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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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« Montre-moi l’enregistrement du 24 janvier de l’année passée, s’il te plait. » prononça-t-elle d’une voix neutre en croisant ses bras sous sa poitrine, les sourcils légèrement froncés. Des images lui apparurent sur le grand écran du vaisseau, alors que celui-ci progressait dans l’espace, lui rappelant régulièrement qu’ils arriveraient d’un instant à l’autre dans le monde Conquête de l’Ouest. Elle pouvait voir une vue fixe sur la place devant la citadelle, encore intacte, vierge de toute attaque de la Coalition noire. Dans les images, rien de spécial n’avait été spécialement sélectionné par Menrva. Elle s’était contentée de filmer, et cela, peut-être depuis le début, depuis sa création. Lulu ressentit un frisson parcourir son échine… La tentation était trop grande pour ne pas y céder.

« Menrva, montre-moi les images que tu as filmées l’instant précis suivant ta création. »

Instantanément, l’écran se brouilla pour qu’apparaisse après une petite seconde d’attente un message d’erreur. Lulu ne put retenir un soupir de déception. Le mystère autour de Menrva était au moins aussi grand que celui enveloppant son précédent maître. D’où venait-elle ? Était-elle unique ? Qui l’avait construite ? Malheureusement, répondre à ces questions s’avérait plus compliqué que regarder une preuve en vidéo.

Pour autant… Lulu demanda, d’une simple pensée, à Menrva, de lui montrer les plus vieilles images enregistrées. Et si elle s’attendait à voir un visage, un créateur, il n’en fut rien. La caméra semblait être en hauteur, à quelques mètres du sol, immobile… comme les caméras de surveillance qu’elle avait aperçues au Jardin radieux lorsqu’elle y vivait. Et elle filmait, dynamique, une place tranquille où se promenaient des créatures étranges, animaux bipèdes. Lulu n’en avait jamais vu de telle sorte. Ils ressemblaient aux hybrides de la forêt de Sherwood, mais en plus lisses, plus… irréels. Et si cette vision représentait un intérêt certain, rien n’indiquait la raison de ce choix comme première image jamais enregistrée. Lulu en arriva à une conclusion… Quelqu’un avait du supprimer des fichiers de la mémoire de Menrva. La sorcière était très loin de s’y connaître dans ce domaine. Elle avait approché de loin la technologie du Jardin radieux mais n’avait jamais manipulé d’appareils électroniques avant celui-ci. Toutefois, la suppression de fichiers était quelque chose dont elle avait inévitablement entendu parler.


« La dernière image que tu as de Galenth Dysley. »

Une nouvelle fois, un message d’erreur l’interrompit dans son idée. La jeune femme secoua légèrement la tête pour exprimer tout son agacement. Sur le tableau de bord, une peluche représentant un Yoshi, une créature reptilienne vivant dans de rares mondes, portant sur son crane une coiffe indienne, agita lui aussi son crâne, l’imitant immédiatement.

« Reviens sur l’image du 24 janvier. » Elle attendit que l’image apparaisse pour commander une nouvelle fois la machine. « Peux-tu agrandir l’image sur la besace de ce templier ? » Conservant une qualité d’image étonnante, la caméra se rapprocha brusquement sur une image en pause, précisément du sac d’un soldat. Lulu fit quelques autres tests pour évaluer les capacités de Menrva. Indubitablement, ce vaisseau avec des capacités incroyables, filmant absolument en tout temps tout ce qui l’entourait. C’était inévitablement un dispositif de surveillance très avancé que n’importe quel groupe aurait aimé avoir.
Elle avait d’autres questions, d’autres tests à faire, mais se ravisa quand apparut derrière la vitre du vaisseau le monde Conquête de l’Ouest. De l’espace, elle pouvait d’ores et déjà voir des reliefs et un pays difficile, d’apparence aussi aride qu’on lui avait décrite. Elle demanda au vaisseau de se garer dans le concessionnaire Shinra le plus proche. Lulu était consciente que quelques jours plus tard, le Sanctum finirait probablement par la rechercher pour récupérer Menrva. Apparaître à bord de ce vaisseau était le meilleur moyen de confirmer tous les soupçons qui pouvaient planer autour d’elle. Le Sanctum n’était toutefois pas allié à la Shinra et il serait bien étonnant que des personnes s’intéressent au trafic passant par le monde dans lequel elle était.
Sa culpabilité finirait peut-être par être attestée mais elle avait besoin de peu de temps pour se protéger. Dans quelques jours, au Jardin radieux, elle n’aurait plus à se cacher.


