Ambrosia était là face à un chien ou plutôt à un mélange de chien, ours et lion. Celui-ci avait le poil rouquin, il avait la hauteur d’un gros chien et la même posture. Pourtant ses pates étaient aussi énormes que celles d’un ours et surtout elles avaient les griffes de cet animal. C’était sa crinière de feu et sa mâchoire remplie de dents aussi tranchantes qu’une lame de katana qui lui donnait une ressemble à un lion. Le comble dans tout ça ? La jeune guerrière n’était pas là pour l’admirer et ne pouvait pas le fuir : elle devait attraper la clé autour de son cou. Et pour compliquer la chose, elle n’était pas la seule à vouloir cette clé ; une petite dizaine de nouveaux mercenaires comme elle, la convoitaient.
Mais comment la jeune femme du Colisée de l’Olympe s’était retrouvée ici ? Face à cette chimère pour récupérer une clé dont elle ignorait l’utilité. En fait Ambrosia était arrivée il y a peu à Fort Royal ; le QG des mercenaires qu’ils partageaient -si elle avait bien compris- avec les « tuniques rouges ». Ambrosia n’avait jamais entendu de ce groupe avant de mettre les pieds ici. La seule image qu’elle pouvait se faire d’eux c’était qu’ils devaient porter des tuniques rouges. Avec un peu plus de créativité; la guerrière s’imaginait qu’ils avaient le visage masqué par un foulard noir et une capuche rouge sang.
Bref ; le Fort Royal était différent des structures du port. En effet Ambrosia en arrivant dans ce monde avait été directement interpellée par tous ces bateaux plus ou moins bien entretenus, cet odeur de sel mélangée à celle du poisson, mais aussi de la chaleur et de la transpiration des marins qui travaillaient sur les bateaux pour amarrer, décharger, marchander. Il y avait aussi une odeur différente en fonction du chargement ; épices, métal, rhum, tissus, etc… Ambrosia avait déjà participé à des marchés au Colisée de l’Olympe mais cela n’avait rien à voir. Ici au lieu de marchander tranquillement sur une place bien entretenue et des étales bien aménagées : c’était le KO total. Les gens qui criaient, s’engueulaient et se battaient même parfois. Le tout dans des rues plus ou moins encombrées. Et cette sensation d’un lieu sale, noir qui mettait mal à l’aise la guerrière. C’était donc cela le « monde de la piraterie » dont lui avait parlé Phil avec des yeux brillants comme si il aurait voulu se trouver là… Ambrosia en fut bien déçue. Et quand elle arriva au Fort c’était un autre univers qu’elle voyait de ses yeux verts émeraude. D’après ce qu’elle avait lu et entendu par la bouche du satyre elle se croyait plus dans un monde de château : une structure entièrement en pierre bien dessinée. Des angles biens droits, des hauteurs aussi grandes que les gradins du Colisées. Un énorme Fort dont il était impossible d’un coup d’œil de savoir ce qu’il cachait. Cela avait intrigué la jeune femme autant que ça l’avait faite senti inférieure et sans défenses…
Elle portait en arrivant ici une longue cape/manteau descendant jusqu’à ses bottines pour cacher ses jambes constamment en armure et couvrait également ses bras : il n’y avait que son cou, sa tête et sa chevelure rouge rubis qui étaient visibles. Devant l’énorme porte se trouvait un garde, Ambrosia ne sachant pas comment si prendre décida de se présenter et de préciser qu’elle était l’élève de Phil le satyre. Le garde la laissa passer… Est-ce qu’il avait dans sa tête le registre des noms et visages des mercenaires et tuniques rouges ? Ou pouvait-on rentrer ici comme dans un moulin à vent ? Elle l’ignorait complétement.
Après quelques temps à errer dans la cours, elle vit des arrivants qui à première vue étaient nouveaux comme elle. Puis un mercenaire accompagné d’un chien ou… plutôt d’un animal avec des ressemblances de chien, convoqua toutes les nouveaux qu’ils appelaient « bleusaille ». Une fois la dizaine voir vingtaine de personnes regroupées en demi-cercle devant ce mercenaire et son animal de compagnie qui semblait tout content d’être ici, il prit la parole :
« Bien les jeunots, on m'as demandé d'entrainer la bleusaille que vous êtes. Mais avant tout, j'veux voir ce dont vous êtes capable! Et votre camarade ci-présent Daïgoro …»
Il désigna le chien qui gonfle le torse fièrement,
« A très envie de participer. Donc! Voilà le deal : Vous voyez cette jolie clé ? Si vous arrivez à la lui reprendre …»
Il laisse échapper un rire
« Vous gagnerez le droit de directement passer aux premières missions sans entrainement. Attention, c'est notre mascotte, un mercenaire un vrai, de la première heure! Il est surement plus doué que la plupart d'entre vous! Ah et dernière précision... personne ni au fort ni en ville n'est au courant. Donc… peut être que vous croiserez des récalcitrants ou des empêcheurs de tourner en rond...qui sait ! Allez! Bon courage! »
Il siffla et le chien se mit à aboyer avant de partir en trombe par la porte du fort grande ouverte vers les rues de la ville, pendant que le mercenaire déploie une longue vue rétractable et se dirige vers les remparts avec un grand sourire amusé.
