une nouvelle vie, pour notre fils. Nous devons lui assurer un avenir et à nous autres une position respectable, pour nous protéger d’éventuelles représailles. Nous ne souhaitons pas provoquer la colère de Rufus ou de ses larbins, mais il faut prendre en compte le fait qu’il sera plus difficile de nous atteindre si nous sommes anoblis un peu plus.
- Je comprends. Je suis prêt à vous aider, comme toujours. Je veux que vous sortiez de tout ça. Notre monde est si beau, nous devons en profiter, ici. Ensemble.
- C’est vrai. Mais il va falloir travailler pour ça. »

Je regarde les jardins sur ma droite, le soleil commence à être haut, la matinée va bientôt se terminer, je dois me rendre au palais du gouvernement.

« En parlant de travail, je vais partir immédiatement pour mon rendez-vous. Je suis curieuse de voir ce qu’il en est. »

Sans plus de cérémonies, je vais mettre des vêtements présentables. Je ne sors pas les affaires d’apparat, ce n’est pas une convocation officielle, ce qui veut dire que notre rencontre ne doit pas attirer l’attention outre mesure.

Non loin du Temple de Laozi, se dresse le palais du gouverneur. Bien moins imposant que celui de la capitale, cela est bien entendu évident. Notre ville bénéficie d’une économie forte, soutenue par l’agriculture et l’artisanat, ce qui fait que nous ne sommes pas les plus miséreux de la Terre des Dragons. Le bureau du Zhouzhang est richement décoré de l’extérieur mais laisse place à une modestie décorative à l’intérieur. On sent que c’est un endroit fait pour travailler et non flâner.

Je me mets en route avec mes porteurs. Xupeng reste à la maison, je pars seule. J’ai juste eu le temps de saluer Gao en partant, je lui ai dit que je rentrerai un peu plus tard. Nous avançons tranquillement dans les rues se remettant peu à peu de la Fête de la Lune, c’est plus calme qu’à l’accoutumée mais d’ici quelques jours, la vie reprendra son cours pour tout le monde. En attendant, chacun profite de sa famille.

Sans encombres, j’atteins le palais du gouverneur, je passe les gardes en souriant. Je leur présente malgré tout la lettre du maître des lieux, ils me disent que je suis attendu. Je peux attendre dans l’entrée, il va venir me recevoir. Fort bien.

Le palais est relativement calme, la plupart des fonctionnaires sont dans leurs familles. Je devine que le gouverneur veut que je sois la moins vue possible. La question est : Pourquoi ? Sa demande informelle n’avait pas l’air d’être très mystérieuse, peu détaillée ? Oui. Mais mystérieuse ? Pas vraiment.

Après quelques minutes à contempler les lieux, un serviteur vient et m’indique qu’il faut le suivre, le Gouverneur m’attend dans les jardins du palais. Je le suis sans rechigner. Nous croisons quelques personnes ici et là, que je salue et souriant légèrement. Leurs expressions trahissent leurs sentiments : étonnement, questionnement, … Qui suis-je ? Serai-je une personne importante ? Me connaissent-ils par mes parents ?

Tant de questions sans réponses, pour le moment.

Les fonctionnaires sont reconnaissables par les tenues qu’ils portent. Souvent humbles, leurs costumes permettent aux sujets de l’Empire de reconnaître leurs fonctions. La Justice aura une couleur particulière, par exemple. Souvent mauve, ou rouge.

Nous voici dans les jardins. La première chose que je remarque, c’est qu’il y a beaucoup plus d’arbres qu’à l’accoutumée. Passé ce moment, je vois que le gouverneur s’approche de moi. Le serviteur salue et se retire, je m’incline respectueusement.


« Liu Zhouzhang hao,
- Songzi Huayan hao. Redressez-vous, pas besoin de trop de formalités avec moi. »

Je fais selon son bon désir.

Liu Xiao est un homme vers la fin de la trentaine. Plutôt jeune pour une telle position. Il a une réputation d’être un homme bon dans la ville et la province. Il est juste et applique toujours les ordres de l’Empereur sans discuter. On dit aussi qu’il est humble, chose rare chez les fonctionnaires de haut rang. Il a bénéficié de l’aide de son père, ancien gouverneur de la ville, pour obtenir sa position. Mais il a malgré tout passé les concours facilement. Un exemple à suivre pour beaucoup.


« Marchons ensemble Songzi Huayan.
- Avec plaisir Zhouzhang. »

Nous faisons un petit tour dans les jardins, je peux lire sur son visage les traces de la fatigue.

Au détour du petit étang, nous nous arrêtons pour contempler le bassin où de petits poissons s’agitent devant nous.


« Je vous remercie d’avoir répondu à cette demande.
- Je vous en prie, c’est tout à fait normal.
- J’ai entendu parler de vos exploits dans votre ancienne cité de résidence. Vous avez résolu une enquête complexe avec de multiples acteurs. J’aurai bien besoin de votre aide pour une affaire… Publique.
- Hum ? »

Je suis surprise. Il est le gouvenreur, normalement il devrait y avoir une amrée de fonctionnaires prête à mener n’importe quelle enquête pour lui. Pourtant, il vient demander cela à moi ? La « petite » noble qui est revenue récemment en ville ? Cela paraît un peu trop tiré par les cheveux. Cependant, voyons d’abord ce qu’il veut me dire, exactement.

« J’ai récemment lancé une campagne anti-corruption au sein du département de la Justice locale. Plusieurs faits étranges m’ont été rapporté. Certains de mes fonctionnaires, ont été suivis, espionnés, voir menacés dans l’exercice de leurs fonctions. C’est absolument intolérable. »

Il marque une brève pause, avant de reprendre. Il a l’air agacé, profondément.

« En menant l’enquête, j’ai découvert que non seulement il y avait des choses qui se tramaient dans l’ombre de notre ville mais qu’en plus, certains fonctionnaires étaient de mèche avec ces machinations. Une femme aussi perspicace que vous a dû se demander pourquoi j’avais envoyé des membres de ma famille dans les différents dîners de la Fête de la Lune, n’est-ce pas ?
- Oui, il est vrai que j’ai été surprise par cette démarche quelque peu inhabituelle.
- Je souhaitai avoir des yeux et des oreilles en ville pour voir sur quelles familles je pouvais compter et quelles familles je devais me méfier. Il se trouve que la vôtre semble être la plus signe de confiance. Les premières preuves remontent à avant votre retour en ville, ce qui veut dire que vous n’êtes pas une suspecte vraiment sérieuse.
- Ou alors je suis terriblement influente, mais ce n’est pas le cas en effet.
- Aider moi à éclaircir ce mystère. D’autant plus que… »

Il marque une nouvelle pause. Observant l’environnement autour de nous. Il a l’air inquiet.

« Il y a eu un meurtre. » murmure t-il.

Un meurtre, en plein festival de la Lune. Ils n’ont pas froid aux yeux ces conspirateurs.


« J’ai peur que la situation m’échappe totalement. Aidez-moi à trouver le meurtrier et je vous donnerai ce que voulez. Je ne peux pas les laisser agir impunément. » dit-il, résolu.

Je lui souris poliment. Je joins les mains et je réfléchis un instant. Un assassinat, en plein festival ? C’est effectivement inquiétant, d’autant plus si c’est lié à de la corruption et des machinations secrètes, il va falloir agir. Et vite.


« Qui a été tué ? » répondis-je, montrant ainsi implicitement mon accord pour participer à l’enquête.

Il semble content de ma réponse. Il doit vraiment être au bord du désespoir pour venir me demander de l’aide, à moi, une femme qu’il n’a jamais vue avant. Mais soit, cela peut mettre m’utile : c’est l’occasion de marquer des points pour le gouvernement local. Peut-être qu’il pourra soutenir ma maison en retour des services rendues et cela pourrait m’aider pour avoir de nouvelles nominations de la Cour.


« Un juge du Département de la Justice, il enquêtait sur les affaires de corruption. Je présume qu’il avait découvert quelque chose d’important pour être ainsi tué. Comme vous le savez, s’en prendre aux fonctionnaires, c’est un crime grave contre l’Etat et Sa Majesté. C’est inacceptable. » dit-il, presque énervé.

« Ce crime ne doit pas rester impuni. Je dois rétablir l’ordre et rétablir l’harmonie dans la ville. Vous devez attraper le coupable, Songzi Huayan.
- Ne vous en faîtes pas, Zhouzhang. Je vais immédiatement me mettre à enquêter. Un de vos hommes peut-il me conduire sur la scène de crime ? »

Le lieu de la mort est extrêmement important. L’assassin a pu laissé des indices derrière lui. Ce qui m’inquiète le plus dans cette affaire, c’est que la victime soit un fonctionnaire de la Justice. Le meurtrier n’aura aucune chance d’échapper à la mort s’il est capturé, sinon cela voudrait dire que l’Empereur n’a aucune autorité. Je vais le retrouver.

« J’apprécie votre engouement. J'ai pris la liberté de missionner un des hommes du département de la Justice, il vous assistera dans l’enquête et vous racontera les faits à leurs connaissances. C’est un homme fiable, vous pouvez lui faire confiance.
- Soit. Puis-je demander à certaines personnes de mon entourage à m’aider dans l’enquête ?
- Vous pensez à qui ?
- Mon garde du corps, et mon frère entre autre. Peut-être d’autres personnes que je vous mentionnerai bien sûr.
- Je vous l’accorde. Plus vite l’affaire est réglée, mieux ce sera. »

C’est sur ces mots que nous nous quittons. L’enquêteur du bureau de la Justice se tient en embuscade dans les jardins et surgit pile au moment où le gouverneur me confie l’affaire. Il va m’accompagner jusqu’à la scène de crime, pas très loin d’ici. C’est lui qui a débuté l’enquête sur le meurtre. Il s’appelle Lei Yang.

« Nous pouvons utiliser mes porteurs pour y aller, il y a de la place pour deux personnes.
- C’est très aimable à vous… Songzi Huayan, c’est ça ?
- Oui. Mais mon titre est bien bas pour être mentionné tout le temps. Appelez-moi Madame Song, cela suffira.
- Je vous remercie. Mettons-nous en route. »

Nous prenons la direction d’une rue à quelques minutes à pied du palais. Nous arrivons devant une modeste résidence en terme de taille, mais tout à fait respectable vu sa localisation géographique, dans l’hyper centre de la ville. Lei me présente un peu la victime, brièvement.

« Le Juge Xu Yang a été tué chez lui, dans son jardin le lendemain de la Fête de la Lune. C’est sa femme, le cherchant dans la maison, qui l’a trouvé en fin de matinée.
- Comment a-t-il été tué ?
- Égorgé. Une tranche nette, faite sans hésitation. Le corps a déjà été enlevé, mais je peux déjà vous dire que l’assassin sait parfaitement user d’une arme blanche et connaît bien cette technique. La blessure, mortelle, était parfaitement exécutée.
- Lui connaissait-on des ennemis ?
- Absolument pas. Respecté par tous, sans histoires particulières, il a toujours fait son travail correctement.
- Il était uniquement sur l’affaire de corruption ces temps-ci ?
- Oui. »

Avec ces informations, je peux déjà presque dire que soit l’assassin a eu une formation aux armes blanches assez poussée et qui a voulu se protéger des résultats de l’enquête du Juge, soit c’est un tueur qui a été mandaté par les voyous pour couvrir leur culpabilité.

« Comment la famille a réagi ?
- Comme souvent dans ce genre de cas : extrêmement triste, affligée. L’épouse ne s’attendait pas à se retrouver veuve si tôt et juste après un festival familial…
- J’imagine, oui… »

Malgré moi, je peux comprendre ce que peut vivre cette femme : la double peine. Perdre son mari et être condamnée à devoir se battre pour garder sa dignité dans cette société aux règles rigoureuses qu’est la nôtre. Il faut conserver l’harmonie, même si parfois, c’est difficile pour les individus. Vu son âge, elle ne sera pas forcée de se remarier, c’est déjà bien.

« Son témoignage n’a rien d’apporté de très probant. Le Juge Xu parlait peu de ses enquêtes à sa femme, pour la préserver. Il n’y avait aucun dossier chez lui, comme la procédure l’exige, tous les documents de la Justice sont consignés au bureau, jamais dans nos lieux de résidence, pour des raisons de sécurité évidentes.
- Je vois. Donc la cible savait clairement qu’elle venait pour tuer.
- C’est fort probable. Rien n’a été volé dans la maison d’après l’épouse. »

Hum. Un assassinat pur et simple en somme. De ce que nous en savons pour l’instant.