Elle était alors dans un des hangars du concessionnaire, enfin à terre, quand elle sortit de Menrva. Une minute de réflexion au préalable lui avait laissé le sentiment qu’elle ne pouvait se permettre de laisser ce vaisseau ici. Non seulement il pouvait lui être volé dans le concessionnaire, mais il pouvait lui être utile si elle le prenait avec elle. Toutefois, un vaisseau de cette taille dans un monde hostile, découvert il y a peu, pourrait envoyer de mauvais signaux. Elle resta donc près de la machine et d’une pensée, lui donna une consigne inédite pour l’instant.

Il y eut un grand flash lumineux, de ceux dont on peut identifier la nature avec un peu d’expérience. Aucun phénomène de réflexion, de rayonnement mécanique, ne pouvait, à sa connaissance, produire spontanément une telle énergie… Cette machine, dotée de toutes ces capacités, devait être en partie faite par la magie. Et pour confirmer ce qu’elle avait toujours pensé, Menrva avait disparu lorsqu’enfin elle put y voir, ou du moins avait-elle grandement diminué sa taille. Une chouette argentée, à y regarder de plus près : faite de métal, vola autour d’elle avant de se poser quelques secondes sur son épaule nue, lui arrachant une grimace de douleur réelle.


« Reste toujours dans le ciel au-dessus de moi, s’il te plait. Focalise-toi sur ta vision thermique pour ne pas me perdre de vue. »

La chouette s’exécuta, relâchant son épaule de ses serres, laissant derrière elles de larges griffures qu’il serait difficile de ne pas apercevoir en la regardant. La sorcière soupira d’agacement et initia son départ du concessionnaire. Elle pouvait remettre des robes depuis quelques jours à peine, pouvait se coiffer et s’habiller librement, et à l’heure où elle pouvait à nouveau se sentir belle, elle subissait l’attaque d’un rapace apprivoisé.

Nonobstant cet accident, en sortant elle put se rendre compte de quelques curiosités. Tout d’abord, il y avait une ville, ou plutôt ce qu’on aurait appelé un village, voire un hameau, vu sa taille, dans n’importe quel autre monde. La ville était donc petite, constituée de maisons en bois. Sa structure était visiblement en T… Et le fait que quelques centaines de mètres séparaient le concessionnaire shinra de cette ville était en effet la deuxième de ces curiosités. Ni champ, ni bétail, ni route pour combler ce vide. Bien sûr, la construction du concessionnaire était récente, et il n’était pas ridicule de penser que le monde étant réputé pour être assez criminel, la compagnie ne se risquait pas à mêler son infrastructure à la vie locale.

La chaleur accablante rassura toutefois la sorcière. Elle avait supporté Agrabah avec la même robe, dans des situations beaucoup plus compliquées. Lulu marcha donc, curieuse mais prudente, vers ce quartier au milieu de nulle part. Nulle part ou presque… L’horizon laissait apparaître sur les terres quelques plateaux, des fermes, des champs mais pas vraiment de route.
Elle passa près d’un panneau présentant la situation démographique de l’endroit avec humour, une sorte de menace pour tous les étrangers, signalant que les deux hommes les plus riches de la ville étaient respectivement le bourreau et le croque-mort… Ce qui n’avait pas beaucoup de sens. Elle ne connaissait pas les coutumes de cette ville mais elle doutait que les étrangers aient jamais eu droit à un cercueil en venant se faire abattre dans cette ville. De plus, la fonction de bourreau était un investissement personnel douteux dans une ville de quelques centaines d’habitants.