Bon fallait pas trainer à essayer de comprendre ou poser des questions ! Ambrosia avait effectué un demi-tour très minutieux et commença une course élancée. Elle ne sortit pas son épée ni son bouclier : la jeune femme n’en aurait pas besoin, enfin pas pour le moment en tout cas. Dire qu’elle avait monté tous ce chemin pour le redescendre à une vitesse vertigineuse. Soudain, dès les premières maisons de la ville approchèrent, le chien-loup-ours dénommé… Rah Ambrosia avait déjà oublié son nom : ça commençait par Daï… ou Déi… ? Bref ! L’animal à quatre pattes s’arrêta net et fit face aux groupes de jeunes. Il attendit que tout le monde soit présent, et bizarrement personne ni même la guerrière n’attaqua l’animal : avait-il pris le contrôle des esprits des premiers arrivées pour les stopper ? Quoiqu’il en soit une fois tous face à lui il se remit à gonfler son torse et après un aboiement assez étrange il se clona en sept…. QUOI ?! Mais mais… Laquelle clé est la bonne dans ce cas ? Car la clé aussi c’était multipliée en sept. Certains mercenaires poussèrent un soupir étant vraiment perdu face à ces sept animaux identiques, d’autres sortir leurs armes l’air assurant mais dans leurs yeux ils ne l’étaient pas. Ils avaient le regard qui passait d’un chien à un autre.
Ambrosia n’était pas du genre à se vanter devant tout le monde, mais à elle-même si ! D’ailleurs à cet instant précis elle sourit :
*Haha moi je n’ai pas quitté des yeux le vrai gros toutou !*
En effet la guerrière savait -après tant d’entrainements avec son coach à deux pattes- qui ne fallait jamais quitter un adversaire des yeux, jamais ! Mais elle fit comme les autres perdus : à regarder l’un puis l’autre animal l’air déboussolée. Le cinéma ce n’était pas son truc mais ça devrait passer…
Et bien entendu les sept bêtes ne sont pas restées longtemps statiques : elles coururent dans la ville et se dispersèrent dans les ruelles. Forçant ainsi les nouveaux mercenaires à choisir une cible rapidement. Ambrosia encore dans son « cinéma » pour tromper les autres, laissa passer devant elle trois à quatre concurrents choisir une cible parmi les sept.
La guerrière aux yeux verts ne quitta à présent plus sa cible à elle et se lança à sa poursuite. Finalement ce fut une bonne chose que la mascotte des mercenaires se soit clonée : au lieu de se retrouver à quasi une vingtaine sur lui, il n’y avait plus que trois personnes qui le poursuivi. Ambrosia et deux autres qu’elle n’eut pas le temps d’étudier car sa cible principal était cette clé ! Mais elle garda un œil sur ces deux-là.
Au final cette petite mission, Ambrosia la voyait comme un jeu grandeur nature. Toute sa vie d’entrainements avait été dans l’arène lors de combat organisés ou des petites missions à travers la ville et même des parties de cache-cache à étudier l’environnement. Phil avait vraiment été un bon entraineur il n’y a pas à dire. Et c’est pour lui qu’elle allait réussir haut la main ce défi donné par ce chien-lion-ours et sa clé ! Déterminée comme jamais elle continua sa course derrière la bête suivie des deux autres mercenaires.
Mais cela ne dura pas longtemps : la ruelle où ils s’étaient enfilés s’agrandissait de plus en plus et il y avait de plus en plus de monde qui se poussèrent ou pas, qui leurs cria des insultes, etc. ça ne sentait pas bon tout ça ! La jeune grecque vu juste : une foule épaisse se dressa devant eux. Ils venaient d’arriver sur une place très peuplée. Aïe ! Le but pour la jeune femme fut d’énerver le moins de monde possible : donc de les éviter au maximum et de ne pas les bousculer. Elle fut hallucinée de voir que Daïga… Non Daïgre… Enfin bref, qu’il réussisse à se faufiler sans problème : comme un petit voleur dans la foule ! Et n’étant pas grand, elle allait vite le perde de vue si elle ne faisait rien. Durant son temps de réflexion un mercenaire lui passa devant le nez et continua dans la foule bousculant tout le monde, se vautrant quasiment à terre plusieurs fois. Ce bruit, cet odeur, cette foule… Tout ça donna un mal de crâne à Ambrosia et l’empêcha de réfléchir. Mais elle leva le regard pour observer les alentours… LA ! Une maison plus haute que les autres qui se trouvait du côté droit de la place : de là-haut elle sera loin de ce remue-ménage et pourra voir surement mieux où se trouvait son objectif.
Alors elle grimpa sur le toit de la maison la plus proche en s’aidant de quelques barriques en bois empilé de façon pas rassurante –qui fut au final plus stable que cela paraissait-. Pendant ce temps-là le mercenaire qui s’était jeté dans la foule c’était fait attraper par une poignée d’hommes pas contents du tout ! L’autre mercenaire lui s’était arrêté aussi et décida de suivre Ambrosia pour poursuivre la course sur les toits. La demoiselle jeta un rapide coup d’œil derrière pour le voir ; et elle leva les yeux au ciel :
*Et il suit bêtement sans savoir pourquoi je suis sur les toits de la ville et pas sur la place…*
La guerrière se reconcentra sur là où elle posait ses pieds car les toitures des habitations étaient aussi sales et glissantes que le sol. D’ailleurs Ambrosia se demanda comme cela était possible sachant que quasi personne ne se baladait sur les toits. Elle arriva suivit de près par l’autre mercenaire au point qui surplombait le mieux la place infectée de d’habitants, pirates et briguants. Mais elle en avait que faire de ces personnes : elle parcourait de ses yeux émeraude la foule comme si elle balayait de regard une nuée de moustique à la recherche du papillon parmi eux. A cet instant le papillon était la chimère chien-ours-lion. Et ce ne fut pas elle qui le trouva, mais son collègue qui lui pointa du doigt le sud-est de la place une petite silhouette à peine visible qui se faufilait entre les gens ; et cela ne pouvait pas être un enfant aussi rapide et agile. Ambrosia dû admettre au fond d’elle, qu’elle avait mal jugé son coéquipier. Mais elle ne prit pas non plus le temps de le regarder pour voir à quoi il ressemblait : cela l’importait peu pour le moment.