« C’est possible de voir la femme de la victime ?
- Pour le moment non, elle est complètement effondrée et est enfermée dans ses appartements avec ses enfants.
- Hum, je vois. Pouvons-nous voir le lieu du crime précisément ?
- Bien sûr. Allons-y. »

Nous entrons dans la petite résidence, avec notre mandat, les serviteurs nous conduisent sans hésitation là où leur maître est mort il y a peu. Rien n’a été touché conformément aux souhaits du département de la Justice.

Le Juge a été tué dans son jardin, sur les quelques marches séparant le plancher de la maison à la terre du terrain. Sans corps, difficile de déterminer la façon dont il a été égorgé, mais je pense déjà à plusieurs possibilités.

La première, et la plus facile selon moi, est un égorgement par derrière. On attaque dans le dos de la victime, on passe la lame devant et il n’y a plus qu’à trancher. Cependant, cela veut dire que le meurtrier était dans la maison. Il a été tué au petit matin, donc il faisait en partie jour, il n’aurait pas pu le rater autrement.

La seconde méthode, plus complexe à faire en journée, est un égorgement par l’avant. Soit l’assassin est arrivé devant la victime et lui a tranché la gorge d’un coup. L’agencement de la maison fait qu’il a pu descendre depuis le toit assez facilement pour prendre le Juge par surprise, potentiellement.

Il y a encore du sang qui teinte le bois des escaliers. Vu la quantité, il était impossible de sauver le pauvre homme. J’avoue avoir de nombreuses fois pratiquée cette méthode pour me débarrasser de mes adversaires, mais il est vrai qu’elle est particulièrement cruelle. La victime ne peut appeler à l’aide car sa gorge est gênée par l’assaut. Vous mourrez lentement, sans pouvoir crier.


« Lei Yang, pouvez-vous me laisser seule quelques minutes je vous prie ? J’ai besoin de réfléchir à cette scène… En comité réduit disons.
- Très bien, je vous attends devant la maison. Prenez votre temps. 
- Merci. »

J’attends qu’il s’éloigne suffisamment et je mets un genou à terre. Je vérifie qu’il n’y a personne qui me regarde, et je commence à me concentrer. Je cherche à contacter l’âme du Juge. Il est mort suffisamment récemment pour ne pas être passé de l’autre côté… Et son corps n’a pas encore eu les rites funéraires. Je ferme les yeux et respire un grand coup. Répondez-moi.

Lorsque j’ouvre mes yeux, je vois une forme humaine, spectrale lévitée devant moi, au niveau des marches. D’abord, elle n’exprime rien, puis elle se rend compte que je la regarde clairement. Sa tenue évoque celle d’un fonctionnaire, cela semble correspondre.


« Vous êtes le Juge Xu Yang n’est-ce pas ? »

Il est étonné, et ne semble pas trop comprendre. Il s’agenouille devant moi.

« Vous pouvez me voir et m’entendre ? » dit-il, tout en pointant son doigt vers son visage.

Je souris légèrement, tâchant d’être rassurante.


« Oui. J’ai un don.
- Pourquoi suis-je coincé ici ?
- Vous n’arrivez probablement pas à trouver le repos. Les rites funéraires n’ont pas encore eu lieu.
- Qui m’a fait ça ?
- C’est ce que je cherche à savoir. Nous n’avons pas beaucoup de temps. Racontez-moi ce qui s’est passé. »

Il se redresse un moment et croise les mains dans son dos.

« Vous êtes la seule à qui parler. Je n’ai pas le choix.
- Je suis avec votre collègue Lei Yang. Ne vous méprenez pas sur mes intentions. Je cherche votre assassin pour qu’il soit jugé.
- Soit. »

Il se concentre et semble réfléchir.

« Le moment de ma mort est très précis dans mon esprit. C’était le matin, tôt. Je voulais prendre l’air pour préparer l’interrogatoire d’un témoin dans mon affaire actuelle.
- L’affaire de corruption ?
- Oui. Je venais de franchir un cap dans l’enquête. L’argent et les ordres viennent de l’extérieur de la ville, ce n’est pas qu’une affaire locale, c’est plus grand que cela. »

Il m’intrigue. Une affaire de corruption qui prend une plus grande ampleur ? A ce stade, ce n’est plus suspect, c’est particulièrement inquiétant.

« Lorsque je suis sorti, ici, je n’ai pas eu le temps de voir l’ombre descendre devant moi et d’un coup sec m’attaqué. En une fraction de seconde, je suis tombé et j’ai perdu connaissance. J’étais incapable de bouger ou de crier.
- Vous vous rappelez du visage de l’assassin ?
- Il était masqué, je n’ai vu que ses yeux. C’est un Han, j’en suis sûr.
- Un détail pourrait aider à son identification ?
- Il n’était pas vieux. Aucune ride sur le visage. C’est tout ce que je peux vous donner, il était complètement en noir, encagoulé.
- Vous l’avez vu repartir par où ?
- Aucune idée, j’étais au sol. Peut-être par le toit ou il a escaladé le mur… »

Un assassin qui n’est pas vieux et un homme. Je sens que je vais devoir trouver d’autres preuves pour retrouver le coupable… Mais cependant on avance sur la piste d’un crime commandité : c’est probablement un mercenaire ou tueur professionnel. Car bondir d’un toit et égorger un homme d’un coup net, ça demande un entraînement particulier.

« Quel est le témoin que vous deviez voir ?
- Un prêtre du Temple Qingyang. Liang Chen Daoshi.
- Il est à la tête du réseau de corruption ?
- Non, absolument pas. Mais je crois qu’il détient des informations précieuses sur l’affaire. Il a refusé de me parler jusqu’à présent, mais peut-être qu’avec ma mort… Il changera d’avis. »

Un prêtre taoïste qui serait un témon d’une telle affaire ? C’est improbable. Les bouddhistes et les taoïstes ne se mêlent que rarement des affaires publiques. L’Empire n’aime pas qu’ils influencent trop les administrations, seuls leurs conseils et avis sont recherchés. Ce qui est d’autant plus suspicieux, c’est que par définition, les taoïstes sont toujours dans une position de retrait ou d’observation, c’est pourquoi ils sont rares à la Cour.

« Je vous laisse, Juge. Je vais continuer l’enquête, là où vous l’avez laissé.
- Qu’est-ce que je fais en attendant ?
- Attendez la fin des rites funéraires. Vous partirez pour un long voyage après cela.
- Je vous fais confiance. Que Justice soit rendue.
- Elle le sera. »

Je me redresse et abandonne la résidence, je rejoins Lei Yang à l’entrée, il attend déjà mon retour avec les porteurs. Je monte dans notre voiture, et je l’invite à faire de même.

« Où allons-nous ?
- Au Temple Qingyang, un témoin est là-bas. »

Nous nous mettons immédiatement en route. Le lieu de culte est une destination surprenante vu l’affaire. Le temple est dédié aux études du Dao. La Voie. En son sein, essentiellement des prêtres qui se vouent à leur discipline, en toute simplicité. Tels des ermites, ils se mêlent que très rarement aux affaires qui ne les concernent pas directement.

J’ai beaucoup appris des textes de Laozi. Le grand maître et fondateur de la philosophie taoïste. Beaucoup auraient à apprendre de lui. Grâce à lui, je pense avoir trouvé une piste de réflexion pour améliorer mes compétences en nécromancie, comme elle, le Dao cherche à la maîtrise des flux.


« Pourquoi allons-nous au Temple ? » demande l’enquêteur.

Question judicieuse.


« Le Juge l’avait déjà interrogé je crois, sans grands succès ? Le prêtre.
- Oui, comment le savez-vous ?
- Le Gouverneur ne m’a pas fait mander pour rien. Que savez-vous du prêtre ?
- Un homme dans la cinquantaine. Rien de particulier, il est né à Chengdu et a vécu la plupart de sa vie dans le temple. Le Juge pensait que c’était un témoin crucial. Mais il n’a jamais réussi à le faire parler.
- Nous allons essayer d’inverser cela.
- Vous avez une crainte particulière pour être aussi pressée de le rencontrer ?
- Les coupables cherchent peut-être à couvrir leurs traces et éliminer les témoins. Le Juge est assassiné, peut-être qu’ils veulent éliminer un témoin potentiel au passage.
- Mais tuer un Daoshi est…
- Scandaleux. Mais manifestement, les criminels n’ont peur de rien dans cette affaire. »

Le temple est dans le centre-ville aussi, nous arrivons donc assez rapidement. La grande inscription sur la devanture nous l’atteste formellement. Quelques fidèles entrent et sortent, au gré des prières et des vœux. Certains viennent de loin pour demander conseils aux prêtres de Laozi.

Contrairement aux autres philosophies Han, le Dao est très mystique. Ce qui fait que lorsque vous souhaitez avoir un talisman, un exorcisme, ou un objet pour vous protéger vous ou vos proches, votre maison, etc… C’est vers un Daoshi que vous devrez trouver. Cela explique donc leur assez grande popularité auprès de la population, malgré les années qui passent.


« Attendez-moi ici. Cachez-vous dans le petite ruelle à côté, je veux voir le Daoshi seule.
- Comme vous voudrez. »

Il reste avec les porteurs et se dirigent immédiatement dans la rue que j’ai indiquée, à côté du temple. Je me fonds dans le petit groupe de personnes qui rentre. Une fois à l’intérieur, je m’écarte un peu et je me dirige vers les jardins. Je suis déjà venue ici plusieurs fois, je commence à connaître un peu les lieux.

Dans les jardins, je croise un Daoshi que j’interpelle avec un grand sourire. Je l’ai coupé dans ses pensées, ce n’est pas très poli de ma part, je vous l’accorde.


« Excusez-moi Daoshi… Je cherche Liang Chen Daoshi, savez-vous où il est ?
- Il médite un peu plus loin dans les jardins, près du jasmin.
- Merci, Daoshi. »

Il reprend sa route, retournant à sa réflexion, tandis que moi je me dirige vers le fameux jasmin que je devine à quelques dizaines de mètres. Je passe le chemin d’autres promeneurs et voyageurs, et je trouve enfin l’homme que je crois rechercher.

Liang Chen semble être un homme d’un certain âge, habillé en prêtre, il est entrain de pratiquer du taiqiquan. Je crois que les femmes de Costa del Sol appellent cela « Tai Chi », elles sont obligées de faire une traduction phonétique du mot, c’est regrettable. Intellectuellement parlant, j’entends. Il est effectivement dans la force de l’âge, malgré tout, il a semble t-il encore des mouvements fluides et très précis. On peut ressentir sa concentration, son énergie, telle une aura autour de lui. Il a une fine moustache, autrefois noire, désormais légèrement grisonnante. Il n’est pas très grand et n’est pas bien gros, il a un regard profond avec des yeux sombres qui semble pétiller de vie : preuve en est que c’est quelqu’un de vif d’esprit.

Je n’ose l’interrompre dans sa méditation. En signe de respect, je m’agenouille sur la pierre et le regarde avec attention, captiver par sa pratique et ses mouvements parfois assez impressionnants il faut le dire.

J’en profite pour regarder un peu tout autour de nous. Il n’y a pas beaucoup de gens et a priori je ne remarque personne qui nous épie en secret… Ou alors je ne vois rien, ce qui est aussi possible. Les toits sont dégagés, les arbres ne semblent pas pouvoir cacher quelque chose, pas de civils qui tourneraient un peu trop dans notre secteur … Non, a priori, rien d’alarmant.

Après une bonne vingtaine de minutes, le prêtre s’arrête enfin et s’incline pour me saluer, très poliment.


« Pardonnez-moi de vous avoir fait attendre, mais il n’est pas bon d’arrêter ses exercices lorsque nous les avons commencés. Que puis-je pour vous Madame ?
- Je vous en prie, Daoshi. En fait, j’aimerais m’entretenir avec vous.
- Ah ? Hé bien soit, marchons ensemble alors. »

Nous débutons ainsi un petit tour du parc, j'en profite pour me présenter à lui, discutant de quelques textes anciens et de quelques phrases célèbres du Dao, pour éviter de passer pour une ignorante complète, ce que je ne suis clairement pas en ce domaine.

