Assise devant la coiffeuse de sa chambre, Lulu finissait d’arranger ses cheveux, alors que les heures s’écoulaient doucement. Autant d’heures qu’elle aurait pu passer dans l’étrange Hill Valley au lieu de se réserver à elle-même… À vrai dire, elle appréciait assez ce qu’elle connaissait de ce monde pour ne pas en vouloir en partir immédiatement. Effectivement, elle avait un planning assez précis. Elle avait quitté le Sanctum et son père l’avant-veille au soir, et si le Sanctum comprenait, au-delà des sept jours, qu’elle l’avait trahi, cela lui laissait encore cinq précieux jours d’innocence présumée, en comprenant celui-ci. Deux jours plus tard, si tout se passait bien sur le chemin, elle arriverait au Fort Hood, un avant-poste militaire représentant la plus grande puissance militaire et sans doute gouvernementale des environs. Il lui resterait donc deux jours pour se trouver des alliés capables de la protéger au Jardin Radieux. Plus qu’assez, à son humble avis. Quoi qu’il en soit, cela lui laissait trois jours pour se lasser de cet endroit. Certes, elle aurait grand plaisir à retrouver le confort de Menrva, l’infatigable machine volant au-dessus de la petite ville, mais du reste, ce monde représentait une telle curiosité, principalement dans la culture des locaux, qu’elle considérait son voyage avec patience.
Pour autant, rester dans sa chambre, à se coiffer, après avoir enfilé sa robe, lui était plus qu’agréable. Pouvoir s’habiller, se coiffer et se maquiller comme elle l’entendait était la première preuve de sa liberté. Aussi prenait-elle le temps d’ajuster les broches dans ses cheveux, la mèche tombant sur son visage et les tresses dans son dos transportant avec elles quelques grigris retentissants. Elle aborda son maquillage avec la même précaution, avant de finalement se lever. Lulu marcha quelques secondes dans cette chambre d’hôtel, réfléchissant à ce qu’elle y avait amené, et sortit finalement pour régler ses comptes. Quelques quarante munnies plus tard, elle se retrouva, une sacoche à la main, dans l’allée principale de la ville, rejoignant les écuries, qui faisaient aussi office de poste pour le maréchal-ferrant. La diligence l’y attendait déjà, attelée à deux chevaux. Deux hommes installaient au-dessus de celle-ci les quelques bagages d’autres voyageurs, aussi au nombre de deux, attendant patiemment sur le banc le plus proche. Elle vit, à sa surprise, le shérif Gabe discuter avec les deux cochers, alors que ceux-ci étaient occupés. Lulu s’approcha sans pudeur et écouta la conversation. Le shérif s’interrompit une seconde en la voyant avant de reprendre malgré tout.
« Donc… Un troupeau de buffles m’semble être b’in dans l’coin, Earl, à cinq lieues d’ici sur ta route. »
« Avant la grande vallée ? »
« Quoi ? Non... après. » répondit, agacé, Gabe.
« Y a bien huit lieues avant d’en finir avec la grande vallée. Et avec le poids de la carriole, c’t’aut’chose qu’en ch’val, on y arrivera dans... . »
« Bon d’accord, tu vas pas m’faire l’topo. Bref, au sortir du coin… troupeau de buffles. Et les Cheyennes chassent ‘core bien en c’moment. »
« … »
Le plus trapu des deux cochers se redressa au sommet de la montagne de bagages.
« Dure affaire. C’est fiable ? »
« Ah Jane est formelle. Puis… »
« Mais c’est des Cheyennes ? Quelques tirs en l’air et ils devraient s’calmer, non ? »
« Rien n’est sûr dans c’monde, Earl. »
« S’ils nous voient alors qu’ils chassent, ils ne devraient pas nous attaquer, vous ne croyez pas ? » se permit-elle de demander, se joignant à la discussion sans saluer les deux compères.
« … Comme j’viens d’le dire, rien n’est certain. Deux fusils, c’est peu contre dix peaux-rouges. »
« J’ai recruté une escorte d’un autre monde. À priori compétente. »
Le shérif la regarda longuement avant de lui faire un large sourire et de poser le canon de son fusil sur son épaule. « Ah bah ravi d’voir qu’vous m’écoutez pas, mam’zelle Lulu. C’est comm’ça qu’vous vous faites discrète ? En am’nant l’Général Burr et ses troupes en terr’toire sauvage ! »
« J’ai demandé quelqu’un de discret, justement. Parlons d’autre chose. Quand part-on ? »
Le shérif éclata d’un rire jaune avant de pointer la sorcière d’une main à son ami Earl. « Cesar, Earl, j’vous présente vot’passagère. Elle s’appelle Lulu. Menez-la à bon port, Fort Wood, puis r’partez et… la laissez pas vous commander, voilà un bon conseil. »
« Enchanté mad’moiselle. » prononça Earl, repris par un homme plus élancé, dont le visage écarlate de tant d’efforts peinait à expirer le moindre son. « Voilà vos compagnons de voyage. Mme Epping et son fils, Jonathan. » Elle les salua d’un signe de tête, observant quelques secondes le fils en question, un adulte ayant à sa ceinture un pistolet, ce qui ne la ravit pas. Elle ne souhaitait pas spécialement voir une arme dans la voiture, devant d’ailleurs statuer avec le ou la mercenaire la place qu’il aurait.