Ils se rapprochèrent donc de la mascotte toujours en hauteur sautant de toits en toits. Celle-ci bougeait certes, mais Ambrosia ne la quitta plus des yeux. Une fois sur la maison la plus proche ils sautèrent directement au sol. Les jambes métalliques de la demoiselle fit un léger son qui ressembla à un sifflement mais le mouvement d’amortie était tellement naturelle –comme si ces jambes étaient de chair et d’os- que son compagnon de route n’en perçu rien, fort heureusement. Daïgobidule se faufila dans une ruelle quitta ainsi au grand soulagement de la rouquine, la foule. Une ruelle en cul de sac… La bête avec toujours la clé tant convoitée autour du cou se retourna sur elle-même sans hésiter. Ambrosia croisa son regard et vit dans ce regard perçant qui glaçait le sang, qu’elle allait se battre et pas pour semblant.
La guerrière grecque se ressaisit et sorti sans plus tarder son épée, suivi de près par l’autre mercenaire. Ambrosia pensa que si c’était la mascotte des mercenaires, alors elle allait être imbattable. Il fallait donc plus se préoccuper de comment récupérer cette fichue clé !
Ambrosia n’eut le temps de rien faire, que le mercenaire se lança comme un demeuré sur la chimère.
*Aïe aïe aïe : il va vite le regretter…*
Mais elle allait en profiter pour voir la puissance de son adversaire. D’un coup de patte le mercenaire se retrouva propulser à plusieurs mètres, et cela avait semblait-il demandé peu d’effort à la bête qui poussa un cri strident en direction d’Ambrosia qui n’essaya même pas de faire face : elle fit un bon en l’air comme si elle allait décoller et s’envoler dans les airs. Elle évita ainsi l’onde de choc qui détruisit le mur de derrière. L’autre mercenaire s’était relevé et lança un éclair qui frappa violemment le dos de la bête. Ambrosia elle fit une roula pour amortir son atterrissage et quand elle se redressa elle fit avec surprise la mascotte chien-ours-lion qui avait en fait stocké l’énergie de la foudre, lança cette énergie multipliée par dix au moins sur le mercenaire. C’était une belle démonstration de l’arroseur arrosé ! Le mercenaire n’allait pas se relever de sitôt vu la fumée qui sortait de ses oreilles et qu’il était dans le coma.
BON : il était temps de passer aux choses sérieuses pensa Ambrosia quand elle vit la bête s’approcher du corps endormi du mercenaire. Elle souleva sa longue cape et accrocha son épée au bout du châle qui entourait sa taille : cela lui permit de lancer son arme sur l’animal qui se retourna vers elle avec un regard furieux. Et de ramener de suite son épée vers elle.
Sans attendre elle s’engagea dans une course quand elle fut persuadée que Daïgotruc n’avait d’yeux que pour la rouquine. Avec son bon sens d’orientation et son sens de l’observation du terrain, la demoiselle savait comment elle allait s’en sortir tout en évitant la foule ! Ambrosia couru comme une flèche dans les ruelles, c’était bien la première fois qu’elle mettait les pieds ici et pourtant elle prenait des passages, des tournants et changeait de rue comme si elle avait vagabondé ici depuis son enfance. En fait c’était le moment où ils étaient sur les toits que la guerrière avait observé l’agencement des rues vu de haut : et maintenant elle avait comme une carte de la ville dans sa tête ! On dit souvent que les femmes ont un bon sens de l’orientation : Ambrosia elle avait développé au mieux cet atout inné.
Pour ne pas se retourner à tous les changements de direction, la guerrière se concentrait sur le bruit des pattes qui frappaient le sol. Elle pouvait savoir si son poursuivant accélérait, ralentissait, perdait son équilibre lors d’un tournant… Ambrosia mena ainsi la mascotte des mercenaires vers la sortie de la ville. Mais alors qu’elle voyait non loin le chemin qui menait au Fort, elle n’entendit plus la course de Daïgomachin : il s’était arrêté net devant un gamin qui lui lançait des cailloux pour s’amuser. Ambrosia écarquilla grand ses yeux émeraude :
*Il manquait plus que ça ?! En plus de risquer de se faire dévorer, il va réduire mon plan en miette !*
Bon elle devait trouver une solution et rapidement : le chien-ours-lion n’aimait vraiment pas se prendre des cailloux en pleine face. Il entre-ouvrit sa gueule pour laisser échapper un grognement pas rassurant du tout qui ne s’arrêtait pas. De plus il s’approchait dangereusement de petit qui lui rigolait. Elle était trop loin pour tenter quelque chose avec son arme et le temps de s’approcher il serait surement trop tard pour le gamin…
« DAÏGORO AU PIED !!!!!!!!! »
Ambrosia avait hurlé cette phrase d’une manière autoritaire : comme son maître qui appelle son chien qui venait de désobéir. La chimère sursauta et la queue entre les jambes se dirigea vers la guerrière laissant l’enfant derrière lui. La guerrière grecque lâcha un soupir de soulagement en se demandant bien pourquoi elle avait tenté de crier ça :
*Pfff… Nom de Zeus quelle chance j’ai eu ! J’ai même retrouvé son prénom…*
Mais avant que Daïgoro ne soit à sa hauteur, Ambrosia reprit sa course vers le Fort, quittant la ville. La bête se rappelant soudainement qu’elle était le prédateur et la rouquine la proie, reprit volontiers sa course en montrant ses dents.