« Dites-moi, qu’est-ce qui vous a fait venir à moi aujourd’hui ?
- Un homme aussi sage que vous devriez déjà savoir.
- Vous avez été « recommandé » par quelqu’un ?
- En quelque sorte. »

Nous continuons à faire quelques pas, avec une allure plus lente et la voix moins forte.

« Le Juge Xu Yang a été assassiné chez lui, le lendemain de la Fête de la Lune.
- C’est absolument effrayant. Osez commettre un tel geste pendant une fête de cette importance est tout simplement une insulte à nos croyances. » dit-il, impassible.

Cependant, sa réaction me laisse supposer qu’il était déjà au courant du meurtre. Malgré l’impassibilité qui caractérise souvent les prêtres taoïstes, ici, l’homme a eu l’air à peine ébranlé, voir pas du tout.


« Comment avez-vous appris ?
- Je l’ai senti. J’ai senti que l’étau se resserrait sur lui.
- Pourquoi avoir refusé de lui parler plus tôt ?
- Nous autres taoïstes, nous n’aimons intervenir dans les jeux politiques. J’ai cru qu’en ne parlant pas, il explorerait d’autres pistes et trouverait d’autres moyens d’accuser les coupables mais j’ai manifestement sous-estimé la folie de ces derniers.
- Vous connaissez l’identité des commanditaires du meurtre ?
- Non. J’ai des doutes bien sûr sur certaines personnes. Mais des preuves ? Aucune. Quelle est votre implication dans cette affaire ?
- J’ai été mandaté par le gouverneur pour trouver l’assassin du Juge Yang.
- Ah ! »

Il s’interrompt momentanément et se tourne vers moi pour me saluer d’une manière plus respectable, digne des nobles. Je lui dis de rapidement de se redresser.

« Je ne suis qu’une Vicomtesse de troisième rang, vous n’êtes pas obligé d’être si protocolaire avec moi vous savez. »

Nous marquons un arrêt à côté d’un prunier.

« Je vais vous dire ce que je sais. Il y a dans cette ville, des personnes de l’extérieur qui cherchent à manipuler des fonctionnaires et des personnalités locales pour placer leurs pions dans la province. Chengdu est une cible privilégiée car c’est une ville moyenne. C’est plus facile d’y prendre le contrôle qu’à Chongqing par exemple.
- C’est certain.
- Je pense qu’ils veulent s’en prendre à ceux qui ne peuvent les rejoindre, par conviction ou honneur, et continuer d’argumenter avec les hésitants ou de corrompre ceux qui sont trop avares. Le Juge est un signal. Un avertissement pour ceux qui auraient des doutes envers leur capacité d’action.
- Et, pardonnez-moi ma désinvolture, mais comment savez-vous tout cela ?
- C’est très simple. »

Il marque une pause et tourne sa tête vers moi.

« Ils ont essayé de me recruter, j’ai refusé. »

Un daoshi très honnête, dites-moi. Cependant ce qu’il décrit est très inquiétant, il va falloir vite agir.

« Pourquoi ? Si ce n’est pas indiscret.
- Il est hors de question que je trahisse le Dao pour une quelconque secte d’intriguants. Vous devez frapper fort sur cette enquête pour effrayer leur soutien et montrer que la ville est à l’Empire, et à personne d’autre.
- Je devine que vous ne souhaitez pas m’aider directement en disant cela.
- Je ne suis qu’un vieux prêtre taoïste. Je peux déjà aider en évitant que des membres de notre organisation en tombe entre leurs mains. Le Temple sera toujours sûr pour vous, en cas de besoin. Le Dao doit être suivi par nous tous, ses plus fidèles serviteurs.
- Merci de votre assistance, Daoshi. Avez-vous une idée des commanditaires ? De leurs identités ?
- Non. Mais il y a une chose qui m’intrigue depuis quelques jours. »

Je vois qu’il semble réfléchir. Il porte sa main et fait tournoyer sa longue moustache autour de ses doigts.

« Il y a un homme mort, récemment. Comment a été tué le Juge ?
- Hum… Égorgé.
- Quelle horreur… »

Il semble plus dégouté que choqué.

« Une famille nous a porté le corps d’un de ses membres, décédé de la même manière. La garde enquête mais de ce que j’ai entendu de la mère de la victime, ils n’ont toujours pas trouvé le responsable. Peut-être… Peut-être y a-t-il un lien entre les deux affaires ?
- Le mode opératoire est effectivement le même. Vous rappelez-vous le nom du jeune mort ?
- Luo Ju. Un fils de marchand, sans histoires d’après les parents. Décédé quelques jours avant la fête de la mi-automne.
- Merci. Je me renseignerai sur cette affaire en parallèle.
- Trouvez l’assassin. Montrez que Chengdu ne leur donnera rien. Qui que ce soit, ces personnes au cœur noir n’apporteront rien de bon.
- Je suis bien d’accord avec vous. Cependant, j’ai une question pour vous.
- Je vous écoute. »

Je me tourne vers lui, pour lui faire face. Je récite quelques lignes d’un texte taoïste.

« L’univers n’a point d’affections humaines ;
toutes les choses du monde lui sont comme chien de paille.

Le saint n’a point d’affections humaines ;
Le peuple lui est comme chien de paille.

L’univers est pareil à un soufflet de forge ;
Vide, il n’est point aplati.
Plus on le meut, plus il exhale,
Plus on en parle, moins on le saisit,
Mieux vaut s’insérer en lui. 

Si je suis votre logique, vous parlez du bien commun, mais les taoïstes se préoccupent rarement des petites gens. Pourquoi vous en souciez Daoshi ? »
demandé-je, sans aucune hostilité, c’était une question purement philosophique.

Il sourit un instant et dit :

« Qui cherche à façonner le monde,
je vois, n’y réussira pas.
Le monde, vase spirituel, ne peut être façonné.
Qui le façonne le détruira.
Qui le tient le perdra.

Cette secte cherche à façonner notre monde. Ils échoueront. Mais pour cela, vous devez les pousser à échouer. Arrêtez cette cabale néfaste et la paix reviendra. »


Sur ces mots, je m’incline respectueusement devant lui, tandis qu’il fait de même. Je crois qu’il a apprécié notre discussion. Je le quitte ici, retournant à l’extérieur pour rejoindre l’officier qui doit m’attendre depuis un petit moment dans la rue.

Cette rencontre m’a apporté beaucoup d’informations et une piste intéressante.


« Vous avez pu apprendre quelque chose ? Vous êtes restée longtemps à l’intérieur.
- Oui, de nombreuses choses. Mettons-nous en route. »

Je monte dans ma voiture et nous voilà parti pour mon manoir.

« Vous rentrez déjà ?
- Je dois réfléchir à l’enquête. J’ai une mission pour vous d’ailleurs.
- Ah ?
- L’affaire Luo Ju, ça vous dit quelque chose ?
- Oui, en effet.
- Il se peut qu’il y ait un lien avec le Juge. Avez-vous retrouvé des indices sur cette scène de crime ?
- Je n’étais pas chargé de l’enquête, mais je peux me renseigner.
- Sortez moi tout ce qui a été trouvé, nous ferons le point demain matin, à l’aube.
- Entendu. »

J’arrête le transport brutalement. Je lui indique que c’est le moment de me quitter, il descend puis me salue en s’inclinant avant de m’observer partir.

« A demain, Songzi Huayan.
- Travaillez bien, je vous prie. A demain. »

Je reprends ma route, les porteurs avançant à un rythme soutenu.

L’assassin n’a pas laissé d’indices sur le lieu du crime contre le Juge, c’était un homme important. Il a dû préparer avec beaucoup de minutie. Mais un fils de marchand ? Il a certainement laissé quelque chose derrière lui. On prépare un combat avec beaucoup d’attention lorsque nous ne sommes pas sûrs de son issue. L’échec réside de ne pas en faire de même lors des conflits que l’on pense remporter à coup sûr.

Une fois arrivée chez moi, je salue Noah qui s’amuse à courir après des papillons. Il faut vraiment que Xupeng lui trouve un éducateur rapidement. Courir après les insectes, ce n’est pas ce qui va le faire progresser. Sans compter le maître d’armes… Quoiqu’à ce sujet, je crois avoir entendu l’eunuque auditionner des candidats. De ce que j’ai compris, beaucoup de voyageurs chinois en provenance de l’extrême sud et qui souhaitent s’installer à Chengdu. Je crois même qu’au vu du fort accent de l’un d’entre eux, l’un doit venir de l’île de Hainan.

J’y pense. Je devais faire quelque chose avec Francis aujourd’hui. Après une recherche pas très compliquée je le retrouve dans la cuisine du manoir.


« C’est pas ce que vous croyez Madame Song. » sera sa réponse.

Nous prenons deux chevaux et nous partons à l’extérieur de la ville. Après une petite chevauchée nous arrivons à l’emplacement où j’ai dissimulé mon vaisseau. Nous attachons les rennes à un arbre et je fais le point avec mon pilote fétiche.


« Est-ce qu’il y a un moyen de rendre l’appareil moins… Identifiable ?
- Bah déjà on peut changer son signalement. Genre, j’peux vous rayez le nom et changer la peinture. Mais si vous passez par un astroport de la Shinra, les identifiants que vous devrez donner sont les mêmes donc…
- Il y a une solution pour palier à cela ?
- Ouais, mais c’est pas légal. »

Il croise les bras, souriant. Quand Francis sourit en croisant les bras, c’est que dans un premier temps, ce n’est pas une tâche facile et dans un second temps, cela veut dire qu’il y a au moins une ou deux filles dénudées dans son plan.

« J’écoute.
- On peut récupérer les identifiants d’un appareil ayant le même modèle que vous.
- Les identifiants changent, mais si je n’ai pas un papier pour prouver l’identité de la personne reliée à ses informations, comment fait-on ?
- Pour ça que c’est pas légal. On peut aller au marché noir d’Illusiopolis et trouver des faussaires qui feront les faux papiers et les autres identifiants.
- Cela va me coûter combien en somme ?
- Ça dépend. Si on force un peu les négociations, on peut s’en tirer pour pas trop chère, héhé. »

Hum. Une descente à Illusiopolis. Cette ville est d’un lassant. Je me demande si un jour, cet endroit connaîtra la paix. Il faudrait purger peut-être la moitié du monde pour cela, tant les gens sont corrompus. Quand on pense qu’un monde comme le Palais des Rêves a subitement disparu tandis que le vice d’Illusiopolis perdure encore… Il n’y a décidément pas beaucoup de Justice sur les Routes Stellaires. Tant de vies qui disparaissent soudainement, c’est une véritable tragédie.

« Va pour Illusiopolis alors. Vous ferez la peinture là-bas, en attendant rayer moi le nom de l’appareil, je vais voir à l’intérieur pour vérifier l’état des systèmes. 
- Ok chef ! »

J’ouvre le vaisseau et me dirige vers le poste de pilotage pour vérifier si tout est en ordre. Carburant, radar, état des réacteurs… Poussière. Je vois que les dernières volontés de DeWitt ont laissé de petites cendres au sol, je les disperse du mieux que je peux pour que cela ne fasse plus un vilain tas à côté de mon siège.

Soudain, j’entends comme un battement d’ailes, je me rends compte qu’il y a deux corbeaux qui ont élu domiciles dans mon transport personnel. Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? L’un d’eux vient de se réveiller et me regarde avec intention, tandis qu’il donne rapidement des coups de serre à l’autre pour qu’il se redresse.
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« Ah bah c’est pas trop tôt ! Croah ! Croah ! »

Qu’est-ce que c’est… Que ça ?

« Qu’est-ce que vous faîtes dans mon vaisseau ?
- Croah ! On vous a suivi après que vous soyez parti de notre monde et en fait on s’est retrouvés coincés. Merci pour l’ouverture d’ailleurs, on commençait à avoir faim. Croah !
- J’imagine. Vous vous appelez comment tous les deux ?
- Aile-Noire ! Et celui qui a du mal à se réveiller c’est Serre-Noire. Croah !
- Au moins, on voit que vous êtes créatifs pour vos noms.
- Croah ?
- Non, non rien. »

Je réfléchis un instant ce que je peux faire d’eux. Ils peuvent repartir dans la nature. Après tout, ils ont des congénères ici aussi, ils ne devraient pas être seuls… Cependant, une idée me vient à l’esprit. Je manque cruellement d’informateurs dans la région. Les corbeaux… c’est discret, ça se déplace vite, ils ne peuvent pas communiquer avec les humains de manière générale… Et ça coûte pas chère à entretenir.