La ville s’appelait donc Hill Valley. Elle s’y engouffra donc, regardant autour d’elle, tout en tenant la peluche Yoshi dans ses bras, cherchant un lieu où elle pourrait faire une première récolte d’informations. Elle croisa les premiers locaux, une légère excitation la faisant sourire subrepticement à ces hommes et ces femmes. Les premiers, de ceux qu’elle voyait du moins, étaient souvent coiffés d’un chapeau… Et puisqu’elle regardait leur coiffe, elle fit attention à leur coiffure quand elle pouvait être discernée et remarqua des cheveux sales, courts comparés à la mode du domaine enchanté, mais pour autant, peu entretenus. Du reste, elle ne pouvait faire une généralité, certains étaient habillés d’une chemise, d’autres d’une veste plus résistante. Elle put aussi apercevoir à leur ceinture une arme à feu et pour certains, mais c’était loin d’être une généralité, des éperons aux talons. Un peu plus tard, elle remarqua avec un peu plus d’attention que les chevaux faisaient partie de la vie de ces hommes.

Les femmes quant à elles, venaient ajouter à l’image qu’elle aurait pu avoir de ce peuple, une véritable complexité. Si aucune n’était propre de toute poussière, elles portaient pour la plupart des robes ou des jupes sous lesquelles elles glissaient soigneusement leur chemisier. Certaines robes, très raffinées, n’avaient rien à envier aux plus belles créations que Lulu avait pu voir au domaine enchanté, qui avait comme défaut d’être très ressemblantes les unes aux autres. Lulu fut surprise, toutefois, peut-être même un peu déçue, de s’apercevoir que ces tenues n’étaient ouvertes à aucun endroit. Si certaines se permettaient un col en v, la plupart boutonnaient leur robe ou leur chemise jusqu’au cou. Si la jeune femme avait cru quelques minutes pouvoir se fondre dans la masse, les fantaisies que comportait sa robe, ainsi que ses épaules dénudées et bien entendu son décolleté plongeant, la trahiraient peut-être davantage encore que l’aurait fait le Prince Philippe dans la même situation. Toutefois, elle devait bien reconnaître que de toutes les robes qu’elle avait pu voir, celles qu’elle découvrait alors se démarquaient particulièrement. Elle mémorisa donc l’emplacement du cordonnier de la ville. Plus loin dans la rue principale, alors que son apparition dans Hill Valley se faisait de plus en plus remarquer, elle s’immobilisa à la vue de trois bâtiments. À sa gauche, il y avait une chose appelée un Saloon, ce qu’elle devinait être un bar. À sa droite, une bâtisse plus modeste appartenant au shérif, selon ce qu’elle lisait sur la façade du bâtiment. Un nouveau sourire apparut sur son visage, assez amusée à l’idée d’écrire la fonction de chaque endroit juste au-dessus de la porte. Elle se demanda, sans jugement, si dans une si petite ville, il était nécessaire de rappeler aux habitants où se trouvaient respectivement le bar et le bureau du shérif.
Ayant une bonne connaissance de la situation historique et politique dans la forêt de Sherwood, le terme de shérif ne lui était pas étranger mais était toutefois teinté d’une image assez négative. Chez les hybrides, l’homme occupant cette fonction avait comme principale fonction de récolter les taxes auprès du peuple.

Devant elle, au bout de la rue principale, se trouvait un bâtiment en briques, l’un des seuls qu’elle pouvait voir, par ailleurs. Le baron, maire ou propriétaire de la ville devait sans doute s’y trouver.