Ambrosia avait le souffle court quand elle aperçut la porte du QG : celle-ci avait ses deux battants entrefermés. Parfait : elle prit une grande impulsion sur ses jambes métalliques et se propulsa sur le battant gauche pour s’y percher et ouvrir également grand la porte. Daïgoro continua lui sa course folle et n’eut pas le temps de freiner lorsqu’il passa devant Ambrosia. Elle tendit la main pile au moment où le coup de la chimère fut à son niveau et elle attrapa la clé qu’elle convoitait depuis le début de la « mission ». La bête elle en voyant son maitre sur la place au même endroit qu’il était lorsqu’il avait lancé le top départ de la course, s’élança sur lui. Mais de manière toute mignonne, il tourna autour de son maître et lui lécha le visage !
Ambrosia descendit de son perchoir un poussant un soupir de soulagement : c’était fini. La chimère était rentrée sans causer trop de dégâts en ville et la jeune mercenaire avait la clé en main… Mais le visage de la jeune femme vira vite à de la grande surprise suivi de la déception : il y avait 3 autres chiens autour du maître et d’autres jeunes mercenaires avec des clés également en main ! Elle se décomposa sur place : noooon ce n’était pas possible qu’elle se soit trompée de clone. L’angoisse et la peur avec la déception et le dégout s’abattirent sur la demoiselle: qui était le chien-ours-lion original? Qui avait la bonne clé ?
Deux trois nouveaux mercenaires arrivèrent sur la place après Ambrosia… Elle était en train de stresser au fond d’elle et n’arrêtait pas de passer ses yeux sur sa clé et celles des autres : la sienne semblait si réelle, mais celles des voisins également… Elle cacha du mieux qu’elle put son inquiétude en restant de marbre. Elle ne se rendit même pas compte que maintenant il n’y avait plus qu’un seul Daïgoro ! Ce fut seulement quand le mercenaire maitre de la bête toussa assez bruyamment –on aurait presque dit qu’il allait s’étouffer !- que la guerrière le remarqua.
« Alors la bleusaille, cette visite en ville avec la mascotte c’était bien ? Vous avez perdu du monde en chemin dis donc ! Par contre j’ai quatre clés au lieu d’une seule : qui essaye de m’avoir ?!! HA… Non plus que trois clé ! »
Ambrosia eut une sueur froide qui la parcouru en un instant et elle baissa les yeux pour voir la paume de sa main… La clé était toujours là ! Ses muscles qui s’étaient tous crispés d’un coup, se lâchèrent doucement. Mais la tension était toujours à son comble. Un des nouveaux poussa un soupire déçu de ne plus avoir de clé.
« Plus que deux en course… »
Le mercenaire avait l’air d’aimer le spectacle : dès qu’une clé disparaissait le stress montait chez ceux qui avait encore l’objet en question mais aussi du soulagement qu’elle soit encore dans leur main. Ambrosia se fichait pas mal des impressions, commentaires des autres. Son esprit était focalisé sur ce foutu objet métallique ! Dire qu’elle doutait à présent d’elle et de sa capacité à avoir repéré le vrai animal et pas l’un de ses clones. Et si la vraie clé était en fait sur un clone ? Elle aurait bien été grugée ! Et si en fait la clé était restée ici auprès du mercenaire ? Et si… Ambrosia se rongea tellement le sang qu’elle entendit à peine le mercenaire annoncé :
« Et voici la gagnante de ce petit jeu : La rouquine grecque ! »
Ambrosia sentit tous les regards braqués sur elle, cela l’a mis mal à l’aise quelques secondes, mais elle se ressaisit rapidement. Elle s’approcha d’un pas assuré vers le mercenaire et lui tendit la clé.
« Dommage tu sais que les entrainements on s’y amuse bien… Hein Daïgoro ?!! »
Le chien gambada de partout rien qu’en entendant la phrase de son maitre. Il ajouta avec un clin d’œil :
« Cette clé te laisse aussi l’accès juste pour aujourd’hui au douche commune et à un petit verre si ça te chante petite ! »
Il se redressa et annonça à tous les autres :
« Bon je vous attends demain à la première heure ici ! Soyez en forme car là ce n’était que de la rigolade par rapport à ce qui vous attend, haha… »
Il tourna le dos aux petits nouveaux et s’en alla suivi de près par la chimère qui ressemble beaucoup plus à un gentil toutou avec lui. Ambrosia ressenti à cet instant précis un grand soulagement. Mais elle se rappela d’une chose : elle courut pour rattraper le mercenaire :
« Monsieur… Heu… D’abord merci, et je voulais juste vous dire qu’un des nouveaux a été happé par la foule et un autre assommé par votre …. Chien.