« Dites-moi vous deux… Est-ce que cela vous dirait de travailler pour moi ? » dis-je avec une voix amicale.

Les deux compères se regardent puis tournent leurs regards vers moi, légèrement interpelés par ma requête. Il semble falloir en dire un peu plus.


« Travaillez sous mes ordres en tant qu’espion et informateur dans la région et dans la ville de Chengdu, toute proche. Rassemblez vos congénères et en échange… Je vous donnerai autant de nourriture que vous voudrez et éventuellement ce qui vous ferait plaisir si vous êtes vraiment efficaces.
- On veut des conditions d’hygiène dignes ! Une bassine d’eau pour se rincer, c’est le minimum ! Croah !
- On veut des grains de blé ! Croah !
- Bien, bien… Nous verrons en temps et en heure pour les demandes individuelles en attendant… Qu’en pensez-vous, hum ?
- Première fois que je vois une humaine pouvoir nous parler, c’est clairement un signe ou quelque chose ! Croah !
- On accepte le marché ! Croah !
- Parfait. Allez grapiller un peu de nourriture en forêt, ensuite… Commencez le travail.
- Croah ! Croah ! »

Les deux oiseaux s’envolent ensemble et disparaissent du vaisseau laissant derrière eux des plumes et quelques fientes. Ils se sont bien gardés de me prévenir pour ça.

« Ça va M’dame ? Je vous ai entendu parler toute seule ou … ?
- Francis, tu tombes bien. Après ton petit atelier de mécanique dehors, tu viendras laver le vaisseau. C’est sale par terre.
- P’tain, j’ai encore laissé des traces de mayo sur le cuir ? Franchement vous étiez obligée de prendre l’option cuir M’dame ? Parce que y a ça, et moi si ça continue je vais louper mon casse-croûte de quatre heures, puis l’apéro et puis le cheval pour rentrer ça va me faire au cul et… »

Je laisse Francis avec ses délibérations intellectuelles pour reprendre mon cheval et retourner en vitesse à Chengdu. Espérons que les corbeaux respectent leur parole, leur aide pourrait m’être précieuse. En partant, je préviens Francis.

« Francis ! Je retourne à Chengdu. Quand tu as fini, camoufle l’appareil et revient à la maison !
- Ok, ok ! »

Et c’est parti pour un nouveau galop.

Je reviens en fin d’après-midi à Chengdu. Mon frère m’attend à la maison, il a l’air d’être agacé.


« C’est à cette heure-ci que tu rentres ?
- J’ai mis un peu plus de temps que prévu pour mes affaires, 哥哥。
- Il y a l’officier Lei Yang à l’intérieur, il veut te parler d’urgence. Tu m’expliqueras ce qui se passe après.
- Tsssss… »

Je n’aime pas quand il prend son petit ton sérieux avec moi. C’est peut-être l’aîné, mais je ne suis pas du genre à me laisser marcher dessus, et il le sait le bougre. Je le corrigerai après. En attendant, je me demande ce que cet imprudent officier me veut alors que je lui avais donné rendez-vous demain matin.

« Officier Lei Yang.
- Songzi Huayan, et…
- Song Gao DuiFu.
- Song Gao DuiFu »

Nous nous saluons respectivement puis nous nous asseyons autour d’une table, dans un petit salon destiné à accueillir les visiteurs. Xupeng apporte du thé. Gao semble décider à rester pour comprendre ce qui se passe.

« Désolé de perturber votre quiétude mais…
- Vous pouvez l’être, officier. Je n’ai pas demandé à ce que nous nous voyons demain matin par hasard, c’était pour avant tout éviter que de potentiels informateurs rapportent que nous travaillons ensemble sur une affaire.
- Ah je n’ai pas…
- Pensé ? Oui, probablement. Si vous avez été suivi, il est garanti que l’assassin va être mis au courant que je suis sur l’affaire du Juge. J’espère que vous êtes venu pour quelque chose d’important. »

Mon ton n’est pas vraiment conforme à ce qu’il devrait être vis-à-vis d’un membre du Département de la Justice, mais l’imprudence de l’enquêteur est selon moi très dommageable ici. Le temps nous est compté désormais et nous n’avons plus l’effet de surprise.

« J’ai ramené le dossier pour l’affaire Luo Ju. Vous allez être intéressée, j’en suis sûr.
- Dites-nous tout. »

Il dispose sur la table, plusieurs éléments. Un rapport écrit que je devine être le résumé de l’affaire et de la scène de crime et une dague.

« L’arme du crime. Une dague, comme vous pouvez le voir, le sang de la victime a séché dessus. Il a été égorgé avec et nous avons retrouvé l’arme à côté du corps.
- Vu la taille c’est effectivement une possibilité vraisemblable pour l’égorgement. »

Je regrette instantanément ce que je viens de dire en présence de mon frère. Dans sa tête, je ne suis pas sensée savoir que cela peut servir à égorger un homme. J’essaye de corriger le tir.

« Enfin qu’en penses-tu Gao ? Toi qui est militaire. » dis-je en désignant l’arme du regard.

Il me regarde avec suspicion. Je le sens bien. Il prend la dague et la jauge rapidement.


« C’est possible en effet. Un bon coup et le travail doit être fait.
- Nous le pensons aussi.
- Mais pourquoi l’assassin aurait laissé l’arme du crime sur le lieu de l’assassinat ?
- Au début nous n’avons pas compris non plus… Mais j’ai peut-être une idée.
- Allez-y. »

Il reprend l’arme et la détaille un peu plus du regard avant de la reposer.

« J’ai l’intime conviction qu’il s’agit d’une signature, ou quelque chose. » dit-il, pas très sûr de lui.

Cependant, l’idée n’est pas bête. Émettons l’hypothèse que les employeurs veulent voir si un assassin a bien fait le travail. Il doit laisser une signature ou un signe distinctif que l’on sache bien que c’est lui qui l’a fait. La secte veut manifestement faire en sorte qu’on la craigne en ville, donc il faut une preuve tangible quelque chose de matérielle. On a bien plus peur d’un meurtrier quand on el voit en vrai que lorsqu’on en parle pendant le dîner avec un demi-litre d’alcool de riz dans l’estomac.

Ici, deux cas de figure : soit la signature, c’est l’égorgement… Soit c’est la lame. La question est : pourquoi la lame ?


« J’ai une question pour vous, officier.
- Oui ?
- Avez-vous vérifié la provenance de l’arme ?
- C’est-à-dire ?
- Son origine. Qui l’a fabriqué ? Quel forgeron ou armurerie ?
- Euh… Il y a beaucoup d’artisans en ville donc non nous n’avons pas vérifié l’ori…
- Hé bien, il va falloir le faire. Demandez du renfort au département de la Justice. Il faut savoir qui a acheté cette arme ou du moins qui la fabrique. Cela permettra de réduire le spectre des recherches.
- Cela va demander beaucoup de temps et …
- Vous avez une meilleure piste ? Nous n’avons pas de noms, pas de description précise, aucun réel témoin et déjà deux morts suspectes. La seule trace qu’on a, c’est l’arme. Est-ce que vous avez vérifié si les blessures de Luo Ju correspondaient aux blessures du Juge ?
- Alors… En effet, de ce que je vois du rapport, les marques à la gorge sont les mêmes !
- Donc nous avons déjà une certitude : l’assassin est la même personne. »

Je marque une légère pause pour réfléchir, tandis que Gao reste silencieux et observe. J’en profite pour boire du thé. Hum. Il est bon, tiens.

« Autre chose officier ?
- Hum… Non.
- Si vous avez fini, vous pouvez y aller. »

Il s’incline et se lève et se dirige vers l’entrée principale.

« Où croyez-vous aller, officier ?
- Euh… Au palais du Gouvern…
- Passez par le jardin, vous ne devez pas être vu. »

Il me regarde, comme se demandant si je suis sérieuse. Mon frère est plus généreux que moi et se lève pour l’aider.

« Venez, je vais vous aider à gravir le mur. »

Dépités, ils partent vers l’intérieur de la maison.

Cette dague… La forme me rappelle quelque chose. Je finis mon thé et je ferme les yeux, pour me concentrer et chercher d’où j’ai l’impression de la connaître. La Shinra ? Non. Costa del Sol ? Non. Francis ? Non. Li Guo ? Non. Harch ? Certainement pas. Est-ce que j’en ai utilisé une ? Je ne crois pas non plus. Mais d’où est-ce que je… Non ! C’est impossible.

Je me relève brusquement et cherche Xupeng à travers le manoir. Je le retrouve enfin, dans le salon principal, il l’air surpris que je sois dans tous mes états.


« Qu’y a t-il Huayan ? Tu as l’air bizarre. 
- Les armes… Les armes du commando d’assassins de l’autre jour, où sont-elles ?
- Hum… Francis les a mis dans sa chambre je crois. Il voulait les garder en souvenir m’a t-il dit.
- Merci ! »

Je me mets presque à courir dans le manoir, suivi de près par Xupeng qui se demande ce qui se passe. Nous arrivons dans la salle dédiée à mon pilote… Et comme je m’y attendais, c’est le capharnaüm. Je soupire, à bout de nerfs avec le chaos constant de cette pièce.

« Fouille les alentours du lit, je regarde l’armoire. » dis-je, peu motivée.

Nous débutons les recherches, et bien vite, je me rends compte qu’il a « caché » les armes littéralement… Par terre, à côté du meuble, sous une pile de vêtements, que je déplace en usant de mon esprit. Hors de questions que je touche l’une de ces « choses ».

Je regarde les épées et les dagues…


« Huayan, qu’est-ce que tu cherches ?
- Les dagues. »

Je n’espérais honnêtement pas cela. Et pourtant c’est bien vrai. Les dagues sont semblables, pas identiques mais très proches. Le design est le même. C’est un artisan qui a fait ça, c’est certain. Je lâche l’arme par terre et je me redresse, les yeux perdus dans le vide.

Et avant que je ne sente quoique ce soit, je tombe dans le vide et mes yeux se ferment.

Le noir complet.

Puis mes yeux se rouvrent enfin, je suis dans ma chambre, mon frère, Xupeng et Francis sont à mes côtés.


« Vous allez bien Madame Song ?
- Qu’est-ce que vous faîtes dans ma chambre vous trois ? »

Je bouge un peu les mains, le temps qu’ils reparlent. Je suis entière, j’ai dû faire un malaise à cause du stress.

« Je veux que Francis garde la porte de ma chambre toutes les nuits jusqu’à nouvel ordre. Je veux que tous les serviteurs soient audités par toi Xupeng pour vérifier leur loyauté. Gao, je veux que tu ailles chez nos parents.
- Qu’est-ce qui se passe exactement, 妹妹 ? Pas question que je parte. Parle-moi s’il te plaît. »

Je regarde Francis et Xupeng. Ils comprennent qu’ils doivent sortir. Je me redresse et regarde Gao.

« Aide-moi à me relever.
- Non. Tu parles d’abord. »

Tssss… Quel homme têtu ! Soit, soit. Je vais me mettre à table.

« Comme tu as pu le voir tout à l’heure, je travaille sur une enquête criminelle.
- Oui, faudra d’ailleurs que tu…
- On verra. En attendant, tu dois savoir une chose…
- Quoi ? »

J’avale ma salive, pesant mes mots.

« Un groupe d’assassins s’est introduit ici peu après mon accouchement. Je ne sais pas s’ils voulaient me tuer moi ou prendre le bébé.
- Quoi ? ! Mais pourquoi tu ne m’as rien dit ?! Et aux parents ?!
- Calme-toi ! Idiot ! »

Je mets ma main dans sa nuque comme lorsque nous étions petits, je suis obligée de faire cela pour le calmer et pour continuer la conversation.

« Ecoute. » dis-je, le ton plus léger.

