Lulu prit une longue inspiration et s’arrêta quelques secondes devant la porte en chêne. Elle toqua, se rappelant de cette même position quelques années auparavant, cinq exactement, le jour où elle avait revu son père et où s’était décidée la suite de sa route. Pour honorer la volonté de sa mère, elle avait décidé de servir son Roi et sa religion sous la bannière du Sanctum, dans un monde qu’elle avait quitté parce qu’elle avait voulu, des années plus tôt, une autre vie. À force de se répéter cette histoire, de songer à cette cérémonie funéraire pour sa mère, Lulu avait fini par oublier un détail. Le Primarque, Matthew March, avait réveillé son souvenir à défaut d’avoir attisé l’intérêt qu’elle pouvait avoir pour lui. Non… Ce n’était pas vrai. Un jeu d’esprit avec lequel elle s’amusait pour soulager ses remords de n’avoir pas répondu aux attaques qu’elle avait subies, rien de plus, car le nouveau Primarque méritait plus d’intérêt qu’à son tour. Qu’elle réprouvât ses actions et ses décisions ou non, elle devait l’observer et le comprendre.
Elle entra dans la maison de son père, cette même maison qu’elle avait voulu quitter en arrivant, car elle lui rappelait trop sa froide et calculatrice mère… mais dans laquelle elle avait toujours habité, ces cinq années, sans compter les mois en captivité. Dorénavant, la demeure ne lui paraissait plus froide, au contraire. Elle ne l’imaginait que parsemée de rayons de soleil, traversant les fenêtres par quelques interstices laissées par les mailles d’un rideau en crochet. Son père s’était approprié l’énergie de cet endroit.
Entrée dans la cuisine, elle fixa son père préparer le repas, alors que de ses bras tomba gracieusement au sol la peluche victorieuse du sans-cœur dragon, qui n’avait reçu aucun honneur en ce jour.
« Qu… Comment s’est passée ton entrevue, ma chérie ? »
Un léger sourire apparut sur son visage de marbre, elle haussa les épaules d’un air dépité tout en laissant dépasser de ses longues manches deux mains épuisées.
« Une catastrophe. »
Son père accueillit la nouvelle avec un rire nerveux qui ne lui ressemblait pas, car sans doute était-il rassuré par la mine relativement légère, vu la révélation, de sa propre fille. Mais le cœur de la sorcière n’était pas léger. Seule sa conscience l’était… Elle savait qu’elle n’avait rien à se reprocher. Certes, elle avait commis des actes qui salissaient son âme, mais rien qu’elle regrettait d’avoir accompli.
« En résumé. Fitzgerald s’appelle Matthew March. Et il me reproche beaucoup de choses. »
Lulu s’approcha simplement de son père. Et bien que cela ne lui arrivât pas souvent, elle l’embrassa sur le front avant de le rejoindre à la confection de son plat. Ils parlèrent peu. Revenir sur cette discussion ne lui plaisait pas, du moins pas pour se plaindre. Ce souvenir ne pouvait que servir son désir de servir sa religion… Et voilà quelque chose qu’elle avait laissée de côté ces derniers temps, non pas la servitude mais la volonté. Voilà quatre jours qu’elle ne savait plus que faire au Sanctum, qu’elle imaginait son service pour le Sanctum révolu… parce qu’elle avait déjà tant donné au groupe, comme le lui avait dit son père, parce qu’elle avait honoré la volonté de sa mère. Quelques minutes passées avec le nouveau Primarque ravivèrent ses résolutions. Le Sanctum vivait une nouvelle crise… Elle avait un rôle à jouer. Autrefois, elle était auprès d’Angeal celle qui récoltait et traitait les informations, les oreilles et les yeux de la plus haute instance du Clergé. À présent, reléguée à un poste au fond du puits hiérarchique, l’influence qu’elle avait sur les templiers et les paladins mais aussi sur l’ensemble du Clergé était insignifiant… Aussi devait-elle se trouver une manière de se faire entendre.
Une fois à table, elle prit la parole, alors que le souper était déjà bien entamé.
« Tu étais là, quand maman est morte ? »
« Euh… » Le visage de son père blêmit légèrement alors qu’il semblait se souvenir. « Oui bien sûr, avec… avec ta tante Berthe, nous étions à ses côtés et… »
« Quelles étaient ses dernières volontés ? Rappelle-le-moi, s’il te plait. » demanda-t-elle, toutefois bien consciente de la réponse.