T’en fait pas pour eux. »
Ouais, cela n’était pas du tout la réponse qu’elle attendait : elle voulait avoir un peu plus de précision sur ce qu’ils allaient devenir quand même. Mais Ambrosia allait devoir se contenter de « ne pas s’en faire pour eux ». Elle ne retourna pas vers les autres : elle n’était pas du genre super sociable et puis voir les regards jaloux, ou les attitudes hypocrites pour se mettre Ambrosia dans la poche : ce n’était pas pour elle du tout. Non elle voulait simplement de la tranquillité !
Mais comment la jeune femme du Colisée de l’Olympe s’était retrouvée ici ? Face à cette chimère pour récupérer une clé dont elle ignorait l’utilité. En fait Ambrosia était arrivée il y a peu à Fort Royal ; le QG des mercenaires qu’ils partageaient -si elle avait bien compris- avec les « tuniques rouges ». Ambrosia n’avait jamais entendu de ce groupe avant de mettre les pieds ici. La seule image qu’elle pouvait se faire d’eux c’était qu’ils devaient porter des tuniques rouges. Avec un peu plus de créativité; la guerrière s’imaginait qu’ils avaient le visage masqué par un foulard noir et une capuche rouge sang.
Bref ; le Fort Royal était différent des structures du port. En effet Ambrosia en arrivant dans ce monde avait été directement interpellée par tous ces bateaux plus ou moins bien entretenus, cet odeur de sel mélangée à celle du poisson, mais aussi de la chaleur et de la transpiration des marins qui travaillaient sur les bateaux pour amarrer, décharger, marchander. Il y avait aussi une odeur différente en fonction du chargement ; épices, métal, rhum, tissus, etc… Ambrosia avait déjà participé à des marchés au Colisée de l’Olympe mais cela n’avait rien à voir. Ici au lieu de marchander tranquillement sur une place bien entretenue et des étales bien aménagées : c’était le KO total. Les gens qui criaient, s’engueulaient et se battaient même parfois. Le tout dans des rues plus ou moins encombrées. Et cette sensation d’un lieu sale, noir qui mettait mal à l’aise la guerrière. C’était donc cela le « monde de la piraterie » dont lui avait parlé Phil avec des yeux brillants comme si il aurait voulu se trouver là… Ambrosia en fut bien déçue. Et quand elle arriva au Fort c’était un autre univers qu’elle voyait de ses yeux verts émeraude. D’après ce qu’elle avait lu et entendu par la bouche du satyre elle se croyait plus dans un monde de château : une structure entièrement en pierre bien dessinée. Des angles biens droits, des hauteurs aussi grandes que les gradins du Colisées. Un énorme Fort dont il était impossible d’un coup d’œil de savoir ce qu’il cachait. Cela avait intrigué la jeune femme autant que ça l’avait faite senti inférieure et sans défenses…
Elle portait en arrivant ici une longue cape/manteau descendant jusqu’à ses bottines pour cacher ses jambes constamment en armure et couvrait également ses bras : il n’y avait que son cou, sa tête et sa chevelure rouge rubis qui étaient visibles. Devant l’énorme porte se trouvait un garde, Ambrosia ne sachant pas comment si prendre décida de se présenter et de préciser qu’elle était l’élève de Phil le satyre. Le garde la laissa passer… Est-ce qu’il avait dans sa tête le registre des noms et visages des mercenaires et tuniques rouges ? Ou pouvait-on rentrer ici comme dans un moulin à vent ? Elle l’ignorait complétement.
Après quelques temps à errer dans la cours, elle vit des arrivants qui à première vue étaient nouveaux comme elle. Puis un mercenaire accompagné d’un chien ou… plutôt d’un animal avec des ressemblances de chien, convoqua toutes les nouveaux qu’ils appelaient « bleusaille ». Une fois la dizaine voir vingtaine de personnes regroupées en demi-cercle devant ce mercenaire et son animal de compagnie qui semblait tout content d’être ici, il prit la parole :
« Bien les jeunots, on m'as demandé d'entrainer la bleusaille que vous êtes. Mais avant tout, j'veux voir ce dont vous êtes capable! Et votre camarade ci-présent Daïgoro …»
Il désigna le chien qui gonfle le torse fièrement,
« A très envie de participer. Donc! Voilà le deal : Vous voyez cette jolie clé ? Si vous arrivez à la lui reprendre …»
Il laisse échapper un rire
« Vous gagnerez le droit de directement passer aux premières missions sans entrainement. Attention, c'est notre mascotte, un mercenaire un vrai, de la première heure! Il est surement plus doué que la plupart d'entre vous! Ah et dernière précision... personne ni au fort ni en ville n'est au courant. Donc… peut être que vous croiserez des récalcitrants ou des empêcheurs de tourner en rond...qui sait ! Allez! Bon courage! »
Il siffla et le chien se mit à aboyer avant de partir en trombe par la porte du fort grande ouverte vers les rues de la ville, pendant que le mercenaire déploie une longue vue rétractable et se dirige vers les remparts avec un grand sourire amusé.