Les trois choix l’intéressaient au même titre, mais Lulu avait appris à se connaître. Elle savait y faire avec les mauvais garçons, et si les habitudes rustres des hommes de ce pays devaient devenir son habitude, il n’était pas absurde de commencer par s’expérimenter à elles. Lulu entra donc dans le saloon : Le Double Colt. Sans sourire, le menton haut, elle marcha dignement dans le bar, sous les yeux d’une vingtaine d’hommes et de quelques femmes présentes. L’ambiance habillée d’un air de piano, n’était pas pour autant agréable, mais la sorcière n’en fit aucune mesure et s’assit à une table vide, observant ce qu’ils appelaient un saloon, un mélange étrange entre un beau mobilier et une clientèle crasseuse.

La première minute sur cette chaise fut une première surprise pour elle, quand elle croisa quelques regards d’hommes, qui étaient alors, pour la plupart, coiffés d’un chapeau, bien entendu. Ceux-ci ne détournèrent pas le regard mais au contraire le prolongèrent, avant de lui faire un signe de tête accompagné d’un geste de la main soulevant légèrement le chapeau. Enlever son chapeau par politesse était une coutume que le domaine enchanté n’utilisait que dans de rares contexte, mais ce qui l’étonnait davantage que cette différence de culture, c’était finalement que malgré leurs vêtements sales, leur mine défraichie et leurs regards mauvais, ces locaux ne lui étaient pas désagréables.

Un homme, jouant à un jeu de cartes avec d’autres, la regarda, lui sourit longuement avant de se lever, abandonnant ses compagnons. Il s’approcha… il était mal rasé, avait des cheveux recouvrant ses oreilles, une chemise sortant légèrement de son pantalon, en somme, il était très loin de tous les hommes que la jeune femme avait pu fréquenter ces dernières années, avec l’exception éventuellement notable d’Henri, le Templier-en-chef ayant quitté le Sanctum et qui l’avait aidée quelques jours plus tôt à éliminer la menace de Swain. Lulu n’avait jamais eu aucune discussion personnelle avec ce guerrier, mais elle l’estimait beaucoup, plus que la totalité des templiers, des paladins, et de l’ensemble de la caste guerrière de la Création… ce qui n’était pas un mauvais point de départ pour cet autochtone.


« Madame. » Il enleva son chapeau et le maintint contre sa poitrine, tout en glissant le pouce de sa main droite sous une de ses bretelles. « Bonjour. Je ne veux pas vous déranger mais mes amis et moi pensons qu’vous êtes bien une étrangère. Vous êtes pas sans savoir qu’quand on vient ici, faut toujours s’tenir à carreau, oui ? » Lulu hocha simplement la tête, soutenant le regard de cet homme. « Pardon, j’manque à mes devoirs et j’me présente pas, c’est inacceptable. Moi c’est Isaac. Vous m’avez l’air sympathique et je n’voudrais pas qu’not’bon shérif ou qu’certains cowboys vous voient comme un problème. Alors, si vous voulez rejoindre ma table, à mes amis et moi, je pense que ça donnera une bonne impression aux autres et… ça nous permettra de faire connaissance, madame. »

« Mademoiselle, en fait. Mais appelez-moi Lulu. Je ne me sentirai pas à l’aise, la fumée de cigarette me dérange. » répondit-elle poliment mais sans pour autant faire preuve de chaleur vis-à-vis de cet homme qui l’accueillait pourtant avec politesse. Celui-ci lui sourit en retour et répondit : « Dans ce cas, je peux peut-être m’asseoir avec vous et vous payer un verre ? »

Elle acquiesça simplement. « Un jus de fruit, merci beaucoup. »

Il revint rapidement avec les boissons et s’assit.