Son père fut surpris mais répondit tout de même dans un soupir angoissé. « Lulu entrera dans les ordres et servira le Sanctum. »
« Oui, c’est ce que j’étais parvenue à oublier, papa. Elle voulait que je devienne sœur, que j’entre dans le Clergé. »
Leurs yeux rouges se croisèrent un long moment. C’était un détail, un minuscule grain de poussière dans l’histoire qu’elle avait partagée avec l’institution, mais elle avait refusé une vie de servitude et de prière.
« Le Primarque me laissera continuer mes recherches si je rejoins le Clergé. » Un sourire amusé décrispa légèrement son visage alors qu’elle planta sa fourchette dans un morceau d’agneau.
« Tu vas… »
Le visage de la sorcière se referma aussitôt, ses yeux devinrent transperçants, ses traits parlèrent pour elle-même, interrompant la question de son père.
« Jamais. C’est une insulte. Tu avais raison, je ne leur dois plus rien… ni à ma mère, ni au moindre d’entre eux. »
Sa mère, précisément, était de son vivant une femme digne, une femme d’une force incroyable. Et comme toutes les femmes de sa lignée, elle n’acceptait pas qu’on l’insultât. Il en était de même pour Lulu. Après avoir risqué sa vie la veille et quelques jours auparavant, il était hors de question de laisser un arriviste la juger et l’accabler. Qu’il soit le fils d’Etro ou de la Peste elle-même, il fut mal inspiré de s’en prendre à elle.
« Alors tu arrêtes ? Je… Je ne te cache pas que je trouve ça m… merveilleux. » bégaya son père, l’air ravi.
« Je m’en vais, papa. »
Il resta bouche-bée une dizaine de secondes avant d’expirer un refus de sous sa moustache. « Dé… Déjà ? Alors que tu – que tu rentres à peine de toutes ces quêtes sanglantes ? Mais p-pour aller où ? »
« Dans les cités dorées. »
Elle connaissait Angeal, savait à quel point le Consulat et l’alliance qui unissait leurs deux groupes comptaient pour lui. C’était à ce primarque et à cette pensée qu’elle était fidèle. C’est ce qu’il aurait fait… Et bien que la maxime de cette dernière phrase n’aurait pas guidé ses pas de la cuisine jusqu’au vestibule un autre jour, elle y crut ce jour-là.
« Je vais partir cette nuit avec Mnerva. Ils ne savent pas où elle est… » Lulu s’arrêta un moment dans son explication. Une personne avait peut-être aperçu le vaisseau, mais ce n’était qu’une possibilité : la jeune femme du nom de Lockheart qui était venue la chercher quelques heures plus tôt pour rencontrer le Primarque. Mnerva était visible depuis la route, pour peu qu’on y fasse attention, dépassant de son ampleur la couverture que lui offrait le domicile de la famille. « Ils ne pourront m’accuser aisément de trahison. »
« De trahison ?! » s’affola son père d’une voix légèrement aigue. « Mais de quelle trahison parles-tu ? Laisse ce vaisseau à ces fous et va-t’en innocente, si c’est vraiment ce que tu veux ! »
« Non. » répondit-elle sèchement, affirmant son autorité sur toute décision à prendre. « Le Sanctum sait quelle est la puissance de Mnerva et veut l’obtenir. C’est une chose. Mais elle contient d’innombrables informations sensibles que le Sanctum détruira, selon la nouvelle politique du Primarque, s’il prenait possession de ce vaisseau. » Autrement dit, sans l’ordre des archivistes qu’elle avait proposé, elle ne pouvait céder Mnerva au Sanctum.
Son père, moins calme qu’elle, se leva et fit quelques pas autour de la table, le visage rouge d’une colère qu’elle lui connaissait à peine.