Bon fallait pas trainer à essayer de comprendre ou poser des questions ! Ambrosia avait effectué un demi-tour très minutieux et commença une course élancée. Elle ne sortit pas son épée ni son bouclier : la jeune femme n’en aurait pas besoin, enfin pas pour le moment en tout cas. Dire qu’elle avait monté tous ce chemin pour le redescendre à une vitesse vertigineuse. Soudain, dès les premières maisons de la ville approchèrent, le chien-loup-ours dénommé… Rah Ambrosia avait déjà oublié son nom : ça commençait par Daï… ou Déi… ? Bref ! L’animal à quatre pattes s’arrêta net et fit face aux groupes de jeunes. Il attendit que tout le monde soit présent, et bizarrement personne ni même la guerrière n’attaqua l’animal : avait-il pris le contrôle des esprits des premiers arrivées pour les stopper ? Quoiqu’il en soit une fois tous face à lui il se remit à gonfler son torse et après un aboiement assez étrange il se clona en sept…. QUOI ?! Mais mais… Laquelle clé est la bonne dans ce cas ? Car la clé aussi c’était multipliée en sept. Certains mercenaires poussèrent un soupir étant vraiment perdu face à ces sept animaux identiques, d’autres sortir leurs armes l’air assurant mais dans leurs yeux ils ne l’étaient pas. Ils avaient le regard qui passait d’un chien à un autre.
Ambrosia n’était pas du genre à se vanter devant tout le monde, mais à elle-même si ! D’ailleurs à cet instant précis elle sourit :
*Haha moi je n’ai pas quitté des yeux le vrai gros toutou !*
En effet la guerrière savait -après tant d’entrainements avec son coach à deux pattes- qui ne fallait jamais quitter un adversaire des yeux, jamais ! Mais elle fit comme les autres perdus : à regarder l’un puis l’autre animal l’air déboussolée. Le cinéma ce n’était pas son truc mais ça devrait passer…
Et bien entendu les sept bêtes ne sont pas restées longtemps statiques : elles coururent dans la ville et se dispersèrent dans les ruelles. Forçant ainsi les nouveaux mercenaires à choisir une cible rapidement. Ambrosia encore dans son « cinéma » pour tromper les autres, laissa passer devant elle trois à quatre concurrents choisir une cible parmi les sept.
La guerrière aux yeux verts ne quitta à présent plus sa cible à elle et se lança à sa poursuite. Finalement ce fut une bonne chose que la mascotte des mercenaires se soit clonée : au lieu de se retrouver à quasi une vingtaine sur lui, il n’y avait plus que trois personnes qui le poursuivi. Ambrosia et deux autres qu’elle n’eut pas le temps d’étudier car sa cible principal était cette clé ! Mais elle garda un œil sur ces deux-là.
Au final cette petite mission, Ambrosia la voyait comme un jeu grandeur nature. Toute sa vie d’entrainements avait été dans l’arène lors de combat organisés ou des petites missions à travers la ville et même des parties de cache-cache à étudier l’environnement. Phil avait vraiment été un bon entraineur il n’y a pas à dire. Et c’est pour lui qu’elle allait réussir haut la main ce défi donné par ce chien-lion-ours et sa clé ! Déterminée comme jamais elle continua sa course derrière la bête suivie des deux autres mercenaires.
Mais cela ne dura pas longtemps : la ruelle où ils s’étaient enfilés s’agrandissait de plus en plus et il y avait de plus en plus de monde qui se poussèrent ou pas, qui leurs cria des insultes, etc. ça ne sentait pas bon tout ça ! La jeune grecque vu juste : une foule épaisse se dressa devant eux. Ils venaient d’arriver sur une place très peuplée. Aïe ! Le but pour la jeune femme fut d’énerver le moins de monde possible : donc de les éviter au maximum et de ne pas les bousculer. Elle fut hallucinée de voir que Daïga… Non Daïgre… Enfin bref, qu’il réussisse à se faufiler sans problème : comme un petit voleur dans la foule ! Et n’étant pas grand, elle allait vite le perde de vue si elle ne faisait rien. Durant son temps de réflexion un mercenaire lui passa devant le nez et continua dans la foule bousculant tout le monde, se vautrant quasiment à terre plusieurs fois. Ce bruit, cet odeur, cette foule… Tout ça donna un mal de crâne à Ambrosia et l’empêcha de réfléchir. Mais elle leva le regard pour observer les alentours… LA ! Une maison plus haute que les autres qui se trouvait du côté droit de la place : de là-haut elle sera loin de ce remue-ménage et pourra voir surement mieux où se trouvait son objectif.
Alors elle grimpa sur le toit de la maison la plus proche en s’aidant de quelques barriques en bois empilé de façon pas rassurante –qui fut au final plus stable que cela paraissait-. Pendant ce temps-là le mercenaire qui s’était jeté dans la foule c’était fait attraper par une poignée d’hommes pas contents du tout ! L’autre mercenaire lui s’était arrêté aussi et décida de suivre Ambrosia pour poursuivre la course sur les toits. La demoiselle jeta un rapide coup d’œil derrière pour le voir ; et elle leva les yeux au ciel :
*Et il suit bêtement sans savoir pourquoi je suis sur les toits de la ville et pas sur la place…*
La guerrière se reconcentra sur là où elle posait ses pieds car les toitures des habitations étaient aussi sales et glissantes que le sol. D’ailleurs Ambrosia se demanda comme cela était possible sachant que quasi personne ne se baladait sur les toits. Elle arriva suivit de près par l’autre mercenaire au point qui surplombait le mieux la place infectée de d’habitants, pirates et briguants. Mais elle en avait que faire de ces personnes : elle parcourait de ses yeux émeraude la foule comme si elle balayait de regard une nuée de moustique à la recherche du papillon parmi eux. A cet instant le papillon était la chimère chien-ours-lion. Et ce ne fut pas elle qui le trouva, mais son collègue qui lui pointa du doigt le sud-est de la place une petite silhouette à peine visible qui se faufilait entre les gens ; et cela ne pouvait pas être un enfant aussi rapide et agile. Ambrosia dû admettre au fond d’elle, qu’elle avait mal jugé son coéquipier. Mais elle ne prit pas non plus le temps de le regarder pour voir à quoi il ressemblait : cela l’importait peu pour le moment.