« Dès qu’vot’garde du corps est là, on pourra y aller, mad’moiselle. »
Ven 20 Avr 2018 - 0:27Pour autant, rester dans sa chambre, à se coiffer, après avoir enfilé sa robe, lui était plus qu’agréable. Pouvoir s’habiller, se coiffer et se maquiller comme elle l’entendait était la première preuve de sa liberté. Aussi prenait-elle le temps d’ajuster les broches dans ses cheveux, la mèche tombant sur son visage et les tresses dans son dos transportant avec elles quelques grigris retentissants. Elle aborda son maquillage avec la même précaution, avant de finalement se lever. Lulu marcha quelques secondes dans cette chambre d’hôtel, réfléchissant à ce qu’elle y avait amené, et sortit finalement pour régler ses comptes. Quelques quarante munnies plus tard, elle se retrouva, une sacoche à la main, dans l’allée principale de la ville, rejoignant les écuries, qui faisaient aussi office de poste pour le maréchal-ferrant. La diligence l’y attendait déjà, attelée à deux chevaux. Deux hommes installaient au-dessus de celle-ci les quelques bagages d’autres voyageurs, aussi au nombre de deux, attendant patiemment sur le banc le plus proche. Elle vit, à sa surprise, le shérif Gabe discuter avec les deux cochers, alors que ceux-ci étaient occupés. Lulu s’approcha sans pudeur et écouta la conversation. Le shérif s’interrompit une seconde en la voyant avant de reprendre malgré tout.
« Donc… Un troupeau de buffles m’semble être b’in dans l’coin, Earl, à cinq lieues d’ici sur ta route. »
« Avant la grande vallée ? »
« Quoi ? Non... après. » répondit, agacé, Gabe.
« Y a bien huit lieues avant d’en finir avec la grande vallée. Et avec le poids de la carriole, c’t’aut’chose qu’en ch’val, on y arrivera dans... . »
« Bon d’accord, tu vas pas m’faire l’topo. Bref, au sortir du coin… troupeau de buffles. Et les Cheyennes chassent ‘core bien en c’moment. »
« … »
Le plus trapu des deux cochers se redressa au sommet de la montagne de bagages.
« Dure affaire. C’est fiable ? »
« Ah Jane est formelle. Puis… »
« Mais c’est des Cheyennes ? Quelques tirs en l’air et ils devraient s’calmer, non ? »
« Rien n’est sûr dans c’monde, Earl. »
« S’ils nous voient alors qu’ils chassent, ils ne devraient pas nous attaquer, vous ne croyez pas ? » se permit-elle de demander, se joignant à la discussion sans saluer les deux compères.
« … Comme j’viens d’le dire, rien n’est certain. Deux fusils, c’est peu contre dix peaux-rouges. »
« J’ai recruté une escorte d’un autre monde. À priori compétente. »
Le shérif la regarda longuement avant de lui faire un large sourire et de poser le canon de son fusil sur son épaule. « Ah bah ravi d’voir qu’vous m’écoutez pas, mam’zelle Lulu. C’est comm’ça qu’vous vous faites discrète ? En am’nant l’Général Burr et ses troupes en terr’toire sauvage ! »
« J’ai demandé quelqu’un de discret, justement. Parlons d’autre chose. Quand part-on ? »
Le shérif éclata d’un rire jaune avant de pointer la sorcière d’une main à son ami Earl. « Cesar, Earl, j’vous présente vot’passagère. Elle s’appelle Lulu. Menez-la à bon port, Fort Wood, puis r’partez et… la laissez pas vous commander, voilà un bon conseil. »
« Enchanté mad’moiselle. » prononça Earl, repris par un homme plus élancé, dont le visage écarlate de tant d’efforts peinait à expirer le moindre son. « Voilà vos compagnons de voyage. Mme Epping et son fils, Jonathan. » Elle les salua d’un signe de tête, observant quelques secondes le fils en question, un adulte ayant à sa ceinture un pistolet, ce qui ne la ravit pas. Elle ne souhaitait pas spécialement voir une arme dans la voiture, devant d’ailleurs statuer avec le ou la mercenaire la place qu’il aurait.
« Dès qu’vot’garde du corps est là, on pourra y aller, mad’moiselle. »