« Laisse-les se tromper et détruire tout ce qu’ils ont fait jusqu’ici, si c’est nécessaire. Tu n’es plus là pour rattraper leurs erreurs ! »
« Ça n’a jamais été mon r… »
« Tu vas recommencer une nouvelle vie, ailleurs, ça… Je peux l’accepter ! » l’interrompit-il, la faisant sursauter légèrement. Lulu avait passé une bonne partie de sa vie à interrompre des hommes et à ne pas se laisser couper par eux. Et quoi qu’il en eut été jusque-là avec tous les autres, son père l’avait rarement commandée. « Mais t-tu ne te feras pas criminelle pour des états d’âme. »
« Angeal m’a conf…
« Angeal, qu’Etro garde son âme dans le creux de ses mains… Il est mort après t’avoir donné une série de missions qui t’ont menée à la disgr » Lulu l’interrompit à son tour, frappant sur la table en bois de sa main. Elle se leva à son tour et d’une voix sèche et froide reprit la parole de force à son père. « Assez. J’ai gaspillé le plus clair de ces cinq dernières années avec le Sanctum. Les seules choses qui ont jamais eu du sens à mes yeux dans tout ce qu’Angeal m’a donné à faire, c’est le traitement des archives et l’analyse de Mnerva… Tout ça pour en revenir au même point. Angeal comptait sur moi pour comprendre et protéger l’information. Au diable sa mémoire et le devoir que j’ai envers lui. Je protègerai ces informations pour que ces cinq années aient servi à quelque chose. »
Elle défia son père de ses yeux rubis et s’assit, reprenant son plat négligemment. Ils ne parlèrent plus, ou que de certains détails. En effet, avec une nouvelle vie à entreprendre, de nouvelles décisions devaient être prises. Lulu avait décidé, entre autres choses, quelques heures auparavant, d’abandonner son métier d’institutrice. Il n’était plus question du Sanctum ou de Matthew, simplement d’elle, une meurtrière.
Lorsque la nuit fut vraiment tombée, la jeune femme commença à transporter ses effets de sa maison jusqu’à Mnerva, dans le jardin de sa propriété, aidée par son père. Il n’était pas question de prendre des meubles ou des provisions. Seules l’intéressaient sa garde-robe, ses peluches et ses informations, journaux, lettres, rapports.
Devant la porte de Mnerva, prête à partir, elle posa le bout des doigts d’une main sur l’épaule tremblante de son père.
« J’aimerais que tu me rejoignes au Jardin Radieux au plus vite, papa. Notre famille doit s’éloigner de l’influence du Sanctum pour l’instant. »
« J-Je vais faire ça, oui. Mais c’est mieux que je reste pour le moment, je… je vais leur dire que tu es partie en vacances à Costa del Sol et que tu reviendras dans la semaine. Ca te laissera le temps de te… de t’arranger avec le Consulat pour l’asile. »
« Oui. Ne parle pas de Mnerva. Et… dès que tu auras réglé tes affaires, rejoins-moi avec Aline, si elle est volontaire. Et… Au revoir, papa. »
« Au revoir, Lou. » prononça son père, retenant un sanglot. Ils se quittèrent. Elle entra dans le vaisseau, alla jusqu’au cockpit et initia son vol pour les cités dorées du Consulat. [/i][/color]
Jeu 12 Avr 2018 - 4:26Elle entra dans la maison de son père, cette même maison qu’elle avait voulu quitter en arrivant, car elle lui rappelait trop sa froide et calculatrice mère… mais dans laquelle elle avait toujours habité, ces cinq années, sans compter les mois en captivité. Dorénavant, la demeure ne lui paraissait plus froide, au contraire. Elle ne l’imaginait que parsemée de rayons de soleil, traversant les fenêtres par quelques interstices laissées par les mailles d’un rideau en crochet. Son père s’était approprié l’énergie de cet endroit.
Entrée dans la cuisine, elle fixa son père préparer le repas, alors que de ses bras tomba gracieusement au sol la peluche victorieuse du sans-cœur dragon, qui n’avait reçu aucun honneur en ce jour.
« Qu… Comment s’est passée ton entrevue, ma chérie ? »
Un léger sourire apparut sur son visage de marbre, elle haussa les épaules d’un air dépité tout en laissant dépasser de ses longues manches deux mains épuisées.
« Une catastrophe. »
Son père accueillit la nouvelle avec un rire nerveux qui ne lui ressemblait pas, car sans doute était-il rassuré par la mine relativement légère, vu la révélation, de sa propre fille. Mais le cœur de la sorcière n’était pas léger. Seule sa conscience l’était… Elle savait qu’elle n’avait rien à se reprocher. Certes, elle avait commis des actes qui salissaient son âme, mais rien qu’elle regrettait d’avoir accompli.