Ils se rapprochèrent donc de la mascotte toujours en hauteur sautant de toits en toits. Celle-ci bougeait certes, mais Ambrosia ne la quitta plus des yeux. Une fois sur la maison la plus proche ils sautèrent directement au sol. Les jambes métalliques de la demoiselle fit un léger son qui ressembla à un sifflement mais le mouvement d’amortie était tellement naturelle –comme si ces jambes étaient de chair et d’os- que son compagnon de route n’en perçu rien, fort heureusement. Daïgobidule se faufila dans une ruelle quitta ainsi au grand soulagement de la rouquine, la foule. Une ruelle en cul de sac… La bête avec toujours la clé tant convoitée autour du cou se retourna sur elle-même sans hésiter. Ambrosia croisa son regard et vit dans ce regard perçant qui glaçait le sang, qu’elle allait se battre et pas pour semblant.
La guerrière grecque se ressaisit et sorti sans plus tarder son épée, suivi de près par l’autre mercenaire. Ambrosia pensa que si c’était la mascotte des mercenaires, alors elle allait être imbattable. Il fallait donc plus se préoccuper de comment récupérer cette fichue clé !
Ambrosia n’eut le temps de rien faire, que le mercenaire se lança comme un demeuré sur la chimère.
*Aïe aïe aïe : il va vite le regretter…*
Mais elle allait en profiter pour voir la puissance de son adversaire. D’un coup de patte le mercenaire se retrouva propulser à plusieurs mètres, et cela avait semblait-il demandé peu d’effort à la bête qui poussa un cri strident en direction d’Ambrosia qui n’essaya même pas de faire face : elle fit un bon en l’air comme si elle allait décoller et s’envoler dans les airs. Elle évita ainsi l’onde de choc qui détruisit le mur de derrière. L’autre mercenaire s’était relevé et lança un éclair qui frappa violemment le dos de la bête. Ambrosia elle fit une roula pour amortir son atterrissage et quand elle se redressa elle fit avec surprise la mascotte chien-ours-lion qui avait en fait stocké l’énergie de la foudre, lança cette énergie multipliée par dix au moins sur le mercenaire. C’était une belle démonstration de l’arroseur arrosé ! Le mercenaire n’allait pas se relever de sitôt vu la fumée qui sortait de ses oreilles et qu’il était dans le coma.
BON : il était temps de passer aux choses sérieuses pensa Ambrosia quand elle vit la bête s’approcher du corps endormi du mercenaire. Elle souleva sa longue cape et accrocha son épée au bout du châle qui entourait sa taille : cela lui permit de lancer son arme sur l’animal qui se retourna vers elle avec un regard furieux. Et de ramener de suite son épée vers elle.
Sans attendre elle s’engagea dans une course quand elle fut persuadée que Daïgotruc n’avait d’yeux que pour la rouquine. Avec son bon sens d’orientation et son sens de l’observation du terrain, la demoiselle savait comment elle allait s’en sortir tout en évitant la foule ! Ambrosia couru comme une flèche dans les ruelles, c’était bien la première fois qu’elle mettait les pieds ici et pourtant elle prenait des passages, des tournants et changeait de rue comme si elle avait vagabondé ici depuis son enfance. En fait c’était le moment où ils étaient sur les toits que la guerrière avait observé l’agencement des rues vu de haut : et maintenant elle avait comme une carte de la ville dans sa tête ! On dit souvent que les femmes ont un bon sens de l’orientation : Ambrosia elle avait développé au mieux cet atout inné.
Pour ne pas se retourner à tous les changements de direction, la guerrière se concentrait sur le bruit des pattes qui frappaient le sol. Elle pouvait savoir si son poursuivant accélérait, ralentissait, perdait son équilibre lors d’un tournant… Ambrosia mena ainsi la mascotte des mercenaires vers la sortie de la ville. Mais alors qu’elle voyait non loin le chemin qui menait au Fort, elle n’entendit plus la course de Daïgomachin : il s’était arrêté net devant un gamin qui lui lançait des cailloux pour s’amuser. Ambrosia écarquilla grand ses yeux émeraude :
*Il manquait plus que ça ?! En plus de risquer de se faire dévorer, il va réduire mon plan en miette !*
Bon elle devait trouver une solution et rapidement : le chien-ours-lion n’aimait vraiment pas se prendre des cailloux en pleine face. Il entre-ouvrit sa gueule pour laisser échapper un grognement pas rassurant du tout qui ne s’arrêtait pas. De plus il s’approchait dangereusement de petit qui lui rigolait. Elle était trop loin pour tenter quelque chose avec son arme et le temps de s’approcher il serait surement trop tard pour le gamin…
« DAÏGORO AU PIED !!!!!!!!! »
Ambrosia avait hurlé cette phrase d’une manière autoritaire : comme son maître qui appelle son chien qui venait de désobéir. La chimère sursauta et la queue entre les jambes se dirigea vers la guerrière laissant l’enfant derrière lui. La guerrière grecque lâcha un soupir de soulagement en se demandant bien pourquoi elle avait tenté de crier ça :
*Pfff… Nom de Zeus quelle chance j’ai eu ! J’ai même retrouvé son prénom…*
Mais avant que Daïgoro ne soit à sa hauteur, Ambrosia reprit sa course vers le Fort, quittant la ville. La bête se rappelant soudainement qu’elle était le prédateur et la rouquine la proie, reprit volontiers sa course en montrant ses dents.