« Donc vous n’êtes pas mariée ? Vous êtes institutrice, peut-être ? »

Lulu fut surprise par la question, très étonnante, et resta légèrement bouche-bée. Comment du fait qu’elle ne soit pas mariée pouvait-il déduire une telle chose ? À juste titre, qui plus est.

« En fait, oui. » Lulu se savait difficile à perturber mais cet Isaac, même s’il ne payait pas de mine, était plus malin et courtois qu’il n’en avait l’air. Elle lui sourit même sous le coup de l’amusement. « Ou plutôt, j’étais institutrice il y a très peu. Je viens de prendre la décision de me retirer de la profession. »

« Pour vous fiancer ? » demanda-t-il avec un large sourire sincère. Lui faisait-il la cour ou était-ce un excès de gentillesse… Lulu n’aurait su le dire devant la simplicité de cet homme. « Non. En fait, vous… me dites que dans ce monde, une institutrice ne peut pas se marier ? »

Ce fut à lui d’être surpris, mais il accueillit la question avec un nouveau sourire.

« Ouais en tout cas, les maîtresses d’école qui veulent se marier laissent le travail à une autre. C’est marrant ça, j’croyais qu’c’était pareil partout mais voilà, le monde est plus grand qu’c’qu’on pensait ! »

« Sans doute. »

« Et donc… vous arrêtez pourquoi ? »

« Je veux faire autre chose. »

Il fut assez curieux dans les minutes à venir, témoignant à nouveau des habitudes de son pays. Celles-ci n’étaient pas surprenantes, toutefois. Les métiers qu’une femme pouvait prendre en charge, dans ce monde, n’étaient pas très différents de ceux qui étaient réservés à son sexe, il y a encore une quinzaine d’années, au domaine enchanté, du moins pour le peuple. Toutes les petites filles n’allaient pas à l’Institut de Féerie et de Sorcellerie comme elle. La couture, l’assistance maternelle, certains domaines de l’hôtellerie, la prostitution et bien sûr, la religion étaient quelques domaines qu’il était difficile de contourner pour une femme dans beaucoup de mondes encore en ce temps-là. Lulu ne fit donc aucune révélation quant à son choix, et lui dire qu’elle avait été à ses heures membre d’un culte non-chrétien, car là était sa profession, semblait peu adéquat.

« Et vous, que faîtes-vous ? »

« Mineur. Enfin… Je travaille dans une mine mais c’est pas en minant que je gagne ma vie, je ravitaille. Pour ça que je ne suis pas sale. »

Lulu accomplit l’exploit de ne pas regarder les vêtements d’Isaac avec un air sceptique et se contenta de hocher la tête.

« Où est la mine ? »

« À deux miles d’ici, derrière la maison du maire. »

Elle sourit une nouvelle fois, ignorant ce que valait un mile, mais préférant ne pas le demander à Isaac, qui ne saurait sans doute pas vraiment lui expliquer la valeur en mètres.

« Il y a beaucoup de métiers différents, pour les hommes ? »

« Ah beh vous êtes très curieuse ! Je vais pas vous mentir, j’ai bin senti que vous étiez une intelligente, quand vous êtes arrivée. La plupart des étrangers font du grabuge. Et y a peu de femmes mais alors vous… Pourquoi ça vous intéresse autant ? »

Lulu ferma les yeux quelques secondes. Isaac était gentil, appréciable, mais à vrai dire, parler seulement pour faire connaissance ne l’intéressait que rarement. En fait, elle n’avait pas de souvenir d’une discussion amicale et non-intéressée durant ces trois dernières années avec quelqu’un d’autre que son père. Elle voulait ses réponses, pouvait comprendre qu’il veuille avoir les siennes mais se rendait compte, à son tour, qu’elle devait faire de grands efforts pour ne pas paraître glaciale.