« En résumé. Fitzgerald s’appelle Matthew March. Et il me reproche beaucoup de choses. »
Lulu s’approcha simplement de son père. Et bien que cela ne lui arrivât pas souvent, elle l’embrassa sur le front avant de le rejoindre à la confection de son plat. Ils parlèrent peu. Revenir sur cette discussion ne lui plaisait pas, du moins pas pour se plaindre. Ce souvenir ne pouvait que servir son désir de servir sa religion… Et voilà quelque chose qu’elle avait laissée de côté ces derniers temps, non pas la servitude mais la volonté. Voilà quatre jours qu’elle ne savait plus que faire au Sanctum, qu’elle imaginait son service pour le Sanctum révolu… parce qu’elle avait déjà tant donné au groupe, comme le lui avait dit son père, parce qu’elle avait honoré la volonté de sa mère. Quelques minutes passées avec le nouveau Primarque ravivèrent ses résolutions. Le Sanctum vivait une nouvelle crise… Elle avait un rôle à jouer. Autrefois, elle était auprès d’Angeal celle qui récoltait et traitait les informations, les oreilles et les yeux de la plus haute instance du Clergé. À présent, reléguée à un poste au fond du puits hiérarchique, l’influence qu’elle avait sur les templiers et les paladins mais aussi sur l’ensemble du Clergé était insignifiant… Aussi devait-elle se trouver une manière de se faire entendre.
Une fois à table, elle prit la parole, alors que le souper était déjà bien entamé.
« Tu étais là, quand maman est morte ? »
« Euh… » Le visage de son père blêmit légèrement alors qu’il semblait se souvenir. « Oui bien sûr, avec… avec ta tante Berthe, nous étions à ses côtés et… »
« Quelles étaient ses dernières volontés ? Rappelle-le-moi, s’il te plait. » demanda-t-elle, toutefois bien consciente de la réponse.
Son père fut surpris mais répondit tout de même dans un soupir angoissé. « Lulu entrera dans les ordres et servira le Sanctum. »
« Oui, c’est ce que j’étais parvenue à oublier, papa. Elle voulait que je devienne sœur, que j’entre dans le Clergé. »
Leurs yeux rouges se croisèrent un long moment. C’était un détail, un minuscule grain de poussière dans l’histoire qu’elle avait partagée avec l’institution, mais elle avait refusé une vie de servitude et de prière.
« Le Primarque me laissera continuer mes recherches si je rejoins le Clergé. » Un sourire amusé décrispa légèrement son visage alors qu’elle planta sa fourchette dans un morceau d’agneau.
« Tu vas… »
Le visage de la sorcière se referma aussitôt, ses yeux devinrent transperçants, ses traits parlèrent pour elle-même, interrompant la question de son père.
« Jamais. C’est une insulte. Tu avais raison, je ne leur dois plus rien… ni à ma mère, ni au moindre d’entre eux. »
Sa mère, précisément, était de son vivant une femme digne, une femme d’une force incroyable. Et comme toutes les femmes de sa lignée, elle n’acceptait pas qu’on l’insultât. Il en était de même pour Lulu. Après avoir risqué sa vie la veille et quelques jours auparavant, il était hors de question de laisser un arriviste la juger et l’accabler. Qu’il soit le fils d’Etro ou de la Peste elle-même, il fut mal inspiré de s’en prendre à elle.
« Alors tu arrêtes ? Je… Je ne te cache pas que je trouve ça m… merveilleux. » bégaya son père, l’air ravi.
« Je m’en vais, papa. »
Il resta bouche-bée une dizaine de secondes avant d’expirer un refus de sous sa moustache. « Dé… Déjà ? Alors que tu – que tu rentres à peine de toutes ces quêtes sanglantes ? Mais p-pour aller où ? »
« Dans les cités dorées. »
Elle connaissait Angeal, savait à quel point le Consulat et l’alliance qui unissait leurs deux groupes comptaient pour lui. C’était à ce primarque et à cette pensée qu’elle était fidèle. C’est ce qu’il aurait fait… Et bien que la maxime de cette dernière phrase n’aurait pas guidé ses pas de la cuisine jusqu’au vestibule un autre jour, elle y crut ce jour-là.