« Le point qui m’a fait avoir un coup de moue tout à l’heure, c’est que l’arme utilisée pour les meurtres ressemble à celle qui m’était destinée aussi. Je suis donc une tentative ratée. Et ce qui m’inquiète, c’est que manifestement il s’est rabattu sur d’autres cibles.
- Il est hors de question que je quitte la ville tant que je n’ai pas mis aux arrêts ce tueur. Je vais t’aider dans l’enquête et après tu m’expliqueras en détails tes histoires. Plus de secrets Huayan, c’est fini la discrétion. Regarde où ça t’a mené. »

Ses mots sont fermes mais compréhensibles. La fin me ramène à mes choix. Et quelque part, il a raison… Ce qu’il ne sait pas, c’est que j’ai fait tout ça avant tout pour protéger la famille et retrouver Haojun… C’est tout.

« Nous verrons. En attendant, reposons-nous ce soir et tu viendras avec moi demain pour retrouver l’artisan qui fabrique ces armes. Satisfait ? »

Il hoche la tête en signe d’acceptation et aide à me relever.

« Je vais m’habiller pour le dîner, tu vas rester dans la chambre ou … ? » dis-je pour détendre l’atmosphère.

Il sourit un peu bêtement et s’excuse vaguement avant de quitter la pièce. On est pas « sortis de l’auberge » comme dit souvent Francis. J’en ai trop dit ou pas assez, donc de toute manière à la fin de cette enquête, il faudra que je lui raconte tout, il ne va pas me lâcher là-dessus, je ne le connais que trop bien.

La soirée se déroule bien. Si ce n’est que le dîner est au départ peu animé de part les derniers ordres que j’ai transmis. Malgré tout, Xupeng et Francis arrivent à nous divertir rapidement avec leurs petites disputes enfantines. Aujourd’hui, le problème était « mieux vaut-il appeler une femme en surpoids une baleine ou une grosse vache » ? Nous remercions Francis de ce débat très intellectuel. L’eunuque lui a d’ailleurs fait remarquer, qu’ils étaient plutôt mal placés pour traiter les autres de gros.

Avant de me coucher, je joue un peu de guzheng dans le salon, près du jardin. Francis se tient dans la pièce, il prend son rôle de protecteur à cœur. Et vu sa carrure, je doute qu’un assassin ne repasse dans le coin de si tôt. Gao est dans sa chambre, je doute qu’il dorme déjà. Il a tendance à beaucoup réfléchir une fois l’obscurité venue.

La nuit passe et les esprits se reposent avant la journée du lendemain.

A l’aube, après un petit-déjeuner rapidement expédié, nous partons avec Francis et Gao à la rencontre de l’officier Lei Yang au palais du gouverneur, ce dernier nous fait part de l’organisation des forces pour la journée.


« Chaque forgeron et armurier enregistré sera contrôlé aujourd’hui pour vérifier si l’arme du crime provient de chez eux ou non. Nous avons décidé d’envoyer des agents en civil plutôt que la garde, ce qui risquerait d’alarmer inutilement la population. Les gardes restent à notre disposition en cas de besoin.
- Bien. Vous pensez que nous aurons un résultat pour quelle heure ?
- Plusieurs équipes sont sur le coup. Je dirai dans l’après-midi je devrais avoir les premiers rapports.
- Très bien. Un contrôle simultané a plus de chances de nous apporter des résultats. Francis, Gao vous restez ici avec Lei Yang. Je fais un tour et je reviens.
- Tu es sûre Huayan ?
- Parfaitement. Faites moi confiance. »

Je laisse mon cheval à mon frère et je disparais dans une petite ruelle du centre-ville. Je me change en corbeau et prend mon envol. Je veux surveiller les perquisitions des agents du palais. Je veux surtout voir s’il n’y a pas de boutiques qui ne sont pas « évitées » malencontreusement par les services publics.

A cette heure-ci, il y a encore peu de monde dans les rues. La ville s’éveille à peine, seuls les marchands sont déjà debout depuis les premiers rayons du soleil à l’Est. Quelques curieux voient les agents gouvernementaux poser des questions aux forgerons, même en civils, leur attitude trahit leur appartenance aux autorités… Mais au moins cela ne crée pas trop de panique, c’est déjà un bon point.

Je survole la ville pendant un moment, cherchant la trace de quelqu’un ou de quelque chose louche. Rien ne semble dépassé dans les rues s’animant de plus en plus au gré du lever du jour. Je perds rapidement les agents de vu, et de toute façon, il ne semble rien se passer d’anormal. Je sens que l’opération va tourner court.

Après deux bonnes heures de recherche, agrémentées de petites pauses pour me laisser reprendre un peu de force, je retourne vers mon équipe pour voir s’ils ont eu des nouvelles.


« Des nouvelles ?
- Les premières équipes sont revenues, pas de traces dans l’armurerie de la garde de ville, ni dans la caserne du gouverneur. Et les armes ne correspondent pas aux standards de l’Empire de toute façon. Pour les autres, il faut attendre encore un peu.
- Soit. Que suggériez-vous que nous fassions en les attendant ?
- Nous pouvons aller nous asseoir sur les bancs en pierre là-bas ?
- Oui, bien sûr. Allons, soyons sérieux, je vous suis au Palais du Gouverneur, nous attendrons dans un de ses salons.
- Euh… D’accord. »

Nous nous mettons en route puis nous nous installons confortablement. Nous recevons les rapports au fur et à mesure de la journée, plus le temps passe, plus nous nous éloignons du centre-ville et enfin en début d’après-midi, les derniers messages arrivent : rien. Nulle part. Aucun indice chez les artisans et armureries enregistrées.

« Qu’en déduisez-vous 宋大人 ?
- Que l’assassin a acheté ses armes dans une ville différente de la nôtre ou alors il fait ses propres armes. Ou on lui en a fourni. Bref, cette piste semble se tarir à vue d’œil.
- Comment pouvons-nous l’arrêter ? »

Alors que je suis déçue du manque d’éléments que nous avons… Je viens de penser à quelque chose. Le Daoshi du temple de Laozi… Il a peut-être encore un moyen de contacter ceux qui ont voulu le faire marcher pour eux ? Ils ont pu lui laisser une sorte de canal de communication si par hasard il changeait d’avis. C’est peut-être une solution.

« Je vais revoir le Daoshi, j’ai une idée. Officier Lei, aller demander au Gouverneur si nous pouvons mobiliser une unité de la garde de la ville. Francis et Gao, vous attendez ici. Je reviens vous chercher pour confirmer mon plan. » dis-je, subitement prise d’une énergie débordante.

Sans dire un mot de plus, je me retire et chevauche jusqu’au temple taoïste où je retrouve le Daoshi en vitesse. Lorsqu’il me voit arriver, il sourit.


« Bonjour, Songzi Huayan. Que puis-je pour vous aujourd’hui ?
- Merci de me recevoir une nouvelle fois Daoshi, j’ai une question pour vous.
- Je vous écoute. »

Il joint les mains devant lui et semble impatient d’entendre ma question, malgré son manque d’expression apparente.

« Avez-vous conservé un moyen de contacter ceux qui ont voulu vous recrutez ?
- Pas vraiment. » répond-il, sobrement.

Je baisse la tête, en signe de déception. Comment vais-je faire pour arrêter cette bande de criminels ?


« En revanche… »

Je redresse la tête pour voir mon interlocuteur avec un léger sourire sur le visage.

« Ils m’ont dit que si je changeai d’avis, il me suffirait de me rendre dans une maison, dans un quartier populaire de la ville, à la nuit tombée uniquement. Je vais vous donner l’adresse, je l’ai dans mon courrier encore il me semble. »

Nous allons dans son bureau, à son rythme. Il sort un léger bout de papier, légèrement froissé. Je ne reconnais pas l’écriture, mais je crois que c’est une personne très éduquée qui a écrit cela, une personne du commun ne pourrait avoir autant de style sans mentor. L’adresse indique une maison semble t-il lambda d’une petite allée à l’ouest de la ville.

« Merci pour cette information Daoshi.
- Vous pourriez avoir la délicatesse de ne plus me mêler avec cette affaire ? Vous comprendrez que cela trouble mon esprit… Résolvez l’affaire s’il vous plaît. Que nous n’en parlions plus.
- Ce sera fait, Daoshi. Si vous voulez bien m’excuser…
- Allez-y, allez ! Bonne chance. »

Je quitte les lieux et retourne voir mes collègues enquêteurs. Lei Yang est revenu, il a dû avoir la réponse pour la garde.

« Nous pouvons disposer d’une vingtaine d’hommes.
- Parfait. J’ai une adresse.
- Comment ? Vous l’avez eu où ?
- Un informateur qui désire rester anonyme, au temple.
- Ah… Le temple, oui… Où est-ce ?
- Dans le quartier de la « Branche Noire ». Nous irons à la nuit tombée, nous prendrons d’assaut la maison et nous attraperons les criminels. Avez-vous une carte de la ville ?
- Oui, bien sûr ! »

Il part en courant pour revenir d’un pas pressé, il a une carte détaillée, parfait.

« C’est une allée, ici. Gao, ton sentiment ?
- Il faudrait cinq hommes de chaque côté de l’allée pour surveiller que personne ne puisse s’enfuir. Lei Yang vous pourrez rester à l’extérieur pour voir si personne ne part. Moi, je peux être sur les toits avec Francis. Et Huayan…
- Et moi je prendrai le reste des hommes pour rentrer dans la maison.
- Tu es sûre ?
- Parfaitement. Et puis Francis peut me rejoindre une fois dedans, pour les prendre par surprise en haut et en bas.
- Ouais, c’est pas con comme idée. »

Une fois le plan entendu, nous rentrons chacun dans nos demeures respectives pour nous préparer à cette intervention que nous souhaitons volontairement musclée. Il faut instiller la peur dans leurs rangs et leur montrer qu’il n’est pas si facile de défier l’autorité de l’Empereur.

« Madame Song. Marteau à deux mains ou hache ? » me demande Francis.

Je le regarde en souriant, comme s’il ne connaissait pas déjà la réponse…

« Hache Francis. Si tu combats dans la maison, tes mouvements seront plus difficiles à faire à cause du manque d’espace.
- C’pas faux, bonne idée ! »

Je reprends la préparation de mes armes… Ou plutôt, je regarde Xupeng aiguiser mes lames. Gao vérifie son armure dans un coin, il est bien plus pensif qu’à l’accoutumée. Quelque chose doit le tracasser et mon petit doigt me dit que je n’y suis pas étrangère.

« Vous êtes sûre que c’est une bonne idée cette opération, madame Song ?
- Nous n’avons pas le choix Xupeng. Ces gens, quelque soit leurs employeurs, sont dangereux. Nous devons mettre un terme à tout ceci. Nous allons les prendre par surprise, en capturer un ou deux et éliminer les autres. Il en va de la sécurité de la ville… Et de la nôtre.
- Cela ne me rassure guère. Ils ne vont pas avoir le temps de vous voir venir ?
- J’espère que non. Nous allons être rapides. »

Les préparatifs semblent prêts de notre côté. Il n’y a plus qu’à attendre le crépuscule et frapper un grand coup. Les fonctionnaires ont été tenu à l’écart de leur enquête, à part s’il y a un traître, personne ne peut savoir que nous allons venir et à quelle heure est l’opération.

Lorsque le soleil décroît, nous quittons la maison précipitamment et nous nous dirigeons vers le quartier ciblé où de « fausses » patrouilles, c’est-à-dire les gardes du Gouverneur, sont déjà en place et n’attendant plus que notre arrivée pour prendre leur réelle position.
Nous rejoignons Lei Yang dans une rue un peu plus loin, il est caché entre deux étales de marchands. Eux sont entrain de ranger leurs marchandises, lui est caché derrière une pile de caisses… Ce n’est pas très élégant, mais je vais lui pardonner pour cette fois-ci.


« Prêt Lei Yang ?
- Oui ! » dit-il, un peu hésitant malgré tout.

Le pauvre ne doit pas être habitué à ce genre d’opérations, notre ville étant plutôt calme. D’ailleurs nous devons agir vite, notre petite troupe commence à se faire remarquer. Nous descendons de nos montures et nous rapprochons du croisement qui mène à l’allée cible.

Les gardes de la ville se mettent en position et barrent la route. Nous laissons nos chevaux là, Gao et Francis grimpent sur les toits, Lei Yang supervise les forces sur la voie et moi je prends le reste pour la maison.