« J’aime voyager. » Ce n’était pas une vraie réponse, c’était même un mensonge mais Isaac s’en contenta. Elle répéta sa question poliment et enfin…

« Franchement, la plupart des gars bossent à la mine. Y a plein de femmes des grandes villes qui viennent dans des p’tits coins comme ici en pensant qu’elles vont voir des cowboys mais… déjà les cowboys, ils voyagent. Puis le forgeron, le tavernier, le maréchal-ferrant, le maire, tout ça c’est pas grand-chose par rapport à nous autres. Sinon y a tous ceux qui ont des terres, qui doivent bosser dur toute l’année mais qui rendent des comptes à personne. Et puis, occasionnellement, y a des nouveaux arrivants en ville et faut construire, et là, le maire embauche. En ce moment, avec les étrangers qui arrivent, la ville est prospère, madame Lulu. » Il lui fit un clin d’œil. À vrai dire, elle avait le sentiment que son compagnon de discussion orienterait vite le sujet vers autre chose que sur les spécificités locales… mais il n’en eut pas le temps. Un homme se logea juste à côté de lui, le regarda fixement et au bout de quelques secondes, lui dit d’une voix patiente.

« Allez, va t’asseoir avec tes copains, faut que j’parle à la dame. » L’homme était grand et mince, moustachu, sec. Il s’assit devant elle sans lui demander la permission et posa son chapeau à son tour sur la table. Il tenait dans ses mains un fusil, et sans la menacer, elle identifiait cela comme une très claire intimidation de la part de ce qui semblait être le shérif, comme en témoignait un badge sur sa longue veste en cuir.

« Gabe. Shérif d’c’tette ville. J’vais vous expliquer comment ça marche, ici. Ce pays m’donne tous les droits dans ma ville qui font qu’j’peux abattre n’importe quel étranger qui f’rait un peu d’grabuge. Vous êtes une dame. Comment qu’vous appelez ? »

« Lulu. »

« Donc j’vous menace pas. Vous m’avez l’air d’que’qu’un d’bien. Et on apprécie vot’visite dans l’pays. Et vous êtes très belle, vous semblez éduquée. Si vous restez, vous trouverez du travail. Mais y a pas d’questions à s’poser. Vous avez aucun droit, ici, c’est bien entendu ? »

« Je suis livrée à moi-même, en somme ? » demanda-t-elle en posant à son tour quelque chose sur la table, sa peluche, parfaitement immobile conformément à sa volonté.

« Je suis le Shérif et j’vous défend’rai, bien sûr. C’est pas c’que j’ai dit. » Il caressa distraitement sa moustache d’une main. « Mais je n’sais pas quelles sont vos intentions. Et faut qu’vous sachiez qu’aucune loi n’vous protège. Vous suivez mes règles et nous s’rons amis. »

« Soyons amis, dans ce cas. Vous pouvez m’aider à comprendre comment agir ici. » Elle fit une légère pause et continua lorsqu’il hocha la tête. « Plus que dans tout autre monde, le fait que je sois une étrangère semble d’une importance capitale. Expliquez-moi pourquoi, Shérif. »

« Vous êtes une comique, vous. La vraie question à s’poser est pourquoi tant d’gens viennent sur notre territoire pour jouer les cow-boys, pour nous poser des questions d’vot’genre. C’est pas nous qu’sommes étranges, c’est vos actions qui nous poussent à s’tenir prêt d’vant l’arrivée des étrangers. Ch’ais pas si c’est dans votre habitude, ma p’tite dame, à vos gens et à vous, d’s’approprier c’qui leur appartient pas mais ici, ça march’ra pas. Des droits et des terres, c’est c’qu’on a d’plus précieux. »

« La plupart des mondes finissent par s’habituer à l’arrivée massive de curieux comme moi, monsieur le shérif.