« Je vais partir cette nuit avec Mnerva. Ils ne savent pas où elle est… » Lulu s’arrêta un moment dans son explication. Une personne avait peut-être aperçu le vaisseau, mais ce n’était qu’une possibilité : la jeune femme du nom de Lockheart qui était venue la chercher quelques heures plus tôt pour rencontrer le Primarque. Mnerva était visible depuis la route, pour peu qu’on y fasse attention, dépassant de son ampleur la couverture que lui offrait le domicile de la famille. « Ils ne pourront m’accuser aisément de trahison. »
« De trahison ?! » s’affola son père d’une voix légèrement aigue. « Mais de quelle trahison parles-tu ? Laisse ce vaisseau à ces fous et va-t’en innocente, si c’est vraiment ce que tu veux ! »
« Non. » répondit-elle sèchement, affirmant son autorité sur toute décision à prendre. « Le Sanctum sait quelle est la puissance de Mnerva et veut l’obtenir. C’est une chose. Mais elle contient d’innombrables informations sensibles que le Sanctum détruira, selon la nouvelle politique du Primarque, s’il prenait possession de ce vaisseau. » Autrement dit, sans l’ordre des archivistes qu’elle avait proposé, elle ne pouvait céder Mnerva au Sanctum.
Son père, moins calme qu’elle, se leva et fit quelques pas autour de la table, le visage rouge d’une colère qu’elle lui connaissait à peine.
« Laisse-les se tromper et détruire tout ce qu’ils ont fait jusqu’ici, si c’est nécessaire. Tu n’es plus là pour rattraper leurs erreurs ! »
« Ça n’a jamais été mon r… »
« Tu vas recommencer une nouvelle vie, ailleurs, ça… Je peux l’accepter ! » l’interrompit-il, la faisant sursauter légèrement. Lulu avait passé une bonne partie de sa vie à interrompre des hommes et à ne pas se laisser couper par eux. Et quoi qu’il en eut été jusque-là avec tous les autres, son père l’avait rarement commandée. « Mais t-tu ne te feras pas criminelle pour des états d’âme. »
« Angeal m’a conf…
« Angeal, qu’Etro garde son âme dans le creux de ses mains… Il est mort après t’avoir donné une série de missions qui t’ont menée à la disgr » Lulu l’interrompit à son tour, frappant sur la table en bois de sa main. Elle se leva à son tour et d’une voix sèche et froide reprit la parole de force à son père. « Assez. J’ai gaspillé le plus clair de ces cinq dernières années avec le Sanctum. Les seules choses qui ont jamais eu du sens à mes yeux dans tout ce qu’Angeal m’a donné à faire, c’est le traitement des archives et l’analyse de Mnerva… Tout ça pour en revenir au même point. Angeal comptait sur moi pour comprendre et protéger l’information. Au diable sa mémoire et le devoir que j’ai envers lui. Je protègerai ces informations pour que ces cinq années aient servi à quelque chose. »
Elle défia son père de ses yeux rubis et s’assit, reprenant son plat négligemment. Ils ne parlèrent plus, ou que de certains détails. En effet, avec une nouvelle vie à entreprendre, de nouvelles décisions devaient être prises. Lulu avait décidé, entre autres choses, quelques heures auparavant, d’abandonner son métier d’institutrice. Il n’était plus question du Sanctum ou de Matthew, simplement d’elle, une meurtrière.
Lorsque la nuit fut vraiment tombée, la jeune femme commença à transporter ses effets de sa maison jusqu’à Mnerva, dans le jardin de sa propriété, aidée par son père. Il n’était pas question de prendre des meubles ou des provisions. Seules l’intéressaient sa garde-robe, ses peluches et ses informations, journaux, lettres, rapports.
Devant la porte de Mnerva, prête à partir, elle posa le bout des doigts d’une main sur l’épaule tremblante de son père.
« J’aimerais que tu me rejoignes au Jardin Radieux au plus vite, papa. Notre famille doit s’éloigner de l’influence du Sanctum pour l’instant. »
« J-Je vais faire ça, oui. Mais c’est mieux que je reste pour le moment, je… je vais leur dire que tu es partie en vacances à Costa del Sol et que tu reviendras dans la semaine. Ca te laissera le temps de te… de t’arranger avec le Consulat pour l’asile. »
« Oui. Ne parle pas de Mnerva. Et… dès que tu auras réglé tes affaires, rejoins-moi avec Aline, si elle est volontaire. Et… Au revoir, papa. »
« Au revoir, Lou. » prononça son père, retenant un sanglot. Ils se quittèrent. Elle entra dans le vaisseau, alla jusqu’au cockpit et initia son vol pour les cités dorées du Consulat. [/i][/color]