Je m’enfonce dans l’allée avec mon escorte, nous avançons d’un pas pressé écartant les gens en silence ou leur faisant signe de rentrer chez eux. Lorsque nous arrivons devant la maison des criminels, je me permets un petit moment d’observation tandis que les hommes de la garde prennent position devant la porte d’entrée.

Le bâtiment est assez simple. Nous sommes dans un quartier populaire, la toiture n’est pas de toute première fraîcheur, les murs de bois sont pourris et… Un manque d’entretien général est à noter. Je projette mon esprit pour sentir la présence de personnes à l’intérieur. Et, avec un grand sourire, je donne l’ordre de lancer les hostilités.


« Allez-y. »

Un garde se dégage du groupe et enfonce la porte d’un coup de pied violent. Ils se précipitent à l’intérieur avec leurs armes dégainées. Ils connaissent le plan, ils savent qu’il doit y avoir au moins un survivant, pour interrogatoire. Une fois l’entrée sécurisée, je me permets de rentrer.

Un petit chaos si vous voulez mon avis. Les gardes tiennent en respect des individus armés et particulièrement résistants face à leurs assauts. Leurs techniques pourraient être équivalentes à ceux qui ont osé pénétrer chez moi. Que des hommes, habillés en noir et ils se battent avec toute leur énergie. Certains sont masqués, d’autres non. Nous avons frappé au bon moment. Parfait.

Je regrette que le Daoshi n’ait pas donné cette information plus tôt au Juge dans la mesure où cela aurait pu épargné une vie, voir peut-être plus. Combien de personnes ont été tuées par ces assassins ? Nous ne savons pas. Je le trouve bien zélé par rapport à l’ampleur de la situation. Peut-être que son âge a troublé son sens du raisonnement avec ses concepts à suivre. Parfois il faut savoir faire la part des choses.

Les gardes de la ville sont tenus en respect. Un peu trop à mon goût, je vais devoir faire intervenir mon élément perturbateur.


« Francis. Ils t’attendent en bas. A toi de jouer. »

Je continue de regarder la scène de combat, légèrement confuse. Pour l’instant, pas de morts, aucun des deux côtés, même si mes gardes semblent perdre l’avantage de la surprise. Ils sont pour l’instant environ huit, il y en a d’autres à l’étage certainement. Je devine qu’ils sont très bien formés. Mais… Pas suffisamment.

Un énorme « crac » se fait entendre au-dessus de nous, suivi de la voix grave de Francis qui se met à crier des insultes comme un forcené alors que le fracas des armes se fait entendre.


« LA FURIE ROUGE ! » crie t-il.

Il va falloir vite aller lui porter assistance, je ne sais pas clairement combien ils sont là-haut, mais vu le bruit infâme qu’ils font, ils sont nombreux. Je prends une part plus active au combat en tirant les armes des criminels vers moi. Leurs épées volent et tombent par terre, tandis que l’effet de surprise gagné permet aux soldats de reprendre leur assaut plus sereinement.

Cependant, c’était sans compter que ces petites frappes savent semble t-il aussi combattre sans armes. Les « pugilistes » comme nous les appelons sont vraiment les pires. Les plus tenaces, les plus durs à arrêter.


« Eliminez ceux qui ne se rendent pas. » dis-je un peu comme un vain espoir d’une fin de combat rapide.

Quelques gardes sont blessés, cinq bandits sont morts sous les coups d’épées répétés. Je m’approche pour me dégager un passage vers l’escalier.

Je sors une lame que je lance, avec une précision – et une concentration- redoutables, je fends le crâne d’un assassin. Ce qui me permet de rejoindre l’étage où justement j’entends Francis continuer d’insulter tout le monde. Alors que j’arrive près de la pièce, un corps sans vie vole dans ma direction pour s’écraser à côté de moi contre le mur.

Francis a du sang sur lui. La question est : est-ce que c’est le sien ou celui des autres ? Dans le doute, je m’offre une séance de télékinésie et j’immobilise les adversaires de mon pilote fétiche. Il les tranche en riant et beuglant comme un veau et pour finir en beauté, il plante sa hache dans les parties génitales d’un des voyous qui hurle de douleur. Il l’achève. Il soupire.

Je contemple la salle. Quatre morts à lui tout seul. Joli compte.


« Y en a qui se sont enfuis par les fenêtres, j’espère que les gars ont pu les choper.
- Nous verrons, tu es blessé ?
- Des égratignures. On a des prisonniers ? »

Justement, il n’y a plus de bruits en bas. Nous redescendons. Les derniers recherchés se sont rendus et abandonner le combat, les gardes les ont attachés et semblent vouloir les conduire dehors.

« Emmenez-les dans les geôles du palais. Je viendrai les interroger. N’hésitez pas à passer par les rues passantes de la ville, plus de gens les verront, mieux ce sera. »

Ils les embarquent, Lei Yang arrive pour me prévenir qu’ils n’ont pas pu arrêté plusieurs fugitifs. Ils se sont séparés et ont disparu sur les toits ou dans les ruelles alentours. Ce n’est pas bien grave, nous avons suffisamment désorganisé leur petite bande de malfrats.

« Je m’en chargerai plus tard. Emmenez les prisonniers en vitesse et faites fouiller la maison. Je vous rejoins dans la prison. »

Je quitte les lieux avec Francis, Gao m’attend dehors. Malgré sa présence sur les toits, il n’a pas pu les arrêter… Ce n’est pas grave. Après tout, je ne m’attendais pas tellement à ce qu’il fasse quelque chose là-haut. A l’armée, on se bat rarement sur les toitures des maisons. Au moins, il était en sécurité, et ça… C’est bien.

Nous récupérons nos chevaux et je donne les affectations.


« Francis. Tu rentres à la maison et tu demandes à Xupeng de te soigner. Et lave tes armes. Et lave toi aussi d’ailleurs… Gao, tu viens avec moi au palais. Francis, nous rentrerons quand j’aurai terminé les interrogatoires.
- Compris ! »

Il s’en va à vive allure, tandis que nous prenons le chemin de la prison… Nous y allons avec un rythme assez lent, en réalité nous suivons de loin les hommes qui ont été capturé. Mon petit doigt me dit que les survivants de l’attaque ne vont pas rester les bras ballants. Je dénombre deux prisonniers. Ils doivent arriver en vie.

Heureusement pour nous, rien ne se passe et nous atteignons la prison. L’interrogatoire va pouvoir commencer. Les deux sont jetés dans des cellules différentes avec de la paille par terre. Il n’y a pas de fenêtre, pas de lumière naturelle, seules les torches accordent à ces misérables un peu de clarté dans les ténèbres.

Un peu à l’écart des cellules, nous discutons de la marche à suivre.


« Officier Yang, vous vous sentez de les interroger ?
- Je n’ai pas l’habitude des interrogatoires… Peut-être que Song DuiFu voudrait bien me libérer de cette charge ?
- Je ne suis pas…
- Déblaie le terrain pour moi mon frère. Je me chargerai de la suite. »

Il me regarde, je sens qu’il est à la fois troublé et en colère de ma proposition, pourtant il va s’exécuté. Ici, ce n’est pas uniquement de moi dont il est question. Ces gens ont peut-être voulu faire du mal à mon fils… Ils doivent être arrêtés.

Nous nous approchons de la cage, laissant le jeune dragon rentrer dedans. Le mouton va être dévoré… Du moins je l’espère. Il s’approche de lui, et l’intime l’ordre de le regarder. Ils échangent en Mandarin.


« C’est quoi ton nom ?
- Ren Ping.
- Tu travailles pour qui ?
- Ta mère. »

Gao lui assène un violent coup de poing dans la figure. Le malheureux perd au moins une dent. Il saigne du nez aussi. Hum ! Joli coup mon frère. Continue ainsi.

« Je répète. Tu travailles pour qui ?
- Je ne dirai rien ! T’entends ?! »

Nouveau coup de poing dans les dents. Et rajoute au passage un coup de pied dans les côtes. L’autre essaye de se relever pour se défendre, mais en vain, Gao le repousse au sol avec un mouvement sec et ferme.

« Les Ailes Ecarlates…
- C’est le nom de ta bande de gueux ?
- Oui…
- Et bien nous avançons enfin. »

Il jette un regard entendu vers nous à travers la grille. Lei Yang prend des notes. Gao tourne autour de l’assassin. Il a l’air plutôt jeune, maximum la trentaine. Crâne rasé. Suffisamment rare pour être souligné.

« Tu viens d’où ?
- Je sais pas. »

Coup de pied dans l’estomac.

« Tu viens d’où ?
- Je… Sais pas. »

Coup de pied dans le dos.

« Tu viens d’où ?
- Beijing, Beijing !
- Merci. »

Il fait une petite pause pour laisser le prisonnier se remettre des coups. Mine de rien Gao est un homme bien bâti, les années d’expérience et d’entraînement à l’armée en ont fait un soldat à craindre et à respecter.

« Tu vas nous dire tout ce que vous avez fait avec vos « ailes écarlates » à Chengdu et la région. Le nom de vos contacts, de vos employeurs et l’identité des victimes.
- Ah ! Vous pouvez toujours courir ! 
- Tu vas me dire pourquoi tu as voulu t’en prendre à ma sœur, connard.
- Non.
- Non ?
- Non.
- D’accord. »

Gao se redresse et assène un violent coup de pied au visage du criminel qui s’effondre sur le côté, il va dormir pendant un moment, ça c’est sûr. Il nous regarde, un peu déçu.

« Désolé, je ne sais pas me contrôler pour ce genre de choses. »

Impatient. Il ne changera donc jamais. Je vais prendre en charge l’autre prisonnier qui de l’autre côté, semble avoir profité du spectacle pour paniquer de plus en plus.

« Gao, sort de là. Je vais m’en charger. Va donc prendre un verre de thé avec l’officier Yang, il doit être fatigué.
- Mais je ne suis pas…
- On fait ce que dit la Dame Song et au pas de course. Les gardes, suivez-nous. Laissons la mandatée s’occuper du prisonnier. » dit-il avec un ton très, très, très sarcastique.

J’attends qu’ils partent. Une fois la voie libre, j’entre dans la cage de l’autre prisonnier. Il me regarde, presque rassuré que ce soit moi qui vienne le voir… Pauvre homme.


« Si tu penses que ce sera moins violent avec moi, c’est que tu es un idiot, petit être. » dis-je, en pouffant de rire. Attaché à une chaîne, il semble attendre les questions. Il est peut-être moins résolu que l’autre. Je vais tenter la manière douce.

« Écoute moi bien. Il y a deux moyens pour toi de sortir d’ici. Le premier, c’est que tu coopères complètement avec moi. Ton nom sera inscrit comme celui d’un témoin et tu ne seras pas poursuivi outre mesure, quelque soit la victime. Le second moyen… » dis-je faiblement, comme pour lui indiquer plus ou moins implicitement que c’est le « mauvais » choix.

« C’est que tu meurs sous la torture, seul, ici. Oublié de tous. Ton corps sera incinéré avec des rites funéraires bâclé et tu ne trouveras jamais le repos pour les crimes que tu as commis. Parle maintenant, libère ta conscience et la Justice sera clémente. C’est ta dernière chance. » dis-je, tâchant d’être la plus convaincante possible.

Je vois qu’il semble réfléchir. Il doit peser le pour et le contre. Ce n’est pas facile de tout avouer. Peut-être se raccroche t-il au vain espoir que son employeur viendra le chercher… Ou non. Ou peut-être ses petits copains survivants. Ah ! Je doute qu’ils arrivent à rentrer ici. Mais après tout, peut-être est-ce un dernier moyen pour lui de se motiver à résister à la pression de la Justice ?


« Je … Je ne dirai rien. » dit-il, manifestement hésitant.

Très, très mauvais choix.


« Tu sais… Ils n’ont pas demandé à une femme au hasard pour mener cette enquête. J’ai des compétences très particulières. Des compétences qui ne sont pas très… Classiques, disons. » commencé-je, marchant un peu dans sa cage.

« Dernière chance d’avouer tout. Après je vais devoir user de mes… Connaissances. » dis-je, tâchant de le fixer pour rajouter à son stress déjà certainement très élevé.