Ambrosia avait le souffle court quand elle aperçut la porte du QG : celle-ci avait ses deux battants entrefermés. Parfait : elle prit une grande impulsion sur ses jambes métalliques et se propulsa sur le battant gauche pour s’y percher et ouvrir également grand la porte. Daïgoro continua lui sa course folle et n’eut pas le temps de freiner lorsqu’il passa devant Ambrosia. Elle tendit la main pile au moment où le coup de la chimère fut à son niveau et elle attrapa la clé qu’elle convoitait depuis le début de la « mission ». La bête elle en voyant son maitre sur la place au même endroit qu’il était lorsqu’il avait lancé le top départ de la course, s’élança sur lui. Mais de manière toute mignonne, il tourna autour de son maître et lui lécha le visage !
Ambrosia descendit de son perchoir un poussant un soupir de soulagement : c’était fini. La chimère était rentrée sans causer trop de dégâts en ville et la jeune mercenaire avait la clé en main… Mais le visage de la jeune femme vira vite à de la grande surprise suivi de la déception : il y avait 3 autres chiens autour du maître et d’autres jeunes mercenaires avec des clés également en main ! Elle se décomposa sur place : noooon ce n’était pas possible qu’elle se soit trompée de clone. L’angoisse et la peur avec la déception et le dégout s’abattirent sur la demoiselle: qui était le chien-ours-lion original? Qui avait la bonne clé ?
Deux trois nouveaux mercenaires arrivèrent sur la place après Ambrosia… Elle était en train de stresser au fond d’elle et n’arrêtait pas de passer ses yeux sur sa clé et celles des autres : la sienne semblait si réelle, mais celles des voisins également… Elle cacha du mieux qu’elle put son inquiétude en restant de marbre. Elle ne se rendit même pas compte que maintenant il n’y avait plus qu’un seul Daïgoro ! Ce fut seulement quand le mercenaire maitre de la bête toussa assez bruyamment –on aurait presque dit qu’il allait s’étouffer !- que la guerrière le remarqua.
« Alors la bleusaille, cette visite en ville avec la mascotte c’était bien ? Vous avez perdu du monde en chemin dis donc ! Par contre j’ai quatre clés au lieu d’une seule : qui essaye de m’avoir ?!! HA… Non plus que trois clé ! »
Ambrosia eut une sueur froide qui la parcouru en un instant et elle baissa les yeux pour voir la paume de sa main… La clé était toujours là ! Ses muscles qui s’étaient tous crispés d’un coup, se lâchèrent doucement. Mais la tension était toujours à son comble. Un des nouveaux poussa un soupire déçu de ne plus avoir de clé.
« Plus que deux en course… »
Le mercenaire avait l’air d’aimer le spectacle : dès qu’une clé disparaissait le stress montait chez ceux qui avait encore l’objet en question mais aussi du soulagement qu’elle soit encore dans leur main. Ambrosia se fichait pas mal des impressions, commentaires des autres. Son esprit était focalisé sur ce foutu objet métallique ! Dire qu’elle doutait à présent d’elle et de sa capacité à avoir repéré le vrai animal et pas l’un de ses clones. Et si la vraie clé était en fait sur un clone ? Elle aurait bien été grugée ! Et si en fait la clé était restée ici auprès du mercenaire ? Et si… Ambrosia se rongea tellement le sang qu’elle entendit à peine le mercenaire annoncé :
« Et voici la gagnante de ce petit jeu : La rouquine grecque ! »
Ambrosia sentit tous les regards braqués sur elle, cela l’a mis mal à l’aise quelques secondes, mais elle se ressaisit rapidement. Elle s’approcha d’un pas assuré vers le mercenaire et lui tendit la clé.
« Dommage tu sais que les entrainements on s’y amuse bien… Hein Daïgoro ?!! »
Le chien gambada de partout rien qu’en entendant la phrase de son maitre. Il ajouta avec un clin d’œil :
« Cette clé te laisse aussi l’accès juste pour aujourd’hui au douche commune et à un petit verre si ça te chante petite ! »
Il se redressa et annonça à tous les autres :
« Bon je vous attends demain à la première heure ici ! Soyez en forme car là ce n’était que de la rigolade par rapport à ce qui vous attend, haha… »
Il tourna le dos aux petits nouveaux et s’en alla suivi de près par la chimère qui ressemble beaucoup plus à un gentil toutou avec lui. Ambrosia ressenti à cet instant précis un grand soulagement. Mais elle se rappela d’une chose : elle courut pour rattraper le mercenaire :
« Monsieur… Heu… D’abord merci, et je voulais juste vous dire qu’un des nouveaux a été happé par la foule et un autre assommé par votre …. Chien.
T’en fait pas pour eux. »
Ouais, cela n’était pas du tout la réponse qu’elle attendait : elle voulait avoir un peu plus de précision sur ce qu’ils allaient devenir quand même. Mais Ambrosia allait devoir se contenter de « ne pas s’en faire pour eux ». Elle ne retourna pas vers les autres : elle n’était pas du genre super sociable et puis voir les regards jaloux, ou les attitudes hypocrites pour se mettre Ambrosia dans la poche : ce n’était pas pour elle du tout. Non elle voulait simplement de la tranquillité !