Bienheureux les simples d’esprit car le royaume des cieux leur est offert. Qu’il devait être doux de n’avoir aucun souci au monde pour s’endormir sans crainte comme l’avait fait le Primarque dans son vaisseau. Dire qu’il était otage et pourtant si docile, péché d’orgueil ou de foi ? Allez savoir. Avec un tel comportement, Lenore comprenait mieux qu’il se soit baladé sans escorte même dans les rues d’Illusiopolis. Une folie pure quand on est à la tête d’un groupe, d’un monde, des espoirs de tellement de monde. Malheureusement pour lui, un mercenaire l’avait remarqué et avait saisi l’occasion. Kurt Brown avait demandé à la rousse de venir le récupérer, préférant rester dans ce monde pour le reste de ses affaires.

Désormais, Lenore guidait son invité à travers le fort, ses bottes martelant de façon sonore les pavés sombres qui constituaient les couloirs étroits. Elle passait d’épaisses portes en bois munies de vantail les unes après les autres vers les cellules, s’entrouvrant à la simple vue sur son visage. Elle se dirigeait vers la toute dernière loge pour désigner les nouveaux appartements provisoires de l’élu du Sanctum.


« Je ne veux personne à moins de cinq cellules de lui. Fit-elle au garde chargé de la surveillance de ce quartier.

- Comment voulez-vous faire cela ? Il y a encore beaucoup trop de cette racaille pour vider autant de geôles. S’alarma le soldat en belle tenue rouge impeccable.

- Débrouillez-vous. Expédiez les affaires courantes. Renvoyez les devant leurs victimes. Envoyez-les en vacances aux mines. Ayez de l’imagination pour une fois. Finit-elle avec un sourire vers le militaire avant de se terminer sa route seule avec son otage.

Elle ouvrit la grille grinçante et laissa son docile invité s’installé. La cellule était dépourvue de tout si ce n’est d’un lit de paille, d’une meurtrière munie de barreaux et d’une tâche de suie noire en son centre, reste d’un feu de camp d’un autre illustre invité inopiné. Au moins cette fois, la température était–elle supportable et l’air marin sifflant par la fenêtre purifiait-il un minimum les odeurs de l’endroit.


« Je suis navrée pour le maigre confort. L’endroit n’est pas fait pour accueillir sur le long terme. Dit-elle en souriant, refermant la grille en un cliquetis net. J’espère pour vous que votre séjour sera rapidement écourté par les vôtres. Qui sait...

- Je vous avoue…
Dit-elle avec douceur après un silence. Cela fait longtemps que je rêve de m’entretenir avec vous. En fait depuis le passage de votre messager. Vous avez une drôle de façon de proposer de l’aide. Enfin si s’en était réellement une. Elle lâcha un léger rire lui échapper en secouant la tête de gauche à droite.