Il a l’air légèrement plus jeune que l’autre. Encore un jeune qui est tombé dans l’engrenage de la criminalité bien trop tôt et qui va payer pour les autres et pour ses employeurs peu scrupuleux. Les destins des gens sont parfois bien tristes. Mais quelle idée d’aller tuer des gens aussi. Je me concentre sur lui, sans bouger.


« Tu devrais déjà ressentir les effets non ? Un peu de nausées non ? » dis-je, sarcastique, sachant très bien ce qu’il était en train d’expérimenter.

Il se serre les vêtements sur la poitrine, il se penche pour se caler contre le mur. Il halète. Il transpire légèrement. Il soupire. Il ne semble pas bien. Il me regarde par intermittence, se demandant ce qui lui arrive. Je stoppe mon action.

« Ce n’est qu’un avant-goût de ce que je peux faire. Ne me force pas à aller plus loin. Accepte de parler. La liberté t’attend. »

En vérité, je préfèrerai cette issue à la torture. J’use de la violence quand j’estime que c’est nécessaire. Si je peux éviter de détruire quelqu’un, je le ferai avec joie. S’il ne me laisse pas le choix… Hé bien, je dois protéger mes enfants, donc je devrais lui extraire des réponses même si cela se fait salement.

Il hoche la tête pour dire non.


« Ils me tueront si je parle.
- Tu préfères être exécuter en place publique pour meurtres demain matin ? »

Il ne dit rien. Il va falloir lui forcer la main, soit. Je me concentre sur lui de nouveau.

Rapidement il commence à haleter de nouveau, l’air lui manque dans ses poumons. Il s’écroule sur le côté, cherchant à tout prix de l’air. Je ne souris pas, je ne fais que le forcer à avouer. Je relâche mon emprise, il reprend de l’air, je recommence le processus. Je refais cela plusieurs fois. Il est à bout de souffle.


« Toujours pas décidé ?
- Non… S’il vous plaît… »

Je m’approche de lui et m’agenouille devant lui.

« Ce que tu dois comprendre petit… C’est que je ne m’arrêterai pas, tant que je n’aurai pas de réponses à mes questions. Avoue tes crimes, dénonce tes collègues et tes employeurs. » dis-je, sur un ton plus doux.

Il hoche toujours la tête. Sa confiance commence à s’effriter, lentement mais sûrement. Je vais devoir accélérer le processus. Je porte ma main à sa joue, il esquive comme s’il avait peur que je le frappe. Je pose délicatement ma main sur son visage. Je lui fais les yeux doux.


« Parle. »

Je lui lance une décharge d’électricité dans le visage. Il crie sous la douleur et la surprise. Son corps remue comme s’il était parcouru d’un courant haute tension, je force un peu et je relâche mon emprise tout en me relevant. Il est sonné, les marques sur le visage pour preuve de la violence de l’attaque.

Il ne veut toujours pas parler… Bien. Nous allons faire les bonnes vieilles méthodes. En me concentrant, je le relève. Il tient à peine debout et s’appuie contre le mur. Je force sa main gauche à se plaquer contre la paroi de pierres. Il est surpris, il n’a pas assez de force pour résister à mon emprise. Je sors des couteaux de mon ensemble et je les fais tournoyer dans les airs. Avant d’en jeter un pile entre deux de ses doigts. Je crois qu’il vient de se faire pipi dessus. Une nouvelle fois.


« La prochaine fois… Je coupe deux de tes doigts. Es-tu sûr de vouloir aller aussi loin ? Soit raisonnable.
- Je… Je… »

Je relâche mon emprise sur son bras et récupère mes lames que je continue de faire tournoyer dans les airs. Histoire de maintenir la pression, je les lance aléatoirement autour de lui, je fais exprès de ne pas le toucher. C’est pour lui faire peur. Manifestement, toujours pas d’aveux, donc on va revenir à la tactique du manque d’air.

Une nouvelle fois, ses poumons ne fonctionnent plus très bien. Il est plié au sol, cherchant de l’air où il peut. Son visage est déformé, sa bouche grande ouverte. Je maintiens la pression. Puis, lorsque je vois qu’il est au bord de l’évanouissement, je relâche. Il tousse et respire difficilement. Comme quelqu’un qui aurait passé trop de temps sous l’eau et qui viendrait de refaire surface.


« Je vais… Parler. 
- Ah. Bien. J’écoute. »

Il se redresse légèrement contre le mur, toujours assis. Faible. Je retire mes lames du sol pour les ranger dans mon ensemble. Il me regarde, ne sachant trop comment considérer une femme comme moi : une sorcière peut-être ?

« Je m’appelle Pan Fang. Je fais parti des Ailes Ecarlates, nous sommes un groupe d’assassins originaires du Henan. Nous sommes arrivés en ville il y a un mois environ.
- Qui est votre employeur ?
- Nous ne connaissons pas sa réelle identité. Nous ne connaissons que son intermédiaire qui nous envoie les ordres.
- Où est cet intermédiaire ?
- Jamais en ville. Notre chef le rejoignait à l’extérieur de Chengdu, prenait les ordres et revenait.
- La dague qui a été laissé à côté de Luo Ju. C’est la vôtre ?
- Oui. Notre chef a une formation de forgeron, il fabrique nos propres armes dans une forge clandestine de la ville. »

Cela explique au moins pourquoi nous n’avons rien trouvé chez les forgerons enregistrés.

« Pourquoi avoir tué Luo Ju ? Ce n’est qu’un fils de marchand après tout.
- Il vendait… Quelques choses dont nous avions besoin, et il a refusé.
- Quoi donc ?
- Du poison…
- Du coup vous l’avez tué et vous avez volé sa famille ?
- Non ! On devait attendre la suite des ordres après cela…
- L’intermédiaire, il a un accent de quelle région ? Parle !
- Euh… Le chef ne l’a jamais dit, je… Je ne sais pas !
- Et le Juge ?
- Il devenait trop dangereux avec son enquête… Il avait découvert la forge clandestine.
- Je vois…
- Vous allez me laisser en vie ?
- Combien de tes petits camarades se sont fait la malle ?
- Quatre ou cinq, je n’ai pas bien vu…
- Vous avez une autre planque en ville pour vous réfugier en cas de besoin ?
- Non… Pas que je sache en tout cas.
- Tu sais ce qui t’attend si tu me mens ? » dis-je, menaçante.

Il hoche la tête.


« Pourquoi avoir voulu me tuer ?
- Le client nous a demandé de la faire, mais vous avez éliminé l’équipe de ce soir-là…
- Et crois-moi ce n’était pas glorieux. Y avait-il des consignes particulières pour mon assassinat ?
- Non… Mais on devait laisser une signature derrière nous.
- Quoi ?
- Une statuette d’un Dieu d’une ville dans le nord près de la capitale… Je crois qu’il s’appelle…
- Hum ?
- He Shen. Oui c’est ça He Shen ! »

Je détourne mon regard de lui. C’est à la fois une révélation et une horrible nouvelle. La vieille chouette m’a retrouvé et c’est elle qui est entrain d’amener sa petite organisation misérable dans cette ville… Ma ville. C’est une catastrophe… Le bon côté des choses cependant, c’est qu’elle ne semble pas savoir que j’ai eu un enfant, cela limite les risques pour lui.

Les ailes écarlates – quel nom pitoyable- étant décimés, je doute qu’elle puisse encore sévir en ville pour un moment. Il va donc falloir… Se préparer à son retour et éliminer ses agents dans la région. Une mission qui me convient parfaitement.


« Autre chose à ajouter ?
- Non j’ai tout dit, je le jure !
- Bien. Je te laisse en vie, tu as de la chance. »

Je sors de la cellule en vitesse pour aller faire le point avec Lei Yang et Gao et demander aux gardes de retourner surveiller cette fine équipe de prisonniers. Gao remarque immédiatement à mon visage que quelque chose ne va pas très bien, mais il se retient de parler, pour l’instant. Je fais un bilan de ce qu’a dit le bandit.

« Il a avoué. Bien joué, 宋大人 ! Je vais m’occuper de la paperasse et je ferai un éloge magistral en votre nom devant le Gouverneur.
- J’espère bien, officier. J’espère bien. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, je vais rentrer chez moi.
- Bien sûr, je vous en prie. Le Gouverneur devrait vous contacter pour vous féliciter dans quelques jours je pense !
- Avec joie. »

Nous quittons la prison pour regagner notre foyer. Il fait nuit maintenant et c’est à la lueur des torches que nous regagnons mon quartier. Nous restons silencieux, les rues sont désertes à cette heure. Je vois que Gao s’arrête brusquement et regarde autour de lui.

« Qu’est-ce qu’il y a ?
- J’ai entendu quelque chose je crois… »

Et il a bien raison.

L’instant d’après, des ombres surgissent des toits pour nous barrer la route. Il y en a cinq. Hé bien, je crois que nous avons retrouvé les fugitifs. Parfait, ils vont comprendre leur douleur. L’un d’eux, certainement le nouveau chef de cette petite équipe s’avance de quelques pas et nous annonce la couleur.


« Pour nos frères tués et ceux en prison, vous allez mourir.
- Bien sûr. » répondis-je, le ton froid.

Ils nous laissent descendre de cheval. Ils dégainent leurs armes, Gao sort la sienne de son fourreau. Il se rapproche de moi, nous sommes dos à dos.


« Huayan, dès qu’il y a une ouverture, enfuie toi et rentre à la maison.
- J’ai combattu des sauvages pour te sauver la vie. Ce ne sont pas des rebuts de la société qui vont me faire peur. »

Et sans d’autres préliminaires, les cinq assaillants foncent sur nous. Je repousse les deux devant moi en me concentrant, je les fais voler sur deux mètres en arrière, ils tombent au sol. Gao engage le combat à l’épée contre les autres.

L’un d’eux ne fait pas bien attention à moi, je sors une lame et je la fais planer jusqu’à sa jambe. Il crie de surprise et de douleur, Gao se retourne vers lui et lui assène un violent coup d’épée dans le torse, il s’effondre au sol et lâche son arme.

Je fais planer l’arme blanche jusqu’à moi et je la garde en main. Mes deux assassins se sont relevés et s’apprêtent à m’attaquer en même temps de nouveau. Une idée me vient. Je commence à faire tourner mon épée sur elle-même, comme une toupie. Puis, lorsque la vitesse est suffisante, je la relâche vers l’un d’eux. D’abord surpris, ils se rendent compte de la menace potentielle de mon attaque et se poussent.

Je jette un œil du côté de mon frère qui se bat avec férocité contre les deux épéistes. Il a l’air de s’en sortir. Je retourne à mes deux ennemis. J’ai été trop lente, l’un d’entre eux me saisit par derrière et passe son bras devant ma gorge, pour bloquer ma respiration. Grossière erreur, être inférieur.

Je ferme les yeux et je fais monter mes cheveux vers sa gorge. Puis, d’un mouvement bref, ils assaillissent cette dernière, l’assassin est surpris. L’autre tente d’en profiter pour aller attaquer mon frère. Je tente mon bras vers lui et lui envoie des rayons électriques vers lui. Il se fait foudroyé dans le dos et s’effondre au sol.


« Bien fait, pauvre type. »

Je continue de serrer la gorge de mon assaillant, qui resserre son étreinte sur moi. Je lui donne de petits coups de coude mais sans grands effets, il résiste plutôt bien à l’étranglement lui. Je mets mes deux mains sur son bras autour de ma gorge et je lui envoie une décharge électrique dont il va se souvenir longtemps. Cela, plus la gorge serrée par mes cheveux, il me relâche et recule. Il tire sur ma chevelure !

Je saute sur lui et le plante avec une lame à de multiples reprises, mes beaux cheveux sont tâchés de sang, quel gâchis ! Cela va être une galère pour tout nettoyer.

Je me redresse et regarde mon frère qui tient en respect ses cibles. Manifestement, c’est lui qui a les plus expérimentés sur lui. Il faut que je l’aide. Je me concentre et forme dans ma main droite un fouet éthérique. Une arme redoutable. Elle ne blesse pas le corps mais détruit l’âme d’une personne. C’est formidable.

Je m’approche, les rayons rosées et bleutées de mon arme illuminant la rue dans laquelle nous nous trouvons. L’un des combattants se détache du combat contre Gao pour m’assaillir. J’essaye de le maintenir au sol, il résiste mais sa course est arrêtée. Je fais tournoyer le fouet et l’abat sur lui.