« Ah ça… vous m’en voyez ravi. Mais ma p’tite dame… Ces terres, on s’est battu pour les avoir. Maint’nant qu’elles sont à nous, on va pas laisser des blancs-becs faire comme s’ils étaient chez eux. Ca chang’ra jamais, ça. Dites-vous bien qu’j’dis ça… j’suis encore un des plus raisonnables. »

« Et le peuple de ce monde n’est pas raisonnable ? » demanda Lulu, concentrée, tout en sortant d’un pan de sa robe un petit calepin et un crayon dans lequel elle commença à écrire les mots de Gabe.

« Vous m’en posez d’ces questions… Et qu’est-ce que vous lui voulez à ce peuple ? »

« Le connaître, simplement. Je ne travaille pour aucune organisation militaire, rassurez-vous. »

« Ouais. ‘Faut m’en dire plus, vous vous doutez. »

« … Mon objectif à long terme est de me faire suffisamment de contacts dans ce monde pour être au courant d’informations de toutes sortes. »

« L’actualité, en gros ? »

« Non, je m’intéresse plus à ce que mes informateurs observent. J’utilise ces sources pour comprendre ce que les mondes traversent. »

« Hum… Bah… C’est un peuple rude, violent, qu’a l’sang chaud. J’compte pas toutes les fois où y a eu des bagarres pour pas grand-chose ici-même. Mais c’est des gens biens, des gens respectables pour autant. Des gens qu’ont vécu des choses pas faciles mais qui malgré tout gardent la foi. On a des valeurs. On va à l’église tous les dimanches, on est polis et respectueux envers les femmes, on r’vient pas sur une promesse. »

« Vous avez parlé de combats pour ce territoire. »

« Ouais. Y a eu plein de guerres. Entre nous, avec les peaux-rouges, puis contre les hors-la-lois… Sans parler qu’vous êtes dans des terres avec de bonnes mines. Y a de l’or, y a du pétrole… C’est pas que’qu’chose qu’on laisse au premier conflit. »

« Et pourquoi ce conflit avec les Indiens ? »

« À la base… » Gabe sortit une pipe de sa veste et la tapota contre sa main pour la nettoyer, avant de la remplir de tabac. « On dit qu’c’était chez eux, ici. Puis qu’les Indiens étaient beaucoup plus nombreux. C’est y a longtemps, j’étais pas né. Mais bon, y a eu des conflits et encore maint’nant y en a. »

La sorcière ne répondit pas immédiatement par une autre question, songeant aux autres Indiens vivant dans l’univers. Ceux habitant au pays imaginaire n’avaient pas ce souci, mais ceux du Nouveau Monde le subissaient actuellement. Les mercenaires tentant de profiter de leur terre, menaient de véritables massacres contre cette population.

« Quel est votre point de vue sur eux ? »

Il alluma sa pipe et répondit, la bouche pleine… « Des démons, mad’moiselle. Vous avez pas idée de c’qu’ils font aux femmes comme vous quand ils attaquent. Et pour les hommes, c’est pas tell’ment mieux. Le plus triste, c’est qu’c’est souvent des grandes dames fortunées et éduquées comme vous qui les défendent le plus, parce qu’en tant qu’femmes, elles sont compatissantes… Mais devant des Comanches, on change vite d’avis… ‘Fin, juste avant de mourir, mais enfin. Oubliez le passé, c’est des fous. »

« Je prends note. » Ce qu’elle fit, par ailleurs, écrivant les considérations qu’éprouvait le shérif. Elle les prenait au sérieux, à vrai dire. Elle avait la conviction qu’un homme, même le plus bon et le plus respectueux d’autrui, pouvait se transformer du tout au tout, après les pires épreuves. Tenter un contact avec les indiens de Conquête de l’Ouest semblait plus compliqué que dans le Nouveau Monde ou au Pays imaginaire.

Gabe se leva alors, sans expliquer son geste, remit son chapeau sur ses cheveux grisonnant.
« Quittez pas la ville seule. » Lulu hocha la tête mais, alors que son interlocuteur se dirigeait vers la porte du saloon, elle l’interpella une dernière fois.