Son esprit s’effrite une première fois, il ne comprend pas bien ce qui se passe pour lui je pense. Je continue mes assauts, il tente de parer mais les filaments qui composent mon arme passent à travers et le frappent de nouveau, ils le déchiquètent. Il tombe à genou. Je m’approche de lui précipitamment et plante un couteau dans sa gorge.

Le dernier semble prendre peur, il est stoppé par Gao qui lui plante son épée dans le torse. Il s’effondre. Le combat est fini et il y a une sacrée pagaille dans la rue. Nous décidons d’un commun accord silencieux de reprendre notre chemin rapidement.

Nous rentrons à la maison. Francis et Xupeng nous accueillent, ils ont l’air inquiets. Nous nous rinçons, nettoyons nos armes. Il ne doit pas être loin de vingt-trois heures lorsque nous mangeons un petit peu. Le vétéran et l’eunuque nous laissent pour surveiller la maison, moi et mon frère nous discutons… Ou plutôt allons discuter.


« Huayan. Je veux que tu me racontes ce qui s’est passé ces dernières années pour toi. Tes pouvoirs, d’où viennent-ils ? Comment arrives-tu à tuer des gens aussi facilement ? Je sais que je n’ai pas été là pour toi, mais s’il te plaît. Raconte-moi la vérité. » demande t-il, sérieux mais pas agressif.

Je pose mes baguettes à côté de mon bol. Je soupire et le regarde.


« Mes pouvoirs ont toujours été là. Déjà petit, tu sais que j’arrivai à faire voler de petits objets en me concentrant. Seulement… La pratique m’a permis de m’améliorer. Voilà tout.
- Voilà tout ?
- Ce que tu dois comprendre, 我哥哥, c’est que j’ai fait des choses pour m’en sortir… Et pour retrouver Haojun.
- Dis-moi ces choses. Je veux savoir. »

Je prends le temps alors de lui expliquer de manière chronologique mon parcours. Mes réussites comme mes échecs. Son visage s’assombrit au fur et à mesure de l’histoire. La seule partie que je lui cache est celle où je pactise avec Namtar le Démon. Il se lève et continue d’écouter.

Il écoute, sans jamais m’interrompre. A certains passages, les plus douloureux, il serre les poings. Je me lève et vient me placer derrière lui, ayant peur d’affronter son regard désormais. Je peux comprendre qu’il se sente trahit ou même coupable de ne pas avoir été là. Mais c’était mon choix de ne pas l’impliquer.


« Je comprends que tu puisses m’en vouloir Gao… Mais je voulais protéger tout le monde, en évitant de parler de tout ça.
- Ton mari est un lâche.
- Il n’a pas eu vraiment le choix dans sa version des faits. »

Je sens dans sa voix que sa colère est plus dirigé contre Haojun que contre moi. Il se retourne brusquement et me prend dans ses bras, pour faire un câlin.

« Comment je pourrai t’en vouloir ? Tu as été plus que courageuse, 我妹妹. Maintenant, laisse-moi t’aider quand je le peux. Tu as fait ton choix, laisse-moi faire le mien. Nous ne sommes plus des enfants. » dit-il, ému.

Nous nous enlaçons ainsi, sous le regard bienveillant de la Lune.

Cela m’a fait du bien d’avouer mon proche passé à mon frère. Je suis libérée d’un poids, lourd. Il ne m’a pas jugé, il m’a juste entendu et est désormais prêt à m’aider. Cela fait plaisir et rassurant pour l’avenir.

Nous passons une bonne nuit, l’esprit apaisé.

Quelques jours plus tard, Xupeng vient me réveiller. En temps normal, je l’aurai renvoyé balader. Cependant. C’est très inhabituel pour lui de venir perturber mon sommeil, surtout après une journée assez violente comme hier.


« Le Gouverneur vous fait mander au palais. Il veut vous attribuer une récompense à la hauteur de votre investigation. C’est une cérémonie officielle.
- Très bien. Préparons nos affaires, vite. »

Je m’habille en tenue d’apparât, Gao enfile une tenue civile élégante également. Je mets mes bijoux et mon maquillage, je veux être parfaite. Nous partons avec nos porteurs avec une légère urgence. Il ne faut pas faire attendre l’autorité impériale.

Nous arrivons au palais où la garde de la ville nous fait une haie d’honneur. Nous sommes accueillis par des serviteurs du gouvernement local.


« Le Gouverneur vous attend dans la grande salle. Veuillez nous suivre gente dame et monsieur. »

Nous marchons à travers le bâtiment jusqu’à parvenir à une grande salle de réception, ouverte sur les jardins intérieurs, où les notables de la ville, y compris des religieux, sont sur les côtés, attendant notre venue. Nous sommes annoncés.

« Songzi Huayan et Song Gao DuiFu ! Place ! » crie le serviteur.

C’est le protocole d’annoncer les arrivants en parlant très fort. Habituellement, c’est pour compenser que le fait que les salles officielles sont souvent… Très grandes donc il faut se faire entendre et faire silence à la fois.


« Approchez ! Approchez ! » dit le gouverneur.

Nous nous avançons, Gao se place légèrement derrière moi, n’étant pas celui qui a été convoqué. Nous nous inclinons devant lui sur le sol. Lui aussi s’est mis en tenue d’apparat.


« Par le présent message, l’autorité impériale délivre à Songzi Huayan et son mari Wangzi Haojun le titre de Vicomte de premier rang. Pour son mérite dans la préservation de l’harmonie dans la ville de Chengdu. Ses services sont appréciés et remerciés. » clame t-il en articulant fortement.

Il s’avance vers moi et comme le veut la procédure, je dois me tenir comme s’il était l’Empereur en personne. Le messager impérial est aussi important que notre souverain à tous. Je tends les mains, à genou pour recevoir le papier justifiant mon nouveau titre. Passée Vicomtesse de troisième
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Bon ! Avant que tu n’inondes ma boite de mp, j’vais noter c’truc là. Est-ce qu’il s’agit d’une tentative pour te culpabiliser ? Oui, totalement.

Comme il y a cette demande dans le mp, j’vais tenter de faire le parallèle entre ce rp et celui répondant au non de « He Shen ». Cependant, avant de commencer, j’vais relever une remarque que tu énonces dans ton message.

Forcément que, après une année, il y aura une évolution dans ton écriture ou dans ta manière de poser les choses. Le système que nous adoptons, sur le forum, il y a une courbe de progression pour chaque membre. La différence ? Chacun l’emprunte de façon différente. Tu peux évoluer sur le fond, comme sur la forme. Le premier exemple ? Tu observes ce rp et le précédent, simplement, et tu remarques directement une certaine légèreté qui rend le texte plus engageant.

Donc, oui, il y a une évolution entre ce rp et le précédent.

Toutefois, j’ai quand même des remarques à faire sur la fond ! Ahaha. Tu m’demandes de comparer ? Alors, je le fais.

En terme de comparaison, donc. Même si l’entrée en scène est différente, l’un est un agent du gouverneur qui t’appelle et l’autre étant Huayan qui assiste directement au crime, il y a des similarités marquantes. Tu veux des exemples ? Les deux enquêtes se déroulent lors d’une fête chinoise, importante dans le contexte. Les morts sont des assassinats. Les acteurs menant à la résolution ont des similarités, un agent qui t’aide / un gars de religion / un membre de la famille.

Alors, pense pas que c’que j’dis en penser en mal. Pour la simple raison que, quand on écrit un texte, on à le schéma que nous connaissons et maîtrisons le mieux.

Les rp de Pamela, dans l’exemple, sont toujours sur un même schéma. Ceux de Cassandra aussi a toujours le même déroulement. Est-ce que c’est un mal ? Pas forcément. Les plus grands écrivains ont leurs schémas et tu peux transposer cette pensée au cinéma. La subtilité ? C’est de cacher notre schéma, conserver les éléments en les modifiants ou en masquant sous d’autres apparats.

Bon, par contre, ne t’attends pas à recevoir un conseil en or. Moi ? J’suis pas un grand écrivain. Bon, d’accord, j’suis grand et j’écris ! Mais j’suis pas un grand écrivain. Néanmoins, j’peux dire la chose suivante : l’important n’est pas d’écrire quelque chose d’original, mais de bien écrire ce que l’on veut retransmettre.

D’ailleurs, petit aparté ! Par rapport au discours des corbeaux, et j’avais envie d’en parlais dans ton rp dans le Château de la Bête. Pourquoi est-ce que les corbeaux font « Croah » ? Si tu parlais avec une grenouille, elle ferait aussi « Croah » ? La vache ferait « Meuh » et le cheval « Hiiihihiii » ? Tu vois ce que j’veux dire ? C’est un point de vue totalement personnel, mais j’comprends jamais pourquoi donner la spécificité animale quand celui-ci parle. De plus, quand Huayan parle aux corbeaux, elle ne dit pas « Croah », ils doivent être perturbés s’il n’y a pas ce tic de langage dans leur dialogue ? Le « Croah », c’est ce que le commun des mortels entend, pas la personne capable de leur en parler.

Cette réflexion est vraiment personnelle, c’est un truc qui me gave dans les films ou les écrits. C’est au même niveau que de faire parler noblement les hiboux ou de façon sage les tortues. Mince quoi, pourquoi pas une tortue de la cité ?! Brisons les clichés !

Bref, j’ai beaucoup été négatif jusqu’ici et j’pense que j’vais pas non-plus éterniser le commentaire.

La raison est simple, les enquêtes sont systématiquement à l’appréciation du lecteur et de ses attentes. Dans le cas actuel ? Il n’était pas difficile de trouver le coupable car il était annoncé dans le rp précédent. Avec ça ? Ma propre réflexion m’a fait rapidement écarté les suspects présumés parce que j’avais déjà les éléments dans « He Shen », ou dans ce qui se passe dans tes séries d’exploits.

Après, il y a du positif, clairement. Le problème vient de moi qui possède des attentes assez élevé pour le simple fait que, tu le sais déjà, j’adore les enquêtes.

C’est comme demander à un fan de SF de commenter un rp pure SF, il va te trouver tout les défauts et ne pas parler des qualités pour la raison qu’ils sont des acquis pour lui. Tu vois ce que je veux dire ? Cependant, le rp à des grandes forces et ce sont clairement les relations entre les personnages. Il y a de l’évolution de chaque côté, dont le frère où nous n’attendions que ça.

La difficulté et justement celle-ci, dans mon idée, quand tu gères des PNJs et de rendre les évolutions. Contrairement à du rp avec des PJs, tu es le seul maître à bord et tu fais comme tu veux. Tu veux quelqu’un de totalement soumis à Huayan ? Facile en PNJ, ultra dur en PJ. La question est de savoir amener les choses. Avec Francis, c’est bon. Pareil avec le frère ou Xupeng. Ma déception dans ce rp, c’est peut-être le gouverneur qui regarde Huayan comme le messie et accepte tout. Dans l’idée, elle avait la direction totale de l’enquête sur un « Mais, vous avez été bien, j’vous offre tout ce que vous voulez en échange de votre grande aide ».

Tout n’es pas noir ou blanc, il faut ajouter de la nuance. Par exemple, le gars ultra-vénère de devoir demander de l’aide. L’idée était de le contrainte à faire appel à toi ? On ne le ressent pas trop. C’est un peu comme si t’étais la boulangère et qu’il demandait une baguette.

Par contre, comme j’le dis en début de commentaire, tu as clairement évolué depuis et il n’y a pas les maladresses de l’époque. Tu réfléchis à des aspects que tu ignorais auparavant. Tu créé une mauvaise piste pour brouiller le lecteur. Les noms sont moins hardcore pour que nous puissions nous repérer. Donc, oui, il y a de l’évolution ! Tu devrais demander à quelqu’un d’autre la prochaine fois, histoire d’avoir un avis différent et un regard différent. C’est aussi l’intérêt de notre système d’avoir les points de vue qui se confrontent, pas systématiquement le même.


Périlleux : 37 points d’expérience + 300 munnies + 3 PS. Deux en Psychisme et un en Magie !

Tiens, à la suite de ta proclamation, il y a un papier supplémentaire dans la pile de document. Serait-ce un rapport ?! Vite, demande à Primus, il détient la réponse.
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