« Excusez-moi. Qui dirige ici ? »

« Moi. »

« Mais au-dessus de vous ? Qui vous envoie les primes des hors-la-loi ? »

« … Fort Hood. À deux jours d’ici à cheval, près du pénitencier. C’est une base militaire. »

« Merci. C’est là que je vais aller, je vous remercie. »

La sorcière se leva à son tour, décidée pour la suite des événements. Elle se rendit donc au concessionnaire Shinra une nouvelle fois, non pour repartir, ce qu’elle aurait pu faire. Il n’aurait pas été étonnant qu’elle s’en aille, en prenant avec elle les coordonnées du Jardin Radieux, pour démarrer cette vie de marginale, d’ennemie du Sanctum… Mais la Conquête de l’Ouest était pour elle un moyen convenable de recommencer les choses sur un bon départ. Elle chercha donc à contacter Port Royal car en connaissance des dangers qui pouvaient l’attendre, elle ne pouvait faire ce voyage seule.
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Bon ! V’là que j’ai plus la moindre excuse pour retarder ta notation. Alors, heureuse ? J’vais enfin donner mon avis sur cet exploit.

Alors, j’vais avouer que ce rp me plaît moins que le précédent. Dans l’idée où, ici, ce sont beaucoup de description pure et précise. Attention, j’suis pas en train de dire que c’est mauvais. D’autant que, c’est un peu la nature du personnage et le style qu’il y a ici, très cartésien. Moi, ce n'est pas ma tasse de thé. Du moins, la manière utilisée pour les descriptions. Enfin, j’suis lucide et Lulu n’est pas prédisposée à faire des descriptions plus « vivantes » et c’est pas un mal dans l’histoire.

Ce que je veux dire. Dans le cas présent, c’est que la découverte du monde au travers des yeux de Lulu m’a été moins agréable à lire que le rp précédent ou celui encore d’avoir car ceux-ci étaient moins enclins à ce genre d’analyse. Alors qu’ici, tu nous sers l’analyse topologique complète.

Néanmoins, je tiens à saluer le travail. Autant de précision dans les descriptions, il n’est pas improbable que tous deviennent et que tu sautes juste le paragraphe. Tu ne pars pas dans l’excès. Pour dire que, j’ai pas sauté de paragraphe durant ma lecture ! Tiens, il y a un parallèle qui m’a fait sourire dans le texte. Lulu qui fait l’analyse minutieuse et qui se permet une réflexion sur la manie de nommer les choses distinctement par les enseignes dans la ville.

Autrement, je n’ai pas vraiment grand chose à critiquer dans le texte, Lenore est passée avant moi ! Comme j’le sais, tu as lu les rp déjà présent dans le monde et ça se ressent. Merci aux étrangers qui causent du grabuge.

En finalité, j’ai de bonne chose à dire pour ce texte. Il y a beaucoup de parallèles entre ta vie au Domaine Enchanté et ce que tu découvres ici. Tu peux m’dire que c’est normal, c’est un réflexe humain que tu peux avoir en changeant de pays ! Sauf qu’ici, dans l’délire ou le voyage de monde en monde est « facile », il y a souvent cette dimension de découverte qui est écartée ou survolée. Alors qu’ici, c’est clairement primordiale dans le cheminement de pensée que Lulu.

Bon, après, j’vais pas continuer de te caresser dans le sens du poil trop longtemps. Ouais, j’ai pas grand chose à dire de négatif, pourtant, j’vais terminer sur une chose ! Le shérif est cool. C’est un le savant mélange entre intimidation et mec pas trop vénère. Pour l’exemple, j’ai un peu retrouvé le shérif de Godless dans les dialogues. Probablement parce que j’ai vu la série il y a peu, donc, c’est plutôt positif pour moi. Voilà ! C’était bien.


Facile : 12 points d'expérience + 110 munnies + 2 PS en Dextérité, pour avoir pris des notes.
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